Lundi 6 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Hervé Goulletquer (Senior Economic Advisor, Accuracy) , Thierry Guille (Président, Raymond James France) et Adrien Dumas (Directeur des investissements, Mandarine Gestion)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Hervé Goulet-Dekker est avec nous, seigneur économique advisor d'Accuracy.
00:16Bonsoir Hervé, ravi de vous retrouver en ce début d'année 2025,
00:20ravi de retrouver Thierry Guil également.
00:22Bonsoir Thierry, vous êtes le président de Raymond James France
00:25et Adrien Dumas à nos côtés, directeur des investissements de Mandarine Gestion.
00:28Bonsoir Adrien.
00:30Merci à vous trois d'être là messieurs.
00:32Adrien, effectivement, cette séance du jour est une forme de répétition peut-être
00:38avant ce qui nous attend tout au long de la mandature de Donald Trump
00:41qui commence dans 15 jours maintenant.
00:42Oui, alors à plusieurs égards.
00:43D'abord parce qu'on a eu des bons chiffres ce matin dans l'industrie de l'intérieur artificiel en Asie
00:49avec Onai, la maison-mère de Foxconn qui a publié des très bons chiffres
00:53avec une réaccélération de la demande.
00:56On avait eu aussi des bonnes nouvelles du côté des data centers
00:58parce que Microsoft a annoncé des investissements importants en Asie sur ce sujet.
01:02Cette thématique qui continue de porter les marchés.
01:04Et effectivement, dans la journée, le Washington Post qui sort une information
01:08sur le fait que les barrières douanières américaines seraient peut-être
01:11beaucoup plus ciblées que prévues avec comme objectif de cibler des industries un peu critiques.
01:15C'est le mot je crois qui est utilisé dans le journal.
01:17Et puis un démenti deux heures après sur X à Donald Trump
01:21considérant qu'il n'y avait pas de matière à discuter pour l'instant sur le programme...
01:24Aucune idée d'altérer le programme tarifaire douanier de Trump.
01:29Et ce qui est intéressant c'est de voir la réaction des marchés effectivement
01:31avec un marché européen qui a très fortement rebondi sur cette news du Washington Post
01:36qui montre le positionnement des investisseurs qui est très très prudent sur l'Europe
01:39et qui attend effectivement d'y voir beaucoup plus clair sur les intentions de douaniers ou commerciaux
01:45de Donald Trump vis-à-vis de l'Europe.
01:47Un euro qui a aussi fortement rebondi, qui là aussi je trouve on se traduit très bien le positionnement
01:51et de manière générale une question sur l'investiture de Donald Trump
01:55et donc les premiers éléments qui en sortiront dès le 20 janvier.
01:58Ça nous en dit beaucoup sur la sensibilité que le marché va avoir sur cette question des tarifs douaniers.
02:03On avait déjà eu une forme de répétition.
02:04Alors au tout début juste après la victoire de Donald Trump
02:07il avait évoqué la possibilité de 25% de tarifs douaniers sur les importations en provenance du Canada et du Mexique.
02:12On avait vu le peso, on avait vu le dollar canadien qui réagissait déjà fortement à l'époque.
02:17On est tout à fait dans ce cadre là.
02:19Est-ce qu'on va avoir des réponses le 20 janvier ?
02:22Ça semble compliqué à affirmer.
02:23Il est évident que ce sera détaillé certainement dans le temps.
02:26Mais on sent vraiment que c'est un sujet de positionnement marché
02:28avec un gros effet lent au nord maintenant depuis quatre mois
02:32avec un efflux très très positif sur les actions américaines
02:34qui ont continué à caracoler, à surperformer tout les autres marchés internationaux.
02:38Et sur tous les autres marchés en fait on n'attend plus grand chose.
02:40Effectivement la moindre bonne nouvelle en fait est un facteur important à mon avis de rebond potentiel.
02:44C'est ça qu'il faudra j'allais dire juger, juguler tout au long de l'année
02:47pour essayer de générer la performance de manière régulière.
02:49Hervé, on en a déjà discuté mille fois mais qu'est-ce que vous retenez ?
02:53L'information du Washington Post selon laquelle Donald Trump pourrait se montrer pragmatique
03:01ou est-ce qu'il faut voir un Trump jusqu'au boutiste sur la partie douanière notamment ?
03:06Je pense qu'il faut prendre les deux jambes de l'information
03:10parce qu'on va avoir sans doute une gestion de la politique économique qui va tirer à U et à Dia.
03:20Il suffit de regarder le personnel en place.
03:23En fait à la gestion de l'économie on a des gens soit raisonnables soit conservateurs.
03:32Par contre à la tête du cabinet américain, le secrétaire général,
03:39le secrétaire général adjoint, on a de vrais trumpistes.
03:43On voit bien les propositions qui vont émaner du secrétaire au trésor assurément,
03:52du secrétaire au commerce vraisemblablement.
03:55Mais les arbitrages qui vont être pris au niveau du secrétariat général,
03:59du premier ministre si on voulait traduire cela en termes français,
04:03on n'en s'effiche rien et au final on doit mettre la personnalité de Donald Trump là-dessus.
04:08Donald Trump, un jour il dit blanc, un jour il dit noir.
04:12Donc en fait on ne sait pas.
04:14Il est facile d'avoir une analyse très raisonnable.
04:17Qu'est-ce que les américains doivent faire en se disant qu'ils ne sont pas contents de leur déficit extérieur.
04:22Et donc là on dit il y aura des menaces et puis après il y aura des discussions.
04:26Et finalement tout ça va rester dans des proportions acceptables.
04:30Mais en fait il ne faut pas raisonner comme cela.
04:33Et je pense qu'on est face à de l'incertitude.
04:36Si vous regardez le classique indicateur, l'incertitude mondiale de politique économique,
04:42il est à son plus haut, presque à son plus haut.
04:46Le seul plus haut que l'on ait connu par rapport à aujourd'hui c'est la Covid.
04:52Et on ne savait pas du tout en termes économiques où on allait.
04:56Et bien on est un peu en dessous de ça mais plus haut
04:59qu'au déclenchement de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
05:04Donc l'incertitude elle est là.
05:07Les réactions de marché, on va avoir de la volatilité.
05:10Je crois qu'il faut se préparer.
05:12Et gérer cette volatilité ne va pas être simple pour mes amis ici présents.
05:16Mais en fait sinon l'incertitude va durer.
05:20Et donc choisir une ligne ne va juste pas être simple.
05:23Parce que la capacité à être démentie peut venir très vite.
05:27On le voit aujourd'hui.
05:28Est-ce qu'il faut imaginer des négociations très rapides avec Donald Trump ?
05:32On voit déjà que la pression qui a été mise sur le Canada est en train de faire exploser.
05:36Peut-être Justin Trudeau qui est peut-être sur le point d'annoncer son départ ou sa mise à l'écart.
05:43On avait vu tout de suite un coup de fil entre la présidente mexicaine et Donald Trump
05:48pour tenter d'aplanir la situation avant même l'investiture de Donald Trump.
05:52On a vu ce week-end Georgia Melanie qui était à Mar-a-Lago en visite personnelle chez Donald Trump.
05:58Est-ce que c'est le genre de schéma qu'il faut imaginer pour la suite ?
06:02C'est-à-dire un défilé de personnalités qui viendraient défendre des intérêts ici et là.
06:08La recette de Christine Lagarde a été à un moment dire il va falloir négocier avec Trump.
06:12Alors elle parle du point de vue européen.
06:14Il faudrait que l'Europe soit en capacité d'aller négocier avec Donald Trump.
06:17Mais on peut imaginer que des dirigeants européens auront des intérêts
06:21à aller défendre spécifiquement les uns après les autres chez Donald Trump.
06:25Ce que l'on sait de la méthode de négociation de Donald Trump,
06:31c'est qu'il ramollit la personne qui est devant lui
06:35et il pousse son avantage le plus loin possible pour lui.
06:39Alors l'idée de ramollir, on le voit bien, c'est vrai que les dirigeants du monde,
06:45si ce n'est les Chinois qui ont mis leur ligne rouge de suite sur la table
06:50en disant nous on veut bien mais pas ceci, pas ceci, pas ceci.
06:53Ailleurs on a moins mis les lignes rouges.
06:56Donc en fait il y a cet avantage qui avance.
06:59Sauf qu'on peut douter de la capacité de l'administration Trump
07:05à ne pas aller trop loin pour les raisons que j'ai expliquées.
07:09Donc en fait je crois que l'attitude des Chinois est la bonne.
07:13Il faut mettre les lignes rouges.
07:15On verra bien ce qui se passe.
07:17On peut perdre de part et d'autre.
07:20Ce n'est pas ce qui a été fait.
07:22On voit bien que ça a créé de la zizanie au Canada.
07:26Alors avec un Trudeau qui était déjà affaibli.
07:29Ça va créer de la zizanie en Europe.
07:32Et ça c'est bien embêtant pour nous.
07:34Ailleurs dans le monde aussi.
07:36Mais je pense que ça ne va pas être un long chemin tranquille cette histoire-là.
07:43Trump va aller trop loin je pense.
07:46Il y aura sans doute des allers-retours du côté de l'administration américaine.
07:52Qui correspondront à des allers-retours ailleurs.
07:55Et donc être capable de se dire moi je fais tel ou tel pari.
08:00Je pense que ça va vraiment être compliqué.
08:03Et même l'histoire des scénarii de se dire j'ai un scénario optimiste.
08:07J'ai un scénario pessimiste.
08:09C'est dire que je suis capable de tracer des trajectoires.
08:12Et puis voilà je change peut-être en cours de route.
08:16Mais là ce n'est même pas le cas.
08:18Parce que ça va être relativement à court terme.
08:20Non c'est très très compliqué.
08:22Thierry, la politique tarifaire de Trump aura aussi un impact sur les actions américaines.
08:27Là c'est vrai qu'on a regardé ce qui s'est passé en Europe.
08:29On a vu que ça libérait, que ça pouvait libérer un potentiel de rebond.
08:32Si jamais effectivement la politique tarifaire était un peu diluée ou plus ciblée.
08:37Mais cette politique tarifaire douanière aura aussi un impact sur les actions américaines.
08:42Oui d'ailleurs on l'a vu aujourd'hui avec les déclarations d'abord du Washington Post.
08:46Et après le démenti qui a été apporté par l'administration, par Donald Trump lui-même.
08:50Sur les actions tech qu'elles ont réagi.
08:52Globalement un dollar fort c'est quelque chose qui devrait pénaliser les sociétés exportatrices américaines.
08:57En partie les sociétés tech.
08:59On sait que le tissu américain, il y a presque 70% de la cote qui est constituée de sociétés mid-cap.
09:06C'est des sociétés dans le jargon américain qui vont jusqu'à 20 milliards à peu près de capitalisation boursière.
09:10Ils devraient être avantagés.
09:12Donc c'est le pari, les choix qui doit être fait un petit peu en ce début d'année.
09:16Maintenant moi je suis toujours très réticent à vouloir tirer des plans sur la comète sur les 12 prochains mois.
09:21Il n'y a qu'à se rappeler ces dernières années.
09:23A chaque fois les prévisions qui ont été faites depuis une petite dizaine d'années.
09:26Il y a toujours une variable exogène qui arrive en novembre, en décembre ou en janvier qui change totalement le scénario.
09:32Donc on peut à la limite avoir une vision sur les prochains mois.
09:35On va voir déjà l'arrivée de Trump bientôt et la prise de commande le 20 janvier prochain.
09:39Il y a quand même, il faut le souligner, une majorité qui est excessivement faible à la chambre basse.
09:44On l'a vu pour la nomination du chef de file des républicains Johnson.
09:48Ça se joue à pas grand chose.
09:49Ça se joue à pas grand chose.
09:50Il avait pratiquement de mémoire, je dis bien en fin 2016, lorsqu'il est arrivé en 2017, 20 ou 25 sièges d'avance.
09:58Il n'a que 3 sièges d'avance.
10:00Et c'est là où il aura des propositions qui vont être faites, entre autres sur le financement budgétaire.
10:04Il y a beaucoup de républicains qui vont être beaucoup plus vertueux dans la tenue des comptes que ce que Trump voudrait faire.
10:09Et ça, ça peut amener à des situations éventuellement de blocage.
10:12On a vu l'élection du speaker du Sénat d'ailleurs, qui n'est pas un Trumpiste forcément de la première heure,
10:18qui est quelqu'un qui est un conservateur traditionnel, on va dire de ce point de vue-là.
10:22Oui, la chambre des représentants, c'est important, notamment pour tout ce qui est budgétaire.
10:26Aujourd'hui, Donald Trump met la pression pour essayer d'avoir une loi qui serait une sorte de package global,
10:31qui traiterait les questions de financement, la question du plafond de la dette, bien sûr,
10:37les questions du financement, de la remigration également d'une partie des immigrés illégaux sur le territoire américain.
10:44Ça semble difficile à obtenir à ce stade.
10:47Oui, c'est-à-dire que sa proposition, la rumeur actuelle, c'est qu'en fait il fasse une espèce d'énorme enveloppe dans laquelle il va tout faire.
10:53Oui, il peut avoir à y revenir.
10:55Voilà, et ça va être compliqué, on jugera sur pièce le moment venu, mais les points importants,
11:01ça sera bien évidemment les problèmes tarifaires, vous l'avez souligné, les problèmes migratoires, les problèmes de déficit,
11:07on les abordera un par un et on agira en conséquence, enfin nos conseils iront en fonction des résultats,
11:13mais je pense que ça va être plus chaotique qu'on ne peut l'imaginer.
11:17L'un des grands thèmes, Adrien l'évoquait en début d'émission, mais l'un des grands thèmes de 24 restera bien sûr le thème de l'intelligence artificielle.
11:24Où est-ce qu'on en est selon vous et quelle va être la manière d'investir dans ce thème en 2025 Thierry ?
11:31Il n'y a pas de chose réellement nouvelle en ce début d'année que nous ne sachions déjà fin 2024.
11:36Oui, tout n'a pas changé au 1er janvier.
11:38Non, non, alors il y a eu un mouvement d'excessive, on y reviendra peut-être tout à l'heure, de concentration sur le secteur de tech aux Etats-Unis,
11:45on l'a surtout vu entre Thanksgiving et Noël avec un retour en force du secteur de la tech, en l'occurrence les sociétés de semi et en l'occurrence Nvidia.
11:53Nvidia s'exprime ce soir dans le cadre du Consumer Electronics Show de Las Vegas, il sera 3h30 du matin pour nous,
12:01donc on pourra le juger sur pièce que demain l'ouverture des marchés européens.
12:05La rumeur c'est qu'en fait ils devraient donner plus de visibilité sur les ventes de leurs nouveaux produits phares, le Blackwell.
12:11Si c'est le cas et que c'est conforme aux attentes, ça donnera encore un coup de booster au marché.
12:16Sur l'IA, on l'a vu, vous l'avez Adrien l'a souligné tout à l'heure, Microsoft a déclaré encore investir un montant de 80 milliards de dollars de CapEx dans le domaine de l'IA,
12:26ça va continuer et ça va je pense encore s'amplifier.
12:30Et le marché va continuer de payer en attendant de voir la monétisation ultime de ces usages et des produits logiciels par exemple liés à l'IA ?
12:40C'est toujours le débat qu'on a en bourse de vouloir monétiser les choses.
12:44Je m'en rappelle des années 2000 avec les sociétés de télécom.
12:48Il y a toujours une phase quand vous avez une révolution industrielle où en fait la bourse anticipe toujours et surpaye des valeurs.
12:54C'était le cas d'NVIDIA mais NVIDIA quand vous regardez très sincèrement sur 2025, vous la payez un peu 32 fois les profits.
13:00Regardez les profits de sociétés classiques, Colgate, Procter, ça vaut plus de 30 fois.
13:05Les sociétés de traitement de déchets aux Etats-Unis, ça se paye plus de 30 fois.
13:08C'est des gens qui collectent des déchets, c'est des croissances en single digit, c'est assez étonnant.
13:12Aller comprendre la rationalité ou la véracité, c'est un peu bizarre mais c'est comme ça.
13:16La bourse fonctionne comme ça.
13:18Sur NVIDIA, on pense que c'est un mouvement qui va se poursuivre.
13:24Sur l'IA, Adrien ?
13:26Je partage les propos qui ont été tenus.
13:28On a eu quand même quelques nouvelles en fin d'année.
13:30C'est un dérivé de l'IA mais c'est tout ce qui tourne autour du véhicule autonome où il y a eu un peu d'ébullition aussi pour deux raisons.
13:36D'abord parce que General Motors a décidé de sortir de cette activité.
13:39Il ne reste plus que deux grands leaders qui sont Waymo et Tesla.
13:42Waymo c'est chez Google et Tesla.
13:44Tesla a sorti sa nouvelle version du full self-driving, la version 13, qui a des accueils extrêmement favorables de la part d'utilisateurs.
13:50Ça a l'air de faire un vrai step en termes d'efficacité, de sécurité en termes de fonctionnement.
13:55Le sujet du robotaxi qui est l'objectif d'avoir des véhicules autonomes et de changer peut-être le modèle de propriété du véhicule pour quelque chose d'un peu plus partagé.
14:05C'est l'objectif d'Elon Musk pour le puce réflecteur qui a comme ambition de lancer cette activité en 2025.
14:15Je pense que ça va être un des moteurs supplémentaires.
14:17C'est un cas d'usage de la puissance de calcul et de l'IA dans une utilisation quotidienne.
14:22La puissance de calcul est liée à cette capacité des puces à rendre temps réel à analyser les informations pour faire fonctionner et rouler la voiture.
14:31Puisqu'on parle d'Elon Musk, le terreau réglementaire américain sous Trump et Musk va favoriser ce genre d'initiative, ce genre de développement ?
14:41C'est la dérégulation au sens large. C'est dans ce sens-là avec certainement la volonté d'aller beaucoup plus rapidement sur les tests de nouvelles technologies comme le self-driving.
14:50C'est probable. C'est ce que le marché a beaucoup anticipé. Le cours de Tesla est quasiment doublé depuis l'élection de Donald Trump.
14:56Pas de raison d'imaginer que cette tendance-là qu'on décrit à travers l'IA notamment jusqu'au véhicule autonome, cette tendance-là pour l'investisseur reste pleinement solide ?
15:07Je dirais pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'effectivement les croissances de résultats sont toujours là.
15:11Les multiples n'ont pas l'air pour l'instant démentielles au regard de cette croissance.
15:14Le reste, si on prend le S&P 493, n'affiche toujours pas de croissance bénéficiaire supérieure à ces 7 magnifiques.
15:20En tout cas, toutes ces valeurs qui sont autour de la thématique de l'intelligence artificielle.
15:24Plus de croissance pour les 7 magnifiques en 2025 qu'il y en aura pour le reste du S&P ?
15:28Oui, surtout que maintenant il y en a une huitième, ce qu'on rajoute Broadcom, qui elle aussi afficherait dans l'ordre de 15 à 18% de croissance bénéficiaire l'année prochaine.
15:36Donc oui, pour l'instant, ça reste encore le cas.
15:38Donc oui, pour l'instant, ça reste un scénario central.
15:41Et puis si vous rajoutez à ça quand même un sujet des taux américains, j'imagine qu'on va parler du 10 ans américain, mais on est à 463, 464.
15:48Donc il n'est pas improbable qu'on vienne tester les 470, voire 5% qui est le scénario qu'on avait vécu il y a plus d'un an et demi maintenant.
15:55Ça c'est quand même, on le sait, très favorable plutôt aux grandes entreprises bien financées qui ont des trésoreries qui bénéficient de taux un peu plus élevés.
16:02Donc ça, ça plaide aussi plutôt favorablement pour cette typologie de valeur.
16:05C'est-à-dire que même bien valorisés, ces boîtes-là sont plus à même de gérer un environnement de taux élevés que l'autre.
16:10Oui, c'est ce qu'on avait vécu déjà en 2020.
16:12Bon, à propos des taux, Hervé, effectivement, le mois de janvier sera le mois également des premières réunions de l'année pour les banques centrales américaines, européennes par exemple.
16:22Qu'est-ce qu'on peut dire de la manière dont la Fed va réagir sous l'ère Trump ?
16:28Déjà, les ambitions de baisse de taux ont été passablement revues en baisse depuis quelques mois maintenant.
16:34Est-ce que le marché et la Fed sont à peu près d'accord sur le scénario 2025 ?
16:38Et qu'est-ce qui va pouvoir faire varier encore la fonction de réaction de la Fed dans les prochaines semaines et les prochains mois ?
16:44Alors aujourd'hui, oui, ils sont à peu près d'accord.
16:48En fait, ça veut dire que le marché est venu se caler sur la Fed.
16:52Il y aurait donc 50 centimes de baisse de taux.
16:55C'est ça. C'est ce qui a été signalé dans les dernières projections de la Fed.
16:58Voilà. Et donc ça nous positionnerait vers 4 %.
17:024 %, c'est significativement plus élevé que ce que le marché croyait il y a un an de cela.
17:08Alors la fonction de réaction, je pense qu'il y a trois éléments à prendre en compte.
17:17Il y a la macroéconomie, il y a le forward guidance, donc le guidage prospectif, et puis il y a la relation avec l'exécutif.
17:29Sur le premier élément, inflation, chômage.
17:36Moi, ma conviction, c'est que sur l'inflation, on aura beaucoup de mal à revenir sur la barre des 2 %.
17:43Il y a des tas de raisons. On en a déjà parlé ici. Je ne reviens pas.
17:48Sur le chômage, à aujourd'hui, on a l'impression que le marché de l'emploi résiste bien.
17:54Et donc les deux éléments ensemble viennent justifier le fait qu'il y ait de la prudence du côté de la Fed.
18:01Je voudrais juste faire remarquer une chose sur le marché de l'emploi.
18:05Le marché de l'emploi, sur les deux dernières années, 80 % des emplois créés, ça a été soit dans les administrations,
18:14soit dans un certain nombre de services, santé, services sociaux, qui ne sont pas indépendants des administrations.
18:22Donc en fait, la réalité du marché du travail américain peut nous surprendre.
18:27Et quand je dis ça, derrière la surprise qu'on peut avoir sur le marché du travail, on peut avoir une surprise sur la croissance américaine.
18:35Dire qu'on fera 2,5 % de croissance cette année, le consensus doit être à peu près à cela,
18:39je pense que c'est voir les choses un peu haut sans qu'une révision à la baisse de la croissance
18:45ait facilement, naturellement, une implication en termes de ralentissement de l'inflation.
18:51Tout ça n'est pas très clair.
18:53Donc pour revenir après au deuxième élément, le guidage prospectif,
18:59en fait, il serait bien pour les marchés, dans l'environnement de politique économique côté Maison Blanche qu'on a décrit,
19:07qu'on ait un peu de vue, non pas de moyen terme, mais quittez la data dependency que l'on a aujourd'hui,
19:16pour avoir un petit peu de guidage, qu'on sache où on est.
19:19Est-ce que la Fed va être capable de le faire, tel que je viens de décrire le couple croissance-inflation ?
19:24Ils vont essayer, mais je doute qu'ils ne réussissent.
19:27Donc en fait, ça va être compliqué à ce double niveau.
19:30Est-ce qu'on aura de la clarté au niveau du troisième niveau, la relation avec l'exécutif ?
19:37On aura de la clarté si l'administration accepte de laisser tranquille la Fed
19:44et que les messages passent en sous-main au lieu de passer dans le Washington Post.
19:49Mais ça, on n'en s'effiche rien, parce qu'une fois encore, on vient se heurter à la personnalité de Donald Trump.
19:56Qu'est-ce qui est capable de le contrôler le jour où les chiffres d'activité seront moins bons ?
20:01Et c'est une hypothèse qu'on ne doit pas exclure.
20:04Les surprises économiques sont de moins en moins bonnes en ce moment aux États-Unis.
20:08Moi, je parierais sur des révisions à la baisse des chiffres de la croissance.
20:13Si on n'a pas en même temps des révisions à la baisse de l'inflation, on voit bien que Donald Trump va se mettre à tonner
20:20et que la Fed aura du mal à répondre pour des raisons à la fois de statut
20:25– je suis indépendant – et puis pour des raisons de réalité de l'économie américaine.
20:29Et donc, le troisième niveau peut aussi être compliqué.
20:33Donc, en fait, aujourd'hui, il y a un scénario.
20:35Voilà, bon, OK, le marché a été braffi, s'est calé sur les projections de la Fed.
20:41Très bien, mais tout ça ne veut pas dire, une fois encore, qu'il y a une lisibilité très bonne.
20:46– Là aussi, sur le marché du travail, et je fais lien avec les politiques de Donald Trump,
20:51un des facteurs qui a expliqué cette croissance exceptionnelle américaine avec ce mouvement de désinflation,
20:58c'est toute l'offre de travail qui a été apportée par les immigrants.
21:02Alors qu'il rentre, évidemment, de manière illégale pour partie sur le territoire américain.
21:07On les compte par millions, quand même, depuis ces dernières années.
21:12J'imagine, là aussi, qu'un renversement des flux migratoires serait vite vu
21:16comme quelque chose de négatif par le marché, Thierry.
21:19– Oui, en particulier dans le secteur de l'immobilier, surtout dans la partie sud des États-Unis.
21:24Je n'ai pas vraiment vu de chiffres, en fait, qui puissent expliquer un petit peu
21:28la relation immobilisation-croissance, mais ce que l'on sait,
21:32c'est qu'effectivement, le rôle reste malgré tout bénéfique.
21:35En ce moment, aux États-Unis, on verra les chiffres…
21:38– Ne serait-ce qu'en termes de main-d'œuvre, et puis en termes de consommation.
21:41Les migrants, tout illégal qu'ils soient, il faut qu'ils se logent et qu'ils consomment, derrière.
21:45– Les chiffres qu'on aura vendredi nous en diront un peu plus.
21:49On est sur un taux de chômage qui devrait stagner sur des niveaux de 4,2.
21:53On est sur à peu près 150 000, je crois, emplois attendus à être créés.
21:57C'est un peu en dessous de ce qu'on a eu les dernières fois,
22:00mais quand vous êtes au-dessus de 100 000, vous absorbez toujours
22:03les quantités de travail nécessaires pour avoir de la croissance.
22:06Donc là-dessus, on n'est pas très inquiets.
22:08Mais il y aura… sur les migrations, il faudra voir un petit peu le résultat.
22:12Là aussi, il faudra juger sur pièce.
22:14Entre ce qu'il dit et la réalité, il faudra voir un petit peu les données qu'on aura.
22:20– Et la Fed, vous la voyez faire plus ou moins de baisse de taux cette année ?
22:25– J'ai coutume de dire que la Fed, elle fera ce qu'il faut faire.
22:28Ça ne sert à rien. L'année dernière, en décembre dernier,
22:31on disait 6 baisses de taux, on en a eu 2.
22:33On parlait de ralentissement, récession, on appelait ça comme vous voulez,
22:36il n'y en a pas eu.
22:37Donc c'est compliqué dans les marchés d'avoir des visions,
22:40en ce moment encore plus qu'à d'autres moments,
22:42sur des durées aussi lointaines de 12 mois.
22:44Vous savez qu'on a pour coutume dans nos métiers
22:46de vouloir se réunir en janvier et définir un plan pour l'année.
22:49– Un plan !
22:50– Non, ça, ça ne me paraît pas réalisable.
22:53Je crois qu'elle sera au rendez-vous.
22:55Nous, on a une vision, on avait le point de ce début d'année avec nos stratégistes,
22:59on a une vision un peu sur les 2-3 prochains mois.
23:01Déjà, si ça se réalise, ça sera bien.
23:03Sur une espèce d'élargissement, entre guillemets, du marché.
23:07Alors, je m'explique.
23:08En gros, l'idée c'est de dire, lorsqu'on a eu un mouvement d'excessive concentration,
23:13comme celle qu'on a connu en décembre dernier, par les chiffres,
23:16on a eu 600 points de basse, 6% de surperf,
23:20des large-cap par rapport au l'univers des small et des mid-US.
23:23C'est un phénomène rare.
23:24En l'espace de 20 ans, ça n'est arrivé que durant 1% des séances ouvertes aux États-Unis.
23:29Lorsqu'on observe la réaction des marchés dans les mois qui ont suivi ce phénomène,
23:33sur 3 mois, je dis bien sur 3 mois, il n'y a pas au-delà,
23:36on observe un phénomène de rattrapage des small et des mid.
23:40Quand je dis rattrapage, ça ne veut pas dire qu'il faut lâcher les larges.
23:43Donc, les gens me demandent, mais est-ce que vous êtes chez vous,
23:45plutôt vendeur des grosses boîtes tech, ou assimilé, conso discrétionnaire,
23:49enfin, les Tesla, les GAFAM, les Batman, maintenant, comme on les appelle.
23:52La réponse est non, mais c'est un rattrapage des autres.
23:54Et ce phénomène, vous l'avez vécu juste après l'élection de Trump,
23:57l'élargissement, le broadening du marché.
24:00Ça a duré 2 semaines.
24:01Oui, mais vous l'avez vu pendant cet été, ça a duré un peu plus d'un mois.
24:06Et il y a eu globalement, il y a des titres, il y a des tas de titres qui ont attrapé.
24:10On a évoqué le cas tout à l'heure des fortes hausses de l'année 24.
24:12Il n'y a pas que de la tech, il y a d'autres noms.
24:14Après, pendant l'été, Nvidia perd 20-30% à un moment, si je ne dis pas de bêtises.
24:19Elle perd aux alentours de 15, peut-être un peu plus.
24:23C'est typiquement le genre de titre qui...
24:26Je pense qu'il ne faut pas chercher à travailler en trading Nvidia.
24:28Ou vous êtes convaincu par l'idée.
24:30Et la pire des choses, c'est de prendre, comme on dit, les portes de saloon.
24:33C'est-à-dire, en fait, vous la vendez au mauvais moment,
24:35vous la rachetez au mauvais moment.
24:36Si vous êtes convaincu, moi j'en suis,
24:38jamais je ne m'amuserai si je reste investi sur le titre.
24:41Et Dieu sait s'il y a des discussions sur la valorisation du titre.
24:44Mais élargissement du marché, ça peut être une stratégie valable,
24:47au moins pour quelques temps, pour quelques semaines, quelques mois, là, vous dites.
24:50Oui, je vous disais, sur une durée de 2-3 mois, voilà.
24:52Et la dernière fois où on a eu ça, c'était en fait en 2023.
24:55Vous vous souvenez, lorsqu'il y avait le débat sur le déficit budget...
24:58Enfin, non, sur le financement du budget américain.
25:02Et avant qu'on vote, au niveau du Congrès américain,
25:05la levée de 800 milliards de dollars,
25:07on a eu ce même phénomène, et ça avait duré quelques mois aussi.
25:10Donc ça, c'était un phénomène, encore une fois, à 2-3 mois.
25:13L'idée d'un rattrapage, d'une reconvergence, ça vous parle aussi ?
25:16Adrien, est-ce qu'on peut avoir un rattrapage de cette partie du marché qui n'a rien fait,
25:21avec le maintien, j'allais dire, de ces quelques stars au niveau actuel ?
25:27Enfin, je veux dire, c'est vraiment le scénario idéal
25:29où on se dirait les Batman, comme vous dites, ne baissent pas,
25:32mais le reste du marché remonte, quoi.
25:34Oui, on aimerait y croire.
25:36Après, d'un point de vue saisonnalité, c'est vrai que c'est souvent le bon moment.
25:38Au début de l'année, on a toujours plutôt un effet de rattrapage
25:40avec les retards de la Terre l'année précédente qui reprennent un peu d'élan.
25:44Moi, je pense que tout ça restera quand même assez conditionné sur le scénario de taux.
25:47Et effectivement, si l'hypothèse d'un 10 ans américain
25:51qui a plutôt tendance à continuer à grimper à les 5%
25:54plutôt que de retracer vers les 4%,
25:57j'ai du mal à voir cet élargissement être durable
26:00et emmener plus largement la cote américaine.
26:03Sur 2024, la cote américaine n'a pas rien fait.
26:05C'est-à-dire qu'il n'y a pas non plus que les 7% versus le reste.
26:07Les 7% ont vraiment très bien performé,
26:08mais le S&P, quoi l'outil, finit quand même à plus 11% ou 12%, si je ne dis pas de bêtises.
26:12Donc, ce n'est pas non plus un écart aussi marqué que ce qu'on avait vécu en 2023
26:16où là, c'était quasiment à zéro versus le reste.
26:18Pour aller dans le sens d'Indrien,
26:20je précise que notre scénario de l'élargissement du marché
26:23ne fonctionnera que si le taux de 10 ans baisse.
26:26Si on part vers 5, ça ne sera pas le cas.
26:29Nous, on ne voit pas de raison aujourd'hui, en janvier 25,
26:33de penser que ce qu'on observe depuis trois ans,
26:35c'est chaque fois que vous allez chercher la limite haute sur le taux de 10 ans
26:38à 4,70 ou 5, derrière, clac, ça rebaisse.
26:41Donc, c'est un peu notre pari.
26:43On verra si les prochains mois nous donnent raison.
26:45Mais si les chiffres macro continuent à être mauvais,
26:48vous allez avoir de nouveau le discours d'accélération ou possible récession,
26:52d'étendre sur les taux longs,
26:54et vous allez avoir ce phénomène de, j'ose pas dire de rotation,
26:57mais d'élargissement de la cote.
26:59– Hervé nous disait, on est peut-être dans une année
27:01où on révisera plutôt à la baisse le consensus de la croissance américaine
27:05quand il n'a cessé d'être révisé à la hausse tout au long de 2024,
27:08à l'inverse du reste du monde.
27:10Justement, regardons le reste du monde.
27:12Où est-ce que l'Europe peut surprendre sur le plan macro-économique cette année, Hervé ?
27:17– Je crois qu'elle ne surprendra pas sur le plan macro-économique
27:21parce qu'il me semble qu'on est face tout de même à des blocages politiques
27:28qui vont avoir des implications économiques dans les deux grandes économies.
27:33Et je ne vois pas le relais qui pourrait être pris par les autres
27:38ou je ne vois pas bien l'initiative de politique économique
27:41qui permettrait de passer outre à tout ça en France.
27:45– Sans la France et l'Allemagne, c'est ça.
27:47– France et Allemagne.
27:49En France, il ne va rien se passer au cours du premier semestre, très vraisemblablement.
27:55On aura un budget, oui. Quand sera-t-il ? On n'en sait rien.
28:01Et je pense que, vu la faiblesse de la croissance économique,
28:05il faut qu'on arrive à quantifier correctement le redressement des comptes publics
28:12que notre faiblesse économique permet de supporter.
28:15– Et le message d'Éric Lombard, de ce point de vue-là, il semble correct ?
28:20C'est de la bonne économie politique ?
28:22De dire qu'il ne faut pas trop resserrer le déficit en 2025 ?
28:26Aller sous 5% ce serait une erreur ?
28:29– Moi je pense que, oui, aller sous 5% ce serait une erreur.
28:33Moi j'aurais envie de dire, si on fait des petits calculs,
28:35que resserrer de plus de 0,5 points de produits intérieurs,
28:40c'est prendre un risque avec une croissance qui, excentée, est faible.
28:45Et en fait, on retrouvera peut-être une visibilité
28:48qui permettra de reprendre des décisions d'investissement, d'achat de biens durables,
28:54peut-être sur la seconde partie de l'année.
28:56Mais en fait, ça fait qu'en moyenne annuelle, la croissance économique,
29:00elle ne sera pas autour de 1%, un petit 1%.
29:03Elle a de fortes chances d'être en dessous de cela, 0,5 peut-être inférieur.
29:09En Allemagne, on va avoir des élections en février.
29:12Combien de temps va-t-on prendre pour former une coalition en Allemagne ?
29:18Alors il y a l'hypothèque de l'AFD, quel sera son score ?
29:22Qu'est-ce que cela implique derrière ?
29:24Donc en fait, on va être gelé, peut-être pas aussi longtemps en Allemagne qu'en France,
29:29mais quand même sur un temps relativement long,
29:32dans un contexte où, en plus, en Allemagne, il y a à réfléchir sur le nouveau modèle économique.
29:37Donc même au lendemain des élections, au lendemain de la formation de la coalition,
29:42on restera face à cette question.
29:44Donc à ce titre-là, ça ne peut pas être bon.
29:48Est-ce qu'on peut avoir une espèce d'initiative heureuse de la Commission
29:53qui dirait, ben voilà, allons-y pour un grand emprunt,
29:56allons-y, nous allons faire des investissements dans la transition énergétique,
30:00dans la défense, qui redonnerait un coup d'ardeur à la croissance européenne ?
30:05Je pense que les équilibres politiques au Parlement européen ne le permettent pas.
30:11On a certes une majorité classique, centre-gauche, centre-centre-droite,
30:16mais on sait aussi qu'on a immédiatement une majorité alternative droite et puis droite musclée.
30:23Et avec ce que l'on voit en Autriche, où on aura peut-être un Premier ministre de droite musclée demain,
30:30avec l'Italie, Madame Mélanie est très forte à comprendre les rapports de force.
30:37Tant que le centre de gravité européen était au centre,
30:42elle s'est rapprochée du centre avec une majorité alternative au Parlement européen,
30:50avec de nouveaux gouvernements en Europe droite musclée, avec l'ombre de l'administration Trump.
30:57Quelle sera la position de Madame Mélanie demain ? On n'en sait rien.
31:01Donc j'ai l'impression qu'au niveau du Parlement européen,
31:05on va avoir des dissensions entre les deux majorités possibles.
31:09Bref, tout ça pour dire que la politique va nous geler une partie de l'économie,
31:14en sachant qu'en plus, nous autres européens, on va avoir du mal à lire, parce que c'est illisible, la politique de Donald Trump.
31:22Et donc ça va nous geler encore plus.
31:25Est-ce que ça va geler la BCE aussi dans sa capacité d'action, Hervé ?
31:29La BCE, moi j'ai envie de le dire comme cela.
31:34Elle a un mandat avec un objectif premier qui est la lutte contre l'inflation.
31:41Implicitement, aujourd'hui, elle a un peu abandonné la lutte contre l'inflation.
31:46Elle a une posture qui est de dire, c'est sûr, l'inflation revient à 2%,
31:51avec des services qui sont à 4% et qui sont incompatibles avec le retour durable de l'inflation à 2%.
32:00Elle nous dit que ces modèles nous assurent peut-être qu'elle a raison et que je me trompe.
32:05Mais si on considère que le monde aujourd'hui empêche dans nos économies,
32:12États-Unis, Royaume-Uni, zone euro, Canada, un retour durable de l'inflation à 2%,
32:18dans ce cas-là, dire qu'on va avoir plein de baisses encore et qu'on va aller à 2% sur le taux de dépôt de la BCE,
32:27voire en dessous, ça veut dire que c'est l'emploi, l'économie qui est mis en avant par rapport au prix.
32:37C'est comme ça qu'il faut lire.
32:39Et donc, à ce titre-là, on a envie de dire qu'il serait en logique interne de la BCE
32:48de dire qu'aller beaucoup en dessous de 3%, c'est compliqué avec l'inflation telle qu'on peut la voir aujourd'hui.
32:54Par contre, si on dit qu'il y a un peu un changement de façon de faire à la BCE,
32:59dans ce cas-là, le 2% ou en dessous de 2% est possible.
33:03Quelles sont les manières d'investir dans les actions européennes en 2025 ?
33:08Par quel bout on prend l'histoire, Adrien ?
33:10Parce que c'est vrai que c'est un terrain d'investissement qui a été complètement délaissé,
33:14au profit notamment des États-Unis.
33:17J'imagine quand même qu'il y a toujours des solutions et des manières d'investir dans les actions européennes.
33:23Quelle est un peu la grille, la méthode que vous avez en tête de ce point de vue-là ?
33:30Et est-ce que dans cette idée-là, il faut compter sur la BCE et des baisses de taux ?
33:34Est-ce que des baisses de taux de la BCE, ça fait partie du plan et d'un plan de stratégie d'investissement pour 2025 ?
33:40Pas tant que ça. En tout cas, la façon dont on réfléchit à 2025,
33:43on n'a pas effectivement, j'allais dire, regardé spécifiquement des secteurs
33:46qui bénéficieraient à court et moyen terme de la baisse de taux.
33:48En se disant peut-être que d'ailleurs, les 10 ans, il y aura certainement une quantification de la cour,
33:52peut-être que les taux longs n'ont pas raison de fondamentalement beaucoup bouger, premier élément.
33:56Ce qui est quand même les taux les plus pertinents en termes de financement pour les actifs à duration longue.
34:01Donc peut-être ça a moins d'impact que ce que peut avoir la discussion autour des taux courts.
34:05On a toujours tendance à privilégier, ce qui a plutôt été un bon choix en 2024,
34:09toutes les entreprises qui sont bien positionnées sur le marché américain,
34:13soit qui n'ont pas de concurrents, soit qui ont la capacité à produire localement.
34:16Donc quelques choix, c'est-à-dire le scénario vis-à-vis des tarifs douaniers qui ont la capacité à s'adapter.
34:21On a quand même beaucoup d'acteurs français, européens très bien positionnés aux Etats-Unis,
34:26notamment dans tous les enjeux de centres de données où il y a des belles entreprises européennes.
34:30Toute l'industrie liée à l'activité chinoise, c'est une question clairement pour 2025.
34:36C'est dans quelle mesure cette volonté de relance aura ou pas un effet positif sur la demande de biens durables venus d'Europe.
34:43Ça semble compliqué à affirmer.
34:45Où l'objectif est quand même avant tout côté chinois de favoriser la consommation locale, les industries locales.
34:50Donc la question est clairement ouverte.
34:53Après il y a toujours quand même un vivier d'innovation en Europe dans certains secteurs
34:57sur lesquels on a un autre mot à dire à l'échelle internationale.
35:00C'est plutôt ces valeurs-là qu'on a envie d'accompagner.
35:02On peut trouver de la belle croissance à moindre prix par rapport à ce qu'on paye aux Etats-Unis,
35:06par exemple dans des secteurs équivalents, avec des perspectives équivalentes.
35:11Est-ce qu'on trouve des entreprises d'aussi bonne qualité ?
35:14Les décotes ne sont pas si évidentes que ça.
35:16Je parle des entreprises qui sont aussi bien positionnées que les connecteurs américains.
35:19Quand on prend vraiment des paires pertinentes sur des secteurs...
35:23Je vais regarder dans les grandes capitalisations.
35:25Mais pour acheter de l'air électrique par rapport à Train et Mercer,
35:28les décotes d'évaluation ne sont pas particulièrement évidentes.
35:31Il y a eu un peu aussi un effet d'entonnoir sur ces quelques valeurs en Europe
35:34où les géants européens s'en restaient un petit peu.
35:36Je pensais à Lili Novo par exemple, où là on a quand même des écarts de paie importants.
35:40Oui mais vous voyez qu'il y a un sujet d'innovation
35:42où le dernier produit de Novo est visiblement un peu moins bon que celui de Lili.
35:45Je ne trouve pas que ce soit aussi évident que ça.
35:48Peut-être que si on descend en taille des capitalisations,
35:50il y a des écarts de valorisation qui sont un peu plus marqués,
35:52mais qui sont liés aussi à des questions sur les capacités de financement de ces entreprises-là
35:55et leur dépendance ou pas, ou questions par rapport à l'enjeu de barrière douanière.
35:58Je trouve que le secteur de l'équipement médical est assez intéressant.
36:01Là en Europe, on a souvent des leaders ou des vrais savoir-faire.
36:04Ça a beaucoup été pénalisé par une vague de déstockage
36:06qui a duré, duré, duré depuis le Covid.
36:08Visiblement, ce sont des secteurs qui ne seraient pas trop concernés
36:11par les sujets de barrière douanière.
36:12Là, il y a peut-être des entreprises et des savoir-faire intéressants,
36:15mais toujours avec un prisme de croissance mondiale
36:17qui s'accroche à autre chose que le périmètre européen
36:20parce qu'effectivement, on a du mal à voir
36:22ce qui va générer de la croissance en Europe de manière durable
36:25dans les trois, quatre prochaines années.
36:26Les boîtes les plus européennes, les plus ouvertes sur le reste du monde.
36:29C'est ça qui compte aujourd'hui pour l'investisseur.
36:32Sur le terrain américain, je reviens à ce que vous disiez tout à l'heure.
36:35Hervé, l'idée quand même, sur quelques mots au moins,
36:38c'est d'être assez domestique.
36:40C'est ça ?
36:41Oui, en quelque sorte, c'est un peu en relatif.
36:45C'est-à-dire qu'en fait, c'est resté exposé un petit peu sur cet univers
36:48de la thématique de l'IA.
36:50Et on sait que dans ce secteur, il y a eu des performances très disparates.
36:54Nvidia a monté 160%.
36:57Oui.
36:58Le reste du secteur des semi-conducteurs n'a pas connu tout à fait le même parcours
37:01ces derniers mois.
37:02L'IA, ça a commencé à démarrer début 2023.
37:04La première thématique, c'était le jeu par le prisme des semis.
37:07Nous, ce qu'on a essayé de pousser chez Raymond James depuis six mois,
37:10c'est de l'appréhender par la thématique des boîtes de logiciels.
37:13Il y a maintenant toutes les boîtes de networking, de réseau.
37:16Je pense à des Cisco, je pense à des Oracle,
37:18à des noms comme ça, comme Marvel Tech ou autres.
37:20Donc, il y a toute une espèce d'écosystème
37:23où on peut l'appréhender de différentes manières.
37:25Mais au sein même de cet univers,
37:27il y a beaucoup de monde qui a voulu jouer la thématique de l'IA.
37:30Alors, en Europe, les gens jouent à ASML.
37:32Mais vous avez AMD, par exemple,
37:34qui a été presque un accident industriel.
37:36C'est une très mauvaise idée
37:38parce qu'on n'osait pas aller acheter NVIDIA au prétexte de la valorisation.
37:41Donc, on allait chercher le deuxième de la classe
37:43en disant que si le premier marche, le deuxième marchera.
37:45Ça ne marche pas comme ça.
37:47C'est pour ça qu'on est vraiment dans un marché de stock picking.
37:49Et même sur le point de vue technologique,
37:51AMD est encore à des longueurs derrière NVIDIA.
37:54Il n'y a même pas l'idée qu'AMD pourrait demain, dans une perspective...
37:57Si, ils pourraient.
37:59Quand je lis les notes de nos analyses sur AMD,
38:01très clairement, les processeurs Blackwell
38:04qui sortent maintenant,
38:06et on verra ce que déclare le CEO de NVIDIA ce soir
38:09sur les intentions de vente qu'on va avoir sur 2025,
38:12ils sont en avance.
38:14Mais ça se renouvelle de manière constante.
38:16Est-ce qu'AMD va arriver avec un produit qui va passer devant ?
38:19C'est compliqué à dire.
38:21Mais c'est pour ça qu'une manière, je pense,
38:23de l'appréhender de l'IA,
38:25c'est d'écliner tous les acteurs d'une chaîne de valeur
38:27entre les semis, les logiciels, les boîtes de réseau, etc.
38:30Les data centers, on les a évoqués tout à l'heure.
38:33C'est plutôt comme ça que je l'appréhenderai,
38:35en essayant de trouver le premier de la classe à chaque fois.
38:38Et au-delà de l'IA et de la tech, alors ?
38:40Il y a beaucoup de valeurs qui ont très bien tenu aux Etats-Unis.
38:44Les gens ne parlent pour beaucoup que des magnifiques 7,
38:47mais dans la console,
38:49vous avez un numéro américain, AutoZone,
38:52qui a très bien marché, c'est des pièces d'étage automobile.
38:54On a parlé à l'instant des équipes antimédicaux.
38:56Vous avez des sociétés comme Boston Scientific
38:58qui ont fait un gros parcours.
39:01On peut trouver dans l'assurance.
39:05C'est un thème que j'essaie de pousser auprès de nos clients.
39:08J'ai eu peu d'échos, mais l'assurance est assez...
39:10C'est moins vendeur qu'IA ?
39:12Je ne peux pas expliquer.
39:14L'assurance n'est pas sexy.
39:16Pour leur parler d'acteurs qui ont très bien marché,
39:19que ce soit chez les courtiers,
39:21dans l'assurance de biens civils, Progressive ou autres,
39:25ça a très bien marché.
39:27Les gens vous écoutent poliment,
39:29mais ils ont du mal à y aller.
39:31Le biais d'appréhender les financiers aux Etats-Unis,
39:33c'est via les banques.
39:35On sait que c'est un secteur qui devrait bénéficier
39:37de la déréglementation de Trump.
39:39On verra.
39:41Est-ce qu'il faut le jouer par le prix des grandes banques
39:43avec 7 ou 8 aux Etats-Unis au grand maximum ?
39:45Le reste, vous tombez directement sur un univers
39:47qui est très basse.
39:49Il y a près de 3000 banques aux Etats-Unis.
39:51C'est énorme.
39:53Il y a de quoi faire.
39:55Ce que j'aime dans le marché américain,
39:57c'est qu'il y a une longueur de marché extraordinaire.
40:01Pour un investisseur en dollars américain,
40:03le premier mouvement de 2025,
40:05c'est de regarder ce qu'il y a à faire
40:07dans la cote américaine,
40:09même si elle a déjà largement surperformé
40:11sur le plan indiciel,
40:13plutôt que de se demander
40:15si on investissait en Europe,
40:17en Chine ou ailleurs.
40:19Ce n'est pas la question
40:21qui se pose aujourd'hui
40:23pour un investisseur américain.
40:25Je ne sais pas si je réponds à votre question,
40:27mais je pense qu'en ce début d'année,
40:29le choix que je ferais,
40:31c'est d'aller sur un indice SPY,
40:33plutôt que...
40:35Je le décorelle du fait du poids des magnifiques 7.
40:37Ça ne veut pas dire que je ne les aime pas.
40:39En relatif, je pense que j'ai moins à prendre.
40:41Il reste à savoir après
40:43sur quelle thématique on investit.
40:45Là, il faut descendre sur la cote du marché.
40:49À ce niveau de faiblesse de l'euro,
40:51de valorisation des cartes,
40:53est-ce que l'investisseur pragmatique mondial
40:55peut quand même...
40:57Ça dépend de son horizon de temps.
40:59C'est la réalité.
41:01Oui, facilement,
41:03on est sous un écart-type
41:05en dessous de la moyenne historique
41:07sur les actions européennes,
41:09mais c'est quoi le catalyseur à court et moyen terme ?
41:11On parlait des élections allemandes.
41:13Il y a eu un scénario où on s'est dit
41:15est-ce que Merck va réussir à construire quelque chose
41:17et remettre en cause l'héritage Merkel ?
41:19Je pense que c'est une hypothèse
41:21On l'a vu.
41:23Est-ce que la fin du conflit entre l'Ukraine et la Russie
41:25pourrait être un moteur de retour d'appétit
41:27pour le risque en Europe ?
41:29C'est peut-être une question qui peut être intéressante.
41:31Est-ce qu'un trempe, moins agressif d'un point de vue de tarif
41:33sur un driver ?
41:35Oui, clairement.
41:37Ça pourrait être un moteur de performance
41:39d'élections européennes et d'intérêt.
41:41Ça a été une hypothèse aujourd'hui.
41:43Valorisation, ce n'est jamais un très bon critère de risque.
41:45Non, je sais.
41:47Mais à force...
41:49Beaucoup de pessimisme.
41:51Même sans aller jusqu'à une situation
41:53peut-être un peu plus complète que l'orbre.
41:55Regardez le Japon.
41:57Le Japon sous-performe nettement depuis 3-4 mois
41:59alors que c'est un pays qui, d'un point de vue
42:01barrière douanière ou géopolitique
42:03est plutôt dans l'arc industriel américain.
42:05Il y a certainement là aussi des choses à faire
42:07alors que c'est un marché qui est extrêmement sous-performé.
42:09Hervé, pour conclure.
42:11Sur la Chine, qu'est-ce que vous attendez
42:13de la Chine en 2025
42:15qui continue de décevoir les marchés ?
42:17On a vu le très mauvais démarrage
42:19des marchés chinois sur ces quelques premières séances
42:21de l'année 2025.
42:23Je pense que la Chine est face
42:25à un problème structurel grave
42:27de surinvestissement,
42:29de surendettement.
42:31Mais il s'est passé quelque chose de très important
42:33en Chine pendant les vacances.
42:35La politique monétaire chinoise
42:37c'était une politique monétaire
42:39qui n'était pas gérée
42:41par les taux d'intérêt mais gérée
42:43par la quantité de monnaie
42:45qu'on injectait dans l'économie.
42:47En toute discrétion,
42:49pendant les vacances de Noël
42:51de l'Occident,
42:53on a changé les choses.
42:55Maintenant, on nous dit
42:57la politique monétaire chinoise,
42:59premier instrument,
43:01les taux d'intérêt. Pourquoi ?
43:03Parce qu'injecter de la liquidité
43:05c'est finalement participer
43:07à cette construction de dettes
43:09alors qu'on a envie de réduire
43:11le stock de dettes.
43:13On se dit qu'en ayant des taux d'intérêt
43:15plus bas,
43:17c'est peut-être ce qui va se permettre
43:19de faire repartir
43:21plus fortement l'économie
43:23sans ajouter des stocks de dettes
43:25à un niveau déjà trop élevé.
43:27Intellectuellement, ça se comprend bien
43:29sauf que les taux d'intérêt sont déjà
43:31assez bas.
43:37C'est un vrai changement
43:39qui est important en tant que tel
43:41qui dit beaucoup, tout de même,
43:43sur le regard,
43:45à mon avis,
43:47plus crédible que les autorités
43:49portent à l'état de l'économie.
43:51Mais acceptons alors
43:53l'idée que l'état de l'économie
43:55n'est vraiment pas bon. Après,
43:57en termes boursiers, il faudrait
43:59qu'il y ait un autre pas
44:01en avant de fait, c'est-à-dire
44:03de rendre des degrés
44:05de liberté au secteur privé chinois.
44:07Est-ce qu'aujourd'hui
44:09l'administration Xi est capable
44:11de le faire ? J'ai envie de dire non,
44:13mais on verra bien.
44:15Un taux à moins de 1,60%
44:17aujourd'hui, avec une baisse qui s'est accélérée
44:19sur la fin de l'année 2024.
44:21C'est presque suisse.
44:23J'allais dire japonais, mais
44:25pas encore, tout à fait. Sur le 30 ans,
44:27je crois que c'est assez équivalent entre
44:29Chine et Japon sur les obligations
44:31d'état à 30 ans. Merci beaucoup, messieurs,
44:33d'avoir été les premiers invités de cette année 2025
44:35dans Smart Bourse, sur BeSmart for Change.
44:37Hervé Goulet-Deker, Accuracy.
44:39Thierry Guil, Raymond James France.
44:41Et Adrien Dumas, Mandarine Gestion.