Avec le Docteur Erick Petit, radiologue spécialiste de l’endométriose, responsable du centre de l’endométriose au Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph et Président de Resendo (réseau endométriose)
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00:00Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Gleize.
00:06Sud Radio, il est 6h40, la vie en vrai, c'est une maladie qui touche plus de 10% des femmes en âge de procré.
00:13L'endométriose reste encore aujourd'hui sous-diagnostiquée.
00:16Pour y faire face, la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a annoncé cette semaine le remboursement d'un test salivaire encore en phase expérimentale.
00:23Pour en parler, le docteur Eric Petit est avec nous. Bonjour.
00:27Bonjour.
00:28Radiologue, spécialiste de l'endométriose, président de Rezendo, qui est le réseau d'endométriose.
00:34Docteur, avant de nous expliquer en quoi il consiste ce test, l'endométriose, c'est quoi exactement ?
00:39C'est peut-être important de commencer par là.
00:41Absolument. L'endométriose, c'est une maladie chronique inflammatoire de la femme qui débute dès les premières règles
00:48et qui, en raison d'un problème hormonal dysfonctionnel,
00:52fait que la muqueuse utérine, que l'on appelle l'endomètre, qui tapisse la cavité utérine permettant un jour à la femme d'être enceinte
01:00et qui donne les règles tous les mois, cette muqueuse n'est plus à sa place.
01:05Elle l'est en dehors de sa cavité, elle commence à pénétrer le muscle utérin,
01:10mais surtout elle reflue avec les règles par les trompes dans le sens inverse du chemin usuel qui est par le vagin.
01:17Et donc les cellules en question de l'endomètre vont coloniser d'autres organes.
01:22Et c'est cela qui fait une réaction inflammatoire des organes dans lesquels cette muqueuse saigne.
01:27Qui provoque des douleurs importantes.
01:29Qui provoque des douleurs majeures.
01:31Et ça peut affecter toutes les sphères de la vie quotidienne de la femme, non seulement génitales,
01:36telles qu'évidemment les règles douloureuses au premier chef mais aussi les rapports sexuels douloureux
01:40et enfin aussi toutes les troubles digestifs qui vont avec, les troubles urinaires et ainsi de suite.
01:46Donc ça peut être un cauchemar quotidien, totalement inimaginable,
01:50parce que c'est parfois des degrés hallucinants.
01:53Et ce qui est très particulier à cette maladie, c'est qu'il n'y a pas de corrélation entre la gravité anatomique
01:58de l'extension de cette maladie et les symptômes.
02:01C'est-à-dire qu'on peut avoir une forme minime, qu'on appelle superficielle à la surface des organes,
02:06qui sont 70% des cas, et avoir des symptômes majeurs.
02:11Le problème, c'est que jusqu'à présent, le diagnostic se fait toujours par imagerie,
02:16et qu'on raffipe, elle vient dans le vaginal, et si possible en demain l'experte, et ou IRM.
02:21Mais quand on a une forme minimale, la plupart ne la voient pas,
02:26et on finit par dire, Madame, vous n'avez rien, c'est dans votre tête, c'est psychologique,
02:31et on l'envoie chez le psychologue, le psychiatre, c'est dramatique.
02:33Alors qu'il y a une véritable maladie d'organique.
02:35Et d'où l'importance du diagnostic, facilité par ce test salivaire.
02:40Il fonctionne comment ce test ?
02:42Alors, c'est la première fois qu'il y a un test diagnostic de type biomarqueur,
02:47qui permet, en prélevant de la salive, d'analyser sur la base un séquençage ultra-rapide
02:55et adosser l'intelligence artificielle, et d'identifier une signature ARN de longométriose,
03:01qui est tout à fait typique, ça a été validé scientifiquement,
03:04puisque mon centre, l'hôpital Saint-Joseph, le centre de longmétriose d'experts,
03:08a été un des centres investigateurs sur plus de 1000 patientes,
03:11et nous avons fait la preuve que les tests statistiques étaient valides,
03:15avec au-delà de 95% de satisfaction, sur toutes les valeurs statistiques,
03:21et donc du coup, il a été validé, publié,
03:23et c'est maintenant, on est dans la phase recherche-innovation pour la mise en place
03:27et le remboursement à terme, au bout d'une année, après 25 000 patientes attestées,
03:32qu'on va commencer dans les jours qui viennent,
03:35puisque ça a été annoncé, comme l'a dit Mme Vertrain,
03:38et donc, dans 80 centres hospitaliers, en France et ailleurs, dans les DROM également,
03:43nous aurons la disponibilité, pour 25 000 patientes au-delà de 18 ans,
03:47de prescrire ce test à des patientes qui ont les symptômes, mais avec une imagerie négative.
03:52Et ça, ça va changer la donne, puisque le retard diagnostique actuel est de 10 ans,
03:57et que là, on va aboutir à 10 jours.
03:59— Oui, ça change tout, forcément. Est-ce qu'on connaît les centres
04:03dans lesquels on va pouvoir aller, justement, pour bénéficier de ce test salivaire ?
04:07— Il y a tous les centres de niveau D3, experts. Le mien en fait partie, évidemment.
04:13Et puis au-delà, je n'ai pas la liste précise.
04:16C'est pas moi qui l'ai dictée. C'est le ministère de la Santé.
04:19Mais ces centres sont répartis sur tout le territoire de façon homogène
04:23et de façon pour accueillir toutes ces patientes innombrables.
04:28Et après, si ce test est donc validé dans cette dernière phase précommercialisation,
04:34eh bien il pourrait être remboursé en sachant qu'il coûte 839 €.
04:37Donc c'est quand même de la haute technologie. Donc c'est très coûteux.
04:40Donc il faut aller jusqu'au bout de la validation et de la preuve de son efficacité.
04:44— Bien évidemment. Un mot pour conclure, docteur.
04:47On voit de plus en plus de communes et même d'entreprises qui instaurent des congés menstruels.
04:52Vous n'êtes pas en fonction. Vous n'êtes pas élu.
04:55Mais j'imagine que vous avez quand même un avis sur la question.
04:59Est-ce que c'est une bonne chose ou pas ? Est-ce que ça va dans le bon sens ?
05:02— Ça va dans le bon sens transitoirement tant qu'on n'a pas de solution et que le diagnostic n'est pas fait.
05:08Tout ceci doit finalement tomber et ne plus être nécessaire.
05:12À partir du moment où on aura fait un diagnostic précoce, rapide,
05:14avec une prise en charge adaptée qui suive, il n'y a plus de raison.
05:19Parce que le but, ce n'est pas de rester chez soi et souffrir.
05:22C'est d'être toujours actif et donc de soulager les symptômes.
05:26Donc en fait, ça, c'est une phase transitoire, un bise-aller.
05:29Voilà, c'est mieux que rien. Mais ça n'est pas la vraie solution.
05:31La vraie solution, c'est de diagnostiquer tôt et traiter correctement. Voilà.
05:34— Docteur Éric Petit, c'était très clair. Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio pour tout nous expliquer.
05:39Je rappelle, vous êtes responsable du centre de l'endométriose Groupe Hospitalier Paris-Saint-Joseph
05:44et président de Résendo, Réseau Endométriose. Très bonne journée à vous.