Passation de pouvoir à Matignon : l'analyse du politologue Luc Gras

Sud Radio

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Transcript

00:00— Un message ému, Philippe Bilger. — Oui, mais en même temps banal, quoi. Je veux dire... Mais banal, il a rendu ce qu'il a fait.

00:12— Après, c'est quand même intéressant, parce que c'est quand même deux personnes, Bayrou et Barnier,

00:15qui ont un parcours extrêmement long derrière eux, peut-être un peu déçus, d'ailleurs, ou décevants.

00:20Alors à leur jeu, c'est possible. Et qui arrivent effectivement un peu à la fin de leur carrière,

00:23à un moment où les gens sont normalement à la retraite, au poste suprême, en tout cas semi-suprême.

00:28— Jean-Michel Flauvergue. — Il y a deux choses qui sont... C'est pas du tout banal dans son discours.

00:34Je suis pas d'accord avec Philippe. D'abord, il dénonce l'entre-soi politique. Et ça, c'est quelque chose de très...

00:39Non, mais c'est quelque chose de très important dans la bouche d'un Premier ministre. Et puis il prêche pour l'engagement,

00:46pour la responsabilité, pour la responsabilité personnelle, en particulier des plus jeunes. C'est ce qui nous manque aujourd'hui.

00:51Et il a raison de faire ça. — Mon cher Jean-Michel, c'est exactement ce qu'il a dit lorsqu'il a fait son premier discours.

00:58— Allez, voilà les premiers mots de François Bayrou à Michel Barnier lors de cette passation.

01:05Un petit mot juste avant de partir en pub. Luc Graa est avec nous. Bonsoir, Luc Graa.

01:10— Bonsoir, Luc. — Merci d'avoir accepté notre invitation. — Bonsoir.

01:13— Il nous reste 2-3 minutes. Les mots les plus forts, finalement, de François Bayrou ce soir, ce sont lesquels ?

01:20— C'est intéressant, son exposé concernant cette espèce de fracture démocratique que nous vivons entre les élus et les électeurs.

01:31Je pense que ça apporte quelque chose de nouveau, parce que sa nomination n'est pas une surprise. Il fait partie du carré des macronistes.

01:40Mais s'il peut apporter cette dimension humaine qu'on n'avait pas beaucoup, finalement, Emmanuel Macron,

01:46mais qu'il avait annoncé avec son Nouveau Monde, c'est peut-être une façon d'appréhender les choses qui peut être positive.

01:53Donc là, il se présente un peu en bon père de famille. Et peut-être qu'il pourrait rendre service à la nation

01:59si, justement, dans cet esprit de réconciliation, il pouvait essayer de rétablir cet enjeu essentiel qu'est cette fracture entre les élus et les électeurs.

02:09— On fait une pause. On revient dans un instant avec nos vraies voix du jour. Philippe Bigert, Tom Conan et Jean-Michel Fauvergue.

02:16Et vous, au 0826 300 300 pour débriefer de cette première prise de parole. À tout de suite.

02:21— Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense. — Bonjour, Liliane.

02:26— Bonjour. Je vous remercie pour vos invités. C'est intéressant. Et puis les discussions qui en découlent.

02:32— Sud Radio, parlons vrai. Les vraies voix Sud Radio, 17h-19h. Philippe David, Cécile de Ménibus.

02:40— Retour des vraies voix avec bien évidemment Cécile de Ménibus, Philippe Bigert, Jean-Michel Fauvergue, Tom Conan, notre invité, Luc Graa.

02:46On vient d'entendre le discours de la passation de pouvoir à Matignon entre Michel Barnier et François Bayrou.

02:53Et on le commande justement avec les vraies voix. Philippe Bigert, qu'est-ce que vous en avez pensé ?

02:57— Alors par rapport à ce qu'on a entendu, il nous manque peut-être l'essentiel. Je dirais que je rejoins Luc sur la mise en évidence

03:10du hiatus du plafond de verre. Là aussi, ça n'est pas une idée fulgurante. Mais c'est bien qu'il affirme la séparation grave

03:22entre les citoyens et les pouvoirs. La deuxième idée, tout de même, elle est intéressante. C'est une concession au programme macroniste,

03:32puisque c'est le refus de l'assignation à résidence. Et ce qui me frappe dans le début de ce propos de François Bayrou,

03:41je ne vais pas le rendre socialiste, c'est le fait que ce sont des considérations générales qui relèvent plus de la morale politique

03:53et qui se rapportent bien au tempérament de François Bayrou, qui ne constitue pas pour l'instant en tout cas des objectifs insurmontables

04:02pour la simple raison qu'on ne pourra jamais véritablement vérifier s'ils sont atteints.

04:09Luc Grim ?

04:11Oui. Moi, je pense que François Bayrou, comme chacun le sait, est dans une situation très compliquée. Il n'a pas de majorité.

04:21Il va donc a priori... Les socialistes ont déjà dit qu'il ne s'engagerait pas. On voit bien qu'à LR, ça n'est pas simple.

04:30Donc, pour s'extraire de cette situation compliquée, il va vraiment falloir que, contre son tempérament en quelque sorte,

04:38parce que c'est vrai qu'il a un côté philosophe, il va falloir qu'il y mette les mains et qu'il arrive à s'extraire de cette situation inextricable.

04:50Probablement, il a le caractère en insistant sur un certain nombre d'initiatives.

04:57Est-ce que ce sera en portant un projet sur la proportionnelle ? Je ne sais pas.

05:01Est-ce que ce sera sur revisiter la réforme sur les retraites pour la rendre plus acceptable pour les Français ?

05:08Est-ce que ce sera pour essayer de rapprocher, de traiter ce sujet démocratique qui est celui de la désespérance des citoyens ?

05:18Encore il y a deux jours, un sondage montrait que les Français étaient partagés entre la colère et la lassitude.

05:23On peut bien se rendre compte ici qu'il y a vraiment de gros chantiers. Malheureusement, il n'a pas pour l'instant de perspective de majorité.

05:32Et enfin, bien sûr, son rendez-vous essentiel, ce sera la loi de finances, le budget pour la France. Et là, ça ne sera pas facile.

05:40— Allez, retour au standard 0826-300-300 avec Muriel qui est avec nous de Béziers. Bonsoir, Muriel. Rebonsoir.

05:46— Rebonsoir. — Bonsoir, Tessy. Bonsoir, Philippe.

05:50— Alors quel sentiment vous avez à la suite de cette passation ?

05:53— Je le connais bien, puisque j'ai fait deux campagnes pour lui. J'étais encartée à l'UDF avant d'être au LR.

06:02Et ce qui me gêne, c'est que c'est quelqu'un qui est très vertatile. C'est-à-dire quand on a été au deuxième mandat qu'il voulait faire,

06:13à sa deuxième campagne, il nous a annoncé qu'on va voter pour Hollande. Or, moi, j'étais à l'UDF et j'étais de droite.

06:21Donc quelque part, on a tous pris nos cartes, on les a retournées. Et c'est quelqu'un qui... Voilà. Alors j'espère que pour les agriculteurs,

06:32comme ses parents ont eu une ferme, il a mis la main à la pâte, il va donner satisfaction à beaucoup de social.

06:41Mais d'un autre côté, je veux qu'il garde Rodeau-Rayo... — À l'intérieur.

06:46— À l'intérieur, hein. Parce que là, on est dans un marasme terrible au niveau du narcotrafic, de pas mal de choses. Et lui, il a pas la main ferme.

06:58Je vous le dis tout de suite, il est mou du genou. Voilà. — Bougez pas, Muriel. Patrick Depeau est avec nous. Bonsoir, Patrick.

07:06— Bonsoir, Patrick. — Merci. Merci à tous. Alors moi, je vais rapidement dire un mot. Enfin, je pense que c'est une bonne opportunité,

07:14d'abord déjà pour la ville. Donc Depeau, qui sera un plan lumière aussi, qui va soutenir dans cette tâche qui n'est pas négligeable.

07:25Après, il faut dire que quand on regarde un peu depuis 2014 tout ce qu'il a apporté pour l'agglomération, bon, on a vu quand même une certaine évolution.

07:36On pense que de manière macroscopique, à l'échelle du pays, il saura tenir ses valeurs pour aider à faire consensus.

07:47— Oui. Bougez pas, restez avec nous, Tom Conan. — Mais c'est que son discours ressemble quand même un peu à une gestion de la faillite.

07:51C'est effectivement un peu désespérant. En tout cas, c'est pas très enthousiasmant, un peu comme ce que disait Lugra tout à l'heure.

07:57— Il a parlé d'un Himalaya de difficultés. — Oui, oui. Voilà. Il en est effectivement conscient. Mais à un moment donné, il faut quand même aussi

08:02nous emmener, nous emporter quelque part, tu vois. Quelle est la patte François Bayrou ? Quel est ce qui nous prépare depuis 40 ou 50 ans de vie politique ?

08:09Ce serait quand même sympa. — Il dit « affronter les yeux ouverts ». — Ouais. Non, mais c'est bien, c'est bien.

08:13Mais encore faut-il avoir quand même quelques idées, quelques grandes directions, parce qu'encore une fois, le peuple, c'est pas uniquement des...

08:18— Laissez-le rimer. Ça fait 5 minutes qu'il est là. — Oui. Mais je trouve que... — Il va donner les deux premières idées.

08:23— Ouais. Mais les Français, c'est pas uniquement des veaux. C'est aussi des gens qui ont une âme, un cœur qui bat et qui ont envie quand même de se battre

08:30pour quelque chose au quotidien. — Jean-Michel Fauvergne. — Je crois que... Comme disait notre deuxième auditeur... Je me rappelle plus son prénom.

08:36— Patrick. — Patrick. Comme disait Patrick. Pour parler de pot, il vaut mieux compter sur l'équipe de rugby aujourd'hui, qui a de bons résultats,

08:43plutôt que sur François Bayrou. C'est pas le but. Le but, c'est... — Il a un très bon maire. — Oui, mais le but, c'est pas... Ça y est, il n'est plus maire, là.

08:51Il est Premier ministre. Donc il faut qu'il s'occupe de la France. Et pour s'occuper de la France, je crois que sans majorité,

08:58on n'a pas de programme personnel. Il faut arriver à faire passer pour les uns et pour les autres les choses auxquelles les gens s'attendent.

09:09C'est-à-dire qu'il devra faire des concessions, effectivement, sur la droite, sur la loi immigration, sur la sécurité. C'est ce qu'attendent les Français,

09:17l'immigration, la sécurité des réponses. De l'autre côté, il devra faire sans doute des concessions peut-être sur les retraites. Je ne sais trop comment.

09:26Mais il va devoir faire une synthèse de ça. C'est pas un programme personnel qu'il va appliquer. C'est le programme des uns et des autres,

09:32s'il veut continuer à rester là-dessus. Et puis d'abord, comme disait Luc Gras, il faut passer le barrage du budget.

09:40— Luc Gras, quand il dit que l'une de ses deux obsessions, c'est ce plafond de verre entre les citoyens et le pouvoir, on le sait depuis des années, quid ?

09:51— Oui. Alors c'est intéressant, parce qu'il y a deux types de sujets. Il y a le concret de demain. C'est-à-dire que ce qui intéresse les Français,

09:58c'est le pouvoir d'achat, comme l'a bien dit Jean-Michel, la sécurité. D'autres, c'est l'environnement. On les voit bien, les grands sujets qui préoccupent les Français.

10:06Tout le monde sait que les Français veulent plus de sécurité avec quand même, si possible, une prise en considération des enjeux autour de cela.

10:16L'environnement, c'est la même chose. Pouvoir d'achat, idem. Il y a à côté de cela, effectivement, cette idée de plafond de verre.

10:23Donc c'est plus le plafond de verre qu'on a connu avec Marine Le Pen, de la dédiabolisation. C'est le plafond de verre démocratique,

10:29cette idée que les Français sont orphelins d'un personnel politique qui est perché, qui est au-dessus, qui n'est pas dans le concret de la vie.

10:39Alors qu'est-ce qu'il peut faire pour ça ? Quelles sont les pistes ? Est-ce qu'il ne suffit pas de faire un bon diagnostic ? Encore faut-il donner une bonne thérapie ?

10:46Et là, on l'attend, François Bayrou. Ça fait 40 ans qu'il nous parle de cela. Mais qu'est-ce qu'il propose ? Est-ce qu'il va susciter du dialogue ?

10:54Qu'est-ce qu'il va faire pour que, justement, je crois que c'est un enjeu essentiel, les Français se réconcilient avec les hommes politiques ?

11:01Aujourd'hui, ils n'ont plus confiance. Donc est-ce que François Bayrou peut faire quelque chose ?

11:06Encore une fois, il doit passer par le budget. Mais ensuite, il doit aussi passer par... Il pourrait peut-être rassembler un peu plus au niveau de l'Assemblée nationale.

11:15Mais il a quand même une perspective qui est 2027, avec toutes les écuries qui sont mises en place. Et je pense que les vrais sujets, on les connaît.

11:21Il y a relativement consensus dessus. Il n'empêche qu'au niveau du timing, les sujets à traiter entrent en conflagration avec les stratégies politiques en perspective de 2027.

11:32Allez, restez avec nous. On revient dans un instant. On fait une petite pause. Le journal dans un instant. Et puis, le bulletin météo avec Rémi André. Le coup de gueule de Philippe David.

11:41Je vais parler de Miss.

11:42De Miss ? Très bien. Miss Personne ?

11:45Miss France, mais surtout Miss Pays-Bas. Vous allez comprendre pourquoi.

11:49Je crois que c'était Miss Berne.

11:50Allez, c'est pas mal.

11:52C'est une blonde d'Aquitaine.

11:53Allez, restez avec nous. On fait un point dans un instant. Et puis, bien entendu, on vous tient informés en édition spéciale jusqu'à 19h. A tout de suite.

12:02Parlons vrai.

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