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00:00Europe 1, la France bouge, la pépite.
00:04Nicolas, on va un peu revenir sur votre parcours et on viendra aussi sur le vôtre, Eric Vivier.
00:09Vous avez fait Sciences Po HEC, vous n'êtes pas médecin vous aussi.
00:12Je trouve ça génial, on fait une France bouge sur le cancer, il n'y a pas de médecin autour de la table.
00:15Ce qui prouve qu'il se passe quelque chose.
00:17On est entouré de médecins.
00:19Ce que je veux dire par là, c'est que la tech entre dans tous ces traitements et cette avancée.
00:26Vous avez commencé votre carrière au Quai d'Orsay, donc rien à voir avec la santé.
00:34Vous êtes allé ensuite dans le privé, vous avez travaillé chez L'Oréal, Sodexo, dans le marketing, dans le business.
00:40Et en 2008, vous avez intégré le monde de la santé que vous n'avez jamais quitté.
00:44C'est exact.
00:45Pourquoi ?
00:46J'y suis allé un peu à reculons.
00:48Quand j'étais plus jeune, pétrifié, à l'idée d'aller chez le médecin.
00:52J'avais une sorte de phobie sur tous les aspects médicaux.
00:54Je me suis fait approcher par une boîte de santé qui cherchait un dirigeant pour aller en Russie.
00:58Il se trouve que je parle russe.
01:00J'ai commencé sans vouloir m'y projeter à horizon long terme.
01:04J'y suis resté et je pense que j'y resterai toute ma vie parce que c'est un secteur fantastique en termes d'innovation.
01:09Vous êtes amordu de technologie en plus.
01:11De technologie et surtout le fait de se dire qu'à la fin de la journée, on a travaillé modestement pour le bien-être des patients et des médecins.
01:18D'avoir quelque chose de mesurable et de tangible.
01:21Je pense qu'on est beaucoup du secteur à trouver une source de motivation dedans.
01:24Une source de motivation, surtout qu'en 2016, vous avez aussi révolutionné la médecine avec CARE.
01:29C'est vous qui l'avez créé.
01:31C'est la télémédecine à la maison.
01:34Oui, ça paraît évident aujourd'hui.
01:36J'ai commencé à réfléchir sur le sujet en 2014-2015.
01:40On me prenait pour un fou.
01:41Les médecins me disaient que si je ne peux pas toucher ou palper le patient, je ne pourrais jamais poser un diagnostic.
01:45On n'était pas les seuls, mais avec d'autres, on a fait en sorte que ça rentre dans l'air du temps.
01:48Le Covid nous a bien aidés, puisque par définition, les patients avaient du mal à aller voir leur médecin.
01:52C'est comme ça que le business a décollé.
01:54Le business a décollé. CARE cartonne.
01:56On le connaît tous, CARE, la télémédecine.
01:58Comment vous venez à CURE 51 ?
02:00C'est la raison pour laquelle vous êtes ici sur Europe 1 ce soir.
02:03Il y a la technologie et les progrès de l'IA qui sont entrés en ligne de compte.
02:08Oui, il y a un ensemble de facteurs.
02:09C'est souvent ce qui déclenche la vocation d'un entrepreneur.
02:12Il y a du rationnel et de l'émotionnel.
02:14Le rationnel, comme Eric l'évoquait, c'est de se dire que les progrès de la technologie,
02:18on ne se rend pas compte, mais ce qu'on appelle le séquençage ou le profilage moléculaire,
02:22c'est-à-dire la capacité à comprendre le génome,
02:24ce sont des technologies qui sont aujourd'hui accessibles.
02:26C'est-à-dire que pour analyser le génome d'un patient,
02:29aujourd'hui, ça coûte environ entre 4 000 et 8 000 euros.
02:32Il y a cinq ans, ça coûtait 100 000 euros, 120 000 euros, 200 000 euros.
02:35Donc le projet qu'on a monté aujourd'hui, on n'aurait pas pu le faire il y a quelques années pour des raisons économiques.
02:40Donc déjà, il y a eu des progrès très forts et une démocratisation de ces technologies.
02:44En effet, l'intelligence artificielle permet d'aller beaucoup plus vite sur la capacité à tester des modèles,
02:49ce qu'Eric évoquait.
02:50Donc on va poser des hypothèses, on va les tester en permanence.
02:53Ce sont des laboratoires qui peuvent tourner 24 heures sur 24.
02:55Donc on a des possibilités de calcul infinies.
02:59Et le dernier élément, et c'est quand même la clé de tous les projets,
03:01et je pense qu'on pourrait y revenir, c'est l'accès à la donnée.
03:03Parce que beaucoup de gens se gargarisent sur l'intelligence artificielle.
03:06Si vous n'avez pas de données pour nourrir les modèles,
03:08c'est un peu comme un moteur qui tourne à vide sans essence.
03:10Vous n'allez nulle part.
03:11Et donc, avec mon associé Simon, on s'est dit,
03:14quelle est la donnée la plus rare ou la plus précieuse sur laquelle on pourrait s'appuyer
03:18pour essayer de comprendre cette maladie ?
03:20Et on a tous les deux rapidement convergé sur la donnée des survivants.
03:23Et après, l'aspect émotionnel, je pense qu'on est plusieurs dans ce cas, malheureusement.
03:28J'ai été touché de façon très directe dans mon entourage familial par la maladie du cancer.
03:32Et voilà, je me suis dit que je voulais consacrer le reste de ma vie à éradiquer cette maladie.
03:37Vous l'avez fait, Nicolas Wollikoff, avec Cure 51.
03:41Concrètement, c'est quoi Cure 51 ?
03:43Puisque vous, je le disais, vous vous plongez dans la biologie des survivants.
03:47On va vous écouter pitcher et après, on va vous poser des questions.
03:50Vous êtes prêts ?
03:51Il faut.
03:52Allez, c'est à vous.
03:53Cure 51, en fait, c'est un projet qui a pour ambition, en effet,
03:55de constituer la première base de données mondiale de survivants exceptionnels du cancer.
03:59Alors, c'est quoi un survivant exceptionnel ?
04:01C'est un patient qui est diagnostiqué d'un cancer très agressif, vous l'avez évoqué.
04:04En l'occurrence, le pancréas, le glioblastome, cancer du cerveau,
04:07ou le cancer du poumon à petite cellule, qui est la forme la plus agressive du cancer du poumon.
04:11Des patients qui sont diagnostiqués en phase terminale, donc en phase 4.
04:14Généralement, la chirurgie n'est plus possible.
04:16Et donc, c'est dans la majeure partie du temps, malheureusement, quels que soient les palliatifs.
04:20Et l'espérance de vie du patient, ça va être entre 6 mois et 1 an.
04:2398% des patients vont décéder, malheureusement.
04:26Et 1 à 2% vont survivre.
04:28C'est eux qu'on appelle les miraculés.
04:30Ils reçoivent les mêmes traitements que tous les autres.
04:32Ils sont suivis par les mêmes équipes médicales.
04:34Et pour des raisons qu'on ignore aujourd'hui, ils survivent.
04:36Donc, nous, notre métier, en fait, c'est d'identifier ces patients.
04:39Et aujourd'hui, on en a identifié 2000 dans 42 pays dans le monde.
04:41Donc, c'est un projet très international.
04:43De rapatrier toutes leurs données, y compris leurs tissus.
04:46Donc, on importe des tissus et des tumeurs,
04:48qu'on centralise dans notre labo, qui est d'ailleurs basé à Gustave aussi.
04:51Et après, on va analyser toutes ces données,
04:53faire le séquençage moléculaire de ces tissus,
04:55pour essayer de comprendre pourquoi ces patients survivent,
04:57alors que la grande majorité des patients décèdent,
05:00et développer sur cette base des nouveaux médicaments.
05:02Voilà, c'est ça l'objet.
05:03Ben, c'est génial. Merci Nicolas Wollikoff,
05:05cofondateur de Cure 51. Je trouve ça exceptionnel.
05:07Vous en pensez quoi autour de la table de la France Bouge ?
05:09Qui veut réagir en premier ?
05:10Allez, Eric Vivier, le président de Paris,
05:12s'appelait Cancer Cluster.
05:14Moi, je suis un grand fan de Cure 51, Nicolas le sait.
05:16Pourquoi 51 ?
05:18Alors, c'est un hommage à une scientifique
05:20qui s'appelle Rosaline Franklin, qui est une scientifique britannique,
05:22qui a été la première à identifier la structure en hélice de l'ADN.
05:25Et ça s'est appelé le cliché 51.
05:27Entendu. Eric, Eric Vivier.
05:29Pour la petite histoire, le prix Nobel a été donné à d'autres.
05:31Oui, elle a été spoliée de sa découverte,
05:33et elle est morte juste après en plus.
05:35Un peu comme Marie Curie, elle a été exposée de façon très longue,
05:38en l'occurrence au rayon X.
05:40Elle est morte d'un cancer des ovaires,
05:41et elle a été spoliée de sa découverte.
05:42Que d'autres se sont attribuées et ont gagné le prix Nobel.
05:44Alors, on lui rend hommage ce soir, sur Europe 1.
05:46Complètement. Marie Curie, elle a eu ses prix Nobel,
05:48ce qui est une grosse différence.
05:49C'est vrai, elle en a même eu deux.
05:50Exactement.
05:51Ce qui n'est pas le cas, on le rappelle son nom de ?
05:52Rosaline Franklin.
05:53Rosaline Franklin. Eric Vivier.
05:55Oui, non, je pense qu'effectivement,
05:57la démarche qui est celle de Cure 51,
06:01s'inscrit totalement dans l'air du temps.
06:03Pourquoi ? Parce que pour le moment,
06:04il y a ce qu'on appelle en anglais,
06:05un non-medical need.
06:07Dans les pathologies qui sont ciblées par Cure 51,
06:10on sait que malheureusement,
06:11l'espérance de vie est très faible,
06:13et donc on a besoin de trouver
06:14de nouvelles pistes médicamenteuses.
06:16Et donc, leur démarche s'appuie aussi
06:18sur les technologies qui sont State of the Art,
06:21le séquençage, comme a dit Nicolas,
06:23et aussi l'extraction de données.
06:24C'est quoi State of the Art ?
06:25Ça veut dire quoi ?
06:26À la pointe.
06:27D'accord.
06:28À la pointe de la technologie.
06:29Et ensuite, il ne suffit pas simplement
06:31de collecter ces données,
06:32il faut avoir les outils, de telle manière,
06:34à extraire des pistes thérapeutiques
06:36à travers l'exploration de ces données.
06:38Donc, moi je pense que c'est totalement excitant,
06:40ça s'inscrit dans l'air du temps.
06:42En plus, effectivement,
06:43Cure 51 a été hébergé pour partie
06:45à Gustave Roussy,
06:46qui est donc au centre...
06:48Donc ça veut dire que vous allez vous retrouver
06:49à la machine à café,
06:50si je reprends votre métaphore de la machine à café.
06:52Il a même co-financé certaines de nos machines,
06:54grâce au PSCC.
06:55Et comment...
06:56Ces malades, ces miraculés,
06:58comme vous dites,
06:59est-ce qu'on peut les chiffrer ?
07:00Ils sont combien ?
07:01Vous dites 2% sur 98 ?
07:03Ça dépend des corps,
07:04donc ça dépend des maladies,
07:05mais en gros, c'est entre 5000 et 8000 patients
07:07par an dans le monde.
07:08Et aujourd'hui, on explique comment ?
07:09Vous avez déjà des pistes ?
07:10C'est un peu trop tôt.
07:11Pourquoi sont-ils des miraculés ?
07:12Non, c'est un peu trop tôt.
07:13Ils ont forcément une biologie exceptionnelle,
07:15donc ce qu'il faut qu'on arrive à comprendre,
07:16à isoler,
07:17c'est justement
07:18isoler les mécanismes
07:20de défense de ces patients.
07:21Est-ce que c'est immunitaire ?
07:22Est-ce qu'ils ont une réponse exceptionnelle au traitement ?
07:24C'est trop tôt pour le dire.
07:25C'est génial, Benjamin.
07:26Et vous récoltez quoi comme information ?
07:28C'est quoi ?
07:29C'est des prises de sang de ces patients ?
07:30C'est quoi ?
07:31C'est les traitements qu'ils prenaient ?
07:32Alors, en effet,
07:33tout à l'heure, on parlait de données.
07:35Nous, on récolte 1 Tera de données par patient.
07:36Je ne sais pas si ça parle aux gens,
07:37mais c'est des milliards et des milliards de données
07:39pour un patient.
07:40On va avoir tout le dossier clinique du patient,
07:42donc ses traitements,
07:43ses antécédents,
07:44ses chirurgies,
07:46son mode de vie.
07:47Parce que je sais que pour le diabète,
07:49ce qui n'est pas le cancer,
07:50mais je sais qu'ils sont en train de faire
07:51une grande cohorte en ce moment internationale
07:52qui démarre de la France,
07:53on les a eu sur Europe 1,
07:54où ils prennent en compte le mode de vie.
07:56Bien sûr, bien sûr.
07:57Je vais y revenir, mais absolument.
07:58De toute façon, dans le dossier clinique du patient,
07:59vous pouvez avoir des contre-indications alimentaires,
08:01sa santé mentale, son sommeil, etc.
08:03On récolte toute l'imagerie,
08:05donc les IRM, les scans.
08:07On récolte une grande partie des éléments biologiques,
08:09en effet, et surtout, on récolte les tissus.
08:10Et récolter, ça veut dire que c'est de la data,
08:12c'est de l'IA qui va récolter tout ça.
08:13C'est de la data et du physique,
08:15puisqu'on importe les tissus et les tumeurs
08:17de 42 pays dans le monde, aujourd'hui,
08:19qu'on importe et qu'on stocke à Gustave Rossi
08:21pour pouvoir en faire, ce que disait Eric,
08:22le séquençage moléculaire.
08:23Donc on va analyser toutes les strates
08:25du génome de ces patients,
08:27y compris l'épigénétique,
08:29c'est-à-dire l'influence du mode de vie
08:31et de l'environnement sur l'évolution génétique du patient.
08:34Ah, ça vient, l'épigénétique
08:35entre aussi en ligne de compte.
08:36Bien sûr, bien sûr.
08:37C'est passionnant.
08:38Je ne sais pas vous,
08:39je vois les paroles des invités,
08:41comme chaque soir, mais encore plus ce soir.
08:43Julien Honnard,
08:45j'avais envie de poser une question.
08:47Alors, vous pensez qu'il vous faut
08:49combien de patients
08:51pour arriver à des premiers résultats
08:53et vous en êtes où en nombre de
08:55patients collectés,
08:57enfin toutes ces données que vous collectez
08:58sur les patients ?
08:59Vous en avez combien aujourd'hui ?
09:00C'est une très bonne question.
09:01On en a identifié 2000.
09:02Aujourd'hui, dans ce qu'on appelle
09:04une biobank, c'est-à-dire l'endroit
09:05où on stocke les tumeurs,
09:06on en a 150.
09:07On en aura 500 à la fin de l'année.
09:09Donc, on aura 500 patients
09:11exceptionnels.
09:12Et pour un patient exceptionnel,
09:13on a ce qu'on appelle un contrôle,
09:15c'est-à-dire un patient de la même corte,
09:17qui souffre de la même maladie,
09:18qui lui est décédé
09:19à la médière de l'espérance de vie.
09:20Parce qu'on fait toujours des binômes, en fait.
09:22On est encore dans le jumeau numérique, là ?
09:24C'est un peu différent,
09:25c'est en fait un apérage.
09:27C'est-à-dire qu'on va essayer de comprendre
09:28rétrospectivement pourquoi ces patients ont survécu
09:30et on va les comparer à des patients
09:31qui, malheureusement,
09:32ont été traités dans des situations similaires
09:35et qui sont décédés.
09:36Donc, on est à la fois rétrospectif et comparatif.
09:38Et donc, pour répondre à ta question,
09:39avec 500 sur 3 cohortes,
09:41donc sur 3 maladies,
09:42on pense qu'on a la puissance statistique nécessaire.
09:44Quels sont les cancers,
09:45vous avez dit,
09:46les 3 cancers les plus,
09:48que vous étudiez avec le plus de difficultés,
09:52finalement, là où il y a le plus de survivants ?
09:54C'est un peu macabre,
09:55mais on a appris les statistiques
09:56sur là où le pronostic vital était le plus pessimiste,
09:59quand le cancer est diagnostiqué en phase terminale.
10:02Et donc, c'est le pancréas,
10:03qui est en plus un cancer hyper pernicieux
10:05parce que le taux d'incidence augmente
10:07dans tous les pays du monde
10:08et touche des populations de plus en plus jeunes.
10:10Il faut bien comprendre que, malheureusement,
10:11le cancer n'est plus une maladie de vieux.
10:13Aujourd'hui, en France, dans l'OCDE,
10:15et même dans le monde.
10:16Le cancer du cerveau,
10:17donc le glioblastome,
10:18qui est aussi très agressif,
10:19et le cancer du poumon métastatique à petites cellules.
10:21Juste, Benjamin,
10:22les cancers les plus fréquents
10:23et ceux que l'on guérit le mieux,
10:24parce qu'on va quand même
10:25prendre un peu de touches positives,
10:26parce que c'est le cas de la France Bouge.
10:28Alors, dans l'ordre,
10:29les cancers de la prostate, du sein et du côlon
10:31sont les plus fréquents en France.
10:33Et quand on regarde le taux de survie,
10:34et bien là, on voit que les cancers de la prostate,
10:36du mélanome cutané et du sein
10:38sont ceux avec le meilleur taux de survie à 5 ans.
10:41Pour rester autour de la table de la France Bouge,
10:43on a plein de questions à vous poser.
10:44Nicolas Wollikoff,
10:45cofondateur de Cure 51.
10:46Les réactions aussi d'Éric Vivier pour Paris
10:48avec les Cancer Cluster.
10:49On va faire un peu de prévention aussi,
10:51juste après une petite pause musicale.
10:54Redbone, come and get your love sur Europe.
10:59Europe 1, la France Bouge.
11:0121h, 22h, Elisabeth Assayag.
11:15Soprano, Léa Castel.
11:17Dernière chance, mais oui,
11:18parce que ce soir sur Europe 1,
11:19on parle du cancer.
11:20À la veille de la journée mondiale,
11:22contre le cancer,
11:24nous sommes en train de découvrir
11:26un cluster dans le Val-de-Marne
11:28dédié à l'oncologie.
11:29En France, il manque un acteur
11:31pour fédérer, pour épauler,
11:32pour faire phosphorer
11:33tous ces acteurs de l'innovation d'oncologie.
11:35Il est là,
11:36et ça s'appelle le Paris Saclay Cancer Cluster.
11:39Nous sommes avec Éric Vivier.
11:41Éric Vivier, vous êtes aussi le président,
11:42le fondateur,
11:43avec 5 autres personnes,
11:45d'Inate Pharma.
11:47Et finalement, c'est une suite logique,
11:49Inate Pharma,
11:50avec le Paris Saclay Cancer Cluster.
11:52Il me semble,
11:53parce qu'en fait, à Inate Pharma,
11:54ce qu'on a fait,
11:55c'est qu'on s'est inspiré des résultats
11:57de la recherche fondamentale,
11:58qui venaient de nos 5 laboratoires,
12:00de telle manière,
12:01à les transformer en médicaments.
12:02Et donc, c'est une partie de cette expertise
12:04que j'essaye de développer
12:05avec celles et ceux
12:06qui au PCC en ont besoin.
12:07Mais ce qu'on fait à Inate Pharma,
12:09c'est de mobiliser
12:10tout un pan de l'immunité
12:11qu'on appelle l'immunité innée.
12:13Et en particulier,
12:14dans l'ensemble de l'arsenal
12:15de l'immunothérapie,
12:16notre particularité,
12:17c'est de développer
12:18des cell-engagers.
12:19Alors, en deux mots,
12:20qu'est-ce que c'est ?
12:21Ce sont des petits ponts moléculaires
12:23qui sont faits
12:24par des fragments d'anticorps
12:25et qui vont permettre
12:26de lier une cellule
12:28qui va tuer une cellule tumorale
12:29à la cellule tumorale elle-même.
12:31Et c'est ça qu'a fait
12:32Inate Pharma,
12:33et en particulier,
12:34la première molécule
12:35qu'on a mise en clinique
12:36avec Sanofi,
12:37vient d'obtenir une
12:38Fast-Track Designation
12:39de la FDA,
12:40c'est-à-dire qu'elle est bien partie
12:41dans les essais cliniques.
12:42Elle a été validée,
12:43en quelque sorte.
12:44Elle est cotée,
12:45cette entreprise,
12:46au Nasdaq.
12:47Nasdaq, Euronext,
12:48180 personnes,
12:498 molécules en clinique.
12:50Ça, c'est pour Inate Pharma.
12:52La start-up de ce soir,
12:53sur Europe 1,
12:54c'est Cure 51.
12:55C'est une entreprise
12:57100% française,
12:58mais dont le projet
12:59est totalement mondial,
13:00puisque c'est la première base
13:01de données mondiales
13:02des survivants du cancer.
13:04Il s'agit de patients diagnostiqués
13:05en phase terminale
13:06d'un cancer du pancréas,
13:07d'un glioblastome,
13:08ou encore d'un cancer
13:09du poumon à petites cellules.
13:10Nicolas Volikov,
13:11vous nous disiez
13:12qu'aujourd'hui,
13:13vous étiez avec des données
13:14d'environ 2000 patients,
13:16au moment où nous parlons.
13:17On en a identifié 2000,
13:18absolument,
13:19dans 42 pays.
13:20C'est majeur,
13:21mais le cancer du pancréas,
13:22Eric Vigier,
13:23vous vouliez,
13:24avant la musique,
13:25vous vouliez presque
13:26nous alerter
13:27sur cette prévention,
13:28parce que Nicolas disait
13:30que le cancer,
13:31ce n'est plus une maladie de vieux.
13:32Non, tout à fait.
13:33Il a malheureusement raison,
13:34et en fait,
13:35on s'aperçoit
13:36que chez les jeunes adultes,
13:37donc environ 40 ans,
13:38on peut prédire,
13:40malheureusement,
13:41une épidémie de cancer,
13:42et en particulier
13:43de cancer du pancréas.
13:44Alors, les causes,
13:45justement,
13:46on essaye de chercher les causes.
13:47Alors, on sait
13:48qu'il y a des causes en cancer
13:49qui sont évidentes.
13:50Par exemple,
13:51les cancers du poumon
13:52avec le tabac.
13:53Là, on incrimine,
13:54sans pouvoir en être sûr,
13:55mais quand même,
13:56on incrimine
13:57les microplastiques,
13:58et l'alimentation
13:59surtransformée
14:00dans l'explosion
14:01de ces cancers
14:02du pancréas.
14:03Donc, attention
14:04à ce que vous mangez,
14:05attention à ce que vous faites,
14:06puisque malheureusement,
14:07ça peut être
14:08des facteurs
14:09très négatifs.
14:10Et vous le constatez,
14:11ça,
14:12plus de jeunes,
14:13à cause de
14:14l'alimentation
14:15surtransformée,
14:16à cause
14:17des microplastiques,
14:18vous avez un cancer
14:19et à cause
14:20des microplastiques,
14:21vous avez déjà
14:22des données là-dessus.
14:23Alors, c'est une piste
14:24qui est en train
14:25de travailler
14:26beaucoup
14:27de groupes
14:28d'épidémiologie
14:29pour savoir
14:30qu'est-ce qu'il y a
14:31à la cause
14:32de l'explosion
14:33de ces maladies
14:34du tube digestif,
14:35de manière générale.
14:36On est sur le même modèle
14:37avec le Paris-Saclay Cancer Cluster
14:38sur ce qui se passe
14:39à Boston
14:40et le Kendall Square.
14:41Ça y est,
14:42on a cette mentalité
14:43du risque,
14:44mais aussi de l'échec.
14:45C'est une mentalité
14:46très américaine.
14:47Nous, on est la
14:48même niveau là.
14:49On a cette fierté.
14:50Je ne veux pas casser
14:51l'ambiance,
14:52mais le plus dur
14:53à transformer,
14:54c'est justement
14:55l'état d'esprit.
14:56Au MIT,
14:57pour avoir sa carte
14:58de prof,
14:59pour pouvoir rentrer
15:00dans l'MIT,
15:01il faut pouvoir
15:02justifier d'une journée
15:03par semaine
15:04d'implication
15:05dans un programme
15:06industriel.
15:07En France,
15:08pour pouvoir,
15:09en tant que prof,
15:10dans l'académique français,
15:11justifier d'une journée
15:12dans l'industrie,
15:13c'est compliqué.
15:14On y arrive de plus en plus,
15:15mais c'est compliqué.
15:16Je pense que c'est
15:17une illustration
15:18du changement
15:19d'état d'esprit
15:20que le PSCC
15:21a pour ambition
15:22de modifier.
15:23On y arrive.
15:24On va prendre un petit peu de temps
15:25parce que c'est un changement
15:26de mentalité.
15:27On est en train
15:28d'y arriver
15:29et les pouvoirs publics
15:30nous aident
15:31dans cette possibilité
15:32effectivement
15:33de reconsidérer,
15:34de revisiter
15:35ce qu'on appelle
15:36de manière très large
15:37des partenariats
15:38publics-privés.
15:39Il faut le faire
15:40effectivement
15:41de manière extrêmement
15:42réglementée.
15:43Il faut éviter les abus,
15:44bien évidemment,
15:45les conflits d'intérêts,
15:46mais c'est quand même
15:47l'industrie pharmaceutique
15:48qui fait des médicaments
15:49et elle doit se servir
15:50des résultats de la recherche
15:51qui est en partie
15:52de la recherche académique.
15:53Mais aussi des ingénieurs.
15:54Julien Honard.
15:55Alors justement,
15:56ça concerne aussi CUR51
15:57sur les données de patients
16:00à récupérer.
16:01Vous avez dit
16:02qu'il y a un cadre réglementaire
16:03qui est très contraint.
16:04Si vous aviez là
16:06un vœu réglementaire,
16:08quel serait-il
16:09pour accélérer là-dessus
16:10ou alors vous avez déjà
16:11tout ce qu'il vous faut ?
16:12D'abord, je pense
16:13que parfois des gens
16:14se plaignent du fait
16:15que la réglementation européenne
16:16est plus drastique
16:17et plus rigoureuse
16:18que la réglementation américaine
16:19ou asiatique.
16:20Moi, je pense que c'est une chance
16:21parce que le fait
16:22que le droit du patient,
16:23ce qu'on appelle la privacy,
16:24la confidentialité,
16:25soit au premier rang des priorités,
16:27je pense que c'est une chance
16:28et c'est une nécessité éthique
16:29et déontologique.
16:30Et nous, on n'aurait pas pu
16:31coaliser autant d'hôpitaux
16:32et de chercheurs
16:33si on n'était pas vraiment...
16:34Parce qu'il n'y a pas
16:35que les hôpitaux français.
16:36Vous êtes avec tous les hôpitaux
16:37de partout dans le monde.
16:38Absolument, de partout dans le monde.
16:39Mais pour répondre à ta question,
16:40ce qui serait bien,
16:41c'est qu'on puisse davantage
16:42standardiser et automatiser.
16:43C'est-à-dire qu'idéalement,
16:44quand on met en place
16:45une réglementation
16:46sur un groupe de patients,
16:47par exemple,
16:48ou sur une cohorte,
16:49on puisse derrière la dupliquer
16:50de façon automatique
16:51sur d'autres cohortes
16:52sans être à chaque fois obligé
16:53de réinstancier la procédure.
16:54Voilà.
16:55Donc, ce qu'on appelle le scale
16:56dans les projets un peu technologiques,
16:57c'est-à-dire la capacité
16:58à passer à l'échelle
16:59de façon plus rapide.
17:00Pour le reste,
17:01moi, je n'ai pas à me plaindre.
17:02Au contraire, je pense que c'est une chance.
17:03D'accord.
17:05Parce que de rassurance
17:06vis-à-vis des hôpitaux
17:07avec lesquels vous travaillez.
17:08Tu sais, il y a une citation
17:09de Gide que j'aime bien
17:10qui dit
17:13En fait,
17:14être contraint
17:15dans un cadre un peu rigide,
17:16ça te force à être créatif,
17:17ça te force à être efficace
17:18parce que tu n'as pas le choix
17:19que de te conformer.
17:20Donc, ce n'est pas un frein.
17:21Au contraire,
17:22c'est en effet un facteur
17:23de stimulation
17:24de mon point de vue.