Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews
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00:00:00Bonjour à tous et bienvenue à vous pour Midi News, dans quelques instants je vous
00:00:05présente nos invités mais tout d'abord le programme.
00:00:08A la veille de la réunion des chefs d'État-majors européens à Paris, certaines voix se font
00:00:13entendre pour dénoncer ou du moins interroger le ton très martial d'Emmanuel Macron et
00:00:19se demander quelle est la réelle volonté du chef de l'État.
00:00:22On écoutera ce sujet notamment Henri Guaino qui pointe une ivresse du chef de guerre.
00:00:28Et puis ce sont ou ce seraient les forces de sécurité du pouvoir qui s'en sont pris
00:00:32ou se seraient pris aux civils halawites et à la minorité chrétienne en Syrie.
00:00:36C'est l'horreur avec des massacres des halawites chiites par les sunnites proches de Daesh
00:00:41tout comme les où l'a été le président syrien Al-Jolani qui appelle à l'unité mais
00:00:46n'a-t-il pas laissé faire et organiser ses exactions.
00:00:49Et puis en France plus aucune commune ne peut dire que rien de grave ne peut se passer.
00:00:55Vous allez le voir à la suite d'une banale intercassion routière ce qui s'est passé
00:00:58notamment à Tremblay où un groupe d'individus pour se venger est allé tirer une vingtaine
00:01:03de fois sur la maison d'une élue après un différent avec le mari de cette dernière.
00:01:07Vous voyez cette façade criblée de balles et évidemment on peut le comprendre l'inquiétude
00:01:12et l'angoisse des habitants mais tout d'abord il est midi pile, place au journal, bonjour
00:01:17à vous chers sommeil à l'habitude.
00:01:18Bonjour Sonia, bonjour à tous, à la une de l'actualité la colère des policiers
00:01:22de Mantes-la-Jolie.
00:01:23Un guet-apens leur a été tendu cette nuit, les fonctionnaires ont été visés par des
00:01:27mortiers d'artifices, du matériel urbain a également été incendié, un classique
00:01:32depuis 30 ans, c'est désolé, un syndicaliste qui rappelle qu'il y a peu c'est une patinoire
00:01:37qui a été réduite en cendres.
00:01:39A la une également, ouverture du procès de l'enseignante d'Evaël, cette collégienne
00:01:44de 11 ans qui s'était suicidée en juin 2019 dans le Val-d'Oise, l'avocate des
00:01:49parents de la victime espère que l'enseignante mise en cause reconnaîtra sa responsabilité.
00:01:54C'était une enseignante qui avait une méthode propre à elle qui était d'humilier régulièrement
00:02:01les élèves.
00:02:02Elle les humiliait, elle les stigmatisait, elle en choisissait deux ou trois par classe
00:02:06tous les ans dans toutes ses classes et nous avons malheureusement une infinité de témoignages
00:02:12qui évoquent cette humiliation.
00:02:15Nous attendons que la responsabilité de l'enseignante soit établie en termes de harcèlement scolaire.
00:02:22Nous souhaiterions que ça serve d'exemple mais le sujet c'est surtout que cette enseignante
00:02:27réalise qu'elle a commis des erreurs, réalise qu'elle a commis un harcèlement scolaire
00:02:31à l'égard d'Evaël et que ce harcèlement scolaire peut tuer.
00:02:34Et puis à la une de l'actualité internationale, une délégation israélienne attendue à
00:02:40Doha pour des négociations en direct sur la poursuite du cessez-le-feu et à la veille
00:02:44de ces pourparlers, Israël a accentué la pression sur le Hamas en coupant l'unique
00:02:49ligne électrique avec Gaza, un acte qualifié de chantage mesquin et inacceptable par le
00:02:55groupe terroriste.
00:02:56Voilà ce qu'il fallait retenir de l'actualité à midi Sonia.
00:03:00Merci Somaya et en parlant d'internationale, nous allons évidemment évoquer l'horreur,
00:03:04les massacres, les exactions, ce qui s'est passé en Syrie avec ou pas la complicité
00:03:09du pouvoir syrien, c'est la question qui se pose alors que le chef, le nouveau leader
00:03:13syrien, appelle à l'unité et promet des comités pour savoir ce qui s'est passé.
00:03:17Ça c'est au programme avec d'autres sujets également.
00:03:20Je salue sur ce plateau la présence de Naïma M. Fadel, merci d'être là, bonjour à vous
00:03:24chère Naïma.
00:03:25Alexandre Devey que nous accompagne, merci et bonjour à vous.
00:03:28Arthur de Vatrigan est présent avec cette une de l'incorrect sur l'intelligence artificielle
00:03:33de A à Z pour le meilleur et pour le pire.
00:03:37Judith Vintraud, merci de votre présence également, bonjour à vous.
00:03:40Beaucoup de sujets à l'international, permettez-moi de commencer par ce qui se passe en France.
00:03:46Parfois le mot guerre, on l'utilise évidemment à raison compte tenu des foyers de tension
00:03:51un peu partout sur la planète, mais il peut aussi être utilisé malheureusement sur notre
00:03:55sol, eu égard aux armes de guerre qui sont utilisées.
00:03:58Rendez-vous compte, plus aucune commune, on le dit souvent, ne peut affirmer qu'il ne
00:04:03se passera rien de grave à la suite d'une banale altercation routière, car c'est ce
00:04:08qui s'est passé à Tremblay où un groupe d'individus pour se venger, va aller tirer
00:04:13une vingtaine de fois pour se venger, pour faire peur, pour intimider sur le domicile
00:04:18d'une élue.
00:04:19Le groupe d'individus a eu une altercation routière avec le mari de cette élue et vous
00:04:24allez voir cette façade criblée de balles, dans quelques instants on en parlera sur les
00:04:29faits et sur l'enquête avec vous.
00:04:31Sabrina Borlain-Bouillet, merci d'être là et bonjour à vous, mais tout d'abord, les
00:04:36faits, tout ce qui s'est passé, l'angoisse des habitants avec Chloé Tarka.
00:04:39L'image est impressionnante, une façade criblée d'un pacte de balles, une vingtaine
00:04:45au total.
00:04:46Tout a commencé samedi après-midi, vers 15h30 un homme, mari d'une conseillère municipale
00:04:51et son fils, ont une altercation sur la route après un refus de priorité.
00:04:56Mais la tension ne s'arrête pas là, les passagers du véhicule décident de les suivre
00:05:00jusqu'à leur domicile, un pavillon situé à Tremblay en France.
00:05:03Un peu avant 19h, une dizaine d'assaillants encagoulés reviennent sur place, repoussés
00:05:08par les victimes, ils sont de retour deux heures plus tard, cette fois des coups de
00:05:12feu éclatent, alertés les voisins préviennent immédiatement la police.
00:05:16Au lendemain de cette scène de grande violence, les habitants du quartier sont toujours sous
00:05:20le choc.
00:05:21Le problème c'est qu'on se rend compte qu'il y a un manque de sécurité, d'une simple
00:05:25altercation d'un refus de priorité, on peut en arriver.
00:05:28Donc c'est vraiment quand même, ça fait peur de ce côté là.
00:05:31Sur le coup ça m'a fait peur, donc j'étais là, dans la maison aussi, donc elle a éteint
00:05:35les lumières et puis on a attendu que ça se passe, mais on a entendu des cris dehors.
00:05:39Vous avez vu la maison dans l'état où elle est ? Même si c'est des balles qui sont
00:05:43au-dessus, mais ça fait toujours peur.
00:05:45C'était un petit bled, on se dit, petit bled tranquille, ben non, il n'y a plus de petit
00:05:51bled tranquille.
00:05:52Les premières investigations ont permis de procéder rapidement à l'interpellation d'un
00:05:56individu placé en garde à vue dans la foulée.
00:05:59L'enquête a été confiée à la sous-direction de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis.
00:06:03A ce stade, aucun lien n'est établi entre cette attaque et la fonction d'élu de la
00:06:08victime.
00:06:09On va en parler, mais tout d'abord avec vous Sabrina, l'effet, qu'est-ce qu'on sait à
00:06:14l'heure actuelle sur ce groupe d'individus ?
00:06:16Alors selon nos informations, à ce stade, il y a une interpellation confirmée, deux
00:06:20suspects, Mohamed R et Giovanni K, tous les deux ont 21 ans.
00:06:24Mohamed R, lui, est placé en ce moment même en garde à vue.
00:06:28Alors que s'est-il vraiment passé ce samedi après-midi ? C'est un refus de priorité
00:06:32sur la route qui serait l'élément déclencheur de cette fusillade.
00:06:35Il est 15h30 samedi, quand un père et son fils majeur ont un différent sur la route
00:06:41avec les passagers d'un véhicule qui venait de leur refuser la priorité.
00:06:44Les individus les ont alors suivis jusqu'à leur domicile, le père et son fils parviennent
00:06:49à les faire fuir, mais ce ne sera pas suffisant.
00:06:52Ils reviennent trois heures plus tard, c'est une dizaine d'individus, cette fois cagoulés,
00:06:56armés d'un marteau, qui reviennent les menacer devant leur pavillon.
00:07:00Ils sont menaçants, mais finalement prennent la fuite.
00:07:03Et puis à 20h40, la voiture des suspects revient avec à son bord plusieurs occupants.
00:07:08Un individu en sort, il tire une rafale d'arme automatique, possiblement une Kalachnikov,
00:07:14sur la façade de la maison familiale.
00:07:16Quinze impacts de balles sur la façade, 23 douilles sont retrouvées au sol.
00:07:21Dans la maison, lors de la fusillade, se trouvait le père de famille, les deux enfants, la mère de famille,
00:07:26qui par ailleurs est conseillère municipale, attremblée.
00:07:29Celle-ci a été hospitalisée en état de choc.
00:07:32La police judiciaire du 93 a donc pu travailler sur, d'une part, les images de vidéosurveillance
00:07:37de la ville, et puis a retrouvé des témoins qui ont permis d'identifier ces suspects.
00:07:42Concernant celui placé en garde à vue, il est mis en cause pour tentative d'homicide
00:07:46volontaire en bande organisée, et violence volontaire avec arme de catégorie A en Réunion.
00:07:52Arme automatique, comme vous dites, une vingtaine, plus d'une vingtaine de tirs, un refus de
00:07:58priorité, de façon quelle que soit, évidemment, la cause originelle, évidemment, mais pardonnez-moi,
00:08:04jusqu'où il y aura cette escalade de violence et ce stock d'armes immédiatement disponible ?
00:08:09C'est-à-dire que, tout de suite, il est allé pour se venger, pour intimider, quand même,
00:08:14il a eu une arme automatique, probablement une Kalachnikov.
00:08:16Alors, immédiatement disponible, mais encore faut-il avoir le réflexe, pour une altercation
00:08:21routière ou pour quelque cause que ce soit, d'aller prendre une Kalachnikov et de tirer
00:08:26sur une maison.
00:08:28On ne débute pas dans la délinquance à 21 ans, puisque c'est l'âge des deux suspects,
00:08:37en faisant ce genre de choses.
00:08:38Ce que j'aimerais connaître, c'est le cursus, on le saura plus tard, de ces deux
00:08:43individus.
00:08:44Que font des individus qui présentent une telle dangerosité dans la nature ? Qu'est-ce
00:08:49qui leur est arrivé avant ? Le problème du parcours délinquant, depuis très jeune,
00:08:57de nos parents, c'est quelque chose que nous ne connaissons pas.
00:09:00Il y a quand même 100% de chance que ce ne soit pas leur acte premier de délinquance.
00:09:07Ils arrivent encagoulés, visant une maison, il y a quand même toute une famille.
00:09:13Ils le savent, parce que forcément, ils ont laissé le père et l'un des enfants entrer
00:09:17auparavant.
00:09:18Il y avait eu altercation.
00:09:19La maison est occupée.
00:09:20Et ils sont revenus à deux reprises.
00:09:22C'est pour ça que l'homicide est volontaire, en bande organisée, en réunion, parce qu'ils
00:09:28sont plusieurs, d'abord une dizaine, puis après, possiblement moins.
00:09:30Ils sont arrivés armés.
00:09:33Il y a des témoins.
00:09:35Ça, peut-être que c'était une chose qui n'avait pas été anticipée par les suspects.
00:09:39Et des caméras de vidéosurveillance, encore une fois, dans la ville.
00:09:41On ne le dira jamais assez à quel point c'est un outil qui facilite le travail des enquêteurs.
00:09:46Nous serons sur place dans quelques instants avec Régine Delfour.
00:09:48Vous imaginez bien, évidemment, l'angoisse, d'abord, de cette famille, mais aussi des
00:09:51voisins et des proches.
00:09:52Naïma Infanal, dans quel pays un différent routier se règle, par des rafales de kalachnikovs
00:10:02ou d'armes automatiques ?
00:10:03Rappelez-vous que le Président de la République avait parlé de la décivilisation.
00:10:09Le Dr Maurice Berger aussi a parlé de cette décivilisation.
00:10:12On y est complètement, puisqu'il suffit d'un petit différent pour un refus de priorité
00:10:18pour qu'on vous poursuit, parce que, si j'ai bien compris, ils ont été poursuivis.
00:10:22Et puis qu'après, on vienne avec une dizaine de personnes par la suite.
00:10:26Ça veut dire que vous avez un temps de réflexion quand même.
00:10:28Qu'on vienne pour se venger juste parce qu'à un moment, on ne vous a pas laissé
00:10:32la priorité ou parce qu'on vous a dit qu'il fallait nous laisser la priorité.
00:10:35C'est extrêmement inquiétant, c'est extrêmement effrayant.
00:10:38La personne qui a été interrogée, elle dit que c'est un petit bled.
00:10:43Et Tremblay, en France, ce n'est pas un petit bled.
00:10:45Vous avez un quartier prioritaire qui s'appelle Tremblay-Grands Ensembles.
00:10:48Et avec des zones prémionnaires à côté.
00:10:50Exactement.
00:10:51Alors c'est ça.
00:10:52Ça fait partie des villes.
00:10:53Vous avez raison, Sonia.
00:10:54On a injecté…
00:10:55On a un habitat, disons, plutôt mixte, mais on a injecté énormément d'argent justement
00:11:01dans ce Grand Ensemble pour une rénovation urbaine.
00:11:04Mais il y a aussi du trafic de drogue, il y a des RICS.
00:11:06Et pour aussi rejoindre ce qu'a dit Judith, effectivement, ce n'est pas du jour au lendemain
00:11:12qu'on devient délinquant et qu'on a des kalash qu'on achète aujourd'hui 1 000 à
00:11:171 500 euros.
00:11:18Parce qu'il ne faut pas oublier que la guerre qu'il y a en Ukraine, c'est des millions
00:11:21aujourd'hui d'armes qui arrivent dans notre pays.
00:11:22Ce qui est d'ailleurs très inquiétant sur possiblement les stocks d'armes qui sont
00:11:27en France.
00:11:28Il y a eu une grande inquiétude lors des émeutes sur ces stocks d'armes qui pourraient
00:11:32être…
00:11:33Attends, je mets tout ça au conditionnel.
00:11:34Là, il ne s'agit pas de jouer sur les peurs aussi, ce qu'on reproche sur d'autres
00:11:37sujets.
00:11:38Moi, je me demande toujours, Arthur et Alexandre, qu'est-ce qu'on aurait fait dans ces situations-là ?
00:11:44C'est-à-dire, vous êtes dans votre voiture, probablement avec un enfant, peut-être en
00:11:49bas âge, et vous avez une altercation.
00:11:51Vous ne savez pas avec qui ou indifférent.
00:11:52Est-ce que…
00:11:53Pardonnez-moi, mais là, il vaut mieux avoir un repli stratégique, une forme même de soumission
00:11:59Vous ne savez pas si, après, la justice ou même les forces de l'ordre, ce n'est
00:12:03pas à eux d'intervenir.
00:12:04Mais quelle attitude on doit avoir en France aujourd'hui quand il y a quelque chose d'assez
00:12:08banal, finalement, qui se produit ?
00:12:10Si la peur gagne tout le monde, on n'y arrivera pas non plus.
00:12:16On voit bien qu'il peut y avoir des agressions dans le métro, dans le bus.
00:12:18Les gens ne réagissent plus tellement ils sont tétanisés.
00:12:21Ce n'est pas moi qui leur jetterai la pierre.
00:12:23Je ne sais pas comment on peut réagir dans ces moments-là.
00:12:27Mais je ne suis pas sûr non plus que la soumission absolue soit une réponse.
00:12:32C'est une manière de se protéger.
00:12:33Je peux la comprendre, mais si on en arrive là, c'est terrible.
00:12:39On a abordé plusieurs sujets, mais il y a peut-être une dimension qu'on n'a pas abordée,
00:12:44justement.
00:12:45C'est celle des quartiers prioritaires contre les pavillons de banlieue, parce qu'il y
00:12:51a 100% de chances, sans doute, que ces types-là viennent des quartiers prioritaires.
00:12:57Ça ne veut pas dire que tous les gens qui habitent dans ces quartiers-là sont des délinquants,
00:13:00mais ça veut dire qu'il y a des bandes, et des bandes manifestement hostiles au mode
00:13:04de vie des gens ordinaires, parce qu'on voit bien que c'est un prétexte le refus de priorité
00:13:11et que c'est un moyen de terroriser ceux qui vivent paisiblement.
00:13:16Il y a une forme de décivilisation, effectivement, parce que ce n'est pas simplement un règlement
00:13:20de compte entre voyous.
00:13:21C'est une volonté de terroriser les honnêtes citoyens, et sans doute une forme de choc
00:13:26culturel, de revangisme social.
00:13:29Je pense qu'il y a de ça, et c'est ce qui est aussi très inquiétant, cette forme de
00:13:34partition entre deux mondes, et pas seulement de partition…
00:13:36– Moi je m'intéresse sur le revangisme social, on verra aussi de quelles voitures
00:13:40ils disposent, quel est le mode de vie.
00:13:43– Mais pourquoi ils n'ont pas autre chose à faire, les voyous, que d'aller régler
00:13:49leur compte à coup de kalachnikov avec des gens qui habitent paisiblement dans un quartier
00:13:53pavillonnaire ?
00:13:54– On y voit une forme de haine, et moi j'y suis particulièrement sensible, c'est une
00:13:58guerre de territoire, oui ça a été dit, et peut-être les prémices de la guerre civile.
00:14:02– Excusez-moi, je comprends ce que vous voulez dire, mais je nuancerai.
00:14:07– Je n'ai pas dit tous les habitants.
00:14:09– Non, je ne vous dis pas ça, je prends, pour aller dans votre sens, je pense qu'aujourd'hui,
00:14:14et tous les contrats de ville qui sont dans le cadre de la politique de la ville, où
00:14:18le travailleur se souhaite, pourquoi on a mis aussi un argent fou, c'est parce qu'on
00:14:22a des problèmes d'incivilité, on a des problèmes éducatifs, on a des problèmes
00:14:27d'autorité.
00:14:28– C'est le cas dans la civilité, oui.
00:14:29– Mais la question des agressions, vous savez qu'aujourd'hui, je ne vais pas vous
00:14:33faire toute la liste, mais ceux qui subissent les agressions de ces voyous sont en premier
00:14:38les habitants des quartiers qui doivent être dans une hamarta, on peut citer Soukaina,
00:14:44on peut citer, voilà qui était dans sa chambre en train de travailler, vous voyez ce que
00:14:48je veux dire ?
00:14:49– Là, l'un n'empêche pas l'autre, moi je ne suis pas du tout, j'ai commencé
00:14:51par dire que ce ne sont pas tous les habitants des quartiers, effectivement ils sont otages,
00:14:55mais il y a une hostilité, il y a une forme de garde des territoires, ça a été dit,
00:14:58je cherchais le terme.
00:14:59– Comment on se protège ? Par exemple, cette famille, c'est une élue, je ne sais pas,
00:15:03avec vos enfants, vous poserez la question, est-ce qu'on doit rester ? Est-ce qu'on
00:15:07est sûr que la justice va intervenir après pour que ces individus soient hors d'état
00:15:11de nuire derrière les barreaux ou alors est-ce qu'on met, pardonnez-moi, pardonnez-moi
00:15:15Monsieur Neymar, Alexandre, ou est-ce qu'on met de, voilà, on quitte le quartier, on
00:15:20protège sa famille ?
00:15:21– Malheureusement, après on n'est pas, on ne pense pas forcément que quand on croise
00:15:24quelqu'un, on peut avoir des maux en voiture ou en vélo ou en transport que quelqu'un
00:15:30ou en trottinette ou à cheval, si vous voulez, il y a une cage nicobe dans le baillage, donc
00:15:34ça c'est quand même aussi une nouveauté.
00:15:35Par contre, alors vous m'avez dit qu'il y avait deux qui étaient interpellés, plus
00:15:39de deux ?
00:15:40– Plus de deux, oui.
00:15:41– Sur cette histoire-là, ça ne m'étonnerait pas qu'on retrouve les autres dans une cave,
00:15:44parce que si vous, vous savez il y a une maxime, si vous voulez trouver la nourrice d'un trafic
00:15:49de drogue, vous suivez le bruit des calages nicobes, parce que les armes de guerre sont
00:15:53massivement, sont pullules, si vous voulez, en Seine-Saint-Denis, en Blé et en Seine-Saint-Denis,
00:15:59dans l'agglomération marseillaise et dans l'agglomération de Grenoble, pourquoi ?
00:16:03Parce que c'est là où il y a le lieu des trafics, les armes de guerre servent à soit
00:16:06étendre le marché, soit à défendre le marché, là, ça m'étonnerait que ce soient des
00:16:13parrains locaux qui aient fait ça et ce serait pas étonnant que ceux qui ont fait ça, parce
00:16:17qu'ils se retrouvent avec une calage dans les bras et on va faire les malins, se retrouvent
00:16:21dans une cave, travaillent à la perceuse, si vous voulez, parce que quand vous attaquez
00:16:25une élue, c'est-à-dire que vous ouvrez une enquête, si vous ouvrez une enquête vous
00:16:27pouvez retracer le lien jusqu'au traficant de drogue, parce que, alors on parle souvent
00:16:31des calages nicobes mais en fait c'est pas, parce que vous parlez de la guerre en Ukraine
00:16:35avec les trafics d'armes, c'est pas les calages nicobes, c'est pas le AK-47, c'est la version
00:16:40serbe, et pourquoi c'est la version serbe ? Parce que les trafics d'armes majoritaires
00:16:43viennent des Balkans, on est en Seine-Saint-Denis, tout le monde sait où ça arrive, ça passe
00:16:46par les carres internationaux, vous allez à Bagnolet, vous vous arrêtez devant les
00:16:49carres internationaux, vous ouvrez la soute, vous trouvez des calages nicobes, quoi, la
00:16:53version serbe qui s'appelle, je sais plus, M70 je crois. Bon, il y a ça. Et puis pour
00:16:57Marseille ou pour Grenoble, vous suivez les colis et puis vous vous assemblez, au bout
00:17:02d'un moment vous faites un légo, vous trouvez une énorme guerre.
00:17:03C'est des policiers qui parlent des armes qui viennent d'Ukraine, c'est des policiers
00:17:07qui en parlent.
00:17:08Je veux dire, ça vient des Balkans, et parler des Balkans, c'est de ce qui vient de Libye,
00:17:12c'est de ce qui vient d'Ukraine, c'est de ce qui vient de toutes les guerres, s'il
00:17:14vous plaît. Mais c'est toujours lié au trafic de drogue. Il se peut qu'il y ait
00:17:18des espèces de racailles tueurs qui font les kékés et disent je vais me taper la
00:17:24bourgeoise et je vais lui faire peur ou je vais la tuer. Je ne suis pas certain qu'ils
00:17:28aient le blanc-seing du trafiquant, si vous voulez dire.
00:17:29Voilà, en l'occurrence, ils ne savaient pas qu'elle était élue, alors ça, c'était
00:17:32su après.
00:17:33Mais même si elle n'est pas élue, c'est quelque chose qui est honte.
00:17:36Ils sont dans le trafic.
00:17:37C'est une guerre territoriale directe.
00:17:38On va attendre qu'il y ait plus d'informations pour continuer à parler, évidemment avec
00:17:42vous Sabrina, et je vous remercie pour ces quelques informations.
00:17:45Autre sujet, tout autre sujet, le Président, vous le savez, Emmanuel Macron, enfin vous
00:17:50le savez, il s'exprimera à l'issue de la réunion à Paris des chefs d'état-majors
00:17:56européens demain. Il y a de nombreuses voix qui s'élèvent pour, moi je dis, critiquer
00:18:00ou du moins interroger. Je pense qu'interroger, quand même, c'est légitime. Le ton très
00:18:05martial du Président de la République alors que les inquiétudes des Français sont réelles.
00:18:09Je pense qu'il nous arrive beaucoup de croisés de personnes dans la rue, dans notre entourage
00:18:15qui, vraiment, relaient ces interrogations, ces angoisses et ces inquiétudes. Mais pour
00:18:20certaines voix politiques, ces peurs sont instrumentalisées, en tous les cas canalisées
00:18:25dans un but qui n'est pas celui de la paix. C'est ce que pense Henri Guaino. Il était
00:18:31notre invité ce matin dans la grande interview. Écoutons-le.
00:18:35Le sacrifice des peuples est audible quand les peuples se sont directement menacés,
00:18:39quand ils sont menacés dans leur vie même. Faire le sang et les larmes en 1940 quand
00:18:49l'Angleterre est menacée dans sa survie. C'est tout à fait légitime, tout à fait
00:18:56normal. Quand ça n'est pas le cas, ça devient plus problématique. C'est parfaitement
00:19:03audible parce que la politique de la peur marche toujours. La politique de la peur,
00:19:06c'est la meilleure façon de faire obéir les gens. Mais c'est très dangereux. C'est
00:19:10la pire des politiques. Je ne sais pas si le président de la République a une stratégie.
00:19:14Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une ivresse de chefs de guerre qu'on avait déjà vu
00:19:23apparaître au moment de la pandémie. Nous sommes en guerre.
00:19:27Oui, la Russie constitue une menace réelle, inquiétante. Oui, il y a le cyberattaque.
00:19:33Oui, le régime de Poutine vise, cible ses opposants. Malgré tout, est-ce qu'on peut
00:19:37poser la question sans être poutinophile, défaitiste, ni parler de Munich, ni convoquer
00:19:42Hitler ou autre ? Est-ce qu'on peut se dire, est-ce qu'il y a une forme d'instrumentalisation
00:19:46de ces peurs pour remobiliser un pays intérieurement miné ?
00:19:49Non, on ne peut pas. On peut pas. On se fait assulter, malgré tout. Regardez le communiqué
00:19:55de l'Elysée contre le JDD, après un papier tout à fait informé d'Antonin André,
00:20:04où il racontait justement que dans les couloirs de l'Elysée, on parlait de cette stratégie.
00:20:09On ne peut pas. On est traître à la patrie. Je souligne qu'Henri Guaino n'a pas accusé
00:20:16Emmanuel Macron d'instrumentaliser volontairement. Henri Guaino dit, je ne sais pas si c'est
00:20:21conscient ou pas, mais en tout cas, il engrange les bénéfices de ce qu'on appelle classiquement
00:20:26l'effet drapeau. Quand les Français ont peur, ils se retournent vers le chef. Et
00:20:30vous avez le sous-chef, Jean-Noël Barraud, ministre des Affaires étrangères, qui nous
00:20:35annonce ce matin qu'il va faire un tour de France. Apparemment, il n'y a rien d'autre
00:20:39à faire pour réarmer les esprits. Belle parole, Martial. De la part du ministre, en
00:20:45deux mots, qui quand même s'est précipité en Syrie pour aller serrer la passe, comme
00:20:50il l'avait dit à propos de Jordan Bardella et d'un ministre syrien, serrer la passe
00:20:54d'Al Joulaani, le nouveau chef israélien. C'est intéressant. Pourquoi? Donc, il estime
00:20:59qu'il y a un désarmement moral, monsieur le ministre. Il ne se demande pas les causes
00:21:03et l'origine non plus. Il ne se demande pas pourquoi. Pourquoi? Peut-être parce qu'il
00:21:08y a des problèmes avec qui sont irrésolus. Alors, je l'avoue, depuis 30, 40 ans, ça
00:21:11ne date pas ni du ministre ni d'Emmanuel Macron. Mais on n'est pas obligé de partager
00:21:14son diagnostic sur le désarmement moral. Moi, je ne le partage pas.
00:21:17Je ne sais pas si c'est le meilleur chef de guerre pour nous armer moralement. Après,
00:21:26le débat est ouvert. Peut-être que vous allez nous dire « Ah non, Sonia, tu exagères ! ».
00:21:29Quand on a vu les portraits de Zelensky au départ et son parcours, on ne l'imaginait
00:21:33pas chef de guerre non plus. On peut se révéler. Alors, j'ai du mal à voir monsieur Barreau
00:21:37vraiment. Mais on ne sait jamais. Mais juste, pour réagir deux secondes sur ce qu'elle
00:21:42a dit, je suis d'accord. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a un discours dans les
00:21:45deux sens. Il y a une polarisation du discours. On accuse ceux qui disent peut-être qu'il
00:21:49ne faut pas faire la guerre de Municois. Mais on convoque aussi 14 à chaque fois en
00:21:53disant peut-être qu'il faut regarder du côté de la Russie. Et de la même manière
00:21:56qu'on dit « Vous êtes des collabos si vous ne voulez pas faire ça », à partir
00:21:58du moment où on met une nuance en disant peut-être que Macron dit deux ou trois choses
00:22:01qui peuvent être intéressantes, tout de suite nous sommes aussi des collabos. Le réflexe
00:22:05pavlovien existe aussi. Et ce n'est pas parce qu'Emmanuel Macron dit tout et fait
00:22:11tout son contraire, il dit tout l'inverse, que quand, peut-être malgré lui, il dit
00:22:15deux ou trois choses intéressantes, sachant qu'on sait qu'il transforme les vertus
00:22:19en immondices, la vertu restera l'une vertu. Et qu'on peut dire peut-être que ça c'est
00:22:23entendable. Mais il y a tellement une langue de Macron...
00:22:25Ce n'est pas plus l'ancien en disant que le danger russe existe.
00:22:28En interviewant le Premier ministre François Bayrou, on peut ne pas être d'accord sur
00:22:32certains arguments. Bon, le contexte est là quand même. Il est difficile...
00:22:36On a quand même le sentiment que la certitude c'est l'arme et que le doute c'est l'ennemi
00:22:40aujourd'hui, dans les deux camps. C'est assez effrayant.
00:22:44Je peux vous raconter une anecdote que vous connaissez certainement historique.
00:22:48Pour moi, c'est une question de conscience. René Char, qui est l'un de nos plus grands
00:22:54poètes, il a été chef de maquille. Et il avait ses hommes qui étaient postés sur
00:23:00une colline et qui étaient en train de surveiller un village. Quand les Allemands sont arrivés,
00:23:05ils ont capturé un compagnon dans ce village. Et tous les soldats, tous les hommes sous
00:23:10la responsabilité et l'autorité de René Char, ils le suppliaient dans le regard d'agir,
00:23:14de tuer les Allemands. Évidemment, ils étaient à portée de balle. Il ne l'a pas fait.
00:23:18Il ne l'a pas fait pourquoi ? Il n'a pas sauvé son compagnon, mais pour sauver le village.
00:23:22Parce qu'il savait très bien que s'il tirait sur les Allemands, ensuite, évidemment,
00:23:25toutes les unités allemandes allaient rappliquer. Et il s'est toujours dit, René Char a dit,
00:23:29en fait, c'est terrible, c'est le dilemme tragique dans l'histoire. C'est-à-dire que
00:23:32j'ai sauvé un village, mais j'ai sacrifié mon compagnon. Et en fait, c'est ça qui nous manque.
00:23:37Est-ce que véritablement, quel que soit Emmanuel Macron, notre président,
00:23:40est-ce que vous pensez qu'ils ont ces cas de conscience tragiques de l'histoire ?
00:23:43Ça suppose d'aller au-delà du bien et du mal.
00:23:45Voilà. Mais vous avez tout raison.
00:23:48Ça suppose aussi, même s'il tient un bon discours, je dis même s'il tient un bon discours,
00:23:53je dis pas qu'il le tient, est-ce qu'il a les capacités pour le faire ?
00:23:56D'un point de vue politique, il n'a pas le Parlement, il n'a pas le gouvernement, il n'a pas l'opinion.
00:24:00D'un point de vue de la crédibilité, aujourd'hui, si vous regardez,
00:24:04tous les empires ou tous les pays parlent dans un présent qui a commencé il y a longtemps.
00:24:08La Turquie s'inscrit dans l'avenir ottoman, la Russie remonte au 9e,
00:24:11et Trump, c'est la doctrine Monroe un peu reboostée, mais c'est quand même la doctrine Monroe.
00:24:16Emmanuel Macron, c'est l'impermanence du temps.
00:24:18Et il s'est jamais inscrit ni dans un passé, ni dans un avenir.
00:24:21Ce qui fait que quand vous êtes dans un présent perpétuel...
00:24:23Un avenir fédéraliste. Je dois reconnaître son agenda.
00:24:27J'ai toujours pas compris ce que ça signifiait vraiment, en tout cas, dans sa pensée.
00:24:30Ensuite, quand il parle de souveraineté de nation et de patriotisme,
00:24:36déjà, le mot patriotisme, on ne distingue rien dedans, c'est vraiment la coquille vide.
00:24:41Et le reste, c'est exactement l'inverse de ce qu'il a fait.
00:24:44Il a vendu et a découpé la France. Et là, il parle de souveraineté.
00:24:47L'histoire peut avoir des renversements, mais il faut être crédible, il ne l'est pas.
00:24:52Et la troisième chose, c'est sa détestation.
00:24:54Il y a une grande partie des Français qui ont une haine telle envers Macron
00:24:58qu'ils se précipiteraient dans les bras de vent sous Poutine.
00:25:00C'est ça la réalité aujourd'hui.
00:25:02Donc, quand bien même il aurait le bon diagnostic, quand bien même il aurait les solutions,
00:25:06il n'aurait pas le pouvoir pour emmener les choses avec lui.
00:25:09Mais c'est la raison pour laquelle certains affirment qu'il joue un peu sur les pertes
00:25:13pour pouvoir le faire parce qu'il n'a plus ni cette crédibilité, ni cette constance,
00:25:16ni cette légitimité. Attention, je ne parle pas de l'égalité démocratique.
00:25:19Ce qui est intéressant aussi, Sonia, c'est d'envoyer le ministre Barreau,
00:25:23qui est le ministre des Affaires étrangères, dans un périple en France
00:25:27pour armer moralement les Français.
00:25:30C'est peut-être une phrase paradoxale en elle-même.
00:25:34En fait, ils ne se rendent pas compte que c'est eux qui ont désarmé moralement les Français
00:25:39depuis que M. Macron est là.
00:25:41Il n'a eu de cesse de s'intéresser à l'extérieur ou de s'intéresser aux Français au niveau intérieur
00:25:46et aux peurs qu'ils ont les Français au niveau de la sécurité, au niveau des flux migratoires.
00:25:50Aujourd'hui, il y a une insécurité aussi culturelle.
00:25:53Il n'a de cesse d'aller vers l'Europe au lieu de s'intéresser, effectivement,
00:25:56au peuple de France, d'être complètement connecté.
00:25:59Et quand il a fait son discours extrêmement grave, où là il nous a parlé de patriotisme,
00:26:04on avait envie de rire, excusez-moi.
00:26:06Ah bon ? Non, pas tellement.
00:26:07Non, quand il a parlé de la patrie et tout, là, je me suis dit, franchement, là, il se moque de nous.
00:26:12Convoquer l'âme de la nation et la patrie, j'entends ce que vous dites.
00:26:14Non, justement, là, je me suis dit qu'il se moque de nous parce que jusqu'à maintenant, justement,
00:26:17c'était extrêmement grave de parler de patriotisme.
00:26:19C'est tellement passionnant de vous écouter.
00:26:20Par contre, on a trois minutes de...
00:26:21Pardon.
00:26:22C'est pas grave.
00:26:23Pour vous, tout est permis.
00:26:24On va écouter Alexandre.
00:26:25Non, mais c'est...
00:26:26Je pense que c'est le vrai débat.
00:26:27C'est-à-dire, est-ce que ces responsables politiques ont véritablement,
00:26:30ben, je sais pas, en tête le tragique de l'histoire ?
00:26:33Oui.
00:26:34Je sens que vous êtes très dubitatif.
00:26:36Non, parce qu'il y a un risque existentiel qui n'est pas celui qu'ils disent.
00:26:39Attends, on en parle juste après.
00:26:44Midi News, la suite.
00:26:45Merci d'être avec nous.
00:26:47Tandis que le ministre des Affaires étrangères se propose de faire un tour de France
00:26:51pour réarmer moralement les Français, on s'interroge sur le retour,
00:26:55eh oui, du service militaire obligatoire.
00:26:58Mais tout d'abord, le rappel des titres et des faits avec vous, chère Somaya Labibi.
00:27:02À la une de l'actualité, Sonia Bruttorotayo interpelle le nouveau régime syrien.
00:27:07Au cœur de sa colère, le massacre des minorités chrétiennes.
00:27:10Et à la huit, le ministre de l'Intérieur poursuit.
00:27:13Et on appelle à la communauté internationale pour mettre fin à ces violences.
00:27:18Une hausse de 105% en cinq ans.
00:27:21Les importations d'armes des États européens, membres de l'OTAN, ont plus que doublé
00:27:25et dépendent à plus de 60% de l'armement américain.
00:27:29C'est ce que révèle le rapport de CIPRI,
00:27:31Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, publié aujourd'hui.
00:27:36Et puis vous découvrez les images des obsèques de Jean-Louis Debré,
00:27:40obsèques célébrés aux Invalides à Paris.
00:27:42De nombreuses personnalités ont fait le déplacement
00:27:45pour rendre un dernier hommage à l'homme de droite
00:27:47qui a marqué la vie politique française de ces 40 dernières années.
00:27:51Intéressant l'image, Alain Juppé et Richard Ferrand, évidemment.
00:27:55Probablement grandes discussions sur l'avenir du Conseil constitutionnel.
00:27:59Mais François Hollande, vous l'avez pris de normes.
00:28:01Merci, chère Somaya.
00:28:02Alors vous, effectivement, réarmement des esprits pour le ministre des Affaires étrangères
00:28:09et réarmement, si je puis dire, avec le service militaire obligatoire.
00:28:13Vous allez voir à chaque fois, depuis des années, des sondages.
00:28:16Mais l'idée c'est de lui, les Français.
00:28:18C'est un sondage, attendez je vais vous dire de qui,
00:28:22que nous allons voir du Centre de réflexion destin commun.
00:28:25Et vous allez voir les résultats, je vais les découvrir d'ailleurs avec vous.
00:28:28Voilà, 61% des interviewés sont favorables au rétablissement d'une forme de service militaire obligatoire.
00:28:34Je ne sais pas comment vous l'interprétez.
00:28:36Moi j'interprète, c'est-à-dire qu'on se dit
00:28:38qu'il vaut mieux toujours avoir, déjà qu'on a une armée professionnelle,
00:28:42mais qu'elle le soit fournie, nourrie, non ?
00:28:47Je ne crois pas que ce soit en fait une réponse qui soit dictée par des réflexions stratégiques.
00:28:53C'est dans une période où une partie des Français sont complètement acculturés,
00:29:00dans pas de cadre, on se dit, en fait l'armée leur ferait du bien.
00:29:04C'est cette bonne bien-réflexion.
00:29:06Avoir le privilège de l'âge et avoir connu des copains qui partaient au service militaire,
00:29:12je peux vous dire que c'était une tannée.
00:29:16Parfois un cauchemar quand vous tombiez sur un chef,
00:29:20un chef faillon qui était bien content d'exercer son autorité,
00:29:25d'avoir des gens sous la main.
00:29:28Il y avait aussi des choses très bien.
00:29:30J'ai un ami qui a été enrôlé pour donner des cours d'alphabétisation
00:29:34parce qu'à l'époque, à l'armée, on pouvait...
00:29:37Vous étiez obligé de faire le conscient.
00:29:39Voilà, une lutte contre l'illettrisme, le permis de conduire, etc.
00:29:43Donc pourquoi pas ?
00:29:46On est dans une période où jamais, peut-être même plus qu'à l'époque,
00:29:50le besoin de faire nation, j'aime pas cette expression,
00:29:53mais en l'occurrence une belle nation est nécessaire.
00:29:56C'est le mot de sacrifice dans ce cas-là,
00:29:58parce que c'est quand même quelque part un sacrifice,
00:30:01une mise en parenthèse de sa vie, de ses rêves, de ses projets,
00:30:04de ses études, de ses études là.
00:30:06À ce sujet, réécoutons une nouvelle fois Henri Guaino,
00:30:09qui lui se demande, alors très bien,
00:30:11mais si vous demandez des sacrifices,
00:30:13ça rejoint ce que vous disiez Arthur tout à l'heure,
00:30:15il faut avoir la légitimité pour pouvoir le faire.
00:30:18Le président a légalement les moyens d'envoyer des troupes en Ukraine.
00:30:22En parlant d'ailleurs à la nation.
00:30:24Oui, mais toujours, mais simplement, derrière il y a une société.
00:30:28Cette société, et toutes les sociétés européennes sont dans cette situation,
00:30:34et dans un tel état qu'elles n'ont pas forcément envie d'aller faire la guerre,
00:30:38et les Américains encore moins.
00:30:40Alexandre, il me vient une réflexion, c'est vrai.
00:30:43On a dit réarmement des esprits, c'est ce que propose de faire M. Barrault.
00:30:47Toutes ces questions, réarmement des esprits,
00:30:50rétablissement de nos frontières,
00:30:52gestion, retrouver la gestion de nos flux migratoires,
00:30:57restaurer nos finances,
00:30:59vous avez remarqué ?
00:31:01Et à la fin ?
00:31:03Oui, c'est effectivement,
00:31:05c'est-à-dire que toutes ces questions-là sont intéressantes,
00:31:08y compris rétablir une forme de service militaire,
00:31:11qui pourrait d'ailleurs servir à une forme de garde nationale,
00:31:13vu les problèmes d'insécurité qu'on a aujourd'hui sur le territoire même.
00:31:18Le problème, c'est qu'on déploie tout ce vocabulaire
00:31:21des gens qui nous ont expliqué quasiment que ce vocabulaire était fasciste,
00:31:24et face à une menace qui, à mon avis, n'est pas existentielle,
00:31:30qui est réelle, mais relative.
00:31:33Il y a bien d'autres menaces existentielles qu'on ne veut pas voir,
00:31:36et on a l'impression que c'est mobilisé pour faire 15 jours de com' si vous voulez,
00:31:40et puis que dans 15 jours, on passera à autre chose,
00:31:42parce qu'en vérité, on n'est pas prêt de partir en guerre contre la Russie,
00:31:47et c'est tant mieux, on est plutôt dans un contexte de processus de paix
00:31:51entre l'Ukraine et la Russie.
00:31:54Donc, aller faire une tournée de réarmement moral,
00:31:56comme si on allait mobiliser la population demain,
00:31:59ça s'appelle de la communication.
00:32:00Mais vous dites quoi ?
00:32:01Et surtout, c'est contre-produit.
00:32:02Imaginons, vous êtes le ministre des Affaires étrangères,
00:32:04monsieur le ministre, demain vous allez sur les terres de France,
00:32:09mais en fait, on réarme un pays en trouvant des solutions à ce pays
00:32:14qui n'est pas avec la bonne parole.
00:32:15Exactement, donc réarmer sur le long terme, ça paraît intéressant,
00:32:21mais là, on est effectivement dans une opération de com' un peu ridicule,
00:32:24et qui à la fin va être contre-productive,
00:32:26et peut-être contre-productive aussi pour les intérêts français,
00:32:28c'est là où je serai le plus sévère avec le président de la République,
00:32:31parce que toutes les idées de fond, moi je peux le soutenir,
00:32:36sur l'idée que l'Europe soit présente à la table des négociations,
00:32:39qu'elle influe, qu'elle exige un minimum de garantie à la Russie,
00:32:42qui a quand même envahi un pays proche de l'Europe,
00:32:46qui a violé la souveraineté de ce pays, les frontières, etc.
00:32:49Tout ça, ça me paraît tout à fait logique,
00:32:51mais pour qu'on pèse vraiment, est-ce qu'il faut faire des redomontades à Poutine ?
00:32:54C'est dans l'Arabie Saoudite aujourd'hui que se joue la paix, là, en Réunion.
00:32:58Oui, sans doute, et donc j'aimerais bien qu'on soit à la table des négociations,
00:33:01mais je ne crois pas que la bonne méthode, c'est de jouer au chef de guerre,
00:33:04comme ça, à ce moment-là, c'est plutôt de dire les choses posément.
00:33:08La table des négociations, c'est un strapentant, on est quasiment sous la table.
00:33:11Exactement, et c'est ça qui est dramatique.
00:33:14Est-ce qu'on peut se dire que la situation actuelle,
00:33:17et le positionnement de la France, et tout ce que nous dit le Président,
00:33:20ça peut être aussi l'occasion de réfléchir à cette notion, justement,
00:33:25moi j'aime bien, de nation, d'appartenance commune, de faire France ensemble.
00:33:29Et vous, vous le dites depuis des années.
00:33:31Et d'ailleurs, vous aussi, ma chère Sonia, vous le dites admirablement,
00:33:35c'est-à-dire qu'aujourd'hui, comment faire nation ?
00:33:38Et moi, je crois qu'aujourd'hui, il faut repenser à rétablir le service militaire,
00:33:43mais peut-être le voir autrement.
00:33:44Pour vous, c'est un creuset, je sais que vous l'imaginez comme un creuset républicain.
00:33:47Mais ça peut être aussi une manière, vous savez, on parle aussi des réserves citoyennes,
00:33:50je crois que c'est comme ça qu'on l'appelle,
00:33:52et peut-être que chaque enfant de France peut s'engager dans une réserve citoyenne,
00:33:57auprès d'une gendarmerie, auprès de la police, etc.,
00:34:00parce qu'il y a une vraie prise en charge, moi j'ai une nièce qui a fait ça,
00:34:02je peux vous dire que c'est extraordinaire.
00:34:05C'est la plus value que ça a eu, etc., pour elle.
00:34:10Et dans ce cadre-là, ça peut être aussi, chacun a un engagement citoyen pour son pays,
00:34:15parce qu'aujourd'hui, non seulement on a une fracture,
00:34:19on a un problème de cohésion sociale, nationale dans notre pays,
00:34:22mais on a une fracturation aussi auprès, au niveau de nos enfants,
00:34:25donc il faut réarmer au niveau identitaire par le service militaire.
00:34:30Mais est-ce que les mêmes personnes qui ont, pour certaines,
00:34:33œuvré pour cette désindustrialisation, ces fractures veillantes,
00:34:39cette désaffiliation à la nation, est-ce qu'elles-mêmes peuvent insuffler aujourd'hui ?
00:34:44Non, c'est un sursaut, peut-être.
00:34:46La preuve, le service civique.
00:34:47Tu es naïve ?
00:34:48Oui, vous avez raison.
00:34:49Oui, mais le service civique, c'était une très très mauvaise idée, moi-même, je vous assure,
00:34:54et en plus, ceux qui s'engageaient, c'était plutôt des gamins qui étaient de bonne famille,
00:34:57ça allait bien, c'était absolument pas des gamins de quartier.
00:35:00Mais si vous remettez en place le service militaire, ma chère Sonia,
00:35:03ou la réserve citoyenne, obligatoire pas, pour concourir...
00:35:06Moi, je suis pour qu'Onaïma aille faire le tour de France plutôt que M. Barraud.
00:35:09J'aimerais bien.
00:35:11Pour le service militaire, mes audites l'avaient fait aussi,
00:35:14j'avais interviewé Charles Millon, qui était ministre de la Défense,
00:35:16et qui avait suspendu le service militaire.
00:35:18C'est toujours intéressant de savoir pourquoi on avait suspendu le service militaire.
00:35:20Le problème, c'est que les raisons qui justifiaient la suspension sont encore plus présentes aujourd'hui.
00:35:25C'est l'idée de mixité et compagnie.
00:35:27En fait, ça ne marchait pas, parce qu'il y avait 15% des gens qui étaient issus de l'immigration
00:35:32qui n'y allaient pas parce qu'ils ne parlaient pas français.
00:35:34Vous avez 15% du dessus qui n'y allaient pas parce qu'ils avaient les bons réseaux pour ne pas y aller.
00:35:37Moi, j'ai connu ça.
00:35:38Donc, la mixité, elle n'existait pas.
00:35:39Mais les gamins, ils faisaient passer pour des...
00:35:41Et là, ça a augmenté.
00:35:42Ensuite, c'est quoi l'armée ? C'est un idéal, ce que disait Charles Millon.
00:35:45C'est ce qu'on dit, on dit c'est un idéal.
00:35:47Mais non, ce n'est pas un idéal, c'est un moyen pour atteindre l'idéal.
00:35:50Et la définition derrière, c'est quoi l'idéal ?
00:35:58La question, c'est en France, imaginons qu'il y a une guerre qui se prépare.
00:36:01Vous pensez vraiment qu'il va y avoir tous les Français dans la même tranchée ?
00:36:04Non, mais je suis d'accord avec vous. Pourquoi ?
00:36:06Parce qu'on les a désarmés, justement, au niveau patriotisme.
00:36:09On n'a pas arrêté de rendre tabou le patriotisme, de faire d'en parler, etc.
00:36:15Donc, il faut des outils, mais c'est un temps long.
00:36:17C'est pourquoi il faut parler, c'est un temps long.
00:36:19L'économie de guerre, c'est une réponse rapide.
00:36:23Est-ce qu'on peut se dire tout ?
00:36:26Tout, ma chère Sonia.
00:36:28Est-ce qu'on peut se dire qu'aujourd'hui, on décide qui est une réserve citoyenne,
00:36:33sachant que c'est des moments aussi où ils sont avec la gendarmerie ou avec la police.
00:36:38C'est vraiment des moments extraordinaires.
00:36:40Attendez, je termine.
00:36:41Mais qu'au quotidien, tout simplement, par rapport à votre âge,
00:36:45à partir par exemple de la 6ème, vous vous engagez dans une action citoyenne,
00:36:50dans votre pôle, dans votre quartier.
00:36:52J'ai juste une question.
00:36:53Comment on fait pour ne pas apporter les problèmes de la société
00:37:00dans le service militaire ou dans la gendarmerie ?
00:37:02Pourquoi il n'existe dans la société ?
00:37:04Pourquoi il n'existerait pas dans la gendarmerie ou dans l'armée ?
00:37:06Mais c'est pour ça que je vous parle de réserve citoyenne.
00:37:09Comment on fait ?
00:37:10Parce qu'il faut travailler sur cette question-là.
00:37:12Moi, je ne pense pas.
00:37:14On a un problème de séparatisme.
00:37:17On a un problème de gens qui ne parlent plus la même langue,
00:37:19qui ne pensent plus la même chose.
00:37:21Merci beaucoup d'avoir participé au débat.
00:37:22C'est passionnant de vous parler.
00:37:24Ce que propose Naïma est très bien.
00:37:26Mais vous savez ce qui va arriver, Naïma, si on propose ça.
00:37:29Tout de suite, vous allez avoir des ONG environnementales qui vont dire
00:37:33« L'écologie, la première urgence, le premier danger existentiel,
00:37:37c'est quand même la disparition de la planète. »
00:37:40Et ça donne ce qu'on a actuellement.
00:37:42Moi, je répète ma question.
00:37:44Est-ce que les faux soyeurs d'hier peuvent être les reconstructeurs de demain ?
00:37:48Malheureusement, quand on a démembré notre industrie,
00:37:51et vraiment, on l'a vendue à la découpe,
00:37:53pour des raisons qui me dépassent.
00:37:55Je ne comprends pas.
00:37:56J'ai un esprit simple, tous ces intérêts-là.
00:37:58Mais on l'a fait.
00:37:59C'est quand même un désarmement de notre industrie.
00:38:01Et là, on veut s'en remettre à l'Europe.
00:38:03C'est bien que si on s'en remet à l'Europe des nations, c'est très bien.
00:38:06Mais l'Union européenne, actuellement,
00:38:09on est encore dans le Green Deal qui est en train de saper
00:38:12le peu qu'il nous reste d'industrie.
00:38:14On n'a pas misé sur le nucléaire.
00:38:16Vraiment, vous voulez qu'on réarme le pays,
00:38:18sans avoir les outils...
00:38:20En chef de guerre.
00:38:21Je n'ai rien contre la jeunesse de Mme Ursula von der Leyen.
00:38:24Elle n'a pas de légitimité, surtout.
00:38:26Elle n'a pas de légitimité.
00:38:27Mais en tout cas, si on veut réarmer nos pays,
00:38:29ça commence par avoir une économie qui fonctionne,
00:38:32une industrie qui fonctionne.
00:38:33Et donc, il faut commencer par enlever le Green Deal.
00:38:36C'est la première chose.
00:38:38Ça commence par reconquérir notre indépendance économique.
00:38:41Que nous n'avons pas à cause de notre indépendance.
00:38:43Mais voilà.
00:38:44Tout à l'heure, je le dis...
00:38:45Mais si on se rajoute des boulets, c'est sûr qu'on n'en aura pas.
00:38:47Avec l'économiste Olivier Babaud, qui nous expliquera
00:38:49cette économie de guerre sortie du chapeau.
00:38:51Qui ? Pour payer.
00:38:52Mais tout d'abord, s'il vous plaît.
00:38:53Comme pour 15 jours.
00:38:55Je mets ça au conditionnel,
00:38:56mais ce seraient les forces de sécurité du pouvoir syrien
00:38:59qui ont agi à l'encontre des civils à la huit
00:39:02et de la minorité chrétienne en Syrie.
00:39:03Et ce qui se passe, c'est une horreur absolue.
00:39:05Rendez-vous compte que ces milices,
00:39:09quand elles arrivent, qu'elles toquent à la porte,
00:39:12demandent notamment aux civils à la huit,
00:39:14est-ce que vous êtes à la huit ?
00:39:16Certains mentent, affirment qu'ils sont sunnites.
00:39:19Malheureusement, parfois, il y a des voisins
00:39:22ou d'autres personnes qui les dénoncent.
00:39:24Et ils reviennent, ils les tuent.
00:39:26Massacres qui sont dénoncés petit à petit
00:39:29par les responsables politiques.
00:39:30Il a fallu quand même quelques heures
00:39:31pour se rendre compte de la situation.
00:39:33Alors, qu'en est-il de ce nouveau leader syrien
00:39:36qui était l'ancien, qui a participé,
00:39:38qui a du sang sur les mains,
00:39:39qui faisait partie de Daesh ?
00:39:41Alors, il affirme aujourd'hui qu'il appelle à l'unité du pays,
00:39:43qu'il veut mettre en place des commissions
00:39:45pour faire éclater la vérité et la lumière.
00:39:50Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
00:39:52affirme qu'il faut qu'il apporte la preuve
00:39:55de sa non-implication, justement, dans ces massacres.
00:39:59Alors, tout le monde en tête.
00:40:01Je ne veux pas faire de monsieur le ministre des Affaires étrangères
00:40:04notre tête de Turc, mais c'est vrai qu'on a tous en tête
00:40:07le fait qu'il ait serré la main du leader syrien.
00:40:10Moi, j'avais posé la question, j'ai dit,
00:40:12mais est-ce qu'un islamiste un jour,
00:40:14un islamiste toujours, est-ce que vous pensez
00:40:16véritablement qu'un ancien de Daesh,
00:40:18voilà, est-ce qu'il ne faut pas plus de précautions, etc. ?
00:40:21C'est vrai que, Judith, pour le moins,
00:40:24on est naïfs ou cyniques, les deux à la fois ?
00:40:27On a eu une projection à Idlib,
00:40:30qui est la province du nord-ouest de la Syrie
00:40:34où le nouveau pouvoir syrien,
00:40:38d'où le nouveau pouvoir syrien est venu.
00:40:41On sait quelle société ils veulent.
00:40:44Idlib, c'était la charia, dans son exception,
00:40:47la plus intolérante, la plus dure pour les femmes.
00:40:51Et c'était le modèle qu'ils voulaient étendre
00:40:55à l'ensemble de la Syrie.
00:40:57Et ça aurait changé en trois mois ?
00:40:59Par quel miracle ?
00:41:01Je ne sais pas, mais à chaque fois, sur l'Afghanistan,
00:41:03on a parlé d'inclusion.
00:41:06Les talibans qui devaient pratiquer l'inclusion.
00:41:10Écoutons la réaction, ce matin,
00:41:15de Mère Agnès de la Croix,
00:41:17maire supérieure de Saint-Jacques-le-Multier.
00:41:20Juste une précision, c'est très particulier.
00:41:23Je ne sais pas si vous connaissez cette dame.
00:41:26C'est-à-dire que sous le régime de Bachar Al-Assad,
00:41:29ils étaient protégés par Bachar Al-Assad.
00:41:32Il ne s'agit pas pour eux,
00:41:34c'est pas qu'on préfère la peste ou le choléra,
00:41:36c'est comment on reste en vie.
00:41:38Donc il ne s'agit pas de dire qu'on préfère
00:41:40un régime totalitaire, un régime dictatorial
00:41:43à des islamistes sanguinaires.
00:41:46Mais qu'est-ce qu'on fait pour les protéger ?
00:41:48Écoutons-la.
00:41:50Ou bien ils le savent et ils le couvrent.
00:41:54Ou bien ils ne le savent pas
00:41:56et ça veut dire qu'ils sont incompétents.
00:41:58Il y a les deux.
00:42:00Actuellement, ce sont dans une insécurité croissante.
00:42:04J'étais dans des communautés arabides,
00:42:06j'étais dans des communautés chrétiennes.
00:42:08On vit comme en ghetto, barricadés.
00:42:11Personne ne peut sortir.
00:42:13Pas simplement chez eux, mais presque dans toute la Syrie.
00:42:17Ou bien il le sait ou pas,
00:42:19elle interpelle directement le nouveau leader syrien.
00:42:22Il est vrai aussi que dans la réaction
00:42:24du ministre des Affaires étrangères,
00:42:26il n'y a point de précision de l'origine
00:42:29ou de la confession des civils hier.
00:42:31Au contraire, c'est là où il faut dire
00:42:33que les minorités chrétiennes sont ciblées.
00:42:35Les minorités halawites sont ciblées.
00:42:38Mais le problème, c'est que vous avez...
00:42:40Si vous reprenez la chronologie,
00:42:42ça a commencé avec des anciens Bachar el-Assad
00:42:44qui ont essayé de faire un coup
00:42:46en prenant un aéroport, un hôpital.
00:42:48Le chef d'État syrien a essayé de contre-attaquer.
00:42:51Il n'avait pas de force suffisante
00:42:53et donc il a fait un relais dans les mosquées
00:42:55en disant aidez-nous.
00:42:57Vous avez toutes les batteries de djihadistes
00:42:59qui se sont mis en branle.
00:43:01Ils se sont fait un petit rappel
00:43:03de ce qui s'est passé en 2013,
00:43:05les halawites vis-à-vis des sunnites.
00:43:07Il y a eu des témoignages de victimes
00:43:09expliquant qu'il y avait une volonté de revanche.
00:43:12Après, le souci, c'est que vous avez
00:43:14le chef d'État actuel syrien
00:43:16qui, dans ses paroles, dit qu'il veut faire
00:43:18un gouvernement inclusif,
00:43:20mais pas dans le sens inclusif LGBT et compagnie,
00:43:22inclusif, c'est-à-dire rassembler
00:43:24les différentes communautés.
00:43:26Il n'y a pas d'intérêt personnel de faire ça,
00:43:28ni d'ensuivre la Turquie qu'il pousse.
00:43:30Si vous prenez par exemple la commission
00:43:32qu'il met en place pour étudier
00:43:34quel crime a été commis et par qui,
00:43:36il n'y a pas un membre des HTC,
00:43:38de ses anciennes forces.
00:43:40C'est que des membres extérieurs
00:43:42et notamment des Syriens d'opposition en exil.
00:43:44C'est quand même un message envoyé
00:43:46qui n'est pas intéressant.
00:43:48Le problème, c'est quand vous faites
00:43:50une guerre civile pendant 10 ans,
00:43:52avec la majorité de vos hommes
00:43:54qui ont le pouvoir, on dit finalement
00:43:56on va faire un truc inclusif,
00:43:58les types disent que ça fait 10 ans
00:44:00que j'ai perdu mon cousin.
00:44:02Mais comme Bachar ne tenait pas non plus.
00:44:04Le problème, il est là.
00:44:06Le problème, c'est que vous êtes dans une Syrie...
00:44:08Pourquoi on lui a serré la main dans ce cas-là ?
00:44:10Il faudrait ne pas faire
00:44:12ce qu'on a fait avec Bachar Al-Assad.
00:44:14Parce que si vous voulez,
00:44:16essayer de peser un minimum,
00:44:18c'est-à-dire avoir des lignes rouges
00:44:20très précises.
00:44:22La Turquie, elle pèse.
00:44:24Ah oui, la Turquie pèse, bien sûr.
00:44:26Si vous voulez que nous on pèse,
00:44:28il ne faut pas faire comme on a fait avec Bachar Al-Assad.
00:44:30Arthur émet cette hypothèse
00:44:32qui est une hypothèse très vraisemblable
00:44:34d'une Syrie mosaïque
00:44:36et d'une Syrie au bord
00:44:38de la guerre civile
00:44:40avec un chef d'État
00:44:42qui essaierait malgré tout d'unifier le pays.
00:44:44C'est ce qu'il dit.
00:44:46Il y a une autre hypothèse
00:44:48qui est quand même une forme de taqya.
00:44:50Un premier islamiste qui dit une chose
00:44:52et qui en fait une autre, c'est aussi une possibilité.
00:44:54Je n'ai pas de réponse.
00:44:56Mais il faut être vigilant.
00:44:58En tout cas, ceux qui sont précipités pour lui serrer la main
00:45:00mais qui ont fait
00:45:02un homme de paix
00:45:04en exprimant qu'il allait être inclusif.
00:45:06D'ailleurs, le terme inclusivité
00:45:08est quand même complètement idiot.
00:45:10Il montre,
00:45:12c'est ça qui est inquiétant, qu'ils ont une mauvaise connaissance
00:45:14même du terrain, de ce qu'est l'islamisme,
00:45:16de la capacité
00:45:18des anciens islamistes,
00:45:20puisque pour l'instant, je n'en ai pas vu aucun
00:45:22devenir changé.
00:45:24Ça témoigne d'une très grande naïveté
00:45:26ou idéologie
00:45:28des Européens.
00:45:30On aura l'occasion d'en débattre.
00:45:32C'est l'ONU.
00:45:34Mais il a été repris par les plus orientés
00:45:36en parlant d'Afghanistan.
00:45:38Une pause, s'il vous plaît.
00:45:40On va y revenir. On parle de tous ces sujets.
00:45:42L'économie de guerre, qui va la payer ?
00:45:44Qui va sortir de chez qui ?
00:45:46Olivier Babaud, économiste,
00:45:48auteur par ailleurs du livre
00:45:50L'ère de la flemme.
00:45:52D'un coup, il est venu l'ère de la guerre.
00:45:54On va voir comment se comporte dans ce cadre-là.
00:45:56Nous serons également avec
00:45:58Frédéric Loos du syndicat des commissaires de police
00:46:00pour revenir sur ce qui s'est passé à Tremblay.
00:46:02A tout de suite.
00:46:06Merci d'être avec nous
00:46:08la seconde partie de Midi News.
00:46:10Dans quelques instants, nous irons à Tremblay
00:46:12avec ces tirs à l'arme automatique
00:46:14d'une élue.
00:46:16Nous serons rejoints sur ce plateau par Frédéric Loos
00:46:18qui est en charge des commissaires de police
00:46:20du syndicat des commissaires de police.
00:46:22A partir de 13h30,
00:46:24soyez avec nous et notez-le.
00:46:26Olivier Babaud viendra nous parler de l'économie de la guerre.
00:46:28Mais tout d'abord, il est 13h.
00:46:30Place au journal. Rebonjour,
00:46:32chère Somaya Labidi.
00:46:34Bonjour Sonia. Bonjour à tous.
00:46:36A la une de l'actualité, ouverture du procès
00:46:38de l'enseignante d'Evael,
00:46:40cette collégienne de 11 ans qui s'était suicidée
00:46:42en 2019. La professeure de 62 ans
00:46:44jugée pour harcèlement sur mineur
00:46:46en cours de deux ans de prison
00:46:48et 30 000 euros d'amende.
00:46:50Marie-Victoire Diodonné.
00:46:52Oui, exactement.
00:46:54L'audience a débuté
00:46:56en début de matinée.
00:46:58La journée d'aujourd'hui est consacrée aux témoins.
00:47:00C'est d'abord l'ancien proviseur arrivé
00:47:02trois mois après le suicide de la collégienne
00:47:04qui s'est exprimée à la barre.
00:47:06Il a décrit une ambiance glaciale dans ce collège.
00:47:08On y apprend notamment que les moqueries
00:47:10et les grimades envers les élèves n'auraient pas
00:47:12cessé après le décès de la jeune fille.
00:47:14Actuellement, c'est une
00:47:16collègue enseignante qui est en train
00:47:18de prendre la parole. Elle a rendu compte
00:47:20de certaines consignes de ne pas
00:47:22prendre partie lors des faits.
00:47:24Elle éclaire aussi la course sur les éventuelles
00:47:26difficultés de mettre en place un PIA.
00:47:28Un PIA, c'est-à-dire
00:47:30un projet d'accueil individualisé.
00:47:32C'est un enjeu au cœur de ce procès
00:47:34puisque l'effet de harcèlement sur mineur
00:47:36qui sont reprochés à cette enseignante
00:47:38concerne notamment le refus
00:47:40qu'Evael utilise un classeur
00:47:42plutôt qu'un cahier compte tenu de ses
00:47:44problèmes de santé. Ils sont aussi concernés
00:47:46l'organisation d'heures de vie de classe.
00:47:48En bref, l'enseignante est soupçonnée
00:47:50d'avoir non pas forcément créé mais
00:47:52au moins contribué et entretenu
00:47:54un climat délétère qui aurait dégradé
00:47:56les conditions de vie de la fillette.
00:47:58Pour cela, l'enseignante encourt
00:48:00jusqu'à deux ans de réclusion criminelle.
00:48:02De son côté, elle
00:48:04conteste les faits et se décrit
00:48:06comme une personne cache qui défend
00:48:08sa liberté pédagogique.
00:48:10Merci pour ce point complet, Marie-Victoire.
00:48:12Merci également à Laurent Sellerier
00:48:14qui a permis la réalisation de ce duplex.
00:48:16À la une également, Emmanuel Macron
00:48:18vient de féliciter Marc Carny,
00:48:20le futur Premier ministre canadien.
00:48:22Un message posté sur Yves
00:48:24dans lequel le chef de l'État assure,
00:48:26je cite,
00:48:28que les liens entre la France et le Canada
00:48:30sont plus forts que jamais au moment
00:48:32où nous nous faisons face à tant de défis.
00:48:34Et puis,
00:48:36on termine ce journal avec les images
00:48:38des obsèques de Jean-Louis Debré,
00:48:40obsèques célébrés aux Invalides à Paris.
00:48:42De nombreuses personnalités ont fait
00:48:44le déplacement pour rendre un dernier
00:48:46hommage à l'homme de droite qui a marqué
00:48:48la vie politique française
00:48:50de ces 40 dernières années.
00:48:52Voilà ce qu'on pouvait dire
00:48:54de l'actualité à 13h, Sonia.
00:48:56Merci Somaïa, on vous dit à tout à l'heure
00:48:58pour le rappel des titres avec Naïma M. Fadel,
00:49:00Alexandre Devecchio, Arthur De Vatrigan,
00:49:02Judith Vintraube, on accueille Frédéric Loos.
00:49:04Merci d'être là, bonjour à vous.
00:49:06Secrétaire générale du syndicat
00:49:08des commissaires de police,
00:49:10M. Loos, beaucoup de sujets, malheureusement,
00:49:12avec à la fois des attaques,
00:49:14il n'y a pas d'autre mot,
00:49:16alarmes lourdes, comme ce que l'on a vu
00:49:18à Tremblay, mais aussi d'autres sujets
00:49:20à vous soumettre. Prenons tout de suite
00:49:22la direction quand même de la commune
00:49:24de Tremblay, je le rappelle, des tirs
00:49:26à l'arme automatique sur la maison
00:49:28d'une élue suite à une altercation
00:49:30routière avec le mari de celle-ci
00:49:32et c'est un groupe
00:49:34d'individus encagoulés qui est venu
00:49:36pour intimider et pour
00:49:38se venger après ce différent.
00:49:40On imagine sur place, Régine
00:49:42Delfour, l'assidération,
00:49:44l'inquiétude, l'angoisse des
00:49:46habitants et même des voisins, peut-être que certains
00:49:48que vous avez rencontrés ont pu
00:49:50malheureusement assister à la scène.
00:49:52Oui, alors
00:49:54beaucoup de voisins n'ont pas voulu répondre,
00:49:56ils préfèrent rester discrets.
00:49:58On est donc au Tremblay
00:50:00en France, mais dans le vieux Tremblay,
00:50:02ça s'appelle Tremblay en France,
00:50:04vieux pays, on est à quelques mètres
00:50:06de la maison qui a été
00:50:08criblée de balles,
00:50:10de Kalachnikov, et en fait les gens
00:50:12avec lesquels nous avons pu échanger,
00:50:14certains qui vivent ici depuis très longtemps,
00:50:16nous ont dit que c'était un endroit très
00:50:18tranquille, qu'ils se connaissaient depuis
00:50:20des années, mais c'est vrai qu'il y a
00:50:22depuis plusieurs années, peut-être
00:50:24une violence
00:50:26un peu, puisqu'il y a d'autres
00:50:28villes, dont le centre-ville de Tremblay en France
00:50:30qui est à peu près à une dizaine de minutes,
00:50:32et puis d'autres villes aux alentours,
00:50:34d'autres cités aussi,
00:50:36qui parfois entraînent une certaine
00:50:38violence, mais beaucoup nous ont dit
00:50:40que c'était incompréhensible, c'est-à-dire que maintenant
00:50:42pour n'importe quoi, on n'est
00:50:44plus à l'abri, là c'est un
00:50:46différent routier, il semblerait
00:50:48que ce soit un refus de priorité
00:50:50qui aurait déclenché
00:50:52cet acte, et
00:50:54beaucoup nous ont parlé de leur inquiétude,
00:50:56un père me disait
00:50:58j'ai des filles qui ont
00:51:00entre 16 et 17 ans, et j'ai très
00:51:02peur de les laisser sortir, même maintenant,
00:51:04je préfère parfois aller les chercher moi-même
00:51:06en voiture, de peur qu'il leur arrive
00:51:08quelque chose, donc vous voyez, en fait,
00:51:10certains nous disent que, évidemment, c'est pas
00:51:12habituel, ils sont sous le choc,
00:51:14mais quelque part, cette violence, elle devient
00:51:16de plus en plus prégnante
00:51:18ici, en fait, en
00:51:20Île-de-France, mais aussi partout en France.
00:51:22Merci, merci à vous, Régine Delfour,
00:51:24en direct et en duplex, de trembler
00:51:26justement en France, en Seine-Saint-Denis,
00:51:28c'est vrai, Frédéric Loos, nous en parlions
00:51:30tout à l'heure, on parle beaucoup
00:51:32de guerre, à raison avec ce qui
00:51:34se passe dans le monde, mais quand on voit l'utilisation
00:51:36d'armes automatiques, probablement de
00:51:38kalachnikovs sur notre propre sol,
00:51:40c'est une forme aussi de guerre larvée intérieure
00:51:42que nous vivons. C'est une forme de
00:51:44guerre larvée, qui témoigne de la
00:51:46dégradation du
00:51:48climat sécuritaire, qui n'est pas
00:51:50un fantasme, qu'il faut le répéter,
00:51:52qui n'est pas un fait divers,
00:51:54et il faut se poser la question,
00:51:56pourquoi ces armes circulent
00:51:58si facilement, ça c'est la première chose,
00:52:00bon, une kalachnikov, c'est entre
00:52:021000 et 3000 euros, suivant son
00:52:04état,
00:52:06pourquoi des individus sont aussi
00:52:08désinhibés, aussi surdeux
00:52:10pour mettre des cagoules, aller attaquer
00:52:12avec une bouteille d'hydrocarbure,
00:52:14avec un marteau, puis avec,
00:52:16en tirant en plein jour
00:52:18pour une simple
00:52:20altercation, ça s'en
00:52:22dit long sur
00:52:24le fait que le règne
00:52:26et la loi de la violence, petit à petit
00:52:28s'imposent et se
00:52:30banalisent, et que la peur a changé
00:52:32de camp, et bien évidemment
00:52:34l'enquête est confiée
00:52:36au SDPJ de
00:52:38Saint-Denis, l'enquête qui je pense
00:52:40sortira,
00:52:42mais c'est quelque chose de fou, mais il faut penser
00:52:44à l'après, voilà, c'est ça qui est intéressant,
00:52:46c'est faire en sorte,
00:52:48on le répète souvent, que ce soit
00:52:50impossible, et que s'ils
00:52:52sont interpellés, confondus,
00:52:54qu'on rassemble les preuves,
00:52:56non seulement qu'ils soient punis très sévèrement,
00:52:58mais que la peine soit dissuasive,
00:53:00et là, ne le conteniez pas.
00:53:02D'ailleurs, ce n'est pas notre rôle
00:53:04de faire une liste exhaustive,
00:53:06mais nous essayons de le faire pour, comme vous dites,
00:53:08aller contre ceux qui affirment
00:53:10que c'est un fantasme, cette insécurité,
00:53:12par exemple, ce qui s'est passé à Jeun,
00:53:14prenons, si vous le voulez bien,
00:53:16la direction de la ville d'Ajeun,
00:53:18avec de nombreux véhicules qui ont
00:53:20été incendiés en plein
00:53:22centre-ville, et ça s'est passé devant
00:53:24un collège,
00:53:26ça aurait pu se passer ailleurs, c'est tout aussi grave,
00:53:28mais quand même, devant un collège,
00:53:30ça s'est passé à la tombée
00:53:32de la nuit, nous serons dans quelques instants, avec notre
00:53:34journaliste Jérôme Rompenoud
00:53:36sur place, de nombreux élus l'attirent,
00:53:38la sonnette d'alarme, Frédéric Lose,
00:53:40est-ce que nous disposons d'un sujet,
00:53:42effectivement, on va voir les images, le contexte,
00:53:44ce sont des dizaines de voitures
00:53:46qui ont été incendiées, donc probablement une action
00:53:48qui est, évidemment, d'abord délibérée,
00:53:50organisée,
00:53:52pensée et très consciente, regardez.
00:53:54Désolante à Ajeun,
00:53:56dans le Lot-et-Garonne,
00:53:58où dix véhicules ont été incendiés dans la nuit
00:54:00de samedi à dimanche. Si toutes
00:54:02les pistes sont étudiées, celle du départ
00:54:04de feu involontaire est définitivement
00:54:06écartée, car ces voitures
00:54:08étaient garées dans trois rues bien
00:54:10distinctes. Les auteurs de ces actes
00:54:12n'ont pas encore été retrouvés.
00:54:14La mairie appelle tout témoin à se manifester
00:54:16auprès des forces de l'ordre.
00:54:18Dix voitures qui
00:54:20flambent le même soir,
00:54:22c'est une première, et donc ça nous
00:54:24choque particulièrement,
00:54:26j'insiste, c'est très grave, et donc
00:54:28il faut y mettre toute l'énergie qu'il faut pour
00:54:32résoudre et trouver
00:54:34et mener à son terme
00:54:36cette enquête. Les polices
00:54:38municipales et nationales sont placées
00:54:40en état de vigilance maximale,
00:54:42et les surveillances sont renforcées pour
00:54:44les nuits prochaines. La Ville d'Agin
00:54:46promet d'accompagner les personnes concernées
00:54:48dans leur démarche auprès des assurances.
00:54:52On est dans l'apprêt, dans l'accompagnement,
00:54:54dans les assurances, mais c'est
00:54:56une gravité sans nom.
00:54:58En plus, vraiment, à chaque fois on dit que c'est une double peine,
00:55:00et très souvent
00:55:02pour la France
00:55:04qui se lève tôt, qui va prendre sa voiture pour aller
00:55:06travailler, pour l'infirmier, pour le boulanger,
00:55:08etc. Donc c'est véritablement
00:55:10là quelque chose qui est
00:55:12de l'ordre, moi je trouve,
00:55:14d'une attaque d'une partie de la France.
00:55:16On lui enlève son outil de travail,
00:55:18on lui enlève un peu le pain de la bouche.
00:55:20Mais Sonia, excusez-moi, je me permets d'intervenir
00:55:22parce que ça me fait référence à juin
00:55:242023, vous avez vu ce qui s'est passé.
00:55:26On a eu quand même
00:55:28une déguéria urbaine, un embrasement
00:55:30de notre pays, effectivement,
00:55:32des bâtiments qui ont été incendiés,
00:55:34des commissariats de police,
00:55:36des centres sociaux, des écoles, etc.
00:55:38Et qu'est-ce qu'on a fait après ?
00:55:40Quelle a été la réponse ? Est-ce qu'aujourd'hui,
00:55:42vous savez la réponse ?
00:55:44La question a été posée à Jean Dionysse
00:55:46du Séjour sur cette chaîne hier.
00:55:48Justement, il disait que c'était une première
00:55:50urbaine.
00:55:52Certains auteurs ont été interpellés,
00:55:54il faut savoir qu'à Agen, il y a une police municipale
00:55:56efficace,
00:55:58des caméras de vidéosurveillance,
00:56:00et Jean Dionysse du Séjour
00:56:02disait que la justice a considéré qu'il n'y avait pas
00:56:04assez de preuves.
00:56:06Il avait l'air presque
00:56:08désespéré en disant, cette fois,
00:56:10ça devrait pouvoir se faire
00:56:12de condamner les auteurs de ces actes.
00:56:14Je reviens sur
00:56:16les faits eux-mêmes. C'est désastreux.
00:56:18Pareil, ça témoigne
00:56:20de cette dégradation. On est dans le Tarn-et-Garonne,
00:56:22on est dans un département
00:56:24qui est plutôt rural, on est dans un département
00:56:26où la voiture est quelque chose
00:56:28de très important, c'est la liberté
00:56:30pour des gens
00:56:32qui parfois sont
00:56:34de la classe moyenne, des gens défavorisés.
00:56:36On a vu avec le mouvement des gilets jaunes
00:56:38à quel point ça pouvait faire écho
00:56:40tout ce qui touche à la voiture,
00:56:42à la mobilité, parce que quand on vous enlève ça,
00:56:44on vous enlève de la liberté.
00:56:46Là, je fais écho à ce que vous dites, et je confirme,
00:56:48à Agen, il y a une
00:56:50très bonne coopération entre la police nationale
00:56:52et la police municipale. On n'est pas à Grenoble,
00:56:54il y a des caméras,
00:56:56il y a une volonté d'aller
00:56:58de l'avant entre les acteurs institutionnels.
00:57:00Après, il faut être prudent
00:57:02sur les pistes, parce que
00:57:04le commissariat d'Agen
00:57:06est sur plusieurs pistes,
00:57:08plusieurs pistes, il faut être
00:57:10très prudent, mais il y a une enquête qui a été
00:57:12faite, la police scientifique est allée
00:57:14sur place. En matière d'incendie criminel,
00:57:16il y a une enquête scrupuleuse,
00:57:18il y a des prélèvements qui vont être faits.
00:57:20Après, ce que ça dit
00:57:22en plein centre-ville...
00:57:24C'est de le faire en plein centre-ville.
00:57:26Nous sommes sur place avec Jérôme Rampenoux.
00:57:28Jérôme, vous allez nous raconter,
00:57:30nous résumer l'émotion
00:57:32des propriétaires des voitures,
00:57:34mais ce n'est pas seulement. Evidemment, pour eux, c'est
00:57:36énorme. C'est, comme on l'a dit, l'outil
00:57:38de leur travail et de leur liberté, mais plus
00:57:40largement, ce sont des habitants qui sont
00:57:42véritablement sous le choc.
00:57:46Oui, effectivement, les habitants sont
00:57:48sous le choc, vous le disiez. Ici, on n'est pas habitué
00:57:50à ce genre d'événement.
00:57:52La nuit, on a rencontré le maire tout à l'heure.
00:57:54En arrivant aux alentours de 11h, il était
00:57:56sur place pour constater les dégâts.
00:57:58Il était déjà là dans la nuit. Il était arrivé très
00:58:00rapidement. Il nous disait que ce genre
00:58:02d'événement arrive régulièrement ici à Jeunes.
00:58:04Il y a très longtemps que des voitures n'ont pas brûlé.
00:58:06Vous le voyez sur les images d'Antoine et Steve.
00:58:08Ce sont 6 voitures qui ont brûlé ici, devant cet
00:58:10établissement scolaire. Heureusement, il n'y a pas eu
00:58:12de dégâts importants pour
00:58:14l'établissement, pour le collège.
00:58:16Ça a noirci les murs, mais les vitres et les
00:58:18fenêtres qui ont été changées la semaine dernière n'ont
00:58:20pas fondu, mais le feu a été très volant.
00:58:22Et c'est une dizaine de voitures dans
00:58:24l'agglomération qui ont brûlé.
00:58:266 ici, 2 dans une autre rue,
00:58:282 au passage de Jeunes, un petit peu plus loin.
00:58:30Donc, il disait que les gens sont choqués.
00:58:32Il y a ce que vous expliquez pour les
00:58:34propriétaires. Est-ce qu'ils vont pouvoir
00:58:36faire marcher leur assurance rapidement ?
00:58:38C'est compliqué. On est quand même dans des zones assez
00:58:40rurales. On a besoin de sa voiture
00:58:42pour se déplacer. Donc, vous voyez, tout ça, ça va
00:58:44compliquer les choses. Vous le disiez, il y a une enquête
00:58:46en cours. Malheureusement, dans ces petites
00:58:48rues, il n'y a pas de caméra. Ça veut dire
00:58:50qu'il va falloir regarder les caméras du
00:58:52centre-ville, voir s'il y a des déplacements
00:58:54suspects, les comparer avec celles
00:58:56par exemple du passage d'Ajeunes, à que quelques
00:58:58kilomètres d'ici. Le maire nous expliquait
00:59:00que la téléphonie aussi va être
00:59:02regardée de près, savoir si les téléphones
00:59:04ont borné aux deux endroits, aux
00:59:06alentours de ces horaires. Donc, ça va être très long.
00:59:08Malgré tout, les propriétaires, eux, des voitures
00:59:10vont devoir se battre pour pouvoir
00:59:12changer leur véhicule très rapidement.
00:59:14Merci à Jérôme
00:59:16Rampenoux, en directeur en duplex
00:59:18depuis Ajeunes. Alors, il y a
00:59:20cette attaque, cette forme de punition
00:59:22finalement pour les honnêtes citoyens
00:59:24et puis il y a, j'allais dire
00:59:26les trafiquants, les dealers,
00:59:28les voyous
00:59:30entre eux. Et c'est un matin, il y a un mot
00:59:32pour ça. En tout cas, pour
00:59:34blesser, pour intimider,
00:59:36s'en tuer, c'est la jambisation.
00:59:38C'est une méthode d'intimidation de plus
00:59:40en plus utilisée, une méthode de mutilation.
00:59:42Il s'agit de blesser sans tuer, je vous le disais.
00:59:44Et en France, chaque semaine, écoutez
00:59:46bien, il y a au moins deux actes
00:59:48de jambisation. Regardez le sujet
00:59:50préparé par notre rédaction.
00:59:52C'est une méthode
00:59:54d'intimidation, de plus
00:59:56en plus utilisée entre bandes rivales.
00:59:58La jambisation,
01:00:00un moyen de blesser sans tuer.
01:00:02Comme un dernier avertissement.
01:00:04Ceux qui
01:00:06ont des velléités
01:00:08d'être un petit peu des brebis galeuses
01:00:10au sein même de son
01:00:12point de deal,
01:00:14on le rappelle à l'ordre par des méthodes
01:00:16violentes. La mutilation,
01:00:18soit un coup de kalachnikov dans le genou,
01:00:20soit coup de couteau,
01:00:22plaie saignante, plaie à l'arme de poing
01:00:24qui viendront
01:00:26rendre infirme
01:00:28toute sa vie, la personne qui l'a
01:00:30reçue. Selon une information
01:00:32d'Europe 1, les actes de jambisation
01:00:34représentent un quart des cas d'intimidation
01:00:36recensés en 2024,
01:00:38soit deux actes commis
01:00:40chaque semaine en France. C'est vrai
01:00:42qu'on note aujourd'hui une recrudescence
01:00:44de ces phénomènes-là
01:00:46d'intimidation qui sont
01:00:48ni plus ni moins que la manifestation
01:00:50d'un narcotrafic
01:00:52extrêmement présent,
01:00:54prêt à tout. Aujourd'hui, ce phénomène
01:00:56touche plus de la moitié des départements
01:00:58avec en tête l'Île-de-France
01:01:00et les Bouches-du-Rhône. Sans surprise,
01:01:02c'est Marseille qui domine le classement
01:01:04alors que le narcotrafic
01:01:06menace de plus en plus la métropole.
01:01:08Nous noircissons
01:01:10pas un tableau déjà bien sombre,
01:01:12mais ça va mal finir.
01:01:14Alors, cette technique,
01:01:16elle existe déjà dans
01:01:18les milieux criminels, gambisation
01:01:20en Italie.
01:01:22Elle existait
01:01:24dans le monde du terrorisme.
01:01:26Quand on ne voulait pas tuer quelqu'un,
01:01:28mais le terroriser, lui faire peur
01:01:30ou simplement le neutraliser,
01:01:32faire peur à sa famille, il y avait ce qu'on appelle
01:01:34le kneecapping dans le conflit
01:01:36nord-irlandais. Les brigades
01:01:38rouges l'ont aussi utilisé,
01:01:40il faut le savoir. Après, dans le milieu criminel
01:01:42en Seine-Saint-Denis, à Marseille,
01:01:44on a vu ces gambisations.
01:01:46Ça peut être, par exemple, pour un concurrent
01:01:48qu'on veut dissuader.
01:01:50Ça peut être pour
01:01:52un dealer qui est
01:01:54employé par un plus gros dealer et qui
01:01:56n'a pas payé ses dettes ou qui essaie
01:01:58de la faire
01:02:00à l'envers au dealer, comme on dit.
01:02:02Il y a non seulement la gambisation
01:02:04où on tire dans la jambe, on peut bien évidemment
01:02:06mourir, pas simplement être infirme.
01:02:08Moi, je l'ai vu quand j'étais dans le Val d'Oise
01:02:10où l'avertissement, vous touchez une artère
01:02:12vitale. Et puis vous avez même des
01:02:14gambisations qui sont plus
01:02:16raffinées, qui sont faites à la perceuse
01:02:18où là, cette fois, on vient devant l'individu.
01:02:20Donc là aussi, il y a un niveau
01:02:22de barbarie et tout ce qu'on se dit
01:02:24depuis tout à l'heure
01:02:26montre à nouveau qu'il
01:02:28faut rétablir la sécurité et que
01:02:30ce monde et ce vocabulaire de la barbarie
01:02:32doit appartenir au lexique
01:02:34de la rareté et pas du quotidien.
01:02:36Vous avez entièrement raison.
01:02:38On parle de
01:02:40souveraineté matin, midi et soir, à raison sur
01:02:42d'autres sujets, mais ne l'a-t-on pas perdu
01:02:44finalement, sur le plan sécuritaire ?
01:02:46Là, ce n'est pas des zones de non-droit,
01:02:48c'est vraiment un autre droit.
01:02:50Vous vous rendez compte pour qui le mot n'est pas nouveau ?
01:02:52Mais,
01:02:54gambisation, narco,
01:02:56ratail,
01:02:58utilisé par le ministre de l'Intérieur,
01:03:00tous ces mots qui sont devenus
01:03:02notre vocabulaire commun disent quand même quelque chose
01:03:04de l'état de cette violence.
01:03:06C'est ça ce qui est incroyable.
01:03:08Ça rentre dans le langage commun.
01:03:10Ça s'est banalisé, comme il y a une forme de terrorisme
01:03:12qui s'est banalisé
01:03:14et certains trouvent ça normal,
01:03:16d'autres,
01:03:18idéologiquement lobotomisés.
01:03:20Évidemment, c'est complètement anormal et il faut
01:03:22se réveiller, il faut se réarmer,
01:03:24pas que judiciairement,
01:03:26il n'y a pas que le fétichisme juridique,
01:03:28il y a aussi se réarmer moralement,
01:03:30via une prise de conscience.
01:03:32Et ça, c'est, d'après moi...
01:03:34Le fétichisme juridique, excusez-moi.
01:03:36Il n'y a pas que les lois qui vont...
01:03:38Il n'y a pas que, mais il y a les lois également.
01:03:40Tout ce que vous dites,
01:03:42les peuples l'ont compris d'un instant,
01:03:44mais certains gouvernements, pas encore.
01:03:46Oui, et puis, moi je pense, regardez,
01:03:48vous allez passer après, certainement,
01:03:50à des séquences stratégiques majeures,
01:03:52géopolitiques, où on voit
01:03:54qu'on est à un tournant au niveau mondial.
01:03:56La France joue un rôle important,
01:03:58elle a des atouts, membre du conseil de sécurité,
01:04:00l'arme nucléaire,
01:04:02mais comment voulez-vous aussi,
01:04:04je l'ai déjà dit, être crédible, si chez vous,
01:04:06vos quartiers sont à feu et à sang ?
01:04:08Je me suis permis de poser la question
01:04:10au Premier ministre.
01:04:12Est-ce qu'on peut vraiment
01:04:14peser et se réarmer à l'extérieur
01:04:16quand on est miné de l'intérieur ?
01:04:18Est-ce que c'est très intéressant ?
01:04:20Est-ce que pour vous, on peut aujourd'hui ?
01:04:22Si on a un colosse au pied d'argile,
01:04:24c'est un colosse aujourd'hui.
01:04:26Cette question de la menace existentielle,
01:04:32elle est d'abord interne,
01:04:34avec tout ce qu'on aborde.
01:04:36Donc on aurait aimé
01:04:38que le Président de la République,
01:04:40à un moment, effectivement, et surtout,
01:04:42moi je l'ai attendu beaucoup, sur ce qui s'est passé
01:04:44en juin 2023, et malheureusement,
01:04:46il n'a pas eu ce sursaut.
01:04:48Est-ce que vous vous êtes pour la hiérarchie des menaces ?
01:04:50Moi, c'est une question, je me demande pourquoi
01:04:52hiérarchiser les menaces ?
01:04:54Pourquoi hiérarchiser les menaces ?
01:04:56La menace russe, la menace islamiste,
01:04:58je pense, mais peut-être que je m'attends
01:05:00qu'elle pèse plus fortement.
01:05:02Mais est-ce que ça vous interroge ?
01:05:04Est-ce qu'il y a besoin de hiérarchiser ?
01:05:06Ou est-ce que vous estimez qu'il y a un
01:05:08kaléidoscope de menaces et qu'il faut réagir ?
01:05:10Non, parce que répondre
01:05:12à certaines menaces conditionne
01:05:14l'efficacité de notre réponse
01:05:16à d'autres menaces.
01:05:18Et notamment aux menaces externes.
01:05:20Oui, sur le fait de reconquérir
01:05:22notre souveraineté économique,
01:05:24quand on est endetté et que la majeure partie
01:05:26de notre dette appartient
01:05:28à des capitaux étrangers,
01:05:30on a beaucoup de mal à être crédible.
01:05:32C'est certaines conditions.
01:05:34Frédéric Loos, tout à l'heure,
01:05:36pendant une heure, au début de l'émission,
01:05:38on a parlé de réarmement des esprits.
01:05:40C'est l'objectif du ministre des Affaires étrangères
01:05:42qui peut faire un tour de France.
01:05:44Mais vous, qui êtes armé
01:05:46et réarmé,
01:05:48c'est le principe de votre mission.
01:05:50Qu'est-ce qui manque aujourd'hui ?
01:05:52Comment est-ce qu'on pourrait, si vous deviez vous-même,
01:05:54participer d'un discours,
01:05:56d'une volonté ? Qu'est-ce qui nous manque ?
01:05:58Beaucoup de choses.
01:06:00Le courage de dire les choses.
01:06:02La lucidité,
01:06:04et pas la cécité.
01:06:06Le courage aussi de dire
01:06:08que les choses sont compliquées,
01:06:10c'est sûr.
01:06:12Il n'y aura pas qu'une réponse juridique,
01:06:14ou qu'une réponse militaire,
01:06:16ou une réponse moraliste, etc.
01:06:18C'est un tout.
01:06:20Mais à un moment donné, la sécurité,
01:06:22c'est la base.
01:06:24Et ce qui manque déjà à nos élites,
01:06:26politiques, judiciaires, etc.,
01:06:28c'est déjà de se dire
01:06:30ne fais pas autrui
01:06:32ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse.
01:06:34C'est juste insupportable.
01:06:36Il y a une rupture d'égalité.
01:06:38Prendre conscience que ce qui se passe en termes de violence,
01:06:40de trafic, n'est pas acceptable.
01:06:42Ce qu'on n'accepte pas pour soi, on ne doit pas l'accepter pour les autres.
01:06:44Deuxièmement, prendre conscience que depuis 40 ans,
01:06:46même si parfois il y a des choses bien
01:06:48qui ont été faites,
01:06:50il y a un humanisme qui s'est trompé.
01:06:52Il y a un autre humanisme qui s'est dévoyé
01:06:54et qui fait qu'on s'est désarmé
01:06:56juridiquement, judiciairement,
01:06:58probablement moralement,
01:07:00là ça date de plus loin,
01:07:02et qu'aujourd'hui, on a besoin
01:07:04d'autorité, et que l'autorité est le prérequis
01:07:06de la liberté.
01:07:08Le prérequis pour accès à l'éducation,
01:07:10à la culture, à la fameuse égalité,
01:07:12à la fraternité,
01:07:14à une assimilation réussie.
01:07:16Et aujourd'hui,
01:07:18il faut parler vrai, il faut affronter
01:07:20le réel. Il faut également,
01:07:22je pense, pas qu'un discours de
01:07:24technicien, il faut aussi
01:07:26un discours patriotique.
01:07:28Un patriotisme qui ne soit pas dans
01:07:30l'excès, pas un nationalisme, on n'est pas
01:07:32contre quelqu'un, on est pour soi,
01:07:34mais si on veut éviter que des gens se réfugient
01:07:36dans des phénomènes communautaristes,
01:07:38claniques, la ouma islamia,
01:07:40etc., il faut
01:07:42leur apprendre à rêver France.
01:07:44Apprendre à rêver France.
01:07:46C'est tout à fait possible,
01:07:48et il faut que nos décideurs
01:07:50enclenchent cette
01:07:52mécanique, et c'est
01:07:54tout à fait possible.
01:07:56C'est faisable, c'est à portée de la main,
01:07:58c'est une question de volonté politique. Et je finirais
01:08:00pour évoquer, puisque
01:08:02j'ai fait ce lien, j'ai dérivé sur
01:08:04notamment les jeunes issus de
01:08:06l'immigration, ils ne sont pas captifs
01:08:08de LFI ou de
01:08:10ceux qui tiennent des discours communautaristes
01:08:12et qui veulent les enfermer dans
01:08:14une posture misérabiliste.
01:08:16Au contraire, si on les fait rêver, il y a de magnifiques
01:08:18réussites.
01:08:20Il ne faut pas leur dire
01:08:22vous allez être Zidane, vous allez être Mpapé.
01:08:24Il y a de magnifiques réussites
01:08:26de gens qui ont bien réussi, et il faut
01:08:28également parler. Mais par contre, il faut parler
01:08:30vrai. Il faut parler aussi respect.
01:08:32Mais les conditions que vous posez,
01:08:34ça c'est des années qu'on ne les a pas mises en place.
01:08:36Pour arriver à cet objectif, je crois qu'on partage
01:08:38tous. On fait la pause ? Arthur ?
01:08:40Allez-y, je vous en prie.
01:08:42Vous dites parler vrai. Est-ce que, justement,
01:08:44c'est parce qu'Emmanuel Macron sait pertinemment
01:08:46ce qui se passe sur le territoire français
01:08:48qu'il ne veut pas dire ce qu'il pense ?
01:08:50A savoir que la menace existentielle,
01:08:52numéro un, numéro deux, est peut-être l'Algérie
01:08:54et c'est pourquoi il refuse
01:08:56d'affronter l'Algérie.
01:08:58Le régime, peut-être pas l'Algérie.
01:09:00Le régime algérien, évidemment.
01:09:02C'est la menace existentielle pour la France.
01:09:04Pour lui, il pense ça
01:09:06et donc refuse de combattre
01:09:08parce qu'on voit tous les jours ce qui se passe
01:09:10et qu'il a peur de faire son bras.
01:09:12Pardonnez-moi sur ce point. Henri Guaino l'a dit ce matin
01:09:14et ça m'a fait réfléchir.
01:09:16Il est vrai que parfois,
01:09:18je m'adresse à cette critique,
01:09:20on voit les sujets par dossiers
01:09:22et puis on ne voit pas les liens.
01:09:24Il est vrai que la Russie et l'Algérie ont un lien indéniable.
01:09:26Évidemment, c'est le sud global
01:09:28et l'Algérie pèse la Russie.
01:09:30Henri Guaino me disait à la réunion
01:09:32que ça ne sert à rien vos cris d'orfraie
01:09:34de dire qu'on va engager un bras de fer.
01:09:36L'Algérie pourra toujours
01:09:38se tourner vers la Russie
01:09:40et surtout, elle détient entre ses mains une bombe migratoire.
01:09:42Juste comme on a eu à la Turquie.
01:09:44Et nous, de quels moyens de pression ?
01:09:46C'est peut-être pourquoi
01:09:48les accords, les visas,
01:09:50les passeports diplomatiques,
01:09:52notre système social,
01:09:54le nucléaire.
01:09:56Vis-à-vis de la Russie, je parle.
01:09:58Moi, je parlais vis-à-vis du régime algérien.
01:10:00Vous voulez parler
01:10:02des accords,
01:10:04des visas.
01:10:06C'est ce que vous appelez le nucléaire.
01:10:08Dans ce monde,
01:10:10il vaut mieux préserver.
01:10:12Ne coupez pas l'extrême.
01:10:14Vous avez entendu l'explication.
01:10:16Une pause.
01:10:18Dans tous les cas,
01:10:20il faut avoir les moyens de ses ambitions.
01:10:22L'économie de guerre.
01:10:24Quel moyen ?
01:10:26Qui va payer ? Comment ?
01:10:28Ce n'est pas qu'une expression. Réfléchissez.
01:10:30Olivier Babou va nous rejoindre.
01:10:32Il y a plusieurs pistes. Je sais qu'à chaque piste,
01:10:34vous allez hurler. Je le sens. A tout de suite.
01:10:38Merci d'être avec nous.
01:10:40L'ère de la flemme.
01:10:42Sentons-nous viser.
01:10:44Olivier Babou, bonjour.
01:10:46Merci d'être avec nous.
01:10:48Economiste, essayiste, auteur à succès
01:10:50de cet ouvrage dont nous allons parler dans quelques instants.
01:10:52Nous vous poserons également
01:10:54beaucoup de questions sur l'économie de guerre
01:10:56et qui va payer.
01:10:58Tout d'abord, le rappel des titres avec Somaya Labidi.
01:11:00A la une de l'actualité,
01:11:02fin de l'opération militaire
01:11:04sur le littoral et succès
01:11:06de tous les objectifs fixés.
01:11:08Annonce du ministère de la Défense syrien
01:11:10après des combats contre des fidèles
01:11:12du régime déchu.
01:11:14Des attaques qui ont fait près de 1000 morts
01:11:16parmi la population civile depuis jeudi.
01:11:18Une délégation israélienne
01:11:20attendue à Doha pour des négociations
01:11:22indirectes sur la poursuite du cessez-le-feu.
01:11:24Et à la veille de ces pourparlers,
01:11:26Israël a accentué la pression sur le Hamas
01:11:28en coupant l'unique ligne électrique
01:11:30avec Gaza. Un acte qualifié
01:11:32de chantage mesquin et inacceptable
01:11:34par le groupe terroriste.
01:11:36Et puis les sinistrés ne s'en remettent
01:11:38toujours pas.
01:11:40Une dizaine de véhicules incendiés à Agen
01:11:42dans la nuit de samedi à dimanche.
01:11:44Les auteurs n'ont toujours pas été interpellés.
01:11:46De son côté, le maire de la ville dénonce
01:11:48des actes inadmissibles.
01:11:50Merci Somaya.
01:11:52Effectivement, on a parlé
01:11:54quelques réactions au débat que nous venons
01:11:56d'avoir. On nous dit
01:11:58si vous insistez auprès de vos intervenants
01:12:00pour qu'ils parlent du régime algérien, pourquoi
01:12:02vous ne le faites pas concernant la Russie ?
01:12:04Question de logique.
01:12:06Non mais ne faites pas l'air étonné.
01:12:08C'est vrai qu'on
01:12:10dissocie le régime algérien de la population.
01:12:12Il me semble que chacun d'entre nous a dit
01:12:14à chaque phrase que
01:12:16Poutine était dangereux.
01:12:18Le régime était dangereux.
01:12:20C'est vrai qu'il avait
01:12:22donné des offres précises.
01:12:24C'est vrai que quand on parle d'un pays
01:12:26sur des sujets, on parle de l'Etat
01:12:28évidemment, on ne parle pas de tous les habitants.
01:12:30S'il faut commencer à préciser chaque phrase,
01:12:32chaque virgule, on n'aura même pas le temps
01:12:34de donner une idée qui sera déjà terminée.
01:12:36Heureusement que nous avons deux heures
01:12:38et qu'on est ensemble et que nous sommes bien
01:12:40accompagnés d'Olivier Babaud. Vraiment, c'est un plaisir.
01:12:42Je le disais, économiste, essayiste,
01:12:44auteur de ce livre aux éditions
01:12:46Boucher-Châtel,
01:12:48l'ère de la flemme. On va en parler.
01:12:50Mais tout d'abord, puisqu'on vous a sous la main,
01:12:52si je puis dire, cher Olivier,
01:12:54qui pour payer cette éventuelle économie
01:12:56de guerre que nous devrions mettre en place
01:12:58pour retrouver enfin nos capacités de défense ?
01:13:00Alors, il y a plusieurs pistes.
01:13:02Si vous voulez bien, commençons à les évoquer tout d'abord
01:13:04avec l'emprunt européen,
01:13:06un peu sur le même style que le plan de relance
01:13:08post-Covid.
01:13:10Votre avis, monsieur le professeur,
01:13:12si je puis dire. Ce serait une possibilité
01:13:14mais un emprunt doit se rembourser
01:13:16donc finalement, ce n'est aussi qu'une forme de dette
01:13:18et en fait, il se traduirait pour les Etats,
01:13:20en particulier pour la France,
01:13:22par une allocation
01:13:24à l'Europe sans doute agrandie.
01:13:26Cela veut dire que cet emprunt, c'est quand même
01:13:28la France d'une certaine façon qui le ferait.
01:13:30Cela nous remet dans un des autres cas qu'on va voir
01:13:32qui est celui d'un emprunt
01:13:34ou d'un endettement. Et puis, il y a un autre petit problème
01:13:36c'est que, vous savez, si on n'a pas de défense européenne
01:13:38parce que ça fait très longtemps qu'on en parle
01:13:40c'est parce qu'en fait, c'est très compliqué
01:13:42de partager
01:13:44un pouvoir qui jusque-là est vraiment resté
01:13:46l'apanage des Etats
01:13:48et même cet emprunt de défense
01:13:50a, en particulier dans les pays du Nord, beaucoup d'ennemis
01:13:52Ils ne veulent pas mutualiser la dette militaire
01:13:54Ça va être compliqué de faire quelque chose de collectif si tout le monde n'est pas d'accord
01:13:56Donc déjà, voilà quelque chose qui n'est pas
01:13:58complètement, totalement bien sorti
01:14:00donc finalement, ce qui tient la corde
01:14:02c'est l'augmentation du budget
01:14:04de chaque Etat.
01:14:06Mobiliser l'épargne privée ?
01:14:08On peut mobiliser l'épargne, on peut faire un emprunt
01:14:10on parle du livret A,
01:14:12on parle de l'assurance-vie,
01:14:14des livrets, comme ça, réglementés
01:14:16Pourquoi pas ? Mais ce livret A
01:14:18cet argent, il est utilisé aujourd'hui
01:14:20d'ailleurs, il faut bien expliquer aux Français qui nous écoutent
01:14:22ça ne veut pas dire qu'on leur prendrait l'argent du livret A
01:14:24ça veut dire que l'argent de leur livret A ne serait pas seulement
01:14:26utilisé comme il est aujourd'hui
01:14:28pour les légements sociaux, en grande partie
01:14:30il serait utilisé pour d'autres choses
01:14:32C'est un choix. Ça veut dire que l'argent qu'on mettra dans la défense
01:14:34il ne sera plus ailleurs
01:14:36Je ne crois pas, je ne sache pas que l'argent soit relativement
01:14:38aujourd'hui inutile et pas utilisé
01:14:40Ce qui nous mène à une autre possibilité
01:14:42On sent la douloureuse d'arriver
01:14:44Oui, je sens
01:14:46On se rapproche, n'est-ce pas
01:14:48de l'inductable fin
01:14:50La deuxième possibilité, c'est
01:14:52l'endettement, c'est-à-dire qu'on
01:14:54augmente le déficit
01:14:56et tout le monde est à peu près d'accord, pour le coup, en Europe
01:14:58même les Allemands, on a l'impression, pour dire
01:15:00de la règle de Maastricht des 3%, on va
01:15:02enlever les dépenses de défense, donc allons-y
01:15:04on peut y aller franco
01:15:06parce qu'on n'est plus limité
01:15:08Il faut rappeler que l'endette, ça n'est
01:15:10qu'un impôt différé, ce qui nous
01:15:12mène à, finalement,
01:15:14tous les chemins
01:15:16Nous on croit aux promesses, on nous a dit
01:15:18pas d'augmentation d'impôts, nous on reste un peu
01:15:20naïfs dans cette émission
01:15:22L'inventivité, la créativité de Bercy en matière
01:15:24d'augmentation d'impôts est absolument
01:15:26infinie, donc vous pouvez tout à fait dire
01:15:28officiellement, ce ne sont pas les impôts mais c'est des taxes
01:15:30ou alors on a vu aussi, non mais attention
01:15:32c'est de la suppression de dépenses fiscales, ce n'est pas de l'augmentation
01:15:34des impôts, c'est la dépense fiscale
01:15:36en fait c'est des réductions d'impôts, donc quand vous réduisez
01:15:38des niches, ça augmente les impôts
01:15:40Il y a une toute dernière façon
01:15:42J'ai une idée
01:15:44La planche à billets
01:15:46Alors historiquement
01:15:48c'est ça qui a toujours financé les guerres
01:15:50les guerres napoléoniennes, la première guerre mondiale, la deuxième
01:15:52première guerre mondiale, on a commencé en 1914
01:15:54on a fixé, on a arrêté
01:15:56les loyers, on a complètement stoppé les loyers
01:15:58pendant ce temps là, inflation énorme
01:16:00les loyers sont tombés à zéro
01:16:02la deuxième chose que vous avez fait, c'est que vous avez fait
01:16:04les emprunts, avec l'inflation, les emprunts
01:16:06vous les remboursez en monnaie de singe
01:16:08et donc l'inflation c'est formidable
01:16:10Il y a un problème, la BCE ne peut pas financer directement
01:16:12C'est à dire que théoriquement
01:16:14c'est même l'idée de la Banque Centrale Européenne
01:16:16c'est qu'on s'est privé de l'arme monétaire
01:16:18qui était quelque chose auquel les Etats
01:16:20avaient eu beaucoup recours, enfin il y a d'autres
01:16:22façons pour la BCE
01:16:24notamment ce qu'on appelle le quantitative easing
01:16:26une façon d'aller sur le second marché
01:16:28acheter des titres d'Etat
01:16:30ça revient à la même chose, c'est à dire que vous allez
01:16:32injecter de l'argent dans l'économie
01:16:34et donc ça revient à peu près
01:16:36pareil, on peut imaginer
01:16:38on est dans l'économie fiction
01:16:40on peut en faire de temps en temps
01:16:42on peut imaginer qu'en cas de besoin
01:16:44rapide d'argent, on fasse comme on a toujours
01:16:46fait dans l'histoire, c'est à dire qu'on produit
01:16:48beaucoup d'argent et ça a des effets
01:16:50ça euthanasie des rentiers
01:16:52ça a des effets en fonction de
01:16:54la façon dont vos revenus sont plus ou moins
01:16:56indexés sur l'inflation
01:16:58On va continuer à en parler, Judith et puis Frédéric
01:17:00Ce qu'on ne peut pas imaginer en revanche
01:17:02c'est que la France se dise
01:17:04que c'est le moment de faire enfin
01:17:06les réformes structurelles qui nous permettraient
01:17:08de recouvrir des marchés
01:17:10Voilà une excellente remarque parce que vous voyez qu'on n'a même pas évoqué cette idée
01:17:12Et Olivier, j'en veux pour preuve
01:17:14le tollé
01:17:16qu'a suscité chez les organisations syndicales
01:17:18la note de blog
01:17:20rédigée en fait la semaine dernière
01:17:22mais il se trouve qu'il y a des tables rondes
01:17:24entre les syndicats sur la réforme des retraites
01:17:26pour changer
01:17:28parce que les organisations
01:17:30n'en ont eu connaissance qu'aujourd'hui apparemment
01:17:32donc Gilbert Cet
01:17:34qui est le président du corps du conseil d'orientation
01:17:36des retraites a écrit la semaine dernière
01:17:38sur un blog
01:17:40que l'entrée
01:17:42plus ou moins explicite en économie
01:17:44de guerre va rendre
01:17:46je cite de mémoire secondaire sinon dérisoire
01:17:48les débats
01:17:50sur le report de l'âge de la retraite
01:17:52à 64 ans
01:17:54Regardez cette distorsion
01:17:56Nous parlons de guerre, de menaces existentielles
01:17:58et en même temps
01:18:00à l'assemblée nationale ou ailleurs
01:18:02C'est pas très malin d'ailleurs de présenter
01:18:04les choses comme ça parce que si vous voulez
01:18:06que les gens ne participent pas à l'réforme nationale
01:18:08ça ressemble du coup
01:18:10à l'économie de guerre
01:18:12un prétexte finalement pour
01:18:14faire les réformes
01:18:16qu'on n'arrive pas les français
01:18:18à convaincre de faire
01:18:20C'est pour ça que le livre, merci d'être là aujourd'hui en particulier
01:18:22il est vrai qu'il est sorti il y a quelques temps
01:18:24il y a deux mois
01:18:26mais ici nous avons tout de suite
01:18:28merci d'être avec nous
01:18:30parce que je trouve qu'il prend tout son sens encore plus
01:18:32aujourd'hui, j'ai terminé la lecture hier
01:18:34et c'est passionnant
01:18:36parce que l'ère de la flemme
01:18:38c'est finalement la notion de sacrifice et d'effort
01:18:40que vous demandez, rendez-vous compte
01:18:42on ne nous demande plus seulement des efforts
01:18:44mais des sacrifices
01:18:46M.Babot dit déjà que les efforts c'est déjà bien si on arrive à les faire
01:18:48alors les sacrifices là on touche à l'absolu
01:18:50alors racontez-nous, c'est quoi l'ère de la flemme ?
01:18:52L'ère de la flemme c'est le rapport différent
01:18:54qu'on a à l'effort, quelque chose s'est brisé
01:18:56dans le rapport
01:18:58plurimillénaire qu'on pouvait avoir à l'effort
01:19:00de tout temps, vivre, appartenir à la société
01:19:02survivre, se réaliser
01:19:04c'était le fruit d'efforts immenses
01:19:06or aujourd'hui pour plein de raisons
01:19:08ça a commencé petit à petit mais c'est sans doute accéléré
01:19:10notamment par la technologie, on n'a plus tellement de raisons
01:19:12de faire ces efforts, alors ça touche les plus jeunes
01:19:14mais pas seulement, on est tous touchés probablement
01:19:16par cette société qui nous demande
01:19:18beaucoup moins d'efforts qu'avant
01:19:20C'est sûr que moi j'ai l'impression qu'elle n'arrête pas de m'en demander
01:19:22Le recul de la place du travail
01:19:24autrefois vous avez deux tiers des personnes
01:19:26deux français sur trois qui disaient
01:19:28le travail est très important dans la vie, aujourd'hui ça a perdu
01:19:3036 points, on a plutôt qu'en gros
01:19:32entre un français sur quatre et un français sur cinq
01:19:34qui dira le travail est très important dans la vie
01:19:36ça a beaucoup reculé, regardez notre principal problème
01:19:38aujourd'hui c'est notre faible
01:19:40taux d'emploi, c'est-à-dire qu'on n'a pas assez de gens
01:19:42qui travaillent et pas assez d'heures de travail
01:19:44par rapport à la population totale
01:19:46c'est-à-dire que si vous rapportez le nombre d'heures de travail
01:19:48au nombre total de la population
01:19:50on a une centaine d'heures de moins par rapport à des voisins
01:19:52et en fait si on travaillait plus collectivement
01:19:54on n'aurait même pas de problème de déficit
01:19:56c'est-à-dire que la pluie arrivant
01:19:58parce que comme disait Kennedy, vous savez il faut réparer son toit quand il fait beau
01:20:00la pluie géopolitique
01:20:02arrivant, on ne serait pas évidemment
01:20:04très endommagé
01:20:06Si je vous posais la question à vous, économiste, qui depuis très longtemps
01:20:08vous tirez la sonne d'alarme sur le déficit, le fait qu'on
01:20:10ne travaille pas suffisamment, je vous dis
01:20:12qu'est-ce qui est le plus important pour vous, dans votre vie
01:20:14est-ce que c'est le travail ou est-ce que c'est
01:20:16l'épanouissement personnel ?
01:20:18J'ai la chance d'avoir un travail qui est aussi mon épanouissement personnel
01:20:20mais dans mon livre
01:20:22et je montre bien que ce n'est pas seulement un problème
01:20:24économique parce que l'effort
01:20:26c'est-à-dire la mise à distance du plaisir
01:20:28c'est-à-dire mettre le plaisir à distance
01:20:30le capitaliser un peu comme la consommation
01:20:32l'épargne c'est la consommation qu'on va
01:20:34capitaliser pour en avoir plus
01:20:36quand on met le plaisir à distance, on en a plus
01:20:38et de meilleure qualité, ça ça
01:20:40marche aussi dans toute la vie, même dans ses loisirs
01:20:42c'est important, c'est même le principe
01:20:44de l'éducation, vous savez Freud explique que
01:20:46l'éducation c'est passer du principe de plaisir
01:20:48au principe de réalité, le bébé qui pense
01:20:50que c'est normal que tout lui vienne
01:20:52en permanence, tout de suite, dès qu'il a faim
01:20:54ou soif, et bien
01:20:56quand on grandit, on apprend qu'il faut se fixer
01:20:58des objectifs, que la vie c'est
01:21:00mettre des objectifs à distance
01:21:02c'est obéir à certaines règles
01:21:04c'est se fixer une forme de discipline
01:21:06et donc au-delà du travail, le problème c'est la société
01:21:08du Deliveroo, la société
01:21:10du divan, du canapé
01:21:12et du plaid, du tout, tout de suite
01:21:14qui est décrit, que je décris dans mon livre, il y a
01:21:16Marie-Claude Pietragala qui est une grande danseuse
01:21:18d'étoiles qui est devenue professeure qui explique, mais c'est très bizarre
01:21:20aujourd'hui les jeunes, ils veulent tout, tout de suite
01:21:22autrefois on comprenait qu'il fallait
01:21:24toute sa vie pour apprendre à danser
01:21:26et aujourd'hui ils ne comprennent pas
01:21:28que très rapidement on n'a pas tout
01:21:30Ce qui nous intéresse dans votre livre
01:21:32c'est que vous y voyez même une
01:21:34rupture, anthropologique
01:21:36civilisationnelle, je ne sais pas si il faut employer les grands mots
01:21:38mais attention, l'ère de la flemme
01:21:40ce n'est pas juste une mode, ce n'est pas
01:21:42d'un claquement de doigts, demain on sera dans la société de l'effort
01:21:44du sacrifice, vous y voyez quand même quelque chose de
01:21:46lourd, d'ancré. Oui parce que
01:21:48les grandes morales du sacrifice, religion
01:21:50et patrie, peut-être que patrie est en train
01:21:52de revenir, on va voir avec
01:21:54les nouvelles tensions géopolitiques, mais jusque là
01:21:56les grandes morales du sacrifice, c'est-à-dire le fait que
01:21:58la souffrance elle est
01:22:00rédemptrice, expiatrice, que le travail
01:22:02en lui-même va avec de la dureté
01:22:04mais que c'est normal parce que c'est comme ça qu'on appartient à la société
01:22:06tout ça a disparu
01:22:08Si tu demandes à quelqu'un dans la rue
01:22:10qu'est-ce qui est le plus important pour vous ? Il ne vous dira pas
01:22:12Dieu ou la patrie, il vous dira
01:22:14une expérience réussie, une vie réussie
01:22:16alors il faudrait voir, mais une vie réussie
01:22:18c'est la somme des plaisirs et des bonnes expériences
01:22:20Moi j'ai souvent dit, il y a un sondage
01:22:22par exemple, il y a un sondage qui m'a toujours dérangé
01:22:24et je crois que
01:22:26je peux être d'accord avec Arthur, vous savez c'est le sondage
01:22:28sur les valeurs, qu'est-ce que vous mettez
01:22:30avant, moi j'ai toujours dit
01:22:32que les valeurs de la République
01:22:34je pense les respecter, même les chérir
01:22:36mais, moi je suis
01:22:38croyante, culture musulmane
01:22:40et je mets quand même
01:22:42devant, c'est un peu choqué
01:22:44mais Dieu, c'est par un respect
01:22:46c'est par rapport à une éducation à ma mère
01:22:48et derrière ces valeurs là
01:22:50Vous savez en marque éthique on fait la différence
01:22:52entre le sait et le dout, c'est entre ce que vous dites
01:22:54et ce que vous faites
01:22:56Vous allez fonder les reins et les cœurs là, j'arrête
01:22:58Est-ce que vous devez être éthique ? Bah oui bien sûr il faut être éthique
01:23:00mais quand ils vont choisir entre deux t-shirts
01:23:02ils vont choisir celui qui a été mal produit mais beaucoup moins cher
01:23:04malheureusement, il faut regarder ce que les
01:23:06Vous m'avez percé à jour
01:23:08Quel est le comportement des gens, il est malheureusement
01:23:10en particulier les plus jeunes, de plus en plus sédentaires
01:23:12on s'engage moins dans les associations
01:23:14on sort moins, d'ailleurs encore plus
01:23:16depuis le Covid qui a augmenté
01:23:18une civilisation qu'on le veuille ou non, qu'on le déplore
01:23:20ou qu'on s'en réjouisse, Hédoniste
01:23:22c'est-à-dire de Hédonée en grec, le plaisir
01:23:24et Hédoniste très individualiste
01:23:26malheureusement de plus en plus individualiste
01:23:28donc chacun va avoir midi à sa porte et va d'abord
01:23:30cultiver son propre plaisir, pour moi
01:23:32la baisse de natalité, même si c'est multifactoriel
01:23:34mais c'est en partie lié à cette idée qu'on ne
01:23:36ne supporte pas de ne plus passer en premier dans sa vie
01:23:38avoir un enfant qu'on le veuille ou non
01:23:40c'est des sacrifices
01:23:42c'est difficile, c'est moins d'argent
01:23:44c'est des sacrifices de temps
01:23:46et c'est très individuel
01:23:48c'est très occidental aussi
01:23:50la dénatalité
01:23:52le nihilisme surtout, vous avez entièrement raison
01:23:54Frédéric Clos
01:23:56vous êtes engagé sur le terrain
01:23:58la patrie, vous savez ce que c'est
01:24:00l'effort, le sacrifice
01:24:02Oui, moi je pense que pour compléter
01:24:04ce qu'on oublie toujours
01:24:06être face au réel
01:24:08c'est qu'on est aussi dans une économie concurrentielle
01:24:10on ne peut pas simplement dire je veux garder
01:24:12mon niveau de vie, la société
01:24:14vieillit, ce niveau de vie il a un coût
01:24:16et surtout
01:24:18on ne vit pas dans une île, on est dans une économie
01:24:20concurrentielle, on est un grand
01:24:22pays exportateur
01:24:24il y a une forme de ruissellement
01:24:26si on est au PME, PMI
01:24:28le ruissellement
01:24:30c'est le grand pays
01:24:32exportateur
01:24:34on représente, on a baissé
01:24:36mais on représente 1% de la population mondiale
01:24:38on reste un grand pays exportateur
01:24:40et je fais le lien, il y a certains qui vont dire
01:24:42avec le revenu social universel
01:24:44et l'IA, ils vont penser pour nous
01:24:46en disant c'est bien, ne travaillez pas
01:24:48vous allez devenir de bons petits esclaves
01:24:50avec une carte bleue, vous n'avez plus besoin de carte d'identité
01:24:52on va s'occuper de prendre les bonnes décisions
01:24:54sur la défense nationale, là où c'est intéressant
01:24:56c'est que je pense que
01:24:58un emprunt évidemment c'est coûteux
01:25:00un emprunt pour un pays qui est déjà
01:25:02en détail c'est coûteux
01:25:04mais la défense nationale
01:25:06c'est aussi, on exporte je crois
01:25:0827 à 30 milliards par an
01:25:10Thales, Dassault,
01:25:12Naval Group,
01:25:14le cyber, le spatial
01:25:16et est-ce qu'on n'aura pas
01:25:18sur l'emploi, sur l'innovation
01:25:20l'emploi niveau innovation
01:25:22la crédibilité internationale, c'est un domaine particulier
01:25:24je voudrais conclure sur ce point
01:25:26comment on fait la jonction entre un peu les temps d'avant
01:25:28et les temps de demain ou d'aujourd'hui
01:25:30avant c'était quand même, c'était l'effort, c'était le sacrifice
01:25:32on a des générations qui ont connu la guerre
01:25:34nous ne la connaissons que par procuration
01:25:36ou par jeux vidéo
01:25:38ou alors sur nos écrans, moi j'ai connu la guerre
01:25:40c'était en Irak où on voyait
01:25:42vous savez c'est dans le ciel
01:25:44ces fusées vertes
01:25:46c'est la première guerre télévisée
01:25:48c'est notre seul rapport à la guerre
01:25:50alors comment nous biberonner à l'effort et au sacrifice aujourd'hui
01:25:52en fait il faut se rendre compte qu'on a changé le monde
01:25:54effectivement nos parents, mes parents avaient connu
01:25:56l'étiquette de rationnement c'était jusqu'en 1949
01:25:58ils savaient ce que c'était que de manquer
01:26:00ils savaient ce que c'était d'avoir faim
01:26:02d'avoir peur pour le lendemain
01:26:04de la violence et ces gens là
01:26:06avaient vécu comme tous nos ancêtres
01:26:08dans un monde où la difficulté c'était de surmonter des contraintes
01:26:10qui s'adaptaient à vous
01:26:12aujourd'hui pour la première fois on est rentré dans un monde
01:26:14paradoxal où la difficulté
01:26:16c'est la facilité, c'est à dire
01:26:18le fait qu'on ait dans notre poche quelque chose
01:26:20qui nous propose de nous divertir
01:26:22de nous donner une infinité de contenus
01:26:24la facilité aussi de ne pas avoir à bouger
01:26:26pour obtenir plein de choses, et bien ça amolie
01:26:28d'ailleurs c'est le paradoxe, le mot confort
01:26:30vous savez c'est ce qui est censé vous rendre plus fort
01:26:32mais en fait c'est ce qui vous affaiblit
01:26:34et bien on s'affaiblit au moment où d'autres
01:26:36parce qu'évidemment toutes les civilisations
01:26:38ne sont pas au même point, où d'autres au contraire
01:26:40sont dans le moment de la force et le moment de l'énergie
01:26:42parce qu'ils n'ont pas ce nihilisme individualiste
01:26:44donc c'est dramatique parce que c'est une espèce d'affaissement civilisationnel
01:26:46au moment où au contraire justement
01:26:48d'autres bandent les muscles
01:26:50et c'est très inquiétant
01:26:52et donc c'est le moment de la prise de conscience
01:26:54et puis on n'a pas de service militaire
01:26:56parce que le moment
01:26:58qui pouvait nous permettre de prendre conscience
01:27:00et de montrer qu'on avait
01:27:02une identité forte, c'était le service militaire
01:27:04et l'arrêt de la boucle
01:27:06puisqu'on en a parlé, merci
01:27:08merci Olivier Beauvau, l'ère de la flemme
01:27:10il faut lire aussi parce que justement
01:27:12c'est un effort mais alors qu'est-ce qu'il est agréable
01:27:14la lecture est en train de s'effondrer
01:27:16si je le montre dans le livre
01:27:18tout à fait
01:27:20finissons sur une note positive quand même
01:27:22le prochain livre c'est l'ère de quoi ?
01:27:24je ne sais pas encore
01:27:26je me donne du temps toujours pour réfléchir
01:27:28vous avez bien raison dans ce monde en plein bouleversement
01:27:30merci c'était un plaisir de vous avoir venu
01:27:32l'effort, la réflexion
01:27:34des arguments qui sont ciselés
01:27:36grâce à vous, merci pour Midi News
01:27:38on se retrouve demain avec grand plaisir
01:27:40d'ici là restez avec nous évidemment
01:27:42vos émissions et vos auditions se poursuivent