Elias, 14 ans, a été tué pour un téléphone portable alors qu'il sortait de son entrainement de foot. Regardez l'interview de Laurent Nunez, Préfet de police de Paris.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 27 janvier 2025.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 27 janvier 2025.
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00:00RTL Matin
00:04Et tout de suite, l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui Laurent Nunes, le préfet de police de Paris.
00:08Bonjour et bienvenue sur RTL, Laurent Nunes.
00:11Votre journée a commencé très tôt avec l'incendie qu'on évoquait du Campanile de la mairie du 12e arrondissement de Paris.
00:17Ce matin, la situation est-elle sous contrôle ?
00:20Alors le feu était au moment où j'ai quitté les lieux puisque je m'y suis rendu ce matin très tôt.
00:26Donc le feu, on a été requis à 3h20 du matin pour un feu de la mairie du 12e, un feu de toiture.
00:34Donc le feu n'était pas complètement maîtrisé mais c'est en bonne voie.
00:38En revanche, il y a une incertitude qui demeure sur la stabilité de la flèche de cette mairie qui menaçait toujours de s'effondrer.
00:44Il y a un risque d'effondrement de la flèche ?
00:45Oui, il y a un risque d'effondrement et puis il faudra sans doute plusieurs jours,
00:49notamment nos architectes de sécurité de la préfecture de police, pour expertiser tout ça avec la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.
00:56Je veux évidemment remercier et saluer le travail de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris
01:00qui a mobilisé une soixantaine de véhicules, 150 sapeurs-pompiers qui ont été mobilisés pour venir à bout de ce sinistre.
01:08On a eu une idée, c'est évidemment très tôt, mais de l'origine. Est-ce que c'est un acte de malveillance ?
01:12Est-ce que c'est accidentel ? On sait d'où le feu est parti ?
01:15L'enquête le dira. Il y a forcément une enquête judiciaire qui va s'ouvrir.
01:19On a quelques idées de l'endroit où le feu est parti, mais je reste très prudent.
01:23À ce stade, je n'ai pas de raison de penser que ce soit criminel.
01:26Mais ça peut être parti de l'armoire électrique comme à Notre-Dame par exemple ? C'est une hypothèse ?
01:30On ne sait pas encore. C'est effectivement une hypothèse. Il faut rester extrêmement prudent.
01:34Il n'y a pas de raison de penser que ce soit criminel, mais c'est l'enquête qui le confirmera ou pas.
01:38Il n'y a pas de risque d'effondrement total de la mairie ? Il n'y a pas besoin d'évacuer le quartier ?
01:42Non, mais l'effondrement de la Flèche provoquerait des dégâts plus importants que ce qu'on constate actuellement.
01:47La mairie du XIIe est une mairie importante qui accueille beaucoup d'états civils.
01:51Il y a aussi quelques oeuvres d'art importantes, notamment des oeuvres qui sont situées dans le salon des Outre-mer de la mairie.
01:57Il y a quand même une inquiétude qui subsiste et qui est forte au moment où je vous parle.
02:02Et la mairie qui, on imagine, va rester fermée aujourd'hui pour plusieurs jours ?
02:05Madame Hidalgo a annoncé ce matin que les services de la mairie du XIIe seront déportés sur le XIe arrondissement.
02:11Merci beaucoup sur ce point-là. On va parler d'Elias à présent.
02:15Elias allait avoir 15 ans dans quelques jours. Il menait une vie tranquille à Paris, élève de 3e et il aimait le foot, Elias.
02:21Il aurait pu être le fils de beaucoup de ceux qui nous écoutent ce matin, Laurent Nouniès.
02:25Vendredi soir, vers 20h, en rentrant de son entraînement dans le XIVe arrondissement de Paris,
02:29il a croisé deux autres jeunes, à peine plus âgés, 16 et 17 ans, qui ont voulu lui voler son portable.
02:34Ils lui ont mis un coup de couteau qui s'est avéré mortel pour Elias.
02:37Ces deux jeunes étaient encore en garde à vue il y a quelques heures. Est-ce qu'ils ont reconnu le meurtre ?
02:42Écoutez, il y a une enquête judiciaire en cours, donc moi je reste évidemment très prudent là-dessus.
02:47Mais les médias ont relaté la réalité de ce qui s'est passé.
02:51Effectivement, l'un d'entre eux a reconnu, évidemment, la tentative d'extorsion et le coup de couteau mortel, oui.
02:58C'est le plus âgé qui a reconnu le coup de couteau mortel ?
03:00Je ne peux pas vous en dire plus là-dessus. Ce que je peux vous dire, en revanche, c'est que,
03:03évidemment, partager l'émotion, qui est celle de toutes et tous,
03:08d'avoir une pensée, évidemment, pour sa famille, c'est un drame terrible.
03:13Un jeune de 14 ans qui sort d'un entraînement de foot et qui perd la vie pour un coup de couteau donné,
03:18pour se faire voler son portable, ça devient insupportable, c'est inacceptable.
03:21C'était le seul mobile, pour ce qu'on en sait, le vol de portable ?
03:23Pour ce qu'on en sait, c'était le seul mobile. Et pour ce qu'on connaît du profil des auteurs,
03:26ils étaient déjà connus pour des faits identiques à seulement 16 et 17 ans.
03:31Les deux agresseurs ne connaissaient pas leur victime auparavant ?
03:34Probablement pas, on ne sait pas. Il y a une enquête judiciaire qui le dira.
03:40Ce que je peux vous dire, c'est que, évidemment, c'est dramatique.
03:45Les effectifs, qui sont les miens, à la préfecture de police, évidemment,
03:49luttent pour faire baisser la délinquance, que les vols de violence baissent significativement à Paris,
03:53on est à moins 20%, y compris dans le 14ème, mais les chiffres ne pèsent rien
03:58face au drame qu'on a connu et face au décès du petit Elias.
04:03Ce qu'on constate, c'est une montée en gamme, une montée en puissance de la violence chez les mineurs.
04:09Vous avez dit sur les deux auteurs présumés, ils étaient connus pour des faits identiques ?
04:14Oui, pour des faits identiques.
04:15La même chose ?
04:16Oui, d'ailleurs...
04:17Et ils ne devaient pas se rencontrer normalement ? La justice l'avait interdit ?
04:19Oui, je m'en réfère à ce qui figure dans les médias.
04:23Effectivement, ils étaient sous contrôle judiciaire, ils ne devaient pas se rencontrer.
04:26Ils étaient connus, tellement connus, que quand mes effectifs ont reçu les premiers témoignages,
04:32suite à cette agression horrible, ils ont tout de suite fait un rapprochement avec les auteurs.
04:36Ils ont été interpellés très rapidement.
04:38Évidemment, je veux saluer les effectifs de la PAC du 14ème qui ont été extrêmement réactifs
04:43et qui ont retrouvé les auteurs immédiatement.
04:45C'est la police judiciaire qui enquête.
04:47On sait qu'ils sont... On les identifie très facilement parce qu'on a, entre guillemets,
04:50l'habitude et ils ont tué un autre jeune homme.
04:54Il y a quand même un dysfonctionnement quelque part, M. Poirier, non ?
04:56Oui, attendez, non, il n'y a pas de dysfonctionnement à ce niveau-là.
04:59Je veux dire que des effectifs de police puissent faire un rapprochement avec des auteurs, c'est possible.
05:02Et aller les interpeller, c'est plutôt une bonne chose.
05:04Ce n'est pas un dysfonctionnement.
05:06Après, que ces individus aient pu se retrouver et commettre cet homicide,
05:13oui, effectivement, ça c'est un problème.
05:16Il y a une montée en puissance qui devient insupportable, encore une fois,
05:19la violence des mineurs, on le constate.
05:22Vous savez, les mineurs mis en cause dans la délinquance,
05:25le chiffre baisse, on est à peu près à 10% sur l'ensemble de l'agglomération parisienne.
05:30Mais quand on prend certaines catégories de faits,
05:33je pense notamment aux vols violences,
05:35il faut savoir que les vols violences dans l'agglomération parisienne,
05:37un tiers des mis en cause sont des mineurs.
05:40Les cambriolages, c'est 40%.
05:42On voit de plus en plus de mineurs également dans les home-jacking.
05:45Vous savez, ces agressions violentes à domicile,
05:48c'est quelques centaines de faits par an,
05:51mais néanmoins, on voit que les mineurs s'engagent de plus en plus dans des processus violents.
05:56Ils sont de plus en plus violents aujourd'hui quand ils passent à l'acte, c'est ça ?
05:59Ils sont de plus en plus violents, on le voit dans les riques-entrebandes aussi.
06:02Les riques-entrebandes, qui est un phénomène qui nous inquiète beaucoup,
06:05où 77% des personnes mises en cause sont des mineurs dans les riques-entrebandes.
06:10Et dans un cas sur deux, quand il y a des affrontements de bandes,
06:15dans un cas sur deux, il y a l'utilisation d'armes, et notamment d'armes blanches.
06:18Un cas sur deux. Alors évidemment, il y a eu beaucoup de réactions de la classe politique à ce drame.
06:23Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a déploré un effondrement de l'autorité.
06:26Et je cite le ministre de l'Intérieur,
06:28« Refaire de la France un pays où les parents n'ont plus à craindre de voir leur enfant assassiné pour rien
06:33sera un chemin long et difficile. »
06:35François Bayrou, le Premier ministre, lui parle de sentiments d'impunité.
06:39Et là, on se demande de quoi vous avez besoin pour restaurer cette autorité.
06:42Comment vous aider ? Il faut changer la loi ? Il faut durcir la loi ? Qu'est-ce qu'il faut faire ?
06:46D'abord, sur le constat, évidemment, je partage totalement le constat du ministre d'Etat,
06:50ministre de l'Intérieur, du Premier ministre,
06:52le chemin sera long et difficile.
06:54Je redis que la délinquance baisse, mais face à ce type de drame,
06:57et la délinquance baisse notamment les vols violents, c'est important,
07:00on est à moins 20%, mais face à ce type de drame, les chiffres parlent peu,
07:04on va continuer notre travail.
07:06Le ministre d'Etat, le ministre de l'Intérieur a demandé à tous les préfets
07:09de produire un plan de restauration de la sécurité du quotidien.
07:11Moi, j'ai produit ma copie ces jours derniers.
07:13Vous avez besoin que la justice vous aide davantage ?
07:15D'abord, on a besoin d'être encore plus présents sur la voie publique,
07:18on a besoin de continuer à lutter contre la délinquance,
07:22continuer à faire baisser cette délinquance et restaurer cette sécurité du quotidien.
07:26Mais, et là je vous rejoins, Thomas Soto, on ne peut pas faire tout tout seul.
07:29Il ne faut pas tout attendre non plus des policiers qui sont placés sous mon autorité
07:33pour l'agglomération parisienne.
07:35On voit bien qu'il y a un problème d'autorité, de responsabilité parentale,
07:39d'affirmation de cette autorité qui ne relève pas que de la police nationale.
07:43Il faut une justice plus ferme, c'est ça que vous dites ?
07:45Évidemment, il faut une justice plus ferme, mais ça je crois qu'il y a des réflexions
07:48qui sont en cours et que du côté du préfet de police que je suis,
07:52les policiers ont regardé avec beaucoup d'attention.
07:54La possibilité d'inverser le principe sur l'excuse de minorité,
07:57la possibilité d'avoir des comparutions immédiates pour les mineurs à partir de 16 ans
08:02sont des choses qu'on regarde évidemment avec beaucoup d'attention et qu'on attend.
08:05Laurent Dunias, vendredi soir, Elias a voulu se défendre.
08:08Il n'a pas voulu donner son portable et il l'a donc payé de sa vie.
08:11Ça veut dire qu'aujourd'hui, on en est là, monsieur le préfet,
08:13qu'on doit dire à nos enfants, si on veut te voler ton portable, tes affaires,
08:17si on te raquette, donne tout, c'est toujours mieux qu'un coup de couteau ?
08:20Écoutez, très honnêtement, c'est un vol violence
08:26qui malheureusement se termine par ce qui est un homicide.
08:31Ce jeune est mort suite à un coup de couteau qui a été porté.
08:35Je n'ai pas de conseils à donner.
08:36Moi, ce que je veux, c'est qu'on continue à faire baisser les violences comme on le fait.
08:41C'est ce que je dis à mes enfants, parce que je n'ai pas envie que mon fils ait le même sort que Elias.
08:46Et j'imagine que beaucoup de gens qui nous écoutent se disent la même chose.
08:49Mais il y a aussi une voix dans ma tête qui me dit
08:51mais c'est la victoire de la loin de la jungle.
08:53Il faut s'y résigner pour ne pas avoir à enterrer nos enfants aujourd'hui.
08:57Thomas Soto, moi, je ne me résous pas.
08:59Moi, je suis aussi père de famille, comme beaucoup d'entre nous.
09:02On fait tous un rapprochement avec ce qui aurait pu arriver à nos propres enfants.
09:05Et moi, je ne me résous pas à dire, il faut tout donner.
09:08Moi, mon but, c'est de faire en sorte qu'il y ait moins de vols violences,
09:11qu'il n'y en ait plus et qu'on trouve les auteurs et qu'on puisse les interpeller.
09:14Et on a besoin, évidemment, on a besoin d'affirmer beaucoup plus fort l'autorité
09:20et restaurer cette autorité.
09:21Et ça passe aussi par la responsabilité parentale.
09:23On n'en a pas parlé.
09:24Il n'y a pas que le renforcement des mesures de justice vis-à-vis des mineurs.
09:27Il y a plein d'autres actions qui doivent être menées.
09:29Et c'est le combat que nous menons.
09:31Il n'est pas que policier.
09:32Il mérite de fédérer et d'entraîner avec nous l'ensemble des acteurs.
09:36– Merci Laurent Douniaz d'être venu ce matin sur RTL.
09:38Je voudrais vous lire quelques mots extraits du mail
09:40que le proviseur du collège Montaigne, où Elias étudie, a envoyé aux parents d'élèves.
09:43« Il y a des moments particulièrement difficiles dans la vie d'un établissement
09:47et qui affligent l'ensemble de la communauté éducative.
09:50Le pire de ceux-ci, la perte d'un de nos enfants, je ne trouve pas les mots. »
09:53On pense ce matin aux proches d'Elias, à ceux d'Inès, 15 ans, tuée en Haute-Vienne en décembre,
09:57comme aux proches de toutes les victimes de violences gratuites dans ce pays.
10:00Merci d'être venu sur RTL ce matin.
10:01– Merci.