• avant-hier
Jeudi 30 janvier 2025, SMART TECH reçoit Agata Hidalgo (responsable des affaires publiques européennes, France Digitale) , Smara Lungu (Directrice stratégie, marketing, communication et relations publiques, Docaposte) , Julie Jacob (Associée fondatrice, Jacob Avocats) et Henri d'Agrain (Délégué général, Cigref)

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour à tous, bienvenue dans le Grand Débrief de la Tech.
00:11C'est parti pour une demi-heure ensemble.
00:13On va débriefer de l'actualité avec mes commentateurs en plateau.
00:15Je vous les présente juste après.
00:22Vous êtes bien dans Smart Tech et aujourd'hui c'est le jour du Grand Débrief de l'actu.
00:25Autour de la table, Agatha Hidalgo, bonjour.
00:27Bonjour.
00:28Vous êtes responsable des affaires publiques européennes pour France Digital.
00:31A côté de vous, Julie Jacob, bonjour Julie.
00:34Bonjour.
00:35Avocate, fondatrice et dirigeante de Jacob Avocat.
00:38Et Henri Dagrin, bonjour Henri.
00:39Bonjour Elphine.
00:40Délégué général du SIGREF.
00:42Alors, on va discuter aujourd'hui d'un grand moment de panique, j'ai envie de dire, dans le monde des LLM, des grands modèles de langage,
00:49avec cette arrivée tonitruante du chinois DeepSeek et puis la polémique autour du français Lucy.
00:56On va parler aussi de la France qui cherche 2,5 milliards d'euros sur 5 ans pour financer sa fondation sur l'IA.
01:03Et d'un côté Meta, lui, qui prévoit près de 65 milliards de dollars d'investissement en 2025 dans le développement de l'IA.
01:10Mais je vous propose qu'on commence avec une campagne de sensibilisation au bon réflexe du numérique.
01:16Et oui, c'est important, elle a déjà été lancée.
01:18Ça va durer jusqu'au 16 février 2025.
01:21On en parle avec Smart Alingu, bonjour.
01:23Vous vous êtes connecté avec nous.
01:25Je rappelle que vous êtes la directrice stratégie et relations publiques de DocaPost.
01:29Le message que vous voulez faire passer, c'est le hashtag Prenez la confiance.
01:34Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Déjà, on en est où aujourd'hui des usages du numérique des français ?
01:39Bonjour. Effectivement, le hashtag c'est Prenez la confiance.
01:43Et cette campagne, nous l'avons construite avec un consortium de 6 acteurs de taille,
01:48en partant du principe des enseignements qu'on voyait dans les études qui étaient publiées un peu partout,
01:55qui nous disent que 9 français sur 10 ont des usages très installés en ligne,
02:00mais qu'un français sur deux n'a pas confiance dans ce qu'il fait en ligne.
02:04Donc en fait, cette campagne, elle est partie de là.
02:07Elle est partie du constat qu'il y a la moitié de la population qui ne surfe pas en ligne,
02:16n'a pas des usages en confiance, alors que 7 français sur 10 estiment que le numérique leur est devenu indispensable.
02:25Donc, on a créé du coup un consortium avec 6 acteurs, la Caisse des dépôts, Orange, Linria, Cybermalveillance.gouv.fr, DocaPost et puis la Croix-Rouge.
02:38Et notre objectif a été de lancer une campagne un peu massive, grand public, pour essayer d'apporter notre pierre
02:46et sensibiliser le public au bénéfice d'un numérique de confiance, du moment où les usages et les actes se font en bonne conscience.
02:56Alors avec autant d'acteurs impliqués, cette campagne va à priori être confrontée, on va la voir à la télé, on va l'entendre.
03:04Est-ce que vous avez déjà vu quelques spots, un plateau, un petit sondage ?
03:08C'est moi, non ? Je ne suis pas encore tombée dessus. Oui, Julie ?
03:11Oui, j'ai vu un spot pour centraliser les documents médicaux sur une plateforme médicale.
03:17C'est vrai que ça permet de rassurer, il y a eu beaucoup de cyberattaques, d'usurpations d'identité, de ransomware.
03:25Et donc, c'est vrai qu'il y a un besoin d'être rassuré déjà sur l'identité numérique pour pouvoir faire des achats, des paiements.
03:32Donc, je trouve que c'est une initiative absolument formidable et attendue.
03:36Et alors, quels sont les bons réflexes ? Vous pouvez nous partager des bonnes pratiques ?
03:40Alors, bien entendu, ce qu'on s'est rendu compte quand on a construit la campagne, on l'a faite d'abord en allant discuter avec les Français.
03:49C'était hyper important pour nous et on l'a fait à travers des ateliers un peu partout en France.
03:54On a fait en parallèle une campagne en ligne et on s'est rendu compte qu'il y avait des enjeux qui étaient très importants
04:00autour de la protection des données sensibles et donc des usages spécifiques où le besoin de confiance était nécessaire.
04:08Par exemple, quand il s'agit de données d'identité, quand il s'agit de données liées à la santé
04:13ou alors quand il s'agit de flux financiers avec des risques de fraude très importants.
04:19Donc la campagne, on l'a construite autour de ça avec des messages qui peuvent paraître simples mais qu'il faut dire et redire
04:27qui sont d'utiliser les sites officiels, n'allez pas sur des sites sponsorisés que vous ne connaissez pas, mettez en place...
04:35D'ailleurs l'adresse dans son navigateur, petit conseil que je donne moi à mes parents régulièrement.
04:41Exactement, et puis par exemple quand vous recevez un mail ou un texto qui vous invite à aller sur un lien ou activer un lien que vous ne connaissez pas,
04:51ne le faites pas tout de suite, prenez le temps, vérifiez l'authenticité de qui vous l'envoie et construisez-vous comme ça des réflexes
04:59qui vous protègent dans le monde numérique de la même façon que vous le faites dans le monde physique.
05:04Merci beaucoup Smara Lingu, on voulait vraiment montrer un petit peu ce qui se passe en matière de prévention,
05:10parce qu'il nous semble que c'est quand même très très important vis-à-vis du grand public.
05:13Merci de nous en avoir parlé de cette campagne, je rappelle que vous êtes directrice stratégique et responsable des relations publiques de Docapost.
05:20Nous, on continue en plateau, d'ailleurs je voulais vous garder sur ce sujet de la cyber parce qu'on a un indicateur qui est paru,
05:26celui du CESIN, l'association professionnelle des responsables de la cybersécurité,
05:30dixième baromètre avec toujours plein d'enseignements qui nous permettent de voir un petit peu la différence entre les intentions puis la réalité,
05:38qu'est-ce qu'on fait véritablement dans les entreprises.
05:40Alors moi j'ai retenu quelques chiffres, par exemple 47% des entreprises qui déclarent avoir subi au moins une cyberattaque significative,
05:48alors ça reste un chiffre stable quand même, donc c'est aussi ce que vous voyez auprès de vos adhérents ?
05:55Ce que je constate, d'abord chez les adhérents du CIGREF, qui sont les grandes organisations en France,
06:01les grandes entreprises, les grandes administrations publiques, ce taux de cyberattaque, lui, il a significativement baissé au cours de ces dernières années.
06:07Et on n'est plus dans la situation dans laquelle on était par exemple en 2017, 2018, 2019,
06:13où il y a eu véritablement une prise de conscience de l'exigence de renforcer la cybersécurité au sein des grandes organisations
06:22et les efforts très significatifs ont été faits, on estime que depuis 6-7 ans, c'est un facteur 3 à 5 d'augmentation des budgets consacrés à la sécurité numérique
06:34au sein des grandes organisations membres du CIGREF.
06:36Alors ce qui est vrai, c'est que ce sont les organisations plus petites aujourd'hui qui restent très vulnérables,
06:42les PME, les ETI, les collectivités territoriales, les collectivités hospitalières,
06:47qui elles ont encore des efforts à faire, mais c'est beaucoup plus compliqué,
06:51parce qu'il y a moins de compétences certainement, une prise de conscience qui est un peu plus délicate,
06:55et puis les budgets, derrière tout ça, ça nécessite en tous les cas différents types d'accompagnement,
07:03ce qui va être d'ailleurs possible grâce à Nice2, qui va consacrer des efforts très significatifs au sein de l'économie française.
07:10La directive européenne, oui.
07:12D'ailleurs, à ce propos, sur justement les intentions d'augmenter les objectifs, les effectifs, pardon, cyber et les solutions techniques,
07:20et bien ça diminue quand même, c'est ça qu'on voit,
07:23moins 13 points, moins 15 points respectivement, c'est pas un signal très rassurant ça.
07:29Alors je sais pas si c'est, parce que j'imagine que dans les grandes organisations, c'est sans doute pas le cas,
07:35c'est peut-être du côté des startups aujourd'hui, ou ça reste un sujet compliqué, l'investissement dans la cyber ?
07:40Il faut dire qu'en partie, la cybersécurité peut être de plus en plus automatisée aussi.
07:44On a énormément de startups qui se saisissent des technologies telles que l'intelligence artificielle, mais pas que,
07:49pour détecter de façon automatique les menaces.
07:52Et du coup, la conscience de la menace cyber, elle est présente,
07:55et la disponibilité d'utiles pour y faire face, pour être aussi avec moindre besoin du personnel pour le faire.
08:04Alors là, je voulais faire réagir l'avocate. En 2024, 62% des entreprises qui ont subi une cyberattaque ont porté plainte.
08:12Vous dites que c'est déjà pas mal, ou vraiment là, on a encore un gros effort à faire ?
08:17Je pense qu'on a encore un effort à faire. Après, ce que je peux souligner de très positif,
08:22c'est qu'on a un parquet numérique cyber qui existe, dédié aux infractions de cyberattaques, de cybercriminalité,
08:31donc ça, c'est vraiment une vraie avancée, avec des effectifs et des moyens totalement dédiés.
08:37En cas de cyberattaque, je pense que les entreprises sont un peu plus préparées aujourd'hui,
08:42c'est-à-dire mettent en place des process, dédient des équipes en cas d'incident et de faille,
08:48et donc du coup, la préparation fait qu'il y a peut-être une diminution que vous avez évoquée,
08:54je suis assez d'accord, du fait de ces préparations, de process en amont,
08:58et de réparation quand il y a un problème, c'est-à-dire tout de suite porter plainte pour l'infraction,
09:03qui s'appelle l'intrusion dans un système de données automatisées, ça s'appelle l'intrusion dans un stade.
09:09Alors, sur l'intégration de l'IA justement dans les stratégies cyber, c'est encore un petit chiffre,
09:15c'est 35% des organisations seulement.
09:18Oui, mais ça va croître nécessairement, parce qu'aujourd'hui, compte tenu des volumes d'attaques
09:25et de la complexité des attaques, avoir des dispositifs qui permettent d'automatiser la détection,
09:30mais également le blocage de ces attaques et la remédiation immédiate,
09:34à travers des dispositifs qu'on appelle XDR, enfin bref,
09:37aujourd'hui il y a une vraie croissance de ce marché, avec des acteurs d'ailleurs français
09:41qui sont tout à fait intéressants sur le sujet, qui sont parmi des leaders en tous les cas sur le marché européen,
09:48comme Tetris ou Arfang Lab, qui ont véritablement des produits qui sont excellents
09:54pour permettre justement d'automatiser cette détection et cette réponse à une attaque.
09:59Oui, même si ce qu'on voit surtout du côté des attaques, c'est beaucoup de phishing,
10:03toujours du phishing, du phishing, et là il y a vraiment encore un sujet de sensibilisation.
10:07Oui, bien sûr, mais en tous les cas pour les grandes organisations,
10:11ce n'est pas ce que l'on craint aujourd'hui, la vraie menace,
10:14elle pèse aujourd'hui sur ce qu'on appelle la supply chain IT ou la chaîne d'approvisionnement IT,
10:19parce que quand vous êtes dans le cloud aujourd'hui, vous n'avez plus chez vous
10:24les dispositifs qui permettent de maîtriser l'ensemble de la cybersécurité de votre IT,
10:32et donc aujourd'hui c'est une grande interrogation que l'on a, notamment avec NIS2,
10:36comment est-ce que l'on reporte notamment des conformités chez les fournisseurs de services cloud,
10:44et ça, ça va être un des grands enjeux de mise en œuvre de NIS2
10:47et de renforcement systémique des chaînes d'approvisionnement mondiale de l'IT.
10:51Allez, on enchaîne avec ce grand moment de panique dans les grands modèles de langage,
10:56c'est arrivé Tony Truante du chinois DeepSeek et de son chatbot R1
11:01qui revendiquent des performances supérieures à celles de ChatGPT,
11:06même dans cette version O1 d'OpenAI,
11:10des fonctionnalités c'est vrai qu'on retrouve absolument similaires finalement au chatbot auquel on s'est habitué,
11:16et un coût d'investissement qui est bien en deçà de tout ce que nous ont montré les américains.
11:22Vous avez joué avec, qu'est-ce que vous en avez pensé,
11:24comment vous réagissez avec l'arrivée de ce DeepSeek chinois ?
11:28Je n'ai pas encore testé, comme on a pu voir sur internet,
11:33les réponses ne sont pas toujours celles qu'on attendrait sur certains sujets sensibles pour le parti chinois,
11:39mais au-delà de ça, DeepSeek c'est surtout une bonne nouvelle pour l'Europe,
11:42ça indique que la course LIA n'est pas du tout perdue,
11:46qu'on a encore notre planque du jeu à tirer,
11:48et surtout que c'est possible de faire d'une façon différente à ce que les États-Unis nous ont imposé juste à présent.
11:53La maximisation des ressources à tout prix n'est pas la seule voie possible,
11:57ce que ça nous montre aussi, c'est qu'il y a une convergence des performances des modèles,
12:02et là où on peut avoir un vrai avantage concurrentiel, c'est justement dans les applications, dans les usages,
12:07et là-dessus, l'Europe et la France notamment sont très forts.
12:10Nous, on vient de sortir un mapping des startups françaises des LIA,
12:13qui comptent plus de 750 startups, avec de l'expertise et de l'excellence dans des applications,
12:19par exemple dans la santé, et c'est là où il faut accélérer,
12:23et les investisseurs sont tous d'accord pour dire que la vraie valeur pour eux est dans les applications,
12:28et c'est là où il faut trouver le marché.
12:30On aurait tellement aimé que cette surprise vienne justement d'un produit européen.
12:35Je voudrais quand même qu'on module ce constat sur DeepSeek.
12:39D'abord, je l'ai beaucoup utilisé ces dernières heures pour voir ce que c'était.
12:44Sur ces derniers jours, on a constaté que l'adoption massive, le téléchargement massif, c'est absolument sidérant.
12:52Aujourd'hui, les performances, ça rame quand même pas mal.
12:55Ça, c'est la première observation.
12:56La deuxième observation, c'est que...
12:58Mais c'est aussi du fait de sa technologie, de son choix technologique, puisqu'il travaille sur du renforcement,
13:02donc il y a beaucoup plus de temps sur la requête, et puis il y a la victime de son succès, évidemment.
13:07Voilà.
13:08Et la deuxième observation, c'est qu'il faut rester très prudent sur les premières conclusions qui ont été faites.
13:12Hier, je lisais un article dans le Financial Times qui expliquait que OpenAI a des preuves,
13:20que DeepSeek aurait distillé son modèle.
13:24Et donc, ça réinterroge quand même la réalité des performances de développement et de mise à disposition
13:32et de distribution de l'outil par rapport à ce qui a été annoncé.
13:38Moi, je reste extrêmement prudent sur ce sujet-là.
13:42Oui.
13:43Alors, il y a des suspicions, effectivement, sur l'entraînement,
13:47mais il y a aussi des suspicions même sur les infrastructures, les puces qui ont été utilisées.
13:52Absolument.
13:53Vraiment, je crois qu'il faut rester très prudent sur les premières conclusions qui ont pu être apportées
13:59sur les performances annoncées par DeepSeek.
14:01Ça reste néanmoins un choc, qui a quand même été salué par tous les grands acteurs de l'IA aujourd'hui,
14:06y compris aux Etats-Unis, jusqu'à Donald Trump, qui a dit
14:10« Attention, les gars, la concurrence est là, il va falloir se réveiller ».
14:14Ça reste un événement qui a créé un choc, même à Wall Street.
14:18Absolument.
14:19Je voudrais quand même soulever deux points par rapport à cette utilisation et les controverses de DeepSeek.
14:23C'est quand même les résultats.
14:25On voit quand même dans les résultats que c'est très orienté sur la politique chinoise.
14:29On le voit sur les questions liées au Tibet, au Ouïghour.
14:33Donc, il y a quand même une influence politique qui n'est évidemment pas neutre
14:37et qui fait qu'en effet, je suis assez d'accord avec vous, c'est une opportunité pour la France de dire
14:42« Nous, on a peut-être une régulation, mais on va créer un cadre d'IA éthique, neutre et transparent. »
14:48Parce qu'utiliser une IA, certes gratuite, chinoise,
14:52qui nous oriente sur des questions politiques, je trouve ça assez inquiétant.
14:56Et concernant les soupçons de vol de données, je trouve que c'est quand même assez amusant,
15:01parce qu'OpenEye, on s'interroge quand même sur le point de savoir
15:04comment ils ont entraîné également leurs algorithmes.
15:08Non, mais ce sont des sujets qui ne sont pas de même nature, Madame.
15:11Oui, non, il y a quand même un sujet de transparence,
15:14puisque OpenEye a aussi alimenté CLLM sur des outils qui sont copyrightés et protégés par le droit d'ouverture.
15:22On est d'accord, et je ne mets pas en cause, effectivement, on peut répondre,
15:26DeepSeek a volé les méthodes d'entraînement d'OpenEye,
15:31contre OpenEye qui a utilisé des données couvertes par de la propriété intellectuelle.
15:35Absolument.
15:36Ce n'est pas ça le sujet.
15:37C'est quand on dit que 5,5 millions pour entraîner, pour développer intégralement un modèle de langage,
15:43open source, le distribuer, voilà.
15:46Ça, on n'est pas sûr.
15:47C'est ça qu'il faut interroger, vous voyez.
15:49Après qu'il y ait de la propriété intellectuelle qui soit volée, ça, évidemment,
15:54et ce n'est pas bien et il faut le dénoncer.
15:56Mais en l'occurrence, c'est sur ces chiffres astronomiques de frugalité de DeepSeek
16:04qu'il faut vraiment rester aujourd'hui, je pense, assez prudent sur la réalité de ce qui est annoncé.
16:10C'est de ça dont je voulais parler.
16:11Mais on a quand même un modèle qui a émergé en un temps record,
16:15qui est disponible et qui fait ses preuves,
16:17qui a du succès partout dans le monde.
16:19Mais s'il a besoin d'OpenEye pour être créé, il faut ajouter les chiffres d'OpenEye aux chiffres...
16:25Alors, je voulais aussi vous faire réagir au tweet de Yann Lequin,
16:28parce qu'il y a un mot qu'on n'a pas prononcé, c'est le mot de open source.
16:31Donc, Yann Lequin nous dit, à ceux qui voient la performance de DeepSeek
16:34et pensent que la Chine dépasse les États-Unis en IA,
16:37il dit, vous avez une mauvaise lecture,
16:39parce que ce sont les modèles à source ouverte qui dépassent les modèles propriétaires.
16:44Donc, on se dit, nous, c'est la carte qu'on essaye de jouer quand même depuis quelque temps,
16:49ce modèle open source qui va nous permettre d'émerger aussi dans l'IA.
16:53Sauf que, dans le même temps, s'est passé quelque chose de malheureux,
16:58la polémique, je voulais vous lancer là-dessus, sur la polémique autour de Lucie,
17:02qui est une initiative portée par la communauté française OpenLLM,
17:08qui est open source, qui a une vocation qui est portée aussi par l'éducation nationale,
17:13qui a une vocation à être un langage ouvert français pour l'éducation,
17:18et qui s'est pris, mais alors là, un tollé du fait de ces piètres résultats.
17:23Il faut beaucoup relativiser la polémique, je pense.
17:26Mauvais timing, quand même.
17:27Mauvais timing, sorti peut-être trop tôt.
17:30C'est ce que reconnaissent d'ailleurs les porteurs du projet.
17:33Avec sans doute aussi des problèmes de data center qui sont publics en anglais,
17:39pas toujours en open source, et donc une petite difficulté au démarrage.
17:43Mais c'est vrai que je pense qu'il faut relativiser cette lancée,
17:47qui est quand même à féliciter, parce que c'est vrai qu'on est toujours dans une rivalité technologique
17:54entre les Etats-Unis et la Chine.
17:56Là, on a un chatbot LLM made in France.
17:59Il faut l'encourager et se dire que le démarrage a un peu capoté,
18:05mais l'envolée va arriver.
18:07Agatha, il faut surtout opérer un changement de mentalité.
18:10On doit accepter que l'échec fait partie du parcours et de l'innovation,
18:16de la recherche et de l'entreprenariat.
18:18Aux Etats-Unis, on accepte ce principe vraiment des bases.
18:21Est-ce que quelqu'un se souvient de la première version des chats GPT ?
18:24Bien sûr.
18:25C'était horrible.
18:26On a découvert d'ailleurs le terme d'hallucination à ce moment-là.
18:29Mais avant, ce n'était juste pas pertinent.
18:31Mais on l'a juste oublié parce qu'OpenAI n'a pas arrêté de développer sa technologie
18:36juste parce que la première version n'était pas bonne.
18:38On a eu aussi Google qui a sorti son Gemini un petit peu tôt.
18:41C'est normal.
18:42Et qui finalement est revenu en arrière.
18:44On fait des modifications, on prend les retours et on avance.
18:47Et c'est ça, il ne faut surtout pas sanctionner ce premier échec
18:50parce que ça nous apprend des choses aussi sur ce qu'on peut améliorer.
18:53Il faut continuer d'innover.
18:54Il ne faut surtout pas lâcher la course à ce stade.
18:56Absolument d'accord.
18:57Et je crois que ce n'est pas un échec technologique.
19:00Ce n'est pas un échec du développement.
19:01C'est un échec de communication.
19:04Ils ont voulu faire vite avant le sommet de l'IA, je pense.
19:07Tout ça est arrivé en même temps que DeepSea.
19:09On se dit bon, là vraiment, on est tellement loin.
19:12Tellement loin.
19:13Tellement loin, je n'en sais rien.
19:15Et je reviens sur les doutes qu'il faut cultiver à propos de DeepSea
19:20avant de pouvoir dire effectivement.
19:23Parce que Lucie, manifestement, n'a pas été entraînée en distillant les produits d'OpenAI.
19:30Donc les sujets sont différents.
19:33C'est-à-dire que nous en France, en Europe, on respecte certaines règles
19:37qui sont d'ailleurs parfois des handicaps pour ces grands modèles de langage.
19:41On a des fonctionnalités d'IA aujourd'hui qui ne sont pas disponibles en Europe
19:44du fait aussi de nos règles très strictes.
19:47Je me permets peut-être d'énoncer là-dessus.
19:49Parce que la course à l'IA, finalement, ne sera pas gagnée
19:51par qui sera imprimé le prochain LLM ou les prochains modèles.
19:54Les modèles commencent à se rassembler.
19:56En convergence des résultats, on commence à plafonner.
19:58Là où on va s'imposer, les entreprises qui vont pouvoir s'imposer
20:02sont celles qui vont trouver des clients et qui vont arriver à les fidéliser
20:05et qui auront des business durables.
20:07Et le business modèle durable, nous, on le retrouve beaucoup
20:11dans la French Tech et dans les startups européennes en général.
20:14Dans notre mapping, on trouve qu'il y a déjà 104% des startups françaises dans l'IA.
20:18Combien vous dites ?
20:1954%.
20:2054%.
20:21Tout à fait.
20:22Ça veut dire qu'elles ont trouvé leur business modèle, leur client.
20:24D'ailleurs, dans notre mapping, on affiche aussi leurs principaux clients
20:27pour montrer qu'il y a de la vraie confiance du marché.
20:29Et c'est ces entreprises-là qui vont gagner sur le long terme.
20:32Les LLM aujourd'hui, ça devient une infrastructure de plus en plus.
20:35Les coûts vont baisser et ils vont être de plus en plus homogènes.
20:38L'innovation va être là. Qu'est-ce qu'on y fait avec ?
20:41C'est pour ça que nous, on pense qu'en tous les cas, pour les entreprises,
20:45ce sont des modèles certainement plus petits qui seront vraiment fine-tunés
20:51pour un usage, qui seront donc d'utilisation beaucoup plus frugaux
20:56et qui vont s'imposer avec des tâches bien spécifiques, bien dédiées
21:01dans un secteur d'activité déterminée.
21:03Et c'est là-dessus que je crois qu'il va y avoir…
21:05On l'avait dit sur ce plateau, je crois, avec l'iTune, quand vous avez reçu l'iTune.
21:09Oui, qui a annoncé son entrée en bourse d'ailleurs à ce moment-là.
21:14Ça n'empêche qu'on cherche quand même nous aussi des milliards.
21:16Donc la France qui cherche 2,5 milliards d'euros sur 5 ans
21:19pour financer sa fondation sur l'IA.
21:22C'est quelque chose qui doit faire l'événement au moment du sommet de l'IA à Paris.
21:26Il faut trouver 500 millions tout de suite, dès cette année,
21:29pour développer une IA qui va être au service de l'intérêt général.
21:34Ça vous parle ? On a une chance de les trouver ? Auprès de qui ?
21:37C'est l'urgence du moment ? Réaction ?
21:40Trouver 2,5 milliards sur 5 ans pour ça, ce n'est pas ça qui va être compliqué.
21:45Mais il ne faut pas oublier, une IA au service de l'intérêt général,
21:49ça veut dire, in fine, des infrastructures de confiance
21:54qui sont également mises au service de l'intérêt général
21:57et non pas de l'intérêt des entreprises qui les opèrent.
22:01Parce qu'in fine, le numérique, c'est du hardware,
22:04ce sont des data centers, c'est de l'énergie, si possible, décarbonée.
22:08Et d'ailleurs la France a plutôt un avantage sur ce plan-là.
22:11Et c'est l'ensemble des piles qui doivent être aujourd'hui
22:15mises en oeuvre pour distribuer une IA qui serait d'intérêt général.
22:20Ça vous semble assez clair comme projet aujourd'hui ?
22:22Pour vous dire, oui c'est important, il faut absolument qu'on mette le paquet là-dessus ?
22:26L'ambition est très pertinente.
22:28Nous on trouve que 24% des start-up françaises ont du mal à accéder à la donnée
22:32pour développer leur technologie.
22:33Du coup, l'idée de cette fondation qui mettrait les données d'intérêt général
22:37à disposition des chercheurs et d'entreprises européennes est saluable.
22:41Ça me rappelle le Health Data Hub, mais...
22:44Justement, le défi va être comment ça va s'intégrer avec tous les autres projets.
22:49Il y en a bien d'autres aussi au niveau européen
22:52qui ont cherché ces dernières années de se mettre en place.
22:54L'enjeu est toujours comment on motive ceux qui détiennent les données
22:58à les mettre à disposition et dans quelles conditions.
23:00Surtout parce qu'on parle des données vraiment très différentes.
23:03Mais de continuer d'investir dans l'IA, c'est essentiel
23:06parce que c'est un axe de compétitivité et stratégique sur le long terme.
23:09Et ça, c'est une tendance des fonds dont les voix, ça fait des années qu'on en parle,
23:12c'est là pour rester.
23:13C'est vrai que c'est clé la question de la confiance.
23:15Je dirais que c'est vrai qu'on est un peu en recherche de solutions
23:19pour stimuler la croissance, relancer la compétitivité de la France.
23:23Encore faut-il que cette fondation ait des objectifs clairs.
23:26Qu'est-ce qu'elle va faire de cet argent ?
23:28Est-ce que ça va être pour justement ces 750 startups
23:31qui ont besoin de data, qui ont besoin de financement,
23:34qui ont besoin d'open source, de cloud souverain ?
23:38Donc voilà, c'est l'objectif qu'on attend pour nous permettre
23:42de faire face à la compétitivité chinoise américaine
23:45et avoir des solutions un peu financièrement boostantes pour nos entreprises.
23:50Pour l'instant, ce qu'on nous dit, c'est que ce serait librement accessible
23:52pour les chercheurs et vendu à un prix modique aux startups.
23:57Il y a quand même un sujet, c'est que nous on interroge quand même
24:01tous les projets qui ont un périmètre strictement national.
24:05Ce type de projet, il faut qu'il s'inscrive dans une dynamique européenne
24:09parce que le marché pertinent pour le numérique, pour le cloud,
24:13pour l'IA, pour les échanges de données de confiance,
24:17c'est bien entendu l'Union Européenne.
24:21La régulation, elle doit être Union Européenne.
24:23On ne doit pas se retrouver avec des régulateurs, 27 régulateurs,
24:25à chaque fois qu'on traverse une frontière.
24:27Il faut harmoniser.
24:28Ce sont des choses qui ne fonctionnent pas.
24:30Et donc, c'est vraiment là-dessus qu'on va attendre la Commission
24:33et les 27 États membres.
24:35Et on a déjà d'ailleurs un ensemble de frameworks
24:38qui permettent d'organiser ces espaces d'échange de données
24:41au service de l'intelligence artificielle en Europe.
24:44Qui s'appelle GAIA-X et qui a bien travaillé,
24:46même si on n'en parle plus beaucoup actuellement.
24:49Parce qu'on est partis un peu sur une mauvaise piste au départ
24:52avec GAIA-X quand même.
24:53Les gens n'avaient pas compris de quoi il s'agissait.
24:55Je ne sais pas si même au départ, le projet était clair.
24:57Ou est-ce qu'il a changé ?
24:58Le projet était clair pour les porteurs.
24:59Voilà, absolument.
25:00Et je crois qu'aujourd'hui, il faut revenir là-dessus
25:02parce que c'est une condition de la confiance
25:05pour des échanges de données sensibles et stratégiques.
25:09Je reviendrai peut-être justement sur la Commission Européenne
25:12parce que juste hier, la présidente de la Commission
25:14sur la Fondation Erlein a fait son annonce
25:16de la stratégie de compétitivité pour l'Europe.
25:18Ça inclut énormément de choses sur la technologie
25:21et notamment nos stratégies sur les données.
25:23L'annonce qui fait la France,
25:24ça donne encore davantage de légitimité
25:26à ce qu'on a envie de faire en Europe.
25:28L'idée des espaces de données européens
25:29existe depuis plus de cinq ans.
25:31Là, il faut le mettre en place.
25:32Du coup, on tombe tous dans la même direction
25:34et ça, c'est positif.
25:35Et on espère que ça se concrétise
25:37au moment du sommet à Paris, début février.
25:40Quelles sont vos plus grandes attentes pour ce sommet ?
25:43Des annonces sur l'harmonisation des règles.
25:47Moi, en tant qu'avocat, c'est vrai que je suis
25:49beaucoup confrontée aux arguments
25:52qui font qu'on a trop de régulations.
25:54C'est vrai, on a beaucoup de régulations.
25:56On a NIS 1, NIS 2 qui arrivent.
25:58DORA pour les entités financières.
26:01Tout un tas de paquets législatifs.
26:04CERA, Cyber Resilience Act.
26:06On n'a pas tant que tous les cités, je crois.
26:08La révision du Cyber Security Act qui arrive cette année.
26:11Donc, je dirais que je voudrais rassurer
26:13pour dire que le cadre, il est nécessaire.
26:15Il permet également de construire.
26:17Quand on construit une maison, on a besoin d'un cadre,
26:19de fondements, de piliers forts.
26:21Après, j'en attends de ce sommet
26:24qu'il y ait un mouvement qui explique
26:26que la souplesse est nécessaire,
26:28que l'harmonisation est nécessaire
26:30parce que sinon, on ne va pas y arriver.
26:32On va être contraints avec trop de régulations
26:34et pas assez de licornes.
26:36Nous, notre grande attente pour le sommet,
26:38c'est faire du business.
26:40France Digital, on est co-organisateur.
26:42Une journée business.
26:43Tout à fait.
26:44En parallèle du sommet officiel des chefs d'État.
26:47Et nous, on voit, l'enjeu est très clair aujourd'hui
26:50que 13% d'entreprises européennes adoptent l'IA.
26:53Et le grand levier des croissances
26:55pour toutes les pépites françaises,
26:56c'est justement d'arriver à toucher des clients.
26:58Nous, notre enjeu, c'est d'essayer de créer ces ponts
27:01et de créer des contrats sur le long terme.
27:03Pas que entre entreprises françaises,
27:04mais vraiment à faire un événement européen et international.
27:07Un peu le CIS de l'IA qui se jouerait à Station F,
27:10donc le 11 février.
27:12Nous, ce qu'on en attend essentiellement,
27:14c'est une prise de conscience de l'impérieuse nécessité
27:18qu'il y ait une harmonisation au niveau international
27:21sur la façon dont on peut réguler
27:24le développement d'outils d'intelligence artificielle
27:29avec, dans le contexte actuel,
27:32une faible chance d'arriver à une telle prise de conscience.
27:38Mais il ne faut pas oublier que c'est quand même quelque chose qui...
27:42On l'a fait sur d'autres domaines au niveau international
27:45et on sait réguler par exemple l'usage de l'espace aérien,
27:48l'usage de l'espace orbital,
27:50l'usage des espaces océaniques internationaux.
27:54Donc on sait réguler des espaces comme ça,
27:57et bien l'espace numérique avec l'intelligence artificielle
28:00devra faire certainement l'objet d'une forme de régulation mondiale.
28:04On peut l'espérer en tous les cas qu'il y ait un début de prise de conscience.
28:07L'occasion d'une courante coopération internationale.
28:10Merci beaucoup Henri Dagrin du CIGREF,
28:12Julie Jacob de Jacob Avocat et Agatha Hidalgo de France Digitale.
28:16Pour vos commentaires, c'était Smartech et notre grand débrief.
28:19On se retrouve très vite.
28:20A bientôt sur la chaîne BeSmart for Change.
28:27BeSmart for Change