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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Cyril Graziani revient sur les questions qui font l’actualité avec Sébastien Chenu, vice-président du RN et député du Nord.

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Transcription
00:00— Et bonjour Sébastien Chenu. — Bonjour, monsieur.
00:03— Est-ce que vous allez voter la motion de censure qui sera déposée par le PS cet après-midi
00:07après les propos de François Bayrou sur la submersion migratoire ?
00:10— Non, cette motion de censure n'a pas de rapport... — Ah, finalement ?
00:13— Non, mais elle n'a pas de rapport avec le budget. Mais surtout, elle est rédigée d'une telle façon
00:16qu'elle vient contrer finalement le discours que nous, nous portons sur la submersion migratoire.
00:21Cette motion de la gauche dit qu'il n'y a pas de problème avec l'immigration.
00:24— Mais vous aviez laissé planer le doute, vous, la semaine dernière, en disant peut-être qu'on pourrait la voter.
00:27— Il fallait voir comment elle était rédigée. Évidemment, le PS a choisi une rédaction très caricaturale.
00:33— Ça vous savait ? — Non, pas forcément. On sait très bien que cette motion de censure, en réalité,
00:37elle a pour but pour le Parti socialiste de se dédouaner de ses accords avec Emmanuel Macron,
00:42d'essayer de redorer son image vis-à-vis de la gauche en disant « Regardez, nous, sur ça, on n'est pas d'accord »,
00:48alors qu'ils ont laissé passer le budget d'Emmanuel Macron et de François Bayrou.
00:52Donc en fait, c'est une motion caricaturale. C'est une motion de censure qui dit que l'immigration
00:56ne pose pas de problème dans le pays. Évidemment, on ne va pas voter ce type de déclaration.
01:01— Vous parlez tous d'une seule voie parce qu'au RN, certains plaidaient pour le vote de cette motion
01:05et faire tomber le gouvernement Bayrou. — Non mais l'idée de faire tomber le gouvernement Bayrou
01:08et surtout de censurer le budget, en fait, c'est ça qui nous apporte, est intéressante, mais à la condition
01:13que derrière un François Bayrou qui tomberait soit nommé un Premier ministre qui mènerait une autre politique.
01:19Or, là, on voit bien, puisqu'il n'y a pas de possibilité de dissolution, si demain, dans les quelques mois qui viennent,
01:25avant le mois de juin, un François Bayrou tombe, il est remplacé par quelqu'un qui lui ressemble
01:29et qui mènera la même politique. Donc ça n'a pas beaucoup de sens ni d'intérêt.
01:33Regardons plutôt le rapport, d'ailleurs, de la Cour des comptes qui montre que la dépense publique file,
01:37que le déficit est en hausse, que ces gens ne savent pas gérer notre pays. Et il faut, dans ces cas-là,
01:42se retourner vers les électeurs le plus tôt possible.
01:44— Vous pourriez déposer une motion de censure dans les semaines, dans les mois qui viennent ?
01:47— Mais non, on ne s'interdit rien. Nous pouvons, dès que nous le souhaitons, dès que nous trouvons
01:52que c'est opportun pour protéger les Français, déposer une motion de censure spontanée.
01:56— Est-ce que l'objectif, pour vous, c'est une présidentielle anticipée ? Jean-Luc Mélenchon a un petit peu revenu
02:00là-dessus, ce week-end, sur une présidentielle anticipée.
02:03— L'objectif, c'est une autre politique pour le pays. Je pense qu'elle est possible à partir du mois de juin,
02:07c'est-à-dire à partir du moment où le président recouvre la possibilité de dissoudre l'Assemblée nationale
02:12et de donner une vraie majorité à une équipe, quelle qu'elle soit, qui mènera une autre politique.
02:18Nous nous préparons cela. — Donc vous êtes prêts ?
02:21— Nous sommes en train de nous préparer. Nous considérons qu'effectivement, il y a une autre politique qui est possible.
02:25La baisse de la dépense publique, la baisse du déficit, s'attaquer aux tabous de l'immigration,
02:30s'attaquer à l'Union européenne dans ce qu'elle coûte et ne rapporte pas aux Français.
02:34Oui, il y a d'autres chemins possibles.
02:35— On se souvient que quand vous aviez dit que vous étiez prêt au moment des législatives l'an dernier,
02:40finalement, le plan Matignon n'a pas été à la hauteur de ce que vous attendiez.
02:44— Non mais d'abord, il y avait 5 jours qui nous séparaient entre le dimanche de l'annonce de la dissolution
02:47et le dépôt des candidatures. 5 jours. Il ne vous a pas échappé que ça fait déjà 6 mois.
02:51— Jordan Bardella avait dit que tout était prêt.
02:52— Non mais d'abord, quasiment tout était prêt. Nos candidats n'ont posé de problème dans 99% des cas.
02:58Aucun problème. Donc il y a eu...
03:00— 80 candidats qui ont posé problème.
03:01— Non, non, une quinzaine. Mais au-delà de ça, ça sert. Il faut se corriger.
03:05Quand on fait des erreurs, il faut savoir les corriger. Nous, nous avons corrigé ces erreurs.
03:10Et aujourd'hui, si les Français sont appelés aux urnes, ils auront devant eux des candidats et un programme.
03:15— Alors en cas de présidentiel anticipé ou de présidentiel en 2027,
03:18est-ce que Bruno Retailleau est devenu un concurrent pour Marine Le Pen ?
03:22— Ah bah un concurrent, ça, c'est à LR qu'il faut poser d'abord la question.
03:26Je sais pas si LR veut investir Bruno Retailleau. Mais si derrière ça, vous êtes en train de dire
03:30est-ce qu'il y a un effet Retailleau, moi, vous savez, je me souviens de l'effet Zemmour, l'effet Pécresse...
03:35— L'effet Sarkozy en 2007.
03:37— Non mais ça, c'est un peu l'exception qui confirme la règle. Mais c'était plus qu'un effet Sarkozy.
03:41Il était positionné depuis bien plus longtemps. C'est pas venu par hasard et c'est pas un fait d'actualité.
03:47— Bruno Retailleau, c'est par hasard pour vous ?
03:49— Non mais c'est plutôt aujourd'hui... — Les circonstances ?
03:51— D'ailleurs, les circonstances, les conséquences d'une situation qui font qu'aujourd'hui,
03:54il préfère préparer une présidentielle qu'assumer pleinement sa mission de ministre de l'Agriculture.
04:00Ce que je comprends, parce qu'en réalité, Bruno Retailleau, ça fait 6 mois qu'il est là.
04:04Et en fait, les résultats commencent à peiner. On ne voit pas de résultat.
04:08Ça fait 6 mois que j'entends M. Retailleau.
04:10— Lui, il dit qu'il a des résultats. — Ah bon ? Lesquels ?
04:12— Sur l'immigration, hier. Sans rentrer dans les détails.
04:14— Les chiffres de l'immigration sont absolument épouvantables.
04:17Les chiffres que nous avons vus sur l'immigration battent tous les records.
04:20Alors si c'est ça, les résultats, M. Retailleau, sur l'aide médicale d'État, il a perdu les arbitrages, M. Retailleau.
04:27Sur la négociation, la renégociation... — Il y revient sur la ME.
04:30— On va voir. C'est pas dans le programme, en tous les cas.
04:32Sur la renégociation des accords avec l'Algérie, je n'entends plus rien.
04:36Sur la lutte contre la drogue, il y a maintenant des gens qui, dans sa majorité,
04:39puisqu'il est associé à la majorité Macron-socialiste, demandent la légalisation du cannabis.
04:44D'ailleurs, je vous ai amené quelque chose parce que Mme Lusset voulait contrôler les députés.
04:48Comme vous êtes le service public, je vous ai amené un autotest.
04:50Vous le donnerez à Mme Lusset et puis à sa rédaction.
04:53— J'ai cru que vous vouliez que je le fasse moi-même devant vous.
04:54— Si vous voulez le faire, ça vous regarde. Je vous en demande pas tant.
04:58Mais derrière ça, ce que je veux dire, c'est que la lutte contre la drogue, c'est quelque chose de sérieux.
05:01C'est pas des effets d'estrade.
05:03Et quand j'entends des députés de la majorité qui disent qu'ils veulent légaliser les drogues,
05:07en tous les cas un certain nombre de drogues, le hash voire la cocaïne,
05:10eh bien je pense qu'il y a péril en la demeure et que M. Retailleau devrait se consacrer à cela.
05:15— Alors pour revenir un petit peu en quelques instants sur les tests salivaires,
05:18puisqu'on va pas y passer non plus toute l'interview,
05:20est-ce que vous avez regardé le document d'Élise Lusset ?
05:24Parce qu'apparemment, quand on regarde plus précisément,
05:28on voit quand même que la plupart des députés se prêtent au jeu.
05:31— Non mais moi je l'ai regardé, mais si vous voulez, ce qui m'intéresse,
05:34c'est qu'on mène le combat sérieusement.
05:36— C'est pas sérieux ?
05:37— Non, c'est pas sérieux. Et si vous voulez, c'est pas Mme Lusset,
05:39elle n'est ni flic, ni juge, ni médecin, ni curé.
05:42Je sais pas si elle m'a proposé aussi des tests Covid ou des analyses d'urine à l'Assemblée nationale.
05:46Parce que je veux dire, c'est un combat à mener sérieusement, la lutte contre la drogue.
05:49J'attends de M. Retailleau qu'il mène ce combat,
05:52j'attends qu'il le mène dans toutes ses dimensions, y compris fiscale,
05:55y compris en matière de justice avec le garde des Sceaux,
05:57et pas simplement des effets d'estrade.
05:59— Pour revenir sur Bruno Retailleau,
06:01à force d'en faire une cible et d'en parler dans toutes les interviews,
06:04puisque tous vos camarades en parlent,
06:06ça fait pas un peu... vous faites mine d'être rassuré alors que vous ne l'êtes pas ?
06:11Il vient siphonner sur vos terres.
06:13— Non, en réalité il est sous la tutelle socialiste.
06:15Le problème, si vous voulez, c'est que moi j'aimerais qu'il y ait du résultat.
06:18J'aimerais que M. Retailleau nous démontre qu'on peut faire autrement.
06:21Parce que ça validerait ce que le Rassemblement national dit,
06:24on peut faire autrement sur ces questions-là.
06:25Il y a d'autres politiques à mener.
06:27Mais à partir du moment où il accepte de ne pas avoir tous les leviers en main,
06:30il n'ira pas au bout.
06:31Regardez sur l'expulsion de Doualème.
06:33C'est un amendement des Républicains au Sénat que présidait M. Retailleau
06:38qui permet que ce délinquant, en tous les cas, ne soit pas expulsé.
06:43Donc si vous voulez, c'est toujours pareil.
06:44Ce sont des gens qui parlent fort, ce sont des gens qui parlent haut,
06:47mais qui, une fois qu'ils sont au gouvernement, aux manettes, aux responsabilités,
06:51n'ont pas de résultat.
06:52Parce que la réalité, c'est qu'il n'y a que le Rassemblement national qui peut
06:55et qui veut lutter contre l'insécurité.
06:57Dans l'affaire Betaram, François Bayrou a répété,
07:00comme devant l'Assemblée nationale, mardi et mercredi,
07:03qu'il n'était pas au courant des accusations visant l'établissement
07:06où ont été scolarisés certains de ses enfants.
07:08Pour vous, il a menti, le Premier ministre ?
07:10Je n'en sais rien. Je ne sais pas si le Premier ministre a menti.
07:12Je ne suis pas Madame Soleil.
07:13Je pense d'abord aux victimes.
07:15J'ai entendu le Premier ministre se défendre,
07:18de façon assez peu convaincante à mes yeux.
07:20Mais je ne me réfère pas uniquement à Mediapart comme vecteur d'information.
07:25Je pense que le dossier est probablement très complexe.
07:28Je veux bien entendre ce que dit François Bayrou.
07:30Aujourd'hui, je ne suis pas très convaincu de ce qu'il raconte.
07:33S'il a menti, est-ce qu'il y aura des suites,
07:35comme l'a clamé Jean-Philippe Tanguy ce week-end ?
07:38Si le Premier ministre a menti sur une affaire pareille,
07:41s'il n'a pas dit à la représentation nationale la réalité des faits,
07:45oui, il y aura des suites.
07:46Et il sera sérieusement en difficulté pour continuer à mener son action.
07:49Est-ce qu'il faut une commission d'enquête parlementaire ?
07:51Je pense qu'il va falloir, oui, il va falloir se doter en tous les cas.
07:54Mais c'est difficile d'une commission d'enquête parlementaire
07:56parce que ces faits sont actuellement en justice.
07:59Il y a un procès, il y a une enquête qui se tient.
08:02Donc, avant même un procès, une enquête se tient.
08:05Et on ne met pas de commission, on n'ouvre pas de commission parlementaire
08:08lorsque une enquête est en cours.
08:10Donc, on va voir la suite.
08:11Aujourd'hui, j'aimerais que François Bayrou soit un peu plus convaincant.
08:14Mais pour l'instant, je ne connais pas le détail du dossier.
08:17C'est surtout l'enjeu de la protection de l'enfance dans notre pays
08:19qui, je trouve, est passé un peu à l'as ces dernières années.
08:21En quelques mots, très rapidement,
08:23il faut que députés et sénateurs s'expriment mercredi
08:25sur la nomination de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel.
08:27Est-ce que le Rassemblement national votera contre sa nomination ?
08:31On va voir ce que Richard Ferrand nous dit.
08:32Il va falloir qu'il soit convaincant.
08:33Moi, je pense que le Conseil constitutionnel
08:35ne s'est pas fait normalement pour recycler des hommes et des femmes politiques.
08:39Il va falloir qu'il nous démontre sa capacité à être indépendant, impartial, neutre.
08:43C'est tout l'intérêt d'ailleurs de cette audition.
08:45On se décidera après.
08:47On ne peut se décider qu'après avoir entendu l'impétrant.
08:50Merci beaucoup et bonne journée à tous.