Mardi 25 février 2025, retrouvez Thomas Veit (Head of Fixed Income, Senior Portfolio Manager, Spirit Asset Management), Damien Charlet (Directeur de la Gestion sous mandat, Mandarine Gestion) et Pierre-Alexis Dumont (Chief Investment Officer, Sycomore Asset Management) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Thomas Vette est avec nous, responsable de la gestion obligataire de Spirit Asset Management.
00:17Bonsoir Thomas.
00:18Bonsoir Grégoire.
00:19Damien Charlet à nos côtés, le directeur de la gestion sous mandat de Mandarine Gestion.
00:21Bonsoir Damien.
00:22Bonsoir Grégoire.
00:23Et Pierre-Alexis Dumont, directeur des investissements de Secomore Asset Management nous accompagne
00:27également.
00:28Bonsoir Pierre-Alexis.
00:29Bonsoir.
00:30Commençons par effectivement ces deux trades qui marquent le début d'année, ces deux
00:33tendances de marché qui marquent le début d'année 2025, je le disais à l'envers de
00:37ce qu'on a pu observer en 2024, à commencer peut-être par la détente des taulons américains,
00:44ça tombe bien, ça fait partie des objectifs de Donald Trump Thomas.
00:47Qu'est-ce qu'on peut dire de ce mouvement qui a ramené le 10 ans américain de 4,80
00:51à 4,30 aujourd'hui ?
00:52Effectivement aujourd'hui c'est en plus une journée assez forte, moins de 10 points comme
00:56le précisait Pauline.
00:57C'est dû aux datas, un peu sur le sentiment qu'on a eu aujourd'hui, mais globalement c'est
01:03assez séquentiel.
01:042024 c'était une année où les taux sont montés sur les 3-4 premiers mois, puis ont
01:09baissé fortement, puis sont remontés très fortement après l'élection de Trump, mais
01:12globalement depuis décembre les taux d'intérêt à 10 ans US sont passés de 4,10 à 4,80,
01:18on est redescendu à 4,30 entre mi-janvier et maintenant, donc c'est une oscillation.
01:25Après quand on regarde un peu plus en détail comment ont évolué ces taux, la grosse remontée
01:30de décembre de 4,10 à 4,80 c'était quasiment uniquement de la prime de terme liée à Trump,
01:36prime incertitude liée au tarif, liée à sa crédibilité par rapport au déficit, au
01:40budget, au 3-3-3, à 2-B-7, voilà.
01:45La baisse qu'on vient de connaître de 4,80 à 4,30 elle est un peu différente puisque
01:49dans un premier temps ça a été un repricing de cette prime de terme en se disant finalement
01:54les tarifs pour le moment sont un peu moins forts que prévus, le déficit, Musk a commencé
02:02à flotter un petit peu avec le Doge, donc il y a des espoirs là-dessus, donc là c'est
02:07la prime de terme qui diminue et le deuxième trait qu'on voit aussi aujourd'hui c'est
02:10les taux courts baissent aussi parce que niveau économique, niveau macro ça décélère
02:14un petit peu, ou du moins le sentiment décélère ou diminue et donc il y a un repricing aussi
02:21des taux courts, aujourd'hui il y a moins 10 sur le moins 10 points de bas sur le taux
02:24à 10 ans, mais le taux à 2 ans bouge à peu près dans le même sens.
02:26Et qu'est-ce que ça amène comme réflexion sur la partie macro américaine ? C'est vrai
02:31qu'on a entamé, on finit 2024 en fanfare, on a entamé 2025 avec beaucoup de confiance
02:37sur la capacité de l'économie américaine à maintenir un régime de croissance soutenu,
02:43est-ce qu'il faut réviser un peu son jugement ? Est-ce qu'on a peut-être devant nous les
02:46prémices d'un ralentissement conjoncturel, cyclique de l'économie américaine qui pourrait
02:50être déjà plus appuyé que prévu et qui arriverait peut-être plus vite que prévu
02:55aussi dans la séquence, Thomas ? Il est encore tôt pour affirmer qu'un ralentissement à
03:00court terme est prévu, pour le moment ce qui décélère c'est surtout, comme on l'a
03:03dit, les chiffres de sentiment sur l'emploi, les enquêtes sur l'emploi, il y a aussi les
03:08jobs qui sont sortis un petit peu en dessous et quelques indicateurs comme ça, mais le
03:12taux de chômage reste à 4%, la croissance elle est attendue toujours à 2,3% sur la
03:17fin d'année, donc ça décélère mais très doucement pour le moment, c'est plus de la
03:22crainte liée à la politique de Trump qu'un réel impact sur l'économie pour le moment.
03:27Est-ce que ça va arriver ? Je n'en sais rien, potentiellement, mais ce qui est sûr c'est
03:33que le grand trade-off qu'il y aura ce sera entre cette décélération, qu'elle vienne
03:39de la croissance ou de l'emploi, versus l'inflation, parce que l'inflation il y a quand même très
03:43peu de chances à court terme qu'elle diminue, et donc, que ce soit au niveau de la banque
03:48centrale européenne ou de la Fed aux Etats-Unis, ça va être assez compliqué, assez ténu,
03:54la ligne va être assez fine entre une inflation qui aura très peu de chances de retourner
03:57sur des niveaux normaux à court terme et la croissance qui peut être impactée à
04:01court terme par la politique de Trump.
04:03Donc est-ce que la Fed va faire le trade-off ? Qu'est-ce qui va regarder la Fed ? Elle
04:08a fait déjà plusieurs moves en quelques mois, à l'été quand les taux ont rebaissé
04:13fort, c'est parce que la Fed a dit « je regarde le marché de l'emploi qui se détériore »,
04:16puis finalement le marché de l'emploi est revenu à 4%, enfin le taux de chômage est
04:19revenu à 4%.
04:20On n'est plus inquiets sur l'emploi, on enlève le stylo.
04:21On est inquiets sur l'emploi, par contre l'inflation, attention, boum, les taux remontent.
04:24Donc voilà, la Fed va jongler entre les deux, mais ce qui est sûr c'est que le « Fed
04:27put » y est toujours là.
04:28La Fed interviendra si il faut qu'elle intervienne, et elle a de la marge de manœuvre, à 4,5
04:34sur la borne haute des taux.
04:36Elle n'a pas épuisé toutes ces cartouches.
04:37Elle a encore de la marge jusqu'au taux neutre.
04:40Pierre Lexis, on peut passer par une petite séquence au moins dans le narratif ? Stagflationnistes
04:48là aux Etats-Unis, croissance qui se mettra à décevoir, les indices de surprises économiques
04:53sont négatifs aux Etats-Unis, ce qu'on n'a pas vu depuis une paire d'années maintenant
04:56quasiment.
04:57Oui mais je pense que là, on corrige d'un mouvement très fort, notamment sur la confiance
05:03avec l'élection de Trump.
05:04Les esprits animaux qui s'étaient libérés.
05:06Ce qui est sûr, et je suis tout à fait en ligne avec ce qui vient d'être dit, c'est-à-dire
05:09qu'on reste quand même sur une tendance relativement positive sur l'économie américaine et il
05:15faudra un certain nombre de chiffres pour confirmer qu'on a un ralentissement.
05:20Après, la stagflation c'est vraiment les plaies de Damoclès au-dessus des marchés.
05:24C'est-à-dire que si on rentre dans une politique stagflationniste, là évidemment c'est un
05:30vrai coup d'arrêt sur les marchés financiers.
05:32C'est clair que c'est pas bon pour les actifs risqués.
05:34Non, stagflation c'est… pas de croissance de l'inflation, c'est évident.
05:41Et en plus, c'est pas évident de trouver des actifs refus dans ce contexte-là.
05:48Vous avez un peu l'or et autres, mais bon.
05:50L'inflation c'est faire, la déflation on a appris, la stagflation c'est compliquer.
05:54L'inflation a un impact sur les taux, donc les taux ont du mal à baisser.
05:56Et l'inflation avec le manque de croissance a un impact sur les actifs risqués classiques.
06:05Donc ça c'est clair que c'est un risque à surveiller.
06:09Et c'est vrai que… ça je pense que 2025 c'est un peu une année où on risque d'être
06:14surpris.
06:15C'est vrai qu'on a en face de nous une politique qui est disruptive, qui est anticipée
06:21et qui est vraie normalement, et relativement positive pour l'économie.
06:25Mais tout va dépendre du séquençage des éléments, puisque vous avez des éléments
06:29qui sont positifs et des éléments qui sont négatifs en théorie économique.
06:33Les éléments positifs c'est la déréglementation, les impôts, voilà ça on les a bien identifiés.
06:41Mais pour l'instant ils sont entre guillemets moins mis en avant et ils prendront peut-être
06:46un peu plus de temps aussi à se voir.
06:48Et la séquence négative aujourd'hui qu'on voit c'est la partie tarifaire.
06:52Si M. Trump met en… le Président Trump met en œuvre tous ces tarifs, il faut savoir
07:01qu'on aura des niveaux de tarifs qui seront comparables aux années 30.
07:05Et donc les années 30, si on se sert de l'histoire en tant que guide, ça n'a pas donné grand-chose.
07:12Oui, les crises inflationnistes généralement n'apportent pas grand-chose de très bon.
07:16C'est vrai.
07:17Et le marché est complaisant sur cette histoire de tarif ? Parce que comme le rappelait Thomas,
07:21à l'élection de Trump, on a vu le retour de Tarifman, les primes de termes d'incertitude
07:26ont augmenté, le marché s'est un peu préparé à ce choc tarifaire.
07:31Et puis Trump s'installant à partir du 20 janvier, c'est vrai que le marché semble-t-il
07:35à délaisser un petit peu ce sujet.
07:37Aujourd'hui, si je ne dis pas de bêtises, les seuls tarifs qui ont été appliqués c'est
07:4110% sur la Chine.
07:43Sur le reste, aucune des menaces brandies par Trump n'a été exécutée.
07:47Je pense sincèrement qu'il est dans des anticipations rationnelles, c'est-à-dire
07:51qu'avec l'équipe qu'il a autour de lui, on voit mal comment cette équipe mettrait
07:55à mal l'économie américaine.
07:56Ah, j'entends.
07:57J'entends.
07:59Ça, c'est la pierre angulaire du raisonnement du marché aujourd'hui.
08:03Il faut dealer, et donc les deals, c'est des deals qui, a priori, avec l'équipe économique
08:09qu'il a en face de lui, qui seront plutôt créateurs de valeur.
08:12Donc c'est en ça.
08:13Par contre, voilà, après c'est un problème d'exécution, et souvent la politique, vous
08:18avez les discours et après les actes, et c'est les actes qui font les prix à moyen
08:22terme.
08:23Donc s'il se trompe, vous avez en effet un risque de décision.
08:28Une erreur de décision, là, ça peut…
08:30Une erreur de décision.
08:31Voilà.
08:32Alors après, je pense qu'ils corrigeront.
08:33Mais ce qu'il veut dire derrière ça, c'est qu'on a été surpris depuis le début de
08:38l'année.
08:39On est en vraie peine-trade.
08:40Trop de consensus ont tué le consensus, c'est classique.
08:43En finance, et là, on le voit, on le voit, et on peut continuer à être assez surpris
08:49cette année.
08:50Ça, c'est évident.
08:51Donc les deux trades qu'on va décrypter, parce qu'on n'a pas parlé encore des actions
08:54en bonne, mais vous dites, c'est peine-trade, c'est trades qui se font dans la douleur
08:57parce que tout le monde est positionné, enfin, beaucoup sont positionnés dans le
09:00sens inverse, ça peut amener la dynamique encore un peu plus loin.
09:05Vous savez, on a mis en avant l'exceptionalisme américain qui existe toujours, mais c'est
09:09vrai qu'il est, entre guillemets, un peu mis entre parenthèses, c'est-à-dire qu'on
09:12a l'effet de balancier classique, d'un positionnement trop extrême des investisseurs
09:17qui fait qu'on pouvait s'attendre à du mieux sur l'Europe, mais qui continue, avec
09:23derrière ça, je pense, des éléments plus objectifs, qui sont déjà les publications
09:27où on découvre, encore une fois, que les entreprises américaines ne sont pas les pays
09:31européens, donc ils bénéficient de leur diversification à l'international, et donc
09:37on a des vraies publications qui, en relatif, par rapport aux entreprises américaines,
09:43sont plutôt convaincantes.
09:44Donc ça, c'est le premier point.
09:45Vous avez les actions de Trump qui, finalement, sont assez positives, c'est-à-dire qui
09:50serrent l'aiguillon à l'Europe sur un certain nombre de problématiques structurelles identifiées,
09:54et on sait bien que l'Europe, avec son mode de gouvernance, ne peut bouger que sous la
09:58pression.
09:59Sinon, on allait vers une lente stagnation qu'on connaît depuis un certain temps, voilà,
10:10ça c'est le deuxième point.
10:11Et le troisième point, aussi, c'est la capacité de réaction, et là, la chute, je pense que
10:18l'affaire DeepSea, si vous regardez bien le 28 janvier, ça a tout changé.
10:21Et là, on découvre quoi ? On découvre que les Chinois savent très bien faire pour
10:25beaucoup moins cher.
10:26Et ça, ils l'ont prouvé dix fois, ils vont vous le prouver une onzième fois.
10:29Il y a un investisseur qui disait au moment de DeepSea que les Etats-Unis sont les plus
10:37forts quand il s'agit de passer de 0 à 1 en termes d'innovation, mais derrière, quand
10:41il faut passer de 1 à 100, il n'y a pas mieux que la Chine.
10:44Donc, sur les effets d'échelle, la capacité à faire très bien moins cher, ils savent
10:50très bien faire.
10:51Damien, sur ces deux traits de l'obligation US, Action Européenne, est-ce que ça fait
10:56une bonne stratégie pour 2025 ?
10:58Oui, ça fait une bonne stratégie.
11:01Après, je voulais juste revenir sur un point, c'est que la stagfation, nous, ça nous paraît
11:05un scénario assez difficile à assumer, parce qu'on le voit bien, de toute façon, d'une
11:12manière générale, quand la croissance ralentit, c'est difficile d'avoir de l'inflation.
11:16Après, si on parle en plus des droits de douane, et qu'on est assez objectif, et qu'on regarde
11:20ce que fait Donald Trump, et qu'on considère qu'il ne peut pas se permettre qu'il y ait
11:24de l'inflation, ça paraît difficile qu'il fasse n'importe quoi sur les droits de douane.
11:29Alors, on rappellera qu'il y a quelques semaines, il a quand même dit, et j'ai trouvé ça
11:32relativement rassurant, c'est qu'il a dit « si je mets des droits de douane, ça sera
11:35douloureux pour l'économie américaine ».
11:37Oui, il y aura peut-être un peu de douleur, à court terme.
11:40C'était quand même la première fois qu'il avouait que les droits de douane, ça avait
11:44des avantages, mais que ça avait aussi des inconvénients.
11:46Sachant que les droits de douane, on sait très bien qu'in fine, qu'est-ce qu'ils payent,
11:49c'est quoi l'entreprise ?
11:50Mais ça vaudra le coup.
11:51Il dit « ça vaudra le coup ».
11:52Ça vaudra peut-être le coup.
11:53Le problème, c'est que, bon, droits de douane signifient potentiellement inflation, alors
11:58après, calculer combien ça génère d'inflation, c'est difficile à dire, mais potentiellement
12:01inflation.
12:02On sait que Biden, il a perdu un peu de l'inflation.
12:04On a facilement misuré les pertes d'emploi que ça avait pu générer lors de la première
12:07guerre commerciale 2018-2019.
12:08Ça, sur les pertes d'emploi, on a des études qui l'ont montré quand même.
12:11Oui, mais ça n'avait pas généré tant d'inflation.
12:13Non, c'est ça, justement.
12:14Sur l'inflation, on s'est mis à débattre.
12:16Donc, il voudra sans doute éviter l'inflation, parce que c'est sa base électorale, donc
12:21il va rester quand même assez constructif.
12:24Donc, dans ce contexte-là, cette inflation, pourquoi ? Sachant que les Etats-Unis continuent
12:30d'avoir des gains de productivité qui sont très importants, donc nous, je pencherais
12:35plus au naturellement pour une poursuite de la baisse de l'inflation, surtout si le
12:39marché immobilier continue de montrer quelques signes de ralentissement et qu'on sait que
12:43l'immobilier représente une grosse, grosse part, encore aujourd'hui, dans l'inflation
12:49et qu'avec un immobilier qui a fourni aujourd'hui 4 à 5% d'inflation, c'est une grosse part
12:56des déséquilibres aujourd'hui.
12:58Donc, si l'immobilier rentre un peu dans le rang, l'inflation, elle va baisser.
13:00Et ça, ça veut dire que les taux longs américains peuvent continuer de baisser ? Encore une
13:03fois, c'est l'objectif de Trump.
13:04Alors, il nous parle moins du Dow Jones, là, il nous parle plus des taux longs dans son
13:08second mandat.
13:09En tout cas, c'est l'objectif affiché par Scott Besant et Donald Trump.
13:12D'une manière générale, je pense que les taux d'intérêt, que ce soit aux Etats-Unis
13:14ou en Europe, peuvent continuer de baisser.
13:16Et après, oui, il veut que les taux d'intérêt baissent, mais enfin, il veut que l'économie
13:22monte, il veut que le dollar baisse, enfin, il veut tout en même temps et tout et son
13:24contraire.
13:25Donc, il ne pourra pas tout avoir, mais ça nous paraît relativement naturel que l'inflation,
13:32la tendance, soit plutôt baissière qu'haussière, sauf mauvaise surprise.
13:37Et sur les actions européennes, alors ? L'autre grand mouvement, enfin, l'autre mouvement
13:41qu'on observe, là, depuis...
13:42Et les actions européennes, on est très contents que ça rattrape et ça ne nous paraît pas
13:49injustifié parce que, comme le disait Pierre-Alexis, il y avait quand même un consensus et une
13:53exagération extrême à la fin de l'année dernière, avec un suroptimisme sur les Etats-Unis
13:58qui était gigantesque et des investisseurs, qu'ils soient américains ou européens, qui
14:02avaient déserté le marché européen.
14:03Et du coup, des écarts de valo, alors, les valos, à chaque fois, on en parle, c'est
14:08un sujet plus ou moins polémique, mais j'allais dire, en étant sur les marchés depuis pas
14:12mal d'années, il y a toujours un moment où, historiquement, il y a quand même un rééquilibrage
14:19qui se perd.
14:20Alors, ça peut prendre plus ou moins de temps, là, depuis quelques années, ça prend pas
14:22mal de temps, c'est vrai, parce que tout s'est concentré sur quelques valeurs, mais il y
14:26a quand même souvent un retour de balancier et je pense qu'aujourd'hui, on est en train
14:29de le faire, ce retour de balancier, avec des valeurs...
14:31Mais quand vous regardez l'écart de valorisation entre l'Europe et les Etats-Unis, c'est quoi,
14:36les Etats-Unis vous paraissent trop chers ou l'Europe vous paraît pas assez chère ?
14:40Alors, le rebond de ces deux derniers mois sur l'Europe, il s'est fait par du multiple.
14:46Il s'est pas fait par de la croissance de bénéfices, donc les multiples européens
14:50sont repassés à des niveaux qui sont supérieurs à la moyenne historique.
14:53Du coup, est-ce que c'est cher par rapport à l'historique ? Oui, on peut dire que c'est
14:59cher, mais par rapport aux Etats-Unis, la décote reste largement supérieure à ce
15:05que ça a été historiquement.
15:06Donc, d'une manière ou d'une autre, à notre avis, le rétrécissement de la prime peut
15:13s'opérer.
15:14Alors, est-ce que ça se fera par une baisse des marchés américains ou une hausse des
15:17marchés européens ? C'est difficile à dire, mais vu l'absence de flux ces dernières
15:24années et le début d'inflexion de ce mouvement avec des flux qui commencent à arriver en
15:28Europe, là aussi, on l'a mentionné, il peut y avoir de l'exagération et donc à
15:33notre avis, le marché européen peut continuer à monter, sachant que l'indice de surprise
15:38devient négatif sur les Etats-Unis, mais l'indice de surprise devient positif sur
15:42la zone euro.
15:43Et puis, c'est quand les prix ont monté de 10% qu'on commence à voir effectivement
15:47des discours qui changent, rien tel que les prix pour faire varier les sentiments et les
15:51discours.
15:52C'est toujours pareil.
15:53Et après, on pourra peut-être dans un deuxième temps évoquer les secteurs qui montent.
16:01Mais là, c'est quand même assez intéressant et ça peut être un peu perturbant parce que
16:05ça va dans tous les sens.
16:06Il y a les secteurs en retard et puis il y a des secteurs, les banques, ça fait quelques
16:11années, mais c'est la première fois depuis deux ou trois ans que le PE commence à monter
16:17sur les banques.
16:18Jusqu'à présent.
16:19Il y a un re-rating du secteur bancaire ?
16:21Là, il y a eu un re-rating de 1 point, mais ce n'est rien du tout.
16:25Les deux ou trois dernières années, ça a monté avec de la croissance de bénéfices.
16:28Ce n'était pas problématique.
16:29Mais à côté des banques, on trouve quoi ?
16:31Télécom.
16:32Télécom, ça n'arrive jamais.
16:35La chimie prend 10% depuis le début de l'année.
16:38L'automobile, qui est un des principaux secteurs aussi, une principale hausse depuis le début
16:42de l'année.
16:43Et donc, ça met le doute ?
16:45Non, ça ne met pas le doute.
16:47C'est juste amusant, je ne sais pas si c'est le terme, mais en observant un peu ce qui
16:52monte, on trouve des secteurs qui ne sont pas chers, qui ne sont pas forcément ceux
16:56qui ont la plus forte croissance, et des secteurs qui sont très en retard.
17:00Et puis, certains qui sont défensifs, les télécoms, on ne peut pas dire qu'on attend
17:06une accélération de croissance, mais il y a un peu de revalorisation.
17:11Et puis, pour le cas Orange, par exemple, il peut se passer des choses sur le marché
17:16français, donc il y a des cas particuliers, mais globalement, il n'y a pas d'échec.
17:19On repart dans le truc de la consolidation ?
17:21Ah ouais ?
17:22On ne voit pas beaucoup, mais on repart un peu parce qu'on voit que...
17:25SFR, Patrick Dray, vient de dealer avec ses créanciers, là.
17:28SFR revient à une entreprise normale, nous dit-il, prête à être vendue, quoi.
17:31Par les embloqués, c'est ça.
17:32Prête à être vendue.
17:33Non, mais il y a la même chose sur l'Italie aussi, où ils parlent de passer de 4 à 3 aussi.
17:39Autant télécom italien, c'est compliqué, mais oui.
17:42Donc, c'est clair.
17:44Après, on n'a même pas parlé, mais il y a l'Ukraine.
17:46L'Ukraine, c'est bien joué.
17:47Il y a quand même des catalyseurs sur la zone euro aussi.
17:50On va en parler.
17:51Justement, je voulais bien qu'on fasse un point.
17:52Alors, avant de parler de l'Ukraine, les élections allemandes, c'est encore le sujet
17:56chaud de ce début de semaine.
17:58Thomas, depuis le point de vue obligataire, qu'est-ce que ça peut impliquer pour vous ?
18:03Est-ce qu'il y a eu des réactions particulières sur l'obligataire allemand qui nous donne,
18:08je ne sais pas, un signal, un sens de quelque chose par rapport aux résultats de ces élections
18:12fédérales ?
18:13Pas du tout.
18:14Le disant allemand n'a pas bougé depuis deux jours.
18:16Flateau aujourd'hui, hier, quasi pareil.
18:20Si on prend le spread à l'inverse, du coup, parce qu'on regarde toujours le spread des
18:25pays périphériques et de la France versus l'Allemagne, si on regarde un peu à l'inverse,
18:28ça s'est un petit peu rétréci du coup, puisqu'il y a eu un petit peu plus d'attrait
18:33sur, je ne sais même pas si on peut appeler encore la périphérie, l'Espagne, mais sur
18:37les pays du Sud plus la France.
18:40Après, ce que ça va changer, c'est au niveau du frein à l'endettement.
18:47On verra ce que ça donne.
18:49Mais le marché n'a pas pris le pari qu'un déluge de bounes allait inonder le marché.
18:53Non, non.
18:54Là où on voit, c'est un peu technique, mais le seul élément qui price un peu ça,
18:59c'est le swap spread.
19:00Je ne sais pas si c'est quelque chose que vous regardez souvent, c'est la différence.
19:02Négatif, oui.
19:03Voilà, négatif, à moins 7, plus bas depuis toujours.
19:06Record niveau de bas.
19:09Ça, ça indique qu'il y a une petite défiance vis-à-vis d'une éventuelle réémission,
19:15des émissions un peu plus fortes sur l'Allemagne.
19:18Mais à part ça, pour le moment, sur les spreads, c'est assez contenu.
19:21Même sur les taux, c'est assez contenu.
19:22Donc pour le moment, le marché est assez calme à ce niveau-là.
19:25On verra.
19:26Après, il y aura de toute façon toute cette question de financement.
19:29On peut aller un peu plus loin en parlant du financement de la défense.
19:32Où l'Union européenne doit monter à 3% de ses budgets là-dessus.
19:37On est plus autour de 2% aujourd'hui.
19:39Ça fait quand même des sacrées sommes à emprunter sur les marchés.
19:41Pour des pays comme l'Espagne, l'Allemagne, etc.
19:43Si ça se traduit par des émissions, ça peut être des émissions supplémentaires importantes.
19:49Pour le moment, à court terme, les flux sur toutes les nouvelles émissions,
19:52que ce soit gouvernementales ou crédits, c'est très souscrit.
19:56Il y a un flux qui est assez fort.
19:58Sur la dette française, on l'a vu, c'était sursouscrit une vingtaine de fois.
20:01C'était assez massif.
20:03On verra si ça continue et on verra ce que va faire l'Union européenne
20:06sur un potentiel financement européen comme elle l'avait fait pendant la pandémie.
20:10L'Allemagne était assez réticente à ça aussi.
20:13Mais bon, sur certains secteurs comme la défense,
20:15pourquoi pas passer par un emprunt Union européenne.
20:19Avec toutes les questions que ça pose et tous les débats que ça a soulevé
20:23au sein de l'Union européenne et des marchés aussi.
20:26Il faut savoir une chose, c'est que ces bonds émis par l'Union européenne
20:30ne rentrent pas dans les indices gouvernementaux.
20:32D'accord.
20:34Il y a deux aspects à ça.
20:36Il y a l'aspect benchmark, pour toutes les gestions qui sont benchmarkées,
20:38pour tous les ETF.
20:40Ils n'en achètent pas forcément puisque ça ne rentre pas dans les benchmarks.
20:43Et les investisseurs aussi.
20:45Il y a cet aspect un peu flux, un peu négatif,
20:47tant que les providers d'indices, MSCI et autres,
20:49ne modifient pas la composition.
20:51Ils les considèrent comme des supranationaux et pas comme des nationaux.
20:53Donc ils les mettent dans un autre indice.
20:55Ça ne rentre pas dans les gros indices globaux.
20:57Niveau flux, ça peut être un peu compliqué à certains moments.
21:00Très intéressant ce point.
21:02Effectivement.
21:04On verra si les Eurobonds arrivent vraiment un jour sur le marché.
21:06Comment est-ce qu'ils sont ?
21:08Il faudra sûrement changer.
21:10Il faudra mettre une petite pression sur les providers.
21:12Ce ne sera pas le sujet le plus compliqué, peut-être,
21:14pour les Eurobonds.
21:16L'idée d'un cessez-le-feu, là aussi,
21:18dans le sillage des élections allemandes,
21:20il y a les questions de défense,
21:22de financement de la défense.
21:24Et puis, évidemment, vient s'ajouter à ça
21:26la perspective peut-être d'une trêve
21:28prochaine entre la Russie et l'Ukraine.
21:30Qu'est-ce que ça implique pour l'Europe ?
21:32Pour les marchés globaux ?
21:34Et l'Europe, notamment ?
21:36Là, c'est la prime de risque sur l'Europe.
21:38Vous avez...
21:40Et c'est déjà dans les 10% de hausse ?
21:42Oui.
21:44C'est ça qui a permis de prolonger
21:46le mouvement en Allemagne.
21:48C'est clair qu'il y a une prime de risque.
21:50Une prime de risque géopolitique.
21:52Pendant 6 à 9 mois,
21:54l'Europe,
21:56et même depuis un peu plus longtemps,
21:58a été considérée comme quasiment ininvestissable
22:00par beaucoup d'investisseurs internationaux
22:02à cause de cette prime de risque géopolitique.
22:04Vous aviez une incertitude politique
22:06sur les deux grandes économies
22:08de la zone euro,
22:10plus
22:12l'incertitude
22:14autour du conflit ukrainien
22:16et, en plus,
22:18la bande de Gaza.
22:20Donc là, on a quand même,
22:22là-dessus, on parle d'un point
22:24très très bas.
22:26C'est un peu un rebond de fond de piscine.
22:28C'est évident.
22:30Mais les marchés le prennent en compte.
22:32Et donc ça permet, évidemment,
22:34d'augmenter un peu la visibilité.
22:36On a maintenant un peu plus de visibilité
22:38sur la politique allemande.
22:40Alors après, ça a peu fait réagir
22:42parce qu'on est vraiment dans le scénario médian.
22:44C'est-à-dire qu'on a
22:46une coalition
22:48qui peut se faire à deux parties.
22:50Mais on n'aura pas de capacité
22:52d'avoir les deux tiers.
22:54Donc on va rester
22:56dans une orthodoxie budgétaire.
22:58C'est pas pour tout de suite,
23:00la réforme du frein à l'indépendance.
23:02Attendez pas quelque chose de rapide.
23:04De toute façon,
23:06il faut voir
23:08qu'il ne faut pas s'attendre non plus
23:10au grand soir.
23:12Il n'y a que la France qui croit ça.
23:14En Allemagne, sur les
23:16politiques budgétaires, je pense.
23:18Ce qui est attendu, c'est que la défense
23:20sorte des règles
23:22de déficit.
23:24Donc ça, c'est quand même pas négligeable.
23:26Et sans doute aussi des eurobonds
23:28pour financer justement ces efforts
23:30de défense.
23:32Ça c'est bon boursièrement pour le secteur de la défense
23:34qui a déjà anticipé beaucoup de choses.
23:36Les valeaux sur du
23:38Rheinmetall ou autre, ça peut
23:40faire peur.
23:42Si vous regardez les paniers ukrainiens,
23:44c'est déjà assez
23:46bien anticipé.
23:48Et si on se place
23:50encore dans
23:52le mode de gestion
23:54qu'on connaît maintenant depuis quelques mois,
23:56à partir du moment où c'est
23:58bien annoncé, c'est le moment où il faut
24:00maintenant vendre.
24:02Il faut être un peu plus contrariant.
24:04Après, il n'en reste pas moins
24:06qu'il y a un certain nombre de secteurs
24:08sur lesquels il y avait des défis structurels.
24:10Le secteur de la chimie en Allemagne,
24:12avec les prix du gaz
24:14et les prix d'énergie, on pourrait retrouver
24:16un peu moins de spread
24:18et une plus
24:20forte capacité
24:22de diversification
24:24de nos approvisionnements, ce qui serait
24:26relativement positif.
24:28Ce n'est pas pour tout de suite.
24:30On reviendrait acheter du gaz russe,
24:32on n'a jamais arrêté d'en acheter.
24:34On pourrait remettre
24:36en route les gazoducs.
24:40Après, la réalité,
24:42c'est qu'ils ont été endommagés.
24:44Par contre, comme on est sur des marchés
24:46organisés sur le gaz, on a tout à fait
24:48la capacité que les intervenants de marché
24:50prennent de l'avance et ce sera anticipé par les marchés.
24:52Tout ça est quand même
24:54relativement positif, notamment
24:56pour l'industrie allemande qui a beaucoup
24:58souffert
25:00des coûts d'énergie.
25:02Si vous écoutez les chimistes allemands,
25:04ils vous disent qu'ils investissent
25:06tout sauf en Allemagne pour l'instant.
25:08On peut avoir une rhétorique
25:10qui est bien meilleure.
25:12Je suis complètement d'accord
25:14avec Damien, ça peut alimenter
25:16une réduction
25:18de décote qui est extrême
25:20entre l'Europe
25:22et les Etats-Unis.
25:24En plus, si on a une capacité
25:26de réaction
25:28de l'Union européenne
25:30face aux défis que nous pose
25:32l'administration Trump, vous avez
25:34un double effet qui est potentiellement
25:36positif, plus la Chine.
25:38On a une conjonction
25:40d'éléments qui peut vraiment
25:42faire prolonger le mouvement.
25:44Il y a des haies à franchir, mais c'est des haies
25:46potentiellement franchissables.
25:48Chez Sicoma, on a été le premier à reconnaître
25:50qu'étant plutôt positif
25:52Etats-Unis, négatif Europe,
25:54on a eu tendance à rééquilibrer.
25:56Dans une logique aussi,
25:58dans un monde multipolaire,
26:00vous avez tout intérêt,
26:02en tant qu'investisseur, à être investi
26:04sur tous les pôles.
26:06Vous ne savez pas, a priori,
26:08qui se sortira le mieux
26:10de cette situation.
26:12C'est aussi une logique de diversification.
26:14Bien sûr.
26:16La diversification, ce n'est pas ce qui a le plus payé
26:18l'an dernier, mais
26:20le Nasdaq est négatif
26:22et le reste du marché
26:24continue d'avancer. Comment on aborde
26:26l'investissement en actions européennes ?
26:28Justement, partant de cette base,
26:30partant de ces plus 10% de rattrapage,
26:32comment est-ce qu'on rentre
26:34sur ce marché si on a envie d'y rentrer encore aujourd'hui ?
26:36Rentrer encore
26:38aujourd'hui, c'est plus délicat.
26:40Maintenant, je pense qu'il faut aussi rappeler
26:42quelque chose, c'est que
26:44perçu de la France,
26:46la situation européenne paraît très mauvaise,
26:48mais il y a quand même beaucoup de pays
26:50qui vont extrêmement bien ou alors qui vont aller mieux.
26:52Si on retire, par exemple,
26:54la France et l'Allemagne,
26:56les PMI sont à 53.
26:58Donc, tout ne va pas
27:00si mal que ça en Europe. On a un marché de l'emploi
27:02qui finalement ne tient pas si mal, même en France,
27:04même en Allemagne.
27:06Et après, on aura peut-être du mieux en Allemagne
27:08parce qu'on part de moins 0,2. Et en France,
27:10on sait que la France, ça va être difficile cette année.
27:12Mais sinon, globalement,
27:14la tendance n'est pas si mauvaise que ça en Europe.
27:16Et je pense que ça, c'est important aussi
27:18d'un point de vue psychologique, aussi bien pour les consommateurs
27:20que pour les investisseurs.
27:22C'est-à-dire qu'on sait très bien
27:24que tout ça est très psychologique,
27:26aussi bien la croissance des PIB que
27:28la hausse des marchés boursiers.
27:30Si jamais il y a un peu de stabilité, un peu de stabilisation,
27:32on peut très bien avoir des bonnes surprises
27:34sur le consommateur allemand, on peut avoir des bonnes surprises
27:36sur le consommateur français, si par hasard le gouvernement
27:38bérou tient au-delà du mois de juin
27:40ou potentiellement il peut y avoir une nouvelle dissolution.
27:42Et un peu de stabilité, un peu de retour
27:44à la consommation égale un peu de croissance
27:46en plus, sachant qu'aujourd'hui,
27:48on compte quand même pas sur grand-chose.
27:50Et tout ça dans un contexte où, en plus,
27:52et ça, on n'en parle pas beaucoup non plus,
27:54parce qu'en vue de la France, quand on a 6% de déficit
27:56public, on a du mal à s'imaginer que c'est différent ailleurs.
27:58Bon ben, c'est pas très compliqué
28:00de regarder quand même.
28:02Mais il y a plein de pays européens
28:04qui sont autour de 3, voire à moins.
28:06Donc la situation budgétaire d'autres pays européens
28:08n'est pas si négative que ça non plus.
28:10Donc on a quand même des bases
28:12qui ne sont pas si mauvaises que ça,
28:14et les résultats des entreprises européennes
28:16sont plutôt corrects.
28:18Donc tout ça, ça nous donne une image
28:20de relative solidité.
28:22Donc je pense qu'il ne faut pas avoir peur
28:24d'aller sur le marché européen.
28:26Après, une fois de plus, sur la durée,
28:28on est bien d'accord, la croissance structurelle des Etats-Unis
28:30est supérieure. Donc le pari européen,
28:32c'est un pari, j'allais dire,
28:34tactique, 3 mois,
28:366 mois, 9 mois, j'en sais rien, on verra.
28:38Mais aujourd'hui,
28:40on n'est pas du tout...
28:42On en avait parlé au mois de décembre,
28:44on est plutôt exposé Europe,
28:46et ça ne nous pose aucun problème.
28:48Est-ce que face à ça, il faut
28:50craindre une vraie baisse
28:52du marché américain ?
28:54Qu'on n'a pas aujourd'hui. Alors peut-être
28:56sur quelques valeurs du Nasdaq, c'est très spécifique,
28:58mais Nvidia ne fait plus rien,
29:00le Nasdaq baisse un peu, mais il n'y a pas eu
29:02de moins 10, moins 15 encore
29:04sur les grands indices américains.
29:06Les marchés
29:08américains, en particulier
29:10technologiques, sont encore chers.
29:12Le scénario, mais qui est difficile
29:14à anticiper, qui serait un scénario
29:16beaucoup plus négatif,
29:18c'est qu'on sait que l'économie américaine et les marchés américains
29:20ont été très soutenus par la consommation,
29:22mais étaient soutenus par les marchés financiers.
29:24C'est une espèce de serpent qui se mord la queue.
29:26Et si jamais les marchés américains se mettaient
29:28à baisser, l'effet richesse.
29:30Si on a un effet richesse
29:32qui commence à devenir négatif sur les bourses,
29:34plus potentiellement un effet richesse
29:36sur la partie immobilière qui est moins favorable,
29:38avec une confiance
29:40du consommateur qui commence à montrer
29:42quelques signes de faiblesse, alors qu'ils ne sont pas encore
29:44structurels.
29:46On s'inquiète très vite.
29:48La confiance baisse chez les démocrates.
29:50Si la
29:52confiance du consommateur baisse,
29:54et qu'en plus l'effet richesse devient un peu négatif,
29:56on peut se retrouver dans le cycle inverse,
29:58avec une consommation qui se réduit,
30:00et du coup les marchés financiers qui perdent.
30:02On n'en est pas du tout là,
30:04mais ça tient quand même à pas grand chose.
30:06Donc Nvidia, il faut que ça assure demain soir.
30:08Ça doit être la valeur la plus détenue par
30:10les particuliers américains aujourd'hui, Nvidia.
30:12Ça serait mieux, mais on a bien vu qu'il y avait
30:14quand même un début de rotation sur les marchés américains
30:16depuis quelques semaines.
30:18Donc Nvidia,
30:20il n'y a pas de raison qu'il publie des catastrophes.
30:22Maintenant, effectivement, s'il publie un truc un peu décevant,
30:24ça corrigera, mais je ne suis pas sûr
30:26que... Je pense que la sensibilité est
30:28un petit peu moins élevée maintenant.
30:30Le marché est moins sensible à Nvidia.
30:32C'est un peu le sentiment.
30:34Nvidia ne fait plus rien.
30:36Ça n'empêche pas certains indices de continuer
30:38de monter. Sur la partie
30:40taux en Europe, comment vous regardez la situation,
30:42Thomas ? On décrivait tout à l'heure
30:44la détente des taulons américains
30:46sur la séquence des dernières
30:48semaines, qu'on n'a pas observé
30:50dans la même ampleur, en tout cas, en Europe.
30:52Il y a une résistance à la baisse des taulons
30:54en Europe qui s'explique
30:56comment ? Par une avance aussi
30:58dans le cycle, la Banque
31:00Centrale Européenne. En fait, on parle des taulons
31:02depuis tout à l'heure, mais il faut quand même regarder comment
31:04évolue les taux courts aussi. Comme j'ai
31:06dit au départ, il y a eu une toute première partie
31:08de séquence où le disant US
31:10a baissé, on va dire, un peu tout seul,
31:12mais depuis 15 jours, il baisse
31:14avec les taux courts.
31:16C'est différent en zone euro.
31:18Les taux longs ne bougent plus,
31:20les taux courts continuent à baisser un peu.
31:22On a une pointification des courbes qui se refait par
31:24la baisse des taux courts et taux longs qui sont plus ou moins
31:26flattes. Par exemple, sur le Bund, on est à 40 points
31:28de base maintenant, à 0,40%
31:30entre le 10 ans et le 2 ans. Ce qu'on était
31:32aux US avant le mouvement, on n'est plus qu'à 20 points
31:34de base. Donc ça, ça continue,
31:36le mouvement de steepening,
31:38de pointification des courbes en Europe.
31:40Je pense que ça va s'accentuer parce que
31:42globalement, aujourd'hui, ce qui est pricé dans le marché...
31:44Par la baisse des taux courts.
31:46Par la baisse des taux courts, ça suivra peut-être un peu avec les taux longs,
31:48mais ça sera surtout par la baisse des taux courts, pas par une remontée des taux.
31:50J'entends.
31:52À moins d'un gros problème d'endettement
31:54massif, de l'Allemagne qui lâche
31:56les vannes. Moi, j'y crois pas une seconde
31:58non plus sur quelque chose
32:00de massif.
32:02Mais ce qui est pricé pour le moment dans le marché,
32:04c'est un retour à 2% au mois de juin-juillet
32:06sur les taux directeurs de la Banque Centrale Européenne.
32:08Ça semble assez probable,
32:10plausible, bien que
32:12certains membres de
32:14la BCE et
32:16des banques centrales
32:18nationales ont imité à quelques
32:20doutes, Isabelle Schnabel,
32:22Nagel aujourd'hui, en disant
32:24qu'on était presque proche du taux
32:26d'équilibre.
32:28C'est leur rôle aussi
32:30au sein de la BCE de...
32:32Il y a une fourchette assez large d'estimation
32:34de ce fameux taux neutre, qui peut satisfaire
32:36tout le monde, du coup.
32:38Retour à 2%, celui-là est anticipé,
32:40mais pour le moment, ça n'anticipe pas beaucoup plus loin.
32:42Pour aller plus loin,
32:44il y a
32:46deux façons d'aller plus loin.
32:48C'est un shoot de l'inflation à la baisse.
32:50Ça, à court terme, est assez peu probable,
32:52malgré tout, parce que
32:54on ne connaît pas l'impact des
32:56tarifs complets, mais ça reste
32:58quand même à moyen terme ou à court terme
33:00inflationniste où ça tient les prix.
33:02Après, vous en avez parlé, la guerre Russie-Ukraine
33:04sur les prix de l'énergie, ça pourrait faire aussi un peu
33:06baisser, donc ça, ça peut être un élément
33:08qui ferait baisser un petit peu l'inflation
33:10en zone euro, mis à part l'inflation,
33:12même si le mandat de la BCE, c'est uniquement l'inflation,
33:14elle ne sera pas insensible à une
33:16réduction de la croissance ou
33:18un impact sur la croissance lié aux tarifs
33:20ou à la politique de Trump. On verra ça en avril
33:22quand le rapport va arriver aux Etats-Unis
33:24et que Trump va se réveiller sur l'Europe.
33:26Donc, en fonction
33:28des tarifs et de comment va réagir
33:30l'Europe, est-ce que l'Europe va réagir
33:32en négociant comme les autres ou est-ce que
33:34l'Europe va réagir en escalade ?
33:36Pour la BCE,
33:38ce n'est pas la même histoire.
33:40Ce n'est pas la même histoire du tout. Un risque d'escalade,
33:42ça aurait un impact de croissance beaucoup plus important
33:44et donc potentiellement des taux qui iraient plus bas.
33:46Pour le moment, le marché s'arrête à 2.
33:48Je pense honnêtement que c'est le minimum et qu'on peut
33:50aller plus loin, même cette année.
33:52Donc, baisse des taux courts encore, des taux longs
33:54qui ont déjà quand même baissé,
33:56qui peuvent continuer un petit peu, mais ce sera plus
33:58une repointification des courbes en zone euro.
34:00Sur le crédit, la dette d'entreprise,
34:02est-ce que ça reste là aussi
34:04un univers avec lequel on est confortable ?
34:06Il y a eu deux années extraordinaires,
34:0823-24 sur le crédit,
34:10au point que les primes de risque
34:12qu'offrent ces marchés
34:14sont complètement réduites à zéro
34:16globalement.
34:18Est-ce que c'est un problème ou pas pour la suite ?
34:20Pas réduite à zéro, mais historiquement quasiment au plus bas.
34:22Sur l'île d'Américain, on est au plus bas.
34:24Oui, c'est ça, au plus bas.
34:26Oui, pas zéro, au plus bas.
34:28Au plus bas historique, heureusement.
34:30Alors,
34:32il y a plusieurs choses sur le crédit.
34:34Effectivement, il y a cet aspect spread que tout le monde regarde,
34:36c'est une chose, mais ce qu'il faut regarder aussi,
34:38à mon sens, c'est
34:40deux aspects autres
34:42que les spreads. Il y a l'aspect flux.
34:44Les flux restent extrêmement porteurs sur les actifs
34:46crédits, on l'a vu, sur le début
34:48d'année, sur le mois de janvier.
34:50Il y a eu énormément de primaires,
34:52que ce soit sur l'Université de Grèce ou la Ville,
34:54qui étaient largement souscrits sans aucun
34:56écartement de spread.
34:58C'était le premier point.
35:00Deuxième point, les taux de défaut
35:02ou les anticipations de taux de défaut restent assez basses,
35:04que ce soit en Europe ou aux États-Unis.
35:06Les métriques sont plutôt bons sur le crédit
35:08en général. Les mauvais élèves, on les connaît,
35:10vous en avez parlé d'un tout à l'heure
35:12sur la partie crédit, mais ceux-là,
35:14c'est déjà dans les cours.
35:16Et après, des choses qu'on regarde un petit peu moins,
35:18on parle souvent des spreads, mais en termes de valorisation,
35:20ce qu'il faut savoir aussi,
35:22c'est que les spreads, on regarde toujours les spreads des indices.
35:24Il y a une des semaines de Grèce,
35:26depuis deux ans, et la hausse des taux,
35:28les durations des indices
35:30ont fortement baissé. Un indice
35:32Investment Grid Global est à 7,5% de duration,
35:34aujourd'hui il est à 6%, ce qui fait 20% de moins.
35:36Un indice AYL est à 4,5%, il est à 3%,
35:38ça fait aussi à peu près 20% de moins.
35:40Les durations des indices ont baissé, donc quand vous ramenez le spread
35:42à la duration, on est un peu moins bas que
35:44l'historique. Je ne dis pas que c'est bon marché,
35:46mais un petit peu
35:48moins bas que l'historique. Et le dernier point,
35:50et à mon avis le plus
35:52important pour ce facteur flux,
35:54c'est le rendement absolu. On en parle tout le temps,
35:56mais je trouve un des quelques chiffres
35:58qui sont extrêmement intéressants là-dessus,
36:00c'est de se dire, durant toute cette période de taux
36:02négatifs en zone euro et bas globalement
36:04au niveau mondial, sur l'investment
36:06grid, sur un indice triple B par exemple,
36:08dans toute cette période,
36:10entre 60 et 80% du rendement
36:12total est dû au spread,
36:14et 40 à 20% au taux.
36:16Aujourd'hui, sur l'investment grid, c'est
36:1820% qui est dû au spread,
36:2080% qui est dû au taux, donc ça a
36:22stabilisé un peu la partie spread,
36:24et sur l'aïd, c'est encore plus frappant, parce que l'aïd,
36:26c'est vrai qu'on se dit, il faut vraiment du spread,
36:28donc c'était 90, entre 80 et 90%
36:30de spread à l'époque, aujourd'hui c'est 40%
36:32de spread et 60% de taux.
36:34Donc, la logique de portage
36:36s'impose partout là. La logique de portage,
36:38tant qu'on est dans une vue
36:40de baissière ou au moins stagnante
36:42sur les taux, pas de vue haussière sur les taux,
36:44ça fait toujours du sens.
36:46La logique de portage obligataire là,
36:48garde tout son sens encore aujourd'hui.
36:50Oui, je pense que
36:52il faut raisonner en
36:54taux absolu, vous avez quand même des...
36:56ça vous...
36:58Je ne sais pas, le spread, la prime durée,
37:00c'est quand même ce qui permet d'être confortable si
37:02il y a un souci, un ralentissement,
37:04quelque chose de pas...
37:06Si vous mettez des scénarios extrêmes de type
37:08stagflation,
37:10un peu hors du score...
37:12Non, mais petit ralentissement-conjoncture à l'américain, si c'est...
37:14Non, mais après, là vous
37:16allez raisonner en relatif, c'est-à-dire que
37:18si vous avez un petit peu d'inflation,
37:20il faut être investi,
37:22et les actifs risqués qui
37:24protègent entre guillemets un peu plus de l'inflation
37:26sont intéressants, donc déjà le fait d'être dans
37:28un monde plus inflationniste fait que vous avez
37:30tendance à aller beaucoup plus vers
37:32ce type d'actifs-là.
37:34Et la
37:36deuxième chose, c'est qu'il faut regarder du coup la prime
37:38de risque entre action
37:40américaine et taux américain,
37:42et là, c'est largement
37:44à l'avantage des taux américains.
37:46Sur le crédit ?
37:48Sur le crédit, le rétracissement de taux,
37:50pour nous, ce que ça génère surtout,
37:52c'est un arbitrage entre le high yield qu'on a privilégié
37:54historiquement et l'investment grade.
37:56Parce que
37:58c'est vrai que le rendement
38:00risque est quand même maintenant moins favorable
38:02sur le high yield avec des
38:04spread très bas, alors que
38:06sur l'investment grade, on a
38:08un risque lié à l'économique qui est moins élevé
38:10et on a un portage qui est toujours
38:12très correct
38:14et supérieur à l'inflation.
38:16Donc, investment grade, les yeux fermés.
38:18Merci messieurs. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché
38:20ce soir. Damien Charlet,
38:22Mandarine Gestion, Thomas Vette,
38:24Sipirit Asset Management,
38:26et Pierre-Alexis Dumont, Sycomore Asset Management.