Mercredi 29 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Alexandre Baradez (Chef analyste, IG) , Régis Bégué (Associé, coresponsable de la stratégie Memnon European, Zadig Asset Management) et Valérie Gastaldy (Stratégiste, DaybyDay)
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00:003 invités avec nous chaque soir autour de la table pour décrypter les mouvements de
00:13la planète marché.
00:14Valérie Gastaldi nous accompagne, stratégiste chez Day by Day.
00:17Bonsoir Valérie.
00:18Bonsoir Grégoire.
00:19Régis Béguet est avec nous également, associé et gérant de portefeuille chez Zadig Asset
00:23Management.
00:24Bonsoir Régis.
00:25Bonsoir Grégoire.
00:26Et Alexandre Baradez est également à nos côtés, chef analyste chez IG.
00:28Bonsoir Alexandre.
00:29Merci à vous trois d'être là, ravi de vous retrouver.
00:32Bah si, c'est la question que j'ai teasée en introduction, Alexandre comment est-ce
00:36qu'on peut y répondre ? Plus de 900 millions de dollars d'actions Nvidia rachetées par
00:41les particuliers depuis la chute du titre Nvidia de 17% lundi, donc sur deux journées
00:45visiblement de mémoire de broker retail aux Etats-Unis, on n'avait jamais vu ça.
00:50Est-ce que les particuliers ont eu raison de racheter du Nvidia dans cette baisse de
00:5517% lundi ?
00:56Je ne suis pas convaincu du tout, même si c'est vrai que nous en tant que broker on
01:00voit que les sets magnifiques sont souvent dans le top 10 des actions les plus tradées
01:04par les particuliers, mais après sur le timing de ce rachat, si c'est un timing tout à
01:08fait opportuniste, j'achète et je vends 24h plus tard, c'est un smart move, bravo.
01:13Si en revanche c'est de dire c'est l'opportunité d'une décennie, je vais acheter du Nvidia
01:1717% moins cher parce que je pense que ça va faire 50% dans les mois qui suivent, là
01:20je suis beaucoup plus dubitatif parce que de l'aveu même de certains, tiens aujourd'hui
01:25par exemple on avait le résultat du fonds souverain de Norvège, on a son président
01:29qui s'est exprimé sur ce résultat et il dit qu'il a été surpris par l'annonce d'Ipsych
01:35et donc responsable du plus gros fonds souverain au monde qui explique ça, c'est que probablement
01:39d'autres présidents et PDG de sociétés ailleurs ont le même constat, c'est qu'il
01:44y a un côté un peu disruptif, c'est-à-dire que je pense que les grandes valeurs tech
01:46américaines, peut-être ne se doutez pas que la tech chinoise pouvait aussi rapidement
01:52suivre le rythme, voire égaler le rythme avec des coûts beaucoup plus faibles et qu'effectivement
01:56quand on entend le PDG de Nvidia dire que c'est formidable parce que c'est...
01:59A SML, le patron de SML, je ne sais pas si le patron de Nvidia a dit qu'il était encore formidable.
02:04Il a une expression un petit peu similaire le jour même, mais si on n'a rien à faire
02:07à produire autant voire mieux avec moins et des puces qui ne sont pas en plus de la
02:10dernière génération, je ne suis pas convaincu que même pour une boîte comme Nvidia ce
02:13soit une très très bonne nouvelle, donc j'ai tendance à penser que c'est plutôt
02:17un espèce de rebond un peu spéculatif.
02:20Ça vient révéler des fragilités qui étaient déjà là dans ces grandes valeurs tech américaines,
02:24souvent sur les marchés, bon, beaucoup d'informations circulent, mais il y a toujours l'idée
02:30d'un catalyste, d'un déclencheur, d'une étincelle qui vient embarquer, déclencher
02:35un mouvement, etc.
02:37Est-ce que c'est ce moment-là ? Peut-être qu'il est trop tôt pour le dire, j'en sais
02:39un, mais comme vous le dites, Deep Six, ce n'est pas une petite histoire visiblement.
02:43C'est ressemble parce que quand on regarde finalement le rallye sur la tech, depuis le
02:46creux de 2022, qui est un indice assez compliqué pour l'ensemble des marchés, le rallye qui
02:50a suivi sur la tech, il a été embarqué, le gros surperformer dans les premiers mois
02:54du déclenchement du rallye, c'était le Nasdaq, c'était les valeurs tech et déjà
02:57tiré par ce thème IA, et ce que les marchés ont salué depuis deux ans, c'est que non
03:01seulement les résultats embarqués étaient très bons, mais que les guidances trimestre
03:05après trimestre restaient excellentes, et là c'est vrai que les guidances, c'est
03:07les projections, qu'elles voient désormais les projections des sets magnifiques dans
03:12leurs dépenses d'investissement notamment, est-ce que ça vaut le coup de dépenser autant,
03:15est-ce qu'il ne faut pas commencer à faire un petit peu attention, ça fait penser
03:17sous certains aspects à moins grande échelle, mais est-ce que c'était passé pour Meta
03:21ou enseignement Facebook, avec le métavers, c'est-à-dire beaucoup de dépenses dans
03:24le métavers, et puis d'un seul coup on avait fait des économies derrière, on avait licencié
03:27quelques personnes aussi, est-ce qu'on n'est pas dans un moment qui ressemble un petit
03:30peu à ça, où finalement on s'est embarqué dans des projections beaucoup trop fortes
03:33en termes de dépenses d'investissement, et les actionnaires ont peut-être demandé
03:36maintenant où est la rentabilité par rapport aux dépenses d'investissement.
03:38Un mini reset quoi.
03:39Un petit reset, voilà.
03:40Sans revenir complètement en barrière, mais remettre les choses…
03:42Oui, et dans un environnement, on en parlera après, mais où vous avez en plus des taux
03:45américains qui restent relativement élevés, Jérôme Paul qui probablement ce soir nous
03:49fera à peu près le même discours qu'en décembre, en gros on fait une pause, et tant
03:53qu'on n'a pas une bonne séquence de plusieurs mois de baisse d'inflation etc, statu quo
03:57pour l'instant, donc match avec Trump aussi, je trouve que c'est quand même un environnement
03:59qui est très challengé entre les décisions monétaires et la partie technologique qui
04:03était quand même un gros booster, et vous l'avez dit aussi, ça ne concerne pas que
04:06la tech, c'est-à-dire que les équipementiers, Schneider, Legrand, l'énergie aussi, donc
04:10c'est là qu'on voit comment…
04:11C'est le thème de l'infrastructure IR, c'est les puces, les serveurs hyperscalers
04:16et l'énergie qui est nécessaire.
04:17C'est là qu'on voit qu'un thème, finalement qu'on peut apparenter un thème très technologique
04:20peut avoir en fait des répercussions cascades sur des secteurs qui sont un peu moins tech
04:24orientés habituellement on va dire.
04:26Bon, Valérie, force et fragilité du Nasdaq à ce stade-là, comment vous lisez spécifiquement
04:33là cet indice américain aujourd'hui ?
04:34Il ne s'en sort pas si mal, la situation est tellement compliquée aujourd'hui, moi
04:49je m'intéresse avant tout à ce que les marchés pensent, et donc je pensais qu'NVIDIA,
04:59le jour où elle donnerait un signal de faiblesse, et en l'occurrence il y avait un beau niveau
05:04de support à 128,80 au-dessus duquel elle était depuis quelques mois, qu'elle a enfoncé
05:09avec un gap, qu'elle n'a pas réussi à repénétrer hier, donc ça reste baissier
05:12effectivement à court terme.
05:13Je pensais que le jour où elle donnerait ce signal, on aurait un écho relativement
05:18fort sur le Nasdaq, or le Nasdaq n'a pas donné le même signal, et même le SOX, donc
05:23le SOX, l'indice des semi-conducteurs américain, qui est la plus grosse capille, c'est NVIDIA,
05:30mais en termes de poids dans le SOX, il y a des caps, on appelle ça des caps, des maximums,
05:39qui sont donnés, il y a des limites, et donc elle n'emporte pas le gros morceau.
05:43Donc ça n'a pas cassé de support non plus pour le moment, donc si le mécanisme
05:53des poupées russes se met en place, on sent que le marché n'a pas encore basculé du
06:03côté noir de la force, et que le krach peut-être va prendre du temps.
06:12Je dis peut-être, parce qu'il y a tellement d'algorithmes sur ce marché qui font tous
06:18la même chose au même moment, que parfois ils se mettent tous à défaire la même chose
06:23au même moment, et que tout part en le mot qu'on n'a pas le droit de dire sur un plateau
06:26de bruit à toute allure.
06:28Mais ce n'est pas gagné, je suis assez surprise du fait que ça ne soit pas synchronisé.
06:33Et en fait, il y a aussi ce problème de marché de taux qui est très important, qui illustre
06:43la problématique économique, macro-économique américaine et la façon dont elle va se diffuser
06:47dans le monde, qui peut aussi venir équilibrer, et qui pour le moment met tout en sourdine.
06:53On n'a aucune visibilité sur la vitesse à laquelle Trump va mettre en place son programme.
06:59Pour le moment, on voit qu'il est surtout intéressé par s'enrichir très très vite.
07:02Ça, il met tout en place très vite, mais pour le pays, ça va beaucoup moins vite.
07:06Et la séquence est encore floue.
07:08Oui, tout à fait.
07:09Et donc, comme la séquence est floue, la séquence de la fête est floue, et si la
07:12séquence de la fête est floue, ça veut dire que la séquence des valorisations au
07:16sens large du marché américain, elle reste empointillée.
07:19Voilà, donc on a encore un certain nombre de déterminants qui sont à découvrir et
07:23qui peuvent donner lieu à beaucoup de remous dans les marchés.
07:27Et j'ai l'impression que c'est plutôt ce à quoi il faut se préparer, parce qu'il
07:32y a une dispersion phénoménale, et donc ça rend les choses vraiment très compliquées à lire.
07:40Du bruit, quoi !
07:42Je pense qu'il ne faut pas se laisser emporter par les émotions, parce que c'est vraiment
07:46l'envie qu'on a en ce moment, vu que les nouvelles sont toutes exceptionnelles.
07:50On n'a que des nouvelles exceptionnelles qui se succèdent les unes et les autres.
07:54C'est-à-dire, c'est quoi que des nouvelles exceptionnelles qui se succèdent ?
07:57Là, cette histoire de Deep Six, c'est énorme !
07:59Oui, oui, bien sûr !
08:01Le Trump Coin, c'était énorme !
08:03Le coup de dire qu'on va mettre des droits de douane au Canada et au Mexique, qui sont
08:06les deux présents les plus proches tout de suite, comme ça, c'était énorme !
08:10Il y a tout le temps des nouvelles qui sont déstabilisantes.
08:14Qui viennent prendre un peu à revers, je suis d'accord.
08:15Et donc, tout ça, ça crée beaucoup d'émotions.
08:22Donc, ça crée un marché dans lequel les gens font un peu n'importe quoi, sincèrement.
08:26Et c'est rarement vraiment le début de quelque chose de majeur.
08:35De solide, j'entends, de majeur.
08:36En fait, c'est le début d'une phase de distribution, on est en cours d'une phase
08:41de distribution.
08:42De toute façon, elle a commencé, elle est très visible en Europe, elle est un peu moins
08:46perceptible aux Etats-Unis, mais le signal d'Elvidia, c'est quelque chose qui nous
08:51dit, attention, potentiellement, on est effectivement en train d'avoir cette phase de distribution.
08:54Ça s'inscrit dans ce schéma, dans l'idée d'une distribution de marché.
08:56On y reviendra, Valérie, on pourra préciser les choses, mais ça s'inscrit pour vous,
09:01ça vient conforter cette idée d'une phase de distribution du marché, à définir et
09:06à préciser.
09:07Mais je fais tourner la parole sur Abaf, oui, ce thème de l'IA, alors, est-ce que c'est
09:11DeepSeek, est-ce que ce sera une autre, en tout cas, j'en sais rien, est-ce que DeepSeek
09:14a pillé des données d'OpenAI, bon, je ne sais pas, peut-être que ça se terminera
09:18devant la justice.
09:19En tout cas, pour les investisseurs, ça vient quand même faire résonner l'idée que l'IA
09:25pourra être peut-être demain moins coûteuse et peut-être beaucoup plus vite que ce qu'on
09:29imaginait.
09:30Il y a un effet de commoditisation qui peut s'accélérer beaucoup plus que ce qu'on imaginait.
09:35Bien sûr, c'est plus que probable, c'est quasiment certain.
09:40C'est ce qu'on appelle le progrès technique et l'IA est un progrès technique en tant
09:44que tel, mais au sein de l'IA, il y a du progrès technique.
09:47Donc, dans les implications sur les valeurs de tech, donc de faire de l'IA en gros avec
09:5210 fois moins d'énergie et des coûts 100 fois moindres, il ne faut pas mettre tout
09:59le monde dans le même panier, c'est-à-dire que vous avez ASML, qu'on l'a cité, ASML,
10:03ils ne font pas d'abord directement des semi-conducteurs, ils font des machines qui permettent de produire
10:08des semi-conducteurs.
10:09ASML, ils sont sensibles au volume, ils sont sensibles en dérivées secondes au volume
10:15des semi-conducteurs qui seront produits et utilisés dans le monde.
10:18Ce volume, il est appelé à continuer à croître de manière, si ce n'est exponentielle, en
10:23tout cas extrêmement régulière, qu'il y ait l'IA ou qu'il n'y ait pas l'IA, qu'il y ait
10:26un peu d'IA, qu'il y ait beaucoup d'IA, pour la raison que les semi-conducteurs rentrent
10:30partout, dans toute l'économie, dans tous les produits, dans l'automobile, dans tous
10:35les objets connectés, dans tout progrès aujourd'hui, quel qu'il soit, quel que soit
10:43le domaine, que ce soit de la production d'énergie, que ce soit du pétrole, tout se fait avec
10:47des semi-conducteurs.
10:48Donc, et la partie IA dans les semi-conducteurs, c'est un petit volume de semi-conducteurs.
10:54Donc pour ASML, l'impact, il est très très indirect et ce n'est pas tellement ça le
11:03sujet.
11:04Par ailleurs, ASML a publié aujourd'hui des bons résultats et c'est aussi pour ça que
11:07ça rebondissait, notamment à cause de son carnet de commandes.
11:12Ensuite, vous avez les semi-conducteurs eux-mêmes et puis ensuite vous avez NVIDIA.
11:16NVIDIA, ce ne sont pas des semi-conducteurs, ce sont des puces avec une architecture qui
11:22permet de mener plusieurs opérations en même temps et donc qui sont indispensables à l'IA.
11:28A la puissance de calcul.
11:29A la puissance de calcul de l'IA.
11:31Et donc, là, effectivement, l'impact, il est très direct parce que si on a besoin
11:36de 100 fois moins de puces GPU pour produire le même résultat, effectivement, c'est un
11:43impact direct sur le business de NVIDIA.
11:46Alors après, il y a quelque chose qui est bien connu en économie qui s'appelle le paradoxe
11:51de Jevons.
11:52Je ne sais pas si vous êtes familier, mais Jevons était un monsieur qui, au 19e siècle,
11:59a remarqué qu'entre 1830 et 1865, l'efficacité de la machine à vapeur a très fortement progressé
12:07à telle enseigne que la quantité de charbon utile pour produire une quantité X d'énergie
12:15avait baissé des deux tiers, avait baissé de 66%.
12:19Sur cette même période, la consommation de charbon a augmenté de 1000%.
12:26Donc, avec un rendement énergétique amélioré de 66%, on a augmenté la consommation de
12:35charbon de 1000% pour la raison que ça a accru la demande pour ces nouvelles machines
12:42à vapeur beaucoup plus efficaces et donc ça s'est diffusé et donc on a utilisé
12:46une finée plus de charbon.
12:48Donc, c'est bien connu sous la forme du paradoxe de Jevons qui correspond à ce qu'on appelle
12:53aussi l'effet rebond.
12:54L'effet rebond, c'est-à-dire qu'avec un rendement amélioré, en fait, on augmente
12:57la consommation, mais quand la consommation augmente de plus de 100% de l'amélioration
13:04d'efficacité, là, on rentre dans ce qu'on appelle le paradoxe de Jevons.
13:08Et donc, même pour NVIDIA, à court terme, ça peut être une menace, mais à moyen terme,
13:15ça peut aussi être une source de développement du business extraordinaire, y compris pour NVIDIA.
13:21Donc, à démocratiser l'IA par la baisse des coûts, en l'occurrence aujourd'hui,
13:26ça doit être bon à moyen et long terme pour l'ensemble des acteurs.
13:29Jusqu'à ce qu'il y ait une rupture technologique qui fasse que NVIDIA elle-même puisse être
13:33remplacée, ce qui arrivera probablement plus tôt que pour NVIDIA.
13:35Mais là, ce n'est pas une rupture, c'est une amélioration de la productivité de l'IA.
13:40Oui, je suis d'accord.
13:42Donc, le choc, il est sans doute un petit peu exagéré.
13:46Après, il y avait un effet de bulle quand même quand on parle des valeurs énergétiques,
13:49effectivement, Siemens Energy, Schneider, etc.
13:52Ce sont des valeurs qui sont quand même devenues extrêmement chères à cause du concept de la demande d'électricité.
14:01Et c'est vrai qu'on avait une certaine décorrélation de ces cours de bourse par rapport à leur réalité financière
14:06ces derniers mois, et en particulier avec l'arrivée de Trump et les centaines de milliards
14:12qu'on allait mettre sur la table, etc.
14:13Il y avait eu un peu une explosion là-dessus.
14:15Le marché s'est un petit peu calmé.
14:18Ça, c'est plutôt bien et c'est plutôt très sain qu'il y ait eu cet élément-là.
14:23Donc, cette rupture d'ePsyc qui a l'air réelle est probablement un facteur d'accélération de l'utilisation de l'IA plutôt qu'une menace.
14:37Ce qui est intéressant, c'est qu'on se rend compte qu'en l'espace de quelques jours,
14:40tous les groupes chinois ont annoncé, avant d'ePsy, qu'il y avait déjà eu la maison mère de TikTok
14:44qui avait annoncé 20 millions d'euros.
14:46Il y en a à Alibaba aujourd'hui.
14:48Désormais, c'est les groupes chinois qui se...
14:50Tout ça, une semaine après l'annonce du plan Stargate.
14:55Donc, il y a quand même aussi peut-être un panneau d'impercution à plus grande échelle à mesurer.
15:00C'est-à-dire qu'on arrive sur un nouveau terrain de conflit.
15:02Les États-Unis et la Chine, il y en a plusieurs, mais c'est un nouveau terrain de conflit.
15:04Le technologique a toujours existé comme terrain de conflit,
15:06mais celui-ci, plus particulièrement maintenant,
15:08vu que c'est presque un affront pour Trump, on annonce 500 milliards
15:10et moins d'une semaine après, on se prend une claque par d'ePsy
15:12pour un startup à 6 millions de dollars.
15:14Oui, oui, oui. C'est la légende.
15:16On verra combien de temps la légende tient.
15:18Après, il y a aussi un constat de rotation peut-être un peu intéressant.
15:22C'est-à-dire que ceux qui étaient très pondérés en valeur US et tech US,
15:26quand on voit la tête des marchés chinois, par exemple, des indices chinois,
15:28si effectivement ces avancées sont bien concrètes
15:31et que ces groupes chinois arrivent à commercialiser ça à des prix inférieurs,
15:35ça peut redonner un peu de lustre à des indices comme le Hang Seng, ou autre,
15:38qui avait perdu depuis trois ans pas mal de terrain,
15:40qui a tendance à rebondir systématiquement dès qu'il y a une annonce de soutien un peu macro côté chinois.
15:43Et là, on arrive sur le thème un peu micro,
15:45qui peut être la couche en fait de soutien supplémentaire
15:47avant que tout reparte un peu plus fortement, la macro, etc.
15:50Donc peut-être qu'il y a des opportunités à saisir.
15:52C'est des valeurs qui se payent deux fois moins cher grosso modo que les valeurs de 1950.
15:56Mais il y a un peu l'idée d'une mécanique de vaste communication.
15:58Peut-être, attention, des faiblesses ou des fragilités révélées aux Etats-Unis
16:01qui peuvent redonner un peu de lumière ou un peu d'intérêt
16:05en dehors de ce marché américain dominateur, tout puissant, exceptionnel.
16:09Oui, on l'a vu sur une micro échelle, mais le jour où le Nasdaq,
16:12dès le matin, les futurs Nasdaq étaient à moins 4%, c'est-à-dire lundi,
16:15on avait un Anc5 qui lui était à plus 1,4, ce n'est pas non plus plus 5,
16:18mais on sentait que ça tenait quand même pas trop mal.
16:20Alors qu'habituellement, quand il y a une vraie problématique tech à l'échelle mondiale,
16:23toutes les valeurs tech baissent partout, Europe, Etats-Unis, Chine.
16:25Là, ce n'était pas le cas.
16:26Donc peut-être qu'il y a un peu d'opportunités qui apparaissent de ce côté-là.
16:30Et pour l'Europe, peut-être aussi un petit peu.
16:32Il y avait déjà des opportunités par rapport aux valorisations.
16:34Le thème, il est maintenant là-dessus, sur les valeurs de ces groupes américains.
16:37Si on considère qu'on est trop surpondé sur ces valeurs-là,
16:40on peut retrouver quelques opportunités en Europe un peu moins chères, un peu diversifiées.
16:43Je ne suis pas convaincu, par contre, que si on a un stress de marché
16:47au premier trimestre, au deuxième, un peu plus conséquent sur la partie américaine,
16:50genre moins 10, moins 15 par exemple,
16:52normalement, l'Europe sera quand même un peu sensible, parce qu'historiquement, c'est le cas.
16:55Mais peut-être que sur un CAC 40, par exemple,
16:57ça ne ferait pas retomber si le marché US lâche 15%,
17:00peut-être qu'on ferait un moins 7 ou moins 8 par exemple.
17:02Donc on a quand même l'impression que des indices comme le CAC,
17:05moins sensibles à la tech en plus,
17:06peuvent tirer le ping du jeu de ce genre de situation.
17:08Ce qui est intéressant, c'est que lundi, sur la séance de lundi,
17:10un S&P équipondéré, où chaque valeur a le même poids,
17:13termine quasi flat.
17:16Phase de distribution, donc.
17:18Qu'est-ce que ça signifie ?
17:20C'est ce que vous disiez, Valéry,
17:22s'il faut se familiariser avec ce concept.
17:26Si c'est le schéma de marché qui nous attend, là, au moins pour quelques temps,
17:29qu'est-ce que ça veut dire et comment on trade une phase de distribution ?
17:34C'est l'horreur.
17:37On vend les banques.
17:39Ah, on vend les banques en Europe, là ?
17:41On vend les banques partout.
17:42Ah bon ?
17:43Oui, si c'est une phase de distribution, on vend les banques.
17:45Je ne dis pas que ça va passer demain.
17:47D'accord, mais je veux bien que vous expliquiez ce que ça veut dire,
17:49phase de distribution, et effectivement,
17:50ce que ça implique pour un marché comme le marché européen.
17:53Parce que les banques, ça fait trois ans que ça surperforme.
17:56Oui.
17:57Oui ?
17:59Bon, une phase de distribution, c'est une période au cours de laquelle
18:03un indice forme un sommet.
18:09Quand les indices montent, on appelle ça le momentum,
18:14mais en gros, ça correspond au côté copieur ou mimétique qu'a l'être humain,
18:22de vouloir avoir en portefeuille et d'être obligé d'avoir en portefeuille
18:25ce qui a déjà monté, parce que le client dit,
18:27ben oui, mon copain, il a gagné de l'argent, moi, je n'en ai pas, donc on en met.
18:30Donc, en fait, ce momentum, ça a une vie très longue.
18:36C'est très difficile d'épuiser le momentum.
18:38Et donc, pour former le sommet, il ne faut pas croire que tout se met à baisser en même temps.
18:42En fait, dans les marchés, il y a les secteurs qui surperforment.
18:46Et les secteurs qui surperforment, ils ont d'abord une première phase de faiblesse,
18:50puis après, ils repartent, et il y a un moment où ils se mettent à baisser.
18:55Et quand ces secteurs qui ont été les plus forts se mettent à baisser, ça, c'est mauvais signe.
19:00Et il faut que quand ils se mettent à baisser, on ait déjà eu un certain nombre de secteurs
19:06qui aient déjà donné des signaux de retournement.
19:09Donc, par exemple, en Europe, le luxe, il a déjà donné beaucoup de signaux de retournement.
19:13On a eu une reprise qui est peut-être en train de s'achever là.
19:18Pour moi, on a fait un paquet de niveaux.
19:21C'est pile-poil nickel le moment où ça devait s'arrêter.
19:24Ça se passe.
19:26Donc, le luxe, il ne va pas pouvoir reprendre le flambeau qu'il a eu,
19:32pas pendant très longtemps, mais disons pendant un mois et demi.
19:36Donc, ça, c'est les faibles.
19:38Elles sont reparties en baisse.
19:40Et si les fortes n'arrivent pas à prendre le relais, en fait, on va manquer de soutien.
19:45Alors, tout ne s'effrite pas en même temps.
19:48Et donc, dans ce type de marché, qu'est-ce qu'il faut faire ?
19:51Il faut être super contrariant.
19:53C'est pour ça que je dis qu'il faut vendre les banques.
19:55Parce qu'en fait, il n'y a plus qu'un truc qui monte.
19:57C'est le seul secteur encore un peu leader, un peu fort.
19:59Oui, absolument.
20:01Et donc, les probabilités de voir ce secteur fort, lui aussi, à un moment s'effriter, s'affaiblir,
20:06elles sont en train d'augmenter ?
20:08Nécessairement, c'est ce qui va se passer.
20:10Donc, il y a un moment où les manques doivent baisser.
20:13Et à ce moment-là, peut-être que c'est la santé qui va monter, ou l'énergie,
20:15parce que souvent, banque-énergie, ça s'arbitre.
20:17On a eu un moment qui a été vraiment anti-banque, anti-énergie en 2018-2019,
20:23quand on avait des taux qui étaient mis sous les tapis.
20:25Oui, bien sûr.
20:27Mais sinon, dans un marché qui a des taux et une pente de taux,
20:30une courbe de taux à peu près normalement constituée,
20:33ce sont des secteurs qui, très souvent, s'arbitrent au moins en termes de performance relative.
20:39Donc, voilà, on a peut-être encore un mois, un mois et demi,
20:45mais je pense qu'au premier trimestre, il faut se défendre.
20:48D'accord. C'est l'enjeu du premier trimestre pour vous ?
20:50Oui, pour moi, c'est l'enjeu du premier trimestre.
20:52Traverser cette phase de distribution, comme vous dites.
20:54Il faut prévenir, il faut construire son portefeuille pour se préparer à quelque chose de plus lent.
21:01Et en fait, sur le secteur bancaire européen, on a eu une hausse fabuleuse,
21:06mais à quelques pourcents devant nous, on a des niveaux qui sont absolument considérables aussi à franchir.
21:13Donc, la probabilité pour qu'on les franchisse durablement, elle est relativement basse.
21:19Ok. Tiens, on a parlé de la santé, secteur que vous aimez bien, Régis.
21:24Qui connaît quand même un certain regain d'intérêt depuis la deuxième partie de l'année 2024.
21:31Oui, alors je veux bien qu'on m'excuse.
21:33Mais c'est vrai que dans la santé, il y a beaucoup de choses.
21:35Il y a les grands labos, la bibliothèque, etc.
21:37Les stars de la santé, en tout cas dans le secteur, ça a été Lilly et Novo,
21:41qui ont connu quand même un bon petit coup d'arrêt.
21:45À partir de là, qu'est-ce qui vous intéresse dans ce secteur ?
21:48Précisément, si on vient sur l'Europe, mais c'est un peu vrai aux Etats-Unis avec Lilly,
21:54Novo Nordisk a attiré à ce point tous les projecteurs
21:58qu'il y avait très peu d'intérêt pour d'autres valeurs de la santé et de la pharma en particulier.
22:05Il y a eu quand même une très belle performance d'une valeur en Europe qui s'appelle UCB,
22:10qui a eu une performance remarquable.
22:12Mais c'est vrai que globalement, le secteur a été assez tenu à l'écart,
22:17en partie à cause des projecteurs qui étaient attirés sur Novo Nordisk.
22:24Quand Novo Nordisk a commencé à montrer des signes de faiblesse,
22:28ça a commencé pendant l'été, où finalement on attendait que la production de GLP1
22:36soit suffisamment abondante pour répondre à la demande.
22:40Et puis ça s'est produit, la production a progressé.
22:45Beaucoup investi dans la production.
22:46Et puis finalement, à ce moment-là, la demande n'a pas continué sur sa lancée.
22:52Il a commencé à y avoir des inquiétudes sur le prix, il a commencé à y avoir des questions de prix.
22:57Et puis ça s'est très mal terminé en 2024 avec le prochain produit de Novo Nordisk,
23:03qui s'appelait Cagricema, sur lequel il y avait une étude,
23:06sur laquelle le marché misait sur une baisse de poids de 25%,
23:12et qui est tombée à 22%, sorti à 22,7%.
23:16A 22,7%, absolument.
23:201,3 point d'écart, 2,3 point d'écart.
23:242,3 point d'écart, c'est beaucoup, parce que 22,7%,
23:28ça nous rapproche d'un produit qui existe déjà sur le marché,
23:31qui est celui des Lilili.
23:33Et par conséquent, il n'y avait plus cette différenciation.
23:35Et ce qui est le gros problème de Novo Nordisk, il faut quand même l'avoir en tête,
23:39c'est que Novo Nordisk fait 90% de son chiffre d'affaires
23:42sur un produit qui s'appelle le Semaglutid,
23:44dont le brevet va commencer à tomber à partir de 2026,
23:48et tomber définitivement partout en 2032.
23:52Il y a quand même une course de vitesse par rapport à ce qu'on peut avoir des produits relais,
23:55si vous voulez, pour justifier le niveau de valorisation,
23:58pour pouvoir se projeter dans un format.
24:00On se projette très loin, on se projette à 10, 15 ans,
24:03avec une très bonne visibilité,
24:05mais après il faut quand même renouveler son pipeline,
24:07c'est le problème de tous les formats.
24:10Et là, sur Novo Nordisk, il y a quand même une grosse question.
24:14Et donc plus généralement, sur les pharma en Europe,
24:16qui étaient tombés à un niveau de valorisation très bas,
24:19on retrouve de l'intérêt, on retrouve de l'intérêt pour d'autres pathologies aussi
24:22que le surpoids et l'obésité,
24:24qui certes sont des grandes questions,
24:28mais il y a plein d'autres questions quand même dans la santé
24:31qui avaient été effectivement un peu occultées par l'obsession...
24:34Il y a eu un peu de buzz.
24:36Il y a eu deux ans de buzz massif sur les GLP1.
24:38Des croissances évidemment très fortes aussi, qu'il ne faut pas nier.
24:42Et des avancées médicales spectaculaires.
24:44Rien n'est remis en cause de ce point de vue-là.
24:46Spectaculaire, c'est spectaculaire.
24:48J'en discute avec d'autres qui trouvent ça spectaculaire.
24:52Vous savez, sur la protection du cœur et du rein,
24:57les SGLT2, qui existent depuis 8 ans,
25:01qui sont 5 fois moins chers que les GLP1,
25:04ont exactement le même résultat.
25:06Donc voilà, il y a eu quand même beaucoup d'agitation.
25:10On réinvente un peu la roue.
25:12On est en cours de quelque chose qui était sans doute à mon humble avis
25:17moins majeur que ce qu'on a bien voulu dire à un moment donné.
25:22Mais PharmaSanté peut retrouver de l'intérêt dans le contexte...
25:26PharmaSanté a des niveaux de valorisation qui sont au plus bas depuis 2008.
25:32Ah oui, c'est ça que je voulais aussi dire quand même.
25:35C'est qu'effectivement, après l'élection de Trump,
25:37on a eu le buzz négatif autour de RFK.
25:41Il est en train de passer son audition de confirmation en ce moment.
25:44Et ce buzz s'améliore nettement sous deux aspects.
25:47Premièrement, c'est qu'on n'est pas sûr qu'il soit nommé.
25:50Et deuxièmement, c'est que pour être nommé,
25:52il va être obligé de mettre, si je peux me permettre en parlant de Pharma,
25:55un coup d'eau dans son vin.
25:57Notamment sur son message extrêmement négatif autour des vaccins
26:01qui avait quand même beaucoup pesé sur l'ensemble du secteur.
26:04Et puis un message négatif un peu sur un peu tout.
26:07Il va être obligé de se lisser un tout petit peu s'il veut passer la barre.
26:12Et ce n'est pas du tout lui qui passe la barre.
26:14Et donc ça rassure quand même le marché.
26:17Historiquement, la Pharma est quand même plus proche des Républicains que des Démocrates.
26:23Donc c'est vrai qu'il y avait un côté un peu paradoxal
26:25dans ce discours très anti-Pharma de RFK nommé par Trump.
26:30D'autant que Trump a été un gros promoteur du vaccin quand même à son époque.
26:35Le grand promoteur mondial du vaccin.
26:39C'est quand même parce qu'il y a eu beaucoup d'argent mis par Trump sur la table.
26:43Il part vraiment avec Boris Johnson.
26:44Ils sont les deux personnes qui ont vraiment beaucoup poussé ce développement de vaccins.
26:48Donc c'est vrai qu'on était quand même dans un...
26:50Si on veut aller jusqu'au bout, RFK est aussi quelqu'un qui est très hostile aux pesticides, etc.
26:58Or Trump a été élu par les États qui sont les plus grands utilisateurs de l'ensemble de la groschimie.
27:05Simplement qu'il s'appelle Kennedy et que ça faisait bien d'avoir un Kennedy dans un cabinet.
27:10Il a vendu ses voix à Trump.
27:13C'était plus simple.
27:14On a compris.
27:15Puisqu'on parle de Trump, parlons de Jérôme Powell et de la Fed.
27:19Alexandre, c'est peut-être le début d'une conversation.
27:23On verra jusqu'où elle peut se muscler entre Trump et Jérôme Powell.
27:28Donald Trump l'a fait comprendre il y a moins d'une semaine.
27:31Et à deux reprises d'ailleurs, il allait demander des baisses d'autos.
27:34Donc on a bien compris que c'était quelque chose pour lui du premier semestre.
27:36Ce n'était pas fin de l'année.
27:38Et face à ça, on a en tout cas le dernier discours qu'on ait.
27:40C'est celui de décembre de la Fed.
27:42Il y a eu des projections qui ont été largement rabotées en termes de baisses d'autos anticipées par rapport aux projections de septembre dernier.
27:49Et encore une fois, on voit mal comment dans l'intervalle de deux projections.
27:52Donc c'était décembre dernier, prochaine en mois de mars.
27:54On voit mal comment dans ce laps de temps-là, le discours de Jérôme Powell changerait.
27:58On a eu un seul chiffre qui est un peu dans son sens mais de 0,1 % de mieux sur l'inflation.
28:02Core CPI, il a le marché, c'est enflammé, c'est absolument formidable.
28:05Mais c'est que 0,1 % de mieux sur un CPI qui oscille entre 3,2 et 3,3 pour être précis depuis six mois.
28:10Donc depuis deux trimestres.
28:12Donc je ne vois pas pourquoi une seule donnée de prix.
28:14On verra vendredi ce qu'il en est avec le PCE.
28:16Mais pourquoi une donnée de prix ?
28:18Déjà, il ne l'a pas celle de vendredi.
28:20Ou alors il l'a et elle est très très bonne et il va adapter son discours ce soir.
28:23Mais je pense qu'il faut un set de données sur l'emploi et les prix.
28:26Et il me semble qu'effectivement, oui, on a toutes les caractéristiques pour qu'il y ait un début de clash entre Trump et Powell.
28:32On va le souhaiter à ce soir.
28:33Un set de données et un peu plus de clarté sur la séquence Trump.
28:36C'est ce qu'il disait en décembre ou à la meeting d'avant.
28:39On ne spécule pas, on n'imagine pas.
28:41Alors évidemment, certains ont commencé à intégrer du Trump dans leurs données.
28:44Chacun est responsable de ses choix.
28:46Mais du point de vue de la gouvernance, en tout cas sous la direction de Jérôme Powell,
28:50il n'y a pas, dans la communication officielle, d'anticipation ou de spéculation trop forte dans la prise de décision.
28:56Il n'a pas dit lui, mais effectivement, il a fait comprendre que des membres au sein de...
28:58Certains, oui.
28:59...dans les dernières projections, inclus dans la projection, notamment en nombre de tests de taux,
29:02voilà, les anticipations du politique tarifaire qui allaient arriver.
29:05Alors effectivement, le fait qu'il ait après moins tapé sur l'Europe et sur la Chine,
29:07est-ce que ça va un petit peu hedger le sentiment que c'est un membre de la Fed ?
29:11Mais sauf qu'il a tapé quand même très fort sur les voisins immédiats, avec lesquels les volumes sont extrêmement portants aussi.
29:16Donc je pense que l'environnement n'est pas là pour que Jérôme Powell soit plutôt sympa.
29:20Je pense que le discours sera de la même teneur qu'en décembre.
29:22C'était un discours, on se souvient, le somme historique du S&P 500 avait été fait à ce moment-là.
29:26Et dans la foulée, le mercredi soir sur les marchés US, il y a eu 3 ou 4 % de baisse.
29:30Et ensuite, le marché avait mis du temps à se rattraper avant le chiffre d'inflation de CPI.
29:34On monte, on monte. Et ensuite, il y a eu l'effet deep-seek.
29:36Donc il y a eu deux gros chocs en deux mois, le discours de la Fed et le côté disruptif deep-seek.
29:41Et ensuite, il y a un deuxième élément qu'il faudra surveiller, je pense.
29:44Tout à l'heure, Valérie, tu parlais de la courbe de taux.
29:47C'est vrai que le redressement de la courbe de taux US, la repentification qu'on aurait le 2 ans, 10 ans,
29:51on commence à arriver au degré de repentification où, sur les phases précédentes,
29:55c'est-à-dire post, suprême, au moment suprême et au moment crise Internet et même début des années 90,
30:00c'est dans ces zones-là de repentification que les phases de récession de l'économie américaine ont commencé à être observées.
30:05Je ne veux pas être en train de dire que c'est ce que nous aurons cette fois-ci.
30:07Mais simplement, le track record montre que dans ces zones de repentification-là,
30:12c'est là que le ralentissement économique peut se produire.
30:14Et donc, il va falloir surveiller quand même, d'un côté, le rythme des baisses de taux qui a été amenuisé.
30:19Il va falloir surveiller la dynamique macro-américaine.
30:21Cet après-midi, il y a des chiffres. On n'a pas trop parlé de ça.
30:24Mais par exemple, les stocks aux États-Unis grossissent notamment.
30:29C'est le plus fort repli qu'on a eu depuis pas mal de temps malgré tout.
30:32Et on regarde la fête d'Atlanta qui met un jour sur l'autre régulièrement.
30:36Un jour sur l'autre, là, ça va être pas mal.
30:37Là, il était à 3 et quelques.
30:383-2 hier et 2-3 depuis ces derniers chiffres.
30:412-3, ça reste comme ça. C'est merveilleux.
30:43Ça reste très bon.
30:44Demain, enfin, cette semaine en tout cas.
30:45Voilà. Donc, ce ne sont pas des mauvais chiffres.
30:47Mais la dynamique macro-américaine est très importante parce que si le marché a l'impression que les taux vont rester flats
30:51higher for longer malgré tout, malgré son point de base, mais qu'il reste haut quand même,
30:55et que la macro derrière et que Jérôme Poel est un peu coincé parce qu'il ne peut pas aller plus vite sur les baisses de taux,
30:59peut-être qu'il y a un petit effet ciseau qui sera un peu désagréable pour le marché.
31:02Donc, là, je le mets en plus dans le genre d'argument favorable à un peu de drawdown de 10-15 %
31:06sur les marchés américains au moins au premier semestre.
31:09Sur le mouvement de courbe, c'est tout dépend de ce qui bouge, comment ça se repentifie.
31:13Est-ce que ça baisse par les taux courts ?
31:15Est-ce que ça se pentifie par les taux longs ?
31:17Les taux réels ou pas ?
31:19Donc, c'est vrai qu'il y a de multiples manières de repentifier les courbes là-dessus.
31:24Alors, Valérie, puisque ça fait partie un peu des grands points d'interrogation du moment dans l'analyse...
31:30C'est ce qui... Moi, je commence toujours par croire ce que pense...
31:34Enfin, j'essaye d'aligner ma vision macro-économique sur ce que les marchés obligataires me disent.
31:39Parce qu'en général, ils sont un petit peu plus cohérents, mais là, ils ne le sont pas du tout.
31:43Alors, je suis très très embêtée parce qu'en fait, la courbe d'Etat américain ne s'est pas empentifiée,
31:48à moitié à cause de la baisse du 2 ans et à moitié à cause de la hausse du 10.
31:52Alors qu'en Europe, elle s'est pentifiée à cause de la hausse du 2 et du 10.
31:56Alors, c'est à mourir de rire parce que si il y a un endroit où on ne va pas monter les taux, c'est en Europe.
32:02Alors, sauf si le marché se met à croire que Trump va dire à Powell
32:09« Vous baissez les taux et puis à toutes les banques centrales, vous vendez du dollar. »
32:13Alors, d'accord, mais ça...
32:15On veut un dollar plus faible et le dollar plus faible, ça peut passer effectivement par des devises partenaires plus élevées.
32:23Je pense que parmi ces conseillers, il y a des flatteurs, parce que plus on veut un pouvoir fort et plus on est entouré de flatteurs,
32:30et il y est condamné, qu'ils lui ont dit « Oui, on va faire ce qu'on avait fait avec les accords du Plaza, on va faire pareil. »
32:36Alors là, je rigole.
32:38Parce que quand même, il ne faut pas oublier que les accords du Plaza, ça s'est passé après une hausse de l'inflation absolument phénoménale
32:44au tout début de la baisse et alors que l'inflation s'est effondrée.
32:47Et qu'on avait une croissance économique énorme et que la dette américaine n'avait rien à voir avec ce qu'elle est aujourd'hui.
32:52Donc, croire qu'il va pouvoir refaire ça, c'est quand même vraiment très compliqué.
33:00Il n'y a que les Japonais qui veulent bien.
33:02À la limite, les Japonais, c'est d'accord.
33:04Il ne faut pas que le Yen explose trop à la hausse non plus.
33:07En même temps, là, en ce moment, ils ont de la marge.
33:11Je les arrangerais dans certaines proportions.
33:14Mais bon, le Yen, je ne sais plus ce que c'est du commerce extérieur américain, mais c'est très petit et surtout, ça ne bouge pas.
33:21C'est très stable comme évolution.
33:23C'est 4%. Tu dois savoir ça par cœur.
33:25Non, on en a touché.
33:27Bon, c'est stable depuis 10 ans.
33:29Ce n'est pas un pays qui les dérange particulièrement.
33:32Donc voilà, il y a cette problématique où le marché obligataire, je crois, ne sait pas où il habite
33:38parce qu'il est encore extrêmement divisé, justement, sur la façon dont ses forces vont s'équilibrer.
33:44Et donc, pour le moment, je ne vois pas très bien.
33:49Enfin, on ne va pas avoir la solution en deux jours.
33:51Ce n'est pas parce que...
33:53Mais c'est-à-dire, l'enjeu, c'est quoi ?
33:54C'est de savoir si on a des taux longs qui cassent les sommets qu'on attend ?
33:57De savoir si le dollar continue à monter ou pas.
33:59D'accord.
34:002017, le dollar a pas mal baissé.
34:02Quelques mois après l'élection de Trump.
34:04Oui, il a commencé par monter et puis après il a baissé.
34:06Oui ?
34:07Oui, oui.
34:08Oui, tout à fait.
34:09Oui, mais enfin bon, ce n'est pas pour ça que ça va se repasser.
34:11Ah non, non, non.
34:12Enfin, moi, je n'ai jamais vu un gouverneur de banque centrale qui ait réussi à fixer le taux de change qui lui convenait
34:21pendant trois jours.
34:23Oui.
34:24Mais parlez-en à tous les gouverneurs.
34:26Non, les interventions, généralement, sont vouées à l'échec.
34:29Ils ont beaucoup transpiré sur ce sujet.
34:31À moins d'interventions très coordonnées.
34:33Effectivement, généralement, ça ne dure pas très très longtemps.
34:35Ça envoie un signal, on va dire.
34:37Un président, il ne faut pas croire.
34:39Bon, sur ces enjeux, je rebondis sur ce que disait Alexandre sur les tarifs.
34:43Il y a eu une interview dans Bloomberg de Chrystia Freeland qui est la femme politique canadienne
34:49qui pourrait prendre la succession de Justin Trudeau à la tête du Parti libéral
34:52et donc peut-être devenir Premier ministre du Canada.
34:55Elle a une vision de Trump très claire.
34:57Elle a échangé avec l'administration de Trump et tout.
35:00La vision sur les tarifs, elle dit, je comprends que c'est très clair dans sa tête.
35:04Il veut, à travers les partenaires, démontrer sa puissance à la Chine.
35:08C'est-à-dire que l'idée, c'est je vais taper sur mes alliés, Canada-Mexique,
35:12et effectivement, ce n'est pas ceux dont on imagine.
35:15Mexique, peut-être, mais Canada, ce n'était pas dans les cartes et pas dans le programme de Trump.
35:18Taper très fort, montrer qu'on peut être très méchant avec des gens qui sont pourtant des partenaires
35:22et des alliés historiques pour envoyer un message à la Chine en disant,
35:26regardez, si on est capable de faire ça avec les gentils Canadiens, elle le dit à peu près comme ça.
35:30Imaginez ce qu'on peut faire avec vous.
35:32Bon, c'est Trump, quoi.
35:34Je ne sais pas si ça fonctionne à l'arrivée, mais en tout cas, c'est une manière de lire Trump
35:39qui n'est peut-être pas complètement en dehors des clous.
35:41Mais cette affaire de tarifs, c'est un petit peu comme RFK,
35:45ça ne sert aucun, en réalité, de ses intérêts.
35:48Je comprends qu'en réalité, c'est un argument électoral.
35:52Il y a beaucoup de buzz autour de ça.
35:54Je suis convaincu qu'il ne fera pas le quart du tiers du commencement de ce qu'il annonce sur les tarifs.
35:58Contre la publicité qu'il en fait et la réalité, vous dites qu'il y aura un écart majeur.
36:02Et ça va être énorme, énorme.
36:04Pour la raison que, d'un point de vue de l'économie américaine,
36:07ces tarifs n'ont strictement aucun intérêt, ni les uns ni les autres.
36:10On parle de la force du dollar.
36:12Pourquoi le dollar est si fort ?
36:14A cause de la menace des tarifs qui affaiblit les devises émergentes.
36:18Deuxièmement, à cause de l'inflation que créerait l'émergence de ces tarifs
36:26qui ferait de l'inflation aux Etats-Unis,
36:28qui obligerait la Fed à monter ou à garder des taux élevés
36:36et donc augmenterait la rémunération du dollar
36:38et donc aurait un effet aussi positif sur le dollar.
36:42Après, à terme, l'inflation, normalement, ça finit par dévaluer la devise.
36:46Mais à court terme, ça aura un effet positif.
36:50Et ensuite, quand on y réfléchit deux secondes,
36:54ça sert les intérêts de qui, les tarifs ?
36:57C'est pour favoriser qui ?
36:59Parce que les Etats-Unis sont dans une situation qui est extrêmement différente de l'Europe.
37:04L'Europe, on parle de tarifs, par exemple, dans l'automobile électrique.
37:07Pourquoi ? Parce qu'on fait des réglementations
37:10où on force les clients à acheter des voitures électriques
37:13et il se trouve que les Chinois sont plus performants que les Européens dans les voitures électriques.
37:17Donc on dit, on ne peut pas sponsoriser les Chinois,
37:20donc on va faire des barrières tarifaires.
37:22Mais aux Etats-Unis, on n'est pas du tout dans cette situation-là.
37:25On est en situation de plein emploi.
37:27On est en situation où il y a plutôt encore,
37:30je parle sous le contrôle de mes amis économistes,
37:33de la pression sur les salaires.
37:36Personne n'est économiste ici, mais ce n'est pas grave.
37:39On a tous deux ou trois notions.
37:41De la pression haussière sur les salaires.
37:45Je suis d'accord.
37:47À part comme un slogan et un argument électoral,
37:51quel est l'intérêt de mettre des tarifs sur les Chinois, sur le Mexique ?
37:55Si vous voulez avoir moins de Mexicains aux Etats-Unis,
37:58le mieux à faire, c'est d'avoir une économie mexicaine
38:01qui soit dynamique pour que les Mexicains aient envie de rester chez eux.
38:05L'aspect négociation transactionnelle, j'entends.
38:08Il y a un point qui est différent par rapport à la première guerre commerciale.
38:12C'est qu'il crée à côté de l'ARS le service des revenus internes.
38:15Il crée le IRS, le service des revenus externes.
38:18Ce service des revenus externes doit être alimenté par la manne des tarifs
38:23qui vont rapporter des milliers de milliards
38:25qui vont servir à financer les baisses d'impôts,
38:28à garantir une forme de statu quo budgétaire,
38:31voire à se désendetter.
38:33C'est ce qu'il dit à Davos dans son speech à Davos.
38:35En fonction de son public, il s'adapte.
38:37En tout cas, il voit les tarifs comme une ressource fédérale
38:40qui permet de baisser les impôts pour l'Américain de la working class
38:45qui a voté pour lui.
38:47C'est supposé comme nos amis politiques français
38:51supposé qu'on n'a aucun impact quand on impose un tarif
38:54et donc de la même manière que quand on propose un impôt.
38:58C'est supposé qu'il n'y a pas un rendement décroissant de l'impôt
39:01comme un rendement décroissant des tarifs.
39:03Je pense que la logique, le principe de réalité,
39:07l'emportera sur les slogans politiques.
39:10En tout cas, c'est vrai, pour conclure avec vous Alexandre,
39:12l'incertitude génère des effets de marché
39:15peut-être même plus importants qu'une annonce de tarif au final.
39:17Oui, des effets de marché, mais après c'est aussi des vertus.
39:20Trump, à chaque fois qu'il a été élu,
39:22ça réagit et l'Europe ça réagit.
39:24On a vu la divulgation aujourd'hui de la ligne de roue de l'Europe,
39:28donc nos simplifications, réduire les charges administratives, etc.
39:31Ça se fera à la vitesse de l'Europe comme d'habitude,
39:33mais c'est quand même pas mal parce que ça pour les marchés,
39:36ça peut être, je ne dis pas tout de suite,
39:38mais sur des horizons peut-être de deux ans, trois ans,
39:40une fois que la mousse Trump sera un peu évacuée,
39:43si vous avez un euro qui n'est pas très élevé,
39:45des taux européens qui ont une baisse avec la BCE,
39:47et que vous avez en plus de simplifications,
39:49le mot choc en Europe c'est assez rare,
39:51mais un début de processus de simplification.
39:53Il y en a eu des chocs, mais pas les bons.
39:55Il y a des pistes, je trouve,
39:57et c'est bien d'entendre l'Europe parler de ça.
39:58Il y a deux choses qui m'ont intéressé aujourd'hui.
40:00Première chose, c'est cette commissaire européenne au service financier
40:03qui dit qu'on peut, entre bonnes volontés européennes,
40:05former des groupes, si on veut faire une union des marchés de capitaux,
40:08on peut le faire, elle n'a pas dit ça comme ça,
40:09mais on peut le faire à quatre ou cinq, si on a envie,
40:11sans que la commission se mêle de ça, et on peut le faire.
40:13Donc ça c'est le premier point qui est vraiment intéressant
40:15du point de vue juridique déjà.
40:16Le deuxième point, c'est le ministre allemand de l'économie,
40:18ou des finances, le Habeck,
40:20qui a expliqué que la situation actuelle fait que
40:22la question du frein à la dette de l'Allemagne ou autre
40:25devait être réfléchie, et on sent que ça,
40:28ce n'est pas la première fois qu'on l'entend.
40:29Ça a été dit depuis deux ou trois mois déjà,
40:31donc je pense qu'après les législatives,
40:32il y aura des choses plus positives en Allemagne
40:34qui vont émerger.
40:35Je vous renvoie à l'émission d'hier,
40:36on avait l'économiste allemande de Bank of America,
40:38Mary Lynch, qui nous racontait la séquence
40:40qui va suivre les élections allemandes.
40:43C'est-à-dire qu'il faut écouter ce qu'elle raconte,
40:45tout ne prendra fin qu'au moment où la Bavière
40:48rentrera de vacances scolaires de l'été,
40:51c'est le dernier land à revenir de vacances.
40:53Non mais, il faut écouter toute la séquence.
40:55Donc il ne se passera rien avant septembre.
40:57Au minimum.
40:59Mais il peut se passer quelque chose en septembre,
41:01je ne dis pas l'inverse.
41:02Merci à vous trois d'avoir été les invités
41:04de Planète Marché ce soir,
41:05Valérie Gastel dit Day by Day,
41:06Alexandre Baradez IG et Régis Béguet,
41:08Zadig Asset Management.