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Avec Marguerite de Laboulaye, Psychologue à Paris

En partenariat avec Acadomia.

Retrouvez l'émission "La vie en mieux" avec Catherine Bully, tous les dimanches sur Sud Radio.

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##LA_VIE_EN_MIEUX-2025-02-09##

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Transcription
00:00Bonjour à tous et merci d'être avec nous sur Sud Radio, nous sommes ravis de vous retrouver
00:11comme chaque dimanche pour ce spécial éducation dans la vie en mieux.
00:15Alors avant de démarrer cette émission, moi je voudrais vraiment vous remercier.
00:19Sud Radio, vous le savez franchit un cap historique en digital.
00:23Plus de 41 millions d'écoutes digitales en 2024 sur vos smartphones, les PC, les tablettes,
00:29tous les environnements digitaux de Sud Radio.
00:32Merci infiniment de votre fidélité et évidemment en 2025, je ne fais plus que de vous le suggérer,
00:38on continue à se parler vrai ensemble.
00:41Alors n'hésitez pas, téléchargez maintenant l'appli Sud Radio pour nous suivre partout
00:46avec le son mais aussi avec l'image.
00:48La vie en mieux, question d'éducation, Catherine Bulli.
00:56Et oui, désormais la vie en mieux se consacre à toutes vos préoccupations, que vous soyez
01:00parents, étudiants, enseignants, nous traitons toutes les questions qui vous préoccupent
01:04et qui sont souvent source de stress.
01:07Alors aujourd'hui, on va parler aux parents qui ont un enfant qui est peut-être en phobie
01:13scolaire.
01:14Et oui, on parle de plus en plus de la phobie scolaire, en France c'est à peu près entre
01:174 et 10% des jeunes qui sont en phobie scolaire.
01:21Alors évidemment, 40% au Japon, ça semble peut-être dérisoire mais pourtant, vous allez
01:26voir, les conséquences peuvent être sérieuses.
01:28Alors qu'est-ce que c'est que la phobie ? Comment ça se traduit concrètement ? Quelle souffrance
01:34se cache derrière une phobie scolaire ? Eh bien, on va en parler tout de suite avec mon
01:37invité Marguerite Laboulet, psychologue à Paris.
01:40La vie en mieux, question d'éducation, Catherine Bulli.
01:48Bonjour Marguerite.
01:49Bonjour.
01:50Alors Marguerite, quand on entend parler d'ados, 4 à 10% en France, qui sont en phobie scolaire,
01:57c'est quand même pas mal d'étudiants et je pense qu'il est quand même important d'essayer
02:03d'expliquer ce qu'est exactement la phobie scolaire, pour qu'on ne se trompe pas.
02:07Oui, la phobie scolaire regroupe beaucoup de choses en fait, on va du décrochage à
02:11un moment de la vie ou à un moment de l'année d'un enfant, à vraiment des troubles anxieux
02:16généralisés très forts qui empêchent l'élève de retourner à l'école.
02:20Donc la phobie scolaire, c'est un terme un peu vulgarisé.
02:22Aujourd'hui, les médecins et les psys vont parler de refus scolaire anxieux quand il
02:27y a vraiment une incapacité à retourner à l'école, mais on va parler aussi de décrochage,
02:32de moments de déprime de l'enfant.
02:35Donc les premiers qui ont remarqué ça, c'est les téléjaponais, vous l'avez cité, ils
02:39ont parlé d'un symptôme qui s'appelle le hikikomori, alors c'est pas un type de sashimi
02:44ou de sushi.
02:45Au Japon, on se dit qu'il y a peut-être beaucoup de pression, qu'il y a une forme
02:48élitiste.
02:49C'est vrai, leur système est très très élitiste et ce qui a conduit tous ces jeunes
02:54ados et jeunes adultes, beaucoup des garçons, essentiellement des garçons, à se retirer
02:59de la vie sociale complètement, à rester cloîtrés dans leur chambre, à vivre que
03:02par les écrans.
03:03On leur dépose leur plateau-repas devant la porte et souvent ils vivent comme ça complètement
03:09en autarcie.
03:10Alors c'est pas le cas de la phobie scolaire en France, on parle pas de ça, il y en a,
03:13moi j'en ai vu quand j'étais dans l'équipe mobile d'un hôpital du service de psychiatrie
03:17où j'étais, on allait à domicile pour essayer de sortir certains ados qui étaient
03:21vraiment cloîtrés chez eux.
03:22Mais c'est pas la majorité des cas, la majorité des cas c'est plutôt des jeunes qui peuvent
03:28être très gais à la maison par exemple, aller plutôt assez bien, en vacances très
03:32très bien, mais au moment d'aller à l'école, tout d'un coup, gros symptôme, ils sont
03:37en attaque de panique, ils peuvent aller jusqu'au vomissement, enfin, et ils peuvent plus aller
03:41à l'école.
03:42J'ai vu une jeune fille qui, en partant en vacances avec ses parents, était une toute
03:47autre jeune fille, et dès qu'elle revenait sur la ville, sur Paris, en fait les premiers
03:51symptômes revenaient.
03:52C'est absolument incroyable, ça peut aller très très loin psychologiquement parlant.
03:57Oui, et c'est pour ça que souvent les parents le prennent pas très au sérieux, justement
04:00parce qu'ils se disent « non mais elle était très bien, elle va très bien, et là tout
04:03d'un coup il faut retourner à l'école et elle a des maux de ventre et tout ça ».
04:06C'est ça.
04:07Et ils pensent qu'elle joue, qu'elle surjoue, voyez, et c'est là où on ne voit pas la vraie
04:11souffrance qu'il y a derrière.
04:13Et vous parliez de beaucoup de garçons au Japon, c'est pas presque plus féminin en
04:18France ?
04:19Non, il y a les deux.
04:20Il y a vraiment les deux.
04:21C'est pas la même chose.
04:22En fait, ça se traduit pas pareil.
04:23Les filles vont avoir beaucoup de symptômes physiques, mais aussi des moments de pleurs,
04:29de choses comme ça, de manifestations émotionnelles, alors que les garçons vont avoir beaucoup
04:32plus de manifestations psychosomatiques, des maux de tête, des maux de ventre, mais parce
04:38que dans notre société, les garçons ont plus de mal à exprimer leurs émotions aussi.
04:41Donc ils vont traduire ça en symptômes psychosomatiques.
04:45Quels peuvent être les éléments déclencheurs de la phobie scolaire ?
04:47Alors il y a beaucoup de choses.
04:49Il y a par exemple, la première cause, c'est quand même le harcèlement scolaire.
04:55Et donc c'est pour ça que ça arrive souvent au collège, c'est vraiment le harcèlement,
04:59le dénigrement, ça c'est vrai que le racket, par exemple, ça c'est une des premières
05:05causes vraiment d'un refus scolaire anxieux.
05:08La deuxième cause, c'est aussi, par exemple, tous ceux qui ont des problématiques dys,
05:13les dyslexiques, les dyspraxiques, tous ceux-là, tous ceux qui ont eu ces problèmes de développement
05:18neuro-développemental, vous voyez, où ça a échoué, ça n'a pas été bien diagnostiqué,
05:23ils sont à la limite du trouble de l'attention, mais pas vraiment, vous voyez, ça n'a pas
05:26été vu dans le primaire.
05:27Et puis au moment du collège, c'est plus possible de tenir, et à ce moment-là, ils
05:31s'effondrent.
05:32Ça peut être aussi certains enfants qui ont des traits du spectre autistique, par
05:36exemple, légers, vous voyez, mais toutes ces anomalies ou ces difficultés sur le plan
05:41neuro-développemental sont un vrai frein au moment de l'entrée au collège.
05:45Et c'est là que tout d'un coup, ça peut se développer.
05:47Et quand on est un jeune qui n'a pas forcément ce type de trouble, l'élément déclencheur,
05:54ça peut être quoi ? Ça peut être une faiblesse dans les matières, ça peut être, est-ce
05:58que ça peut venir de mauvais résultats ?
06:01Oui, par exemple, c'est quand l'environnement n'est pas adapté à l'enfant.
06:05Si l'environnement est trop élitiste, par exemple, pour un enfant qui est une classe
06:10particulière qui est, par exemple, assez dure, parce qu'avec des populaires, des cools
06:16et des pas cools, des choses comme ça, mais aussi des environnements trop élitistes pour
06:21certaines personnalités.
06:22On voit bien dans une fratrie, il y en a qui sont un peu plus sensibles, un peu plus fragiles
06:27ou plus sensibles au stress, moins résistants.
06:30Pour eux, il faut un environnement plus cool, avec des classes plus petites.
06:34Et donc là, par exemple, quelqu'un, un enfant très lambda, mais assez sensible, dans un
06:38environnement trop élitiste, trop dur, peut s'effondrer, se décourager, s'effondrer.
06:44J'imagine que vous recevez ce type de profil en cabinet.
06:48Quelles sont les conséquences que vous notez, notamment sur la famille globale ? Parce que
06:54ce genre de comportement sur un enfant dans une famille peut avoir forcément des conséquences
06:59sur l'ensemble de la famille.
07:01Oui, alors là, c'est vrai que ça désorganise la famille.
07:04D'abord, souvent, les deux parents travaillent.
07:05Il y en a un qui commence à faire du télétravail, demande des aménagements à son employeur.
07:09Parfois, il arrête de travailler.
07:10Moi, j'ai vu plusieurs familles où un des membres arrête de travailler pour être auprès
07:16de l'enfant qui ne va pas bien.
07:17C'est inquiétant qu'il reste seul toute la journée à la maison.
07:20Et c'est vrai qu'ils ont raison.
07:23Mais en même temps, ça déséquilibre complètement financièrement la famille.
07:27Ça va déséquilibrer aussi la fratrie.
07:28Parce que tout d'un coup, l'attention des parents se focalise sur un enfant et les autres
07:33sont mis de côté.
07:34Or, vous savez que la phobie scolaire, ça peut mettre jusqu'à un an et demi, voire
07:37deux ans, voire trois ans avant de se résorber.
07:39Quand c'est grave, évidemment.
07:41Mais du coup, vous imaginez trois ans avec des parents hyper anxieux se focalisant sur
07:45un enfant.
07:46Les autres membres de la fratrie, par exemple, peuvent être vraiment très abîmés ou en
07:51tout cas très frustrés, très en colère et avoir leur développement affectif impacté.
07:56En fait, par les difficultés d'un de leurs frères ou de leur sœur.
08:01Si on est parent et qu'on a donc un enfant qui pourrait être en phobie scolaire, quels
08:07sont les premiers petits signes ? Vous disiez des maux de ventre, vous disiez...
08:11Alors, physiquement et psychologiquement, est-ce qu'il y a des petits trucs qui vous
08:15alertent ?
08:16Oui, quand même le retour de l'école, l'enfant est quand même...
08:19Il n'arrive pas à en parler, par exemple.
08:21Il n'en parle pas.
08:22Il refuse de parler de l'école.
08:23Il dit qu'il ne veut pas en parler.
08:24Bon, ça, vous voyez, ce n'est pas très bon.
08:27Pas parler de ses amis, beaucoup de difficultés dans les relations amicales, l'enfant se
08:32brouille de manière régulière avec beaucoup de ses amis.
08:35On voit bien que là, il y a quelque chose qui ne va pas.
08:38L'enfant, on voit tout d'un coup une chute dans les notes.
08:40Alors, je dis qu'il ne faut vraiment pas se focaliser sur les notes.
08:43Il faut vraiment que les parents français sortent de cette conversation tous les soirs
08:48sur les notes, les notes, les contrôles et tout ça.
08:50Et ça, souvent, c'est très anxiogène, en fait, pour les enfants.
08:53Il faut vraiment surtout parler des amitiés, de ce qui se passe à l'école, éventuellement
08:58d'un sujet qui a été étudié, mais surtout parler d'autres choses, en fait.
09:03Mais garder un œil sur les amitiés, les notes en douce, sans en parler tout le temps
09:08à l'enfant, pour voir s'il y a un problème de comportement et être présent dans les
09:12réunions scolaires, parce que beaucoup de parents n'y vont pas, forcément.
09:16Et en fait, quand même, là, les professeurs voient des choses.
09:20Est-ce que vous avez des exemples dans votre clientèle de phobies scolaires différentes,
09:24avec des symptômes différents ?
09:25Oui, alors j'en ai beaucoup, puisque moi, je suis très spécialisée sur les adolescents
09:30et les jeunes adultes et j'ai travaillé en service de psychiatrie pour adolescents.
09:34On a vu beaucoup, beaucoup de déscolarisation et de phobies scolaires.
09:37Mais par exemple, je peux vous parler d'un garçon qui avait eu, avec le confinement,
09:43il y a eu un dérapage sur le plan alimentaire.
09:46Il avait commencé à vraiment prendre énormément de poids.
09:49Le retour à l'école avait été difficile.
09:51Bon, il avait retrouvé ses amis.
09:52C'était plutôt un garçon très sociable, mais lui, petit à petit, avait commencé
09:57à avoir des symptômes physiques.
09:59Donc, il parlait de grands troubles de la tête.
10:03Il avait des migraines très fortes.
10:04Il avait des vertiges.
10:05Les parents ont fait tous les examens médicaux qui montraient qu'il n'y avait rien, aucune
10:08cause physique.
10:09Mais du coup, ça l'empêchait tellement, il en venait à vomir le matin.
10:13Voyez qu'en fait, il restait à la maison et les parents n'arrivaient pas à leur arrêt.
10:18Des proportions incroyables.
10:20Oui, oui, oui.
10:21Lui, ça a été vraiment de la psychothérapie où il a pu parler de ses difficultés.
10:26En fait, notamment, il avait pris beaucoup de poids.
10:28Il était très dévalorisé dans son aspect physique.
10:31Et même s'il avait des amis qui le protégeaient, des moqueries et tout ça, lui-même était
10:36très dévalorisé.
10:37Par exemple, ça, c'est un des cas qui retournait petit à petit à l'école.
10:40Mais ça a mis deux ans et demi.
10:42Voyez, on va revenir sur le sujet.
10:44On va laisser passer quelques minutes.
10:46Nous sommes ensemble jusqu'à midi et demi dans La Vie en Mieux.
10:49Marguerite Laboulaye, psychologue à Paris.
10:51Nous nous retrouvons dans quelques minutes pour parler de la phobie scolaire qui touche
10:554 à 10% des ados scolarisés en France.
10:58Cette souffrance handicapante a de sérieuses conséquences parfois sur leur vie et sur
11:03le quotidien de la famille.
11:04On y revient dans quelques minutes à tous.
11:08Académien vous présente
11:10La Vie en Mieux.
11:11Question d'éducation.
11:14Catherine Bulli.
11:15La Vie en Mieux.
11:16Spéciale éducation.
11:17Nous sommes ensemble jusqu'à midi et demi.
11:18Au début de l'émission, nous avons parlé de la phobie scolaire pour essayer de mieux
11:22comprendre ce que c'est concrètement, comment ça se manifeste, quelles peuvent être les
11:26causes, qu'il y a tout de même entre 4 et 10% des ados scolarisés qui en souffrent
11:30en France.
11:31Si vous avez manqué la première partie, vous n'hésitez pas à nous retrouver en podcast
11:35sur sudradio.fr dans l'émission La Vie en Mieux.
11:38Spéciale éducation.
11:39Marguerite Laboulet, psychologue à Paris.
11:41On a parlé des causes de la souffrance.
11:43Est-ce que la phobie scolaire est considérée comme une maladie aujourd'hui, comme un burn-out
11:48finalement ?
11:49C'est considéré comme une maladie puisqu'il faut d'ailleurs qu'il y ait un diagnostic
11:52médical.
11:53C'est un psychiatre qui pose l'indication d'un refus scolaire anxieux.
11:57On dit ça, c'est le terme scientifique, c'est refus scolaire anxieux.
11:59Et c'est vrai qu'il y a des indications.
12:02Donc on considère ça comme une maladie.
12:04Avant ça, c'est plutôt des symptômes qu'on va noter.
12:07Le pédiatre va noter qu'il y a des symptômes de décrochage ou de refus anxieux.
12:11Ça, c'est des symptômes.
12:12Mais le refus scolaire anxieux ou la phobie scolaire, c'est vraiment une maladie aujourd'hui.
12:18On comprend bien, il y a vraiment une façon de la soigner.
12:21Comment vous intervenez-vous en cabinet face à une famille qui vient vous voir pour cette
12:26problématique ?
12:27En fonction, bien évidemment, de la cause.
12:30Oui, je parle beaucoup avec les parents pour essayer de comprendre ce qu'ils ont fait.
12:34Les parents, souvent, sont très bien envoyés, ont toujours essayé de ramener l'enfant
12:37à l'école, ont essayé de comprendre les choses par différentes façons, l'ont forcée,
12:42l'ont pas forcée, ont écouté, ont essayé de faire beaucoup de choses.
12:45Donc j'écoute beaucoup les parents.
12:47Après, je vois l'enfant et après, je fais des séries.
12:50Par exemple, je vois l'enfant trois fois, puis après, je vois les parents, puis je
12:54vois l'enfant trois fois.
12:55Et je me mets beaucoup en contact avec l'école.
12:57C'est surtout ce filet de sécurité et ce dialogue qui doit être noué avec l'école,
13:02avec les parents et avec moi, et avec un psychiatre parfois, pour qu'on puisse ramener l'enfant
13:08petit à petit à l'école.
13:09Ça, ce dialogue, il est très important.
13:11Et cette souffrance, en fait, que vous retrouverez chez l'enfant, en majeure partie, elle tient
13:16sur, vraiment, le travail, le manque de compétences, le niveau qui n'est pas suffisamment ? Ou
13:23alors est-ce que ça traduit un problème psychologique peut-être tout à fait différent
13:28autre ?
13:29Alors, il y a différentes choses, en fait.
13:32C'est très multifactoriel, quand même, la phobie scolaire.
13:34Parfois, il y a des problématiques familiales.
13:36Je pense à un garçon dont le père avait eu une dépression après avoir été viré
13:40de son travail.
13:41Il avait eu une dépression, il s'était mis à l'alcool et l'enfant était tellement
13:45angoissé de laisser son père seul à la maison qu'en fait, il avait inventé ce refus
13:50scolaire anxieux.
13:51Il ne l'avait pas inventé puisqu'en fait, vraiment, ça se traduit.
13:55Il se déprimait pour son père, voyez, et il voulait être à la maison pour surveiller
14:00son père.
14:01Donc, en fait, à partir du moment où son père a été mieux, il a pu retourner à
14:04l'école.
14:05Mais lui-même avait des vrais symptômes, ça n'a pas été du tout, ce n'était pas
14:09joué.
14:10C'était simplement, psychologiquement, il manifestait cette angoisse pour son père
14:13de cette manière-là.
14:14Quel conseil vous pouvez donner aujourd'hui aux parents ? Qu'est-ce qu'on fait ? Rentre
14:20à la maison, après être allé vous voir en cabinet, concrètement, qu'est-ce qu'on
14:24fait ? Quand on a un enfant qui, le matin, a du mal à se lever, qui vous dit souvent
14:29« j'ai mal au ventre », qui a du mal à se mettre au travail, parce que souvent,
14:35chez ces enfants, on voit aussi cette difficulté à démarrer les devoirs, on retarde, on retarde,
14:42on retarde.
14:43Donc, on voit bien qu'on n'éprouve pas cette nécessité, cette envie d'avoir de
14:48bons résultats, d'être bon en classe, on a l'impression que l'enfant s'est isolé
14:52par rapport.
14:53Donc, qu'est-ce qu'on fait quand on est parent ? Déjà, on va consulter un psy, un
14:58psychologue.
14:59Si c'est plus grave, le psychologue va inviter à consulter un psychiatre, s'il y a besoin
15:02par exemple de prendre des antidépresseurs, là on est vraiment dans les cagas.
15:06Il y a des moments où vraiment même la capacité d'apprentissage est totalement fermée.
15:11C'est-à-dire qu'on n'arrive même plus à rien apprendre du tout, du tout, du tout,
15:13du tout, du tout.
15:14Et en fait, on s'enfonce dans une dépression.
15:16Et là, il faut tout de suite le juguler assez vite avant qu'on dégringole vers des choses
15:20beaucoup plus graves.
15:21Donc, il faut d'abord consulter assez vite un psychologue.
15:25Et puis, pour prévenir tout ça, on fait beaucoup de thérapie familiale.
15:32Vous voyez, moi je fais de la thérapie familiale.
15:34Souvent, il y a des problématiques, comme ça impacte toute la famille et ça impacte
15:37la fratrie, c'est pas mal de faire un travail sur la famille, que tout le monde puisse dire
15:41ce que ça lui fait vivre et tout ça.
15:43C'est important pour l'enfant aussi qui est déscolarisé d'entendre, pas pour le
15:47culpabiliser, mais pour comprendre aussi qu'il y a quelque chose d'un mécanisme familial
15:51parfois qui, par exemple, soutient.
15:53Je pense à un cas d'un garçon qui n'allait plus à l'école.
15:57La mère avait fait venir sa propre mère pour venir surveiller parce que les deux parents
16:01devaient travailler.
16:02Et finalement, ça convenait à tout le monde, la grand-mère était là et la grand-mère
16:09restait.
16:10Et tant que le garçon était déscolarisé, la grand-mère restait.
16:12Alors là, c'était quelque chose qui s'entretenait, là, c'était quelque chose qui n'était
16:16pas très bon.
16:17On a fait repartir la grand-mère, le garçon est revenu repartir à l'école.
16:20C'était la béquille.
16:21C'était une béquille, mais qui plaisait à tout le monde en fait.
16:25La mère elle-même était contente d'avoir sa mère près d'elle, dans un moment où
16:28elle était assez anxieuse.
16:29Donc bon, ça c'est assez marginal quand même.
16:32Mais c'est toujours la thérapie familiale qui est quand même très intéressante parce
16:35qu'il y a parfois des choses qu'on ne voit pas et que la famille ne voit pas.
16:39Et elle a mis par exemple l'enfant à telle place, à une place plus fragile, qui exprime
16:44les symptômes et les difficultés de la famille.
16:46Par exemple des familles qui ont émigré, qui ne se sentent pas en phase avec l'école,
16:49qui ne se sentent pas valorisées.
16:51Parfois, l'enfant va être porteur de toute cette blessure narcissique de la famille et
16:56il va l'exprimer comme ça.
16:57Et donc là, faire un travail familial va permettre à toute la famille de se restaurer
17:01narcissiquement, c'est-à-dire de se sentir mieux, valorisé, de voir que tous leurs efforts
17:05ont été pris en compte.
17:07Est-ce que vous avez l'impression qu'aujourd'hui, parce que quand je vous écoute, c'est quand
17:09même un sacré travail, est-ce que vous avez l'impression qu'aujourd'hui le gouvernement,
17:13en tout cas le ministère de l'Éducation nationale, a conscience ?
17:17Oui, il y a quand même des choses qui sont faites, alors marginales et évidemment pas
17:21suffisamment par rapport au nombre d'enfants touchés.
17:24Il y a des choses comme des micro-lycées, des lycées très spécifiques avec des toutes
17:30petites classes qui sont faits pour les gros décrocheurs.
17:32Mais par exemple, il y a quelque chose qui est vraiment dommage, on a supprimé de plus
17:36en plus les infirmières scolaires.
17:37Or, c'est les premières personnes que les enfants vont voir dès qu'ils sont en difficulté
17:43dans leur classe.
17:44Ils sortent pour aller voir l'infirmière.
17:45Aujourd'hui, il y a beaucoup de lycées et de collèges qui n'ont plus d'infirmière
17:50toute la semaine.
17:51Et puis l'infirmière, c'est aussi une oreille, accessoirement quand il se passe quelque chose.
17:55Et puis c'est elle qui va indiquer un psy aux parents, des choses comme ça, qui font
17:59le passage, voyez, et qui alerte les parents en disant écoutez, là ça va pas, votre
18:03enfant va pas bien.
18:04Certains parents le voient trop tard, vous voyez, donc ça, c'est vraiment très dommageable.
18:11Et sinon, parlons d'un enfant qui est déscolarisé, vous parliez d'une phobie scolaire qui peut
18:17entraîner un départ de l'école, du collège, pendant un an, deux ans ou trois ans.
18:25Mais comment on raccroche les wagons après ? Comment on peut se retrouver en phase avec
18:31la société, retrouver des cours ? Quel travail doit se mettre en place ? C'est très compliqué
18:36quand on est sorti du système pendant autant de temps.
18:39Oui, c'est compliqué, franchement, c'est compliqué, c'est pour ça qu'il faut vraiment
18:42veiller à ramener l'enfant à l'école le plus vite possible, même s'il n'a pas de
18:46note, même si on fait un aménagement scolaire et tout ça, c'est vraiment une fois qu'ils
18:50ont vraiment décroché complètement, c'est très difficile de les ramener.
18:53Alors il y a des structures publiques qui sont faites comme des soins-études, où on
18:56conjugue école et soins, mais elles sont très limitées en France, on n'en a pas suffisamment.
19:01Parfois, il faut juste qu'ils se restaurent, qu'ils reprennent confiance en eux.
19:06Alors ils vont aller travailler, par exemple, ou ils vont faire le service civique, ou n'importe
19:12quel petit boulot.
19:13Je pense à une ado, par exemple, qui a fait du baby-sitting.
19:16Elle ne pouvait rien faire, sauf du baby-sitting, mais en voyant qu'elle était très bonne
19:22en tant que baby-sitter, elle s'est petit à petit restaurée, et petit à petit, elle
19:26a pu recommencer à se valoriser.
19:28Elle est rentrée dans un parcours pro, qui était beaucoup plus concret, avec de la céramique
19:35et tout ça, qui lui a permis, petit à petit, de trouver un emploi, de passer un bac pro,
19:40et puis après d'avoir un bac, de pouvoir s'insérer dans la société.
19:44Est-ce que justement, un élève qui sort du système scolaire n'a pas besoin d'avoir,
19:49j'imagine qu'il y a des cours qui se mettent en place à la maison, mais au-delà de ça,
19:53peut-être une activité sociale, ça peut être du sport, ça peut être une activité
19:58artistique, mais au moins qui lui donne peut-être un rôle à jouer, en fait, et du coup, restaurer
20:04sa confiance en lui, retrouver une estime de soi, c'est important.
20:08Est-ce que ça ne fait pas partie aussi du protocole à mettre en place que d'essayer
20:13de faire en sorte qu'il puisse s'aérer la tête et retrouver confiance en lui par d'autres activités ?
20:19Ce qui est très important, c'est qu'il reste en contact avec sa tranche d'âge,
20:22en tout cas les gens de son âge, qu'ils ne soient pas complètement dans un monde d'adultes,
20:26avec des professeurs particuliers, avec les parents, avec...
20:30Il faut qu'il puisse garder le contact avec sa génération, donc par des activités sportives,
20:35des activités artistiques, mais je dirais même que ces activités, il faut le faire en amont.
20:41Quand on a un petit peu peur, on voit un enfant qui a du mal à accrocher avec la scolarité,
20:45je préconiserais d'abord de faire beaucoup de sport, parce qu'on peut se valoriser avec du sport
20:49quand on n'est pas très scolaire, et de faire un travail de création, parfois très manuel
20:56ou vraiment un travail artistique, ou en tout cas un travail où on fabrique des choses avec ses mains.
21:00Ça, c'est très équilibrant, et je dirais qu'il faut le faire même jusqu'au lycée.
21:03Il y a beaucoup d'enfants qui arrêtent de faire du sport ou qui arrêtent de faire des activités manuelles
21:08quand ils arrivent au lycée, et les parents disent « oui, c'est vrai, il y a tellement de travail
21:11qu'on a arrêté tout ça ».
21:12Parce que j'imagine qu'il y a beaucoup de parents, en plus de ça, qui doivent se culpabiliser.
21:15Qui doivent se dire « mais qu'est-ce que j'ai pas vu ? Qu'est-ce que j'ai raté pour que mon enfant soit comme ça ? »
21:21Et malheureusement, ça peut venir de l'enfant par lui-même, et les parents ne sont heureusement
21:28souvent pas concernés.
21:29Mais c'est vrai que pour les parents, c'est intéressant.
21:31J'ai souvent des parents très fonctionnels, très attentifs.
21:33Alors parfois, j'ai des parents pas attentifs du tout, et là, c'est vraiment le problème.
21:36Mais quand même, les trois quarts du temps, j'ai plutôt des parents très attentifs.
21:39Alors parfois très anxieux, et il faut parfois justement beaucoup les soutenir, pour qu'ils lâchent leur anxiété,
21:44qu'ils fassent confiance, qu'ils arrêtent de prioriser les nôtres.
21:48Parce qu'en plus, ils sont éponges.
21:49Donc, si en plus, ils prennent l'anxiété des parents...
21:52Et comme à l'adolescence, les enfants sont branchés sur l'inconscient des parents,
21:55vous voyez, ils absorbent tout, notamment l'anxiété des parents.
21:57Donc, c'est un cercle...
22:00Merci beaucoup, Marguerite Caboulet, psychologue à Paris, pour cet éclairage sur la phobie scolaire.
22:05C'est vrai que c'est un sujet qui n'est pas simple à gérer.
22:09Je vous retrouve dimanche prochain pour une autre question d'éducation.
22:12Merci de nous avoir suivis.
22:14Si vous voulez témoigner, si vous voulez me laisser un message,
22:17lavieandmieux.com.
22:20Passez une excellente semaine.
22:21On se retrouve dimanche prochain.

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