Sécurité, immigration, risque terroriste : le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau est l'invité de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 03 octobre 2024.
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00:007h41, l'invité d'RTL Matin, Thomas vous recevez ce matin le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL Bruno Retailleau.
00:11Bonjour Thomas Soto.
00:11Monsieur le ministre de l'Intérieur et monsieur le porte-parole du Rassemblement National, c'est ça ?
00:15Je suis porte-parole des Français.
00:17C'est l'heure de la panette.
00:19Mon obsession c'est d'abord de parler la langue que comprennent les Français et pas le volapouc,
00:24pas une langue technocratique, une langue parisienne qui plaît aux petits microcosmes,
00:28médiatique, politique.
00:30Moi je veux parler directement aux Français et mon obsession c'est de répondre à leurs aspirations.
00:34Et qu'est-ce que vous dites à ceux qui disent, dis donc Retailleau c'est du brutal ?
00:37C'est pas du brutal, c'est de la fermeté.
00:40La fermeté de la loi.
00:41La fermeté de l'ordre, de la sécurité.
00:43Parce qu'aujourd'hui, malheureusement, j'ai comme ministre de l'Intérieur, le matin, le midi et le soir,
00:49une liste, une chronique abominable de faits qui sont terribles.
00:53Et ça je veux protéger les Français contre ces désordres, contre l'insécurité.
00:57C'est mon rôle et je veux m'y employer totalement.
01:00Et je ne ferai pas de l'eau tiède.
01:01Désolé pour ceux qui voudraient de l'eau tiède, ça ne marche plus.
01:04Alors vous avez ordonné des vols groupés, ce qu'on appelait autrefois des charters,
01:07pour rapatrier vers leur pays d'origine des étrangers en situation irrégulière
01:11qui se trouvaient à Mayotte, des étrangers originaires de RDC, République Démocratique du Congo.
01:16C'est un symbole ou ça va être une politique ça les charters ?
01:18C'est ni un symbole, c'est une politique qui consiste à dire que celles et ceux
01:24qui sont arrivés de façon irrégulière sur le territoire français, en Outre-mer,
01:28comme en métropole, n'ont pas vocation à rester chez nous.
01:32Lorsque vous pénétrez dans une maison, par exemple par la fenêtre, c'est un délit.
01:37Et bien quand on viole la frontière, ça doit être aussi un délit, c'est contraire à la loi
01:42et on doit s'exposer justement à des mesures en retour.
01:46Faire décoller un charter c'est facile, le faire atterrir c'est souvent plus compliqué.
01:49Si un pays refuse, qu'est-ce que vous ferez ?
01:51Est-ce que vous ferez comme la Grande-Bretagne qui, par exemple, a décidé de délocaliser
01:55ses clandestins vers le Rwanda ? Ils envoient tout le monde là-bas et ils disent
01:58voilà, on gère ça de là-bas et plus chez nous.
02:00Thomas Soto, il n'est pas question de faire décoller des avions d'un point de départ
02:05sans être certain qu'à leur point d'arrivée, il y aura l'acceptation des autorités locales.
02:09C'est le gros problème de l'acceptation des autorités locales.
02:12Il y a plusieurs choses, c'est vrai, vous avez raison.
02:15Mais dans le déploiement de la nouvelle politique sur la migration pour reprendre le contrôle,
02:21il y a la réponse internationale.
02:23Cette réponse internationale, elle va consister à des accords qui seront des accords bilatéraux
02:28pour que des pays d'origine mais aussi des pays de transit acceptent qu'on leur renvoie des ressortissants.
02:33Et le cas de la République démocratique du Congo est un premier exemple, il y en aura d'autres.
02:38Avec un pays de bonne volonté, un pays qui joue le jeu en l'occurrence.
02:41Un pays de bonne volonté, il y a aussi des critères, notamment en matière de sécurité.
02:45Il n'est pas question de renvoyer des êtres humains dans des situations qui pourraient les exposer à des problèmes.
02:50Donc on peut le faire, encore une fois avec la fermeté, en s'assurant d'un certain nombre de conditions, y compris d'ailleurs juridiques.
02:57Si on prend le cas du drame qui a ému toute la France, la mort tragique de Philippine,
03:00on parle beaucoup de ces OQTF, obligations de quitter le territoire français,
03:04qui sont massivement non-exécutées en France.
03:06Vous avez annoncé vouloir faire passer la durée de rétention des migrants en situation irrégulière de 90 à 210 jours.
03:12Déjà, ça sera partir de quand, ça ? Quel est l'objectif ?
03:14Il faut une loi.
03:15Il faut une loi. Il faut une nouvelle loi immigration ?
03:17Bien sûr. Il faut une loi, je vais vous dire.
03:19Aujourd'hui, j'essaie d'expliquer à vos auditeurs les choses.
03:23210 jours, c'est aujourd'hui ce que la loi nous permet de faire pour un dangereux terroriste.
03:29Pourquoi quelqu'un qui a commis un crime sexuel ne s'exposera-t-il pas à la même durée ? Moi je le souhaite.
03:34Voilà. Ça c'est fondamental et nous le ferons.
03:37Et bien entendu, ils font un vecteur législatif pour modifier ce point-là.
03:41De même modifier le regard du juge.
03:44Aujourd'hui, le juge des libertés, personne ne doit l'accuser.
03:48Parce qu'il a des règles, des règles juridiques et c'est à ces règles qu'il se réfère.
03:52Mais moi je pense que la principale règle lorsqu'il examine la possibilité de libérer quelqu'un qui est dangereux,
03:58c'est justement sa dangerosité et pas tellement la perspective d'avoir...
04:02Il y a beaucoup d'étrangers en situation régulière qui ne sont pas des délinquants dans les centres de rétention administrative.
04:06Il n'y a pas que des délinquants, on est d'accord.
04:08Donc ces 210 jours, ça sera pour tout le monde ou que pour les délinquants ?
04:11D'abord, on manque de places. Il faut donc construire des nouvelles places.
04:14Il y a un programme de 3000 places de plus.
04:16Ça c'est fondamental. Comme il n'y a pas suffisamment de places, il faut cribler.
04:19C'est-à-dire qu'il faut envoyer dans les centres de rétention administrative les individus les plus dangereux.
04:24Et les gens qui sont aujourd'hui en craint, croyez-moi, ce sont des gens qui présentent un certain nombre de dangers.
04:29Vous l'avouez pour quand la nouvelle loi immigration ? C'est une urgence ?
04:32Ça fait partie des urgences, mais on a d'autres moyens à notre disposition.
04:36Je vois les préfets de France, d'ailleurs, dans quelques jours, je leur donnais des instructions très très précises,
04:42notamment pour l'expulsion, parce qu'il y a déjà une loi et j'avais fait passer un amendement dans cette loi immigration du 24 janvier dernier
04:48qui permettait de lever tout ce qu'on appelle les protections pour expulser.
04:52Je me souviens d'un individu qui avait commis 42 délits et crimes et qu'on ne pouvait pas expulser.
04:58Ça, on a résolu. Je veux être sûr que les préfets connaissent bien la nouvelle loi et l'appliquent.
05:02Sauf quand le pays en face ne délivre pas de laisser passer consulaire, parce qu'il faut que le pays arrête de reprendre son ressortissant.
05:07Marine Le Pen, elle fait une proposition simple, elle dit zéro visa accordé à ces pays qui ne jouent pas le jeu. C'est une bonne idée ou pas ?
05:13C'est une idée toute théorique. Moi, je vais instituer un rapport de force.
05:18D'abord, il y aura le dialogue. Par exemple, avec le Maroc, c'est un pays ami que je respecte énormément.
05:23J'ai déjà eu mon homologue, le ministre de l'Intérieur. Nous allons d'abord dialoguer.
05:28Pour les pays qui vont être récalcitrants, il y a trois leviers. Il y a la politique des visas.
05:33L'Algérie délivre plus de 200 000 visas et on a un peu moins de 2000 laissés passer consulaire en retour, totalement déséquilibrés.
05:41Je veux la réciprocité. Première chose, les visas. Deuxième chose, un certain nombre de pays, on les subventionne, on fait de l'aide au développement.
05:48Conditionnons notre aide au développement à la réciprocité. Troisième chose, on est en train de négocier à Bruxelles,
05:55j'y serai d'ailleurs à Strasbourg pour un conseil des ministres de l'Intérieur la semaine prochaine,
06:00ce qu'on appelle le mécanisme de préférence commerciale. C'est-à-dire qu'on doit pouvoir jouer, y compris sur les tarifs douaniers,
06:07vous m'entendez bien, pour les pays qui ne respecteraient pas leurs engagements pour les laisser passer consulaire.
06:12Vous voyez, je ne m'autorise rien et en tout cas, tous les leviers seront utilisés.
06:16Vous autorisez tout.
06:17Tout, pardon.
06:18Venons-en à la situation...
06:19Je n'écarte rien.
06:20Voilà, on avait compris. Venons-en à la situation internationale au Liban, en Israël, en Iran et à ses conséquences chez nous.
06:25Faut-il craindre une forme d'importation du conflit chez nous ? Ce qu'il se passe là-bas renforce-t-il la menace terroriste ici ?
06:32Les services ont produit une étude sur les possibilités et les impacts que peut avoir la déstabilisation du Moyen-Orient.
06:42La communauté iranienne en France est très largement opposante au régime iranien.
06:47Donc, il n'y a pas de problème.
06:48La communauté libanaise, on a des liens très anciens, très profonds.
06:51C'est un pays que j'ai visité à plusieurs reprises.
06:53Là non plus, c'est une communauté absolument pacifique.
06:56Et aujourd'hui, la communauté musulmane, même si bien entendu elle supporte, elle soutient la cause palestinienne,
07:02elle n'a jamais embrayé, elle n'a jamais été à l'initiative des démonstrations publiques.
07:06Ceux qui sont à l'initiative, c'est les ultra-gauches, c'est l'extrême-gauche qui essaie d'instrumentaliser cette cause-là à des fins politiciennes.
07:13Et la menace djihadiste, elle en est où en France ?
07:15La menace djihadiste est un haut niveau, je peux vous le dire.
07:18Mais haut niveau comme toujours ou plus haut niveau ?
07:20Est-ce que là, 7 octobre, lundi, on se souviendra qu'il y a un an, des terroristes du Hamas commettaient des attentats monstrueux en Israël.
07:26Nos compatriotes juifs sont-ils aujourd'hui particulièrement menacés en France ?
07:30Écoutez, sur les 8 premiers mois de l'année, on a une augmentation de 181% des actes antisémistes.
07:37Et là, ce mois d'octobre est un mois de danger dans la mesure où vous avez l'anniversaire du 7 octobre du pogrom.
07:43Vous avez les 4 grandes fêtes juives qui commençaient par le nouvel an juif au début octobre.
07:49Et vous avez la déstabilisation notamment au Moyen-Orient, au Proche-Orient.
07:53Donc vous voyez bien que cette conjonction peut créer un arc électrique favorable à un terreau islamiste et un terreau terroriste.
08:00De quand date la dernière tentative d'attentats en France récemment ?
08:03Récemment, avant les Jeux Olympiques, plusieurs attentats ont été déjoués.
08:06Ça ne fait pas la une de la presse, je veux vraiment ici, au micro d'RTL, saluer nos services,
08:11toutes celles et ceux qui dans l'ombre, dans le secret, protègent les Français.
08:16Il va y avoir un match de foot à haut risque, Bruno Retailleau.
08:18France-Israël le 14 novembre au Stade de France.
08:20Ce match se déroulera-t-il comme prévu au Stade de France ?
08:23Écoutez, pour l'instant, il est prévu de s'y dérouler.
08:26Je ferai le point très précisément avec la préfecture de police, avec l'ensemble de nos services,
08:30et nous saurons prendre les bonnes décisions au bon moment.
08:32S'il le faut, ça pourrait être du huis clos, ça pourrait être délocalisé, ça fait partie des hypothèses.
08:35C'est vous qui déciderez en tant que ministre de l'Intérieur ?
08:37Nous le déciderons, mais je le déciderai non pas à un micro sur un plateau,
08:41je le déciderai avec le conseil des services qui m'entourent,
08:44et qui sont des services très professionnels.
08:46Vous avez déclaré que l'état de droit, on va y revenir, n'est ni sacré ni intangible,
08:50mais hier encore, devant la commission des lois, on l'entendait à 7h30,
08:52vous avez dit on peut toujours faire des ronds dans l'eau avec l'état de droit.
08:55C'est quoi l'état de droit pour vous aujourd'hui ? C'est un obstacle à la sécurité des Français ?
08:59Ça c'est la tempête, la tempête dans un verre d'eau.
09:03Ça affole même votre premier ministre, qui a mis les choses au point.
09:06Non, franchement, moi l'état de droit ne me pose pas de problème.
09:10Au contraire, j'y suis attaché. Qu'est-ce que l'état de droit ?
09:12Ce sont des principes qui sont intangibles.
09:14Ce sont des normes, une hiérarchie de normes, un contrôle juridictionnel,
09:17une séparation des pouvoirs, mais la source de l'état de droit,
09:20elle doit s'articuler aussi avec la souveraineté du peuple.
09:23C'est ça la démocratie.
09:24Moi je n'ai pas de problème et je n'ai jamais voulu abolir l'état de droit.
09:27Simplement, je veux qu'à l'intérieur de l'état de droit, on déplace le curseur.
09:31Parce qu'il y a des lois, il y a des règles juridiques qui ne protègent pas les Français.
09:35Et celles-là, je veux les déplacer.
09:37Or, il y a un certain nombre d'individus, de mouvements,
09:40qui considèrent que boucher ces lignes-là, ce serait toucher à l'état de droit.
09:44Et bien je dis non. Il ne faut pas confondre cet état de droit avec l'état de droit.
09:48Et moi, je ne veux pas être confronté à ce que j'appelle l'impossibilisme juridique.
09:53C'est-à-dire qu'on ne pourrait rien faire, on ne pourrait rien toucher, rien bouger.
09:57C'est mieux protéger les Français et moins peut-être les délinquants, les criminels, etc.
10:01C'est bouger le curseur.
10:02Bien sûr, parce qu'on a des jurisprudences.
10:04Et ces jurisprudences, je pense à la Cour Européenne des Droits de l'Homme,
10:07qui nous empêchait, par exemple, de renvoyer des individus qui ont commis des crimes de sang dans leur pays,
10:12sous prétexte qu'ils étaient exposés à, par exemple, des procès qui pouvaient être inéquitables.
10:16Donc, je pose la question.
10:18Qu'est-ce qu'on veut faire comme choix ?
10:20Protéger des individus dangereux, dans leur liberté individuelle ?
10:23Ou protéger la société ?
10:24Moi, je suis ministre de l'Intérieur, j'y réponds.
10:26Moi, je veux protéger les Français.
10:27Merci, Bruno Retailleau, d'être venu ce matin sur RTL.
10:29Bonne journée à vous.
10:30Merci.