Mardi 28 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Vincent Lequertier (resp. de l’Allocation d’Actifs, WeSave) , Evelyn Herrmann (Économiste Europe, Bank of America Global Research) et Julien Quistrebert (Gérant, Tailor Am)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Edwin Herrmann est avec nous, économiste Europe chez Bank of America Global Research.
00:17Bonsoir Evelyne.
00:18Bonjour.
00:19Julien Kistrebert nous accompagne également, gérant chez Taylor Asset Management.
00:22Bonsoir Julien.
00:23Bonsoir.
00:24Vincent Le Quartier est également avec nous ce soir.
00:25Bonsoir Vincent.
00:26Bonsoir Nicolas.
00:27Vincent Le Quartier est aussi le responsable de l'allocation d'actifs de WeSave.
00:29Merci à vous trois d'être là, ravi de vous retrouver.
00:32Vincent, quels sont les enseignements de la séance d'hier avec ce choc dipsyche effectivement
00:38qui est venu révéler peut-être certaines fragilités dans le thème d'investissement
00:42IA au sens où on l'entend, c'est-à-dire au sens anglo-saxon voire américain du terme
00:48aujourd'hui Vincent.
00:49Clairement, il y a des arbitrages extrêmement forts, des prises de bénéfices d'abord sur
00:53les trois thèmes principaux, c'est-à-dire la partie semi-conducteur, la partie serveur
00:58et la partie électricité.
01:00C'est les trois gros thèmes qui ont fait l'objet de prises de bénéfices extrêmement
01:03violentes.
01:04Ce qui est logique, c'était des titres qui avaient flambé.
01:08Pour moi, ce n'est pas forcément une grande surprise.
01:13La question, ce n'était pas de savoir si ça arriverait mais quand.
01:16Donc voilà, c'est arrivé, on a enfin trouvé une raison pour déclencher le mouvement.
01:23Ce que j'observe, c'est qu'en face de ça, on a des titres comme MetaApple qui montaient
01:28hier, qu'il y a énormément de sociétés d'édition de logiciels qui montaient hier,
01:36que le S&P 500 équipondéré a terminé epsilon positif hier.
01:42Autrement dit, lorsqu'on regarde les grands indices avec des pondérations extrêmement
01:47lourdes pour certaines sociétés très impliquées sur la partie intelligence artificielle ou
01:53effectivement, on a des prises de bénéfices et du coup des baisses des indices qui sont
01:58très fortes.
01:59Quand on regarde l'intégralité de la cote de façon équipondérée, on se rend compte
02:03qu'en réalité, le marché fait son travail et n'imagine pas que ça remette en cause
02:09la croissance économique du pays ou des choses comme ça.
02:12On est bel et bien sur un statu quo boursier pour la cote dans son ensemble.
02:18Et donc, les sanctions ont été assez chirurgicales, vous dites.
02:22Le marché a plutôt bien visé et ne s'est pas trompé sur les valeurs qui ont été
02:28sanctionnées hier ou qui ont subi des prises de bénéfices un peu appuyées.
02:31Je ne suis pas du tout spécialiste du sujet, mais j'ai l'impression que les titres qui
02:37avaient énormément monté ont baissé.
02:39Un certain nombre de retardataires ont pris le relais.
02:43On a une plus grande dispersion au sein de la tech des sociétés qui profiteraient potentiellement
02:51de cette nouvelle adoption d'une IA pas chère, puisqu'en fait, c'est ça le vrai sujet,
02:58c'est de se retrouver avec deux offres, une offre haut de gamme, une offre bas de gamme
03:02entre guillemets ou peu chère, beaucoup plus accessible pour l'intégralité des entreprises.
03:07Et du coup, si l'ensemble de l'économie peut adopter plus rapidement une IA pas chère,
03:16ça ne veut pas dire pour autant que le thème de l'IA soit remis en cause.
03:19Au contraire, j'ai tendance à dire que ça va peut-être éventuellement accélérer
03:23encore son adoption, avec potentiellement les gains de productivité qu'on peut y associer,
03:29avec énormément d'enjeux majeurs pour l'ensemble de nos économies.
03:34C'est ce que dit le patron d'un SAP aujourd'hui, par exemple, il publiait ses comptes, ses
03:38résultats, interrogé évidemment sur le phénomène DeepSeek.
03:41Pour lui, si le coût des modèles larges de langage, des LLM, baisse, en tant que fournisseur
03:48logiciel qui intègre de l'IA, c'est parfait, il est très content de ça.
03:54C'est l'arbitrage entre le prix et la quantité, c'est-à-dire qu'effectivement jusqu'à présent
03:58on était sur quelques sociétés qui bénéficiaient d'un prix extrêmement élevé et qui ramassaient
04:05la mise.
04:06Aujourd'hui, en baissant le prix, une partie beaucoup plus large des entreprises va pouvoir
04:11accéder à ça, et donc un volant plus large d'entreprises va aussi encaisser les avantages
04:17du développement de l'IA.
04:19Est-ce que, je ne sais pas, janvier 2025 restera une date importante comme octobre 2022 a été
04:25un moment important avec l'avènement aux yeux de tous de ChatGPT ? Julien, là on a
04:31un moment DeepSeek qui suggère qu'effectivement on a un phénomène de commoditisation, de
04:37banalisation peut-être, de ces modèles de langage, d'intelligence artificielle beaucoup
04:42plus rapide que ce qu'on pouvait imaginer, en tant que non-spécialiste j'entends.
04:46Bien sûr, il n'y a pas de rupture effectivement, comme le disait Vincent, sur la logique d'accélération
04:54de la pénétration de l'IA dans les entreprises, voire même ça va aller beaucoup plus vite
04:58effectivement.
04:59Je pense que ce qui a surprise c'est que tout le monde s'attendait peut-être plus
05:02à des ruptures au niveau des puces ou des concurrents qui seraient arrivés concurrencer
05:06NVIDIA, parce qu'on le sait tous, quand on a des marges aussi élevées, on se dit
05:10à un moment il y a d'autres acteurs qui vont arriver sur ce marché, et peut-être
05:13que la surprise finalement c'est dans le mode d'apprentissage où il y a eu une rupture,
05:17et là je pense qu'il n'y a pas grand monde qui s'attendait à ce genre d'informations,
05:22avec des facteurs de 1 à 10 en temps d'apprentissage, donc c'est quand même très significatif.
05:28Après sur la cohérence, oui c'est logique qu'NVIDIA soit entre autres un des premiers
05:33sanctionnés, puisque ça veut dire qu'on aura peut-être besoin d'un peu moins de
05:36puces, bon ceci dit il y a d'autres usages à venir, NVIDIA a beaucoup parlé en fin
05:41d'année dernière de la robotique qui allait arriver aussi, qui allait être un débouché.
05:45L'IA physique, c'est la nouvelle frontière pour Jensen Huang.
05:49Donc tout n'est pas terminé sur ce dossier, au contraire on est au début de l'histoire,
05:56maintenant effectivement les marges brutes à 95% d'NVIDIA, ce sera peut-être un peu
06:01plus difficile à maintenir, même si toutes les grandes entreprises américaines ont annoncé
06:06déjà leur plan de CAPEX, elles sont déjà dans les carnets de commandes, donc on peut
06:11imaginer que...
06:12On ne va pas tirer tout de suite un trait sur les plans de CAPEX 2025, qui vont s'élever
06:17à 300 milliards quasiment pour les 4-5 plus gros hyperscalers ?
06:20Tout à fait, donc là pour le coup je pense que voilà, mais effectivement puis après
06:24il y a un sujet de valorisation.
06:25Et donc si c'est le début de la commodisation des modèles de langage IA, c'est aussi le
06:30début de la normalisation pour une entreprise comme NVIDIA, du point de vue de la croissance,
06:35de la valorisation ?
06:36En tout cas ce qu'on voit c'est que sur les 7 magnifiques, l'écart de croissance
06:40par effet de base, de toute façon va être de moins en moins sympathique au fur et à
06:43mesure que les trimestres avancent, alors certes supérieur au reste de la cote, mais
06:47en tout cas il y a une normalisation, donc effectivement nous aussi on était plutôt
06:51partisans en tout cas sur la partie indicielle et tactique d'aller sur de l'équipondéré
06:55justement, parce que, on va en parler sûrement après, mais on sait que le plan de Donald
07:01Trump quand même est pour faire encore accélérer, en tout cas au moins soutenir l'économie
07:05au maximum, donc la partie industrielle pourrait sans doute un peu mieux s'en sortir.
07:10Et avec des niveaux de valorisation qui sont somme toute assez raisonnables aujourd'hui,
07:15donc pas d'inquiétudes spécifiques sur les marchés, c'est une correction saine.
07:19Voilà, maintenant effectivement dire aujourd'hui qu'il va y avoir des gros impacts sur l'activité
07:23des entreprises américaines, ça me semble un peu tôt, c'est la prime de risque qui
07:28remonte, c'est assez normal.
07:31Oui, on avait oublié que même des valeurs tech stars comme NVIDIA méritent parfois
07:35peut-être aussi une prime de risque, voilà, on dit un peu ça.
07:38C'est souvent la même histoire, vous avez plein de dossiers de ce type-là, un peu cycliques,
07:42il y a un super cycle à un moment, et puis les gens commencent à tirer une grande ligne
07:46droite en se disant « le super cycle va durer jusqu'au tulip ».
07:48C'est dingue, on le raconte à chaque fois, mais à chaque fois ça se reproduit quoi !
07:51On l'a eu tellement de fois, les voitures électriques, on l'a eu, enfin bref, on va
07:55pas refaire toute l'histoire.
07:56Jusqu'au tulip, oui.
07:57C'est quelque chose d'assez classique finalement.
08:00Jusqu'où ça peut mettre le Nasdaq en difficulté quand même, Vincent ? Quand on voit l'enthousiasme,
08:06la dose d'enthousiasme qu'il y a eu sur cette thématique, y compris pour le retail américain.
08:12On notait des données de marché hier nous apprenaient que dans la baisse de 15% de Nvidia,
08:18il y a eu des rachats massifs de la part des investisseurs particuliers.
08:22Peut-être des rachats historiques sur une journée venant des particuliers sur une seule
08:26valeur comme Nvidia.
08:28Quand on cumule la dose d'enthousiasme qui a porté le Nasdaq depuis deux ans maintenant,
08:34comment on réfléchit à quel type de difficulté il pourrait se présenter si jamais effectivement
08:40la correction ne s'arrêtait pas à celle du lundi 27 janvier ?
08:43Quand je regarde la régularité des chocs qu'on a eus sur la dernière décennie, il
08:48fallait tout le temps acheter.
08:49Dès qu'il y avait des baisses un peu profondes, il fallait acheter.
08:52Donc le retail a eu raison hier ? Je pense, je pense, je pense.
08:56Il faut se rappeler aussi qu'il y a une réserve de monétaire qui est colossale dans le monde.
09:01Ça tourne aux alentours de 7000 milliards de dollars, c'est-à-dire le PIB de l'Allemagne
09:08et du Japon en cumulé.
09:10Donc ça, c'est la réserve.
09:12Si vous êtes passé à côté des technos pendant une fois, deux fois, trois fois, la
09:19quatrième, quand on vous le serre sur un plateau, vous avez envie d'y aller.
09:23Et une fois encore, je ne pense pas que l'histoire de l'IA soit remise en cause par cet événement.
09:29C'est-à-dire que ça va modifier les bénéficiaires, mais le thème lui-même, la dynamique en tant
09:36que telle, pour moi, reste présente.
09:38Donc oui, ça nécessite des arbitrages, des rotations à l'intérieur des technos.
09:43Donc effectivement, il va falloir regarder un peu plus le stock picking ou faire de l'ecol
09:50weight.
09:51Comme ça, vous ne vous posez même plus la question de savoir comment vous allouez précisément
09:55les capitaux.
09:56Le temps que les spécialistes identifient qu'elles sont effectivement les bons gagnants,
10:03les perdants.
10:04Est-ce que l'histoire qui nous a été racontée hier, est-ce que tout est vrai ?
10:09Alors, ça, c'est des questions auxquelles on aura du mal à répondre, mais oui, ça
10:13fait partie quand même de l'équation.
10:15Il est probable que l'état chinois soit en partie derrière.
10:22Il est probable que le nombre de processeurs utilisés soit nettement supérieur, voire
10:28de qualité supérieure à ce qui est déclaré.
10:31Je ne suis pas certain que la performance énergétique soit aussi spectaculaire que
10:35ce qui est officiellement annoncé.
10:37On a du mal à savoir quel type de puces ou GPU ils ont pu utiliser.
10:40Ce qui est certain, c'est que c'est de l'open source, ce qui veut dire qu'il y a beaucoup
10:43de choses auxquelles le marché va avoir accès, auxquelles les spécialistes vont avoir accès.
10:48Et donc, on va pouvoir quand même juger de la qualité de la prestation du logiciel.
10:52Ah, mais il est déjà très bien classé.
10:54Mais pour l'avoir utilisé moi-même un petit peu, très sincèrement, c'est spectaculaire
10:59de voir la qualité du rendu.
11:01Je ne suis pas capable de faire la différence avec OpenAI, avec JATJTP ou avec Cloud.
11:10C'est un produit de très bonne qualité.
11:13Donc, pour répondre à votre question, est-ce que le Nasdaq va en souffrir beaucoup ?
11:18Quand bien même il baisserait d'une dizaine de pourcents, vous restez dans un canal absolument
11:22magnifique haussier et tous les développements à venir dans la défense, les énergies nouvelles,
11:30même si Trump n'aime pas le sujet, ça va continuer de se maintenir.
11:35Tous ces investissements qu'on va avoir, et ça m'étonnerait que Trump ait envie de
11:40casser l'avance technologique américaine vis-à-vis des Chinois ou des Européens.
11:45Là, ça va même le renforcer dans la volonté de ne pas lâcher la pole position.
11:50Il a dit que c'était un wake-up call, que c'était un signal d'alerte pour la tech américaine.
11:56Ça va plutôt encourager des nouveaux investissements dans la tech.
11:59Donc, moi, mon pressentiment, c'est que le Nasdaq, il a encore de beaux jours devant lui.
12:03Qu'est-ce que ça peut inspirer comme réflexion sur le plan macroéconomique si ça a lieu d'être ?
12:09J'ai vu une réaction parmi d'autres, d'Olivier Blanchard, par exemple, sur les réseaux sociaux,
12:15qui, de manière très claire, estiment que DeepSeek est peut-être un choc positif de
12:21productivité totale des facteurs historiques dans l'histoire.
12:25Alors ça, c'est le langage d'Olivier Blanchard, d'un économiste, mais il y a quand même
12:31l'idée que ça peut aussi accélérer beaucoup de choses, peut-être sur le plan macroéconomique,
12:35mais en tout cas, des choses qui peuvent avoir des conséquences sur le plan macroéconomique.
12:39Je ne vais pas contredire Olivier Blanchard, mais je pense que déjà, on commence juste à regarder.
12:47Du coup, à très court terme, un des phénomènes qu'on nous pose là, court terme, c'est
12:52quel est l'impact de l'effet de richesse sur le consommateur américain.
12:56Puisque alors que vous êtes tous très optimistes, on n'est peut-être pas tous effectivement équipondérés.
13:03Donc du coup, il peut y avoir un effet de richesse à court terme sur le consommateur américain
13:08qui peut peut-être faire un peu peur.
13:10Ça, mes collègues américains restent relativement convaincus que le consommateur est quand même résilient,
13:16qu'on a des bilans de consommateurs qui sont relativement robustes et qui devraient être capables,
13:22dans leur intégralité, de gérer ce genre de réajustement.
13:26Voilà. Donc du coup, ça, c'est le risque à court terme.
13:29L'effet richesse, le risque.
13:31Nvidia étant une des valeurs sans doute les plus détenues par les particuliers américains.
13:35On a eu Tesla à un moment, Apple historiquement, bien sûr.
13:38Oui. Donc du coup, ça, c'est un risque peut-être plus à court terme.
13:42Après, à moyen terme, le sujet AI, c'est un qui est avec nous depuis un bout de temps.
13:49Effectivement, si vraiment les gains sont tellement importants par cette nouvelle offre,
13:55peut-être les choses vont s'accélérer.
13:57La chose peut-être qui est intéressante à réfléchir, c'est que si c'est tellement plus bon marché,
14:06le facteur inflationniste, dans certains inflationnistes continuent à parler de cette innovation,
14:13va encore diminuer, même à court terme.
14:16Donc du coup, ça peut peut-être un peu prendre de la pression dans cette histoire de
14:24tout est toujours pour l'éternité plus inflationniste que ce qu'on a connu.
14:29Ça rééquilibre un peu la conversation au sein des banques centrales.
14:33Au moins, ça pourrait le provoquer.
14:35Après, tout est une question de à quel point c'est rapide.
14:37Après, il y a aussi la question de à quel point on peut redistribuer la richesse créée
14:42avec les gains de productivité au sein de la population,
14:46puisqu'on est très au courant que les chocs inégals peuvent peser sur la croissance.
14:50Il y a plein de questions qui se posent autour du sujet du AI, du IA.
14:53Oui, oui, vous pouvez dire AI aussi.
14:55C'est les onglicismes qui reviennent.
14:57Je pense qu'on est tout juste au début, mais a priori, si toute cette transition se fait
15:03plus rapidement et à un coût inférieur par rapport à ce qu'on a pensé avant,
15:07et c'est que le deuxième jour qu'on discute ça pour de vrai,
15:09il y a plein de questions qui viennent avec,
15:11l'histoire inflationniste, elle est peut-être moins puissante.
15:16Elle est peut-être moins importante que ce qu'on peut imaginer.
15:20Si on reste encore un peu sur le sujet IA,
15:22comment on aborde l'investissement en IA, justement,
15:25partant des informations qu'on a pu recevoir jusqu'à aujourd'hui, Julien ?
15:32C'est une bonne question.
15:34Non, plus sérieusement, dans notre cas, nous, dans les allocations,
15:39on n'était pas très exposés à la tech pour des questions de valorisation,
15:43tout simplement, et pas forcément parce qu'on n'y croyait pas sur les perspectives,
15:48c'était plus une notion de gestion de risque.
15:54On n'avait pas la réponse, mais on trouvait que sur ces niveaux de valo,
15:56en moyenne, c'était plutôt un peu tendu.
16:00La question, c'est plutôt quand est-ce qu'on revient, en tout cas de notre côté.
16:06Je pense qu'effectivement, on n'a pas suffisamment d'informations
16:09à ce stade pour être catégorique,
16:12mais on voit des sociétés qui ont quand même beaucoup baissé.
16:16Pour le coup, je ne sais pas si ça a toujours été chirurgical,
16:18on parlait de Siemens Energy tout à l'heure,
16:20qui a répondu, pourquoi elle a perdu 20% sur cette news,
16:24ça me paraît un peu décorrélé de l'histoire de Siemens Energy,
16:30en tout cas moins 20%, c'était un peu certainement excessif.
16:33Et puis, il y a des dossiers qui ont bien souffert aussi,
16:38peut-être de manière excessive, comme Schneider Electric,
16:41même s'ils sont exposés, il n'y a pas de débat,
16:43mais c'était quand même assez violent et assez fort.
16:46Donc voilà, il y a peut-être des choses de ce type-là à regarder.
16:49DASML, ils ont leurs problèmes propres par rapport aux exportations en Chine.
16:54– Ça a bien glissé ASML, quand même depuis l'an dernier.
16:57– Exactement, elle avait repris un peu de souffle,
17:00et puis là, sur ces news, elle a fortement baissé.
17:03Après, ça ne veut pas dire qu'on ne va pas avoir besoin de semi-conducteurs,
17:06encore une fois, juste…
17:08Et ils n'étaient pas dans une logique aussi forte de super profit,
17:11c'était quand même des cycles très longs de carnet de commandes.
17:14Après, il y a une telle granularité sur les ventes
17:17qu'effectivement, la publication va être à surveiller,
17:19et ce n'est qu'à une machine près…
17:21– Oui, ça change d'eau, la couleur des comptes, oui, ça c'est sûr.
17:25– Exactement, ça peut être assez volatile.
17:27Mais voilà, donc effectivement, peut-être un peu de prudence
17:31sur des Nvidia, des Broadcom.
17:34Pour le reste, je pense que, d'une manière générale,
17:37l'histoire, elle est toujours là,
17:39et on n'a pas d'inquiétudes majeures à ce stade.
17:43– Dans le jeu relatif des marchés, Julien,
17:47est-ce que plus d'interrogations ou plus de volatilité
17:51sur le thème IA, infrastructure,
17:54est-ce que ça peut amener les investisseurs globaux
17:58à regarder à nouveau d'autres zones géographiques, d'autres thèmes ?
18:03– D'autres zones, je ne sais pas, je pense que tout le monde
18:05est plutôt, en moyenne en tout cas, surpondéré sur les États-Unis
18:09parce que c'est une évidence, voilà.
18:13– Parce que ça a bien fait ?
18:14– Voilà, et puis…
18:15– Est-ce que c'est une bonne raison ou pas ?
18:17– Pas toujours, mais parfois oui, non, mais plus sérieusement,
18:20en tout cas sur la partie industrie ou secteur bancaire aux États-Unis,
18:24globalement, pas d'inquiétudes à avoir, plus de libéralisme,
18:28des déficits budgétaires importants pour soutenir les projets NAFRA, etc.
18:33Donc globalement, pas de grosses inquiétudes là-dessus.
18:36Sur l'Europe, je dirais que ça va dépendre beaucoup
18:39de la publication de LVMH, déjà, à court terme.
18:43Donc on a eu la publication, c'est vrai, de Richemont qui était très bonne,
18:46notamment aux États-Unis et en Europe, plus difficile en Chine,
18:50enfin toujours difficile en Chine, mais la joaillerie quand même,
18:54enfin les montres, c'est un marché un petit peu spécifique,
18:58donc on va voir à LVMH que ça donne.
19:00Effectivement, si LVMH, vu que ça a déjà rebondi,
19:04post-publication aussi de Bruno Cuccinelli, etc.,
19:06on peut avoir un peu de prise de profit,
19:08et là on va se dire, ah bon, finalement, l'Europe,
19:10ça reste quand même compliqué, mais en valeur relative,
19:14oui, l'Europe est intéressante, et la bonne question,
19:17c'est quel va être le catalyseur, parce qu'un actif pas cher,
19:20ça n'a jamais fait performance, malheureusement.
19:22Ça ne donne pas le timing, oui.
19:23Donc il faut savoir ce qui se passe.
19:25C'est vrai qu'on a des faits de base un peu plus sympathiques
19:27en termes de croissance, un peu de fantasme sur les élections allemandes,
19:31on verra ce qui se passe.
19:32Oui, mais il y a plein de catalyseurs potentiels devant nous.
19:37Et puis l'espérance que la Chine fasse un plan de relance
19:40un peu plus massif à un moment,
19:42parce que les entreprises européennes sont quand même très internationales.
19:45Donc voilà, j'ai l'impression qu'il y a quand même eu
19:49un peu de rebalancement sur l'Europe ces dernières semaines,
19:51on le voit sur la perf relative, d'ailleurs, même avant cet événement,
19:54et je pense que les 7 magnifiques vont un peu moins performer,
19:57donc je serais plutôt d'avis d'aller chercher un peu
20:01d'autres thématiques, en tout cas sur la zone américaine.
20:03Rapidement là-dessus, Vincent, c'est un mouvement de rebalancement
20:06qui peut voir le jour quand même.
20:08Est-ce qu'on coche au fur et à mesure toutes les bonnes cases,
20:11en tout cas pour se mettre en position de voir des rebalancements
20:15vers d'autres zones que les Etats-Unis ?
20:17Le début d'année est toujours celui où il y a le plus de chances
20:20pour les retardataires.
20:22Puisqu'en fait, vous avez l'année devant vous,
20:24si vous vous êtes une fois encore trompé à réinvestir,
20:27à retenter un coup sur les small cap, sur l'Europe, sur la Chine,
20:31ou je ne sais quoi, sur tous les retardataires.
20:33Si vous retentez un coup, c'est probablement en début d'année,
20:37parce que si le coup finalement échoue une fois encore,
20:42vous avez le reste de l'année pour essayer de vous rattraper.
20:44Donc je pense qu'en timing, ce n'est pas vraiment étonnant
20:47de voir que l'Europe se rattrape un petit peu.
20:50Évidemment, la proximité de l'élection en Allemagne
20:54donne un petit peu de timing additionnel pour ça.
20:59Mon impression, c'est que de toute façon,
21:03les investisseurs, que ce soit des institutionnels
21:05ou des particuliers, resteront plutôt sur des grandes capitalisations
21:09et privilégieront en priorité,
21:11une fois que vous avez éclusé vos investissements aux Etats-Unis,
21:15qu'éventuellement vous faites des mini arbitrages
21:17à l'intérieur des Etats-Unis.
21:19Si vous voulez disperser un petit peu plus votre allocation,
21:23vous allez privilégier les grandes capitalisations
21:25plutôt occidentales, donc le Japon, l'Europe.
21:28Et la dernière roue du carrosse,
21:30ce sera les émergents et les small-cap.
21:32Je pense que c'est ça la logique
21:34de redispersion des capitaux.
21:36Donc il y a une séquence, quoi.
21:38Dans la mesure où le cycle économique,
21:40pour le moment, est stable à plus,
21:44il n'y a surtout pas de raison
21:46de ne pas aller vers l'étranger.
21:48Donc l'Europe, normalement,
21:50en devra avoir un tout petit peu plus de croissance
21:52cette année que l'année dernière.
21:54Pourquoi ne pas revenir un petit peu sur cette zone
21:56avec un peu de chance, les entreprises
21:58pourraient faire du x2 ou x3
22:00par rapport à la croissance de bénéfices.
22:02Parlons justement de la croissance européenne
22:04pour cette année.
22:06Qu'est-ce qui va construire, façonner
22:08la croissance en zone euro,
22:10notamment, ou en Europe,
22:12au sens large, cette année ?
22:14Et puis on en viendra évidemment
22:16à la manière dont la Banque Centrale Européenne
22:18pourra soutenir cette croissance.
22:20On a une toute petite amélioration
22:22dans la croissance européenne
22:24comme scénario de base.
22:26On parle de 0,7 l'année dernière,
22:280,9 cette année, c'est quand même pas
22:30exorbitant.
22:32Les facteurs principaux, là derrière,
22:34c'est quand même les gains de pouvoir d'achat.
22:36Aujourd'hui, la croissance des salaires
22:38réels est assez importante en zone euro
22:40et dans les économies individuelles.
22:42Donc ça devrait aider.
22:44Pour l'instant,
22:46ça a surtout remonté
22:48ou résulté dans une remontée
22:50des taux d'épargne.
22:52On espère vraiment que c'est juste
22:54un effet tardif,
22:56que là, la consommation va reprendre
22:58un tout petit peu.
23:00Et après, il y a le phénomène
23:02de la politique monétaire
23:04qui est en train de réduire
23:06le niveau de restrictions
23:08appliquées à l'économie.
23:10Et on pense effectivement
23:12que la baisse va aller très loin.
23:14On pense qu'il va baisser des taux
23:16à 1,5 sur le taux de dépôt d'ici septembre,
23:18ce qui n'est pas un niveau
23:20plus restrictif qu'avant.
23:22Ça devrait aider un peu
23:24la croissance d'investissement.
23:26Ça, c'est le scénario de base.
23:28Après, je pense que pour vraiment
23:30repenser la politique budgétaire
23:32allemande pour 2025,
23:34l'année est trop avancée.
23:36Il faudrait plutôt repenser
23:38un stimulus à court terme
23:40parce que l'économie est vraiment
23:42très proche d'une dynamique
23:44de récession plus intense
23:46que ce qu'on a connu
23:48Après, il y a beaucoup
23:50de risques
23:52à la baisse, en fait,
23:54aujourd'hui.
23:56Tout ce qui est guerre commerciale,
23:58on n'a pas besoin de voir
24:00des augmentations des tarifs.
24:02L'impact d'incertitude
24:04est suffisant pour significativement
24:06dégrader les perspectives
24:08de croissance dans une économie
24:10exportatrice en zone euro.
24:12Et on a vu ça. On prépare un petit
24:14indicateur d'incertitude.
24:16Il a augmenté de façon significative
24:18pile au moment du résultat
24:20de l'élection américaine.
24:22Après, il s'est recourgi un peu
24:24vers la baisse et là, depuis la semaine
24:26dernière, c'est remonté.
24:28On n'a pas besoin vraiment d'une augmentation.
24:30On a juste besoin de ce niveau
24:32d'incertitude qui peut peser
24:34sur l'investissement.
24:36Il y a aussi le phénomène prix énergétique.
24:38Ils ont quand même augmenté de presque 10%
24:40par rapport à fin novembre.
24:42Ça pèse sur le pouvoir d'achat.
24:44Pour l'instant, ça se tient un peu à la marge.
24:46Mais ça commence à s'accumuler.
24:48Et il y a l'impact de l'effet
24:50contagiant du repricing
24:52côté américain. On a une courbe
24:54de taux réels aujourd'hui en zone euro
24:56qui est 30 points de base à peu près
24:58supérieur à ce qu'on avait dans les scénarios
25:00de fin novembre au début décembre.
25:02Ça commence à s'accumuler.
25:04Oui, il y a certaines raisons
25:06pour peut-être être optimiste
25:08sur les actions sur les marchés
25:10européennes. Mais côté
25:12croissance...
25:14Comment est-ce que vous voyez
25:16le marché du travail ou les marchés du travail
25:18se comporter dans cet environnement
25:20de médiocrité que vous
25:22décrivez pour l'Europe ?
25:24Je pense
25:26qu'on a discuté dans le passé. Il y a probablement
25:28beaucoup de rétention d'emplois en zone euro
25:30et la
25:32motivation de continuer ça
25:34ou la capacité financière des entreprises
25:36de continuer ça vient un peu à son échéance.
25:38On voit en Allemagne, le secteur
25:40privé est en train de détruire
25:42des emplois. C'est en cours
25:44depuis le deuxième trimestre l'année dernière.
25:46En France, on est à peu près à zéro
25:48en termes de dynamique. Le T4
25:50est peut-être un peu particulier parce qu'il y a
25:52des JO qui... Oui, il y a eu un contre-coup des JO.
25:54Voilà, c'est ça.
25:56Un peu d'incertitude politique.
25:58Mais pour l'instant, on ne parle
26:00même pas d'un environnement de récession
26:02en France. C'est au contraire de l'Allemagne.
26:04Donc du coup, la dynamique
26:06de marché d'emploi, elle est en train de se dégrader
26:08très rapidement dans les pays
26:10core de la zone euro, et notamment
26:12en Allemagne. Et je pense que ça se reflète
26:14aussi dans la dynamique salariale.
26:16Dans le Indeed Wage Tracker, on a des retours
26:18à 3%.
26:20Plus un peu, mais bon, ça se joue à très peu.
26:22Quand on regarde les négociations
26:24salariales, ce que ça donne
26:26dans l'avenir, pour la deuxième moitié de 2025,
26:28dans le joli graphique
26:30préparé par la BCE,
26:32on est de retour à 1,5%
26:34dans ce qui est négocié aujourd'hui.
26:36Certes,
26:38les négociations actuelles pour l'année en cours
26:40ont tendance à être un peu plus fortes que les négociations
26:42pour la deuxième hausse dans l'année future,
26:44mais 1,5% en point de départ,
26:46c'est quand même du lourd. C'est de la croissance
26:48réelle, proche de zéro.
26:50Oui, c'est ça.
26:52C'est très très compatible avec
26:54des baisses de taux, ce que vous dites.
26:56Le marché d'emploi, il dit quand même aujourd'hui
26:58alerte, fragilité, notamment
27:00dans les pays core. Les pays périphériques
27:02ont l'air plus résistants encore.
27:04C'est vrai, mais
27:06dans les pays core qui font quand même 50%
27:08de la zone euro, ça a l'air
27:10très fragile, ce qui rajoute
27:12un élément de motifs
27:14d'épargne par précaution par les consommateurs.
27:16On peut mettre à risque cette reprise
27:18de la consommation. Tout est
27:20compliqué en ce moment.
27:22Sur l'emploi,
27:24effectivement, c'est par
27:26la question de l'emploi que la BCE
27:28va aller
27:30chercher peut-être
27:32à 1,5%
27:34de taux de dépôt au cours de cette année.
27:36Parce qu'évidemment, ce n'est pas ce qu'ils annoncent
27:38aujourd'hui. On est encore prudent.
27:40On va vers le taux neutre
27:42progressivement, pas à pas.
27:44Mais je comprends de votre cerveau
27:46et depuis un moment, Evelyne, qu'il y a un moment
27:48où il y aura une forme de bascule. En tout cas,
27:50une BCE qui sera en capacité
27:52d'accélérer, même peut-être, ou de signaler
27:54son intention d'aller beaucoup
27:56plus bas, peut-être que sous les 2%.
27:58Et c'est par l'emploi que l'argument viendra ?
28:00Non, c'est vraiment l'intégralité.
28:02C'est la désinflation qui
28:04commence à vraiment se montrer aussi dans la
28:06séquence de prix
28:08mensuel. On voit
28:10que ça baisse dans les perspectives de salaire.
28:12Après, si vraiment on a
28:14un développement particulièrement négatif qui
28:16devrait se matérialiser, donc une croissance
28:18qui ne vraiment n'augmente pas, qui
28:20s'écroule même, ça peut accélérer la BCE.
28:22Dans ce cas-là, je ne pense pas qu'on parle de
28:241,5% pour son taux
28:26terminal, mais plus bas.
28:28En même temps, le niveau
28:30de la discussion autour du taux neutre,
28:32elle est endogène. Je pense que le plus qu'on s'approche
28:34de ce taux neutre, le plus qu'on vient peut-être
28:36à la conclusion que
28:38peut-être le taux neutre en zone euro
28:40n'a pas augmenté par rapport à 2019.
28:42Du coup, c'est une procédure très graduelle.
28:44Stimuler
28:46l'économie, c'est encore autre chose.
28:481,5%, je pense que ce n'est pas du stimulus.
28:50Très intéressant.
28:52Quel est le niveau
28:54d'espoir qu'on peut avoir
28:56vis-à-vis des élections allemandes,
28:58Evelyne ?
29:00Quelle est la force du signal qu'on peut envisager ?
29:02Déjà, il faut anticiper
29:04une forme de résultat, de coalition.
29:06Combien de temps ça peut prendre,
29:08d'ailleurs, dans le schéma actuel ?
29:10De mémoire,
29:12deux mois, c'est bien pour une coalition
29:14en Allemagne, mais ça peut être plus long.
29:16Est-ce qu'on est dans un schéma où ça pourrait
29:18être plus long qu'une paire de mois,
29:20Evelyne ? Et puis, partant déjà
29:22de toutes ces hypothèses, quelle peut être la force
29:24du signal qui serait envoyé
29:26par un nouveau gouvernement allemand ?
29:28Je pense que l'espoir, il est certainement là.
29:30C'est un peu le moment
29:32pour revisiter tout ça.
29:34Après, effectivement, la question
29:36dominante aujourd'hui,
29:38pour moi, c'est
29:40quelle est l'échéance ?
29:42On a l'élection le 23 février,
29:44on saura a priori s'il y a une majorité
29:46de deux tiers dans le Parlement parmi
29:48les partis conventionnels.
29:50Après, il faut négocier une coalition
29:52le plus rapide qu'on a vu dans le passé.
29:54C'est un mois le plus long, c'est six mois.
29:56Je pense que vu les urgences, on serait peut-être plus
29:58sur une trajectoire plus rapide, mais
30:00quand même un mois. Après, il faut,
30:02comme en France,
30:04préparer le budget
30:062025, parce qu'on n'en a pas.
30:08Ça prend jusqu'aux
30:10vacances d'été, jusqu'à ce que même la
30:12Bavière, typiquement les dernières à revenir des vacances
30:14d'été, on est mi-septembre, et après on peut
30:16commencer à parler
30:18du moyen terme, et juste commencer.
30:20Du coup, il faut vraiment
30:22être super optimiste pour croire que
30:24tout est en place pour 2026.
30:26À la limite, j'ai
30:28mes doutes, donc c'est ça.
30:30Dès qu'il y a un signal
30:32pour les marchés et qu'il y a espoir, je pense
30:34qu'il y a les réactions de marché, il y sera.
30:36Sauf qu'à court terme, s'il faut attendre
30:38un an, deux ans, jusqu'à ce que ça se
30:40matérialisera,
30:42on a des conditions de financement plus restrictives,
30:44toutes les fragilités
30:46au cycle, donc la longévité
30:48de cette réaction de marché, j'aurais mes doutes.
30:50L'espoir, il y est.
30:52Oui, oui, c'est pour ça.
30:54L'espoir ne fait pas une stratégie, comme on dit.
30:56C'est pour ça que je voulais bien mesurer
30:58les choses avec vous et avoir votre vision
31:00de cette séquence allemande. Il y a une séquence
31:02incompressible
31:04qui va évidemment
31:06s'installer à partir du résultat
31:08des élections. Un point hyper intéressant
31:10sur les tarifs,
31:12la simple menace de tarifs
31:14génère une incertitude qui est
31:16déjà une forme de sanction.
31:20Comment on évalue ça
31:22et comment vous regardez la conversation
31:24qu'il peut y avoir aux Etats-Unis sur
31:26la bonne formule à trouver, puisque c'est quand même
31:28ça le sujet. Quelle forme est-ce que tout ça
31:30va prendre ? Alors bon, on a vu, il y a
31:32l'exemple colombien où ça peut aller
31:34très très vite et Donald Trump
31:36finalement résiste à l'idée de taxer
31:38le consommateur américain de 25 ou
31:4050% parce que la Colombie
31:42a tout de suite accédé à
31:44ses demandes.
31:46Il y a un sujet plus global évidemment avec des partenaires
31:48comme le Canada et le Mexique, avec
31:50l'Europe. L'idée de Scott Besson
31:52qui défendait encore devant le Sénat lors de son
31:54audition de confirmation cette semaine, c'est
31:56quelque chose d'assez universel mais progressif.
31:58C'est-à-dire qu'on va
32:00pas à pas 2,5% chaque
32:02mois et on augmente comme ça
32:04la pression au fur et à mesure avec
32:06j'imagine un jeu de négociation qui permet
32:08à chacun de
32:10rester dans le radar ou d'en
32:12sortir. Qu'est-ce qu'il y a de pire
32:14pour les marchés entre l'idée de mettre 20%
32:16tout de suite, 25% tout de suite pour
32:18le Canada ou le Mexique ou l'idée
32:20d'une espèce de supplice un peu lent
32:22comme ça mois après mois ?
32:24Je pense que le progressif déjà c'est
32:26la méthode la plus raisonnable ne serait-ce
32:28que pour les Etats-Unis aussi.
32:30Il ne faut pas surestimer l'impact
32:32inflationniste pour les Etats-Unis
32:34de ces droits de douane mais quand même
32:36ils sont déjà dans une situation où il y a une
32:38inflation élevée, ils veulent faire des dépenses
32:40budgétaires importantes, réduire
32:42la population en
32:44capacité de travailler. Si on rajoute
32:46ça en plus, bon, ça commence à faire beaucoup
32:48d'où les scénarios les plus
32:50agressifs où on était même
32:52plus sur une baisse de taux
32:54ou zéro mais voire même des hausses de taux
32:56de la part de certains économistes
32:58donc je pense que du point de vue
33:00américain en tout cas l'approche progressive
33:02est la plus importante
33:04sachant qu'en plus Donald Trump a été élu
33:06notamment sur ce sujet de l'inflation et du pouvoir
33:08d'achat donc ce serait un petit peu
33:10un petit peu antinomique pour lui à mon sens
33:12en tout cas d'être trop agressif là-dessus.
33:14Du côté européen,
33:16c'est déjà dans les cours, on le voit, il suffit de garder
33:18les primes de risque actions Europe
33:20aujourd'hui. Alors certes
33:22il n'y a pas beaucoup de croissance
33:24sur la zone mais pour ça ce n'est pas antinomique
33:26ce qu'on disait finalement,
33:28on ne dit pas d'aller sur les small cap européennes
33:30finalement ça reste compliqué
33:32mais si vous regardez les grandes valeurs
33:34européennes qui sont très
33:36internationales par définition en termes d'activité
33:38elles typiquement
33:40elles ont quand même une des cotes
33:42du fait d'être localisées
33:44en Europe et
33:46elles bénéficieront aussi de la relance
33:48américaine, modulo évidemment les droits de douane
33:50mais sur certains segments
33:52ils ne pourront pas s'en passer de toute façon.
33:54C'est peut-être 30% du chiffre d'affaires de l'Eurostoc
33:56qui est réalisé aux Etats-Unis
33:5860% hors Europe
34:00et dont
34:0230% aux Etats-Unis.
34:04C'est un sujet assez classique
34:06mais acheter des actions européennes
34:08ce n'est pas forcément acheter
34:10l'économie européenne.
34:12C'est un point qu'il faut redire
34:14et remarteler puisque c'est deux sujets différents.
34:16Globalement les actions européennes
34:18c'est déjà dans les cours
34:20je pense que si on part sur un schéma
34:22plutôt même de supplice
34:24c'est moi qui le dis
34:26je pense que
34:28ça va rassurer les investisseurs
34:30parce qu'au final tout le monde a intérêt
34:32à trouver des solutions
34:34l'Europe est quand même un partenaire
34:36assez significatif pour les Etats-Unis
34:38et puis globalement
34:40acheter du gaz américain ou du gaz
34:42qui vient d'ailleurs
34:44est-ce que ça change réellement notre vie ?
34:46Pas vraiment.
34:48L'euro a un peu baissé
34:50alors pas sur les dernières semaines
34:52mais depuis le mois de septembre où on a commencé
34:54à pricer l'arrivée de Trump
34:56on partait de quasiment un 12.
34:58Il y a un peu aussi dans l'euro
35:00de la dépréciation de l'euro
35:02Après je pense que ça pour le coup c'est pas fini
35:04parce que vu la différence, l'Europe
35:06vu les taux réels que l'on a, vu la croissance que l'on a
35:08effectivement on devrait être beaucoup plus bas
35:10modulo ce sujet monétaire
35:12et les impacts d'inflation importée
35:14que ça peut avoir
35:16je pense sur la devise
35:18malheureusement c'est pas terminé
35:20et puis si je suis un peu cynique c'est peut-être
35:22une des seules façons de faire des gains de productivité
35:24en tout cas pour l'export en Europe
35:26C'est l'euro, c'est la politique des prix
35:28C'est la politique des pays d'Europe du Sud
35:30et finalement
35:32c'est peut-être ça qu'il faut faire
35:34Aujourd'hui ils s'en sortent mieux que nous
35:36effectivement Espagne et Italie
35:38restent dans une dynamique supérieure
35:40à celle de la France ou de l'Allemagne
35:42sur la question des droits de douane
35:44sans qu'ils tâtonnent pour trouver la bonne formule
35:46Il n'y a rien d'évident
35:48Je pense que de toute façon
35:50pour éviter de
35:52pénaliser le consommateur américain
35:54il vaut mieux le faire de façon très graduelle
35:56tester les conséquences
35:58et ajuster ensuite
36:00le niveau
36:02où on finit par s'arrêter
36:04C'est une dose d'incertitude pour tout le monde
36:06qui peut être mortifère quand même
36:08On ne sait pas à quelle sauce on sera
36:10mangé le mois prochain
36:12Je pense que la deuxième chose c'est que c'est une
36:14façon de négocier aussi
36:16vis-à-vis de l'extérieur
36:18où le taux va s'arrêter
36:20donc je pense que c'est aussi
36:22une bonne manière pour les américains
36:24de maintenir la pression
36:26tout en encaissant progressivement un chèque
36:28L'air de rien, s'il y a déjà 2,5%
36:30de surtaxes
36:32c'est toujours ça qui rentre dans les comptes de l'Etat
36:34Donc non, je pense que
36:36la méthode graduelle est avec
36:38une différenciation par pays
36:40ou par secteur d'activité
36:42Je pense que c'est à ça qu'on finira par arriver
36:44Vous avez été gentil
36:46On va s'arrêter à 10
36:48Vous avez été méchant, on va remonter à 30
36:50Je pense que
36:52L'affaire colombienne
36:54pour moi
36:56elle est
36:58très importante à observer
37:00c'est-à-dire qu'on est prêt
37:02à fusiller
37:04les relations avec un pays du jour au lendemain
37:06et ça c'est une magnifique
37:08forme de menace pour les autres
37:10Pour un petit pays
37:12avec des relations
37:14qui étaient très faibles
37:16vis-à-vis des Etats-Unis
37:18l'impact pour les Etats-Unis était très faible
37:20ils pouvaient prendre ce risque
37:22sans aucune difficulté
37:24et derrière faire passer le message aux autres pays
37:26regarder comment vous serez traités
37:28si vous ne comprenez pas les messages qu'on vous envoie
37:30D'ailleurs c'est la stratégie qu'ils veulent mener en Europe
37:32parce qu'ils essayent plutôt de faire des négociations bilatérales
37:34plutôt que de négocier avec la culture
37:36Oui, ça l'Europe
37:38comment ils nous disaient
37:40je ne sais plus comment ils nous décrivaient l'Europe
37:42un petit club
37:44en fonction des formules de tarifs douaniers
37:46les impacts peuvent être différents
37:48très différents les impacts économiques
37:50Evelyne
37:52si on met des tarifs universels mais progressifs
37:54ou si on cible
37:56des secteurs ou des pays
37:58avec des niveaux de tarifs additionnels qui peuvent être élevés
38:00ça donne des résultats économiques différents
38:02à l'arrivée ?
38:04Oui
38:06il y a tellement de permutations
38:08que je ne saurais pas
38:10c'est l'effet
38:12de l'équilibre général
38:14on a vu qu'est-ce qui se passe
38:16on a vu la complexité de ce sujet
38:18en 2018-2019
38:20parce que les prix du steel
38:22de l'acier
38:24ont augmenté à cause des tarifs
38:26que les prix des soja
38:28n'ont pas baissé
38:30parce qu'il y avait de la rétaliation
38:32et donc au total l'impact inflationniste
38:34n'était pas du tout évident
38:36y compris sur l'économie
38:38donc c'est très complexe d'élaborer l'impact
38:40mais encore une fois cette approche graduelle
38:42ça fait partie de notre scénario
38:44Vous retenez l'idée gradualiste ?
38:46C'était notre scénario de base
38:48avant
38:50donc pour l'Europe
38:52un doublement des tarifs
38:54pour l'Europe de 1,5% en moyenne
38:56à 3% en point terminal
38:58à partir du deuxième trimestre
39:00mais encore une fois
39:02rien de tout ça empêche
39:04l'impact de l'incertitude
39:06il peut y avoir un impact de frontloading
39:08donc quand on sait qu'il y a un risque que les tarifs seront
39:10plus élevés le mois prochain
39:12on fait plus rapidement
39:14donc ça peut créer une illusion
39:16une force économique un peu extra
39:18mais une fois que
39:20il peut y avoir un effet
39:22de rattrapage après
39:24l'ajustement après
39:26qui peut être assez important
39:28donc ça sera très difficile à naviguer
39:30je pense d'un point de vue prévision
39:32et d'un point de vue impact
39:34mais l'impact incertitude c'est peut-être
39:36le facteur qu'on peut plus prévoir
39:38là-dedans et plus mesurer
39:40c'est ça la vraie menace
39:42Trump c'est l'incertitude qu'il génère
39:44par contre le gradualisme je pense que ça permet
39:46beaucoup plus aux entreprises de s'adapter
39:48à ce qui est en train
39:50de se produire
39:52j'ai entendu des patrons dire
39:54quitte à aller jusqu'à 10 ou 15%
39:56je préfère qu'on me l'indique dès le départ
39:58qu'on me dise ce sera 15 à partir du 1er février
40:00et là on s'adapte
40:02si c'est chaque mois sans savoir
40:04si le mois d'après ça va être doublé
40:06augmenté encore ou pas
40:08de toute façon le 1er février ça arrive bientôt
40:10c'est une des dates
40:12qu'il a fixé dans ses 100 jours
40:14pour peut-être clarifier
40:16d'ailleurs le couple ont pensé qu'il n'y aura pas
40:18d'augmentation des tarifs
40:20parce que les chaînes de production sont tellement
40:22intégrées autour de ces focaux
40:24entre Canada et Mexique
40:26qu'on pensait que là ça serait particulièrement
40:28difficile de venir avec des tarifs
40:30et voilà la menace en première
40:32c'est les pays amis
40:34qui ont été les premiers ciblés
40:36un petit coup pour le frenchoring
40:38pas facile
40:40j'oublie à chaque fois si c'est 5 ou 8 fois que la voiture
40:42passe entre le Mexique et les Etats-Unis
40:44imaginez une augmentation des tarifs
40:46dans cette chaîne de production
40:48on verra comment les amis canadiens et mexicains
40:50ça discute
40:52Claudia Scheinbaum au Mexique
40:54elle est en discussion sur la question migratoire
40:56notamment
40:58elle montre aussi beaucoup de choses
41:00côté mexicain
41:02donc on verra ce qu'il en est au 1er janvier pour le Mexique
41:04pour le Canada et pour les autres peut-être plus tard
41:06merci à vous trois en tout cas d'avoir été des invités
41:08de Planète Marché ce soir
41:10Evelyn Herrmann, Bank of America Global Research
41:12Julien Kiestreber, Taylor Asset Management
41:14Vincent Lecartier, WeSave