En juin 2026 au plus tard, la directive européenne sur la transparence salariale devra être transposée dans le droit français. Entre craintes de réactions en chaîne chez les salariés et persistance de politiques de rémunération inadaptées, une étude de WTW révèle que près de la moitié des entreprises en France ne se sent pas encore capable de franchir le cap.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Générique]
00:12 Bien dans son job pour parler de la transparence salariale.
00:14 Alors c'est un peu un angle mort pour ne pas dire un sujet tabou dans les entreprises,
00:17 c'est-à-dire afficher les salaires pour savoir combien est payé le collègue de bureau à côté
00:22 parce que c'est souvent des objets d'ailleurs un peu de jalousie, de cancan, de rumeurs.
00:26 Et on en parle avec Laura Grouberman. Bonjour Laura.
00:29 Bonjour.
00:30 Vous êtes directrice activité Work Reward Career chez WTW France.
00:34 Un mot sur cette entreprise d'ailleurs parce qu'elle inspecte très large.
00:37 Absolument. Donc WTW c'est un leader historique en gestion des risques et gestion du capital humain.
00:43 C'est à peu près 45 000 collaborateurs dans le monde dont 2500 en France qui accompagnent nos clients tous les jours.
00:49 Et à titre d'exemple on travaille avec la totalité du CAC 40.
00:53 À titre plus personnel, moi je suis consultante en organisation du travail et stratégie de rémunération globale.
01:00 Et donc simplement j'aide mes clients à définir la manière dont le travail est organisé pour répondre à leurs enjeux de croissance et de performance.
01:06 Et surtout la manière dont ils peuvent rétribuer ce travail de façon attractive mais aussi bien sûr de façon équitable.
01:11 Alors ce qui est intéressant chez vous, chez WTW France et de manière générale,
01:15 c'est que vous prônez la transparence salariale et que vous la prôniez bien avant la directive européenne de 2023
01:21 qui oblige les employeurs à fournir des informations sur les niveaux de rémunération moyen des salariés qui effectuent un travail identique.
01:29 Parce que c'est souvent là où il y a la tension. D'abord chez vous, vous la prônez cette transparence ?
01:32 Alors chez WTW effectivement on a déjà en place un certain nombre de structures qui sont communiquées historiquement auprès des salariés.
01:40 Donc quand on parle de structure on parle par exemple de grade. Donc ça c'est des éléments qui sont déjà plutôt transparents en entreprise.
01:46 Ce qu'on communique aussi aujourd'hui c'est par exemple les niveaux de bonus de rémunération variable qui sont attenants justement à ces grades là.
01:53 Donc ça, ça fait partie des choses effectivement qui sont déjà communiquées.
01:56 Alors entreprise américaine me semble-t-il ?
01:59 Anglo-américaine.
02:00 Anglo-américaine. Alors en France, ça c'est un chiffre qui va vous intéresser, 50% des entreprises déclarent que leur politique de rémunération n'est pas prête à être communiquée.
02:08 Et ça c'est votre source tirée de l'étude.
02:10 Absolument.
02:11 Il nous reste un peu de route à faire quand même encore.
02:13 Absolument. Donc il nous reste même beaucoup de route. On sait qu'on a fait déjà beaucoup de progrès ces dernières années grâce aux différentes lois qui se sont succédées sur le sujet.
02:22 Il faut savoir que l'égalité homme-femme ça date du traité de Rome de 1957. Donc ça fait super longtemps qu'on en parle.
02:27 Et donc on a encore beaucoup de chemin à faire. Et donc c'est pour ça que cette directive européenne sur la transparence des rémunérations qui a été adoptée en mars 2023 va je pense révolutionner les choses puisque les faire évoluer.
02:38 Alors, seuls 4% des organisations en France, toujours tirées de cette étude qui montre effectivement je dirais le caractère tabou de ce sujet autour de l'argent, 4% des organisations en France prévoient d'indiquer au candidat la fourchette de rémunération pour le poste concerné indépendamment des exigences réglementaires.
02:54 Donc globalement, on se conforme à la réglementation et on ne va pas plus loin. C'est bien ça l'idée.
02:59 Donc effectivement, quand on a interrogé les entreprises françaises en 2023 sur le sujet, c'est ce qu'elles nous ont dit. Après, il faut prendre un petit peu de recul aussi par rapport à ces chiffres-là.
03:07 En sachant que le Parlement européen venait d'adopter la directive, donc l'année 2023, si on tire un bilan rapide des derniers mois qui se sont écoulés, ça a été une année d'apprentissage surtout.
03:17 Donc les entreprises, on va dire, ont digéré l'information, ont pris un peu de recul. Mais donc ce qu'on sait, c'est que là, depuis déjà quelques semaines et quelques mois, on reçoit de plus en plus de demandes.
03:24 Donc je pense que ça y est, le marathon est lancé.
03:27 — Juste un mot, parce que vous vous intéressez à ce sujet, je dirais même sur le plan sociologique, parce que c'est au-delà de l'aspect technique ou réglementaire, il y a un enjeu sociologique.
03:35 Qu'est-ce que ça apporte à une entreprise, j'allais dire, d'afficher la couleur en matière salariale ? C'est quoi l'utilité pour leur donner envie à ces entreprises françaises ?
03:45 — Alors déjà parce qu'effectivement, le sujet d'égalité homme-femme, c'est un sujet d'actualité. Ça fait partie de l'évolution des attentes qu'on observe, que ce soit de la part du législateur.
03:54 Donc ça, on vient d'en parler, mais aussi des attentes de la part des salariés, des attentes de la part de la société de manière générale.
04:00 Et donc effectivement, la rémunération n'est plus le seul, si ce n'est le premier, le plus le seul facteur de choix de la part des candidats aujourd'hui.
04:08 Ils veulent se retrouver dans les valeurs de l'entreprise. Ils veulent se retrouver dans la culture de l'entreprise et donc offrir des perspectives qui sont plus transparentes et plus équitables.
04:17 Et le prouver, au-delà de le dire « il faut être capable de le prouver », je pense que c'est un facteur d'attraction et de rétention des talents clés.
04:22 — Et ce dernier chiffre, parce que cette étude est très riche, allez sur le site WTW France pour la découvrir dans son intégralité, parce qu'il y a, je sais, beaucoup d'entreprises engagées.
04:31 42 % de ces entreprises communiquent ou envisagent de communiquer l'intégralité de leur grille salariale, qui vient un peu matiner le chiffre des 50 %.
04:40 Donc ça veut dire quand même qu'il y a des entreprises qui sont réellement engagées ou qui s'apprêtent à le faire.
04:45 — Absolument. Donc il y a des entreprises qui sont déjà très engagées pour plusieurs raisons. Déjà parce qu'en France, on n'a pas que des entreprises françaises.
04:51 On a aussi des entreprises internationales. On sait que la réglementation dans d'autres pays, comme par exemple les États-Unis, a déjà évolué.
04:59 Il y a de nombreux États qui obligent les entreprises à communiquer sur les fourchettes de rémunération à l'embauche, par exemple.
05:04 Et donc ces entreprises, généralement, quand elles mettent en place une démarche de transparence, elles le font dans une approche qui est globale.
05:10 Elles le font pas uniquement sur quelques pays. Elles le font de manière générale. Donc ça, c'est un des premiers éléments qu'on peut expliquer là-dessus.
05:16 Et puis parce qu'on a pu observer l'impact d'une démarche plus transparente et plus égalitaire en entreprise, encore une fois.
05:22 Et donc je pense que beaucoup d'entreprises ont vu à quel point ça pouvait être un élément différenciant de s'y prendre maintenant et non pas d'attendre la fin.
05:30 — Et donc 2 marques employeurs pour attirer les talents, les femmes et les hommes, c'est important.
05:34 Merci, Laura Gruberman, d'être venue nous rendre visite, directrice d'activité WorkReward & Career chez TW France, avec cette étude que vous portiez sous votre bras.
05:44 Merci de nous avoir rendu visite. Tout de suite, eh bien c'est le cerclérage, le débat de Smart Jobs.
05:49 Les emplois non télétravaillables. Bah oui, tout le monde – et on s'en souvient d'ailleurs pendant la période Covid – tout le monde n'a pas pu télétravailler
05:56 ou partir à la campagne, se réfugier devant son ordinateur. Comment fait-on ? Quelle est la situation de ces salariés ?
06:02 On en parle avec deux acteurs, justement, avec des métiers qui ne sont pas télétravaillables. C'est le cerclérage.