• il y a 4 jours
Avec Florence Cathala, Fondatrice du réseau L'ECOLE & Jhon-Fredy Helmer, Enseignant du réseau L'ECOLE

En partenariat avec Acadomia.

Retrouvez l'émission "La vie en mieux" avec Catherine Bully, tous les dimanches sur Sud Radio.

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##LA_VIE_EN_MIEUX-2025-01-12##

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Transcription
00:00Bonjour à tous, merci d'être avec nous sur Sud Radio, la vie en mieux désormais,
00:11et oui, c'est une nouveauté, se consacrera à toutes vos préoccupations en termes d'éducation.
00:16Alors, nous essaierons de répondre à toutes vos questions, bien évidemment en termes
00:21d'apprentissage, mais aussi plus largement en termes d'équilibre, tout ce qui est
00:26bon pour nos enfants.
00:27Alors aujourd'hui, nous allons commencer par le mieux vivre ensemble.
00:31Nous allons parler aussi de liberté d'expression, dont on a beaucoup parlé au début de la
00:35semaine, à l'occasion bien sûr des dix ans de l'attentat contre Charlie Hebdo.
00:38Parce que c'est vrai, si en France, nous sommes attachés à cette liberté, puisque
00:4276% des Français y voient un droit fondamental, force est de constater que chez les jeunes
00:48de moins de 35 ans, pour un tiers d'entre eux en tout cas, eh bien, on ne peut pas tout
00:52dire, on ne peut pas parler de tout, on ne peut pas rire de tout.
00:55Est-ce que parler, débattre, expliquer, c'est suffisant ? Qui doit le faire ? Comment ?
01:01Finalement, comment les aider à bien grandir ? C'est ce que nous allons voir tout de suite.
01:14Bonjour Florence Catala.
01:15Bonjour Catherine.
01:16Alors, Florence, vous êtes présidente, fondatrice du réseau L'École, un réseau d'écoles
01:19primaires, je peux même dire un modèle d'éducation centré sur la réussite.
01:24Et vous êtes accompagnée de John Elmer.
01:26Bonjour John, merci d'être avec nous, enseignant du réseau de l'école.
01:30Alors, est-ce que ce chiffre-là dont je viens de parler, un tiers des jeunes aujourd'hui
01:36considèrent qu'on ne peut pas rire de tout, on ne peut pas parler de tout ?
01:40Est-ce que la liberté d'expression, ce ne serait pas possible ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
01:46Alors d'abord, c'est interpellant, vous avez raison de le mettre sur la table.
01:51Moi, je pense, enfin, dans notre vécu, dans ma vie professionnelle au sens large et dans
01:55ma vie personnelle, je me rends compte qu'on passe d'un monde d'idées à un monde de convictions
02:01et qu'on veut d'abord parler de sa conviction avant d'essayer de construire autour d'une idée.
02:07C'est-à-dire de partir de, ben tiens, moi je pense qu'on pourrait faire comme ça,
02:11ou regarder un sujet d'une certaine façon, et puis d'enrichir la discussion.
02:15En fait, la rhétorique et le débat n'a plus lieu.
02:18En fait, on est rentré dans un monde d'opposition, d'opinion, mais pas d'idées.
02:22Donc le débat n'est pas possible.
02:24Est-ce que vous n'avez pas l'impression qu'il y a des événements comme Samuel Paty,
02:28comme Dominique Bernard, comme Charlie Hebdo, qui renforcent peut-être justement tout ça ?
02:33Je pense que c'est une conséquence.
02:35C'est-à-dire que, et c'est ce qu'on veut faire au sein de l'école, c'est-à-dire de réapprendre
02:40aux enfants et à leurs parents, d'ailleurs, parce qu'en fait, c'est tout, c'est générationnel.
02:45C'est pas seulement les enfants, on parle des enfants aujourd'hui,
02:46mais c'est les parents avec eux, à remettre le débat d'idées et pas le débat d'opinion.
02:53Moi, c'est vraiment ça qui me frappe.
02:54Donc je comprends les enfants qui disent aujourd'hui,
02:57quand je m'exprime, on m'écoute pas, ou quand on m'exprime, on me comprend pas,
03:01ou quand je m'exprime, je vais directement dans l'opposition parce que je veux qu'on se rallie à moi.
03:05Donc il y a une sorte de, je vais dire, de bataille et pas de débat d'idées.
03:11C'est vraiment ça qui me choque.
03:13Et c'est, je pense, ça qu'il faut retrouver.
03:14On est capables de le faire et renforcer.
03:16Voilà, on n'a pas besoin d'aller bien loin pour se rendre compte de ça au quotidien,
03:21dans les comités de direction, au sein des organisations,
03:24sur des émissions même culturelles, etc.
03:28On voit bien que quand les gens sont invités, il faut qu'on se rallie à ma cause.
03:33Ben non, en fait, ce qu'on cherche, c'est à améliorer le débat, à comprendre.
03:36Avant même d'accepter le point de vue de l'autre, d'ailleurs.
03:38Exactement.
03:39Et je dis toujours, quand quelqu'un dit quelque chose,
03:41la première chose que nous, on veut apprendre aux enfants, c'est pourquoi il le dit.
03:45Si tu n'es pas d'accord et si tu penses que tu as une autre opinion,
03:48une autre idée à côté de ça, pourquoi ?
03:52Essaye de comprendre pourquoi il dit ça à cet instant-là,
03:54avant même de commencer à tomber finalement dans le travers de « je ne suis pas d'accord ».
03:59Alors, la classe, parce que c'est quand même un lieu complexe, la classe,
04:03la classe, ça regroupe un certain nombre d'élèves qui ont des origines différentes,
04:08qui ont des croyances différentes, qui ont des valeurs différentes,
04:11qui ont reçu une éducation différente.
04:14Donc, est-ce que la tolérance, développer son esprit, accepter l'autre,
04:19dans ce contexte de différence culturel, religieux,
04:22est-ce que c'est possible, est-ce que c'est facile,
04:24vous qui êtes au contact des élèves tous les jours ?
04:27Pour réagir à ce que disait Florence, effectivement,
04:29nous, ce que l'on souhaite mettre en évidence, ce n'est pas la division.
04:32Et aujourd'hui, je pense que c'est la division qui est compliquée à gérer pour les enfants.
04:35Donc, on a une difficulté à ne pas écouter ce que dit l'autre,
04:38ne pas s'intéresser à ce que dit l'autre.
04:40Et la proposition que l'on fait, c'est comment on construit quelque chose
04:44pour avancer ensemble et s'intéresser et éveiller la curiosité.
04:48Le monde des adultes a une petite tendance, effectivement, à démontrer
04:52que ce soit à travers les familles ou à travers les différentes institutions que l'on connaît,
04:57à donner un mauvais exemple, je pense, caricatural du débat, donc de la division,
05:01alors que la co-construction est beaucoup plus intéressante.
05:03Et une fois qu'on a réussi à traverser ce chême de la division,
05:06on se dit, qu'est-ce qu'on arrive à mettre en commun ensemble ?
05:09Et on arrive à avancer et à réduire certains jugements ou clichés
05:13que l'on peut avoir sur ce que l'autre propose.
05:16Vous arrivez à le faire, ça, à l'école ?
05:18Alors, c'est une transformation qui nécessite du temps.
05:20Et c'est pour ça que moi, quand je lance ma classe, je mets à peu près un trimestre
05:24pour mettre en place ce fonctionnement collectif,
05:28de se dire comment on n'est pas dans le jugement, dans le regard, dans la bienveillance
05:32et non pas dans une réaction primaire que l'on peut avoir assez naturellement au début.
05:37Et une fois qu'on a dépassé ce cap, on arrive à définir ensemble un objectif commun.
05:42Et c'est ce que nous, on souhaite mettre en évidence dans notre pédagogie.
05:45Alors, c'est vrai que la réussite à l'école, cette capacité d'analyse, de réflexion,
05:52il y a un binôme qui est là normalement pour assurer, je dirais, ce fonctionnement.
05:57C'est l'école, bien sûr, mais il y a les parents aussi.
06:00Est-ce que le binôme parents-enfants, il est suffisant et est-ce qu'il fonctionne ?
06:05Alors, John va répondre aussi.
06:07Est-ce qu'il fonctionne et qu'est-ce qu'on veut changer ? Je répondrai à ça.
06:11Concernant le binôme parents-enfants, la difficulté, c'est toujours de se dire
06:15comment on s'intéresse à l'enfant dans son fonctionnement
06:18et finalement, qu'est-ce que l'on met en place dans l'éducation ?
06:22Donc moi, dans les échanges que j'ai avec les parents,
06:24on a toujours cette transposition de mon enfant sera ce que je suis.
06:28On l'a tous naturellement et c'est la difficulté que l'on peut avoir à poser
06:32pour se dire finalement, aujourd'hui, la révolution pédagogique et éducative,
06:37c'est de se dire je m'intéresse à mon enfant pour son unicité qu'il est,
06:41pour l'aspect unique qu'il peut dégager et à partir de là,
06:45j'accepte qu'il fonctionne différemment.
06:46Donc, il est nécessaire de dire je te partage ma façon de penser,
06:52ma façon de travailler, ma façon de concevoir certaines choses
06:55et là, on a un lien qui est beaucoup plus intéressant
06:57parce que nous, ce que l'on propose, c'est d'avoir un lien qui soit commun
07:00entre l'école et la maison et non pas un élément qui fasse une fracture
07:06entre ce qui se passe à la maison et ce qui se passe à l'école.
07:08Il y a un lien très étroit entre l'école et les parents justement dans votre système.
07:12Exactement, parce qu'en fait, il y a un tunnel noir.
07:14On ne voit pas ses enfants pendant huit heures par jour
07:16et on a trois quarts d'heure, une heure pour les éduquer le soir
07:20et on ne sait pas ce qui s'est passé pendant la journée.
07:21Donc en fait, on vit dans un monde aveugle noir.
07:24Donc ce qu'on veut faire, c'est ouvrir la porte de l'école aux enfants
07:27et il y avait un très bon article sur Télérama la semaine dernière qui parlait de ça
07:30et j'étais ravie de lire ça, c'est-à-dire que oui, il faut que les parents rentrent dans l'école.
07:34Ils ont raison de le demander.
07:36Moi, j'ai fait partie d'une association, d'une école de mon fils
07:39en me disant je vais pouvoir rentrer dans l'école,
07:41comprendre mieux comment ça fonctionne, comment...
07:43On m'a dit mais madame, vous êtes là juste pour les activités de fin d'année.
07:46Le reste, c'est nous qui nous en occupons.
07:48Or, en fait, je venais pour la partie pédagogie, pour comprendre comment ça fonctionnait,
07:51pour dire comment moi, je peux relayer le soir, etc.
07:54Donc cette ouverture, elle n'existe pas forcément.
07:56Et ça fait peur aux enseignants, et ça, je comprends,
07:58parce qu'ils ont peur qu'on vienne leur dire qu'ils ne font pas bien leur travail.
08:02Ils ont raison d'avoir peur.
08:04Ça arrive de temps en temps.
08:06Assez souvent.
08:06Pas qu'ils ne fassent pas bien leur travail, mais que les parents soient dans cette...
08:09Les parents, bien sûr, bien sûr.
08:11Et donc, c'est ce qu'on veut.
08:13Mais ça, ça se construit dès le premier jour.
08:15Dès le premier contact avec les parents,
08:17en fait, il faut installer cette relation, on va y revenir plus tard, je crois, de confiance,
08:22qui est connaissons-nous.
08:23On parlait tout à l'heure de débats d'idées,
08:26mais pour débattre, pour échanger, pour connaître l'autre, il faut se connaître.
08:30Donc, il faut apprendre, avoir cette connaissance intime,
08:33entre guillemets, des parents fines, je vais dire, plutôt qu'intimes, et des enfants.
08:36Et donc, il faut que le parent rentre dans l'école, qu'on le connaisse,
08:40qu'on lui donne un rôle qu'il va prendre, qu'il va proposer.
08:43Et il va venir dans la classe, dans la cour de récréation.
08:47Il va avoir un lieu dédié dans l'établissement, etc.
08:49sur lequel il peut se reposer pour discuter,
08:51échanger les pratiques de parents, les expériences, etc.
08:55L'école doit être ouverte, elle ne peut pas être fermée.
08:58Est-ce que les réseaux sociaux, aujourd'hui,
09:01ne battent pas les cartes un peu différemment ?
09:03Je veux dire, aujourd'hui, les enfants y pensent, y vivent, les réseaux sociaux.
09:09Est-ce qu'aujourd'hui, c'est pas compliqué
09:12d'avoir, justement, cette volonté de les guider, de les aider,
09:16quand on a cette espèce de pieuvre géante qui est le réseau social,
09:21qui est quand même vampirisant à souhait ?
09:25Donc, est-ce que vous arrivez, malgré ça, quand même,
09:27est-ce que les réseaux sociaux, aujourd'hui,
09:30ne vous mettent pas des barrières, un peu, à tous les niveaux ?
09:34Des barrières, je dirais pas des barrières,
09:37ils nous obligent d'autant plus à en faire quelque chose.
09:41Mais de façon, j'allais dire, constructive avec les enfants.
09:44Les enfants, ils ont leur smartphone toute la journée au bout de la main,
09:46on peut pas, c'est fini.
09:48S'autoriser les smartphones à l'intérieur de l'ensemble ?
09:50On les interdit pas dans l'école, au sens, ils les éteignent
09:52quand ils sont en classe, etc.
09:53Mais on va pas dire, vous le laissez à la porte d'entrée,
09:55ils le mettent dans le cartable, ils vont pas l'ouvrir.
09:57Mais, c'est aussi un moteur de savoir.
10:01Il y a des enfants qui rentrent dans la classe,
10:02ils ont déjà travaillé plein de choses, appris plein de choses
10:05que le professeur, peut-être, ne sait pas,
10:06simplement parce qu'il y a eu accès, qu'il s'y est intéressé.
10:09Donc, il y a du savoir dans les réseaux sociaux,
10:11il y a plein de choses à aller prendre.
10:14La difficulté du réseau social,
10:16c'est quand il devient un déversoir de colère.
10:18En fait, ce qu'il se passe, c'est que,
10:19quand je viens à l'expression, la liberté d'expression, etc.
10:23Moi, je pense que, comme on est aujourd'hui voué
10:26à bouger dans un champ de contraintes,
10:28on nous a noyé dans un océan de contraintes,
10:31qui fait que les gens, pour expurger cette contrainte
10:33qu'ils vivent au quotidien, le réseau social est devenu,
10:36aussi, un élément de purge, personnel, pour dire,
10:41comme je suis pas d'accord et que personne n'a envie de l'entendre,
10:43je vais aller le dire sur le réseau social.
10:44D'ailleurs, personne n'a rien à me dire qu'il n'est pas d'accord,
10:45parce qu'au moins, j'aurais lâché ce que j'avais à dire.
10:48Donc, en fait, c'est comment on fait en sorte de traiter,
10:51autrement que par juste se mettre sur un mur,
10:53ce que j'ai envie de dire, dans un endroit collectif.
10:55Et c'est là où on revient à comment on organise
10:58que les enfants, à tout instant,
11:00peuvent exprimer ce qu'ils ressentent, peuvent exprimer.
11:02Parce que si on contient ça toute la journée,
11:05au bout d'un moment, ça explose.
11:07En fait, c'est ça le sujet.
11:08Mais après, il faut quand même faire attention à qui est le référent.
11:10C'est ça.
11:10Et bien, exactement.
11:12C'est ça.
11:13Je pense qu'un des enjeux dont vous parlez,
11:14dont vous voulez qu'on traite, c'est l'esprit critique.
11:16C'est-à-dire, finalement, qui est en face ?
11:18Quel est son objectif quand il traite cette information ?
11:21Et donc, ça demande une démarche active.
11:23Et aujourd'hui, peut-être que le phénomène, il est plus dans la passivité.
11:26Je consomme et j'enchaîne plusieurs vidéos,
11:30plusieurs informations à la suite.
11:32Donc, il y a déjà un problème de surinformation.
11:35Il faut trier ce que l'on a envie de mettre en place.
11:37Et une fois qu'on est actif, développer son esprit critique.
11:39Et c'est ce qu'on souhaite mettre en place quand on dit
11:42le digital, c'est important, mais avoir l'esprit critique
11:44pour se dire pourquoi est-ce qu'il parle ?
11:46Quelle est son intention ?
11:48Comment je peux le développer, moi, dans mon travail, dans mon quotidien ?
11:52Et ça, c'est un élément qui demande du temps, de l'énergie et une réflexion,
11:55une certaine méthode pour avoir une efficacité d'utilisation des réseaux sociaux.
11:59On va en parler.
12:00Nous sommes dans la vie en mieux.
12:01Spéciale éducation France Catala.
12:03John Elmer, vous restez avec moi.
12:04On se retrouve dans quelques minutes.
12:07Académien vous présente la vie en mieux.
12:09Question d'éducation.
12:12Catherine Bulli.
12:15La vie en mieux, spéciale éducation.
12:17Nous sommes ensemble jusqu'à midi et demi pour parler du bien vivre ensemble
12:20dans l'école de demain, dans l'école de la réussite,
12:24dans l'école de l'ouverture d'esprit, de la tolérance.
12:27Avec mes invités, Florence Catala, présidente de l'école Le Réseau
12:30et John Elmer, enseignant de cette école.
12:34Alors, Florence, vous avez une vision qui me plaît beaucoup.
12:37Libérer la liberté de penser, la liberté d'expression,
12:41le questionnement.
12:43C'est la vision que vous avez pour ce nouveau modèle d'école
12:46que vous avez fondé.
12:47Qu'est ce que vous entendez exactement quand vous dites
12:50liberté de penser, liberté d'expression ?
12:52Comment vous le voyez ? Comment vous l'envisagez ?
12:56Pour moi, l'école, c'est une agora.
12:58C'est une agora qui va inviter, qui va s'ouvrir et qui va permettre
13:03l'assemblage de nombreuses compétences.
13:06Vraiment, l'enseignant sur sa vie professionnelle sur 30 ans,
13:11ça va très vite.
13:13Donc, pour être au fait de ce qui se passe à l'extérieur
13:15et de pouvoir l'intégrer dans les programmes scolaires
13:17et dans la pédagogie, il faut qu'il se fasse aider.
13:21Donc, ça devient plus un transmetteur unique de savoir,
13:25c'est à dire un exécutant de transmission.
13:27Ça devient vraiment un architecte.
13:28Il va devoir faire une architecture de compétences, de savoir
13:32qu'il va falloir aider les enfants à acquérir.
13:36Donc, en ça, pour moi, c'est la plus grande transformation.
13:37Et je trouve ça très excitant pour les enseignants, c'est de dire,
13:40mais ça y est, il va falloir travailler avec les autres.
13:43Donc, l'enseignant n'est plus seul.
13:45Je trouve ça super.
13:47Il n'est plus seul, il va être en assemblage.
13:49Voilà. Et donc ça, pour moi, ça implique que l'école s'ouvre
13:52et qu'elle a plein de gens dans sa cour toute la journée qui passent
13:55et qui repartent au service de l'apprentissage des enfants.
14:00D'accord. Quand vous dites des gens, vous pensez à quoi?
14:02Alors, des gens, c'est des experts, des psychomotriciens,
14:06des ingénieurs, des boulangers.
14:10Parce que ce qu'on prône pour l'école, ce qu'on veut faire,
14:13c'est amener les enfants à partir de leur quotidien
14:16pour décrypter le quotidien.
14:17Et c'est le décryptage du quotidien qui fait l'apprentissage des savoirs.
14:21Pour décrypter le quotidien, l'enseignant, il ne peut pas tout savoir.
14:24Je reviens à ce que j'ai dit tout à l'heure.
14:25Donc, il va travailler avec un boulanger,
14:27il va travailler avec un ingénieur d'EDF, il va travailler.
14:29Voilà donc l'entreprise.
14:30C'est très important. Rentre dans l'école.
14:33Ça, alors on va y revenir.
14:34La confiance, vous dites, est une valeur importante.
14:36Oui. En quoi c'est si important la confiance et la confiance?
14:39A quel niveau?
14:41La confiance, la plus pure, la confiance des êtres entre eux.
14:46Quelqu'un, un jour, m'a dit dans ma vie professionnelle précédente,
14:49m'a dit non, et moi, de premier abord, je ne fais jamais confiance.
14:55J'ai dit ça va devenir, ça vous demande un chemin énorme, donc.
14:59Je lui dis, moi, je suis à l'inverse.
15:00Je fais confiance de premier abord.
15:03Et je pars avec ce postulat.
15:08Donc, la confiance, elle est la pierre angulaire
15:10parce que sans confiance, il y a perte d'énergie.
15:12Sans confiance, on ne met pas l'énergie au bon endroit, donc on perd du temps.
15:16On perd du temps au sens, dans la connaissance de l'autre,
15:19dans construire ensemble plus vite des choses qui vont créer du plaisir,
15:23du résultat, de la réussite, etc.
15:25Donc, pour moi, la confiance, elle est la base de tout.
15:27C'est une pierre angulaire qu'il faut avoir au quotidien en soi.
15:31Et c'est parce qu'on fait confiance.
15:32Alors des fois, oui, ça ne se passe pas toujours comme on avait prévu.
15:35Mais ce n'est pas grave. Ce qui compte, c'est ce qu'on a appris.
15:37Voilà. Il faut passer son chemin.
15:38Bien sûr. Voilà.
15:40Alors, je vous demande à tous les deux, à quoi doit ressembler l'école de demain ?
15:45L'école du 21e siècle, finalement.
15:48Pourquoi est-ce que, puisque vous vous consacrez à ça,
15:51les méthodes doivent changer ? En quoi elles doivent changer ?
15:55Qu'est-ce qu'il faut pour que l'école de demain amène à nouveau la réussite ?
16:01Nous, ce qu'on propose, et John va donner des exemples,
16:03c'est l'école collaborative,
16:06c'est-à-dire le sens du collectif.
16:09C'est d'abord installer un sens collectif.
16:12On doit apprendre ensemble parce qu'on va devoir agir ensemble.
16:16On va devoir transformer le monde ensemble.
16:18Il n'est pas possible de rester, je pense, de continuer,
16:21disons, sur un chemin individuel quand on sait les enjeux qui sont devant nous.
16:26Bien sûr.
16:26Donc, ce qu'on dit, c'est allez, essayons de faire une école
16:30sur le sens collectif, sur l'apprentissage collectif
16:33issu de nos expériences passées.
16:35On n'a pas inventé ça un matin.
16:38Et c'est ça, le sens de tout ce qu'on fait.
16:40Alors, donnez-moi des exemples.
16:42Par exemple, un des enjeux effectivement du collectif,
16:44c'est celui où on travaille en projet.
16:46Et travailler en projet, c'est une des principales difficultés
16:48dans ces classes aujourd'hui, c'est travailler en groupe.
16:52Et comment on fait pour travailler en groupe ?
16:53On met les élèves en situation d'un projet concret.
16:56Par exemple, moi, j'ai fait des cocktails avec des élèves.
17:00On devait réaliser, j'étais responsable d'un bar pour enfants
17:03et les élèves devaient faire la carte
17:04pour faire les différents cocktails du bar
17:08et que les jeunes puissent avoir plaisir à venir à ce bar.
17:11Donc, je me suis mis en tant que responsable et directeur de ce bar.
17:14J'ai demandé à mes différents groupes de constituer chacun
17:18des exemples de cocktails que l'on pourrait réaliser.
17:20Et c'est là où c'est un enjeu intéressant.
17:22Et c'est ce qui m'intéresse dans la pédagogie, c'est de dire
17:25l'apprentissage devient un prétexte pour quelque chose de plus grand,
17:28qui est la réalisation commune de quelque chose.
17:30Et à partir du moment où vous donnez cela et que vous avez confiance,
17:32parce que c'est exactement le mot qui convient,
17:34l'enfant se sent responsable de ce qu'il va faire à la fin
17:38et du résultat qu'il va avoir.
17:39Et du coup, de l'évaluation, de se dire, je sais ou je ne sais pas faire.
17:43Donc, on a lancé le projet et progressivement,
17:46chacun a commencé à imaginer avec une certaine confiance,
17:50de se dire, monsieur, est-ce qu'on a le droit de faire ça ?
17:52J'ai dit, c'est toi qui vois ce que tu veux proposer.
17:55Est-ce que toi, en tant qu'enfant, tu auras plaisir à venir dans ce bar
17:58pour jeûne ?
17:59D'accord. Donc, ils ont commencé à aller plus loin que ce qui était prévu.
18:03Ils ont commencé à définir les critères de réussite
18:06par rapport au projet final.
18:08Et surtout, ce qui est intéressant, c'est de se dire,
18:10tout d'un coup, ils se sont rendus compte que certains faisaient le même cocktail.
18:15Donc, il y a eu des échanges en se disant, ça n'a pas de sens.
18:18C'est dans la carte. On a plusieurs fois le même produit.
18:21Donc, on est obligé de varier.
18:23Et là, il n'y a pas c'est toi ou moi qui va.
18:25Non, comment est-ce qu'on va faire tous les deux,
18:27les deux groupes pour se dire, on va améliorer la carte.
18:30Moi, ça ne me dérange pas de laisser de côté mon cocktail.
18:34Par contre, vous, vous continuez.
18:35Vous pouvez l'améliorer.
18:36Et c'est ça qui est intéressant, parce qu'on a bien eu un échange.
18:40On a bien cette idée de réalisation finale.
18:42Et à la fin, ils sont contents parce qu'on a un produit brusque,
18:46un produit final qui apparaît auquel ils peuvent participer
18:49et qu'ils ont expérimenté tout le long de la séquence qui a duré quatre semaines.
18:53Et on fait des maths.
18:57De l'histoire et de la géographie en faisant des cocktails,
18:59parce qu'en fait, on fait le programme en faisant des cocktails, parce qu'ils mesurent.
19:02C'est là où j'allais en venir, justement.
19:04Comment, justement, le programme intervient dans la réalisation de cocktails.
19:09Le prétexte était à la base, moi, je devais faire une séquence sur les fractions
19:13et j'y commence ma séquence.
19:14Et je leur ai dit aujourd'hui, on va commencer une nouvelle leçon.
19:17Et pour cette nouvelle leçon, donc nous, dans l'ingénierie pédagogique,
19:20on passe par l'exemple.
19:22On part par l'exemple et surtout par une histoire.
19:23Et pour commencer les fractions, aujourd'hui, je suis directeur d'un bar.
19:27Et là, ils me disent, mais on n'est pas en mathématiques.
19:29Je dis non, justement, on va se mettre en situation
19:32concrète de la réalité, ce qu'on disait tout à l'heure.
19:34Et là, ils comprennent qu'il y a un enjeu.
19:36Et là, c'est intéressant parce qu'on consolide les apprentissages,
19:39on donne de l'intérêt et on a ce que nous, on veut.
19:42L'idée en tant qu'enseignant, c'est d'avoir plaisir à apprendre,
19:45éveiller la curiosité.
19:47Et là, on les implique totalement dans un projet d'apprentissage
19:50et ils vont aller plus loin.
19:51Et l'idée de se dire la conversion de fractions, la lecture de fractions,
19:55l'analyse d'une fraction devient évidente parce qu'elle nourrit mon projet.
20:00Et ils viennent me voir de temps en temps pour me dire
20:03est-ce que c'est bien comme cela que l'on fait ?
20:04Je ne fais que valider de temps en temps.
20:05Ce que je trouve génial, en plus, c'est que du coup, il n'y a pas de...
20:08On apprend, mais en plus, il n'y a pas de jugement.
20:11Car chacun est valorisé pour ce qu'il a apporté.
20:15Et c'est très important parce qu'il y a une jeune fille qui nous a dit
20:18j'ai toujours peur quand je sais qu'on va faire des mathématiques.
20:21Et là, ça m'a donné envie d'aller dans les mathématiques
20:24parce que je n'ai pas eu le sentiment d'en faire.
20:26Je dis ça juste comme ça.
20:28Ça, c'est formidable.
20:29Rien que ça, c'est un petit succès.
20:31C'est un petit succès, exactement.
20:33Je crois qu'il y a moins d'élèves par classe dans les classes que vous organisez.
20:37C'est important.
20:38Oui, il y a trop d'élèves en classe.
20:40Il y a beaucoup d'écoles qui ont commencé, y compris dans le public.
20:42Ça a été très bien, très bien traité.
20:45Oui, je crois que c'est un constat commun.
20:47Ça, c'est clair. Moins il y a d'élèves, mieux c'est.
20:50Donc, on fait pareil.
20:52Et l'équilibre d'un programme, par exemple, sur une classe,
20:56est-ce qu'il est aménagé différemment ?
20:58Alors, nous, ce qu'on fait, c'est qu'on fait des classes multiniveaux.
21:01Donc, ça, c'est un gros travail de l'enseignant.
21:04On pourra en parler une prochaine fois.
21:05Mais oui, les classes multiniveaux, c'est très important pour nous
21:08parce qu'on va faire, entre guillemets, circuler les enfants
21:10en fonction de leur maturité sur certains sujets,
21:12d'aller se faire aider par des plus jeunes ou des plus grands.
21:15Et ils vont faire des travaux en multiniveau.
21:17Donc, ça, c'est un plus supplémentaire.
21:20C'est un élément supplémentaire qu'on a démontré,
21:23qui montre que les enfants les mettant en multiniveau,
21:26en fait, ils apprennent plus vite.
21:27Voilà parce qu'il y a un côté.
21:29Je peux aller aider quelqu'un qui est plus âgé que moi.
21:32Et puis aussi, j'ai un plus jeune qui va m'apprendre des trucs.
21:35C'est très intéressant parce que ce n'est pas une question d'âge.
21:37C'est une question de maturité. Exactement, exactement.
21:39Et il faut le saisir.
21:41Et donc, c'est tout ça qu'il faut mettre dans le shaker.
21:43Alors, vous avez un projet qui, quand même, se veut national.
21:45Vous en êtes où aujourd'hui ?
21:46Alors, on a une recherche encore de locaux
21:50parce que c'est une de nos difficultés, en fait,
21:53de trouver les locaux qui nous correspondent.
21:55Donc, voilà. Mais ça devrait se finaliser très prochainement, là.
21:59C'est non sans difficulté, je dois le reconnaître, parce que voilà,
22:02on devait ouvrir l'année dernière.
22:03On n'a pas réussi, mais on doit ouvrir cette année, en septembre 2025.
22:07Voilà. Et on a commencé à être très proche d'un local à finaliser.
22:12Donc, ça devrait... On va avancer.
22:14Bon, en tout cas, je vous remercie vraiment tous les deux,
22:16Florence, Katala, John Elmer, d'avoir participé à cette émission.
22:19Question d'éducation que vous retrouverez chaque semaine entre 12h et 12h30.
22:24Je vous retrouve donc dimanche prochain.
22:26Et en attendant, passez un excellent, un excellent fin de journée.
22:30C'est vrai qu'il est que midi et demi. Merci à vous.
22:32Bonne fin de journée.
22:33N'hésitez pas, si vous avez des suggestions de sujets
22:36ou si vous voulez qu'on traite un thème particulier,
22:38lavieandmieux.fr à l'attention de Catherine Bulli.
22:42Bonne journée.

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