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Lundi 17 février 2025, SMART BOURSE reçoit Geoffroy Lenoir (Codirecteur des gestions OPC, Ofi Invest Asset Management) , Mabrouk Chetouane (Head of Global Market Strategy, Solutions, International, Natixis IM) et Julien Nebenzahl (Responsable des solutions d'épargne, eToro)

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00:00Tout les soirs, trois experts avec nous en plateau, on est ravi d'accueillir Julien
00:14Démensal.
00:15Bonsoir Julien.
00:16Bonsoir Fabrice.
00:17Responsable solution épargne chez eToro.
00:19Alors eToro, moi j'avais dans l'idée que c'était du trading, du copytrading.
00:22On va faire du patrimoine chez eToro désormais ?
00:25Exactement, c'est à venir, c'est à venir.
00:27Bon, pas de teasing, vous ne pouvez rien révéler.
00:30Pas aujourd'hui.
00:31D'accord.
00:32Ça commence fort.
00:33Mabrouk Chetouane, je suis ravi de vous retrouver.
00:34Mabrouk, responsable stratégie marché chez Natixis IM.
00:37Bonsoir Fabrice.
00:38Voilà, avec un magnifique costume, comme d'habitude.
00:40Le vice du look est passé par là.
00:42Et puis enfin Geoffroy Lenoir.
00:43Bonsoir Geoffroy.
00:44Co-directeur de la gestion collective chez Ofi Invest Asset Management.
00:48Tout va bien chez Ofi ?
00:49Tout va bien chez Ofi.
00:50Voilà, ça se passe très bien sur l'ensemble de la gamme qui n'en finit pas de s'ouvrir
00:56et ça se passe vraiment très bien.
00:57Justement, le marché aussi messieurs.
00:59On va décrypter ça ensemble avec, on le disait avec Pauline il y a un instant, la
01:04défense qui est en vedette avec, ben voilà, ça fait vendre finalement ses armes.
01:09On savait qu'on était un grand pays exportateur, qu'on gagnait pas mal de devises par rapport
01:12à ça.
01:13Mabrouk, là, qu'est-ce qui se passe ?
01:15C'est finalement ce tabou, je le disais, qui saute pour financer la défense européenne.
01:19On n'aura plus cette règle des 3%.
01:21J'ai l'impression qu'on est en train de parler d'un quoi qu'il en coupe de la défense.
01:23La règle des 3% a sauté depuis très longtemps déjà.
01:26Donc ça ne consomme quasiment plus aucun pays européen.
01:28Non, aujourd'hui, il y a quand même une nécessité de faire face à une réalité.
01:32J'ai presque envie de dire une nécessité fait loi aujourd'hui.
01:34On sait pertinemment, avec quelque part la volte-face qu'on a eue à la conférence de
01:38Munich de la part de l'administration américaine, disons, très clairement, vous devez vous
01:43assurer votre défense, encourageant par ailleurs, dans le même moment, acheter plus d'armes
01:48aux Etats-Unis.
01:49Mais en fait, le principe est assez clair.
01:51On réagit de manière, entre guillemets, tardive et dans l'urgence.
01:55Il aurait bien évidemment fallu concevoir une stratégie de l'Europe de la défense.
01:59Ça existait, ça n'existe plus.
02:00Et aujourd'hui, on essaie de combler un retard.
02:02Donc c'est un peu le problème.
02:03Et bien évidemment, la remontée des valeurs de la défense traduit ce besoin d'investissement,
02:11ce retard.
02:12Je regardais des statistiques sur la fabrication d'obus.
02:15Ce n'est pas très rigolo, mais la Russie en produit deux fois plus.
02:19On dirait qu'ils sont en guerre.
02:20On est censé fournir des armes à l'Ukraine, mais on n'a pas encore les chaînes industrielles
02:27nécessaires pour pouvoir faire face à des conflits.
02:30C'est ça que ça dit aujourd'hui.
02:31C'est que l'Europe ne peut pas faire face.
02:33Et donc, si on n'a plus l'appui des Américains, si demain, on a de nouveau un conflit qui
02:37se déclare aux frontières de l'Europe, on ne peut rien exclure à ce stade.
02:40Ça veut dire qu'on va devoir réarmer le pays et à un moment donné, réindustrialiser
02:47le pays.
02:48Ça rentre dans une thématique un peu plus globale.
02:49Mais on n'a pas l'infra pour le faire pour le moment.
02:50Donc, il faut investir.
02:51Il faut dépenser.
02:52La règle 3%, comme je le disais aujourd'hui, il n'y a plus personne qui la respecte.
02:56Et donc, ça va juste être une espèce de fuite en avant.
02:58On va continuer à dépenser.
02:59J'ai l'impression que ça va être encore une excuse pour laisser filer notre déficit.
03:01Non, mais à la limite, il y a des bonnes excuses et des mauvaises excuses.
03:04Si c'est pour remplir des réservoirs de SUV comme on l'a fait en France, c'est des mauvaises
03:07excuses.
03:08Si c'est pour investir, pour assurer finalement un enjeu stratégique qui s'appelle la sécurité,
03:12là effectivement, c'est plutôt une bonne excuse.
03:14Donc, encore une fois, tout dépend de ce qu'on fait, de cet investissement et de cette
03:17augmentation de déficit.
03:18Mais là encore, c'est une fonction régalienne de l'État qui n'a plus été vraiment assurée.
03:23On n'a plus de vision stratégique.
03:24Le monde change.
03:25Et aujourd'hui, il faut répondre à une nouvelle donne qui est une administration
03:28américaine qui est assez imprévisible.
03:30On a quand même un double affront.
03:31Non seulement l'Europe est complètement out des négociations et des pourparlers.
03:36Et puis surtout, c'est que la discussion autour finalement de ce cesser le feu et probablement
03:42d'une fin de conflit ne se produira même pas sur le territoire européen.
03:46Ça se produit en Arabie Saoudite, ce qui constitue un affront supplémentaire.
03:49C'est un espèce de camouflet, c'est vrai, pour l'Europe.
03:51La vieille Europe, est-ce qu'elle va réagir ? Geoffroy Lenoir, on voit qu'elle se met
03:55en ordre de bataille, pardonnez-moi pour la métaphore, mais c'est vrai que c'est peut-être
03:59le moment de réagir.
04:00On a l'impression qu'on n'est vraiment même plus à la table des négociations aujourd'hui
04:03pour décider de quelque chose, un conflit qui se passe sur notre propre territoire.
04:06Oui, c'est souvent lorsque l'Europe est vraiment acculée qu'on voit qu'il y a des choses
04:09qui bougent.
04:12Il y a des choses qui changent.
04:13Ça s'est produit dans le passé, lorsqu'il y a eu la crise de la dette souveraine par
04:15exemple, ou lorsqu'on a eu la crise des subprimes.
04:17D'autres expériences historiques nous prouvent que l'Europe sait se reconstruire.
04:22Maintenant, on sait que c'est compliqué, il y a quand même 27 pays à mettre autour
04:25de la table.
04:26Donc, ce n'est pas évident.
04:27Il y a des choses que l'Europe peut faire.
04:29Il y a déjà répliqué, si jamais on a des hausses de tarifs qui s'appliquent sur différents
04:35biens dans différents pays, l'Union européenne pourra répliquer par des hausses de tarifs
04:39également envers les biens américains.
04:42Ça, c'est la première des solutions.
04:44La deuxième, c'est de négocier.
04:46C'est un peu ce que cherche à faire Donald Trump vis-à-vis de tous les pays, de tous
04:49les partenaires, vu qu'ils sont quand même des partenaires.
04:51Avec tous ces partenaires, il cherche à faire des deals.
04:54C'est vraiment la stratégie de Donald Trump.
04:56Donc là, aujourd'hui, on peut imaginer que l'Europe va essayer peut-être de rentrer
04:59sur la table des négociations et faire des deals également.
05:02Après, la troisième façon de contourner ces attaques sur les tarifs douaniers, c'est
05:09d'aller chercher d'autres partenaires et d'autres partenariats avec d'autres pays
05:12que les États-Unis.
05:13Donc voilà, il y a trois biais, trois axes de réflexion que l'Europe peut avoir.
05:18C'est encore assez récent.
05:20On sait que l'Europe se prépare depuis maintenant quelques mois à l'arrivée de ces tarifs
05:24douaniers, à l'arrivée de Donald Trump.
05:26Ça fait six mois que tout le monde se dit qu'il est déjà président, alors que ça
05:30ne fait que quelques semaines.
05:32Ça passe très très vite.
05:33Donc l'Europe a eu le temps de se préparer.
05:36Maintenant, est-ce que l'Europe a les moyens de réagir rapidement ?
05:39Ça, c'est une autre histoire.
05:40C'est vrai que sur cette question de la défense particulièrement, Donald Trump nous l'avait
05:43dit.
05:44C'était dans son programme, même avant d'arriver.
05:46Dès le lendemain, ça sera réglé.
05:48Alors, ce n'est pas le lendemain, mais on voit que quelques semaines après, c'est en
05:50train de bouger avec cette négociation.
05:53Il va quand même se mettre face à la table.
05:55On ne sait pas s'il y aura la longue table, comme avec Emmanuel Macron, avec Vladimir
05:58Poutine.
05:59Mais en tout cas, ça pourrait faire bouger les lignes.
06:01Et bien, Emmanuel Macron, sur ce sujet de la défense et le rebond aussi des valeurs
06:05de la défense.
06:06Un coup de suivi, évidemment.
06:07Oui, j'aurais une approche un peu en perspective.
06:11Il y a à peu près 10-15 ans, les pays occidentaux, les populations ont dit que le global, ça
06:17ne nous va plus tellement, on n'y trouve plus notre compte, on veut revenir à quelque
06:20chose de local.
06:21Les hautes sphères de décision étaient quand même globalement d'accord.
06:25Donc, petit à petit, on a cherché à s'occuper de nous-mêmes.
06:30L'Europe restant là-dedans la plus ouverte possible.
06:34C'est pour ça que souvent, elle est présentée comme le dindon de la farce ou l'idiot du
06:37village.
06:38Le bilan des choses, c'est qu'aujourd'hui, la dépense en armement en 2025, ça va être,
06:44je pense, l'équivalent du budget de la France ou de l'Allemagne au niveau mondial.
06:48Donc, le bilan de tout ça, c'est que l'armement progresse beaucoup, très significativement.
06:52Et on l'a vu là, si on ne l'avait pas compris avant, on l'a vu avec l'intervention à
06:59Munich.
07:00Il y a maintenant trois pôles, les USA, la Russie et la Chine, qui souhaiteraient que
07:05l'Europe se désagrège.
07:06C'est quand même très, très clair.
07:07Ils ne l'ont qu'une intention, c'est celle-ci.
07:11Ils souhaitent que les Européens leur achètent des produits, par exemple des ressources naturelles
07:16des USA, comme on est en train de le faire, puisqu'on n'en achète plus à la Russie.
07:19Mais la Russie pourrait quand même souhaiter toujours nous vendre du gaz et on serait bien
07:22content d'en avoir.
07:23Les Chinois sont ravis de déverser des tas de produits, dont les voitures électriques.
07:27Donc tout ce qui est la consommation, ça leur va très bien, mais l'espèce d'unité
07:30européenne, sa réglementation et sa défense presque de son territoire, parce que c'est
07:36l'enjeu qui s'est passé avec l'Ukraine, ça, ça ne les intéresse pas.
07:39Le président américain a dit « je suis intéressé par le Groenland, par le Canada », c'est
07:43ce qu'il dit.
07:44La Chine, ça fait 50 ans, 60 ans qu'elle dit « Taïwan, c'est chez nous ».
07:48Et ce que Trump dit, « Taïwan, on va vous le laisser, mais il faut nous donner un biscuit
07:52de l'autre côté », enfin, comme toujours, une transaction.
07:55Le bilan de tout ça, c'est que les dépenses militaires progressent et que la construction
08:00d'un conflit mondial, si on avait voulu écrire un livre il y a 10 ans, qu'est-ce
08:06qui doit se passer pour qu'il y ait un conflit mondial, tout a été écrit jusqu'à présent.
08:10C'est-à-dire que la globalisation en Russie, je suis de votre propos, elle est complètement
08:13terminée aujourd'hui, on est sur un monde multipolaire avec un pôle l'Europe qui est
08:19en train de se désagréger.
08:20Il y a plus que des artefacts, parce que les Chinois veulent nous vendre des voitures,
08:23etc.
08:24Il y a toujours une idée de commerce.
08:25Le commerce n'a pas disparu, le commerce mondial, mais la politique est celle de s'occuper
08:29des zones locales.
08:30Et s'occupant des zones locales, cherchant à gagner du territoire, à gagner des parts
08:34de marché, etc., on construit un conflit global.
08:37Donc les dépenses de l'armement, si elles semblent aujourd'hui spectaculaires, et elles
08:41le sont, parce que je le disais encore une fois, la dépense de la Chine, des USA, de
08:46la Russie et de l'Europe, ça doit dépasser le PIB de la France ou de l'Allemagne.
08:49Je crois que la seule dépense des Etats-Unis est supérieure à l'ensemble des économies,
08:53enfin pardon, à l'ensemble des dépenses des différentes pays.
08:56C'est un peu plus de 1 000 milliards, c'est un peu plus de 1 000 milliards la dépense
08:59américaine.
09:00C'est considérable.
09:01C'est encore le grand pays.
09:02Et ça doit être 400 ou 500 pour la Chine, un bon 300 pour la Russie, quelque chose
09:06comme ça.
09:07Et l'Europe veut peut-être arriver à 200, 300.
09:09Et donc la conclusion, c'est qu'on va dépenser en Europe significativement, à commencer
09:14par acheter des armes aux Américains, parce que ce qu'ils veulent, c'est la partie transactionnelle,
09:17mais il va falloir qu'on développe notre propre infrastructure, parce que justement,
09:20on ne l'a pas.
09:21Les Etats-Unis l'ont, nous on ne l'a pas, et encore une fois, ça pointe vers un conflit
09:25mondial.
09:26Ça ne pointe pas vers autre chose.
09:28Ça ne pointe pas vers la paix.
09:29– Alors vous l'avez souligné tous les trois, c'est surtout cette idée de deal-maker.
09:32D'ailleurs c'était son bouquin des années 70 à Donald Trump.
09:35On est toujours, Mamadou Chetouan, dans cette art de la négociation, finalement, je crie
09:39très fort, je tape très fort, quitte à revenir quelques jours après, on l'a vu sur le
09:43Canada, on l'a vu sur le Mexique, en arrière et dire bon finalement, j'ai ce que je veux
09:47finalement et donc on continue.
09:49– Oui, c'est une stratégie qui est bien rodée désormais, donc maintenir une pression
09:53constante finalement, en disant, je vais un peu, quand on regarde juste les breaking
09:57news, il y en a à peu près toutes les heures, toutes les heures il y a une déclaration
10:01plus ou moins anxiogène qui va dans un sens et l'heure d'après dans l'autre sens.
10:05Donc en fait, cette espèce d'inondation de l'environnement des affaires économiques
10:09financières par justement toutes ces déclarations a pour seul but de maintenir une pression
10:14constante finalement sur les partenaires commerciaux ou les partenaires économiques
10:19des États-Unis, dans quel but ? Effectivement, conclure des deals, donc ça c'est sa phrase
10:22préférée, we made a good deal, donc effectivement, donc fantastique, on a fait un bon travail
10:27sur forcer finalement tel ou tel pays à importer plus de produits, mais là où il est vraiment
10:32très talentueux, si je puis dire, c'est qu'il ne va pas activer les mêmes leviers
10:35finalement sur les différentes zones, ce n'est pas pour rien finalement qu'on n'est pas encore
10:39sous le joug des tarifs, puisque ça n'aura échappé à personne pour le moment, l'Europe
10:43est absolument absente, on a commencé dans la liste, il faut regarder juste les principaux
10:47partenaires commerciaux des États-Unis, c'est Canada, Chine, Mexique, d'accord, c'est les
10:52trois premiers, ensuite on a le Japon et l'Allemagne, pour le moment le Japon et l'Allemagne, rien,
10:56et en fait ce n'est pas le bon levier, notamment concernant l'Allemagne, ce n'est pas le bon
10:59levier des tarifs, le bon levier c'est justement cette pression qu'il est en train d'exercer
11:05sur le front politique, sur le front de l'armement, et là je pense qu'effectivement il a tout
11:09de suite un levier qu'il peut exercer sur l'économie européenne pour justement arriver
11:13à conclure un deal, exercer le levier des tarifs par exemple sur les pays d'Amérique
11:17latine, ce n'est pas le bon, donc qu'est-ce qu'il va faire ? Immigration, donc on a déjà
11:20vu effectivement des attaques contre la Colombie, des attaques contre le Salvador, renvoyant
11:24effectivement certaines personnes dans des avions, etc., donc à chaque zone effectivement
11:28son moyen de pression, et là où il est beaucoup plus là, où on a quand même une différenciation
11:32par rapport à Trump 1.0, c'est que là il y avait une guerre bilatérale avec la Chine
11:38avec justement uniquement la dimension tarifaire, là elle est non seulement multilatérale
11:43et elle est protéiforme puisqu'il va utiliser différents leviers de moyens de pression,
11:47et c'est là où justement ça devient très anxiogène puisque finalement on ne sait pas
11:50par quel bout il va attaquer, alors il peut prendre des tarifs là aussi contre l'Allemagne,
11:55il se plaint toujours que les voitures allemandes sont taxées à hauteur de 2,5 et que l'Europe
12:00taxe à hauteur de 10% finalement les exportations de voitures américaines, ça va venir, ça
12:04c'est sûr, mais on voit bien que là cette fois-ci la stratégie est beaucoup plus complexe,
12:07beaucoup plus, entre guillemets, réfléchie, et le but est très simple, maintenir une
12:11pression constante pour dire de toutes les façons, vous allez devoir effectivement conclure
12:15avec nous que vous le vouliez ou non.
12:16– La pression constante, Geoffroy Lennon, c'est vrai qu'on, voilà, du bluff, des
12:22deals en pagaille, on a l'impression que c'est vrai qu'on compte dans le bureau
12:25ovale effectivement le nombre de deals, ce qui est fait, ce qui n'est pas fait.
12:28– Oui c'est exactement ça, c'est vrai que ça a été très bien dit juste à présent,
12:31c'est vrai que Donald Trump veut faire des deals, on a eu récemment, c'est vrai que
12:35les droits de douane sur l'acier et l'aluminium notamment, alors ça peut viser l'Europe,
12:40mais ça visait principalement le Canada, donc c'est vrai qu'il faut voir, on ne sait
12:44jamais à quoi s'attendre avec Donald Trump sur les déclarations en termes d'augmentation
12:48de tarifs douaniers.
12:49Là aujourd'hui, peut-être que Donald Trump prend un peu de recul visé de l'Europe
12:52puisqu'il y a quand même le sujet de l'Ukraine, même si l'Europe n'est pas concernée,
12:55elle l'est quand même un petit peu indirectement on va dire, donc là aujourd'hui Donald
12:59Trump se concentre sur les discussions avec l'Ukraine, on parlait du Japon, vous parliez
13:04du Japon tout à l'heure, il y a quand même eu des rencontres avec le Premier ministre
13:09japonais, le Japon est un des partenaires privilégiés des Etats-Unis dans beaucoup
13:14de domaines, notamment dans tout ce qui est technologie, et on voit que clairement il
13:18n'y a pas d'intérêt pour les Américains à détériorer cette relation puisqu'on
13:23a déjà beaucoup d'entreprises japonaises qui produisent aux Etats-Unis ou même qui
13:27s'engagent déjà à produire davantage aux Etats-Unis.
13:30Vous avez raison, on n'a pas ce qu'il y a des chouchous effectivement qui vont être
13:33épargnés.
13:34Et il y a des partenariats qui marchent bien, donc il est en train de remettre un petit
13:36peu aussi, on va dire de clarifier un peu les positions de chacun, maintenant on sent
13:42qu'il joue très personnel de toute façon pour l'intérêt des Américains.
13:46Justement il est en train de jouer aussi peut-être sur les droits de l'homme, en tout cas il
13:49a averti, sur 17 000 produits dans 186 pays, voilà les conditions d'importation vont
13:55être vues, alors il n'avait pas dix et demi de produits mais il a brandi un tableau, c'est
13:58marrant parce qu'à l'heure de l'intelligence artificielle c'était assez archaïque, c'était
14:01un espèce de, même pas de power point, voilà mais vous avez raison, alors il a montré
14:05par exemple le Japon, les pommes, 17% s'imposent au Japon mais 0% aux Etats-Unis, la Chine,
14:10les automobiles c'est 15% d'imposition versus 2,5% pour les Etats-Unis, puis il y avait
14:15d'autres choses, les produits agricoles par exemple, 39% en Inde, 5% aux Etats-Unis et
14:20voilà des tarifs donc non réciproques, on termine, tiens on en parlait avec les véhicules
14:23électriques, l'Union Européenne taxe à 10%, la Chine 15%, le Mexique 22%, l'Inde
14:28était à 104% sur les véhicules électriques américains, on pense évidemment à Tesla
14:35et Modi a dit attendez on va faire quelque chose bien évidemment en bonne intelligence.
14:38C'est intéressant parce qu'encore une fois je trouve qu'avec Donald Trump c'est un peu
14:44l'économie pas pour les nuls mais c'est blanc, c'est noir, c'est très simple à comprendre,
14:49voilà vous nous taxez, on va vous taxer et on s'aperçoit en creux quand même que c'est
14:54vrai que les Etats-Unis non plus dans ce monde multipolaire n'étaient pas encore protectionnistes,
14:58ils étaient parmi quand même, puis eux ils n'avaient pas forcément de tarifs très
15:03élevés justement.
15:04Si on compare à l'Europe, on a un financement du système social qui tient beaucoup sur
15:12la TVA et donc globalement en Europe on donne l'impression de vouloir taxer mais en même
15:18temps on a des règles de concurrence qui sont beaucoup plus ouvertes que ce qu'on trouve
15:21aux Etats-Unis donc c'est un sujet complexe, savoir si les Etats-Unis sont plus ouverts
15:26de Trump, celle-là oui, c'est de dire quand je regarde les chiffres c'est ça, mais la
15:29réalité de toutes les activités différentes, industrielles et commerciales, va montrer
15:33que c'est beaucoup plus nuancé que ça.
15:35Mais là justement sur ce chiffre, 17 000 produits, alors évidemment ça va faire tourner
15:40les moulinettes, mais on se dit, outre le choc d'infraction que ça pourrait créer
15:44etc, ça paraît très compliqué ou encore une fois c'est un effet d'annonce pour que
15:49tout le monde joue le jeu et qu'on dise finalement avant la politique du gros bâton qu'on dise
15:52ok on va faire un peu plus de commerce avec vous, c'est ce qu'a dit Narendra Modi, il
15:56a dit ben nous l'objectif c'est 500 milliards d'ici 2030, pour rééquilibrer, voilà, votre
16:01objectif c'est rééquilibrer le balancement des paiements, on va faire comme ça.
16:04Oui, les Etats-Unis, le côté deal justement, on l'a bien évoqué, c'est ce qu'ils cherchent
16:10à faire et c'est la matérialisation concrète pour que c'est effectivement très simple
16:14à comprendre, comme ça les Américains peuvent aussi quand ils l'entendent comprendre deux
16:16trois trucs de ce qu'il est en train de faire, mais quand de l'autre côté ils démontent
16:20une partie du gouvernement, enfin des agences fédérales aux Etats-Unis, c'est pour réadresser
16:24ce boulot à des entreprises privées, donc on est toujours au niveau des lobbys des entrepreneurs
16:30qui sont derrière Trump, donc tout ça c'est juste une transformation, il n'y a pas de
16:35rupture.
16:36Ce n'est pas pour déglinguer ce fameux état profond.
16:37Et de l'autre côté, à partir du moment où il y aura des taxes qui répondront justement
16:42à sa logique de protection nationale, etc., qui racontent à ses électeurs, il va y avoir
16:46plus d'argent qui va être encore dirigé vers le militaire tout en mettant la pression
16:50par exemple sur l'Europe pour acheter des produits américains, donc c'est une logique
16:53qui se comprend très bien, mais je le dis encore, ce n'est pas une logique de paix,
16:58ni de paix intérieure aux Etats-Unis, ni de paix au niveau géopolitique.
17:03Voilà, ce que destine Trump, son administration, avec l'appui d'autres autocraties, pas d'autres,
17:09avec l'appui d'autocraties, pas d'autres autocraties, avec l'appui d'autocraties, c'est quelque
17:14chose qui est extrêmement dangereux, et pour l'inflation.
17:17L'inflation suit un cycle bien connu, enfin je ne développe pas ce point-là, on a eu
17:23un premier pic d'inflation là avec ECOVID et le problème de l'énergie, normalement
17:28les pics d'inflation se présentent historiquement par deux séparés de 5 à 7 ans, ça c'est
17:33la reproduction de 250 ans d'observation des prix, ce qu'on ne sait pas c'est qu'est-ce
17:37qui nous permet d'aller du premier au second pic, voilà, là c'est déjà écrit, c'est-à-dire
17:41que ce qu'est en train d'organiser Trump, c'est la construction aux USA d'une inflation
17:45qui va rester prédiante et qui va encore monter, on ajoute n'importe quel problème
17:49géopolitique à ça et l'inflation repart à 5, 10, 15%, c'est à peu près la trajectoire
17:55qui est prise pour les 3, 4 ans qui viennent, à mon sens.
17:58C'est un petit peu anxiogène, effectivement, ma preuve que je t'étonne, l'Europe dans
18:01le viseur de Donald Trump, c'est clair ou pas encore ?
18:05Non mais comme je le disais, effectivement, pas encore, puisqu'on va d'abord forcer les
18:09Européens à acheter des armes, à augmenter leur budget militaire, et il y a un autre
18:14sujet aussi qui n'a pas été évoqué, qui est en toile de fond de celui-ci, c'est bien
18:18sûr, j'allais dire NATO, mais c'est, comment on appelle ça déjà en français ?
18:22L'OTAN.
18:23L'OTAN, pardon, excusez-moi.
18:24On vous excuse de parler couramment anglais, on sait que les conférences sont en anglais,
18:27c'est une intoxicienne.
18:28Et donc l'OTAN, finalement, qui est là encore quelque chose, Trump a brandi à plusieurs
18:35reprises la menace de, effectivement, cesser, en tout cas de quitter progressivement l'OTAN
18:40et les financements, etc. qui vont avec, ça veut dire là encore plus de dépenses
18:45pour l'Europe à gérer, donc finalement, il y a d'autres sujets avant d'attaquer finalement
18:51la question tarifaire qui vont occuper les Européens et les Américains.
18:55Après sur la question tarifaire, il y a quand même un point qu'il faut rappeler, et un
18:59peu théorie économique, parfois là-dedans ça ne fait pas non plus de mal, mettre des
19:02tarifs ne résout absolument pas un déficit commercial, premièrement, ça, ça a été
19:05démontré partout, dans tous les papiers, n'importe quelle littérature, et vous prenez
19:09juste même les faits empiriques, ce qui s'est passé avec la Chine, il a mis des
19:12tarifs qui sont passés de 3% à 20%, entre 2018 et 2020, est-ce que le déficit commercial
19:17vis-à-vis des Etats-Unis a été réduit ? Non, il a augmenté, donc en fait, ce n'est
19:21pas comme ça qu'on fait, ce n'est pas la bonne méthode, sauf que celle-ci, comme vous
19:23le disiez, très justement, Trump a une approche binaire, 0-1, très facile, donc on factorise
19:28les choses, on les réduit à 2-3 facteurs, on fait comme ça, on fait comme ça, et on
19:32n'en parle plus, c'est très simple à comprendre, sauf que concrètement, ça ne marche pas,
19:35il y a plein de manières, effectivement, de mettre des barrières à l'entrée, mettez
19:38des barrières non tarifaires, ça existe, il y en a partout, en Europe, on est spécialiste
19:41d'ailleurs, de ce genre de choses.
19:42On a les barrières tarifaires et réglementaires, surtout en Europe.
19:44Oui, et donc ce qu'on appelle non tarifaires, effectivement, donc une barrière sanitaire,
19:47une barrière environnementale, tout ça, il y a plein de façons de faire, et Trump ignore
19:52complètement ce genre de choses, de manière un peu volontaire, pour ne pas complexifier
19:55le débat, et donc, au fond, on va s'apercevoir, je diverge un tout petit peu avec vous, sur
20:00l'inflation, l'inflation 17 000 produits, en fait, en réalité, les produits ne vont
20:04pas exploser, les prix ne vont pas passer du simple au double, donc, en fait, l'impact
20:08macro, finalement, sur l'inflation va être, à mon sens, un peu réduit, on a une tendance
20:12à acheter cette thématique de l'inflation liée aux tarifs, on regarde ce qu'il s'est
20:15passé, encore une fois, empiriquement, avec la première guerre commerciale, il ne s'est
20:18rigoureusement rien passé sur l'inflation, et même les prix importés ont baissé durant
20:22la même période, donc, ça veut dire qu'il y a plusieurs paramètres, là encore, quand
20:24on raisonne en équipe générale, il y a le taux de change qui peut jouer, il y a l'état
20:27de la macro, personne, effectivement, n'envisage une croissance stellaire, encore une fois,
20:31dans les Etats-Unis, pour une autre raison, c'est la politique migratoire, la croissance
20:35des Etats-Unis s'est faite sur une politique migratoire extrêmement puissante durant le
20:38gouvernement Biden, et là, il n'y en aura plus, donc, là, il veut tout bloquer, vous
20:41ne pouvez pas produire, en fait, il y a un problème, c'est que vous ne pouvez pas produire
20:44si vous n'avez pas de main, c'est aussi simple que ça, donc, c'est ce qu'il est en train
20:47de faire, donc, c'est pour ça que je nuancerais un peu l'effet, finalement, inflationniste,
20:51ça arrivera, effectivement, on est dans un cycle, effectivement, de retour de l'inflation
20:53structurelle, mais, effectivement, cette question tarifaire va, effectivement, encore une fois,
20:57nous occuper en Europe.
20:58On a également la taxe sur les services numériques, en tout cas, qui est dans le viseur, la fameuse
21:03taxe GAFA, qui n'est pas si anonyme, elle a été adoptée en France en 2019, elle rapportait
21:08à l'époque 280 millions d'euros, en gros, on taxe les GAFA qui font d'énormes profits
21:13en France, elle est passée à 756 millions en 2024, et elle serait à près de 800 millions
21:19en 2025, là aussi, Trump nous dit, ce n'est pas juste, en plus, voilà, on les a taxés
21:25ces pauvres GAFA, alors, je trouve qu'il passe un peu sous silence le fait qu'il y a quelques
21:28années, on a taxé largement les banques françaises pour, voilà, les choses, Geoffroy
21:31Lanoir, un petit commentaire là-dessus, c'est de l'anecdote ou, là aussi, c'est le bras
21:35de fer qui continue ?
21:36– Oui, je n'ai pas trop d'éléments là-dessus, pour…
21:38– Aura-t-on des représailles sur le Roquefort et sur le champagne, par exemple ?
21:41– Oui, sur toutes les boissons alcoolisées françaises, non, mais c'est vrai que, je
21:45pense que c'est encore une façon de montrer qu'il faut faire des deals, que ce soit sur
21:48n'importe quel secteur, alors, ce qui est intéressant, c'est comme ça vient d'être
21:51dit, c'est vrai qu'il faut faire du ciblage, en fait, il faut vraiment voir où taxer, et
21:55après, non, sur les GAFAM, alors, c'est sûr que c'est des taxes qui sont forcément
21:59plus conséquentes, parce que c'est des grosses sociétés, et forcément, dès qu'on parle
22:02de rajouter des taxes de 20% ou de 20,5%, ça fait des chiffres assez colossaux, donc,
22:07non, mais après, sur cet exemple-là, en particulier, ce n'est pas forcément des
22:11choses qu'on a regardées très précisément, et qui peuvent, qui pourront avoir bien évidemment
22:17des conséquences sur le secteur dans son ensemble, et aujourd'hui, quand on regarde
22:20le secteur de la technologie, c'est un secteur qui se porte plutôt bien, mais on voit des
22:24décalages un peu selon les différentes, les fameuses Magnificent Seven, les sept
22:30magnifiques américaines, on voit qu'elles ne réagissent pas forcément de la même
22:33façon depuis l'élection de Donald Trump, mais que ça reste un secteur porté énormément
22:39par l'administration de Donald Trump, par Elon Musk, tout ce qui représente le fait
22:45de, justement, de porter certains secteurs, de porter le secteur de l'aérospatial, notamment,
22:51de la défense, mais aussi de l'automobile électrique, donc, tout ce secteur-là est
22:55porté par l'administration Trump, et c'est quelque chose qui se poursuit encore.
23:00Vous avez raison, on a une administration pro-tech, on l'a vu avec Stargate, par exemple,
23:05pro-défense, et qui, quand même, active les leviers qui sont déjà en place, si on
23:11se souvient bien, c'est vrai, même avant l'investiture de Donald Trump, on avait une
23:15Europe dans le trou, ça, je parle boursièrement, et voilà, il fallait vraiment jeter tout
23:20ce qu'on avait d'Europe par-dessus bord, il fallait avoir de l'États-Unis, il y a
23:23eu des flux assez conséquents jusqu'à la fin de l'année, on a l'impression que ça
23:26s'est inversé depuis janvier, comment vous avez regardé ça chez OFIAM, comment, en
23:32termes, là, on passe sur notre partie allocation d'actifs, comment on regarde ça ?
23:36Alors, d'un point de vue marché, c'est vrai que le rallye sur l'Europe nous a un petit
23:40peu surpris, c'est clair qu'on avait plutôt une tendance assez forte sur le marché américain
23:46depuis plusieurs mois, et puis, justement, toute cette période pré-élection aux États-Unis
23:51qui a été portée par des valeurs technologiques américaines de façon assez forte, donc toute
23:58cette dynamique s'est poursuivie jusqu'à la fin de l'année, et depuis le début de
24:03l'année, donc on le voit, c'est l'euro-stock, c'est les marchés européens, le CAC aussi,
24:07qui performent très bien, je crois qu'on est à peu près à 12% depuis le début de
24:09l'année, alors que les marchés américains continuent leur progression, mais de façon
24:14assez moins importante, on est autour de 4-5% depuis le début de l'année sur le
24:17S&P 500, nous, ce qu'on voit là-dedans, c'est que le marché a commencé à anticiper
24:24tout ce qu'on vient de se raconter ici, un « deal » sur l'Ukraine, le fait qu'il
24:32y ait quelque chose qui se mette en place pour arriver sur un nouvel état de paix,
24:37en tout cas sur cette zone, grâce à des effets d'annonce de Donald Trump, ça c'est
24:44le premier point, donc sans doute un petit peu d'optimisme sur ce front-là, le deuxième,
24:50on le voit aussi en Allemagne, avec des élections qui auront lieu dès ce week-end, et peut-être
24:57l'espoir d'une coalition qui pourra avancer en termes de politique budgétaire, revenir
25:02sur la fameuse règle d'or, donc ça reste bien évidemment à prendre avec des pincettes
25:06quand on voit la montée de l'AFD qui est assez forte depuis quelques semaines, mais
25:11on devrait atterrir sur une coalition qui, a priori, serait un peu plus « market-friendly »
25:17comme on dit, d'un point de vue...
25:19Qui va déguer les cordons de la bourse et peut-être aider un peu la...
25:22Voilà, et sur la performance du DAX, ça a été tiré en grande partie par rapport
25:27à ça, bon alors on a une valeur comme SAP qui tire assez fortement aussi le DAX, l'indice
25:32allemand, et puis des marchés chinois qui tirent aussi, qui se sont bien repris depuis
25:36plusieurs mois, mais on voit que le marché européen profite un petit peu de cette dynamique
25:42depuis le début de l'année et dépasse les performances du marché américain.
25:47Maintenant, si on prend un tout petit peu de recul par rapport à l'année dernière,
25:50on voit que ce qui a pesé sur le marché européen, c'est surtout les valeurs françaises,
25:54le CAC 40, notamment les élections européennes, la dissolution en France, et un mois de juin
25:59qui a été assez catastrophique, mais que dans l'ensemble, l'Europe a sous-performé
26:04contre les Etats-Unis, de façon assez spécifique, sur quelques éléments, notamment si on reprend
26:12ce qui s'est passé sur la France.
26:13Donc on a ce rattrapage qu'il y a encore, on en a même parlé, une remontada européenne,
26:17Julien Nebensal, pour vous, est-ce que cette remontada est justifiée ? C'est un simple
26:21rattrapage ou vraiment on a des moteurs puissants qui se mettent en action, pour qu'ils regardent
26:25notamment l'aspect technique ?
26:28Je réponds bien volontiers, mais je voudrais juste dire juste avant, un point sur la taxe et les GAFAM.
26:34Oui ?
26:35Ça vous implique, la taxe et les GAFAM ?
26:37Non, c'est juste pour dire, ça participe des mêmes choses que je décrivais tout à l'heure.
26:41Il y a une hégémonie culturelle et technologique des Etats-Unis qu'ils veulent impérativement
26:46conserver.
26:47Google s'est créée il y a 20 ans, c'est une des plus grandes entreprises du monde,
26:51et elle a bénéficié du soutien du gouvernement américain de manière permanente et inconditionnelle.
26:57Et là, quand on a vu que des petits artisans chinois arrivaient à faire un tchat GPT qui
27:02coûte moins cher, et que des petits Français derrière disent, mais nous on va faire la
27:05même chose en mieux, etc.
27:07Franchement, c'est un séisme.
27:08Je pense que c'est un séisme, parce qu'il ne faut pas oublier que pour développer Google,
27:11il fallait des gens.
27:12Là, tout ce qui va être développé, c'est l'intelligence artificielle qui code.
27:16Donc, ça veut dire que là où il fallait 20 ans pour faire quelque chose, quoi que
27:19ce soit, n'importe quel concept, là il va en falloir deux ou trois.
27:22Donc, protéger les GAFAM, ils sont toujours là, protéger les GAFAM dès à présent
27:29est absolument indispensable, ça participe du même conflit d'hégémonie.
27:34Voilà, je voulais juste dire que ça va ensemble, ça ne se détache pas.
27:37Pour ce qui est de la surperformance de l'Europe, la remontée des actions européennes, en
27:42trois points très vite fait.
27:43Le premier, il y a eu quand même une bulle à l'intérieur du marché américain l'an
27:47dernier, à mon avis, sur l'intelligence artificielle, je ne nie pas que ça existe
27:51bien au contraire.
27:52Mais qui n'est pas purgée, parce qu'on n'a pas fait de correction flagrante à part
27:54ce fameux jour de diptyque.
27:56Une bulle qui aboutit au fait qu'elle ne caracole plus à toute allure et que du coup,
28:00d'autres feront mieux.
28:01Premier point.
28:02Deuxième point, évidemment, il n'y aura pas de paix à mon avis du tout à l'est
28:06de l'Europe, mais le projet que les choses se tassent, qu'on reconstruise une partie
28:10de l'Ukraine, qu'il y ait du BTP, du ceci, du gaz moins cher, du cela, etc., c'est forcément
28:14des choses qui permettent de remonter un petit peu la valeur des actions européennes.
28:18C'est mécanique, c'est automatique.
28:19Ce n'est pas la paix.
28:20C'est juste que c'est autre chose que de s'envoyer des obus, c'est autre chose que
28:25des obus.
28:26Donc, c'est des choses qui vont construire un peu de profit ici ou là.
28:28Et le troisième point que je n'écarte pas, qui peut surprendre, c'est que quand tout
28:34a monté pendant tout un cycle économique, et je pense qu'on est au sommet d'un cycle
28:39économique, et si, ça dépend de ce dont on parle, mais mettons un cycle court, quand
28:42tout a monté, ce qui en général monte à la fin, c'est ce qui n'a jamais pu monter
28:47avant pour des tas de raisons qui étaient tout à fait justifiées, mais on ne sait
28:50plus trop quoi acheter.
28:51Donc quoi ?
28:52Et donc, les actions européennes se mettent tout d'un coup à performer, c'est-à-dire
28:58que je veux bien qu'on imagine que ce soit une perspective de moyen long terme qui vienne
29:03de commencer.
29:04C'est une logique de flux.
29:05Pour moi, je n'y crois pas.
29:06Je pense que c'est symptomatique d'un marché qui forme son sommet.
29:09Ça ne veut pas dire que les sommets sont frais.
29:12Je précise bien.
29:13Mais voilà, je n'exclus pas ce troisième point comme étant même argumentatif.
29:17Non, je vois ma bruche étoile qui hausse les sourcils, vous êtes dubitatif.
29:20Non, non, c'est pas ça.
29:21Il y a quand même deux autres facteurs fondamentaux qu'on a tendance à oublier, mais qui sont
29:25derrière aussi cette remontée des marchés européens.
29:28Premièrement, c'est juste la croissance des bénéfices des entreprises, c'est-à-dire
29:32qu'en gros, l'an dernier, elle a été négative en Europe, il ne faut pas l'oublier, et cette
29:35année, elle est positive.
29:36Elle est attendue en tout cas pour être positive.
29:38Malgré une croissance pas délirante non plus.
29:40Oui, mais une croissance dont le momentum est positif.
29:42Je rappelle que quand on passe même d'une croissance qui est, on va dire, à taux 0,7,
29:460,8 à 1%, le momentum est positif.
29:49Le momentum attendu pour les entreprises, c'est négatif.
29:51Donc en gros, la croissance des earnings, des bénéfices, elle va être certes en augmentation,
29:57mais l'augmentation, quand vous la comparez à celle de l'Europe, c'est deux fois moins.
30:00Donc globalement, le marché ne s'y trompe pas.
30:02En gros, le processus de rattrapage, il y a du rattrapage, on l'a déjà vu, en 2022,
30:07ça s'est déjà produit.
30:09Les performances des marchés d'action européennes dépassaient celles des Etats-Unis.
30:11Pourquoi ? Parce qu'on avait ce même rattrapage.
30:13Maintenant, il y a un autre facteur quand même un peu plus structurant qui est quand
30:15même la Banque Centrale Européenne.
30:16C'est-à-dire qu'en gros, on a des conditions monétaires qui sont trop restrictives en
30:19Europe.
30:202,75, effectivement, c'est un niveau de taux d'intérêt qui démolit l'industrie allemande
30:24et l'économie allemande puisque c'est un secteur, en tout cas une économie qui est
30:28intensif en capital.
30:29Donc vous allez avoir effectivement le marché qui anticipe justement cette décompression
30:33finalement des conditions monétaires et ça va ajouter là aussi une espèce de respiration
30:37au marché d'action.
30:39Donc on a aujourd'hui finalement un momentum de croissance qui est en train de se reprendre
30:43légèrement et la Chine qui contribue moins négativement finalement à la demande externe
30:48adressée à l'Allemagne.
30:49Donc finalement, on a quand même pas mal de facteurs qui militent pour justement une
30:53poursuite de la croissance des indices actions européennes et pourquoi pas dépasser les
30:58niveaux qu'on avait déjà observés.
30:59Je rajouterais deux petits éléments parce que je crois tout à fait dans le même sens.
31:03On a une saison des résultats qui est en cours.
31:05On a à peu près 30% des entreprises qui ont publié en Europe et on sent que pour l'instant
31:09les résultats sont plutôt bons.
31:10On dépasse un petit peu les attentes que ce soit sur les chiffres d'affaires ou sur
31:15les prévisions, sur les guidance.
31:16Donc ça c'est plutôt positif et si on regarde vraiment au niveau de la valorisation, on
31:23peut pas dire que les marchés européens soient particulièrement chers.
31:26Je pense qu'on doit être à peu près à 14 fois les...
31:29En termes de PE, on va dire à 12 mois, on doit être à peu près à 14 fois.
31:34Aux Etats-Unis, on est à 22 fois à peu près, 23.
31:36Donc voilà, c'est sûr que l'Europe paraît un peu moins chère aussi que les Etats-Unis
31:40en relative.
31:41C'est même les seuls en Europe par rapport aux Etats-Unis.
31:42Mais c'est encore moins cher, il y a encore un mois.
31:45On a commencé l'année encore à tout moment au plus bas.
31:48Non, je me pose la question et je pense qu'il nous reste quelques minutes et je voudrais
31:51avoir vos vues, messieurs, là-dessus.
31:52Pour quelqu'un qui est investi sur les marchés, qui a souffert quand même toute l'année
31:572024 à travers son portefeuille un petit peu traumatisé, sauf évidemment s'il avait
32:00une poche américaine, qui a plutôt bien marché, sur l'Europe, c'est en train de
32:04remonter.
32:05Jusqu'où ? Et est-ce qu'on est en train de se dire qu'on est au sommet parce que finalement
32:10toutes les bonnes nouvelles, on a eu cette espèce de réalignement des planètes ? Ou
32:13est-ce qu'on peut encore investir sur l'Europe ? Quelle est finalement votre stratégie,
32:18votre allocation d'actifs alors qu'on est déjà en février 2025 ?
32:22Geoffroy Le Noir.
32:23Alors, pour faire simple, je vous confirme, on a été long action américaine depuis
32:28plusieurs mois maintenant, un petit peu avant les élections américaines, et plutôt long
32:33aussi sur les actifs qui offrent du portage, sur la classe d'actifs obligataires.
32:36Je ne vais pas forcément m'étendre sur la classe d'actifs obligataires ici, mais en
32:39tout cas sur les marchés actions, ce qu'on peut dire à date, c'est que le marché américain
32:43continue sa progression, certes moins rapidement que l'Europe, mais on a toujours cette progression
32:47qui est là.
32:48On pense que tout ce qu'est en train de mettre en place Donald Trump, c'est plutôt favorable
32:52pour les marchés actions américains en particulier.
32:55Donc même si c'est cher, on continue à être rassuré ?
32:56Oui, même si c'est cher, il y a toujours cette dynamique sur l'intelligence artificielle.
32:59On n'en a pas beaucoup parlé, mais il faut dire qu'on en parle tellement dans tous les
33:03médias que c'est comme une dynamique de fond.
33:06Et puis si on voit les résultats des sociétés, on a vu une société comme Nvidia qui se
33:09reprend encore également, qui reprend en bourse depuis quelques semaines.
33:13On a toujours cette dynamique qui est forte.
33:15Alors maintenant, en Europe, c'est vrai que là, on commence à être peut-être sur un
33:19tournant.
33:20On a les élections en Allemagne qui vont être assez importantes, quel que soit ce qu'on
33:23peut penser en termes de résultats, ça peut être aussi un marqueur, un point d'étape
33:28aussi, un catalyse de perception pour les investisseurs, notamment les investisseurs
33:32étrangers, internationaux.
33:34Il faut voir qu'aujourd'hui, les investisseurs étaient plutôt short, on va dire, ils étaient
33:39plutôt sous-pondérés sur les actions européennes.
33:42Donc peut-être que s'il y a une nouvelle un petit peu favorable, il faudra réduire
33:46ses positions short sur les marchés européennes et peut-être entraîner les marchés européens
33:50et notamment le DAX en tête, même si le DAX a déjà fait un beau parcours, qui a peut-être
33:54encore un peu de potentiel, mais c'est vrai que ce résultat sera intéressant.
33:58Donc l'Allemagne a très court terme à surveiller et ça pourrait être quelque chose de bien.
34:02L'Allemagne à surveiller et donc aussi, peut-être aussi à avoir en tête, peut-être à un moment,
34:06il faudra se repositionner plus clairement en faveur de certaines valeurs européennes
34:10par rapport à certaines valeurs américaines au cours de l'année de façon tactique.
34:13Oui c'est vrai qu'il y a toujours une décote.
34:14Julien, sur cette stratégie, qu'est-ce qu'on fait là pour ceux qui nous regardent, qui
34:19se demandent, qui voient leur portefeuille ? Là, on n'est pas mécontent, quand on est
34:21à 12% sur le CAQ, on signe.
34:23Oui, moi, pour rentrer, l'idée pour moi n'est pas d'avoir toujours le même niveau de risque
34:31dans une allocation, de changer, donc si je peux être à 100 pour aller à 100 en termes
34:36de riches, je vais parler des actions, pour être à 100, il faut que j'ai la conjonction
34:40d'un creux de cycle économique dans l'analyse des cycles et d'un sentiment aussi pessimiste
34:44que possible, parce que c'est là que ma probabilité de perdre est la plus basse.
34:48Donc ça, c'est la période, on va dire, deuxième semestre 2022.
34:52Et ensuite, quand j'arrive à percevoir ce type de moment, j'ai la stratégie d'Ulysse
34:58pour traverser, c'est-à-dire je me bande les yeux pour ne surtout pas entendre les
35:01sirènes du sépulcre.
35:03Matachoma, et tant pis si ça plonge ou si tout le monde médite pour être plus courir.
35:06Parce qu'en fait, la route, elle est pavée de signaux négatifs.
35:09Et je le sais, j'en suis moi-même, je dois non pas boucher mes oreilles, c'est une image,
35:15mais je dois être extrêmement attentif à mesurer toutes les raisons pour lesquelles
35:18ça ne doit pas monter.
35:19Parce que ça monte sur un mur de lamentation, comme on dit.
35:22Wall of worries.
35:23Et le scepticisme, il n'a pas arrêté d'être là.
35:25Ça fait juste quelques mois, quelques mois, je dis bien, que maintenant l'ambiance est
35:30optimiste et il y a de la visibilité.
35:32Donc mon 100, qui est devenu 90 l'an dernier, va devenir 50 cette année.
35:36Il y a juste que je ne sais pas quand.
35:38Je n'ai aucune idée de la valeur des marchés.
35:40On dit souvent les marchés aussi naissent dans le pessimisme et meurent dans l'euphorie.
35:43Et j'ai l'impression qu'on est passé en quelques semaines, effectivement...
35:47Il y a quatre termes.
35:48Pessimisme, scepticisme, optimisme et, c'est mal documenté, l'euphorie, en termes de comportement.
35:55L'euphorie n'est pas facile à percevoir, alors que les trois autres sont faciles à percevoir.
36:00Est-ce que nous sommes dans une forme d'euphorie ?
36:02Je pense que c'est possible, mais franchement, je n'ai pas assez d'éléments pour pouvoir l'affirmer.
36:07En revanche, que nous soyons dans l'optimisme a tendance euphorique, oui.
36:11Donc, je vous dis, je pense qu'il faut réduire la voilure très significativement cette année.
36:16Il y a juste que je ne sais pas si c'est aujourd'hui ou si c'est en jouant.
36:19Je ne sais pas si c'est avec un CAC à 8 000 points ou un CAC à 9 000 points.
36:23Je ne sais pas ça, parce que je n'ai pas d'idée sur la valeur.
36:26Les actions peuvent être sous-valorisées très longtemps
36:28et peuvent tout d'un coup devenir presque survalorisées.
36:30C'est une question normative, ça.
36:32Moi, ce qui m'importe, c'est vraiment le comportement.
36:34Il y a une question de flux aussi.
36:35On sait qu'il y a beaucoup d'épargnes en ce moment pour tout un tas de raisons.
36:39Ça fait le bonheur d'être autour du plateau, on voit les encours.
36:42Non, c'est vrai, c'est assez considérable ce qui arrive.
36:45Il y a une autre question, on n'aura pas le temps d'en parler,
36:46mais c'est vrai que c'est la gestion passive aussi qui en bénéficie énormément en ce moment.
36:50Ben Brochettone, on termine avec vous.
36:51Du coup, sur cette stratégie ou cette allocation qu'on choisit dans ce moment,
36:55allez, peut-être pas d'euphorie, mais d'optimisme en tout cas.
36:59En cœur de portefeuille, bien sûr, les États-Unis, pour une raison très simple,
37:02ça a été évoqué, visibilité.
37:03Donc, en gros, sur du moyen long terme,
37:06l'économie qui délivre, c'est l'économie américaine,
37:08et les marchés aiment la visibilité, donc on va faire simple.
37:11Et puis tactiquement, évidemment, Europe.
37:13Puisque globalement, le mur de l'alimentation qui était chargé l'an dernier
37:19est en train de se dissiper,
37:21donc tous les facteurs négatifs sont en train de se dissiper peu à peu,
37:24et on retrouve effectivement une Europe.
37:26Et il y a une condition par ailleurs, Sine Quannon, qui est à mon sens importante,
37:30c'est que si on parvient, et ça a été dit, l'Europe sait se construire,
37:34notamment, enfin, sortir du bois, entre guillemets, lorsqu'elle est dos au mur,
37:38si on arrive à construire quelque chose, des réponses fortes,
37:40à la fois aux problématiques sécuritaires, tarifaires, économiques,
37:43et même aux enjeux, finalement, ça a été répété en long, en large et en travers
37:46par les rapports Draghi et autres commissions européennes,
37:48à tous les enjeux de dépense pour faire face, finalement,
37:51aux enjeux climatiques, aux enjeux digitaux, etc.,
37:53là, on pourra se dire, effectivement, l'Europe sait défendre ses intérêts.
37:56Et c'est ça, en fait, qui manque aujourd'hui à l'Europe.
37:58C'est une espèce de colonne vertébrale stratégique qui consiste à dire,
38:01OK, le plan pour les dix prochaines années, c'est celui-là et pas autre chose.
38:05C'est ce que font les Américains.
38:06Dernier point sur les ETF, c'est important, les gestions passives,
38:09la vérité est au milieu, ou la vérité, effectivement, est toujours ailleurs,
38:13comme dirait l'agence Kelly.
38:16Non, en fait, le point, c'est qu'il n'y a pas de bonne solution.
38:19Faire du 100% ETF, c'est très risqué, faire du 100% gestion active,
38:22ça peut être très risqué aussi.
38:23Quand vous embarquez, effectivement, un portefeuille 100% ETF,
38:25vous ne pouvez pas, effectivement, vous allez prendre un drawdown,
38:27c'est-à-dire, en gros, quand les marchés décident de partir à la baisse
38:30avec, par exemple, des baisses assez fortes et assez rapides de 20%,
38:33vous ne pouvez pas diversifier, vous êtes collé à ces choses-là.
38:35Donc, en gros, avoir finalement un mix entre gestion active et gestion passive
38:40qui permettent finalement d'avoir le meilleur des deux mondes
38:42est, à mon sens, finalement la bonne voie privilégiée pour les investisseurs.
38:46Très bien, écoutez, effectivement, c'est une des remarques judicieuses.
38:49On m'a dit que la gestion passive allait montrer peut-être ses faiblesses
38:53dans les marchés baissiers.
38:53Bon, pour l'instant, tout le monde, c'est vrai que c'est plus simple peut-être
38:56d'être ainsi rapidement avec ses produits.
38:58On en reparlera, en tout cas, dans Smart Bourse, bien évidemment.
39:01Un grand merci à nos experts du jour,
39:02Julien Desbensels, responsable solution épargne chez Etoro,
39:05Mamrouk Chetouan, responsable stratégie marché chez Natic 6IM
39:08et Geoffroy Lhonor, co-directeur de la gestion collective chez Offi Invest AM.
39:13Dans quelques instants, on repart du côté des États-Unis.
39:17A tout de suite pour notre quart d'heure américain.

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