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Mercredi 12 mars 2025, SMART BOURSE reçoit Vincent Lequertier (responsable de l’Allocation d’Actifs, WeSave) , Pierre-Olivier Beffy (Gérant et chef économiste, Boussard et Gavaudan) et Nicolas Brault (Directeur Associé, Hottinguer banque privée)

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00:003 invités avec nous chaque soir autour de cette table pour décrypter les mouvements
00:13de la planète marché.
00:14Nicolas Braud nous accompagne, directeur associé chez Autungre, banque privée.
00:18Bonsoir Nicolas.
00:19Bonsoir Grégoire.
00:20Pierre-Olivier Béfi est avec nous également, gérant et chef économiste chez Boussard
00:23et Gavodan.
00:24Vous êtes également président fondateur de l'association L'EcoAvenir.
00:26Bonsoir Pierre-Olivier.
00:27Bonsoir Grégoire.
00:28Et Vincent Lecartier est également à nos côtés, responsable de l'allocation d'actifs
00:32chez WeSave.
00:33Bonsoir Vincent.
00:34Bonsoir Grégoire.
00:35No pain no gain, ça semble être la stratégie de plus en plus explicite d'ailleurs chez
00:40Donald Trump et les membres clés de son cabinet, la nouvelle stratégie économique de ce début
00:46de second mandat de Donald Trump.
00:48On a franchi la barre des 50 jours depuis son installation à la Maison Blanche le 20
00:53janvier dernier avec l'idée que l'économie américaine va devoir traverser une période
00:57de transition, nous dit Donald Trump.
01:00Scott Besant utilise l'idée d'une période de détox, de désintoxication pour l'économie
01:05américaine avec l'objectif de refaçonner un modèle économique un peu différent, plus
01:10industriel qu'il ne l'est aujourd'hui.
01:12No pain no gain, comment est-ce que ça résonne à l'oreille d'un investisseur et d'un gérant
01:18d'actifs Vincent ?
01:19Je pense qu'il faut essayer de comprendre la logique.
01:24J'ai l'impression qu'on fonctionne exactement à l'inverse de son premier mandat où il
01:30avait été d'abord généreux avec des baisses d'impôts, de la dérégulation et ensuite
01:34il était passé sur la partie désagréable qui étaient les hausses tarifaires pour des
01:39raisons techniques.
01:40En fait, il ne peut pas le faire cette fois-ci dans ce sens-là, donc il est obligé d'attendre
01:44que le Parlement lui donne son soutien pour la partie baisse des impôts.
01:49Donc il fait ce qu'il peut faire, c'est-à-dire déjà la partie je frappe sur la partie tarifaire
01:55ou je menace de frapper sur la partie tarifaire, je réduis les dépenses, tout ça pour avoir
02:00derrière effectivement une pression sur l'économie, ce qui lui permet de dégager déjà quelques
02:06avantages des taux d'intérêt plus bas, autrement dit un accès au crédit moins cher pour l'ensemble
02:12des acteurs et notamment pour l'État.
02:14Un pétrole qui reste bas, donc ça aussi c'est pour le pouvoir d'achat ou pour les
02:19marges bénéficiaires de beaucoup d'entreprises, c'est plutôt une bonne nouvelle.
02:22Un dollar qui s'est réaffaibli, donc là aussi globalement c'est de la compétitivité
02:28pour les entreprises américaines, donc plutôt un facteur je pense favorable.
02:32Donc il y a quand même un certain nombre de facteurs pour moi, neutralisant le côté
02:36désagréable.
02:37Il n'y a pas que des échecs dans les 50 premiers jours de l'altrum.
02:40Absolument pas, et on est focalisé sur la partie action, mais il faut se rappeler que
02:43la partie obligataire gagne depuis le début de l'année, et que les portefeuilles des
02:47ménages américains sont mutualisées, il n'y a pas que des actions.
02:50Dans le 60-40 il y a aussi une partie obligataire, oui.
02:54Donc il y a une partie qui vient compenser la baisse des actions, qui avait été spectaculaire
02:59sur les dernières années, donc on peut aussi rendre un peu de ce qu'on a gagné.
03:02Donc je n'ai pas l'impression qu'à ce stade le pouvoir d'achat des ménages soit spécialement
03:10menacé, il n'y a pas de flambée du chômage.
03:13Moins de recrutement, mais pas de hausse du chômage.
03:15Donc j'ai l'impression que pour le moment le risque d'avoir une récession par un effondrement
03:21de la consommation, il reste modéré à ce stade, de mon point de vue.
03:26Et donc ce qu'on peut essayer d'attendre ensuite, ce sont les baisses d'impôts qu'il va falloir
03:32essayer d'arracher aux parlementaires, et je pense que d'une certaine manière, plus
03:36l'économie ralentit, plus c'est facile de négocier auprès d'eux, d'avoir des enveloppes
03:40pour aller soutenir le revenu des ménages, le pouvoir d'achat des ménages, ou les bénéfices
03:48des entreprises.
03:49Donc je pense qu'il y a ce facteur-là, et la déréglementation, la dérégulation qui
03:53elle aussi va venir en soutien de la croissance, et tout ça dans un calendrier qui est assez
03:58serré, c'est-à-dire les deux ans d'élection à mi-mandat.
04:02Donc je pense qu'on fait le plus dur maintenant, et que si les Républicains accompagnent cette
04:08thèse, on se retrouve à avoir plutôt des bonnes nouvelles avant les élections du
04:12mi-mandat.
04:13Donc une chance d'être réélu, en accompagnant la thèse de l'administration Trump.
04:18C'est un pari risqué ?
04:20Sur l'exécution, oui, il y a plein d'endroits.
04:23Pour que même Donald Trump en vienne à dire que oui, les marchés vont monter, vont baisser,
04:29mais le projet est ailleurs, et on est là pour reconstruire les Etats-Unis, qu'il y
04:33aura un peu de douleur, a little disturbance, but we are ok with that, etc.
04:38C'est assez nouveau dans la bouche d'un Trump qui a plutôt l'habitude de n'afficher que
04:43des victoires, quelles que soient les situations.
04:45Tant qu'il ne peut pas mettre en avant des baisses d'impôts, je pense que le pari est
04:49risqué.
04:50Pour moi, c'est ça l'enjeu, c'est ce timing, cette différence de timing entre la partie
04:55où on fait souffrir et la partie où on récompense.
04:57Pour moi, c'est ça le danger.
05:01Il y a la Fed quand même en soutien, potentiellement.
05:03On verra, le prochain rendez-vous avec la Fed, c'est effectivement la semaine prochaine.
05:09La dernière fois que Jérôme Poel s'est exprimé, c'était il n'y a pas très longtemps,
05:11je crois il n'y a même pas une semaine, pour nous dire qu'à ce stade, la Fed n'avait
05:15toujours aucune urgence à baisser les taux, et qu'il était encore trop tôt selon lui
05:19pour intégrer pleinement les résultats économiques de la politique poursuivie par Donald Trump.
05:28On verra si la semaine prochaine est un moment différent de ce point de vue-là.
05:31Nicolas Braud, quand vous entendez Trump parler d'une période de transition, qu'est-ce
05:37que ça peut vouloir dire pour vous en tout cas ?
05:40Juste par rapport à cette expression qui est récente, ça m'inspire deux commentaires.
05:48Le premier, je sais que je pense qu'il est tout de même surpris des effets qu'il a créés,
05:54dont il peut pour certains en effet se réjouir, la baisse du coût de financement, c'est
05:59un résultat qui est incontestable, et comme tout le monde s'attendait à une tension
06:03parce que c'était inflationniste et que l'État fédéral est très très endetté,
06:08donc tu as absolument raison de dire que c'est sous-commenté.
06:13Il l'a bien affiché comme étant l'objectif premier, c'est ça qui est fascinant.
06:17Il est néanmoins surpris, et le terme de transition ça résonne extrêmement mal à
06:22mes oreilles, parce qu'en 2024 j'ai entendu cette expression où la normalisation 250
06:29fois par des entreprises qui dans 200 cas sur 250 ne voulaient pas dire qu'après la
06:35fête il n'y avait plus de croissance, le luxe, le machin, tous ceux qui avaient monté
06:40leur prix qui disaient que c'était du pricing power alors que c'était que de la retranscription
06:44de l'augmentation de leurs coûts et pas du tout du pricing power, et donc non, transition
06:52est un terme qu'on entend encore en 2025 à ceux qui disent avoir raté la marche 2024
07:00et que 25 ce n'est pas encore l'année du redémarrage, donc les dirigeants d'entreprises
07:04ont déjà abusé de ce type d'expression, un dirigeant d'un pays qui a un fil conducteur
07:11économique fort est à risque de commettre la même erreur.
07:16Peut-être deuxième commentaire, il y a le court terme qui nous anime, je pense qu'il
07:26faut prendre au mot ce qu'il dit, d'autant plus que du côté des entreprises, ce qu'on
07:33entend, ce qu'on lit, ce qu'on entend des dirigeants, c'est qu'ils sont eux-mêmes
07:38très surpris de la tournure des événements et cette incertitude est tout à fait au
07:43détriment de l'envie d'entreprendre, de l'envie d'embaucher, de l'envie d'investir,
07:51même aux Etats-Unis, ou peut-être encore plus, je ne sais pas, et de l'envie de faire
07:55du MNR, alors là on est carrément à l'opposé de ce qu'on a entendu en décembre, janvier
08:01où la machine à faire des deals allait tout simplement exploser.
08:05Donc ça c'est le court terme, le sujet vraiment qui va peut-être nous animer les
08:11trois prochaines, les quatre prochaines années, c'est de savoir quel est le projet final
08:16derrière Trump.
08:17Est-ce que c'est vraiment une sorte de révolution ? Renverser l'étape c'est bien mais si c'est
08:23réconcilier in fine le monde, on va dire, des élites bien pensantes, de l'argent dont
08:31il fait partie, puisqu'on a une poutocratie qui est à la manœuvre là maintenant, avec
08:37l'Amérique moyenne, super, mais ça veut dire beaucoup beaucoup de dégâts, mais je
08:45ne sais pas, on a envie, le côté fascinant de la période, c'est qu'on a une impression
08:54de plaque tectonique, de choses qui sont à la fois, ah mais la dernière fois il était
09:00comme ça, et tout le monde sait que l'Amérique ne se parle plus depuis 20 ans, qu'il y a
09:06des écarts sociaux, professionnels, régionaux, partout, ce truc-là n'est pas tenable et
09:17à bon entendeur nous évoluons sur la même tendance évidemment ailleurs, en Europe,
09:23donc on est obligé de se questionner et pas se limiter à un jugement à l'emporte-pièce
09:26par rapport à un bonhomme qui est brouillon, parfois je dois le concéder, je le trouve
09:34extraordinairement antipathique, mais néanmoins, s'il est là, et de nouveau là, il a peut-être
09:40une stratégie, et c'est ça qui va être important de comprendre, lui ou autour de
09:44lui, quand on parle de Trump, je le précise à chaque fois, c'est aussi l'équipe, les
09:48gens autour de lui sont importants quand même dans cette affaire, quand on entend Bessent,
09:53le secrétaire au Trésor parler d'une désintoxication, de sortir d'une économie qui était devenue
10:00trop dépendante sur certains paramètres de la création d'emplois publics, c'est vrai,
10:07même Janet Yellen le reconnaissait, il y a eu des créations d'emplois extrêmement importantes
10:13et une sphère publique qui a pris de l'importance et qui se lie dans les soldes budgétaires
10:18qui sont mauvais, donc ça, ça a du sens, ça make sense, maintenant comment on y arrive ?
10:24Alors après, sur le très court terme, il y a aussi par rapport à cette déclaration
10:33de transition, il y a un effet momentum dans les choses, on connaît ça quand on achète
10:39des actions, les marchés de momentum, à la hausse mais aussi à la baisse, en général
10:44il y a une certaine inertie, quand on ne révise plus à la hausse, c'est marrant le coup d'après
10:49quand on révise à la baisse, il y a quand même autour des earnings qui vont sortir
10:54à partir de la mi-avril, ça risque d'être intense, parce qu'il y a des gains, les earnings
11:01américains, c'est léger, mais quelques points, mais on ne les révise plus à la hausse,
11:06la séquence de publication à mi-fin février était bonne, mais le passé, et ce qui est
11:15sûr, c'est qu'on révise tous, plus ou moins, à commencer par les dirigeants, à la baisse,
11:22la perception qu'on avait du futur, ça c'est un changement radical, d'ailleurs c'est hyper
11:26sain, c'est hyper sain du point de vue des marchés, parce que l'exceptionnalisme américain...
11:31On corrige un suroptimisme qu'on pouvait avoir jusqu'à encore quelques mois sur l'état
11:36des Etats-Unis et des marchés américains.
11:38L'exceptionnalisme américain, je trouve que c'est une fouthèse, c'est vraiment une foutaise.
11:42On en a parlé pendant deux ans, ici, Nicolas.
11:45Ok, mais parce qu'on vit dans des mondes de consens, il y a dix ans, l'Amérique avait
11:51presque acquis une crainte viscérale d'être dépassée très vite par la Chine, là, elle
11:58a sombré provisoirement dans une arrogance qui n'est pas que Trumpienne, qu'on a entendue
12:04chez des conseillers financiers, des stratèges, des dirigeants de Wall Street, le patron de
12:10Goldman Sachs qui met un tout petit peu d'eau dans son vin, j'ai l'impression, cet après-midi.
12:13L'Amérique est la meilleure, mais elle n'est pas exceptionnelle, elle ne marche pas sur
12:18l'eau, et elle est surtout la meilleure quand elle est paranoïaque.
12:21Là, elle est très très forte, très très forte.
12:24Mais elle reste soumise aux lois de la physique et de la gravité.
12:27Est-ce qu'on est arrivé à...
12:28Bon, on a envie de positiver, c'est quand même des gens qui nous...
12:30Si on parle d'eux tout le temps, c'est qu'il y a des raisons.
12:32Bon, vos commentaires et ce que vous comprenez de la stratégie après une cinquantaine de
12:39jours d'exercice du pouvoir par Trump et ses équipes, Pierre-Olivier ?
12:42Moi, je suis assez d'accord avec pas mal d'éléments qui ont été donnés par Vincent
12:47Nicolas.
12:48Je rappellerai un point, d'ailleurs, qui a aussi bien été dit, c'est que depuis 2019,
12:54aux Etats-Unis, sur les 7 millions d'emplois, il y en a 3,5 millions qui ont été faits
12:57d'emplois publics.
12:58Donc, c'est une économie...
12:59Ils ont mis 7% de PIB dans l'économie, quoi.
13:00Ils ont fait des déficits comme jamais.
13:01Je pense qu'il y a un déséquilibre de la politique du policy mix américain, mais
13:13sous Biden, déjà, qui était aberrant.
13:15Voilà.
13:16On n'aurait jamais dû avoir autant de déficits publics avec une économie au plein emploi.
13:20Donc, je dirais que je ne veux pas soulager, je dirais, Trump de sa communication.
13:28On peut juger sa politique, etc.
13:30Mais dans le no pain, no gain, il y a aussi l'idée que l'argent n'est plus gratuit depuis
13:34un an, un an et demi, et qu'avec les charges d'intérêt qui montent, de toute façon, il
13:38n'y a plus les marges budgétaires.
13:39Donc, voilà.
13:40Il y a un passage qui va être rude.
13:42Et peut-être aussi, d'ailleurs, qu'à un moment, ça reviendra en Europe, ça, aussi.
13:45Parce qu'aujourd'hui, on met de l'argent de partout avec la dette.
13:48On est à fond renversé, là, maintenant.
13:49Oui, oui, oui.
13:50Donc, en France, d'un seul coup, il n'y a plus de problème budgétaire.
13:52On était même précurseur.
13:53Par-dessous, il y a quand même des éléments qui...
13:55Voilà.
13:56Moi, je pense qu'il y a une vraie transition là-dessus, que ça, c'est important.
13:58C'est un projet ambitieux, mais nécessaire, de corriger, quand même, en partie, ce déséquilibre
14:04sorti de Covid, de l'économie américaine.
14:07Je me rappelle, c'est une question qu'on se posait l'année dernière sur ce plateau.
14:11Est-ce que, vraiment, il veut le faire ? Il y a deux niveaux.
14:13Est-ce qu'il veut, simplement, garder ses marges de manœuvre, garder son déficit comme
14:17il est ? C'est déjà pas mal.
14:19Ou alors, vraiment, faire encore plus d'expansion budgétaire, ou alors réduire vraiment.
14:24Voilà.
14:25Moi, j'ai l'impression que c'est encore un pari, pour l'instant, de réduire vraiment
14:27le déficit public américain.
14:29Je pense qu'un des dangers qu'on a aujourd'hui, c'est que, sans doute, on sait qu'une partie
14:35de la réponse, c'est d'avoir des torelles beaucoup plus bas qu'aujourd'hui.
14:38Il faut que la fête capitule.
14:39Le problème, c'est que la fête, pour capituler, il faut peut-être que l'économie ait bien
14:42mal.
14:43Voilà.
14:44Donc, moi, ce qui me fait un peu peur dans la séquence, en termes de...
14:48Pour l'année, on parlera des marchés, du taxis, etc.
14:50Non, mais c'est intéressant.
14:51C'est donc un espèce de chicken game entre Trump et la fête, qui va cligner de l'œil
14:56le premier.
14:57Et Trump espère, avec tout ce qu'il met en place, que c'est la fête qui va capituler
15:02la première, et que lui pourra garder un cap stratégique avec le soutien de torelles
15:06plus bas.
15:07Une des stratégies, c'est de mettre l'économie à mal et expliquer que c'est la faute de
15:11la fête.
15:12Parce que, quand même, la fête a une part de responsabilité, je veux dire, si...
15:14Moi, je suis assez peu inquiet de la consommation aux Etats-Unis.
15:18Je pense que, d'abord, les récessions, il n'y a jamais de la consommation, il y a toujours
15:20de l'investissement.
15:21Mais, par contre, sur l'investissement, c'est rouge de partout.
15:22On a l'investissement immobilier avec les mises en chantier qui vont être financées,
15:26et ça, c'est à cause de la fête.
15:27Les taux immobiliers sont extrêmement élevés.
15:29On a l'investissement public qui est en train de s'effondrer, ça, c'est de la faute de
15:32Trump.
15:33Et puis, on a l'investissement des entreprises, qui subit, en fait, pour moi, un énorme choc
15:37de déglobalisation.
15:38C'est en train de se...
15:39Après, on peut mettre les tarifs dans tous les sens, les contre-tarifs, mais on a bénéficié,
15:43je dirais, dans les années 2000-2010, d'un énorme élan de mondialisation qui a créé
15:47beaucoup de croissance.
15:48Là, on a de la déglobalisation, mais qui arrive très, très vite.
15:50Donc, bon, sur l'investissement, c'est très, très rude.
15:52Moi, je pense que, quand même, le scénario n'est pas très enthousiasmant sur l'économie
15:57américaine, peut-être même l'économie mondiale, cette année.
15:59Dans l'enquête auprès du moral des patrons de PME américains, NFIB hier, c'est quand
16:03même la base électorale de Trump, c'est une enquête très républicaine.
16:08Bon, effectivement, la baisse de la proportion des patrons d'entreprises qui sont prêts
16:13à étendre leur business dans les six prochains mois est violente.
16:16Sur un mois, sur deux mois, c'est quand même assez violent.
16:18Oui, tout à fait.
16:19Et puis, le problème, c'est qu'il va y avoir un décalage entre la perception...
16:24Aujourd'hui, on a beaucoup de peur par rapport à tout ce qu'il a dit, tout ce qu'on voit
16:28les gens...
16:29Enfin, le DOJ, on dit, voilà, c'est catastrophique.
16:31Mais pour l'instant, il n'y a rien dans les données.
16:33De toute façon, la plupart des données ne reflètent pas, ne reflèteront pas si facilement.
16:36D'ailleurs, il y a, par exemple, les données d'emploi, dans les claims, bon, quand on
16:40est fonctionnaire, on ne touche pas les avocats sans chômage comme ça.
16:42À l'ADP, il n'y a pas assez d'emplois privés, etc.
16:45Donc, il y a les payrolls.
16:46Les payrolls, c'est souvent un peu retardé pour des raisons méthodologiques.
16:48Donc, voilà, il y a pas mal d'effets statistiques qui font que tous ces effets, on les verra
16:53peut-être un peu plus tard dans la séquence par rapport à tout ce qu'il dit aujourd'hui.
16:56Mais malgré tout, c'est quand même un bon choc d'offres négatifs et il y a aussi un
17:01choc de demandes négatives.
17:02Donc, en fait, je pense qu'il y a quand même un désenseignement parce qu'il y avait un
17:04gros débat, je me rappelle, en fin d'année là-dessus, c'est de se dire les tarifs, c'est
17:08hyper inflationniste.
17:09En fait, finalement, on s'aperçoit que le plus gros risque aujourd'hui est sur la croissance
17:12et pas sur l'inflation.
17:13L'inflation, ça peut rester persistant, mais il n'y a pas de choc inflationniste qui vient.
17:18On ne repart pas à 10% d'inflation ou quoi ?
17:21Et le problème, c'est qu'on a plus peur maintenant que l'économie.
17:24Si l'économie lâche, il y aura de la désinflation.
17:26Donc, ça peut compenser l'effet inflationniste des tarifs.
17:28Et donc, sur le court terme, là, Jérôme Poel s'exprime la semaine prochaine à l'issue
17:32du FOMC.
17:33Il a déjà des éléments qui lui permettent d'avancer dans son discours ou d'être toujours
17:40sur l'idée d'une pause sans urgence ?
17:43Je pense que c'est quand même un meeting extrêmement important pour les marchés.
17:47Moi, je le perçois comme ça parce qu'il ne faut pas forcément qu'il pivote, mais il
17:53faut au moins quand même qu'il mette un petit élément d'assurance.
17:56Il ne peut pas tenir le discours qu'il a tenu il y a une semaine ?
17:59Je ne pense pas, moi.
18:00Après, peut-être que je me trompe.
18:01Un point qui peut faire que je me trompe, d'ailleurs, c'est qu'il y a quand même un
18:04antagonisme politique entre la Fed et l'administration Trump qui peut un peu brouiller le message.
18:08Je n'attends pas à ce qu'il annonce qu'il va couper tôt, tout de suite ou en mai, etc.
18:14Mais ça serait bien quand même qu'il ouvre l'option parce que je pense que sinon les
18:18marcheurs ont un peu quand même du mal.
18:19Si on n'a pas la perception du fait de poudre qui revient, c'est un peu compliqué.
18:22Mais la séquence peut être favorable.
18:24L'indice des prix à la consommation a été plutôt un peu meilleur qu'attendu, même
18:28si malheureusement, c'est surtout les tarifs.
18:31C'est un peu le passé, ça, pour le coup.
18:34Non, et puis surtout qu'il y a quasiment la moitié des composants du CPI qui montaient
18:39à plus de 0,3 en moyenne, en rythme mensuel.
18:42Donc, malheureusement, le chiffre sous la surface n'est pas si bon que ça, pour la
18:46Fed.
18:47Après, il y a le Michigan vendredi.
18:48Je pense qu'il y a un chiffre important.
18:49Une partie de la correction a commencé aussi sur ce chiffre-là, avec les anticipations
18:52de la FED à se monter.
18:53Ça, ça peut être très volatile, peut-être que c'est un peu rebaissé.
18:55Donc voilà, on a peut-être une séquence qui va peut-être permettre à la FED de moins
18:58de dire « bon ben, voilà, moi je suis… » Là, il y a quand même le… s'ils sont
19:04en risque management, ils devraient dire qu'il y a quand même plus de risques sur la croissance
19:08que sur l'inflation qui se sont manifestés récemment.
19:10Après, c'est…
19:11– Il y a un sujet politique au milieu de tout ça.
19:13– Voilà, exactement.
19:14– Vincent, c'est quoi… où est-ce que vous voyez effectivement les seuils de douleur
19:18sur le marché qui feraient que, ben, quelqu'un interviendrait, ou la FED, ou Trump qui changerait
19:24de stratégie, ou je ne sais pas, des entreprises aussi qui pourraient peut-être, après avoir
19:32soutenu Trump, monter un peu au créneau, mettre de la pression ? Où est le poutre,
19:37quoi ?
19:38– En timing, je suis entièrement d'accord, la FED, pour moi, doit commencer à réouvrir
19:42un petit peu la porte à une baisse de taux.
19:44Quand on regarde les anticipations de mouvements de taux cette année, c'est de nouveau trois
19:51baisses de taux aux États-Unis, une fois chaque trimestre, juin, septembre, décembre,
19:57alors qu'il y a un mois, c'était zéro.
19:59Donc, ça bouge très très vite.
20:02Donc déjà, je pense que la FED peut essayer d'accompagner un petit peu les anticipations
20:07qui sont faites par le marché.
20:08Deuxièmement, les modèles de la FED lui disent récession approche, en tout cas pour
20:13certains de leurs modèles.
20:15– C'est plus impossible ?
20:16– Ça n'est plus impossible.
20:18Donc, je pense qu'assez logiquement, une ouverture de Powell sur la possibilité de
20:25rebaisser les taux, pour moi, ça me semble assez logique.
20:27Quand est-ce qu'il faut l'activer ? Les deux mandats, c'est inflation et chômage.
20:33Inflation, entièrement d'accord, il y a peu de chances que ça soit une catastrophe.
20:38C'est du one-off, et puis voilà.
20:42Et de toute façon, les hausses tarifaires, s'il y a un ralentissement économique,
20:46l'un compensera un peu l'autre.
20:48Donc, pour moi, c'est l'emploi.
20:49C'est l'emploi qu'il faut regarder, et je pense que c'est prématuré pour la FED
20:54de faire quelque chose.
20:55Mais par contre, elle peut dire, il y a quelques indicateurs qui commencent à se dégrader,
20:59on surveille ce point-là beaucoup plus encore que l'inflation,
21:02et nos prochaines décisions seraient…
21:04– Il peut nous dire qu'il est d'accord avec le pricing de marché, par exemple ?
21:07– Exactement, exactement.
21:10Pour les entreprises, qu'est-ce que ça implique ?
21:12Alors, on est sortis de la période de publication de résultats,
21:17en attendant la prochaine, bien sûr, Nicolas,
21:19mais dans ce monde-là, et notamment des tarifs,
21:24j'imagine que ce n'est pas évident du tout.
21:27Quand on lit des commentaires rapportés de CFO, de CEO,
21:31c'est ce qu'ils expliquent, je prends l'ascenseur, je descends de 15 étages,
21:34je ne sais pas combien il va y avoir eu de tweets de Trump entre-temps,
21:37et combien de renversements, de contre-pieds, de revirements, etc.
21:43– Oui, c'est difficile de répondre à ça,
21:45parce que Trump occupe un espace qui est complètement démesuré,
21:51alors s'il renverse les tables et qu'on est à la veille d'une révolution, c'est normal,
21:55on est à un grand point d'inflexion de quelque chose, social,
22:00sinon, enfin, on n'a pas acheté l'Amérique de Reagan,
22:04la carter, de toute façon, il suscitait du mépris, surtout vu de chez nous,
22:09mais même parfois là-bas, donc il y a un moment donné,
22:12le président de la République, c'est très bien,
22:14mais moi je vais écouter en tout cas ce que dit Corporate America,
22:17et de ce point de vue-là, on sent qu'il y a un début de langue qui se délie,
22:25après un moment de sidération, qui n'est dépassé que par la sidération
22:30du peuple démocrate, qui est sans voix, sans voix, ça c'est exceptionnel,
22:35par Bernie Sanders, personne, personne ne parle,
22:39donc on revient au corporate, pour le marché actions,
22:42d'abord, on va regarder ce que disent les entreprises, la séquence des résultats,
22:47si on rentre dans un cycle de révision en baisse des résultats,
22:51enfin, un cycle, une première, une première, c'est une première,
22:54on en parlera au moins autant que la phrase transition ou...
22:59Mais le moins 10 de marché, ou quasi, il l'a pris en compte ?
23:03Ou est-ce qu'on est encore au milieu du chemin si on était dans cette...
23:07Je ne sais pas, je ne sais pas vous dire, je pense que le moins 10
23:13est l'image miroir de novembre, décembre, mi-janvier.
23:20Oui, c'est tout, ce n'est pas plus que ça.
23:22N'importe qui qui investit sur des actifs américains,
23:25j'en ai un à ma gauche qui le fait aussi depuis longtemps,
23:28c'est très bien que ça ne se voit même pas en termes de performance.
23:32C'est la vie normale du marché, ça.
23:34Ce qui est nouveau, c'est l'effet surprise, tout le monde est surpris,
23:37tout le monde est prêt à contre-pied, mais est-ce que le point de départ,
23:40récent, récent, puisqu'on accorde beaucoup d'importance au court terme,
23:44puis c'est normal, c'est une arrogance, mais n'importe quelle...
23:50La fille qui fait le porte-parole à Maison Blanche,
23:55elle ne dit pas des bêtises, mais d'une arrogance.
23:57Tout est arrogant, tout le monde est extraordinairement arrogant.
24:00Ça, ça ne marche pas, et moi, je trouve ça génial qu'en deux mois,
24:04cette chose-là soit en train de voler en éclat.
24:08De là à basculer dans la récession est à nos portes,
24:12ça, on connaît, ça fait quand même quatre ans que le risque de récession...
24:16Il y a eu l'été dernier, là, ça a duré le 2 août, 5 août,
24:19jusqu'au peut-être 8, on était en vacances, mais c'est logique.
24:24Donc cette partie-là, cette lecture-là est positive.
24:31Ça veut dire qu'on a envie de rentrer dans un territoire,
24:34on a envie de chercher des opportunités pour se ressensibiliser.
24:38C'est peut-être ça, sur un horizon court.
24:43Maintenant, la réponse, vraiment, c'est la saison, je pense, du premier trimestre.
24:49Pour l'instant, les dirigeants disent ce qu'ils pensent.
24:52Ça n'a pas l'air d'être le cas de tout le monde aux Etats-Unis, d'ailleurs non plus,
24:56puisqu'il y a beaucoup d'hypocrisie dans beaucoup de choses.
24:59Mais aux Etats-Unis, les dirigeants, si ça commence à se dégrader, ils le disent.
25:03À partir du moment où ils parlent, ils parlent le vrai.
25:05Ils le disent.
25:07On est dans une actualité d'une intensité exceptionnelle.
25:12Ça ne fait peut-être que commencer.
25:16Avant de parler de l'Europe, juste là, tactiquement,
25:21comment on traite le marché américain, Vincent ?
25:27Pour moi, si vous êtes comme moi, si vous pensez qu'effectivement,
25:31il va y avoir du meilleur derrière, c'est-à-dire, de nouveau,
25:34une phase de baisse de fiscalité et des régulations,
25:38ce n'est plus le moment de vendre.
25:40Et qu'une partie du ralentissement qu'on vient d'avoir,
25:44c'est un ralentissement conjoncturel qui est dû à du restockage, etc.,
25:49vous revenez un petit peu sur les Etats-Unis.
25:52Et comme d'habitude, en priorité sur ce qui a le plus baissé,
25:55c'est-à-dire la techno.
25:57Sauf à considérer que les bilans des 7 majors sont en réalité du pipeau
26:05et qu'elles n'ont pas de cash.
26:07Il y a une valeur derrière.
26:10Et les parts de marché, tout ça ne va pas s'arrêter.
26:13Pour moi, c'est évident que c'est de ce côté-là qu'il faut revenir.
26:16La vraie question, je pense qu'elle est plus du côté de l'Europe.
26:19On y viendra.
26:20Mais, moins qu'un sur le Nasdaq, vous dites,
26:22il y a déjà des choses à faire sur ce marché américain,
26:25comme on traite le marché américain pour vous, Pierre-Olivier.
26:28Je suis assez aligné.
26:30Après, je pense qu'il y a quand même encore un pari.
26:32Ça allait vite.
26:33Je veux dire, on retrouve tout de suite déjà des gens
26:36qui sont prêts à racheter le marché américain.
26:39Alors que certains n'ont même pas eu le temps de vendre.
26:41Moi, je suis dans un hedge fund, donc j'ai toujours un budget.
26:45Donc, moi, je n'étais pas dans ce marché.
26:48Mais je me dis que...
26:50Il y a un diagnostic que je partage avec Vincent,
26:52c'est que les conditions financières s'améliorent.
26:55Quand vous avez une baisse du dollar...
26:57Les frais de crédit ont un peu bougé, quand même.
26:59Oui, mais je veux dire, c'est...
27:00Franchement, on n'est pas du niveau...
27:02Le psylonesque ?
27:03Oui, on revient tellement bas, bien sûr.
27:05Ça se tend un peu aussi.
27:06Mais de manière générale, quand même, la baisse du dollar,
27:08la baisse des taux, c'est quand même stabilisant à court terme.
27:10Après, ça n'est pas si...
27:11On est vraiment en récession tout de suite.
27:13C'est jamais assez dans ces cas-là.
27:15Mais est-ce qu'on est déjà dans ce scénario-là ?
27:17Moi, je pense qu'il y a encore un peu de temps avant qu'on y arrive.
27:20Pour l'instant, c'est une bonne baisse des taux,
27:22une bonne baisse du dollar.
27:23Trump s'est bien couvert politiquement
27:25en annonçant qu'il voulait faire baisser les taux.
27:27Donc, pour l'instant, tout va bien.
27:29Je te laisse le jugement moral, si c'est bon ou pas bon.
27:32Je ne vais pas m'engager là-dessus.
27:34C'est juste le refroidissement qu'on attendait
27:38pour rééquilibrer les choses.
27:40Contrairement à il y a deux ans,
27:42où c'est le marché obligataire qui faisait baisser le marché action
27:45parce que les taux montaient,
27:46ça, c'était vraiment gênant parce qu'il n'y avait pas d'amortissement.
27:48Là, il y a un peu d'amortissement.
27:50Donc, c'est vrai que ça peut faire sens
27:52de commencer à essayer de tenter
27:54de jouer au moins un rebond technique,
27:56on va dire ça comme ça.
27:57Moi, je suis un peu plus négatif
27:59sur l'économie américaine et mondiale pour cette année.
28:02Donc, ce n'est pas forcément pour ça que j'ai envie
28:04d'être méga bullish sur l'économie.
28:06Mais pour vous, ça veut dire que sur 2025,
28:08la probabilité de récession va encore monter
28:10un peu plus que ce qu'elle en a déjà ?
28:12Moi, je pense que c'est très compliqué
28:14avec les ajustements.
28:16Toutes les bonnes nouvelles qu'on attend
28:18ne se matérialiseront pas avant l'année prochaine.
28:20Quand est-ce qu'on va faire passer
28:22les budgets, les baisses d'impôts, etc. ?
28:24Ça va arriver vers la fin de l'année,
28:26ça va arriver vers l'automne.
28:28Après, il faut mettre tout ça en place.
28:30Il y a aussi une grosse partie des baisses d'impôts
28:32qui sont juste des extensions des baisses qu'on a déjà.
28:34En termes d'impulsion, il n'y a rien de neuf.
28:36Pour l'instant, il y a quand même
28:38un petit débat.
28:40Je pense que pour cette année,
28:42malheureusement, on a pour l'instant
28:44de la rhétorique très négative sur les tarifs
28:46et surtout,
28:48je pense que sur l'aspect confiance...
28:50Donc la fête va revenir dans le jeu,
28:52mais sur le plan de la macro,
28:54on est plutôt sur une série de déceptions
28:56à venir pour l'économie américaine.
28:58Peut-être que ça va dans le sens aussi
29:00de l'idée qu'on commence à ajuster à la baisse
29:02sur les perspectives des entreprises
29:04et que la macro va aussi refléter ça.
29:06Encore une fois,
29:08les gens sont un peu peurs.
29:10Bien sûr, le PIB américain va être négatif
29:12au premier trimestre,
29:14mais si c'est juste parce qu'on a importé
29:16en amont des tarifs,
29:18si le deuxième trimestre, on a une contribution exceptionnelle
29:20du commerce extérieur et qu'on a un PIB à 4%,
29:22ça ne veut rien dire.
29:24Il faut regarder par-dessous ce qui se passe.
29:26Malgré tout, on voit qu'il y a un peu de fébrilité
29:28sur les demandes domestiques américaines.
29:30Là aussi, Kevin Hassett
29:32a pris les devants et a dit
29:34que ce sera quelques blips dans les données.
29:36Il n'est pas pris de risque
29:38puisque le T2 va remonter, c'est sûr.
29:40Ils ont toujours un problème
29:42avec le calcul du T1.
29:44Ils ont toujours un problème de calcul du PIB au premier trimestre.
29:46Peut-être un dernier point.
29:48Un point qui m'inquiète aussi plus sur l'année
29:50aux Etats-Unis, c'est justement
29:52que les Etats-Unis sont vraiment trop enrôlibles
29:54à ce gouvernement. Ce qu'on aime bien,
29:56c'est quand on traîne un équilibre du pouvoir.
29:58Les marchés ne sont jamais aussi bons
30:00qu'une chambre démocrate,
30:02un président républicain, ou le contraire,
30:04parce qu'on se dit qu'il y a des contre-pouvoirs partout.
30:06Là, ils sont un peu en roue libre et on s'aperçoit
30:08qu'ils font des erreurs de communication,
30:10qu'ils font des erreurs aussi peut-être...
30:12Là, par exemple, ils ont viré les vétérans
30:14qui ont voté pour Trump.
30:16Du coup, les vétérans se disent,
30:18mais qu'est-ce que j'ai fait ?
30:20Il y a pas mal de choses qui arrivent
30:22qui ne sont pas naturelles.
30:24Et ça reflète bien aussi, je pense,
30:26la grosse surprise du marché,
30:28parce qu'aujourd'hui,
30:30c'est tout revenu à zéro.
30:32Donc, il y a un contre-pied
30:34qui n'était pas si facile à avoir.
30:36D'ailleurs, Trump, il dit à Musk
30:38qu'il faut arrêter avec la hache,
30:40il faut y aller au scalpel.
30:42Sur l'Europe, Nicolas,
30:44beaucoup de choses ont bougé
30:46depuis une quinzaine de jours.
30:48Au commentaire libre,
30:50sur la situation et les avancées politiques
30:52en Europe.
30:54On en a beaucoup parlé sur ce plateau.
30:56On n'a pas été avare d'enthousiasme,
30:58je dois le dire.
31:00Maintenant, la poussière retombe un peu,
31:02les questions d'intendance arrivent,
31:04et le marché a beaucoup monté.
31:06Je suis positif.
31:08Il faut choisir son camp.
31:10Je suis positif.
31:12Il faut donner sa chance au produit.
31:14Ça arrive une fois tous les dix ans.
31:16Et ce qui se passe en Europe
31:18n'est pas anodin.
31:20Déjà, le point de départ
31:22est l'effet,
31:24c'est l'effet inverse des Etats-Unis.
31:26L'arrogance, l'absence...
31:28On n'a plus confiance en nous.
31:30Les Américains ne nous regardent même plus.
31:32Les financiers américains n'ont pas
31:34rebalancé leur portefeuille vers l'Europe.
31:36Et nous, Européens,
31:38nous avons perdu confiance en nous.
31:40Ça complique l'histoire structurelle.
31:42Je vous le concède.
31:44Ça met du temps à se retourner.
31:46Néanmoins, partant d'un point bas
31:48en termes de positionnement financier
31:50et de confiance en soi,
31:52il y a des éléments importants.
31:54Ah, zut !
31:56On va reparler de Trump.
31:58Il nous botte les fesses et on bouge.
32:00C'est bien.
32:02Les Anglais et les Français se reparlent.
32:04Les Allemands...
32:06Et puis, on a un pivot de l'Allemagne.
32:08C'est quand même extraordinaire
32:10qu'un pays notoirement
32:12laxiste sur le plan budgétaire,
32:14les Etats-Unis d'Amérique,
32:16adopte un espèce de discours
32:18de policy mix de rigueur budgétaire
32:20alors qu'un pays unanimement
32:22identifié comme étant rigoriste,
32:24l'Allemagne,
32:26s'apprête à enfoncer
32:28une énorme brèche là-dedans.
32:30Donc, quand c'est les Allemands,
32:32tout le monde les regarde.
32:34Je suis français.
32:36C'est sympa.
32:38On parle de Macron.
32:40On fait trois interviews à la télé américaine.
32:42Mais il n'y a pas de suite.
32:44Ce qui se passe en Allemagne,
32:46indiscutablement, est intéressant.
32:48C'est la confiance citoyenne.
32:50Je pense.
32:52Est-ce que ça va avoir un impact
32:54sur la confiance des ménages
32:56et la propension à consommer ?
32:58On a quand même dit toute l'année dernière
33:00que les taux d'épargne avaient monté en Europe.
33:02C'est vrai partout.
33:04Ce n'est pas qu'un phénomène français.
33:06Donc, il y a du pent-up demand.
33:08Sur le plan financier,
33:10il y a eu, depuis la guerre en Ukraine,
33:12trois ans,
33:14255 milliards de dollars
33:16de sortie de capitaux
33:18de l'Europe.
33:20En trois mois
33:22d'arrêt de baisse ou de légère montée,
33:24il y a eu 4%
33:26de revenus.
33:2810 milliards.
33:30Autant dire que si l'histoire mérite
33:32d'être un peu jouée,
33:34pour l'instant, on n'a rien vu.
33:36On n'a rien vu.
33:38Du point de vue corporate,
33:40le sujet Trump,
33:42toute l'année 2024,
33:44il était en filigrane.
33:46Mais depuis septembre,
33:48il était omniprésent.
33:50On n'a posé zéro question
33:52si Kamala Harris est élue.
33:54Alors que Trump, les tarifs,
33:56perdre vos talents
33:58et perdre ceux qui allument la lumière dans vos usines
34:00étaient un sujet posé à tous les dirigeants
34:02en Europe.
34:04Ils n'ont pas la réponse.
34:06Ils ne savent pas plus que les Américains
34:08et peut-être que nous ou le monde va.
34:10Mais ils savent où ils ont envie d'aller,
34:12où ils disposent.
34:14J'ai été frappé, depuis octobre,
34:16d'une gestion saine,
34:18lucide,
34:20de ces sujets-là.
34:22Face à un tarif, on va voir ce qu'on fait.
34:24Aller ouvrir une usine aux Etats-Unis
34:26pour 10% de mes ventes
34:28aux Etats-Unis,
34:30sachant que je n'aurai aucun avantage compétitif,
34:32peut-être que je vais renoncer
34:34à ces ventes,
34:36ou je monterai mon prix.
34:38Quand on pose la question,
34:40vos concurrents américains
34:42vont avoir un avantage compétitif majeur ?
34:44La réponse est souvent,
34:46on ne va pas généraliser,
34:48ils fabriquent 100% en Chine.
34:50Je viens à un sujet
34:52qui me tient à ta coeur.
34:54Le désarrimage industriel,
34:56l'économie de la connaissance,
34:58c'est autre chose.
35:00Mais des biens
35:02de la Chine ? Impossible.
35:04Tout ça, ça ne marchera pas.
35:06Ni de la Chine, ni du Mexique,
35:08où toutes les entreprises américaines
35:10vous disent, mais j'importe des trucs,
35:12et puis je les renvoie au Mexique
35:14pour une transformation,
35:16puis ça revient,
35:18et il y a je ne sais combien
35:20de dizaines, quinzaines de milliers
35:22de camions qui passent tous les jours
35:24à chaque point de frontière.
35:26Ce n'est pas pour ça que ça ne va pas se faire.
35:28Sur le plan du
35:30corporate earnings européen,
35:32On va réviser là ?
35:34Je ne sais pas.
35:36Pour la première fois,
35:38on commence une année avec des estimations
35:40à laquelle on ne croit pas,
35:42à la synthèse des années,
35:44on ne croit pas,
35:46et à l'issue de la première période de publication,
35:48il n'y a pas de révision à la baisse.
35:50Il y a une petite révision à la hausse,
35:52il faut être clair, on est quand même dans une machine
35:54à laver, où on retient les cas bons
35:56ou les cas mauvais,
35:58mais en dynamique
36:00seconde,
36:02aller s'étirer par les cheveux, d'accord,
36:04on a envie d'un peu
36:06de positiver.
36:08Donc l'Europe a
36:10une place dans les portefeuilles, et pourrait
36:12avoir une place stratégique un peu plus importante
36:14peut-être demain à terme ?
36:16Sachant que 60%
36:18des bénéfices de l'Europe
36:20sont réalisés en dehors d'Europe,
36:22ce qui se passe aux Etats-Unis, s'il y aura un malentendu,
36:24si c'est toujours bon, ça sera bien,
36:26et si c'est meilleur, ça veut dire
36:28moins exécrable en Chine.
36:30On a quand même fini l'année 2024
36:32où il y avait les Etats-Unis et le reste du monde.
36:34C'est intéressant, parce que ça veut dire que
36:36si c'est les indices large cap qui montent en Europe,
36:38c'est essentiellement parce que
36:40la part du chiffre d'affaires réalisé aux Etats-Unis
36:42est importante et que les Etats-Unis continuent d'aller bien,
36:44si c'est les small et mid cap,
36:46comme on a vu avec le MDAX allemand, qui se mettent
36:48à rebondir et à se réveiller,
36:50c'est plus lié
36:52à l'Europe
36:54qui se muscle elle-même.
36:56Oui, et puis les regards vers la Chine,
36:58c'est encore
37:00emprunt de beaucoup d'incertitudes,
37:02mais là aussi,
37:04en dérivé seconde, ça s'améliore.
37:06Vincent, sur l'Europe.
37:08On relance la défense,
37:10mais une bonne partie va partir
37:12aux Etats-Unis, parce qu'on ne peut pas
37:14monter en cadence immédiatement.
37:16L'effet
37:18multiplicateur keynésien, il est très faible
37:20là-dessus, donc de toute façon on aura
37:22peu d'impact, et ça ne peut arriver
37:24qu'à partir de 2026.
37:26Donc rien pour cette année en termes de
37:28hausse de croissance, donc je ne crois pas
37:30à ce que cette partie-là
37:32nous aide. Pour la partie
37:34infrastructure en Allemagne,
37:36c'est étalé sur 10 ans.
37:38Là encore, je pense que
37:40le temps que tout soit voté,
37:42c'est au mieux en fin d'année,
37:44plutôt 2026. Donc moi, je ne crois pas
37:46à des révisions en hausse
37:48par le côté domestique européen.
37:50J'y crois absolument pas pour cette
37:52année, pour les prochaines, oui, mais pas
37:54pour cette année. Donc ensuite, ça dépend de votre horizon.
37:56Si vous investissez
37:58pour 2025, pour moi, ça n'a aucun intérêt.
38:00C'est déjà joué, quoi.
38:02Nous, on est plutôt dans l'idée de protéger les bénéfices.
38:04Par contre, si vous êtes
38:06en buy and hold, ce que sont
38:08un certain nombre d'investisseurs,
38:10le 10 milliards, à ce moment-là, est nettement
38:12insuffisant, et il y a des tailles
38:14qui doivent encore venir.
38:16Et à ce moment-là, effectivement,
38:18vous restez positionnés,
38:20mais c'est peut-être pas pour tout de suite que vous aurez
38:22le retour sur investissement.
38:24Je pense qu'il y a pas mal de gens qui ont été surpris,
38:26bien positivement.
38:28Il y a eu des séquences courtes, quand même,
38:30sur les deux, trois dernières années.
38:32Octobre 22, octobre 23,
38:34on a à chaque fois des rebonds importants
38:36de l'Europe.
38:38C'est vraiment quelques semaines.
38:40Je n'ai jamais vu ça depuis deux ans.
38:42Après, il y a quelques éléments, je suis d'accord,
38:44qui font que peut-être qu'une partie, au moins
38:46tactiquement, du rallye est un peu plus difficile.
38:48L'euro remonte, donc ça peut être
38:50un peu plus difficile.
38:52Ça va nous freiner, ça ?
38:54La baisse de l'euro, c'était génial
38:56pour les profits des boîtes,
38:58des grosses boîtes notamment,
39:00donc ça sera un peu moins sympathique.
39:02Et puis les tours remontent aussi,
39:04donc ça veut dire qu'il faut faire attention
39:06aux multiples. On n'achète plus un marché
39:08qui est haï,
39:10dont personne ne veut, etc.
39:12Sans doute, il y aura peut-être
39:14un peu plus de stop-picking, des choses un peu plus
39:16à réfléchir, je dirais, tactiquement, à court terme.
39:18Après, structurellement, moi, je partage aussi
39:20l'idée que quand même, l'Allemagne, c'est significatif.
39:22Ils mettent presque un point de pipe par an pendant 10 ans,
39:24je veux dire...
39:26Ça fait 15 ans qu'on en parle, 15 ans que certains
39:28d'entre vous
39:30l'attendent. On ne peut pas abouder
39:32son plaisir, j'en sais un.
39:34En tout cas, c'est...
39:36C'est enclenché,
39:38on va dire ça comme ça.
39:40Le signal est envoyé.
39:42Bon, tout ça à suivre,
39:44évidemment, au prochain épisode.
39:46Merci beaucoup, messieurs. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché
39:48ce soir. Pierre-Olivier Béfy, Boussard et Gavaudan,
39:50Nicolas Brault, Autungre, Banque privée,
39:52Vincent Lecartier, We Save.

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