Guillaume Kasbarian veut remettre de la vie dans nos villages en facilitant la réouverture des bistrots et cafés : sa proposition de loi est débattue à l'Assemblée ce lundi. Regardez l'interview du député Ensemble pour la République d'Eure et Loire.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin du 10 mars 2025.
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00:00RTL, au cœur de l'actu.
00:04C'est au cœur des préoccupations de nombreux petits villages.
00:07Comment redonner de la vie quand les services et la plupart des commerces ont disparu ?
00:11La proposition de loi visant à faciliter l'ouverture des bistrots dans les campagnes
00:15est débattue cet après-midi à l'Assemblée après avoir été adoptée en commission la semaine dernière.
00:19Et c'est vous qui portez ce texte, Guillaume Casbarian. Bonjour.
00:23Bonjour.
00:24Député Ensemble pour la République de Rélois.
00:26Alors, il faut juste redonner ces chiffres pour bien comprendre de quoi on parle.
00:29Il y avait 200 000 bistrots en France en 1960.
00:34Il y en a 40 000 aujourd'hui.
00:36Et pour vous, la relance, elle passe par l'assouplissement des règles
00:39pour obtenir la fameuse licence 4 qui est indispensable pour vendre tous les types d'alcool.
00:44Pour vous, il faut commencer par ça.
00:47Alors, il y a plein de facteurs qui peuvent expliquer, bien sûr,
00:49la diminution du nombre de bars, de bistrots dans notre pays.
00:52En réalité, le modèle économique est d'ailleurs probablement la principale difficulté.
00:56Essayer de trouver quelque chose qui tourne et qui permet de se payer
00:59quand on ouvre et quand on tient ce type d'établissement.
01:01Néanmoins, dans le modèle économique, il y a la question de la licence.
01:04Si vous n'avez pas de licence 4, vous ne pouvez pas servir d'alcool au-dessus de 18 degrés.
01:09Or, c'est ce type de consommation qui permet notamment de faire un petit peu de marge,
01:15de mettre un peu de beurre dans les épinards
01:17et qui permet d'équilibrer un modèle multiservice
01:20dans lequel vous pouvez aussi vendre du tabac, de la presse,
01:23éventuellement faire de la livraison de colis,
01:25éventuellement avoir une petite épicerie de produits locaux,
01:28éventuellement avoir le PMU.
01:30Et donc, c'est une multitude en réalité de services que rendent les bars dans la ruralité.
01:36Quand on a la chance d'avoir ce type de commerce-là,
01:38c'est une vraie possibilité de socialisation, de se rencontrer, de se retrouver.
01:41Donc, la licence 4 est un des éléments et nous souhaitons la faciliter
01:45puisqu'aujourd'hui, il est interdit de créer de nouvelles licences 4.
01:48C'est-à-dire que si vous êtes dans un village où il n'y a strictement rien,
01:51il n'y a pas de commerce, il n'y a pas de bar,
01:52eh bien, il est impossible aujourd'hui de créer une nouvelle licence.
01:55Il faut attendre un transfert qui est hypothétique, qui coûte cher.
01:59Un transfert, ça veut dire qu'il faut attendre qu'un bar ferme pour obtenir la fameuse licence 4 ?
02:05Exactement. Moyenne en finances.
02:07Ce qui dégrade encore plus le modèle économique.
02:09Et donc, c'est ça la difficulté.
02:10C'est que vous voulez vous lancer dans un bar dans votre village où il n'y a rien,
02:14vous devez attendre qu'un autre fasse faillite ailleurs dans le département
02:17et lui racheter plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d'euros,
02:20ce qui vous fait déjà partir avec un handicap financier dans votre modèle.
02:24Et tous ceux que nous avons interrogés dans nos auditions nous disent bien que
02:27s'ils n'avaient pas eu la licence 4, ils n'auraient pas lancé le projet.
02:30Parce qu'encore une fois, cela fait partie de la diversité des services.
02:33Et quand on n'a pas la licence 4, c'est un vrai handicap pour avoir quelque chose qui tourne.
02:37Voilà donc l'esprit très simple de cette proposition de loi.
02:39Permettre dans les communes de moins de 3500 habitants,
02:42où il n'y a aujourd'hui plus rien, de pouvoir recréer des licences
02:46pour pouvoir opérer et avoir un bar qui fait multiservices dans le village.
02:50Quand vous dites où il n'y a rien, c'est quand il n'y a même plus une boulangerie ?
02:53C'est-à-dire plus de licence 4.
02:55Et donc plus de bar, plus d'établissement type bar, troquet, bistrot.
02:59C'est-à-dire quand vous êtes dans un village de moins de 3500 habitants
03:01et qu'il n'y a plus aucun bar, bistrot, troquet,
03:03alors la loi vous permet, grâce à ce que nous proposons, de recréer de la licence.
03:08Il y avait une loi en 2019 qui avait permis ça déjà,
03:10de créer une licence sans transfert pour les communes de moins de 3500 habitants.
03:15Mais ça avait été une loi provisoire, elle avait duré 3 ans.
03:17Est-ce qu'on a un retour d'expérience ?
03:19Ça avait créé un appel d'air ? Il y a eu plus de bistrots ?
03:21Alors, ça a été une loi effectivement qui a été expérimentée en 2019.
03:25Elle a fonctionné puisqu'elle a permis de créer 130 établissements en France
03:29dans des petits villages qui étaient dépourvus de bars et de bistrots.
03:32Néanmoins, elle s'est déroulée dans une période qui était compliquée,
03:34comme vous vous rappelez, c'était la Covid.
03:36Ce n'était pas la période la plus propice à la création d'établissements de bars et de commerce.
03:42Donc elle est partielle, cette expérimentation, elle a été trop courte,
03:45elle a été partielle et c'est pourquoi nous souhaitons aujourd'hui la pérenniser
03:49pour permettre à des établissements de main de se créer dans des villages
03:53qui encore une fois aujourd'hui sont très désertifiés.
03:55Guillaume Casque-Barriant, ça n'est qu'une question de frein administratif
03:58ou c'est notre mode de vie qui a changé ?
04:00Parce qu'on sait que depuis le Covid et les confinements, les réflexes ont changé.
04:04Alors c'est vrai que les habitudes de consommation ont beaucoup évolué.
04:07D'ailleurs pour l'alcool, puisque certains s'opposent à cette loi,
04:10je rappellerai que pour l'alcool, 80% des volumes d'alcool sont vendus en réalité
04:14dans la grande distribution, dans les supermarchés.
04:16Néanmoins, aujourd'hui quand on recrée ce type d'établissement,
04:19comme il y a plein de services associés, vous y retrouvez votre compte.
04:22Ce sont des espaces où on aime s'y retrouver à nouveau
04:25parce qu'on peut y faire plein de choses, de la petite épicerie,
04:27boire un café, boire un apéro, lire la presse, acheter son tabac,
04:32jouer au PMU, jouer aux fléchettes, éventuellement privatiser
04:35pour des événements type anniversaire, etc.
04:37Donc c'est devenu des vrais lieux de socialisation dans la ruralité
04:40et donc c'est une vraie chance d'en avoir un.
04:42On a un auditeur qui a monté un bar en Seine-et-Marne je crois
04:45et il nous disait l'autre jour, l'obstacle ce n'est pas tant
04:48l'administratif, c'est le voisinage.
04:51Un bistro ça ferme tard, il peut y avoir du bruit et ça peut faire peur.
04:54Ce n'est pas un problème ça aussi ?
04:55Ça peut être le sujet mais vous savez comme tout artisan
04:58et toute industrie et tout agriculteur dans la ruralité,
05:01ça fait partie du vivre ensemble.
05:02Moi j'ai de nombreuses communes dans ma circonscription
05:04où ce type de conflit de voisinage peut exister.
05:06Ce n'est pas propre en réalité au bistro ou au bar.
05:08Vous avez ce type de tension qui peut exister
05:10quand vous avez un artisan forgeron ou métallier
05:14qui fait un petit peu de bruit quand il a de l'activité.
05:16Ce qu'il faut c'est retrouver du vivre ensemble dans la commune
05:19et essayer de trouver des solutions quand ce type de tensions se produit.
05:22Retrouvons du vivre ensemble et je suis convaincu
05:24que les bars, les bistros, les troquets sont un formidable levier
05:27pour justement se retrouver, recréer de la sociabilisation,
05:30faire vivre notre patrimoine immatériel.
05:32C'est une chance de pouvoir avoir un bistro
05:34et de pouvoir le conserver dans son village.
05:36Merci beaucoup Guillaume Casbarian, député qui portait ce texte
05:40et qui sera débattu cet après-midi à l'Assemblée Nationale.
05:43Bonne journée.
05:44Merci à vous.