La présidente de l'Assemblée nationale était interrogée par Olivier Bost (RTL), Perrine Tarneaud (Public Sénat), Pauline Buisson (M6) et Jim Jarrassé (Le Figaro).
Regardez Le Grand Jury avec Olivier Bost du 08 décembre 2024.
Regardez Le Grand Jury avec Olivier Bost du 08 décembre 2024.
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00:00Le Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
00:13Bonjour à tous, bienvenue dans ce Grand Jury, en direct sur RTL et à regarder également en direct sur Public Sénat, Canal 13 de la TNT.
00:22Bonjour Yael Brune-Pivet.
00:23Bonjour.
00:24Vous êtes la Présidente de l'Assemblée Nationale, ce n'était pas arrivé depuis plus de 60 ans, les députés ont fait chuter un Premier Ministre cette semaine.
00:33Ce n'était pas arrivé non plus depuis plus de 40 ans, l'Assemblée Nationale n'aura pas voté de budget pour l'année prochaine.
00:40Dans cette instabilité politique, qui pourrait devenir le quatrième Premier Ministre de cette année 2024,
00:48quelles combinaisons politiques pourraient permettre de rendre les 30 mois qui viennent utiles,
00:5330 mois d'ici la prochaine élection présidentielle que tout le monde a déjà largement en tête ?
00:59Bienvenue dans ce Grand Jury, Yael Brune-Pivet.
01:02À mes côtés pour vous interroger ce dimanche, Perrine Tarnot de Public Sénat, Pauline Buisson de M6,
01:07et nous serons rejoints par Jim Jarassé du Figaro dans un instant.
01:11Dans ce Grand Jury, Yael Brune-Pivet, nous aurons plus que jamais notre séquence dédiée au Parlement,
01:16là où tout se décide, ou presque, et puis vous répondrez également à nos questions express.
01:21Il y aura aussi un moment 2027, mais nous allons commencer par l'actualité de ce matin.
01:26Le Grand Jury, l'actualité de la semaine.
01:29Actualité en Syrie, le pouvoir de Bachar el-Assad est tombé ce matin, le dictateur est en fuite.
01:35Pour vous, Yael Brune-Pivet, c'est un souffle de liberté sur la région ou une déstabilisation inquiétante ?
01:42L'avenir le dira, en tout cas, ce qui est sûr c'est que c'est un événement majeur.
01:46Un dictateur est tombé, il faut le rappeler, celui qui a utilisé des gaz contre sa propre population,
01:56qui l'a opprimé, et donc c'est en cela une nouvelle qui est importante, et qui est une bonne nouvelle.
02:05Maintenant, l'avenir dira, et il faut absolument éviter qu'il y ait une déstabilisation plus importante encore de la région.
02:12Ça invite chacun à beaucoup de prudence, et surtout, ça nous invite, nous, en tant que Français,
02:19à avoir une action résolue sur le plan diplomatique.
02:23On voit le Président de la République hier à une séquence diplomatique extrêmement importante.
02:28La France compte dans le monde, et donc il est important qu'elle joue pleinement son rôle.
02:33Justement, Donald Trump est présent à Paris ce week-end pour la réouverture de Notre-Dame.
02:39Il a dit que le monde est fou. C'est aussi votre analyse ?
02:42En tout cas, le monde bouge, le monde bouge très vite.
02:45On voit que parfois on perd les repères qui étaient les nôtres hier,
02:50et donc il faut vraiment regarder cela avec beaucoup de lucidité, beaucoup de sérénité aussi,
02:57parce qu'on voit qu'il y a des grands mouvements aujourd'hui dans le monde,
03:00et qui sont assez anxiogènes aussi pour les populations, et on voit que les Français sont inquiets.
03:06Et donc, à nous de les rassurer, à nous d'être responsables,
03:11et à nous de faire en sorte que ces situations se stabilisent.
03:15Ne rajoutons pas de l'anxiété, ne rajoutons pas, surtout, ne soufflons pas sur les braises.
03:22Vous avez évoqué le moment diplomatique avec Emmanuel Macron hier.
03:26Donald Trump était donc à Paris pour la réouverture de Notre-Dame.
03:29Il avait dit qu'une fois de retour au pouvoir, il réglerait la guerre en Ukraine en 24 heures.
03:35Ce matin, il appelle à un simple cessez-le-feu. Quelle peut être sa solution ?
03:40Ce qui est important, c'est que, déjà, il est dans le dialogue avec Volodymyr Zelensky,
03:46et que ce dialogue s'est fait en France, à l'Elysée, sous l'égide d'Emmanuel Macron, ça n'est pas rien.
03:51Après, il faut sortir des visions binaires des choses.
03:55On avait tendance à dire, Biden, c'est bon pour l'Ukraine, Trump, c'est mauvais.
04:00Ce n'est pas ainsi que les relations internationales se jouent.
04:04Il y a comme des interrogations sur le soutien américain à l'Ukraine.
04:07Mais bien sûr, mais on voit quand même que la Chambre des représentants,
04:11sous l'égide du Speaker Johnson, qui est républicain et qui est trumpiste,
04:15a voté, il y a quelques semaines de cela, un énorme paquet d'aides à l'Ukraine.
04:19Donc, ce n'est pas aussi simple que ça.
04:21Nous savons tous, et les Etats-Unis les premiers, que ce qui se joue en Ukraine,
04:26c'est la sécurité de l'Europe, c'est la sécurité du monde démocratique.
04:30Et donc, moi, je suis confiante sur le fait que les Etats-Unis, comme l'Europe,
04:35ne laisseront pas tomber l'Ukraine.
04:37Faudra-t-il pour cela, pour obtenir la paix, que l'Ukraine abandonne les territoires, selon vous ?
04:41La négociation de la paix, je pense qu'elle est avant tout dans les mains de l'Ukraine,
04:47sur les conditions de la paix future.
04:50On voit qu'il y a eu des territoires tels que ceux qui ont été pris aujourd'hui par la Russie.
04:57Mais il y a aussi ce qui s'appelle la Crimée, qui a été annexée il y a davantage de temps.
05:03Tout cela doit se discuter.
05:05Ce n'est pas à nous de dire à l'Ukraine quelles sont les éventuelles concessions territoriales qu'il doit faire.
05:11Ce qui est certain, c'est que, évidemment, mais comme partout, nous devons appeler à la stabilisation,
05:17à la fin de l'agression russe, à la fin des crimes de guerre.
05:20Moi, je rappelle aussi que Vladimir Poutine a encore aujourd'hui,
05:25il y a encore des enfants qui sont déplacés, des enfants ukrainiens.
05:29Il y a eu des crimes de guerre à Boucha.
05:31Tout cela devra se régler.
05:33Mais en tout cas, moi, je salue vraiment cette rencontre qui est extrêmement importante
05:38et qui est un fait majeur aussi de ces dernières 24 heures.
05:41Vous voyez, cela bouge très vite.
05:42On voit sur le terrain militaire que les choses sont tout de même enlisées.
05:45Est-ce que vous, vous êtes hostile à l'envoi ou pas d'instructeurs militaires en Ukraine ?
05:50Et est-ce que vous êtes hostile aussi à la présence de troupes européennes sur le sol ukrainien ?
05:54Ce qui est important, c'est que nous continuions cet appui à l'Ukraine
05:58par la formation, la fourniture d'armes, etc.
06:01Y compris sur place.
06:02Moi, je n'y suis pas hostile par principe.
06:05Ce qui est important, c'est de dire que nous serons derrière l'Ukraine
06:10et que nous serons là et nous fournirons ce dont elle a besoin pour se défendre face à l'agression russe.
06:15La réouverture de Notre-Dame a offert une occasion de faire une forme de mini-sommet pour la paix hier.
06:21Emmanuel Macron était entouré de chefs d'État tout le week-end dans ce décor grandiose de Notre-Dame.
06:26Avez-vous relevé le contraste avec la situation intérieure française
06:30où nous traversons la plus grave crise politique depuis 60 ans ?
06:36Moi, j'ai effectivement vu ces images qui étaient assez spectaculaires.
06:40Déjà de Notre-Dame réouverte, rebâtie, dans un temps record,
06:45ce qui a mobilisé des énergies incroyables.
06:48Et ce qui montre au monde aussi la capacité que la France a de pouvoir se réunir et bâtir ensemble.
06:55Donc, j'ai trouvé que les images étaient très belles.
06:57Après, moi, vous savez, je suis à la tête d'une assemblée nationale
07:04qui fonctionne.
07:06Elle a censuré le gouvernement et c'est l'expression, finalement,
07:10la plus importante du pouvoir de contrôle qu'a l'Assemblée nationale
07:15sur le pouvoir exécutif.
07:18Elle l'a exercé.
07:19Mais moi, j'ai réuni, dès le soir de la censure,
07:22l'ensemble des présidents de groupe autour d'une table.
07:24Nous avons discuté pendant une heure.
07:27Et donc, la capacité de dialogue reste aussi intacte dans notre vie politique intérieure.
07:34Le Grand Jury, l'actualité de la semaine.
07:37Alors, justement, où en sommes-nous dans la formation d'un prochain gouvernement
07:41d'intérêt général et non censurable, pour résumer un peu la situation ?
07:46Ce dimanche midi, la recherche d'une solution politique pour gouverner
07:50reste-t-elle, à vos yeux, très compliquée ?
07:53Elle est vitale.
07:55Parce que nous avons des invariants dans notre vie politique.
07:58Et quoi qu'on en pense, quoi qu'on ait envie de faire,
08:02il y a des choses qu'on ne peut pas changer.
08:04Donc, il faut un Premier Ministre, ça, vous voulez dire ?
08:06Non, ce n'est pas ça que je veux dire.
08:07On a une Assemblée nationale.
08:08Cette Assemblée nationale, elle a une composition.
08:11Celle-là, nous ne pouvons pas la changer.
08:12Nous avons un Président de la République qui a été élu en 2022 pour 5 ans.
08:16Quoi qu'on en pense, le Président de la République est là jusqu'en 2027.
08:20Donc, en fonction de cela, nous devons avoir une capacité à gouverner.
08:23Nous ne pouvons pas changer l'Assemblée nationale.
08:25Nous ne pouvons pas changer le Président de la République.
08:27Est-ce que vous voyez une solution ?
08:29Non, mais la solution, elle est obligatoire.
08:32Nous n'avons pas le choix.
08:33Donc, en fait, ce n'est pas facultatif.
08:35Nous n'avons pas la faculté de nous entendre.
08:37Nous avons l'obligation de nous entendre.
08:39Et il faut le faire vite.
08:41Il faut le faire vite.
08:42Il s'agit de se mettre d'accord sur ce que l'on va faire ensemble.
08:45Moi, je commence à en avoir un petit peu marre, en fait.
08:49On n'entend parler depuis quelques jours que de non.
08:52Le sujet, ce n'est pas des non.
08:53C'est de savoir ce qu'on veut faire ensemble.
08:55Et je pense qu'il y a un certain nombre de sujets
08:57sur lesquels nous pouvons nous mettre d'accord sur une feuille de route.
08:59L'une des solutions pour aller vite, c'est d'avoir un Premier ministre
09:02et qui oeuvre.
09:03C'est bien ce que vous demandez, non ?
09:05Je demande évidemment un Premier ministre qui oeuvre.
09:07Mais il faut bien qu'il oeuvre avec une Assemblée nationale.
09:10On a bien vu que le Premier ministre ne peut pas faire
09:12comme si l'Assemblée nationale n'existait pas dans la composition actuelle.
09:16Et moi, je vois, pour échanger avec les uns et les autres,
09:19que nous sommes en capacité de nous mettre d'accord sur un programme législatif.
09:24Tout le monde dit qu'il faut un texte sur l'agriculture.
09:27Tout le monde dit qu'il faut un texte sur l'accès aux soins.
09:30Vous demandez à Emmanuel Macron de nommer rapidement un Premier ministre ?
09:33On sait que le chef de l'État va continuer ses consultations demain, lundi.
09:37On sent qu'il veut peut-être prendre un petit peu son temps
09:39pour choisir un Premier ministre.
09:40Vous dites non, il faut aller beaucoup plus rapidement que ça ?
09:42Depuis le début, je dis d'une part qu'il faut rapidement nommer un Premier ministre
09:47avec un gouvernement.
09:48C'est dans les prochains jours, dans les prochains mois, en Noël ?
09:50C'est dans les prochaines heures.
09:52Mais je n'ai pas d'ultimatum à donner au Président de la République.
09:56Il nous faut un Premier ministre pour conduire la politique de la nation,
10:00pour pouvoir continuer les discussions budgétaires,
10:04pour doter notre pays d'un budget,
10:06et pour mener les réformes indispensables.
10:08Vous avez été déçue qu'Emmanuel Macron n'annonce pas de Premier ministre jeudi soir,
10:12à la télévision ?
10:13Je pense que ce n'est pas à la télé qu'on annonce un Premier ministre.
10:18Peut-être, mais en tout cas, je ne pense pas que ce soit de bonne méthode.
10:21Je n'ai pas à être déçue ou pas, moi j'ai rencontré le Président jeudi,
10:25le Président du Sénat l'a également rencontré jeudi.
10:30Nous sommes sur, effectivement, une même position.
10:34Il faut nommer rapidement un Premier ministre qui puisse tenir compte
10:39des équilibres au Parlement,
10:41qu'il compose un gouvernement que j'espère enfin resserrer,
10:46et qui puisse conduire une politique avec l'ensemble des groupes politiques à l'Assemblée nationale.
10:52Ce n'est pas Emmanuel Macron qui est en train de chercher cette majorité-là ?
10:55Ou il cherche un Premier ministre ou il cherche une majorité ?
10:58Il nous faut un Premier ministre qui puisse s'appuyer sur une majorité.
11:01Cette majorité, en fait ce que je veux dire c'est qu'on prend un peu les choses à l'envers.
11:05Il faut prendre les choses par le fond.
11:07Le fond c'est quoi ? C'est les priorités des Français.
11:09Pourquoi on fait de la politique ? Pour régler les problèmes des gens.
11:12Pour faire en sorte qu'ils aient un accès aux soins plus facilité.
11:16J'ai eu une proposition de loi à l'Assemblée nationale de M. Garraud,
11:19parti socialiste, qui a réuni plus de 250 signatures.
11:22Étudions-la.
11:24Les Français attendent qu'on traite le problème de l'agriculture.
11:27Ça fait 10 mois qu'ils nous le disent.
11:30On a un texte qui est pendant. Reprenons les sujets agricoles.
11:33Les Français nous disent qu'il faut simplifier notre vie administrative.
11:38Les sujets sont sur la table et ils sont là.
11:42On est d'accord sur les sujets à traiter.
11:45Mais tout le monde, je pense qu'il faut d'abord parler du fond.
11:49Avant de parler de qui, c'est parler de quoi.
11:52Que voulons-nous faire ensemble ?
11:54Et en cela, il suffit de regarder les préoccupations des Français
11:58et de vouloir y répondre.
12:00Ça me semble être le B.A.B. de la vie politique.
12:02Arithmétiquement parlons quand même,
12:04parce qu'il y a une réalité à l'Assemblée nationale de majorité.
12:07Pour qu'un gouvernement dure, il faut obtenir la neutralité
12:11soit du Rassemblement national, soit d'une partie de la gauche.
12:14Où va, vous, votre préférence ?
12:16Moi, je fais mes comptes.
12:18Et vous avez raison de les faire.
12:20Si l'on additionne ce qu'on appelle le fameux socle commun,
12:23donc les trois parties de la majorité,
12:25EPR, Modem, Horizon, la droite républicaine.
12:29Si on y ajoute le groupe Liott,
12:31Liberté indépendante, Outre-mer et Territoire.
12:33Et si on y ajoute le parti socialiste,
12:36on arrive à 299.
12:38Donc le salut passe par les socialistes et uniquement par les socialistes.
12:41Ce n'est pas une question de salut, c'est que là, vous avez une majorité.
12:44Donc il n'y a plus de censure politique.
12:46Et donc il n'y a plus de censure politique.
12:48Est-ce qu'aujourd'hui, on est capable,
12:50avec les groupes politiques dont je viens de dire le nom,
12:54de s'entendre sur un fameux programme d'action
12:56dont je viens d'évoquer un certain nombre de points,
12:58les soins, l'agriculture, la simplification, la décentralisation,
13:02pourquoi pas la proportionnelle, etc.
13:05Est-ce qu'on est capable de se mettre autour d'une table
13:07pour discuter d'un programme d'action ?
13:09Moi, je crois que oui.
13:10Arrêtons de parler tout le temps de ce qui nous divise.
13:12Parlons plutôt de ce qui doit nous rassembler.
13:14Et ce qui doit nous rassembler, c'est servir les Français.
13:17Aujourd'hui, il n'est plus temps de tergiverser.
13:20Il faut y aller.
13:22Chacun doit prendre ses responsabilités.
13:24Mais c'est vrai qu'on entend d'une part la gauche dire
13:26qu'elle ne veut pas d'un Premier ministre de droite.
13:28La droite dire qu'elle ne veut pas d'un Premier ministre de gauche.
13:30Donc on a l'impression qu'on est dans une impasse quand même totale.
13:32Mais c'est ce que je vous dis justement.
13:34Parlons du fond.
13:35Moi, je n'ai pas entendu la gauche ou la droite dire
13:39qu'il ne faut pas parler d'agriculture, d'accès aux soins,
13:41de simplification, de décentralisation.
13:43Ça veut dire qu'il faut mettre un intermédiaire,
13:45un préfigurateur.
13:46Moi, je crois qu'il faut d'abord se mettre d'accord rapidement
13:49sur un pacte de gouvernement, un pacte législatif.
13:53Et qui prend l'initiative d'engager ces négociations.
13:55Et puis, après, il suffit de trouver l'animateur de tout cela.
13:59Mais l'animateur, ça veut dire quelqu'un qui a une base solide d'action.
14:05Ce qui a manqué malheureusement au gouvernement Barnier,
14:08c'est que nous n'avions pas cette base solide d'action
14:12et de programme d'action à plusieurs mois.
14:14Et le Président en a parlé.
14:16Il nous faut un programme d'action à 30 mois.
14:18Mais pour l'instant, Emmanuel Macron a décidé, lui,
14:20de mener des discussions avec les différents groupes politiques
14:23que vous venez de nommer.
14:24C'est lui qui est au centre du jeu donc.
14:26Il est Président de la République.
14:28Comme vous le savez, la Constitution lui confère
14:30le pouvoir de nommer le Premier Ministre.
14:32Il en déplaise à certains.
14:33Et est-ce qu'Emmanuel Macron, qui n'a pas posé de préalable
14:37aux socialistes, par exemple, qu'il a rencontrés vendredi,
14:40est-ce qu'il doit accepter un changement de politique ?
14:43Notamment en politique économique, par exemple.
14:46Accepter éventuellement de revenir sur la réforme des retraites
14:49et ce genre de choses.
14:50Est-ce qu'il doit lui-même évoluer ?
14:51Chacun doit évoluer.
14:53Lorsque vous appelez au compromis,
14:56le compromis, il va dans les deux sens, évidemment.
14:59Mais vous savez, moi, je suis très étonnée.
15:02On est dans une vie politique qui refuse la négociation,
15:09qui refuse le compromis.
15:11C'est tout ou rien.
15:13Or, je ne sais pas comment vous vivez dans vos vies personnelles,
15:17mais en tout cas, moi, dans ma vie personnelle,
15:20dans ma vie professionnelle, je fais des compromis
15:23matin, midi et soir.
15:24C'est comme ça qu'on avance.
15:25On n'a pas tout le temps raison sur tout.
15:27Et dès qu'on est deux, on doit s'entendre et s'accorder.
15:31Et donc là, il va falloir faire des efforts.
15:33Concernant les retraites...
15:34Le président de la République aussi.
15:35Pardon ?
15:36Le président de la République aussi.
15:37Mais tout le monde !
15:38Tous les responsables politiques doivent faire un pas vers les autres
15:40compte tenu de la situation.
15:42En fait, même quand on est en majorité absolue,
15:46on devrait faire un pas vers l'autre.
15:47Alors vous imaginez bien, quand il n'y a aucune majorité,
15:50il est évident qu'il faut faire des pas les uns vers les autres.
15:52Mais ça va dans les deux sens.
15:54Qu'est-ce qui empêcherait aujourd'hui un Premier ministre d'avoir ce socle commun ?
16:00On a bien vu que ce qui avait péché avec Michel Barnier,
16:02c'est le fait qu'il ne soit pas très bien soutenu,
16:04y compris par les présidents de groupe de votre socle commun.
16:06Je pense à Gabriel Attal, je pense aussi à Laurent Wauquiez chez LLR.
16:10Ils n'ont pas été capables de compromis.
16:11Pourquoi ils seraient capables demain de compromis ?
16:14Parce que la situation l'exige.
16:16Nous sommes le 8 décembre.
16:18Nous n'avons pas de budget.
16:20Nous n'avons pas de gouvernement.
16:22Une situation qui s'est donc aggravée sur le plan politique
16:27et qui appelle à ce que chacun soit davantage responsable.
16:32Vous savez, on ne peut pas faire comme si cette censure n'avait pas existé.
16:37Forcément, les conditions politiques ont changé entre...
16:39En parlant avec les uns et les autres.
16:44La Tribune Dimanche raconte qu'au moment de la censure,
16:48vous avez dit après, quand tout le monde a applaudi Michel Barnier,
16:51c'est la première fois que je vois vraiment le socle commun.
16:54C'est vrai ?
16:55Ce n'est pas faux.
16:56C'est vrai.
16:57C'est vrai parce que...
16:58Mais vous savez, il faut des moments...
17:02C'est une forme de reconnaître un échec.
17:05Mais attendez, une censure avec un gouvernement qui tombe,
17:09c'est évidemment un échec.
17:10Personne ne peut dire l'inverse.
17:12Et évidemment que notre union n'était pas évidente.
17:16Rappelez-vous les discussions qui avaient eu lieu cet été.
17:20La droite républicaine se posait des questions
17:23et a décidé finalement de venir dans un gouvernement
17:27pour soutenir un Premier ministre, un gouvernement d'union.
17:30Et donc, ça ne se fait pas en un jour.
17:33C'est une alchimie.
17:34Michel Barnier n'a pas fait ce qu'il fallait.
17:36Effectivement, moi j'ai vu lors de la motion,
17:39dans l'adversité finalement et dans la défense du Premier ministre et de son gouvernement,
17:44un socle commun qui était vraiment réuni.
17:46Et ça me donne de l'espoir parce que je me dis que
17:49cette alchimie, elle s'est faite.
17:52Et si elle s'est faite, ça sera difficile de la défaire.
17:56Donc voilà un progrès que nous avons.
17:58Nous avons, de façon résolue,
18:01décidé de travailler ensemble avec les Républicains.
18:04Et bien faisons la même chose maintenant avec le Parti Socialiste.
18:07C'est Michel Barnier qui n'a pas eu les moyens de renforcer ce socle commun ?
18:12Il n'a pas eu la bonne méthode ?
18:13C'est un échec collectif et vous l'avez dit,
18:16on est tous plus ou moins responsables de quelque chose.
18:19On ne peut pas se dédouaner en disant c'est pas moi, c'est l'autre.
18:22Ça c'est vraiment de la langue de bois, c'est ridicule.
18:25On est tous responsables.
18:26J'ai une part de responsabilité,
18:28Michel Barnier en a une,
18:29les dirigeants de la majorité en ont une,
18:31tout le monde a sa part de responsabilité dans cet échec-là.
18:34Est-ce que tout le monde en est conscient ?
18:36Est-ce que les différents présidents de groupes politiques
18:38avec lesquels vous dites échanger, évidemment ce week-end,
18:41pour préparer ce futur socle commun,
18:44sont-ils conscients ?
18:45Est-ce qu'ils sont prêts à avancer ?
18:46A nouveau, je pense que ce n'est pas une faculté,
18:49c'est une obligation,
18:50c'est une ardente obligation et c'est urgent.
18:52Nous avons besoin d'un budget,
18:54nous avons besoin de gouverner la France,
18:56nous avons des questions qui se posent de façon urgente.
18:59Je reprends la question agricole.
19:01Le texte devait être examiné début janvier au Sénat,
19:05il ne le sera probablement pas.
19:07C'est une vraie difficulté.
19:08On a compris qu'une partie de votre espoir
19:10reposait naturellement sur l'attitude des socialistes.
19:13La France Insoumise a annoncé
19:15qu'elle n'irait pas demain à l'Élysée,
19:17pourtant Emmanuel Macron les avait invités.
19:19Est-ce que vous vous dites
19:21le nouveau front populaire est divisé
19:23et c'est une bonne nouvelle ?
19:25Alors je ne suis pas très surprise
19:27que la France Insoumise refuse d'aller à l'Élysée.
19:30Ils n'ont pas le souhait qu'il y ait un succès.
19:34Mais ce n'est pas un début de division ?
19:36Je ne le sais pas, nous le verrons bien.
19:38Ce qui est sûr, c'est que lorsque moi je travaille au quotidien
19:42avec tous les groupes politiques à l'Assemblée nationale,
19:45je vois bien que dans ce qui est porté,
19:48il n'y a pas les mêmes choses qui sont portées
19:50par le Parti socialiste, par les écologistes,
19:52par la France Insoumise ou le groupe communiste.
19:54On voit bien qu'il y a eu une plateforme
19:56qui a permis d'asseoir un programme
19:58lors des élections législatives
20:00qui a été fait à la va-vite
20:02et qui en fait ne les rassemble pas complètement.
20:04Et moi je vois au Parti socialiste,
20:06il y a de nombreux députés
20:08qui ont le souhait de la responsabilité
20:10et c'est heureux et je le salue.
20:12Donc allons au-delà
20:14et faisons en sorte que nous puissions nous réunir.
20:16Moi j'y crois beaucoup.
20:18Maintenant, à nouveau, ce n'est pas facile.
20:20Le grand jury.
20:22Questions express.
20:24Questions express, donc des questions,
20:26des réponses par oui ou par non, pour ou contre.
20:28Gabrielle Attal est désormais le patron
20:30du Parti Renaissance
20:32et président du groupe des députés Renaissance.
20:34Est-ce un cumul normal ?
20:36Oui ? Non ?
20:38Moi je suis contre le cumul des mandats,
20:40quel qu'il soit.
20:42Alors j'allais justement vous demander,
20:44faut-il revenir sur le cumul des mandats ?
20:46Quel que soit les mandats.
20:48Moi je suis contre le cumul des mandats
20:50lorsque l'on est député à plein temps.
20:52C'est une charge immense
20:54et dont nos concitoyens attendent beaucoup.
20:56Donc je suis résolument contre le cumul des mandats.
20:58Pauline Buisson.
21:002400 suppressions d'emplois chez Auchan,
21:021 milliard de dividendes versés chez Decathlon.
21:04Les deux entreprises appartiennent à la même famille.
21:06Est-ce que ça vous choque ?
21:08Moi je crois effectivement que
21:10nous avons besoin de retrouver
21:12davantage d'équité.
21:14De l'équité fiscale
21:16et de l'équité sociale
21:18dans le sens où les fruits de la croissance
21:20doivent être mieux partagés.
21:22Il y a eu un accord
21:24entre les forces syndicales
21:26et patronales sur le partage de la valeur
21:28il y a quelques mois
21:30de cela. C'est important, on peut aller
21:32plus loin mais oui ça me choque bien sûr.
21:34C'est choquant.
21:36Dernière question plus légère.
21:38Cette semaine, Jean Castex aurait dit
21:40à propos de la présidentielle
21:42je ne te dis pas que je n'y pense pas.
21:44Jean Castex, président ou pas président ?
21:46Franchement tous ceux qui pensent à la présidentielle
21:48de 2027 sont à côté de la plaque.
21:50Bon on en reparlera quand même.
21:54Le Grand Jury, l'actualité de la semaine.
21:56Le Rassemblement National
21:58a fait tomber le gouvernement.
22:00Est-ce que vous estimez que Marine Le Pen
22:02sort renforcée de ce moment ?
22:04Alors je vais
22:06reprendre votre question.
22:08Ce n'est pas le Rassemblement National qui a fait
22:10tomber le gouvernement.
22:12C'est la France Insoumise, les partis communistes
22:14le parti écologiste, le parti socialiste
22:16et le Rassemblement National.
22:18Ils sont cinq groupes à avoir fait tomber le gouvernement.
22:20Je reprends la question. Toute la séquence qu'on a vue
22:22et notamment la dernière semaine avec des négociations
22:24entre Michel Barnier et le Rassemblement
22:26National, est-ce que ça a renforcé
22:28ou pas Marine Le Pen ?
22:30Je ne crois pas parce que
22:32après je ne vais pas me faire
22:34l'exégèse de ce qui s'est passé mais en tout cas
22:36cela montre que
22:38il y a peu de
22:40responsabilité et qu'on est capable
22:42de toutes les alliances pour pouvoir
22:44poursuivre un but politique
22:46et donc je ne crois pas qu'elle en sorte
22:48renforcée mais je ne crois pas que le parti socialiste
22:50en sorte renforcée non plus.
22:52Vous estimez qu'elle a renoué avec la radicalité
22:54de son parti qui a été
22:56sa caractéristique pendant longtemps ?
22:58En tout cas, elle a été
23:00elle a eu une attitude
23:02qui, je le crois
23:04est compte tenu des circonstances
23:06dommageables pour notre pays.
23:08Est-ce que Michel Barnier s'est
23:10trompé en négociant avec
23:12le Rassemblement National ? Est-ce qu'il l'a fait trop tard ?
23:14Je crois qu'il fallait
23:16qu'il entende
23:18tous les groupes politiques, qu'il dialogue
23:20avec tous les groupes politiques qui sont représentés
23:22à l'Assemblée Nationale et le Rassemblement
23:24National porte les
23:26intérêts de millions de Français
23:28qui se sont exprimés dans les urnes et
23:30ce qu'ils nous disent doit être
23:32entendu donc il devait y avoir ce dialogue.
23:34Après moi, j'ai toujours refusé
23:36la négociation avec le Rassemblement National
23:38avec les extrêmes, Rassemblement National
23:40France Infamie, on ne négocie pas
23:42avec eux. Dialoguer et négocier
23:44ce n'est pas du tout la même chose, ça n'a rien à voir.
23:46Pour vous c'était une négociation donc ?
23:48Donc c'était une erreur ? Pour moi en tout cas
23:50politiquement je considère qu'on ne
23:52négocie pas avec le Rassemblement National.
23:54Il ne peut pas être plus clair que cela.
23:56Faites-vous un lien, comme l'a fait d'ailleurs Michel Barnier
23:58entre l'agenda judiciaire
24:00de Marine Le Pen, menacée donc de
24:02ne pas pouvoir se représenter en 2027
24:04et son offensive politique
24:06contre le gouvernement ?
24:08Moi je ne le crois pas, après je
24:10ne peux pas imaginer en fait que ça puisse
24:12être le cas. On ne peut pas
24:14sacrifier l'intérêt de la France à
24:16des intérêts personnels donc je n'ose l'imaginer.
24:18Et est-ce que Marine Le Pen et ses
24:20lieutenants d'ailleurs du Rassemblement National
24:22qui le répètent,
24:24qui disent que Michel Barnier
24:26leur a manqué de respect ?
24:28Est-ce que ça vous comprenez ?
24:30Moi j'ai vu un Premier Ministre
24:32qui a justement
24:34beaucoup respecté
24:36chaque parlementaire, la représentation
24:38nationale, il l'a beaucoup dit.
24:40D'ailleurs parfois ça a détonné dans l'hémicycle
24:42quand il y avait beaucoup de brouhaha
24:44d'agitation. Le Premier Ministre
24:46était toujours très digne,
24:48très respectueux, sans jamais monter le ton.
24:50J'ai trouvé au contraire
24:52que le Premier Ministre a été
24:54de bout en bout de la séquence, très respectueux
24:56de chacun et c'est important.
24:58Mais plusieurs présidents de groupes
25:00auraient préféré, notamment
25:02plusieurs présidents de groupes politiques à l'Assemblée
25:04comme au Sénat de droite, auraient préféré qu'ils dialoguent
25:06un peu plus avec le Rassemblement National. C'est ce qui a manqué
25:08tout de même ou pas ?
25:10Je ne le crois pas. Je pense que
25:12lorsque vous, dans cet hémicycle-là
25:14vous pouvez chercher des
25:16majorités avec l'ensemble des groupes politiques.
25:18Vous avez, j'en ai parlé, le groupe
25:20Libertés indépendantes Outre-mer et Territoires
25:22qui représente 22 parlementaires
25:24et qui sont tout à fait respectables
25:26et qui portent un certain nombre de revendications.
25:28Vous avez également le Parti
25:30socialiste. Je ne comprends pas pourquoi
25:32la négociation devrait
25:34ou ne devrait se faire que du côté de l'extrême droite.
25:36Vous parlez du groupe
25:38socialiste. On n'a pas entendu depuis
25:40la censure François Hollande qui a voté
25:42justement cette motion de censure.
25:44Est-ce que vous aimeriez qu'il s'explique
25:46sur ce vote ?
25:48Il manque de courage ?
25:50Non, pas qu'il s'explique
25:52sur ce vote, mais qu'on
25:54l'entende. En fait,
25:56François Hollande
25:58était un ancien président de la République.
26:00Il a porté la plus haute
26:02charge et il est
26:04à l'Assemblée nationale aujourd'hui et je regrette
26:06vraiment, sincèrement
26:08qu'on ne l'entende pas plus,
26:10qu'il ne porte pas
26:12cette parole, qu'il devrait être
26:14la sienne compte tenu des responsabilités
26:16qu'il a eues. On a besoin
26:18de paroles fortes en ce moment dans notre pays
26:20et malheureusement,
26:22je ne l'entends pas.
26:24Emmanuel Macron, pour dénoncer la
26:26censure qui a fait donc chuter Michel Barnier,
26:28a parlé dans son allocution de jeudi soir
26:30d'un front anti-républicain.
26:32Il y a des députés anti-républicains ?
26:34Moi,
26:36depuis le début que je préside cette Assemblée
26:38nationale, donc depuis 2022,
26:40j'ai toujours dit que chaque député
26:42était légitime,
26:44il représente la nation.
26:46Le terme d'Emmanuel Macron était trop fort ?
26:48Non, mais les députés,
26:50en tout cas, individuellement
26:52et collectivement,
26:54ont cette légitimité
26:56qui fait que jamais
26:58je n'utiliserai un quelconque qualificatif
27:00à leur regard. Une dernière question, Boris Vallaud,
27:02le président des députés socialistes, a dit lors de la
27:04censure, le pouvoir n'est plus à l'Élysée,
27:06il n'est plus à Matignon,
27:08il est ici, à l'Assemblée nationale.
27:10Il a raison ?
27:12Il a en partie raison. L'Assemblée nationale,
27:14et moi, c'est ce que je porte depuis
27:16deux ans et demi, doit
27:18retrouver pleinement sa place. Elle doit retrouver
27:20pleinement sa place. Elle vient
27:22de montrer que le gouvernement
27:24était responsable devant
27:26elle, et la motion de censure
27:28le rappelle de façon éclatante.
27:30Maintenant, moi, je plaide
27:32pour un plus grand partage
27:34de l'ordre du jour. J'ai mis en place
27:36depuis deux ans et demi ce qu'on appelle
27:38des initiatives transpartisanes qui permettent
27:40à des députés de porter des textes.
27:42On va en parler après la pause.
27:44Merci, parce que c'est important.
27:46On va parler de tout ce qui va se passer à l'Assemblée nationale
27:48et notamment cette question, comment faire
27:50pour avoir un budget en 2025 ?
27:52A tout de suite.
27:54Suite du Grand Jury,
28:04présenté par Olivier Bost.
28:06Yael Brune-Pivet, la Présidente de l'Assemblée nationale
28:08est notre invité.
28:10A mes côtés, Perrine Tarnot de Public Sénat
28:12et Jim Jarassé du Figaro.
28:14Le Grand Jury, ça se passe
28:16au Parlement. Yael Brune-Pivet,
28:18avant de parler de ce qui va se passer à l'Assemblée nationale,
28:20notamment,
28:22de voir comment nous pourrions avoir
28:24un budget pour 2025.
28:26Après tout de même, tout ce qu'on s'est dit
28:28dans la première partie de ce Grand Jury,
28:30je suis obligé de vous poser la question.
28:32Quel Premier Ministre pourrait ne pas être censuré ?
28:34Est-ce que, par exemple, François Bayrou
28:36est un profil pour l'Assemblée ?
28:38Oui, bien sûr,
28:40il y en a d'autres, mais il faut
28:42effectivement quelqu'un qui puisse
28:44parler à ce fameux socle commun
28:46et être en capacité d'élargir.
28:48Vous aurez compris que moi, je souhaite
28:50que l'élargissement se fasse du côté gauche
28:52et quelqu'un qui puisse
28:54établir une feuille de route
28:56conjointe, partagée, avec
28:58un programme de législature,
29:00un programme de gouvernement
29:02et peut-être des concessions réciproques
29:04sur ce que nous ne pourrions
29:06ne pas faire, faire et ne pas faire,
29:08mais être sur le fond.
29:10C'est un bon profil, comme d'autres,
29:12mais il faut cette capacité de dialogue
29:14et de construction, c'est important.
29:16Vous souhaitez élargir vers la gauche.
29:18Il faut néanmoins garder certains des ministres du gouvernement
29:20barniers dans le prochain gouvernement.
29:22Je pense notamment à Bruno Retailleau,
29:24au ministère de l'Intérieur.
29:26Il y a plusieurs responsables politiques
29:28de droite qui appellent à son maintien,
29:30notamment Hervé Marseille, le président
29:32du groupe centriste au Sénat, ce matin encore.
29:34Il dit qu'il est indispensable à l'intérieur.
29:36Est-ce que c'est aussi votre opinion ?
29:38En tout cas, il a raison.
29:40J'ai eu des désaccords, comme vous le savez,
29:42avec Bruno Retailleau, mais c'est un homme
29:44de conviction, de valeur
29:46et je pense que nous partageons les mêmes.
29:48Donc oui, je pense qu'il est important
29:50qu'il puisse rester à l'intérieur.
29:52L'Union, que j'appelle
29:54de mes voeux, elle va DLR au Parti socialiste.
29:56Donc il nous faut des
29:58membres républicains qui soient
30:00des membres forts, puissants
30:02et puissants politiquement.
30:04Je pense qu'il nous faut un gouvernement
30:06qui soit davantage resserré dans son ombre.
30:08Ça suffit les gouvernements à 40 ministres.
30:10Mais du coup, est-ce que Bruno Retailleau est compatible
30:12avec des ministres socialistes à l'intérieur de ce même gouvernement ?
30:14Je le crois.
30:16Je le crois parce que
30:18moi je pense que
30:20nous avons besoin de
30:22ministres et de membres
30:24d'un gouvernement qui partage les mêmes
30:26valeurs, pas qui partage les mêmes opinions,
30:28pas qui partage la même
30:30sensibilité politique
30:32mais qui ait les mêmes valeurs et qui ont le même
30:34sens des responsabilités.
30:36Moi je ne veux pas que tout le monde se fonde en un
30:38parti unique. Le compromis
30:40c'est respecter les différences de chacun
30:42mais se dire qu'il faut les dépasser
30:44pour aller ensemble.
30:46C'est ce que je souhaite dans le nouveau gouvernement.
30:48Un gouvernement resserré
30:50qui va de la gauche
30:52à la droite républicaine, de la gauche républicaine
30:54à la droite républicaine.
30:56C'est un peu un vœu pieux.
30:58Avec un éventail aussi large politiquement.
31:00Ça n'est pas un vœu pieux, c'est ce qu'appellent
31:02de leur vœu les Français.
31:04En tant que responsable politique, écoutons-les.
31:06Yahelle Brune-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale,
31:08vous faites travailler
31:10tout le monde ensemble. C'est même ce que vous défendiez
31:12dans la première partie de ce grand jury.
31:14Est-ce que votre profil ne correspond pas
31:16finalement à un profil pour être
31:18Première ministre ?
31:20Mon profil correspond à celui,
31:22je l'espère, idéal pour être présidente de l'Assemblée nationale.
31:24Vous le dites,
31:26je fais travailler tout le monde ensemble.
31:28Moi j'ai réussi à piloter cette Assemblée.
31:30Mes prédécesseurs
31:32me reconnaissent
31:34ce talent-là.
31:36Je dis non puisque je suis présidente de l'Assemblée nationale
31:38et je pense qu'aujourd'hui,
31:40nos concitoyens, ils ont besoin
31:42de stabilité.
31:44Gérard Larcher au Sénat et moi
31:46à l'Assemblée nationale, nous représentons
31:48cette stabilité. Vous savez,
31:50vendredi dernier, nous avons
31:52réuni les forces politiques calédoniennes
31:54au Sénat. Nous avions un rendez-vous,
31:56nous les avions rencontrés en Nouvelle-Calédonie
31:58il y a quelques semaines de cela et nous nous étions
32:00donnés rendez-vous au Sénat. Nous les avons
32:02rencontrés, nous avons fait
32:04une réunion pendant une heure
32:06et nous avons réussi à faire parler
32:08ensemble tout le monde mais surtout ce qu'ils nous ont dit,
32:10c'est qu'on veut continuer avec vous parce que
32:12vous représentez cette stabilité dont on a
32:14tant besoin chez nos interlocuteurs.
32:16Donc je pense qu'il ne faut pas déstabiliser
32:18cela et donc moi je suis
32:20vraiment bien à ma place et puis j'ai été
32:22élue présidente de l'Assemblée nationale.
32:24Pour moi, ça a beaucoup de force cette élection.
32:26Parmi vos missions de président de l'Assemblée,
32:28il y a de présider les débats
32:30budgétaires puisque la France doit bel et bien
32:32se doter d'un budget.
32:34J'ai l'impression qu'on comprenne bien, Emmanuel Macron
32:36a annoncé dans son allocution
32:38une loi spéciale avant la fin de l'année
32:40et un nouveau budget
32:42en début d'année. Est-ce que cela veut dire qu'on reprend
32:44à zéro l'intégralité des débats
32:46budgétaires ? Alors si on
32:48adopte une loi spéciale, oui, il faudra
32:50reprendre, il faudra qu'il y ait un nouveau budget
32:52qui soit présenté par le gouvernement.
32:54Moi j'avoue que je n'étais pas sur cette position.
32:56Vous, vous pensez qu'on peut
32:58reprendre les débats budgétaires là où ils se sont arrêtés
33:00au Sénat mercredi soir ? Moi c'est ce que j'aurais
33:02souhaité, effectivement, qu'on reprenne les débats
33:04budgétaires là où ils se sont arrêtés.
33:06Qu'on se mette autour de la table
33:08entre forces républicaines
33:10et qu'on voit si on est capable
33:12de se mettre d'accord sur un compromis
33:14sur ce budget.
33:16Nous avions ce qu'on appelle une commission
33:18mixte paritaire, c'est-à-dire 7 députés
33:20et 7 sénateurs qui devaient se réunir
33:22le 16 décembre prochain.
33:24Vous m'avez bien entendu, le 16 décembre
33:26prochain. Rien n'empêcherait
33:28juridiquement,
33:30politiquement, un nouveau Premier ministre
33:32s'il était nommé. Il faut un nouveau Premier ministre.
33:34Le Premier ministre démissionnaire ne peut pas
33:36le faire. Mais rien n'empêcherait
33:38un nouveau Premier ministre nommé
33:40de demander à ce que cette commission
33:42mixte paritaire se réunisse
33:44et au préalable, donc dans la semaine qui vient,
33:46de réunir les forces politiques
33:48et d'en dire est-ce qu'on est capable d'aller au compromis.
33:50Alors que l'Assemblée nationale n'a pas
33:52voté ce budget puisqu'il a été rejeté
33:54dès la première partie du budget. Il a été
33:56rejeté mais la navette se poursuit
33:58donc rien n'empêche à nouveau
34:00de remettre les forces politiques autour de la table.
34:02Moi c'est quelque chose forcément
34:04que je préférerais puisque ça permettrait
34:06de doter la France
34:08d'un budget au mois de
34:10décembre 2024. Mais pour ce faire
34:12il faut aller très vite. Donc vous considérez
34:14qu'Emmanuel Macron finalement a fixé
34:16un agenda parlementaire mais que ce n'était pas nécessairement
34:18à lui de le faire. Mais ce n'est pas ça que je dis.
34:20Ce que je veux dire c'est que la loi spéciale, elle est là
34:22vraiment quand tout le reste
34:24a échoué. La loi spéciale
34:26elle est là pour garantir
34:28la continuité. Il n'y aura pas de budget au 31 décembre
34:30même avec un nouveau Premier ministre lundi.
34:32Je n'en sais rien. Si le nouveau Premier ministre
34:34lundi décide
34:36de réunir les forces politiques pour essayer
34:38d'aller à un compromis et qu'il arrive
34:40à avoir un compromis sur le budget, il peut y avoir
34:42un budget avant le 31 décembre. Juridiquement
34:44c'est possible. Politiquement on a encore
34:46le temps. Plus les heures passent
34:48moins on a le temps évidemment. Mais est-ce que
34:50l'objectif qui avait été fixé par Michel Barnier
34:5260 milliards d'euros d'économie
34:54ou de ressources nouvelles, d'impôts nouveaux
34:56est-ce que ça il faut le revoir ou pas ?
34:58Est-ce que c'était trop ambitieux ?
35:00C'était très ambitieux mais en même temps
35:02on a vu que cette feuille
35:04de route a permis
35:06de rassurer l'ensemble
35:08de nos partenaires, notamment
35:10nos partenaires européens.
35:12Maintenant tout cela se discute et ça a été
35:14discuté au Sénat. Ils sont revenus
35:16sur un certain nombre
35:18l'économie. C'est la raison pour laquelle je me dis
35:20qu'en tout cas cette voie ne doit
35:22pas être fermée. A priori
35:24qu'il faut l'explorer parce que
35:26elle permettrait de doter la France d'un budget
35:28à nouveau. Donc négocions, allons
35:30au compromis. Si nous n'y parvenons pas
35:32nous lactons et nous faisons
35:34la loi spéciale. Aujourd'hui vous ne dites pas de loi spéciale.
35:36C'est votre souhait. Moi je dis
35:38la loi spéciale elle doit venir en dernière
35:40intention quand on a exploré
35:42la voie de construire
35:44un compromis sur le budget.
35:46En tout cas nous en avons encore le temps.
35:48De la même façon pour le budget de la sécurité
35:50sociale nous en avons également
35:52encore le temps. Maintenant j'entends que
35:54le premier ministre ce sera son choix.
35:56Le premier ministre pourra décider de dire
35:58moi le budget présenté par
36:00Michel Barnier ça ne me convient pas
36:02je refais complètement un budget
36:04il sera examiné en janvier
36:06et dans ce cas là nous passerons par une loi spéciale.
36:08J'ai entendu dire et c'est
36:10toutes les forces politiques que j'ai réunies dès la
36:12censure de Michel Barnier
36:14m'ont dit qu'elles seraient bénévolentes
36:16par rapport à cette loi spéciale.
36:18Donc il ne faut pas que nos compatriotes
36:20s'inquiètent. La loi spéciale pourra être
36:22votée et donc il y aura
36:24une continuité de l'Etat
36:26au mois de janvier 2025. En tout cas
36:28ce matin vous nous dites ce n'est pas le chaos
36:30économique financier que nous prédisait
36:32Michel Barnier et son gouvernement. Est-ce que c'était
36:34pas un peu exagéré de prédire ça ?
36:36J'ai toujours eu une parole très
36:38claire pour dire
36:40que nos institutions étaient
36:42extrêmement solides. Elles sont
36:44incroyables ces institutions. Je sais
36:46que certains aimeraient les reverser.
36:48C'est exagéré de la part de Michel Barnier de prédire
36:50les larmes du son ?
36:52En tout cas il a exposé quel était son point de vue
36:54et moi j'ai exposé qu'elle était le
36:56mien depuis le début. Les institutions
36:58se solident, elles tiennent,
37:00elles assurent la continuité de l'Etat
37:02et nos compatriotes doivent l'entendre
37:04parce que moi ce que j'entends c'est qu'ils sont assez
37:06angoissés.
37:08La situation politique va quand même avoir
37:10des incidents sur notre situation économique.
37:12Mais bien sûr,
37:14c'est la raison pour laquelle moi
37:16j'enjoins tout le monde
37:18à se mettre autour de la table pour discuter.
37:20Parce que justement la situation politique
37:22si elle perdure
37:24telle qu'elle est en ce moment,
37:26va angoisser de plus en plus nos compatriotes
37:28et va avoir de plus en plus de conséquences.
37:30Et donc à nous
37:32en tant que responsables politiques
37:34de faire fi de nos divisions
37:36pour prendre nos responsabilités
37:38et avancer ensemble.
37:40Une question très pratique, sans budget
37:42les retraites seront
37:44revalorisées sur l'inflation au 1er janvier.
37:46Oui.
37:48Et pas seulement les petites retraites, toutes les retraites.
37:50Est-ce que ça sera
37:52réversible ? C'est-à-dire qu'un budget pourrait dire
37:54non finalement, on n'augmente
37:56pas toutes les petites retraites.
37:58Toutes les retraites, c'est-à-dire. Alors ça me paraît très difficile
38:00de revenir sur une augmentation
38:02qui aura eu lieu.
38:04C'est compliqué parce que ça revient...
38:06Donc c'est une économie perdue entre guillemets.
38:08C'est probablement une économie perdue.
38:10Après c'est dommage
38:12parce que moi, sur le terrain, j'entends
38:14beaucoup de retraités,
38:16plutôt les retraités évidemment plus aisés
38:18qui nous disent mais faites-nous contribuer
38:20parce que c'est pour nos enfants
38:22et nos petits-enfants. Et donc
38:24il faut leur demander un effort et ça serait
38:26dommage de ne pas le faire.
38:28Mais ça ne sera pas pour 2025.
38:30C'est ça que vous dites.
38:32Mais c'est la raison pour laquelle, il n'est pas trop tard,
38:34reprenons la copie.
38:36En tout cas essayons.
38:38Nous avons donc depuis jeudi un nouveau gouvernement
38:40démissionnaire. La précédente fois,
38:42c'était donc cet été, ça avait duré plus de 50 jours.
38:44Est-ce qu'il est possible
38:46que le Parlement contrôle un peu plus
38:48ce gouvernement démissionnaire, notamment
38:50par le biais de questions d'actualité ?
38:52Alors on s'est posé la question l'autre jour
38:54effectivement avec les présidents de groupe
38:56et j'ai un rapport aussi qui a été rendu
38:58par la Commission des lois sur cette question
39:00des actes commis par un gouvernement
39:02démissionnaire. Ce que nous avons
39:04convenu, c'est que d'une part nous continuerions
39:06au Parlement tout ce qu'on appelle
39:08les missions d'information, les commissions d'enquête
39:10qui sont un acte de contrôle sur l'action
39:12du gouvernement. Que sur les
39:14questions d'actualité,
39:16nous ne l'éteindrons pas
39:18provisoirement.
39:20Que si la situation devrait
39:22durer, nous réexaminerions cette
39:24situation pour que le gouvernement
39:26et l'action de ce gouvernement ne restent pas
39:28en contrôle parlementaire. Mais donc
39:30il faudra regarder si la situation
39:32perdure. Ce n'est pas ce que je souhaite,
39:34vous l'aurez compris.
39:36Il y a aussi d'autres priorités aux yeux des Français.
39:38Quelles sont les urgences à vos yeux ?
39:40Est-ce que c'est une loi immigration ?
39:42Une loi sur l'agriculture ?
39:44Le narcotrafic ? On parle aussi de la fin de vie ?
39:46C'est dans les tuyaux.
39:48Selon vous, le taxe qui doit arriver le plus rapidement
39:50possible après le budget ?
39:52Depuis le mois de septembre, je parle de la loi
39:54agricole. Elle est urgente, tout le monde
39:56le sait. Donc il faut l'examiner.
39:58Nous avons finalement
40:00un programme législatif qui, je le crois,
40:02fait consensus, qui parle du quotidien
40:04des Français et qui parle du régalien.
40:06Vous l'avez évoqué. Le quotidien,
40:08leur alimentation, la souveraineté agricole,
40:10ça me semble essentiel.
40:12Ce qui me semble essentiel, c'est l'accès aux soins.
40:14Tout le monde nous en parle. Traitons
40:16cette question de façon urgente.
40:18Les questions de simplification,
40:20également, tout le monde
40:22croule sous les normes.
40:24Les questions d'organisation, des compétences
40:26et des organisations territoriales,
40:28je pense que c'est important.
40:30La loi fin de vie, vous savez que j'y tiens
40:32particulièrement. Nous avions obtenu
40:34un accord pour son inscription
40:36le 3 février prochain à l'Assemblée
40:38nationale. J'espère que cet accord
40:40sera tenu et que les
40:42discussions budgétaires ne nous empêcheront pas
40:44de tenir ce calendrier sur
40:46la fin de vie. Et vous l'avez dit,
40:48le régalien, la sécurité,
40:50le narcotrafic et
40:52la capacité pour notre justice
40:54à mieux travailler et donc
40:56la question, on en a parlé, de l'exécution
40:58des peines. Comment fait-on
41:00pour que nos peines soient
41:02mieux exécutées, plus rapidement ? Je pense
41:04que ça, c'est des questions vitales.
41:06Est-ce que la proportionnelle ?
41:08Je pense que la proportionnelle, c'est important.
41:10Alors, une urgence,
41:12je n'irai pas jusque-là, mais
41:14je crois que c'est important parce que la proportionnelle,
41:16vous voyez, c'est ce qui permettra
41:18d'acter
41:20une nouvelle culture de gouvernement.
41:22Aujourd'hui, cette fameuse
41:24coalition qu'on appelle
41:26tous de nos voeux, en tout cas que
41:28beaucoup appellent de leurs voeux, aujourd'hui,
41:30elle est difficilement possible parce que
41:32on est sur un mode de scrutin majoritaire
41:34qui fait qu'on s'oppose les uns aux autres.
41:36Demain, il faudra construire
41:38ensemble. La proportionnelle qui existe
41:40dans tous les pays en Europe,
41:42en Allemagne, Italie, Espagne,
41:44Portugal, permet de construire
41:46ensemble. Je crois qu'il faut y venir.
41:48Moi, j'avais proposé un système mixte.
41:50On restera malgré tout dans un
41:52régime présidentiel. Est-ce que la
41:54proportionnelle ne risque pas d'accélérer
41:56l'atomisation des forces politiques au Parlement
41:58et de compliquer la recherche de majorités ?
42:00Je ne le crois pas. Je pense que la proportionnelle
42:02déjà permet à chaque
42:04Français d'être mieux représenté dans
42:06ses courants de pensée, dans son courant
42:08politique. Aujourd'hui, avec un scrutin
42:10majoritaire, nous avons 11
42:12groupes à l'Assemblée nationale. C'est déjà
42:14un record. Je ne pense pas qu'on ira plus loin.
42:16Tout dépend de la proportionnelle que vous mettez en place.
42:18Moi, je propose depuis le début
42:20un système mixte, à l'instar
42:22du scrutin pour les sénatoriales.
42:24A peu près
42:2670% des députés
42:28resteraient élus au scrutin
42:30majoritaire sur leur territoire
42:32avec des circonscriptions, et dans les
42:34territoires les plus peuplés, passer à un scrutin
42:36proportionnel. Moi, ça me semble
42:38être un scrutin qui serait
42:40équilibré, mais en tout cas, il faut avancer là-dessus.
42:42Donc, discutons-en aussi dans
42:44les premiers mois de 2025 avec l'ensemble
42:46des forces politiques, pour voir si nous sommes
42:48en capacité d'aboutir. Jeudi soir, dans son
42:50allocution, Emmanuel Macron a répété
42:52à plusieurs reprises que nous avions devant nous
42:5430 mois pour agir, pour que le gouvernement
42:56puisse agir. Est-ce qu'il faut comprendre
42:58par ces 30 mois que
43:00le chef de l'État s'engage à ne pas
43:02dissoudre l'Assemblée nationale à nouveau
43:04l'été prochain, quand ce sera possible à nouveau ?
43:06En tout cas, je pense que c'est effectivement...
43:08Ça donne de la perspective.
43:10Vous l'avez compris comme ça, vous ?
43:12Moi, je ne l'entends pas comme un engagement à dissoudre ou ne pas
43:14dissoudre. Ça fait partie de ses prérogatives
43:16constitutionnelles, et il serait bien mal venu
43:18de se démunir a priori.
43:20En revanche, moi, je vois qu'il
43:22se projette jusqu'à
43:242027, la fin de son mandat.
43:26Nous, parlementaires, nous avons même été
43:28élus jusqu'en 2029. Et donc,
43:30si nous pouvions respecter
43:32le jeu démocratique... Moi, j'entends beaucoup
43:34de gens être attachés à la démocratie
43:36et s'en prendre
43:38aux mandats qui sont exercés par les uns
43:40et les autres. C'est dommage. Justement, les
43:42sondages auprès des Français sur leur désir
43:44de voir Emmanuel Macron quitter
43:46l'Elysée sont plutôt préoccupants.
43:4864% selon le sondage
43:50réalisé cette semaine par
43:52ARIS pour RTL.
43:54Comment expliquez-vous que 6 Français
43:56sur 10 voient d'un bon oeil une démission
43:58d'Emmanuel Macron ? Je pense que les
44:00Français sont un peu
44:02perdus en regardant cette situation politique
44:04parfois désolante.
44:06Moi, je les ai entendus dire que c'était
44:08navrant, que c'était désespérant.
44:10Pour eux, la solution,
44:12c'est donc
44:14la démission d'Emmanuel Macron. Pour eux, c'est parce que
44:16certains, je crois, l'espèrent.
44:18Certains ont l'échec qui est politique.
44:20Mais ce n'est pas la solution.
44:22Je ne comprends pas comment
44:24on peut se dire, d'une part, vouloir
44:26plus de pouvoir à l'Assemblée nationale,
44:28plus de parlementarisme
44:30et considérer que la solution, c'est
44:32la démission du Président de la République.
44:34C'est parfaitement contradictoire.
44:36Moi, je pense que le Président de la République doit
44:38dans une démocratie exercer
44:40pleinement son mandat, tel que les Français
44:42lui ont confié jusqu'en 2027.
44:44En revanche, je pense qu'à l'Assemblée nationale,
44:46nous pouvons faire davantage,
44:48faire mieux. Je vous parlais d'initiatives
44:50transpartisanes. Les groupes
44:52sont d'accord pour travailler ensemble
44:54nativement au Parlement.
44:56Je prends une autre étude
44:58qui était très intéressante et qui est sortie cette semaine.
45:00C'était une grande enquête Ipsos sur les fractures
45:02françaises. 14% seulement
45:04des Français ont confiance dans les
45:06partis politiques. Bon, ça, pourquoi pas.
45:0878% des Français pensent que leurs
45:10idées ne sont pas représentées et
45:1274% n'ont pas confiance, ni
45:14dans l'Assemblée nationale, ni dans la Présidence
45:16de la République. Comment en sommes-nous
45:18arrivés là ?
45:20C'est peut-être ce qui me rend le plus triste.
45:22Moi, je me suis
45:24engagée en 2017.
45:26Avant, je ne faisais pas de politique. J'étais
45:28juste une citoyenne qui s'intéressait
45:30à l'avenir de son pays et qui avait envie d'agir.
45:32Et une des raisons
45:34de mon engagement en 2017, si ce n'est pas
45:36la raison majeure,
45:38c'était ça, c'était redonner confiance
45:40aux Français, renouer le fil, faire
45:42de la politique autrement
45:44pour avoir cette
45:46incarnation différente.
45:48Nous n'avons pas réussi. Nous n'avons pas
45:50réussi. Vous voyez, nous parlons d'échecs.
45:52Eh bien ça, moi, je crois que c'est notre échec
45:54majeur. Nous n'avons pas réussi à
45:56retrouver la conscience des Français.
45:58C'est l'échec d'Emmanuel Macron. C'est notre échec.
46:00Vous aurez remarqué que je ne
46:02jette jamais l'anathème sur tel ou tel.
46:04Je prends toujours ma part. Et donc, c'est notre
46:06échec. Mais collectif, tout parti
46:08confondu, l'étude dont vous parlez,
46:10mais tous les partis
46:12dans le même sac. Et donc, c'est tous
46:14les hommes et les femmes politiques qui doivent
46:16se poser des questions. Et je pense
46:18qu'aujourd'hui, nous avons une chance
46:20historique de retourner,
46:22de renverser cette tendance, en remettant
46:24le débat politique de fond
46:26au cœur de notre
46:28actualité, en nous mettant autour
46:30de la table, en nous retroussant les manches.
46:32C'est à cela que j'appelle aujourd'hui
46:34et il faut le faire de façon
46:36urgente. Mais depuis l'accession au
46:38pouvoir du Bloc central, les extrêmes
46:40n'ont jamais été aussi hautes, que ce soit
46:42à l'extrême droite, avec Marine Le Pen,
46:44à gauche avec Jean-Luc Mélenchon
46:46pour l'extrême gauche. Le Bloc
46:48central est-il finalement
46:50quelque part une construction politique
46:52durable ? Oui, je le crois.
46:54Je le crois parce que le Bloc
46:56central, c'est
46:58un Bloc qui
47:00regroupe des personnes qui ont
47:02des convictions communes et des valeurs communes
47:04autour de l'Europe, autour du progressisme,
47:06autour du sens de la
47:08nuance. On voit bien que les radicalités,
47:10le sens de la nuance
47:12et radicalité, ça ne va pas très bien ensemble.
47:14Et donc, nous,
47:16nous pensons que nous sommes
47:18capables justement de travailler avec les uns,
47:20avec les autres, et de pouvoir
47:22ainsi répondre mieux aux
47:24préoccupations des Français. Avec
47:26des valeurs très affirmées, des
47:28valeurs républicaines, le sens
47:30de l'autorité, du respect,
47:32mais en même temps, une certaine
47:34vision économique davantage
47:36libérale, et le fait que
47:38il faille accompagner
47:40chacun sur notre territoire, non pas l'assister,
47:42mais l'accompagner pour lui
47:44permettre de réussir sa vie.
47:46Et donc, moi, je pense que le
47:48centre a un grand avenir devant lui.
47:54Alors, justement, pour le centre,
47:56si une élection présidentielle avait lieu
47:58demain, ce qu'ont envisagé
48:00d'ailleurs Édouard Philippe, Jean-Luc Mélenchon,
48:02ou encore Marine Le Pen, qui serait votre candidat ?
48:04Je l'ai dit tout à l'heure,
48:062027, pour moi,
48:08n'est pas le sujet aujourd'hui
48:10et ne doit pas l'être. Et que tous ceux qui pensent
48:12à 2027
48:14ont une certaine responsabilité
48:16dans le bazar
48:18environ. On a bien vu que l'histoire politique
48:20pouvait s'accélérer de façon brutale.
48:22Je sais, mais moi, à nouveau, je ne crois pas
48:24à une élection présidentielle
48:26qui réglerait tout et à un homme
48:28ou une femme providentiel.
48:30C'est le principe de l'élection providentielle.
48:32Présidentielle ne veut pas dire providentielle.
48:34Moi, je crois, en tant que
48:36présidente de l'Assemblée nationale,
48:38en l'Assemblée nationale. Je crois
48:40dans ces 777
48:42élus qui représentent la
48:44nation. Moi, je crois à la démocratie
48:46parlementaire.
48:48Donc, la présidentielle, c'est le poison lent,
48:50en fait, de cette Vème République ?
48:52En tout cas, ce qui est certain, c'est que
48:54c'est finalement une façon
48:56pour certains de se dédouaner
48:58de leurs responsabilités actuelles
49:00en pensant qu'effectivement,
49:02tout se réglera plus tard
49:04à travers une autre élection qui interviendra
49:06dans 3 ans.
49:08Notre responsabilité, elle est immédiate
49:10et elle est personnelle.
49:12Aujourd'hui, Gabriel Attal prend les rênes du Parti
49:14Renaissance. Est-ce que c'est pour
49:16devenir ce candidat naturel
49:18du camp central en 2027 ?
49:20Écoutez, je suis navrée d'insister
49:22dans ma réponse. J'ai bien dit
49:24qu'on est en 2024 et que ma
49:26préoccupation unique, c'est
49:28l'avenir de mon pays dans les semaines et les mois
49:30qui viennent. 2027 n'est pas mon sujet.
49:32Une question malgré tout sur la méthode
49:34de désignation, si jamais on peut l'aborder.
49:36Est-ce qu'il faut une primaire
49:38pour départager d'éventuels multiples
49:40candidats au sein d'un bloc commun ?
49:42Je suis vraiment navrée. Aujourd'hui,
49:44nous sommes le 8 décembre, ça n'est pas mon
49:46sujet. Mais vous savez quoi ?
49:48C'est pas le sujet des Français. En tout cas, moi,
49:50vendredi, quand j'étais sur le terrain, vendredi soir
49:52encore, ils ne m'ont pas parlé de la présidentielle
49:54de 2027. Ils m'ont parlé
49:56du budget de la France
49:58là et de répondre à leurs préoccupations
50:00aujourd'hui. Donc moi,
50:02j'essaye d'écouter les Français.
50:04Je crois que c'est la moindre des choses quand on fait de la politique.
50:06Vous vous définissez comme
50:08centriste ou comme femme de gauche ?
50:10Je me définis plutôt
50:12comme centriste. Après,
50:14j'ai évidemment une sensibilité
50:16sociale due
50:18à mon parcours,
50:20à mon parcours familial, à mon parcours
50:22politique, à mon parcours
50:24d'engagement, puisque j'ai beaucoup oeuvré
50:26dans l'humanitaire. Maintenant,
50:28moi, je crois dans cette famille politique
50:30comme je vous le disais. Et en tout cas,
50:32je pense que la politique a besoin
50:34de femmes et d'hommes engagés
50:36et qui viennent de la société civile.
50:38Il faut continuer cette démarche-là.
50:40Il arrive à Jean Castex de penser à la présidentielle.
50:42On le disait, nous l'évoquions tout à l'heure.
50:44Et vous ? Moi, il m'arrive de penser
50:46à ce que je vais faire demain
50:48pour l'Assemblée nationale et pour les Français.
50:50Merci beaucoup Yael Brune-Pivet pour ce
50:52grand jury. Bon dimanche à tous. On se retrouve
50:54la semaine prochaine.