Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Lionel Roque, bonjour. L'émission est faite pour vous. Un patron en question, c'est vraiment un titre qui vous va.
00:07Et vous êtes président du groupe Franco-European. Mais ce qui est très intéressant, vous allez m'expliquer ça,
00:14c'est que vous avez presque modulé vos différentes activités, les entreprises que vous rachetiez,
00:22à votre conception de l'entreprise, de l'entreprise en France, des patrons, du management.
00:29Donc ça m'intéresse beaucoup. Par quelle société avez-vous démarré ?
00:33J'ai démarré par l'événementiel et j'aurais dû normalement commencer par la pub,
00:38puisque j'ai commencé à faire des stages en tant que créatif en agence de pub.
00:42Et très très vite, je me suis rendu compte que la pub, c'était vendre un produit.
00:45Et ce qui m'intéressait, c'était l'entreprise qui était derrière le produit.
00:48Et après, j'ai été réguillé sur l'événementiel. Et là, à l'événementiel, j'ai enfin découvert qu'on était au service de l'entreprise.
00:57Donc j'ai monté une société en 89 avec des copains, qui ont racheté gentiment.
01:03Et en 96, j'ai déposé le bilan.
01:05Déposer le bilan, c'est un drame absolu. Vous n'avez pas connu ça ?
01:09Non.
01:10C'est un drame absolu pour un entrepreneur.
01:13Et j'ai remonté une société en association avec une boîte de production de films de pub, la Franco-Américaine.
01:20Et à partir de ce moment-là, j'avais appris de mes échecs.
01:25Je suis contente que vous disiez ça, parce que oui, c'est un drame.
01:28J'ai presque envie de dire que tous les patrons qu'on reçoit ici, il y en a énormément qui ont déposé le bilan ou qui ont eu des moments très difficiles.
01:36Et ils en ressortent revigorés. Ce n'est pas un traumatisme, au moment où on remonte quelque chose.
01:40C'est toujours pareil. Il faut remonter et surtout se dire que c'est de sa faute et que ce n'est pas la faute des autres.
01:46Non, mais ce n'est pas si simple.
01:48Les patrons sont comme ça.
01:49Si simple que ça.
01:50Et donc, je remonte en 1997 la Franco-Américaine, puisqu'à l'époque, tout s'appelait la Franco-Américaine, Américaine Images, l'événementiel.
01:58En 2002, les productions franco-américaines qui fait de la production de films pour la télévision.
02:03On rachète avec un client, Yucatan, qui est une belle agence de relations presse en 2018.
02:10Et je me lance dans la restauration en 2021 en réponse au Covid et au confinement et à l'enfermement.
02:18Alors, c'est absolument justement là-dessus que je voulais rebondir.
02:21C'est que c'est intéressant.
02:24Vous avez une perception très claire de la façon dont l'entreprise doit fonctionner et vous avez globalement refusé le distanciel.
02:35J'ai refusé le distanciel.
02:37Même pendant le Covid ?
02:40Alors, si pour une fois j'étais visionnaire, c'est pendant le confinement, quand on nous a expliqué que le distanciel était l'avenir absolu,
02:48que le full télétravail, Mark Zuckerberg expliquait que tout le monde serait en télétravail, ça serait le bonheur.
02:55Et j'ai commencé là à oser dire attention, tout ça me semble dangereux.
03:00Et j'ai refusé le distanciel, ce qui dans l'événementiel n'était pas facile.
03:04Mais l'événementiel, pour moi, c'était mettre des gens ensemble qui se voyaient, qui échangeaient, qui vibraient ensemble.
03:10Donc ça n'avait pas de sens.
03:12Et pendant que j'avais le temps de réfléchir, puisque comme on ne pouvait pas faire d'événement,
03:16je me suis dit on va aller même jusqu'au bout et on va reprendre des restaurants pour en faire des lieux à vivre.
03:22Tout ça se synthétisant sur une promesse qui est activiste du vivre ensemble.
03:27Alors, le vivre ensemble est le mot le plus galvaudé qui existe.
03:31Oui, mais sauf qu'il ne faut pas oublier que ce n'est pas parce qu'un mot est galvaudé qu'il n'a pas de sens.
03:35Oui, vivre ensemble, c'est le but et c'est l'essence même de ce qu'est notre pays avec l'universalisme.
03:44Et l'entreprise est l'endroit où on travaille ensemble et où on vit ensemble.
03:51Et l'acharnement qu'il peut y avoir contre l'entreprise est pour moi un acharnement contre ce fait même
03:57que des gens peuvent se retrouver, qu'il y ait une mixité sociale, que l'entreprise est le dernier ascenseur social qui existe.
04:06Dans votre livre, j'en profite pour dire que vous avez écrit un livre dont j'adore le titre qui s'appelle Laissez-nous bosser.
04:11Laissez-nous bosser, c'est formidable.
04:13Alors oui, c'est un ascenseur social et oui, là vous mettez le doigt sur un point qui m'interpelle énormément en ce moment.
04:21Et je pense d'ailleurs aux critiques qu'on a pu faire des patrons, des syndicalistes qui ont critiqué les patrons en les insultant pratiquement, en les traitant de drame.
04:33Mais il y a un refus, là vous avez raison, il y a un refus de vouloir que les Français soient unis à travers leurs entreprises.
04:42On a voulu mettre les grosses entreprises d'un côté, les très grosses qui sont épouvantables, le CAC 40 n'en parlons pas.
04:48Puis on a voulu mettre les moyennes, puis les petites, celles qui perdent de l'argent, on les aime énormément.
04:52Et donc on a divisé le pays autour de l'entreprise.
04:56Donc votre entreprise, c'est le cas de le dire, qui consiste à ramener tout le monde dans des restaurants, dans des événements, etc. est assez fondamentale pour ça.
05:04C'est fondamental et pendant le confinement, Emmanuel Macron explique à chaque fois les entreprises utiles, pas utiles, ce qui était à mon avis très malheureux parce que toutes les entreprises sont utiles.
05:14Il y en avait juste quelques-unes qui étaient essentielles, ce qui est différent.
05:18Mais effectivement que l'entreprise est essentielle, c'est le dernier lieu véritablement, j'insiste là-dessus, de mixité sociale.
05:27A partir du moment où vous allez au travail, si vous êtes chez vous devant votre ordinateur, il n'y a plus de mixité sociale.
05:35L'entreprise est extrêmement importante.
05:37Par ailleurs, il n'existe rien d'autre que l'entreprise.
05:40Soyons sérieux, si tout s'écroule, c'est notre modèle social qui est en jeu.
05:44Mais l'entreprise renaîtra sous une forme ou sous l'autre.
05:47Donc de toute façon, il faut comprendre et il faut défendre l'entreprise.
05:51Et je pense que c'est le moment, quand vous dites ça, et je pense que ça peut être notre conclusion, je pense que c'est le moment que les patrons prennent le pouvoir.
05:59On nous a fait dicter, et quand je dis le pouvoir, c'est évidemment terriblement pacifique.
06:03Nous nous avons fait dicter notre conduite par le politique depuis des décennies et des décennies.
06:10Et aujourd'hui, c'est nous qui savons comment gagner de l'argent.
06:12C'est nous qui savons comment réagir et comment réformer.
06:16J'aime l'équilibre en toutes choses.
06:18Et il faut un Etat fort, mais pour qu'un Etat fort, il faut des entreprises fortes.
06:23Et donc on ne peut plus nous dicter les choses, sachant que nous avons démontré que nous sommes plutôt meilleurs pour gérer nos entreprises que l'Etat ne l'est pour gérer...
06:33C'est le mot de la fin.
06:35Nous sommes meilleurs pour gérer nos entreprises que l'Etat ne l'est pour se gérer lui-même.
06:39Merci infiniment et continuons.
06:41Merci Sophie.