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Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Gérald Darmanin, et bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:05Vous êtes le garde d'Essoe, ministre de la Justice.
00:07Beaucoup de questions à vous poser ce matin sur des sujets d'importance, sur vos dossiers évidemment.
00:12Mais tout d'abord, Monsieur le Ministre, l'actualité, ce sont des discussions constructives.
00:15Hier, en Arabie Saoudite, Kiev soutient la proposition américaine d'un cessez-le-feu pour 30 jours.
00:21La perspective de la paix à l'initiative des Américains progresse.
00:25Est-ce que vous vous en félicitez ce matin, alors que depuis quelques jours, il est vrai,
00:28on entend beaucoup parler de menaces existentielles et de guerres ?
00:32C'est une très bonne chose que les Américains reprennent un rôle qui consiste à aider à la paix,
00:37à soutenir l'Ukraine et à parler de manière classique et normale à un chef d'État en guerre,
00:44Monsieur Zelensky, puisque j'ai compris que Monsieur Trump avait dans la nuit aussi proposé qu'il revienne à Washington.
00:49Ce serait une très bonne chose.
00:51Que répondez-vous, Gérald Darmanin, à ceux comme François Fillon, l'ancien Premier ministre,
00:55l'ancien ministre Hervé Morin ou encore Henri Guaino ?
00:57Ils affirment qu'il y a une forme d'instrumentalisation de la menace russe par le président français
01:04qui jouerait, selon eux, sur les peurs aujourd'hui des Français.
01:07Des angoisses réelles, mais qu'il en jouerait.
01:09Je pense que le président de la République essaie de faire quelque chose de très important.
01:13D'abord de redire que l'Europe doit vivre indépendamment des États-Unis d'Amérique,
01:17et ça fait plusieurs années qu'il le dit.
01:19Et contre la Pologne, quand d'autres pays achètent de l'armement américain,
01:22on s'aperçoit qu'ils auraient dû acheter français,
01:24et qu'il y a une autonomie stratégique européenne à porter.
01:26Deuxièmement, le président de la République a raison de dire que les Américains sont nos alliés,
01:30mais que ses alliés, on ne peut pas dire oui à tout ce qu'ils font,
01:33et c'est vrai depuis De Gaulle.
01:34Et ça, je suis un peu gêné que des gaullistes ne le remarquent pas.
01:37Et troisièmement, oui, il a raison de dire qu'il y a des menaces,
01:40et il y a une menace russe incontestable.
01:42Personne ne le nie sur la menace russe.
01:44La question, c'est, est-elle la plus importante sur notre sol aujourd'hui ?
01:47Alors, je reviendrai sur la question du terrorisme notamment,
01:50mais cette menace russe ne veut pas dire qu'il ne faut pas parler d'ailleurs avec la Russie.
01:54La diplomatie consiste à parler avec des gens avec lesquels on n'est pas d'accord,
01:57et un grand pays comme la France doit parler avec les États-Unis,
02:00avec la Russie, avec la Chine, bien évidemment.
02:02Et je pense que nos dirigeants politiques, c'est très difficile d'être dirigeant,
02:06ils doivent préparer les esprits au réarmement de notre pays, culturel et militaire,
02:12sans pouvoir montrer qu'ils ont envie de la guerre.
02:15Et donc, il faut éviter de montrer, effectivement, qu'on cherche la guerre,
02:19parce que ce n'est pas du tout ce que cherche le Président de la République.
02:21Mais le Président de la République a eu raison de dire aussi
02:23que nous avons des débats en France un peu loin du monde.
02:26– C'est-à-dire ?
02:27– La fin de vie, les retraites, la dépendance, c'est des sujets très importants,
02:31mais c'est des sujets, pour le coup, de fin de vie.
02:33– Oui, mais ça préoccupe aussi les Français.
02:35– Oui, bien sûr, ils ont raison, mais ce n'est pas notre avenir.
02:38Notre avenir, c'est de préparer l'intelligence artificielle,
02:41la recherche scientifique, notre place dans le monde,
02:44de pouvoir avoir une voie libre.
02:46Et je pense qu'on ne peut pas faire 100% du débat public à l'Assemblée nationale,
02:50dans les médias, sur les retraites, le point de retraite, en plus ou en moins,
02:54quand on voit ce qui se passe dans le monde.
02:56En tout cas, il faut regarder l'horizon, il faut regarder l'avenir,
02:58il faut arrêter de regarder son nombril.
03:00Et ça, je pense que c'est ce qu'a fait le Président de la République
03:02lorsqu'il est intervenu à la télévision.
03:04– Mais le nombril, parfois, c'est la France.
03:06Certains le reprochent aujourd'hui, Gérald Darmanin,
03:08d'être un peu le Président de l'Europe et pas assez le Président de la France.
03:10Parce qu'à côté de la fin de vie des retraites,
03:12quels sont les sujets dont nous allons parler ?
03:14La sécurité, la délinquance et tout cela ?
03:16– D'abord, la France, pour être un pays libre,
03:18c'est un pays qui, depuis le général de Gaulle,
03:20a une autonomie stratégique et une voie originale dans le monde.
03:22La France, c'est ça.
03:24La France, c'est un petit pays qui a une voie incroyable dans le monde.
03:26Et nous le savons depuis la Révolution française au moins,
03:28mais c'était le cas de nos rois auparavant.
03:30– C'est encore le cas, en Afrique notamment,
03:32justement du fait des Russes qui nous ont remplacés.
03:34C'est un grand débat.
03:36– Bien sûr, la France, c'est à peu près 70 millions d'habitants,
03:38c'est donc un petit pays.
03:40Nous sommes une des seules puissances nucléaires,
03:42nous sommes la seule puissance en Europe,
03:44puisque l'Angleterre est partie,
03:46à avoir une armée et la seule puissance en Europe
03:48à avoir une industrie de défense.
03:50On construit des sous-marins nucléaires,
03:52on construit des avions de chasse,
03:54on est capable d'être avec l'un des pays
03:56qui lancent l'intelligence artificielle dans le monde.
03:58Donc bien sûr, on a des défaites et des difficultés.
04:00Mais la France reste la France,
04:02lorsqu'elle a une voie singulière dans le monde
04:04et qu'elle ne dépend pas des Américains ou des Russes pour décider.
04:06– La France qui est aussi attaquée, menacée, ciblée,
04:08et nous l'avons été énormément par des chocs islamistes,
04:12par des attaques islamistes,
04:14Emmanuel Macron estime que la France doit lutter en même temps,
04:16Gérald Darmanin, contre la menace géopolitique,
04:18donc la menace russe et la menace terroriste.
04:20Il l'a dit hier à Strasbourg,
04:22lors de la journée d'hommage aux victimes du terrorisme,
04:24vous y étiez.
04:26Marine Le Pen a affirmé, non,
04:28que la menace la plus prégnante, selon elle,
04:30c'est la menace terroriste. Est-ce que c'est faux ?
04:32– C'est parfois la même chose, la menace russe et la menace terroriste.
04:34– Islamiste ?
04:36– Oui, bien sûr.
04:38Ceux qui assassinent Samuel Paty, c'est qui ?
04:40C'est des citoyens russes, Tchétchènes.
04:42Quand j'étais mis à l'intérieur, la Russie,
04:44c'est des centaines de citoyens russes
04:46qu'elle ne veut pas reprendre.
04:48Je constate d'ailleurs que Mme Le Pen et M. Bardella
04:50n'attaquent jamais la Russie pour dire qu'ils ne reprennent pas
04:52leurs citoyens russes, Tchétchènes, Ingouche.
04:54Ingouche, c'est celui qui a assassiné Dominique Bernard.
04:56Ils sont fichés S, ils sont radicalisés,
04:58ils sont islamistes, ils sont russes,
05:00il n'y a aucun doute là-dessus.
05:02Et la Russie ne les reprend pas,
05:04depuis de nombreuses années,
05:06ou extrêmement peu avant la guerre,
05:08puisque j'étais le premier à réouvrir ce canal
05:10et le président de la République m'avait envoyé en Russie
05:12pour discuter justement avec les autorités russes.
05:14Pourquoi la Russie ne reprend pas ses citoyens ?
05:16– Et pourquoi Mme Le Pen n'en parle pas, selon vous ?
05:18– Parce que je pense qu'elle est un petit peu obsessionnelle
05:20sur le Maghreb.
05:22Évidemment, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie,
05:24tous les pays du monde doivent reprendre leurs citoyens
05:26et ce que fait l'Algérie est inacceptable.
05:28Et je l'ai dit et je soutiens évidemment
05:30notre discours ferme et fort contre…
05:32contre cette difficulté qu'a l'Algérie
05:34à accepter ses citoyens, bien sûr.
05:36Mais c'est le cas aussi de la Russie.
05:38Donc j'aimerais qu'il n'y ait pas deux poids, deux mesures.
05:40La menace terroriste, c'est aussi la menace
05:42de quelques citoyens russes nombreux,
05:44puisque vous savez ce qu'on appelle
05:46l'état islamique au Khorasan,
05:48c'est-à-dire les ex-républiques de l'Union soviétique.
05:50Ceux qui passent à l'acte en France,
05:52c'est aujourd'hui des Tchétchènes, des citoyens russes.
05:54C'est eux que nous surveillons en premier,
05:56d'ailleurs, d'après les services de la DGSI.
05:58C'est un attentat d'ampleur, on en a déjoué en 2022
06:00à Strasbourg et c'est eux qui ont assassiné
06:02Samuel Paty et Dominique Bernard.
06:04Gérald Darmanin, en parlant de terrorisme,
06:06de lutte contre le terrorisme et de lutte contre
06:08la criminalité organisée, vous étiez il y a quelques jours
06:10au Maroc et vous avez déclaré, je cite cette phrase,
06:12« Sans le Maroc, la France serait moins sûre ».
06:14Est-ce que ça vaut pour l'Algérie ?
06:16Est-ce que vous auriez pu reprendre
06:18cette déclaration pour l'Algérie,
06:20alors qu'hier encore, on a appris que deux ressortissants
06:22sous OQTF nous ont été renvoyés ?
06:24Alors, je parlais avec le Maroc
06:26des questions très importantes de lutte
06:28contre le narcobanditisme, puisque
06:30nos amis marocains ont à la fois permis
06:32d'interpeller et d'extrader
06:34M. Félix Bengui, qui est un des plus grands
06:36narcotrafiquants français, responsable, je mets des guillemets,
06:38l'enquête le dira,
06:40à la fin des homicides
06:42qui ont pu se passer à Marseille.
06:44Et puis le deuxième sujet, c'est évidemment
06:46les deux personnes les plus recherchées
06:48dans l'affaire Amra, qui étaient à Marrakech
06:50et qui ont été immédiatement interpellées, et j'espère extrader
06:52dans les prochaines semaines. Donc oui, dans le
06:54narcobanditisme, le Maroc nous aide
06:56énormément. Et dans la lutte contre le terrorisme
06:58également, ça vaut pour les pays du Maghreb.
07:00Je ne suis plus ministre de l'Intérieur,
07:02donc je serai ministre de l'Intérieur le dire, mais effectivement
07:04le Maroc donne un certain nombre d'informations.
07:06Le Maroc est à notre écoute,
07:08et notamment, on a eu une discussion lorsqu'il a fallu
07:10expulser l'imamé Khuysen, le Maroc
07:12ne l'a pas repris immédiatement, donc il y a aussi des
07:14discussions avec un pays comme le Maroc, mais ils ont fini
07:16par le reprendre par l'intermédiaire de la Belgique.
07:18Moi, je remercie sincèrement le Royaume du Maroc
07:20pour son travail, pour nous aider à la sécurité,
07:22et inversement, nous aidons à la sécurité du Maroc.
07:24L'Algérie, comme la Tunisie,
07:26contribuent aussi à notre sécurité,
07:28en matière de lutte contre le terrorisme, et en matière de lutte
07:30contre le narcobanditisme. Aujourd'hui,
07:32nous constatons que nous avons, avec d'autres pays
07:34que le Maroc, des difficultés.
07:36Voilà, et je pense qu'il faut
07:38en parler très franchement, c'est ce que fait
07:40le ministre de l'Intérieur, c'est ce que fait le Premier ministre,
07:42et je pense que nous sommes dans une phase
07:44de tension extrêmement fin.
07:45C'est intéressant, vous n'avez pas cité le Président de la République.
07:47Parce que le Président de la République...
07:48Il n'a pas la même voix sur ce sujet.
07:49Le Président de la République, son travail,
07:52c'est de mettre le point final
07:54à une discussion de tension.
07:56Si à la fin, il faut mettre en cause
07:58le traité franco-algérien de 68, moi, j'y suis favorable.
08:00Mais après des étapes, me semble-t-il
08:02importante. Il faut que le ministre de l'Intérieur
08:04passe la fameuse liste des OQTF
08:06qu'on demande à nos amis algériens de reprendre.
08:08Il faut peut-être que nous rappelions
08:10notre ambassadeur, si jamais les choses ne se passent pas bien.
08:12Je rappelle qu'il n'y a plus d'ambassadeurs d'Algérie en France
08:14depuis plusieurs mois, donc peut-être qu'il faut faire la réciproque.
08:16Il y a les passeports diplomatiques,
08:18vous savez, des milliers de passeports diplomatiques
08:20qui permettent à des Algériens, qui d'ailleurs
08:22ne sont pas diplomates, de venir en France
08:24sans visa. Bon, aujourd'hui, on n'a pas mis fin
08:26à cet accord intergouvernemental.
08:28Moi, je ne suis pas ministre d'Affaires étrangères, ministre d'Intérieur.
08:30Je dis juste, Mme Mabrouk,
08:32avant la fin du traité franco-algérien,
08:34je veux bien imaginer la fin,
08:36il y a des étapes intermédiaires. Parce qu'à la fin,
08:38c'est les Français d'origine algérienne...
08:40Vous voulez dire, avant l'arme,
08:42entre guillemets, importante,
08:44il y a quand même des outils de pression
08:46qu'il faudrait d'abord déployer. Oui, je pense, bien sûr.
08:48C'est un autre sujet économique, aussi, en Algérie.
08:50C'est un autre sujet culturel.
08:52L'Algérie, c'est le plus grand pays d'Afrique.
08:54Et nous avons un prisonnier politique.
08:56Et il y a M. Sansal, qui doit être libéré immédiatement,
08:58bien sûr. Et vous savez, l'Algérie,
09:00c'est le plus grand pays d'Afrique. Et l'Algérie a des frontières
09:02avec beaucoup de pays qui posent
09:04des difficultés pour la sécurité nationale.
09:06Le Sahel, la Libye.
09:08Il faut que nous fassions attention.
09:10Nous devons aussi parler à l'Algérie.
09:12La diplomatie consiste à parler avec les gens avec lesquels on n'est pas d'accord.
09:14Il faut être ferme, mais il faut discuter.
09:16Je sais que c'est ce que fait le gouvernement en ce moment.
09:18Dans quelques instants, d'abord, on poursuit, évidemment,
09:20notre entretien sur CNews et Europe 1, Gérald Darmanin.
09:22Dans quelques instants, nous parlerons de votre projet
09:24important pour isoler les 100 plus gros
09:26narcotrafiquants. Et ça a commencé,
09:28d'ailleurs, par Mohamed Hamra
09:30dans la prison de Condé-sur-Sarthe.
09:32Mais tout d'abord, sur les terroristes islamistes.
09:34Sur le terroriste Salah Abdeslam,
09:36à l'isolement, dans la prison de Vendin-le-Vieil.
09:38Hier, l'avocat des partis
09:40civils, au procès du 13 novembre,
09:42a suggéré qu'il allait devenir père.
09:44Une telle information
09:46donnée ainsi a suscité, on peut le comprendre,
09:48un émoi, une émotion auprès
09:50des Français, qu'il se serait même marié
09:52religieusement en prison. Où est la vérité ?
09:54Alors, monsieur Abdeslam
09:56est aujourd'hui, en effet, à l'isolement,
09:58dans la prison de Vendin-le-Vieil,
10:00qui est l'une des deux prisons que j'ai choisies pour être une prison de haute sécurité,
10:02ce qui montre déjà son niveau carcéral
10:04important. Il s'est marié religieusement
10:06au téléphone. Il n'a pas pu se marier
10:08dans une cérémonie. Voilà.
10:10Donc, ce n'est pas un mariage reconnu par la République
10:12que les Français qui nous écoutent l'entendent.
10:14Il est allé en Belgique, monsieur Abdeslam,
10:16parce qu'il y a eu
10:18des procès qu'il fallait organiser en Belgique.
10:20Et en Belgique, nos amis belges ont autorisé
10:22la vie privée et familiale
10:24de monsieur Abdeslam. C'est-à-dire qu'il y a eu des unités de vie familiale
10:26où il a pu rencontrer des personnes,
10:28et notamment sa compagne. Et donc, il y a pu
10:30avoir des contacts à ce moment-là, mais ce n'était
10:32pas en France. Puis ensuite, il est
10:34revenu en France.
10:36Mon prédécesseur Eric Dupond-Moretti n'a pas
10:38autorisé l'unité de vie privée et familiale,
10:40mais il a autorisé des parloirs.
10:42Et dans ces parloirs qui sont surveillés,
10:44même si en quelques instants,
10:46beaucoup de choses peuvent se passer, à notre connaissance,
10:48et monsieur Abdeslam lui-même, par l'intermédiaire de ses avocats,
10:50a évoqué le fait que sa
10:52femme n'était pas enceinte,
10:54il n'y a pas eu de possibilité
10:56pour que monsieur Abdeslam soit père.
10:58Je dis à notre connaissance, parce qu'évidemment, ces parloirs
11:00existent. J'ai demandé à l'administration
11:02pénitentiaire de surveiller,
11:04évidemment, puisque je suis là depuis quelques semaines,
11:06intégralement ces parloirs,
11:08et de ne pas
11:10autoriser les unités de vie privée et familiale,
11:12comme l'ont fait mes prédécesseurs pour monsieur Abdeslam.
11:14Je note quand même que
11:16peut-être qu'il y a eu un contact.
11:18À l'heure actuelle, il n'y a pas eu de contact
11:20en France, mais probablement, c'est-à-dire que l'information
11:22sur laquelle il n'est pas père ne peut pas être démentie.
11:24Monsieur Abdeslam l'a démentie, par l'intermédiaire
11:26de ses avocats, mais moi je ne suis pas,
11:28je n'ai pas la vérité de toute chose,
11:30et je ne sais pas ce qui s'est passé, notamment en Belgique.
11:32On parle d'isolement, Gérald Darmanin, de conditions strictes,
11:34et on va évoquer les narcotrafiquants,
11:36mais dans le même temps, face à la polémique, d'ailleurs,
11:38vous avez très rapidement réagi sur l'usage des tournées
11:40en prison des tablettes numériques.
11:42Vous avez dû suspendre l'utilisation
11:44de ces tablettes. Le coût total, quand même,
11:46c'est 125 millions d'euros.
11:4860 millions ont déjà été utilisées,
11:50donc sont parties en fumée, c'est l'argent
11:52public. Est-ce que vous dites que ce sont
11:5440 ans de philosophie carcérale
11:56qu'on paye ici ?
11:58Je pense qu'on manque un peu de bon sens
12:00au ministère de la Justice,
12:02dans l'administration générale,
12:04et peut-être dans le domaine carcéral en particulier.
12:06Et nonobstant,
12:08le travail formidable que font les agents pénitentiaires,
12:10c'est un métier extrêmement difficile,
12:12et moi, ils me le disent, ils m'envoient des messages
12:14sur les réseaux sociaux, par mail,
12:16indépendamment de leur hiérarchie, pour me dire
12:18il se passe ci, il se passe ça, venez nous aider,
12:20vous avez l'air de nous entendre, écoutez-nous.
12:22Les agents pénitentiaires font un travail très difficile
12:24et pas très bien payé, alors qu'ils ont
12:26beaucoup de difficultés. Personne n'en vit
12:28leur métier, et c'est un métier absolument formidable.
12:30Parce que c'est la première sécurité
12:32pour nos concitoyens. Le bon sens,
12:34c'est quoi ? C'est qu'effectivement, dans les prisons
12:36françaises, pourquoi ces tablettes ont été imaginées
12:38par mes prédécesseurs ? C'est parce qu'il y a une difficulté.
12:40Par qui précisément d'ailleurs ? Qui est l'instigateur
12:42d'une proposition ? Alors, c'est une proposition qui avait été faite
12:44par l'administration et que Mme Belloubet
12:46avait autorisée. Mais elle peut se comprendre,
12:48cette autorisation, je ne l'aurais pas faite.
12:50Des tablettes numériques en prison ? Oui, je vais
12:52vous expliquer pourquoi. Parce que,
12:54quand on est un détenu, on doit pouvoir
12:56commander des choses,
12:58demander une sortie,
13:00demander de pouvoir accéder aux douches,
13:02demander à ce qu'on appelle cotiner,
13:04avec son propre argent, acheter un paquet de cigarettes,
13:06par exemple.
13:08Et, quand il y a beaucoup de gens très
13:10violents dans les prisons, il est
13:12mieux de passer des éléments sans
13:14que le garde d'instructions rentre
13:16dans le cellule
13:18de détention, que...
13:20Voilà. De la phalétine, il va y avoir des tablettes...
13:22Qui n'a pas imaginé qu'elle aurait
13:24pu être détournée ? Attendez, attendez.
13:26Je suis totalement d'accord, je n'aurais pas pris cette décision.
13:28Et j'ai arrêté cette décision, je suis d'accord avec vous.
13:30J'essaie d'expliquer, parce que sinon, on fait de la démagogie
13:32tout le temps et ça n'a pas de sens. J'essaie d'expliquer pourquoi les gens
13:34qui ont imaginé ça l'ont fait.
13:36Ces tablettes numériques, évidemment, n'étaient pas
13:38la bonne solution. 126 millions d'euros
13:40au moment où il manque tant d'argent, y compris
13:42pour construire des places de prison, y compris pour
13:44aider nos agents pénitentiaires à bien fonctionner, y compris, d'ailleurs,
13:46pour retirer la surpopulation
13:48carcérale, parce que je n'oublie pas non plus qu'il y a
13:504000 personnes qui dorment sur des matelas
13:52Vous parlez de démagogie, mais vous comprenez que ça nourrit
13:54la compréhension et même plus ça.
13:56Vous allez faire un audit.
13:58Non, non, je découvre le ministère
14:00de la Justice. J'ai suspendu
14:02cet équipement
14:04de tablettes. Effectivement, vous avez dit, 60 millions ont déjà
14:06été équipées. On va arrêter cela.
14:08Et cet argent sera bien utilisé
14:10ailleurs. A la fois pour qu'il n'y ait pas de
14:12surpopulation carcérale.
14:14Des prisons haut de sécurité, avec la prison
14:16de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais,
14:18condé sur Sarthe dans l'Orne, qui doivent
14:20accueillir les narcotrafiquants les plus dangereux.
14:22Avant de parler, monsieur le ministre,
14:24des dispositions qui font polémique quand vous dites
14:26haut de sécurité. On vient de parler des tablettes.
14:28Nul besoin de rappeler
14:30les téléphones portables qui circulent
14:32et autres. Qu'est-ce que vous voulez dire par
14:34hermétique, véritablement, pour ces prisons ?
14:36Le problème du monde carcéral,
14:38des prisons en France, c'est que
14:40nous mettons dans nos prisons des personnes
14:42selon le statut qu'ils ont dans la justice
14:44et pas selon leur dangerosité. Je m'explique.
14:46Vous mettez dans les maisons d'arrêt des gens
14:48qui sont en détention provisoire, qui attendent
14:50donc d'être condamnés définitivement, quel que soit
14:52ce qu'ils aient fait. Un délit routier
14:54ou du narcobanditisme.
14:56Et vous mettez dans des prisons pour peine,
14:58donc des prisons très carcérales,
15:00des gens qui ont été condamnés définitivement
15:02à plus de deux ans de prison. Moi, je casse
15:04ça, ce modèle. Je ne dis pas qu'il faut mettre
15:06les gens selon leur condamnation dans les prisons.
15:08Maisons d'arrêt, prison pour peine.
15:10Je dis qu'il faut mettre selon leur dangerosité
15:12vis-à-vis de l'extérieur. Donc le
15:14narcobandit qui est dangereux,
15:16même s'il n'est pas condamné définitivement,
15:18on doit le mettre dans des prisons de haute sécurité.
15:20Et celui qui
15:22a fait un délit routier,
15:24auteur de violences physiques
15:26qui ne sont pas en bande organisée,
15:28la délinquance financière ne mérite pas d'aller dans des
15:30prisons pour peine. Et notamment
15:32notre organisation de lutte
15:34contre les téléphones portables, les drones,
15:36la menace, la corruption des agents pénitentiaires,
15:38ça doit être comme en Italie, réservé
15:40aux gens qui relèvent de la mafia, de l'organisation
15:42criminelle, les terroristes et
15:44les narcobandits.
15:46Qui sont parfois les mêmes.
15:48Il peut y avoir des liens, notamment autour de l'armement.
15:50En tout cas, ils sont tous,
15:52venons-en, dangereux pour l'extérieur.
15:54Pas simplement parce qu'ils doivent purger leur peine
15:56de prison, évidemment qu'ils doivent purger leur peine de prison,
15:58comme tout le monde, comme l'auteur du délit routier,
16:00mais ils doivent le faire dans des prisons qui garantissent
16:02la sécurité de l'extérieur. Parce qu'aujourd'hui,
16:04nous avons des prisonniers
16:06qui sont capables de menacer l'agent
16:08pénitentiaire, le directeur de prison,
16:10le magistrat, le journaliste, l'avocat,
16:12le magistrat.
16:14C'est-à-dire qu'on franchit un cap.
16:16Bien sûr, il y a des magistrats en France
16:18qui sont menacés.
16:20Il y a beaucoup de magistrats
16:22en France.
16:24Il y a 150 magistrats
16:26en France qui, d'une manière ou d'une autre,
16:28sont menacés directement, notamment
16:30par des narcobandits. Et il y en a
16:32une quinzaine qui sont sous protection policière au moment où je parle.
16:34Donc il y a des magistrats très courageux
16:36qui prennent des responsabilités
16:38très fortes, pour eux, pour leur famille.
16:40Et je ne peux pas accepter, en tant que ministre
16:42de la Justice, d'avoir des personnes qui sont
16:44en prison et qui disent à un magistrat
16:46« je sais à quelle heure sortent vos enfants
16:48de l'école, je sais que fait votre mari
16:50ou votre femme et je vais les assassiner
16:52si vous ne me permettez pas d'être libéré
16:54prochainement ». Et on l'a vu dans l'affaire
16:56Amras que ce n'était pas des paroles pour rire.
16:58M. Amras a réussi à sortir de sa maison d'arrêt
17:00et à faire assassiner
17:02– je mets là encore des guillemets parce qu'il sera jugé –
17:04deux agents pénitentiaires à bout portant
17:06par des kalachnikovs en pleine journée sur un péage.
17:08– Avec une faille incroyable sur son statut
17:10et sa dangerosité. – Bien sûr, avec une faille générale
17:12me semble-t-il, de l'administration.
17:14– Mais avec ce que vous dites, M. le ministre.
17:16– Et donc nous allons tout changer, c'est très important.
17:18D'abord on va créer un parquet national.
17:20– C'est la vraie révolution, ce n'est pas la révolution pour au final
17:22avoir que de la communication.
17:24– Mais vous savez, quand on a été
17:26mis à l'intérieur et maintenant
17:28mis à justice, on sait l'importance
17:30des décisions qu'on prend. Et on sait que ce qu'on
17:32prend comme décision, c'est demain des veuves
17:34et des orphelins. Moi, quand j'étais mis à l'intérieur
17:36j'enterrais à peu près 3 à 4 personnes
17:38par mois, des pompiers, des policiers,
17:40des gendarmes. Et j'allais voir les orphelins,
17:42les mamans, les papas qui
17:44perdaient leur enfant. Et j'ai appris
17:46si hier je faisais de la communication,
17:48j'en fais toujours, mais aujourd'hui c'est pour la bonne cause
17:50et pour l'intérêt général. – Alors pourquoi ça ne convient pas à tout le monde ?
17:52– Donc les décisions que je prends sont pour l'intérêt général.
17:54Même si j'aurais 6 mois mis ça à la justice,
17:56j'aurais au moins laissé ça derrière moi.
17:58– Et je sais que cette loi, vous y tenez particulièrement,
18:00d'abord pour protéger les Français. Alors pourquoi ce discours-là,
18:02je vais dire, n'infuse pas partout ?
18:04Par exemple, vous assumez ce régime carcéral
18:06qui est, on va le dire, maximaliste.
18:08– Oui, qui permet de ne pas sortir de prison, du tout.
18:10– Alors l'Observatoire international des prisons,
18:12les juges totalement attentatoires
18:14aux droits fondamentaux, les avocats pénalistes
18:16s'en émeuvent aussi. Vous vous assumez,
18:18vous dites c'est pour notre sécurité, je n'y dérogerai pas.
18:20– Bien sûr que je n'y dérogerai pas.
18:22Je suis allé moi-même hier au Conseil d'État,
18:24je pense que ça faisait très longtemps qu'un ministre n'était pas venu
18:26au Conseil d'État lui-même défendre ses mesures.
18:28Et je remercie le Conseil d'État de m'avoir reçu
18:30et on a échangé.
18:32Je sais que ce sont des sujets extrêmement durs
18:34qui permettent de limiter les libertés.
18:36– Le dossier Coffre, parlons-en.
18:38– Juste un point, je sais que le régime que je propose
18:40est très difficile.
18:42– Attendez, vous savez qu'il limite les libertés ?
18:44– Bien sûr. – Venez de le dire, les libertés individuelles.
18:46– Vous êtes détenu. Dans ce régime-là, ça veut dire quoi ?
18:48– Notre intérêt général prime pour vous
18:50sur le droit et les libertés fondamentales
18:52de ces individus prisonniers.
18:54– Alors, ces personnes continueront à avoir des repas
18:56dans leurs cellules individualisées ?
18:58– Dans leurs cellules individualisées,
19:00il n'y a pas d'acte de torture,
19:02c'est ce que j'allais vous dire.
19:04Mais ce sont des gens très dangereux,
19:06capables de passer à l'acte
19:08et d'assassiner des fonctionnaires de l'État
19:10et de continuer leur point de deal.
19:12Est-ce que c'est normal quand on est dans une prison à Marseille
19:14de pouvoir continuer à commander des assassinats
19:16de gamins de 14 ans ?
19:18Ou de toucher des sommes ?
19:20Ce que je vois encore aujourd'hui,
19:22il y a quelqu'un qui a 30 appartements à Dubaï aujourd'hui,
19:24il est en prison, condamné définitivement
19:26– Il y a autant de philosophie carcérale,
19:28vous ne le découvrez pas.
19:30Et je pense que vos prédécesseurs et votre prédécesseur immédiat
19:32ne l'a pas découvert.
19:34– Mon travail, c'est de changer radicalement les choses.
19:36– Pourquoi tant de temps perdu ?
19:38– Je pense que l'affaire Amras a beaucoup
19:40bousculé les consciences aussi.
19:42Notre travail, malgré la difficulté de l'Assemblée nationale
19:44et du manque de majorité, c'est de bousculer les choses.
19:46Mais je voudrais vous dire que ce régime de détention,
19:48pour que les Français le comprennent bien,
19:50ça concerne entre 600 et 800 personnes,
19:52sur 82 000 détenus.
19:54Les Français ne pourront pas téléphoner,
19:56ne pourront pas avoir de vie privée familiale,
19:58ne pourront pas toucher la personne qui est en face d'eux
20:00au parloir parce qu'il y aura un hygiophone.
20:02Il y aura des fouilles systématiques,
20:04il y aura 3h de communication, 4h de communication
20:06autorisées par semaine, point.
20:08Alors qu'aujourd'hui c'est 24h sur 24 sur un téléphone fixe.
20:10Je sais que ce régime est très difficile
20:12et je peux comprendre un certain nombre d'interrogations.
20:14– Dans votre camp ?
20:16– Oui, y compris dans mon camp, mais c'est pas grave,
20:18j'ai parfois été minoritaire dans mon camp,
20:20mais moi je suis là pour protéger les Français.
20:22– C'est votre pays modèle.
20:24– L'Italie a inventé la mafia,
20:26et l'Italie a inventé aussi l'anti-mafia,
20:28et ça marche en Italie.
20:30Et ce qui marche en Italie peut marcher en France,
20:32simplement il faut du courage politique.
20:34– À qui le dites-vous, du courage politique ?
20:36Je parlais notamment du dossier Coffre,
20:38parce que c'est emblématique quand même,
20:40beaucoup d'avocats d'ailleurs, en sachant que vous allez y venir
20:42ce matin, m'ont interpellé en disant
20:44on ne peut pas ne pas avoir accès à certaines informations
20:46très importantes sur nos clients.
20:48Là encore vous assumez,
20:50les débats, monsieur le ministre,
20:52vous le savez mieux que moi, à l'Assemblée,
20:54vont être très très tendus.
20:56Est-ce que vous dites que supprimer l'une de ces mesures
20:58aujourd'hui, c'est quand même une question importante,
21:00c'est aller contre la lutte
21:02sur le narcotrafic ?
21:04– Oui, bien sûr.
21:06– C'est une sacrée responsabilité pour les parlementaires.
21:08– On a un débat,
21:10le parlementaire est libre,
21:12j'étais libre de ma prise de parole,
21:14mais il faut aussi dire la responsabilité devant les Français.
21:16Le dossier Coffre qui est porté par mon collègue Bruno Retailleau,
21:18c'est une mesure au ministère de l'Intérieur,
21:20c'est quoi pour que les Français comprennent ?
21:22C'est adapter nos écoutes téléphoniques au monde d'aujourd'hui.
21:24Les messages cryptés,
21:26la géolocalisation,
21:28le passage par Internet, parfois par satellite.
21:30Voilà, c'est ça que ça veut dire. Les écoutes à la papa téléphonique,
21:32ça ne marche plus, parce que plus personne
21:34n'appelle sur une ligne fixe, les gens passent par un téléphone portable,
21:36par signal, par télégramme.
21:38Et donc ce qu'essaye de faire le ministère de l'Intérieur,
21:40c'est d'adapter ses services d'écoute administratifs à ça.
21:42Et évidemment,
21:44c'est très simplifié,
21:46parce que les Français comprennent, ça pose des questions
21:48d'écoute téléphonique, de liberté individuelle.
21:50Et les avocats, c'est normal, c'est leur rôle.
21:52Ils essayent de limiter
21:54l'action que peut avoir
21:56un procureur de la République ou un magistrat instructeur.
21:58Mais le travail du ministre,
22:00c'est un travail pour l'intérêt général.
22:02C'est un travail pour l'État.
22:04Et le travail du ministre de l'Intérieur et du ministre de la Justice,
22:06c'est dire à tout le monde, l'État, la protection de l'État,
22:08a besoin de ces moyens supplémentaires
22:10pour lutter contre le narcopanditisme.
22:12Ça va beaucoup faire réagir les avocats,
22:14d'ailleurs, une partie, évidemment,
22:16aussi de syndicats,
22:18je pense aux syndicats de la magistrature,
22:20et les politiques comme la France Insoumise.
22:22À ce sujet, je voudrais avoir, monsieur le ministre,
22:24votre réaction sur autre chose. Il y a un colloque
22:26à l'initiative de Raphaël Arnault, à l'Assemblée,
22:28intitulé « Comprendre l'islamophobie pour la combattre »,
22:30et parmi les organisations
22:32qui sont conviées, il y a le CCIE
22:34et l'EMF. Alors, le CCIE,
22:36je le dis à nos auditeurs et téléspectateurs,
22:38c'est un peu la nouvelle version du CCIF
22:40que vous aviez dissous en 2021,
22:42car il véhiculait, je le rappelle, l'idéologie frériste.
22:44Alors, désormais, cette nouvelle version
22:46est installée en Belgique.
22:48Ce député Fichéès,
22:50ce qui a été Fichéès, vous le savez sans doute
22:52mieux que moi, invite de telles organisations.
22:54La présence de l'Assemblée
22:56dit que ce n'est pas normal, mais l'autorise.
22:58Elle ne peut pas faire autrement. Comment vous réagissez ?
23:00D'abord, ça montre le lien
23:02évident entre l'ultra-gauche et l'islamisme.
23:04On l'a beaucoup dénoncé,
23:06ce qu'on appelait l'islamo-gauchisme.
23:08On a parfois été très critiqués, mais ce lien
23:10est évident. On voit bien que ce qu'essayent
23:12de faire l'ultra-gauche et les filles,
23:14c'est de flatter les instincts
23:16communautaristes et, pire,
23:18islamistes, et notamment ceux des frères musulmans,
23:20qui est un danger absolu pour la nation,
23:22comme j'ai déjà eu l'occasion de dénoncer.
23:24Deuxièmement, le CCIF a été dissous, il n'est plus en France.
23:26Je m'en félicite. Il a été reconstitué, notamment en Belgique.
23:28Mais il agit en France à travers un collège
23:30à l'Assemblée.
23:32Ça, normalement, nous aurions dû, me semble-t-il,
23:34empêcher ces personnes de l'organiser.
23:36Je ne m'occupe pas de la police de l'Assemblée nationale.
23:38Le ministre de l'Intérieur peut tout à fait
23:40demander à nos amis belges
23:42d'entreprendre une dissolution
23:44du CCIE
23:46en Belgique. Il faut combattre
23:48les frères musulmans partout sur tout le territoire européen.
23:50C'est un danger absolu pour notre nation.
23:52Les gens le connaissent assez peu.
23:54Ça n'a rien à voir avec l'immense majorité de nos
23:56concitoyens musulmans, qui d'ailleurs subissent
23:58les thématiques d'islamophobie, les thématiques
24:00des frères musulmans, de façon beaucoup plus insidieuse
24:02que le font les salafistes.
24:04C'est assez clair qu'il est contre
24:06la nation.
24:08Tout le montre, y compris
24:10le fait qu'il n'a pas le droit de voter, puisque
24:12ça a rigueur l'interdit. En revanche,
24:14le frère musulman s'insinue en étant
24:16élu dans nos conseils municipaux, en montant
24:18dans la vie associative et en essayant
24:20d'influencer la politique. LFI est un allié
24:22objectif, on le voit avec M. Arnaud,
24:24de cette question d'islamisme et on doit le combattre
24:26politiquement et juridiquement.
24:28La France Insoumise, qui appelle sur X, a manifesté
24:30le 22 mars contre des personnalités publiques,
24:32médiatiques, des journalistes,
24:34des animateurs, n'y voyaient pas du tout
24:36une question corporatiste de ma part,
24:38véritablement une inquiétude. Par exemple, des animateurs,
24:40des journalistes comme Pascal Praud, Cyril Hanouna,
24:42avec des affiches, vous allez les voir à l'écran,
24:44je les décris pour nos auditeurs d'Europe 1,
24:46une affiche de Cyril Hanouna qui a été
24:48retirée et remplacée par une autre photo,
24:50alors que certains s'étaient émus de messages
24:52relayés ou de relents
24:54antisémites. Comment vous réagissez,
24:56l'homme politique que vous êtes, pas seulement le garde des Sceaux,
24:58à ce qui est en train de se jouer aujourd'hui autour de la liberté
25:00d'expression, qu'on aime ou qu'on n'aime pas
25:02des chaînes, qu'on aime ou qu'on n'aime pas des animateurs,
25:04des journalistes ? – Mais indépendamment de la liberté
25:06d'expression, qui manifestement est très attaquée,
25:08c'est mettre
25:10des cibles dans le dos de ces journalistes,
25:12de ces hommes politiques ou de ces personnalités.
25:14Samuel Paty n'est pas mort
25:16autrement. Il y a eu
25:18une fatwa numérique. Quelqu'un a dit
25:20que ce professeur aurait fait quelque chose
25:22au contraire à ce qui
25:24était acceptable, notamment
25:26chez les musulmans rigoristes, et quelqu'un
25:28est passé à l'acte. On a armé culturellement
25:30le passage à l'acte du terroriste.
25:32C'est exactement ce qui peut
25:34se passer quand on met ce genre de cible
25:36sur la tête,
25:38le dos de personnalités publiques.
25:40Et donc c'est extrêmement dangereux
25:42et j'espère que ces manifestations,
25:44je ne parle pas en tant que garde des Sceaux,
25:46je ne donne pas d'ordre aux magistrats,
25:48mais j'espère que ces manifestations
25:50pourront être interdites par les préfets.
25:52– Gérald Darmanin, en parlant de cible justement,
25:54a-t-on mis une cible sur le dos des
25:56policiers avec cette décision du parquet de Nanterre
25:58qui a demandé un procès pour meurtre contre
26:00le policier qui a ouvert le feu sur Noël
26:02en 2023 après un refus d'obtempérer ?
26:04Vous avez apporté votre soutien
26:06aux forces de l'ordre tout en rappelant, soyons objectifs,
26:08que personne n'est en dehors de la déontologie.
26:10Mais vous avez clairement exprimé votre
26:12soutien, M. le ministre, M. le garde
26:14des Sceaux. – Oui, moi j'ai toujours
26:16soutenu les policiers et les gendarmes.
26:18Ça ne veut pas dire qu'individuellement il n'y a pas des policiers
26:20et des gendarmes, comme dans toute profession, qui ne respectent
26:22pas la déontologie. Et la déontologie,
26:24c'est très important parce que c'est l'honneur
26:26du policier et du gendarme. Donc quand ils ne le respectent pas,
26:28il faut évidemment des sanctions. Et j'ai moi-même,
26:30alors que je soutenais énormément les forces de l'ordre,
26:32fait sortir de l'uniforme un certain nombre de personnes
26:34qui respectent, qui tutoient les personnes,
26:36qui les insultent, qui ont des propos racistes, homophobes.
26:38Évidemment, la police et la gendarmerie ne peuvent pas accepter ça.
26:40Mais dans l'action de policiers et
26:42de gendarmes, c'est très difficile d'être policier ou des gendarmes.
26:44C'est très difficile d'avoir la violence légitime.
26:46On risque sa vie tous les jours.
26:48Je pense qu'il faut soutenir nos forces de l'ordre.
26:50Alors, en tant que garde des Sceaux, je ne peux pas commenter des affaires individuelles.
26:52On peut se dire,
26:54qu'un procès peut permettre aussi
26:56de laver l'honneur de l'ensemble
26:58des protagonistes. C'est aussi une façon
27:00plus positive de le voir. Mais ce qui est certain,
27:02c'est que nous devons tous, collectivement,
27:04soutenir nos policiers et nos gendarmes parce que si
27:06nous leur retirons
27:08le courage d'intervenir,
27:10quand personne n'intervient sauf eux à une heure du matin
27:12dans des quartiers difficiles,
27:14eh bien alors nous ne serons plus protégés du tout.
27:16Et c'est le rôle, me semble-t-il,
27:18du ministère de la Justice aussi,
27:20de le dire puisque les policiers et les gendarmes,
27:22ils agissent sous l'autorité des procureurs de la République
27:24lorsqu'ils interviennent. Et donc, c'est normal que de l'évoquer.
27:26On va conclure, monsieur le garde des Sceaux.
27:28Demain, à votre place, ce sera...
27:30Peut-être que je peux dire aussi qu'il faut soutenir les magistrats.
27:32Parce que dans les mêmes affaires à Nanterre,
27:34certains magistrats ont aussi été menacés personnellement.
27:36Et je voudrais dire que ceux qui menacent,
27:38qui critiquent les magistrats,
27:40qui prennent en toute indépendance leurs décisions,
27:42même si on a le droit d'en discuter sur les plateaux de télévision,
27:44bien sûr, doivent être également condamnés.
27:46Mais il faut également soutenir parfaitement les magistrats.
27:48Vous savez, police et justice travaillent ensemble
27:50pour le bien de la République.
27:52Peut-être davantage aujourd'hui alors que vous formez,
27:54certains disent, un duo avec Bruno Rotaillot.
27:56Exactement, nous formons un duo,
27:58alors de choc peut-être, je ne sais pas,
28:00avec Bruno Rotaillot. Pas une feuille de papier à cigarette
28:02nous sépare, mais dans la vie de tous les jours,
28:04le procureur de la République,
28:06il travaille avec ses policiers et ses gendarmes.
28:08Donc, c'est sûr qu'à Paris, parfois,
28:10il y a dans les débats médiatiques
28:12des différences entre la justice et la police.
28:14C'est toujours refusé, mais sur le terrain,
28:16à Châlons, à Lille, à Montmarsan,
28:18le procureur de la République ou la procureure de la République
28:20travaillent tous les jours avec ses policiers.
28:22On va conclure, Gérald Darmanin.
28:24Demain, à votre place ici même, ce sera Marine Le Pen,
28:26invitée de la grande interview.
28:28Je sais que le garde des Sceaux ne peut pas parler
28:30d'un procès. Malgré tout, c'est une personnalité
28:32politique première opposante
28:34qui sera fixée sur son sort
28:36dans quelques jours. Ce sera le 31 mars.
28:38Son jugement dans l'affaire des assistants
28:40d'eurodéputés, RN, peut changer
28:42la donne en France.
28:44J'interroge l'homme politique, parce que l'homme politique,
28:46il y a quelques semaines, a déclaré
28:48ceci sur X. Il serait profondément
28:50choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible
28:52et ainsi ne puisse se présenter
28:54devant le suffrage des Français. Combattre
28:56Mme Le Pen se fait dans les urnes.
28:58Si le tribunal juge qu'elle doit être
29:00condamnée, elle ne peut l'être électoralement,
29:02sans l'expression du peuple.
29:04N'ayons pas peur de la démocratie et évitons de creuser.
29:06Encore plus, la différence
29:08entre les élites et l'immense majorité de nos
29:10concitoyens, j'imagine que
29:12vous n'avez pas changé d'avis
29:14avec vous-même.
29:16J'étais parlementaire, donc libre de mes propos.
29:18Y compris vis-à-vis
29:20de l'autorité judiciaire.
29:22Celui que vous étiez il y a quelques semaines.
29:24Oui, mais j'étais parlementaire,
29:26donc c'était ma fonction d'être libre.
29:28Vous n'êtes plus ?
29:30Vous êtes libre de penser qu'un responsable politique
29:32pourrait être battu ?
29:34Pour les personnes qui sont sous
29:36l'accoulement de la justice, je garde mes sentiments impectorés.
29:38Mais en revanche,
29:40en tant que parlementaire, j'ai pris
29:42ma prise de position libre, et pas grand monde
29:44ne l'avait fait à l'époque. En tant que garde des Sceaux,
29:46je respecte le rôle institutionnel que la Constitution me confie.
29:48Vous savez, le garde des Sceaux, c'est le seul ministre
29:50cité par le général de Gaulle dans la Constitution.
29:52Ça montre bien qu'il a un rôle particulier.
29:54Et j'essaie de remplir mon rôle pour les Français.
29:56Merci Gérald Darmanin.
29:58C'était votre grande interview. Bonne journée et à bientôt.
30:00Merci à vous.

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