Charge de travail en hausse, instabilité chronique de l’entreprise, peur de ne plus gagner en compétences… Plus d’un quart des travailleurs à l’échelle mondiale seraient prêts à changer d’emploi en 2025. De quoi faire passer la Grande Démission de 2022 pour un épiphénomène ?
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00:00Générique
00:12Bien dans son job pour peut-être avoir une photographie large des salariés en France et dans le monde, on accueille Nicolas Bourgeois.
00:21Bonjour Nicolas.
00:22Bonjour Arnaud.
00:23On va vous accueillir associé au workforce PwC France Maghreb et vous portez une étude au nom anglais qui est une photographie de l'état d'esprit, de l'état de fatigue des salariés dans le monde, on peut le dire comme ça ?
00:36Oui de l'état d'esprit et pas forcément de la fatigue parce qu'on a essayé et c'est un petit peu ce qu'on essaye chez PwC, c'est d'être positif, d'être optimiste en cette rentrée un petit peu difficile,
00:46cette rentrée qui n'est pas simple y compris sur le front de l'emploi et nous on essaye plutôt d'inciter sur les éléments positifs.
00:53C'est une enquête qui, c'est ça, sonde les cœurs, sonde les têtes des salariés, essaye de regarder un peu finalement quelles sont leurs attentes, leurs craintes et leurs espoirs.
01:00Alors on a beaucoup parlé sur ce plateau de la relation au télétravail, de tous ces sujets qui étaient un petit peu le corollaire du Covid.
01:08Là dans l'étude sort quelque chose qui est très nouveau et presque surprenant, c'est vous dites que les salariés considèrent qu'ils sont victimes ou subissent une augmentation de leurs charges de travail.
01:19Oui, quand on fait cette enquête tous les ans, nous on fait cette enquête tous les ans, il y a à peu près 50, 60 000 collaborateurs dans le monde qui acceptent d'y répondre et 2000, 2500 en France.
01:30On voit des petits signaux faibles et on voit des choses qui bougent de 4, 5 points d'une année sur l'autre, là c'est pas ça.
01:37Là c'est 45% des salariés qui d'une année sur l'autre disent ma charge a explosé, 45%.
01:43Elle a explosé pourquoi ? Parce qu'effectivement déjà le thermomètre est très clair mais la question c'est pourquoi ?
01:48Et là c'est des hypothèses et les hypothèses c'est autour des réorganisations sans doute qui ont été mal digérées, des questions sur les arbitrages, sur la charge de travail et donc le rôle des managers.
01:58Mais en tout cas c'est quelque chose qui est effectivement assez inquiétant et vous avez raison de mettre le doigt dessus.
02:03Avant de parler de l'envie d'ailleurs des salariés parce que ça aussi l'étude le révèle, il y a aussi parfois une critique faite par les salariés sur le manque d'accompagnement.
02:13On vit des transfos mais par contre il n'y a pas la formation qui va avec, il n'y a pas l'accompagnement qui va avec.
02:18Oui c'est très juste, en fait les salariés on leur pose une question très simple, c'est est-ce que vous avez envie de bouger, est-ce que vous avez envie de changer ?
02:24Et là aussi c'est un élément d'optimisme, à 75% ils disent écoutez moi je ne suis pas au bout du chemin, je peux encore me transformer, évoluer, je suis prêt à changer de métier, de compétences donc ça c'est super.
02:33Par contre quand on regarde mais est-ce que l'organisation vous aide suffisamment pour cela ?
02:37Moi je travaille au quotidien avec des directeurs et des directrices de ressources humaines.
02:41Bon il faut qu'ils se bouchent les oreilles un petit instant parce qu'effectivement les collaborateurs disent non, l'entreprise ne nous aide pas suffisamment dans notre développement des compétences.
02:50Et un point Arnaud qui me semble important, c'est qu'en plus ils disent vous êtes un peu inéquitable dans votre distribution d'efforts.
02:56Ils disent en fait la formation vous les filez bien aux dirigeants, aux managers etc. mais nous les non-managers on n'en profite pas tant que ça.
03:04Donc vous dites la formation va à ceux qui n'en ont pas le plus besoin.
03:07Oui.
03:08C'est ce qu'ils vous disent en tout cas.
03:09C'est ce qu'ils disent et c'est aussi quelque chose qu'on peut constater, l'effort est assez inéquitable dans un certain nombre d'entreprises et les salariés le ressentent comme ça.
03:17Il y a une forme d'élitisme sur ces sujets de développement comme on dit de développement RH, de développement des compétences que l'enquête met en évidence.
03:24Vous l'avez évoqué, on dira un mot quand même de l'IA parce que c'est quand même le sujet qui impacte aujourd'hui les RH, les outils IA, même dans la manière de travailler, de recruter, même de prospecter.
03:35Mais quand même l'envie d'ailleurs c'est 28%, là c'est le volume mondial, c'est sur le plan mondial, c'est la proportion des travailleurs qui envisagent de quitter leur emploi dans les 12 prochains mois.
03:45C'est un chiffre inquiétant ou pas, 28% ?
03:48Je serai prudent dans ma réponse parce qu'en fait quand on voit le chiffre effectivement que vous venez d'évoquer, on se dit bah quand même c'est à nouveau la grande démission, on va nous refaire le coup de la grande démission d'il y a quelques années, de la sortie du Covid.
03:59Donc nous très modestement, dans ces cas-là, quand on a un chiffre qui pose une question comme ça, on va discuter avec nos clients, nos partenaires et puis on leur donne le chiffre et eux-mêmes sont un peu surpris des réponses.
04:09Donc c'est peut-être que se joue autre chose parce qu'en fait eux ne constatent pas concrètement un départ massif des collaborateurs ou une envie de départ massive de l'ensemble de leurs salariés, ils ne constatent pas ça.
04:19En revanche, peut-être, l'hypothèse c'est une forme d'essoufflement, une envie d'autre chose et peut-être de pause.
04:25D'ailleurs peut-être intimement lié à la charge de travail que vous évoquiez dans l'étude, donc ça veut dire qu'il y a une vraie réflexion.
04:31L'IA impacte les organisations, il y a beaucoup de use case, beaucoup d'essais. Comment vivent les salariés cette technologie qui est déjà là en fait ?
04:40Les salariés, ils disent qu'ils sont prêts pour l'IA globalement, ils disent qu'ils sont tout à fait intéressés par cette technologie.
04:48Ils la connaissent d'un point de vue privé pour une partie d'entre eux, on est d'accord, on ne parle pas de tous les collaborateurs.
04:53Mais par exemple pour les managers, les cadres, ils pratiquent l'IA dans un cadre perso en demandant une aide sur des aspects administratifs, etc.
05:02C'est ludique, on va prêter le ludique.
05:03Mais on retrouve un peu ce qu'on a connu si on était en activité dans les années 2000 avec Internet, c'est-à-dire qu'en fait les usages domestiques se développent très fortement et les usages professionnels pas nécessairement.
05:12Et c'est ça qu'ils disent, ils disent c'est un peu dommage parce que moi je suis prêt, en tout cas c'est ce qu'ils disent en France, mais les entreprises ne suivent pas.
05:19Et peut-être juste le point important là-dessus, c'est que la France est en décalage.
05:22Les salariés français sont en décalage par rapport aux salariés d'autres pays, Italie comprise ou Angleterre, Allemagne.
05:29L'étude PWC, les salariés français accusent un retard dans l'adoption de l'IA générative.
05:33Vous nous dites que ce n'est pas parce que les salariés ne veulent pas ouvrir l'outil, c'est parce que les entreprises freinent un peu, sont un peu réticentes.
05:40Exactement, même les collaborateurs disent que le premier impact de l'IA ce sera sur leur propre efficacité.
05:45Alors peut-être faut-il qu'ils aient une réflexion sur l'impact sur l'emploi, j'oserais dire sur leur emploi et une vraie réflexion de fond, mais c'est pas comme ça qu'ils prennent le sujet.
05:52Ils disent ça va me permettre d'être plus efficace au travail.
05:54Moi je suis chef d'entreprise, j'ai ces données là, j'utilise l'IA comme un vrai moteur de ma transformation parce qu'en plus les collaborateurs sont plutôt en attente et en attente critique vis-à-vis de ce que font les entreprises aujourd'hui.
06:06Merci Nicolas Bourgeois d'être venu nous rendre visite, nous éclairer sur cette étude mondiale avec un focus, on l'aura compris, Focus France.
06:12Associés Workforce, PwC, France et Maghreb avec cette étude évidemment qui est consultable sur le site de PwC.
06:19Merci et je vous dis à très bientôt parce que vous venez je crois assez régulièrement dans l'émission Smart Job.
06:24On tourne une page, le sujet intéresse tout le monde et on va accueillir évidemment quelqu'un qui compte dans le paysage social, c'est Cyril Chabanier, le président de la CFTC.
06:32Dans un contexte de débat politique, pour ne pas dire de crise politique, la place des partenaires sociaux dans ce débat des retraites évidemment.
06:40On l'accueille, c'est le cercle RH, c'est le débat de Smart Job.