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La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet était l’invitée de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Yael Broun-Pivet, et bienvenue à vous pour la grande interview sur CNews Europe 1.
00:05Vous êtes la présidente de l'Assemblée nationale et députée ensemble pour la République des Yvelines.
00:10Après les 49-3 déclenchés par François Bayrou, les deux motions de censure déposées hier par la France Insoumise n'ont pas abouti.
00:17Le PS et l'URN, on le sait, ayant décidé de ne pas voter pour.
00:20Est-ce que vous saluez ce matin, madame Broun-Pivet, la méthode de François Bayrou ?
00:24Est-ce que vous y voyez au contraire un léger sursis avant la suite ?
00:28Moi, ce que je salue d'abord, c'est que grâce à l'action du gouvernement et à l'action et à la responsabilité d'un certain nombre de partis politiques,
00:38nous avons ce matin un budget pour notre pays.
00:41Et c'est ça qui est important et c'est ça qui intéresse nos compatriotes,
00:44parce que c'est ce qui va nous permettre d'assurer un certain nombre de politiques, la sécurité, la justice, notre défense.
00:52Et on voit bien que dans le monde actuel si anxiogène, il est important que nous puissions doter nos armées des moyens pour agir.
00:59Tout ça, c'est dans le budget. Et donc, le budget va être adopté aujourd'hui définitivement au Sénat.
01:05Et donc, c'est ça la bonne nouvelle.
01:07Effectivement, le Premier ministre, son gouvernement ont été à l'écoute, ils ont ouvert les discussions.
01:12C'est une méthode que vous saluez, qu'il compte réitérer, François Bayrou, texte par texte, en passant les unes après les autres.
01:18Mais c'est important en fait, c'est une méthode faite de dialogue et de capacité à aller faire du compromis.
01:25Compromis, ce n'est pas de la compromission, c'est être capable d'écouter les autres
01:28et de voir comment on peut réussir à atteindre les meilleurs équilibres pour servir nos compatriotes.
01:35C'est ça notre objectif final lorsque l'on fait de la politique.
01:38Et donc, il faut effectivement saluer ce qui vient de se passer.
01:41C'est important, c'est une étape de franchie qui n'était pas facile à franchir.
01:46On a vu le gouvernement de Michel Barnier qui a échoué.
01:49Quasiment pour le même but que d'ailleurs.
01:51Oui, mais en même temps, nous sommes en février, nous ne sommes plus en décembre, un gouvernement est tombé.
01:56Évidemment, ça a changé l'attitude de chacun.
02:00Le Premier ministre actuel savait qu'il pouvait tomber et que c'était une réalité.
02:05Alors que lorsque Michel Barnier était au gouvernement, il n'y avait pas eu de motion de censure votée depuis 62 ans.
02:11Donc on pouvait se dire que c'était dans l'archéologie de notre vie politique.
02:15On voit bien que non, ça n'est pas quelque chose d'archéologique, c'est très contemporain.
02:18Et donc, il faut tenir compte pleinement de l'Assemblée nationale telle qu'elle a été issue des urnes.
02:25Tenir compte pleinement de l'Assemblée nationale, même si, et là quand même, je pose la question à la présidente de l'Assemblée nationale,
02:30il y a eu des 49.3, vous avez toujours dit à Lebron-Pivé que c'est la réalité, c'est un outil constitutionnel.
02:36Mais est-ce que vous n'y voyez pas quand même une méthode de contournement de l'Assemblée, du débat parlementaire ?
02:42Honnêtement, ça n'est pas un contournement, puisqu'on a oublié que lorsqu'un gouvernement fait, actionne un 49.3, il joue sa vie, il joue sa peau.
02:53Il aurait pu ne pas le faire.
02:54Oui, mais on a oublié cela et on l'a vu en décembre, Michel Barnier et son gouvernement sont tombés.
02:59Donc un 49.3, il ne faut pas le prendre à la légère.
03:02Le gouvernement engage sa responsabilité et peut tomber parce que l'Assemblée nationale a ce pouvoir-là.
03:07Maintenant, grâce à ce dispositif constitutionnel, dont on peut rappeler que personne, quelle que soit sa couleur politique, n'a jamais proposé de le supprimer,
03:16grâce à ce dispositif constitutionnel, la France aujourd'hui a un budget.
03:21Et je crois, en tout cas pour moi qui suis une responsable politique, c'est ça l'essentiel.
03:26Alors elle a un budget, mais un budget dont tout le monde dit quasiment le plus grand mal, y compris d'ailleurs le Premier ministre.
03:31Il n'est pas parfait.
03:32Comment vous expliquez aujourd'hui qu'on se félicite, que vous félicitez que la France ait un budget alors que tout le monde est d'accord pour dire qu'il est mauvais ?
03:39Personne ne dit qu'il est mauvais, sauf ses adversaires farouches.
03:44Mais effectivement, il n'est pas parfait parce qu'il ne correspond pas à l'image idéale que chacun se fait de son budget, compte tenu de sa vision politique.
03:53En revanche, il respecte le cap fixé, le cap général.
03:58Le fait d'atteindre 5,4% de déficit, c'est toujours bien trop.
04:04Mais dans les circonstances actuelles et dans les conditions, c'est-à-dire dans les conditions d'urgence dans lesquelles il a dû être construit, il a fallu faire des concessions.
04:12Il nous a coûté cher ?
04:14J'ai envie de vous dire, maintenant, le plus dur commence.
04:16Le plus dur commence pour tout le monde.
04:19Est-ce qu'il faut affronter cette réalité qui est que nous avons un pays avec beaucoup trop de dépenses publiques ?
04:25Il nous faut rétablir les comptes et donc il faut engager des réformes structurelles ?
04:29C'est la question, mais comment ? Avec une telle assemblée ?
04:33Vous avez parlé tout à l'heure des concessions qui ont été faites.
04:36Certains y ont vu des compromissions.
04:38C'est le cas de la France insoumise qui a qualifié quand même le mot fort de traître ses anciens amis, ses anciens partenaires, les socialistes.
04:45Comment vous réagissez ? Est-ce que vous estimez, ce matin, que le nouveau Front populaire est mort ?
04:50La France insoumise a toujours dit qu'elle ne souhaitait pas rentrer dans une logique de dialogue.
04:55Elle ne s'est pas rendue aux discussions menées au ministère de l'Économie et des Finances,
05:00donc elle n'a pas souhaité rentrer dans cette logique-là.
05:02C'est avec les autres groupes que nous avons réussi à construire.
05:06J'espère que nous pourrons continuer.
05:08Y compris le Rassemblement national ?
05:09Nous avons entendu ce que le Rassemblement national disait.
05:13Ça me paraît normal que l'on écoute les revendications des uns et des autres.
05:17Après, cela ne veut pas dire que vous gouvernez avec les uns et les autres.
05:21Il faut être très clair là-dessus.
05:23La majorité, ce qui constitue le socle, est évidemment constituée des seules parties de la famille du président de la République, des Républicains et du groupe Lyot.
05:34La France insoumise dit l'inverse.
05:37Hier, Éric Coquerel, à votre place, dit que tous ceux qui n'ont pas voté la censure,
05:40de fait, deviennent des appuis du gouvernement.
05:43Justement, c'est la différence entre voter un budget de façon positive et ne pas censurer.
05:50Il y a des gradations, il y a de la nuance.
05:52Je crois qu'Éric Coquerel, là, n'est pas dans la nuance.
05:55Mais ça ne change pas d'habitude, malheureusement.
05:57Pour casser le nouveau front populaire, ne faut-il pas aller plus loin ?
06:01Certains disent aider les socialistes, avec évidemment la proportionnelle.
06:05Et là, on sait qu'Emmanuel Macron devrait, il paraît que c'est imminent, envisager un référendum.
06:11Est-ce que vous êtes favorable à un référendum sur ce sujet ?
06:14Moi, ce que je crois, de toute façon, c'est qu'il nous faudrait faire une alliance plus large pour gouverner.
06:20Ça ne veut pas dire...
06:21Sur quelle base ?
06:22Sur la base d'un certain nombre de réformes urgentes à faire.
06:26Le chantier de la réorganisation de l'État, une nouvelle étape de la décentralisation, le chantier de la simplification, etc.
06:33Il y a plein de chantiers sur lesquels on peut s'entendre et se dire, pendant une année,
06:37voilà le programme d'action sur lequel nous nous mettons d'accord et nous avons décidé d'agir ensemble.
06:44Ça ne me paraît pas sûr de faire cela.
06:46Mais on ne consulte pas les Français sur différents sujets, par exemple ?
06:48Et après, moi, vous savez que je suis très favorable à un référendum,
06:51donc oui, consultons les Français sur des choses qui les intéressent profondément.
06:57Donc il y a évidemment...
06:58La proportionnelle en fait partie, honnêtement ?
07:00La proportionnelle...
07:01Les Français vont se lever demain matin en se disant,
07:03oh là là, je vais aller voter pour savoir s'il peut y avoir un projet de loi instaurant la proportionnelle.
07:07Je ne suis pas sûre que ce soit le sujet qui les intéresse profondément.
07:11Après, c'est un sujet important parce que c'est un sujet qui nous permet de dire
07:15comment nous sommes représentés à l'Assemblée nationale.
07:18Et la représentation des Français, la juste représentation des Français,
07:21ça, c'est un sujet qui les intéresse.
07:23Après, il y en a mille qui peuvent les intéresser.
07:26Comme vous le savez, moi, je rêverais qu'on puisse les interroger sur des sujets plus sociétaux,
07:32comme la fin de vie.
07:33On va en parler.
07:34J'aimerais qu'on puisse les interroger aussi, par exemple, sur l'idée d'un service national.
07:37Tout le monde, beaucoup d'hommes et de femmes politiques reposent le sujet
07:41service national, service militaire, service civique, service national universel, etc.
07:46Moi, je trouve que ça serait un très beau débat et un très beau sujet de dire
07:50comment on se réengage collectivement au service de notre nation.
07:55Pourquoi ne pas les interroger sur l'immigration ?
07:57Expliquez-moi pourquoi les responsables politiques peuvent juger s'il y a
08:00submersion migratoire ou pas, et pas les Français ?
08:03Mais pourquoi pas sur l'immigration ?
08:05Aujourd'hui, ça n'est pas possible constitutionnellement.
08:08Mais moi, je considère qu'il faut faire confiance aux Français.
08:12Vous savez, on dit toujours, les hommes politiques disent
08:15les Français ne nous font pas confiance.
08:16Mais est-ce qu'ils font confiance à nos compatriotes ?
08:19Je crois qu'il y a une vraie question qui se pose.
08:21Ça fait plus de 20 ans qu'on n'a pas fait de référendum.
08:23Moi, je propose que l'on modifie justement la Constitution,
08:27que le président de la République fasse une modification de la Constitution
08:30ciblée à l'article 11, simplement pour ouvrir le champ des possibles
08:35et nous permettre d'interroger les Français sur des sujets
08:37qui les concernent directement.
08:39L'immigration, pourquoi pas ? La fin de vie, pourquoi pas ?
08:42Un service militaire, etc.
08:44Il y a beaucoup de sujets sur lesquels il serait intéressant
08:46d'entendre les Français directement.
08:48Vous avez déjà été interrogé sans référendum sur ce sujet.
08:52De votre côté, vous avez déclaré avoir été gêné, Yael Braune,
08:55pivé par l'expression « submersion migratoire ».
08:58Depuis, on a eu les chiffres de 2024 qui ont été rendus publics
09:01avec une hausse jamais atteinte véritablement.
09:04336 700 premiers titres de séjour délivrés en 2024.
09:07Quel mot correspond, selon vous, Madame la Présidente de l'Assemblée,
09:10à cette augmentation, à cette explosion des chiffres ?
09:13Vous savez, moi, j'essaye de regarder les choses telles qu'elles sont.
09:17Et c'est vrai que ce mot « submersion » m'a gênée
09:21parce que je trouve qu'il empêche d'avoir la vision juste des choses.
09:27Vous parlez de chiffres qui sont en augmentation et c'est une réalité.
09:32Il y a, d'une part, une très grosse augmentation des demandes d'asile.
09:36Et c'est vraiment ça, le sujet, parce qu'autrement...
09:39Pour certains, c'est une filière dévoyée aujourd'hui.
09:42Parce que, justement, je crois qu'on ne regarde pas bien les choses.
09:47Nous avons une immigration de travail qui a augmenté.
09:49C'est un peu plus de 50 000 titres de séjour.
09:51Et nous avons la volonté d'aller plus loin.
09:53Nous avons créé le passeport talent et la dernière loi immigration.
09:57Il faut de l'immigration de travail régulière,
09:59avec des personnes qui veulent venir travailler en France,
10:02apporter leur talent, apporter leur envie de travailler ici, chez nous,
10:08en respectant, évidemment, et en étant intransigeants
10:11sur le respect de nos valeurs, de notre façon de vivre, etc.
10:14Mais est-ce qu'il y a pour vous une limite ?
10:15Il y a une immigration d'étudiants,
10:17il y a une immigration de regroupement familial,
10:19et il y a une immigration de demandeurs d'Asie.
10:22Il n'y a pas de limite à cette immigration légale, pour vous ?
10:25Alors, il n'y a pas de limite.
10:27Il faut qu'elle corresponde à ce dont nous avons besoin.
10:31C'est-à-dire ? Est-ce que vous imitez un quota ?
10:34Il doit y avoir un échange, une discussion devant le Parlement
10:37sur cette immigration de travail.
10:39De quel poste avons-nous besoin ? De quelles ressources ?
10:45Aujourd'hui, c'est un peu plus de 50 000.
10:47Est-ce que c'est le cas ? Est-ce qu'on doit aller plus loin ?
10:49Avec le chômage que nous avons en France,
10:51et le chômage aussi de la population intégrée.
10:53Mais quand on va sur tout le territoire national,
10:56on voit des patrons qui nous disent, malheureusement,
10:59qu'ils n'arrivent pas à recruter dans certains secteurs.
11:02Peut-être que certains cherchent à baisser les salaires
11:04avec une immigration massive ? Vous ne pensez pas ?
11:06Sans viser tous les patrons, évidemment.
11:08Je ne crois pas, parce que j'ai vu, notamment à Rungis,
11:12des patrons dans les filières de boucherie, charcuterie,
11:17employés à des salaires tout à fait respectables
11:20de la main-d'oeuvre étrangère, parce qu'ils ne trouvaient pas,
11:22malheureusement, de main-d'oeuvre originaire de notre pays.
11:25Il y a la question de la légalité.
11:26Il y a l'immigration légale qu'il faut, je crois, bien encadrer.
11:30Je ne dis pas qu'il faut l'encourager,
11:32mais en tout cas, il faut l'encadrer et la fixer.
11:35Il y a les demandes d'asile qui correspondent à notre tradition
11:40et qui doivent être vues au niveau européen.
11:42Et là, c'est le pacte asile-immigration.
11:44Mais le grand sujet sur l'immigration, c'est la question des reconduites.
11:48C'est la question du respect de nos valeurs.
11:50C'est la question du respect de ce qu'est la France aujourd'hui.
11:53On voit ce que ça donne avec les OQTF.
11:55Mais il y a la question de la légalité.
11:58Il y a la question aussi de l'assimilation aux mœurs, à la culture.
12:01Est-ce que les flux migratoires qui augmentent ou qui explosent,
12:04si on voit les chiffres, est-ce que ça facilite l'intégration ?
12:07L'intégration, pour moi, ce n'est pas une question de nombre.
12:12C'est une question de volonté et de capacité à s'intégrer,
12:19à apprendre les mœurs d'un pays, à respecter ses valeurs.
12:23Et là, nous avons un travail à faire considérable.
12:26Les pouvoirs publics, mais aussi les personnes qui viennent.
12:30Les personnes qui viennent doivent être dans cet état d'esprit
12:33de s'intégrer, de respecter les lois de notre pays.
12:36Et quand elles ne le sont pas, nous devons être intransigeants.
12:39Il n'y a pas de sujet là-dessus, pour moi.
12:41Il n'y a pas de sujet.
12:42Autre sujet, en tous les cas, dans l'actualité.
12:44Vous vous êtes exprimée là-dessus, Elbrun-Pivet.
12:46La fin de vie, le Premier ministre a donc annoncé vouloir scinder,
12:48c'est très important, le projet de loi sur la fin de vie en deux textes.
12:52L'un portant sur les soins palliatifs et l'autre sur l'aide active à mourir.
12:56Un arbitrage que vous ne partagez pas.
12:58Et là, véritablement, on a envie de comprendre votre position.
13:01On imagine un parlementaire avec deux textes,
13:04s'exprimant d'un côté sur les soins palliatifs
13:07et de l'autre sur l'aide active à mourir en son âme et conscience.
13:10Pourquoi ça vous dérange qu'il soit scindé les deux textes,
13:13alors qu'ils pourront s'exprimer librement sur les deux textes ?
13:16Les parlementaires s'expriment toujours librement.
13:19En fait, pourquoi cela ne me convient pas,
13:22c'est qu'il s'agit d'un seul et même sujet.
13:25Il s'agit d'un seul et même sujet.
13:27Les soins palliatifs et l'euthanasie ?
13:29Oui, parce qu'il s'agit de la fin de vie.
13:32Comment accompagne-t-on nos compatriotes
13:35lorsqu'ils sont à la fin de leur vie,
13:38lorsqu'ils sont atteints de maladies incurables,
13:41graves, dans des souffrances ?
13:43Comment gère-t-on cela ?
13:45Eh bien, il faut le gérer de façon globale.
13:48C'est-à-dire que les soins palliatifs doivent pouvoir être proposés
13:51à tous, partout, à tout moment, et ce n'est pas le cas.
13:55Et là, on attend un engagement fort de la nation.
13:58Nous n'avons pas besoin pour cela d'un texte de loi.
14:01Nous avons besoin de moyens.
14:03Il y a un plan soins palliatifs, et nous avons besoin de moyens.
14:07Je me mets dans la peau d'un parlementaire.
14:09Je suis pour, imaginons, et c'est un cas de figure,
14:12je suis pour les soins palliatifs, mais je suis contre l'euthanasie.
14:15Et c'est dans le même texte. Je fais quoi ?
14:18Le texte, il est décomposé en plusieurs titres, plusieurs articles.
14:22Vous pouvez très bien voter les articles
14:24qui correspondent au développement des soins palliatifs,
14:27mais qui ne sont pas indispensables.
14:29Mais que craignez-vous, au fond ?
14:31Ce que je crains, c'est ce qui est en train d'arriver en ce moment.
14:34C'est-à-dire ?
14:35C'est qu'on oppose l'un à l'autre.
14:38Moi, j'ai présidé, Mme Mabrouk, quasiment l'intégralité des débats.
14:43Et ce que j'ai vu, justement, c'est que personne n'opposait l'un à l'autre.
14:47Chaque parlementaire était extrêmement respectueux des opinions
14:52et des convictions, des croyances, de l'intimité de chacun.
14:56Moi, je crois vraiment qu'il faut l'appréhender globalement
15:00et ne pas se dire que si je suis pour les soins palliatifs, je suis contre,
15:03pour l'aide active à mourir, et l'inverse.
15:06C'est ce qu'on essaie de nous faire croire, parfois, et ce n'est pas bon.
15:09C'est quand même important, c'est un sujet fondamental.
15:12Comment, dans un même texte, vous avez la main qui donne le soin
15:15et l'autre main, si je puis dire, qui donne la mort ?
15:19Déjà, dans le texte, nous n'avons pas prévu cela comme cela.
15:24Nous ne le voyons pas comme cela.
15:27C'est un soin, c'est un accompagnement.
15:30L'aide à mourir est un soin pour vous ?
15:32Pour moi, c'est la prise en compte humaine, fraternelle,
15:36de la volonté et de l'ultime volonté de quelqu'un
15:41qui est confronté à des souffrances et à une maladie incurable
15:45dont il est malheureusement victime.
15:49Les soins qui sont contre, c'est-à-dire qui sont contre la...
15:53Non, mais vous savez, moi, ce qui m'a frappée,
15:57c'est que j'ai eu beaucoup de personnes, des malades,
16:00qui m'ont écrit en me disant,
16:03je ne sais pas si un jour, j'utiliserai l'aide active à mourir,
16:06si elle est écrite, je n'en sais rien.
16:09Mais le simple fait de savoir qu'elle existe
16:12va me permettre d'affronter plus sereinement ma maladie
16:16parce que je sais qu'au bout du bout, j'aurai le choix.
16:20Et c'est ce choix-là que je vais offrir à tous nos concitoyens.
16:23Peut-être que ces personnes-là, et c'est ce qu'elles m'écrivaient,
16:26choisiront d'être accompagnées avec des soins palliatifs jusqu'au bout.
16:29Peut-être qu'elles feront un autre choix.
16:31Aujourd'hui, elles ne peuvent pas faire cet autre choix.
16:34Et je crois que c'est respecter la liberté de chacun,
16:37le droit de chacun de respecter cela
16:40et de créer cette possibilité d'aide active à mourir.
16:44En tout cas, le choix, comme vous le dites, en leur âme et conscience,
16:47aux parlementaires et aux soignants de voter.
16:49Je n'ai pas eu le temps pour les questions sur les ambitions présidentielles,
16:52mais nous avons le temps, n'est-ce pas ?
16:54C'est très, très loin, vous savez.
16:56Je ne suis pas sûre d'être devenue une politique comme cela.
17:00Moi, je suis une femme, je suis engagée, je suis une citoyenne.
17:03Et moi, ce qui m'intéresse, c'est ce que je fais aujourd'hui et demain
17:06et pas ce qui se passera dans deux ans.
17:08Merci, El Bronte-Pivet. C'était votre grande interview.
17:11A bientôt.
17:12A bientôt. Au revoir.
17:14Sous-titrage Société Radio-Canada

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