"C'est une stratégie de développement auquel je crois profondément", insiste, jeudi 13 sur franceinfo, Philippe Palazzi, le directeur général du groupe Casino.
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00:00Bonsoir à toutes et à tous, il a pris la tête du groupe Casino il y a quasiment un
00:08an maintenant.
00:09Philippe Palazzi est l'invité éco de France Info, bonsoir.
00:11Bonsoir Isabelle Raymond.
00:12Casino, ce sont 7 marques bien connues des Français, Casino évidemment, mais aussi
00:18Monoprix, Naturalia, Spar, Vival, Franprix et Cédiscount, 700 points de vente en France,
00:25essentiellement défranchisés, 25 000 salariés au total.
00:28Vous êtes arrivés dans les bagages, si j'ose dire, des nouveaux actionnaires en
00:32mars 2024, les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladré de Lacharrière avec un fonds
00:37d'investissement.
00:38Ils ont racheté une sorte de géant au pied d'argile à l'homme d'affaires Jean-Charles
00:44Nauri.
00:45Cette reprise a occasionné 5 milliards d'euros de dettes effacées, 425 magasins essentiellement
00:51des hyper, cédés aux concurrents Auchan et Intermarché, le siège de Saint-Etienne
00:57a été préservé.
00:58On peut dire, Philippe Aladdi, que vous avez pris les rênes d'un groupe immense mais
01:02malade avec des salariés profondément meurtris et inquiets.
01:06Est-ce que vous diriez qu'un an après ça va mieux, les plaies sont refermées et les
01:10salariés rassurés ?
01:11Alors la restructuration du groupe Casino a eu trois phases en 2024.
01:16La première a été la restructuration financière, vous en avez parlé, avec la dette, ce qui
01:19a permis de sauver le groupe.
01:22La deuxième restructuration a été une restructuration managériale, donc nous avons changé le comité
01:27de direction du groupe, nous avons mis des commerçants à la tête du groupe pour se
01:33transformer.
01:34Le troisième bloc de cette transformation a été une transformation commerciale avec
01:40la création d'une stratégie et en recentrant le groupe sur la proximité.
01:44Alors évidemment, on va revenir sur cette transformation que vous avez engagée, mais
01:49avant cela, est-ce que vous pourriez nous dire si cette restructuration est terminée,
01:53il n'y aura pas de nouveaux magasins cédés ?
01:56Alors la restructuration, nous avons cédé l'entièreté du parc hypermarché et supermarché,
02:01vous l'avez dit, plus de 420, 25 magasins ont été cédés à des concurrents de la
02:06grande distribution.
02:07Donc nous sommes aujourd'hui le leader de la petite distribution avec les 7700 points
02:13de vente répartis sur tout le territoire en France.
02:16Et donc il n'y aura pas de nouveaux magasins Casino ou des autres enseignes du groupe qui
02:20seront cédés dans les prochains mois ? Vous avez cédé, vous l'avez dit, les hypermarchés,
02:24c'est un modèle que vous ne voulez plus voir au sein du groupe Casino ?
02:28Alors nous n'investirons plus dans les hypermarchés, ça c'est une évidence.
02:31Et bien sûr, un parc c'est quelque chose de vivant, donc il y a des magasins qui entrent,
02:36des magasins qui sortent.
02:37Donc cette année, dans le parc de proximité, nous avons ouvert 180 magasins, donc de petite
02:42taille, de proximité, et également nous avons fermé plus de 500.
02:46Alors vous avez présenté il y a quelques mois un plan stratégique avec à la clé 1
02:51200 millions d'euros d'investissement, précisément à quoi va servir cet argent ?
02:54Donc quelques mots sur la stratégie pour vous expliquer les investissements, donc le
02:59groupe se recentre sur la proximité, le commerce de proximité, donc c'est une stratégie
03:04de développement auquel je crois profondément, elle s'articule autour de trois axes principaux,
03:09le premier qui est de nous positionner, nous sommes positionnés aujourd'hui où le marché
03:14s'est déplacé, c'est-à-dire sur le commerce de proximité, on voit que les hypermarchés
03:18ne fonctionnent plus, les clients vont, et ceux qui nous écoutent aujourd'hui le savent
03:23très bien, en province c'est plus de 20 minutes de transport pour aller faire ses
03:27achats, donc il est important d'avoir un commerce à proximité, et j'y reviendrai
03:31sans doute.
03:32Le deuxième sujet qui est très important, c'est que nous appuyons sur des marques qui
03:35sont connues et reconnues, vous les avez citées, je n'y reviens pas, et le troisième point
03:40qui est essentiel, c'est que nous nous appuyons sur nos franchisés et nos salariés qui sont
03:44vraiment derrière notre stratégie, et qui croient en cette stratégie et qui commencent
03:48à la mettre en place en ce moment, et c'est la raison pour laquelle je crois.
03:5385% de franchisés.
03:54C'est ça exactement, 85% de nos magasins sont déjà des magasins franchisés.
03:58Alors j'ai vu que vous allez rénover les magasins avec de nouveaux services à la clé,
04:03vous parlez d'économie de la flemme, est-ce que vous pouvez nous préciser un peu votre idée ?
04:07L'économie de la flemme, c'est-à-dire que...
04:10J'ai la flemme de sortir de chez moi.
04:12Que ce soit en centre-ville, je vous donne l'exemple du centre-ville, les gens ne veulent
04:16plus se déplacer, donc ils préfèrent regarder sur leur téléphone portable, savoir si le
04:20magasin est ouvert, à côté de leur domicile, des fois qu'ils feraient 50 mètres de trop,
04:24et donc voilà, on est vraiment dans cette économie, et nous sommes prêts, nous faisons
04:28du commerce de voisinage, nous servons notre voisinage, en offrant bien sûr les produits
04:34du quotidien qui servent à remplir, donc nous sommes le garde-manger du voisinage,
04:38nous avons également des services, vous pouvez retrouver des services de colis, nous le mettons en place,
04:45je vous donne un exemple concret, pendant les Jeux Olympiques, nous avons gardienné
04:4811 000 bagages des touristes qui venaient à Paris pour les Jeux Olympiques.
04:53Donc on ne vient plus seulement pour acheter dans un magasin, on veut des nouveaux services,
04:59ça permet de tout faire en bas de chez soi en fait, c'est ça ?
05:02Exactement, et nous développons aussi un autre point qui est essentiel, une clé de
05:06développement pour nous, qui est la restauration à emporter.
05:09Et ça parce que vous voyez que ça marche, vous voyez que les gens n'ont plus le temps,
05:13ou la flemme de cuisiner, et qu'il faut qu'ils aient du snacking, on appelle ça du snacking
05:18en mauvais français, et ça c'est quelque chose qu'il faut développer, vous pensez ?
05:21En fait nous voyons que nos clients viennent très régulièrement, ils achètent moins,
05:25ça permet aussi le commerce de proximité de gérer son budget, on dépense moins dans
05:29le commerce de proximité, pourquoi ? Parce que l'on vient acheter ce dont on a besoin,
05:33donc on évite de jeter de la nourriture, et puis on est tous hybrides, c'est-à-dire
05:37que l'on peut à la fois cuisiner, on peut acheter ses produits, mais également on peut
05:40acheter des plats déjà préparés, à emporter de bonne qualité, que l'on consomme à son
05:44bureau ou alors chez soi à son domicile.
05:47Mais ça c'est plutôt vrai dans les centres-villes, tout le réseau notamment de monoprix et de
05:51naturaliens qui font partie du groupe casino, c'est pas vrai en zone rurale, dans le réseau
05:57de supermarchés que vous avez plutôt en zone rurale ?
06:01Alors exactement, c'est la même chose, mais avec une clientèle différente.
06:05Il faut savoir qu'il y a 20 000 communes en France qui n'ont pas de commerce, donc
06:09ça oblige les gens à se déplacer.
06:11Sachant qu'il y a un tiers de la population qui habite en zone rurale, c'est ça ?
06:14Exactement, et la population vieillit, donc elle ne peut pas se déplacer, il faut leur
06:17apporter du commerce, et elles ont besoin à la fois justement de ces cours du quotidien,
06:21mais aussi des services, donc des plats cuisinés, des repas déjà préparés, et donc c'est
06:25ce que nous offrons au travers de notre commerce de proximité en zone rurale.
06:30J'ai vu aussi que vous aviez décidé de développer, en tout cas de tester, un nouveau
06:35concept qui est une sorte de supermarché ambulant, est-ce que vous pouvez nous dire
06:39de quoi il s'agit ?
06:40Alors nous avons lancé en test dans la Loire une camionnette de livraison, comme il y
06:46avait dans les années après-guerre, juste après-guerre, et en fait je trouve que c'est
06:51une vraie innovation.
06:52Pourquoi ? Parce que ça c'est l'ultra-proximité, c'est-à-dire qu'on pallie au manque de
06:56commerce dans le monde rural, avec une camionnette, on entend le klaxon à l'entrée du village,
07:01et qui vient se positionner pour une heure, et vous pouvez faire vos courses du quotidien,
07:05donc ce qui sert les personnes âgées, ce qui permet de garder nos anciens autonomes
07:10et de pouvoir vivre et de continuer à vivre dans leur maison, dans leur village, là où
07:14elles ont leurs racines.
07:15Et donc ça c'est quelque chose que vous avez commencé à tester au mois de décembre,
07:19est-ce que vous pensez le développer, le généraliser, ou en tout cas faire en sorte
07:24que ce ne soit pas juste dans un seul supermarché, dans la Loire ?
07:27Donc on a un très très bon retour de la population, on a un très bon retour des maires aussi,
07:32qui sont favorables à réhumaniser les campagnes, à réhumaniser les villages, donc qui sont
07:37vraiment demandeurs de cette camionnette, que l'on rattache à un magasin existant,
07:42donc l'exemple dans la Loire de Corentin, qui est propriétaire d'un Vival, et qui
07:46a également cette camionnette, et qui parcourt une dizaine de villages avoisinant sa supérette Vival.
07:51Sachant que l'idée aussi c'est de pouvoir avoir de nouveaux services dans ces magasins
07:57de proximité en zone rurale, notamment de pouvoir « retirer de l'argent » ?
08:02Alors ça c'est un très très bon exemple, on s'aperçoit qu'il y a de moins en moins
08:07de distributeurs automatiques de billets, on n'en trouve plus.
08:10Donc on met en place un système qui fonctionne très bien, c'est-à-dire que vous faites
08:13vos achats pour 10 euros par exemple, vous payez 50 euros en carte bleue et le commerçant
08:17vous rend 40 euros, ce qui vous fait de l'argent liquide, et ça compense vraiment ce manque
08:23de distributeurs automatiques de billets, c'est une vraie demande en province de la clientèle.
08:28Alors vous le savez, le nerf de la guerre ça reste quand même les prix, Casino était
08:32connu pour pratiquer des prix bien au-dessus de ses concurrents, de 20% au-dessus de mémoire.
08:38Est-ce qu'aujourd'hui les étiquettes sont revenues à un niveau raisonnable chez Casino ?
08:43Depuis notre arrivée fin mars à la tête du groupe, j'ai baissé les prix de 300 articles,
08:50300 produits du quotidien chez Monoprix, nous avons fait de même chez Franprix, nous nous
08:55sommes associés, comme vous le savez, à l'achat avec Intermarché et Auchan pour acheter
09:02mieux et continuer à baisser nos prix.
09:04Et puis je vous annonce aussi que nous allons lancer cette année une gamme de 150 articles
09:11de petits prix à la marque tous les jours et qui seront communs à toutes les marques
09:17du groupe Casino.
09:18Sauf qu'on est en pleine négociation commerciale, vous le savez, jusqu'au 1er mars, est-ce
09:23que vous pensez que les prix peuvent encore baisser de façon importante chez Casino ?
09:30Est-ce qu'il y a une marge importante ?
09:33Alors nous allons encore baisser nos prix, nous avons une double responsabilité quand
09:37nous sommes distributeurs.
09:38La première c'est bien évidemment de défendre le pouvoir d'achat de notre client et le
09:44deuxième pendant, c'est être également aider économiquement les producteurs et ça
09:49j'y suis très attaché, les producteurs locaux.
09:51Nous constatons cette année, les grands industriels nous apportent des hausses de prix, donc
09:58nous nous battons pour baisser ces prix, vous avez beaucoup d'inflation sur le café, sur
10:02le chocolat, donc il y aura de l'inflation encore cette année en France au niveau du
10:07marché sur ces produits-là.
10:08Mais pas sur d'autres produits et notamment sur les produits du quotidien, et ce sera
10:12ma dernière question.
10:13Donc cette inflation est concentrée sur certains produits et nous devrons avoir une stagnation
10:17ou une légère déflation sur d'autres produits qui servent le quotidien des Français.
10:22Merci Philippe Haladji et je rappelle que vous espérez un retour à la rentabilité
10:28pour l'année prochaine, pour 2026.
10:30Philippe Haladji, directeur général de Casino, vous étiez l'invité éco de France Info
10:35ce soir.
10:36Merci à vous.