• il y a 14 heures
Malgré un contexte international inflammable et une situation politique nationale bloquée, les Français se disaient optimistes en 2024, selon une étude de PwC France. Son président Patrice Morot nous explique ce qui incite plus particulièrement les chefs d’entreprise à croire en l’avenir.

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Transcription
00:00Le Cercle RH est un grand entretien aujourd'hui avec le président de PwC France, Maghreb, Patrice Moreau.
00:19Ravi de vous accueillir sur le plateau de Smart Jobs, c'est un vrai plaisir.
00:23Vous dirigez PwC, une grande entreprise, plus de 7000 collaborateurs qui fait du conseil dans beaucoup de secteurs.
00:31Avec une étude, et c'est la raison pour laquelle vous êtes avec nous en plateau aujourd'hui, que j'ai trouvé d'étonnante, disruptive.
00:37Vous avez choisi de vous intéresser, avec un institut de sondage, à l'optimisme.
00:42Pourquoi avoir fait ce choix ? Parce que c'est vrai que le conseil, ce sont des sujets d'organisation, de transformation, de fusion-acquisition, d'audit.
00:50On parle rarement de l'optimisme, et vous avez fait ce choix ?
00:54Oui absolument, d'abord bonjour, et ravi d'être avec vous sur ce plateau.
00:58Peut-être juste avant de répondre à cette question, repréciser PwC France et Maghreb, c'est plus de 7000 collaborateurs, avec 4 grandes activités,
01:06le conseil, l'audit, tout ce qui est autour du conseil en termes de transactions, MNA, et puis le juridique et fiscal.
01:15Et on est dans un ensemble qui fait 55 milliards de dollars de fiches d'affaires et 370 000 personnes dans le monde.
01:21Donc effectivement, une grande organisation.
01:23Alors, pourquoi avoir choisi l'optimisme ?
01:26Je pense que c'est assez circonstant finalement de vouloir être optimiste, dans un monde où on peut percevoir quand même une forme de pessimisme,
01:38ou en tout cas avoir parfois le moral un peu compliqué.
01:42Ce qui me permet peut-être de faire le commentaire, avoir un moral un peu bas, c'est pas la même chose qu'être optimiste.
01:52Le moral c'est vraiment un état d'esprit immédiat, là où l'optimisme on se projette.
01:56L'étude le dit d'ailleurs, il y a un écart, il y a la proximité du quotidien et parfois la noirceur du quotidien,
02:03mais il y a quand même l'optimisme qui est une vision d'avenir, une manière de se projeter dans l'avenir.
02:08Un chiffre quand même qui est intéressant, 74% des Français, puisque c'est un institut de sondage qui a sondé les cœurs,
02:14s'estiment et se déclarent optimistes, 94% des chefs d'entreprise.
02:20Il y a 20 points d'écart.
02:23C'est déjà un premier renseignement qui est très fort, ça veut dire que les chefs d'entreprise par nature,
02:28et vous les rencontrez, vous les croisez, vous les accompagnez, sont plus optimistes que la moyenne des Français.
02:35Je dirais que c'est presque dans l'ADN des chefs d'entreprise, parce qu'être optimiste c'est un état d'esprit.
02:41Donc si on n'est pas soi-même optimiste pour entreprendre, pour innover, pour on-boarder toutes ces équipes, je ne vois pas qui va l'être.
02:51Vous êtes-vous optimiste ou pas ?
02:54Parce que quand on parle de l'entreprise, aujourd'hui on nous dit attention, la crise économique arrive en 2025,
03:00on n'a plus d'investissement, et quand même l'étude dit exactement l'inverse, on a quand même des personnes qui continuent à se battre pour leur boîte.
03:07Vous l'êtes, vous optimiste ?
03:09Alors moi je suis naturellement optimiste, ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas naïf, c'est-à-dire que je vois bien les difficultés.
03:15Et d'ailleurs vous m'avez posé en introduction pourquoi on a choisi l'optimisme de PwC,
03:20mais la définition de l'optimisme c'est avoir confiance dans la résolution de problématiques.
03:25C'est exactement l'ADN de PwC, qui est d'accompagner les entreprises dans leur transformation durable et de créer la confiance.
03:32Donc on est exactement dans ce qui fait qui nous sommes PwC, c'est-à-dire évidemment pour aller voir les clients, pour les écouter, pour les aider,
03:42il faut être optimiste.
03:44Si vous allez voir un client le matin et que vous avez complètement le moral dans les chaussettes,
03:49et que le client le voit bien, ça ne va pas marcher.
03:53Donc ça fait partie de notre ADN.
03:55On va regarder les classements à travers cette animation qui est intéressante,
04:01parce que la manière dont on va orienter son optimisme est assez évolutive.
04:05Alors l'optimisme, c'est intéressant, 84% c'est l'action personnelle, 83% des personnes interrogées c'est l'action de la société civile.
04:14Intéressant. 59% les actions de la jeunesse, 49% l'action des chefs d'entreprise et 26% l'action du gouvernement.
04:23C'est incroyable, c'est-à-dire que ceux qui sont interrogés ne croient pas à l'idée du collectif ou d'une société ou des institutions pour les aider.
04:33C'est étoile au ciel t'aidera quoi.
04:35Oui alors en même temps, moi je trouve que ces chiffres sont intéressants parce qu'ils montrent quand même qu'il y a presque la moitié des français
04:41qui attendent des entreprises, parce que quand on dit des chefs d'entreprise c'est des entreprises en fait,
04:46que ces entreprises jouent pleinement leur rôle dans la société par rapport aux énormes transitions qui sont en train de s'opérer,
04:54la transition énergétique, également l'introduction de l'intelligence artificielle, tout ce qui est autour du digital, tout ce qui est autour de la technologie.
05:03Donc en fait ce que cette enquête montre c'est qu'il y a une attente forte de nos concitoyens du rôle que doivent jouer les entreprises et donc les chefs d'entreprise.
05:16Alors ça ne veut pas dire que le gouvernement n'a pas de rôle, le gouvernement a un rôle important, mais on voit bien que justement ils sont peut-être un peu plus en retrait.
05:25Ça ne veut pas dire qu'il faut jeter la pierre, au contraire on a besoin d'avoir des pouvoirs publics qui sont forts, qui sont aux côtés des entreprises,
05:32aux côtés de la société et aujourd'hui malheureusement ils ne le sont pas assez et on a besoin de stabilité aussi.
05:40Et moi quand je parle aux chefs d'entreprise, la première chose qu'ils me disent c'est qu'on a besoin de beaucoup plus de stabilité.
05:46Pour autant les chefs d'entreprise se doivent d'être optimistes parce qu'on n'est pas juste sur un horizon court terme comme vous l'avez dit,
05:55mais on est sur du plus long terme et surtout si on s'arrête et si on n'est pas optimiste et si on ne continue pas à investir,
06:03une chose est sûre et c'est ce qu'avait montré d'ailleurs notre enquête l'an dernier des dirigeants d'entreprise qui avait quasiment 60% des chefs d'entreprise
06:12qui disaient que s'ils ne se changeaient pas leur business model dans les 10 ans qui venaient, ils disparaissaient.
06:17Donc on voit bien qu'il y a une forte corrélation entre optimisme, investir et puis continuer à exister.
06:25L'optimisme, ça c'est tiré de cette étude qui est le fruit d'une volonté et on le voit d'ailleurs parce que c'est le premier item à 89%,
06:31c'est moi qui décide d'être optimiste et qui me projette et je vais fabriquer mon avenir et c'est moi qui vais me battre pour créer cet avenir meilleur ou radieux.
06:41On voit quand même que l'année 2025 et ça je dirais que l'ensemble des équipes sur le terrain doivent le constater,
06:48on est quand même dans un trou d'air, dans un moment d'incertitude. Comment vous regardez la situation dans laquelle nous sommes là, dans laquelle on va entrer ?
06:57Alors on est dans une année qui sans nul doute va être beaucoup plus difficile.
07:00Beaucoup plus difficile en Europe. On a quand même deux des plus grands pays qui sont censés être les locomotives en Europe, la France et l'Allemagne,
07:08qui sont dans une instabilité politique extrêmement forte. En France, on n'a pas de budget. On espère qu'on a un gouvernement qui va réussir à sortir un budget et qui va durer.
07:18Et évidemment quand vous êtes chef d'entreprise, l'incertitude et l'instabilité, c'est pas bon. Pour autant, les chefs d'entreprise continuent à investir.
07:27Le risque que moi je vois et qui me paraît moi extrêmement important et préoccupant, c'est que ces chefs d'entreprise finissent par prendre la décision d'aller investir ailleurs
07:36qu'en Europe et en France.
07:38Vous le ressentez ou c'est une inquiétude ?
07:41En fait, on le ressent quand on a des discussions et puis il suffit de voir un peu les enquêtes qui peuvent se faire, qui tendent quand même à montrer qu'il y a un risque aujourd'hui.
07:51On voit que les Etats-Unis, qu'on aime ou qu'on n'aime pas Trump, etc. Je veux dire, il y a quand même aujourd'hui une politique, et qui a déjà commencé sous Joe Biden,
08:04une politique qui est quand même très accommodante pour les entreprises.
08:08Quand vous devez décider où vous allez investir, c'est normal que vous preniez en considération l'ensemble des paramètres.
08:16Donc moi, ça c'est la chose qui m'inquiète un peu.
08:19Ensuite, quand on parle aux dirigeants, on se rend compte qu'ils ne vont pas arrêter tous leurs investissements, que la France a énormément d'atouts.
08:27C'est agréable de l'entendre.
08:29Elle a énormément d'atouts. On voit bien ce qui s'est passé dans le secteur des start-up. On voit bien qu'on a de vrais acteurs importants.
08:37On voit bien qu'on a un écosystème avec des talents ingénieurs et autres. Donc on a des atouts.
08:43Mais, et là c'est un peu un appel que je fais aux dirigeants politiques, il faut faire attention parce que malheureusement, les choses peuvent bouger assez rapidement.
08:53Et ce serait quand même dommage que tous ces atouts profitent à d'autres qu'à la France et à l'Europe.
08:57Fuite des cerveaux, fuite des talents et fuite des capitaux.
09:01C'est une possibilité.
09:02Des risques de déplacement de nos investissements.
09:04Retour quand même aux humains, à ceux qui constituent l'entreprise.
09:07Les dirigeants ont répondu évidemment à cette étude que je vous invite à lire dans le détail parce qu'elle est extrêmement riche.
09:13Et puis, évidemment, les Français ont été interrogés. Ces Français sont aussi des salariés.
09:18Comment on invoque l'entreprise ?
09:20Et je parle aussi au Président de PwC parce qu'à la fois vous accompagnez des transformations majeures d'entreprise et puis en même temps vous avez 7000 collaborateurs.
09:28Comment on réinvente le Conseil ? Comment on lui redonne là aussi du sens ou un nouvel élan ? Comment on fait ?
09:35Et on a eu quelques invités sur ce plateau qui nous disaient, nous dans le Conseil, on a un peu de mal à recruter. Je crois que ce n'est pas le cas de PwC.
09:41Alors, ce n'est pas du tout notre cas.
09:43Plus de CV que de...
09:45On reçoit presque 100 000 CV par an. Donc, par rapport aux besoins de recrutement qu'on a en réalité, on n'a pas du tout cette difficulté.
09:53Et ce que je constate quand même, c'est que face à ces énormes transitions, il y a des opportunités très importantes.
10:01Et moi, je trouve qu'aujourd'hui, pour un consultant, un jeune consultant ou un consultant moins jeune, c'est quand même extraordinaire de se lever le matin
10:09et de se dire qu'on va pouvoir aider les entreprises dans des transitions qui sont juste majeures.
10:15La transition climatique, c'est juste quelque chose de majeur.
10:18Il y a des industries qui vont devoir complètement réinventer leur business model.
10:22Et à la fin, ce qui reste, ce qui est le plus important, c'est l'humain.
10:27Et moi, ce qui me rend fier aujourd'hui, c'est d'avoir une firme avec 7000 collaborateurs.
10:32Et je me dis que tous les jours, 7000 collaborateurs, ils oeuvrent justement à aider ces entreprises à se transformer et par là même,
10:40à aider finalement la société toute entière à aborder cette transformation qui est une transformation difficile, complexe.
10:48Et ce que l'on veut éviter, c'est laisser des gens sur le carreau.
10:52D'où les efforts et les actions de formation très importants qui sont effectués.
10:56Un mot, puisqu'on l'a évoqué, mais il est intimement lié aussi à la manière dont les consultants vont travailler,
11:01et les salariés évidemment, et les dirigeants, c'est l'IA.
11:05On aura quoi ? Du consultant augmenté ? Est-ce que c'est une réflexion que vous portez ?
11:09Parfois, on va plus vite à chercher de l'information sur une IA que de soi-même la créer.
11:15Est-ce que c'est un sujet dans lequel vous êtes en train de réfléchir en disant ça peut être un outil d'augmentation de nos consultants ?
11:22Nous, on a déjà commencé par exemple à déployer des outils d'IA.
11:26Par exemple, Copilot de Microsoft.
11:29Pour l'ensemble des collaborateurs ?
11:30Pour l'ensemble des collaborateurs.
11:31Aujourd'hui dans le monde, on a plus de 100 000 collaborateurs qui ont Copilot.
11:35Et en France, on en a un peu plus de la moitié, France et Maghreb.
11:38Et d'ici la fin de l'année, en tout cas jusqu'à la fin de notre année à nous au 30 juin,
11:43puisque nous on a une année qui s'arrête au 30 juin, on aura déployé l'ensemble de ces licences Copilot
11:48parce qu'on est convaincu que l'IA, c'est un mouvement qui ne va pas s'arrêter.
11:56Et donc c'est important que l'ensemble de nos collaborateurs soient formés à ces outils
12:00pour qu'ils puissent eux-mêmes accompagner les entreprises dans cette révolution technologique.
12:05Mais avec quand même un élément qui est important, c'est une IA de confiance.
12:09Et nous, là, on a un rôle à jouer pour pouvoir assurer effectivement nos clients
12:15que quand on déploie l'IA, on déploie une IA qui est une IA entre guillemets de confiance et responsable.
12:21Vous y croyez à l'IA ? Parce qu'il y a eu la vague Metaverse.
12:24On s'est dit le Metaverse, ça va être incroyable, on aura des mondes où on pourra circuler nos avatars.
12:29On voit que globalement, ce n'est pas allé très très loin.
12:31La blockchain étant un autre sujet, mais l'IA, vous y croyez ?
12:35Moi, j'y crois. J'ai essayé à titre personnel, j'ai Copilot, j'ai essayé, c'est absolument bluffant.
12:41Ensuite, il y a un vrai sujet, et là effectivement, il faut voir la réalité en face,
12:45c'est comment on a, il y a eu beaucoup de développement, ce qu'on appelle les fameux cas d'usage, etc.
12:50La vraie question, c'est comment on passe de ces cas d'usage à véritablement une mise à l'échelle.
12:55Et ça, c'est un sujet qui est compliqué.
12:57Ça coûte plus d'argent que ça n'en rapporte pour l'instant, j'ai le sentiment.
13:00Alors, moi, ce que je considère, c'est que, et nous en tout cas, on investit dans cette technologie.
13:07Et pas uniquement dans celle-là, on investit dans plusieurs technologies IA pour pouvoir accompagner nos clients.
13:13Parce que, je suis quand même convaincu, d'abord, parce qu'il y a une attente forte.
13:17Moi, je peux vous dire que mes collaborateurs aujourd'hui, c'est un élément d'attractivité aussi et de rétention.
13:22Parce que les gens, quand ils viennent, ils ont envie d'avoir, je compare parfois.
13:25Les meilleurs outils.
13:26Oui, je compare un peu parfois, dans un temps bien ancien, où vous aviez, Excel est arrivé,
13:32et que vous étiez sur vos énormes feuillets.
13:34Il y avait ceux qui avaient Excel et ceux qui ne l'avaient pas.
13:36Exactement. Et à un moment donné, la technologie, elle est là pour vous aider.
13:40Il faut, par contre, faire attention que cette technologie soit là pour vous aider,
13:43pour que vous puissiez dégager plus de temps, apporter plus de matière et de cerveau aux clients.
13:48Parce que c'est ce qui l'attend.
13:49Avant de nous quitter, dans 6 mois, votre mandat sera terminé et vous aurez été le président de PWC.
13:56Quand vous regardez dans le rétro, vous ne regardez pas encore dans le rétro,
13:59mais quand vous allez regarder dans le rétro, qu'est-ce que vous allez vous dire ?
14:02Je suis fier du travail accompli. La firme se porte bien.
14:05Je suis d'abord un président heureux.
14:07Optimiste.
14:08Optimiste, naturellement optimiste.
14:10Et oui, moi, ce que j'espère, et mon rôle, ça aura été de conduire la transformation,
14:17parce que notre firme s'est beaucoup transformée ces dernières années,
14:20comme n'importe quelle autre entreprise.
14:22Il ne faut pas croire que parce qu'on est un cabinet pluridisciplinaire, conseil, audit, juridique et fiscal,
14:27il ne faut pas croire qu'on n'a pas de transformation.
14:28On s'est beaucoup transformé.
14:30Et moi, ce qui est le plus important pour moi, c'est qu'on se soit transformé, mais sans oublier l'humain.
14:38Parce que l'humain, c'est ce qui est la valeur cardinale chez PWC.
14:43Et ce qui, moi, en tout cas, me fait plaisir, c'est de voir aujourd'hui qu'on a des collaborateurs,
14:50je pense qu'ils sont heureux d'être chez PWC.
14:53Et engagés, oui.
14:54Engagés, et pour lesquels on a essayé justement de développer tout un écosystème et un environnement,
14:59je dirais, bienveillant, respectueux, pour qu'ils puissent se développer.
15:03Parce qu'un consultant, qui est un consultant à qui on a enlevé un peu de charge mentale,
15:09vous voyez, par exemple, on a mis en place tout un parcours de parentalité, etc.
15:14C'est un consultant qui est plus à l'écoute de son client.
15:17Merci Patrice Moreau d'être venu nous rendre visite.
15:19C'est un vrai plaisir de vous accueillir.
15:21Vous êtes le président de PWC France Maghreb, pour parler de l'optimisme, et pas seulement.
15:26Merci de nous avoir rendu visite.
15:28On tourne une page, et on s'intéresse dans Fenêtres sur l'emploi,
15:31à la difficulté parfois de choisir entre deux métiers.
15:34Vous savez, on appelle ça les stasheurs, et on en parle avec notre invité.

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