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  • il y a 3 jours
Le rapport Art Basel / UBS 2024 propose une analyse approfondie des grandes tendances du marché mondial de l’art et des antiquités. Le marché a continué de faire face à des vents contraires, avec une baisse de 12 % des ventes, atteignant un montant estimé à 57,5 milliards de dollars. Malgré ce repli, le rapport met en lumière plusieurs axes d’évolution qui offrent des perspectives stratégiques intéressantes pour les acteurs du secteur, dans un contexte marqué par l’arrivée de nouvelles générations de collectionneurs, aux goûts affirmés et aux pratiques de collection renouvelées.

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Transcription
00:00Le rapport Art Basel UBS a été dévoilé, publiant une baisse des ventes, mais aussi plusieurs axes d'évolution de marché qui permettent d'établir des stratégies d'investissement intéressantes.
00:14Et pour en parler, je suis ravie d'être avec Arnaud Dubois, cofondateur de Matisse, une plateforme d'investissement dans l'art.
00:20Alors tout d'abord, Arnaud, merci beaucoup d'être avec nous.
00:23Bonjour Sibyla Oudjan.
00:24Est-ce qu'un tel rapport comme ça, c'est fondamental pour votre métier ?
00:28C'est fondamental parce qu'on est une société d'investissement, de savoir dans quelle classe d'actifs on investit.
00:34On parle d'une baisse d'un marché de l'art de 12% par rapport à l'année précédente.
00:39Mais dire que le marché de l'art a baissé de 12%, ça revient exactement à dire que le marché de l'immobilier mondial a monté ou baissé.
00:46Et vous pensez bien que le marché de l'immobilier n'est pas le même à Paris, à Londres, à Tokyo, à New York, que à nos gens le retrouvent.
00:53Avec toutes mes amitiés les plus sincères pour les habitants de nos gens le retrouvent, bien sûr.
00:57Mais avec un marché à plusieurs vitesses, étudier la granulométrie du marché nous permet de préciser notre classe d'actifs.
01:04Et donc, est-ce que là, vous avez parlé de 12% ?
01:08De ce rapport, qu'est-ce qu'il en ressort ? Quels sont les chiffres clés qui vous intéressent particulièrement ?
01:13Alors moi, ce qui m'intéresse lorsque je regarde un rapport comme ça, c'est plusieurs chiffres.
01:16Le premier, c'est la segmentation du marché.
01:19Par exemple, lorsqu'on regarde les œuvres qui sont échangées dans le monde,
01:24on se rend compte que l'immense majorité des transactions se font sur des œuvres réalisées au XXe siècle.
01:30Je ne cesse de le dire, mais le marché de l'art cesse de nous surprendre.
01:34Il est extrêmement contre-intuitif.
01:35Un marché de l'art ancien représente moins de 8% du marché de l'art mondial.
01:42Donc depuis les impressionnistes en 1870 jusqu'à nos jours, nous avons plus de 90% du marché de l'art mondial en valeur et en volume.
01:53Ne vous dirigez pas ou peu sur des artistes lorsque vous investissez avec une profondeur de marché faible.
02:01Ça s'explique tout naturellement.
02:03Ces artistes sont dans les musées pour en grande partie d'entre eux.
02:07Et donc il est normal que l'on ne trouve pas ces œuvres.
02:09S'il n'y a pas d'œuvres, il n'y a pas ou peu de marché.
02:13Lorsqu'on regarde plus précisément, on se rend compte qu'une œuvre sur deux vendue dans le monde a été réalisée par un artiste américain.
02:20Une œuvre sur deux vendue dans le monde a été vendue aux États-Unis.
02:24Maintenant, lorsqu'on regarde les prix, on se rend compte qu'on a un marché à trois vitesses.
02:31D'abord les œuvres à moins de 50 000 dollars.
02:33Et ces œuvres à moins de 50 000 dollars représentent 95% du marché de l'art mondial en volume.
02:41Mais attention, 95% du marché de l'art mondial en volume ne représente seulement que 17% du marché de l'art mondial en valeur.
02:48Lorsqu'on regarde l'extrémum en face, les œuvres à plus de 10 millions, certes c'est 0,2% du marché de l'art mondial en volume.
02:57Mais c'est 18% du marché de l'art mondial en valeur.
03:01En somme, les œuvres à moins de 50 000 et à plus de 10 millions pèsent le même poids en valeur.
03:06Et donc ça, comment est-ce qu'on peut l'appliquer dans nos stratégies d'investissement ?
03:11Dans nos stratégies d'investissement, c'est que surtout il ne faut pas aller sur ces classes d'actifs.
03:14Au moins d'une opportunité exceptionnelle, les œuvres pas chères évoluent sur un marché qui est beaucoup plus régional.
03:21Les œuvres qui sont très chères ont un segment de marché beaucoup plus faible.
03:25Il y a beaucoup moins d'acheteurs qui peuvent dépenser 30, 40, 50 millions de dollars.
03:29Il y en a de plus en plus chaque année.
03:30Mais qui peuvent dépenser autant d'argent pour des œuvres aussi importantes.
03:33On a affaire à un marché qui est très resserré.
03:36Par contre, par opposition, des œuvres à moins de 50 000 dollars sont extrêmement démocratiques.
03:41Maurice Reims, en son temps, disait que nous vivions dans un enfer d'objets.
03:45Il a bien raison.
03:46Elles sont toutes autour de nous.
03:48Elles nous envahissent.
03:49Mais malheureusement, elles sont relativement peu rentables.
03:52La conclusion qui est la nôtre, elle va être se diriger sur ce que Mathis vise.
03:57Ce sont des œuvres entre 250 000 et 5 millions de dollars.
04:004,5% du marché.
04:02Mais qui représentent plus de 65% du marché de l'art mondial en valeur.
04:07Voilà, donc se diriger vers les zones de masse, les grands pourcentages en tout cas.
04:12Oui, on a affaire à un marché qui accentue sa forme de toupie.
04:16Ces grands pourcentages sont pour nous extrêmement importants.
04:20Lorsqu'on voit l'évolution du marché année après année,
04:24depuis 3 ans, on observe une baisse du nombre du produit de vente sur des œuvres à plus de 10 millions.
04:31Et en même temps, on voit, et ça c'est très intéressant, une augmentation massive de 12 à 16%.
04:40Vous voyez, c'est quand même important.
04:42Des œuvres à moins de 50 000 dollars.
04:44Donc on a affaire à de plus en plus d'objets qui ne sont pas chers.
04:47Mais ça aussi s'explique par la sociologie des collectionneurs qui veulent se faire plaisir,
04:51qui n'achètent pas que pour des raisons d'investissement,
04:54qui se posent la question de l'œuvre d'art comme un objet social, un objet décoratif,
04:59un objet contemplatif avec lequel ils vivent.
05:01Et c'est tant mieux.
05:03D'ailleurs, lorsqu'on regarde les nouveaux acheteurs en ligne,
05:06et on parlera peut-être de ça tout à l'heure,
05:08mais ça c'est un des changements fantastiques dans ce marché,
05:12on se retrouve qu'on se rend compte qu'un acheteur sur deux en ligne est un nouvel acheteur.
05:17Donc on a affaire à des acheteurs qui sont plus jeunes,
05:19on a affaire à des acheteurs qui sont aussi moins fidèles, moins captés.
05:23Ces sociétés de vente aux enchères ne les connaissaient pas,
05:27mais lorsqu'on regarde le marché de l'art,
05:30je parlais de la toupie tout à l'heure,
05:31ce gros de la toupie entre 250 000 et 5 millions,
05:34c'est un marché qui, année et après année, ne bouge pas.
05:38Et ça c'est extrêmement rassurant,
05:40car Mignac a fait sa fortune non pas en apportant des plus-values à ses clients,
05:44mais en période de crise, lorsque tout le monde faisait moins 40,
05:46il a fait zéro.
05:48Ce marché de l'art, en ce moment, ne bouge pas et c'est plutôt rassurant.
05:52D'accord, donc les moins 12% à 57 milliards de dollars,
05:57finalement, ce n'est pas sur ça qu'il faut s'arrêter,
05:59mais il y a plein de réajustements à avoir,
06:03de stratégies intéressantes qui vont...
06:06Et donc tous les acteurs professionnels ne sont pas forcément touchés par ces...
06:09Non, ils ne sont pas tous impactés.
06:11Alors c'est moins de 12%, même quand on les prend de manière très globale,
06:14ils ne sont pas très graves.
06:16Pourquoi ? Parce que le marché de l'art, depuis à peu près une vingtaine d'années,
06:19fait entre 55 et 75 milliards.
06:22Alors c'est très curieux, parce qu'entre 55 et 75 milliards,
06:25depuis 20 ans, dans un monde qui s'est considérablement enrichi,
06:29pourquoi ? Et c'est une vraie question qu'on peut se poser,
06:31pourquoi est-ce que le volume transactionnel,
06:34pourquoi est-ce que la valeur des échanges depuis 20 ans,
06:37n'a absolument pas bougé ?
06:39Il est extrêmement sable et c'est tout à fait étonnant.
06:43Pourtant, lorsqu'on regarde les valorisations des actifs chez les particuliers,
06:48en somme, la totalité des œuvres d'art qui sont détenues chez les particuliers,
06:52nous avions l'année dernière 2150 milliards de dollars détenus chez les particuliers.
06:59On entend en 2026 cumuler plus de 2850 milliards de dollars chez les particuliers.
07:08Cette augmentation de 700 milliards de dollars en moins de 5 ans,
07:15c'est stratosphérique.
07:17Eh bien, ça s'explique de la façon suivante,
07:20c'est la concentration des valeurs.
07:22Les chefs-d'œuvre valent de plus en plus cher
07:25et donc, c'est toujours dans ce rapport qu'il le met en évidence
07:29et nous, ça nous dirige, ça nous dit que la ligne à conduite de nos investissements
07:34continuait à se diriger vers des artistes blue-chip, vers des valeurs refuge.
07:40Et ce qui est intéressant, c'est qu'on voit à travers ce rapport
07:42que le marché, en tout cas la cible des acheteurs,
07:47va progresser et s'enrichir.
07:50Parce qu'on parle aussi de transfert de richesses,
07:52de toute cette population qui va arriver sur le marché
07:55qui hérite des richesses de leurs parents, de leurs collections, etc.
08:01Donc ça, c'est des pistes intéressantes pour les professionnels
08:05pour s'adapter aussi à cette nouvelle population qui va arriver.
08:09Oui, Sybille, vous avez raison.
08:11On parle d'un transfert de à peu près 80 et 90 milliards de dollars sur...
08:1784 000 milliards, non ?
08:1984 000 milliards de dollars.
08:2084 000 milliards, pardon, entre 80 et 90 000 milliards de dollars,
08:26ce qui est une somme qui est considérable sur une vingtaine d'années à peu près.
08:30Alors, ça implique plusieurs choses.
08:32Ça implique qu'il va y avoir d'abord une masse financière
08:36qui va complètement bouger avec des goûts qui vont aussi complètement changer.
08:40Lorsqu'on prend l'exemple des artistes impressionnistes,
08:43on a tenu une maturité de marché après une centaine d'années,
08:48entre leur création en 1870-1880 et leur maturité de marché en 1990
08:53où les records sont établis.
08:55Depuis, on a peu de tableaux impressionnistes qui dépassent les 100 millions de dollars.
08:59On a affaire à des oeuvres qui sont très chères
09:01et sur une courbe qui est, j'allais dire, très asymptotique.
09:06On est monté très très haut, mais ensuite on s'est énormément stabilisé.
09:09La question que ça pose, c'est la maturité de marché.
09:12Alors, on envisage peu nos investissements sur une vingtaine d'années,
09:15mais on se pose raisonnablement la question de quels sont les artistes,
09:18quelles sont les oeuvres qui seront encore collectionnées dans 20 ans.
09:22Celles sur lesquelles on va encore connaître de la croissance.
09:25Je crois que des artistes comme Basquiat,
09:26Alors, Basquiat, ce n'est plus un artiste qui est jeune,
09:29c'est un artiste des années 80,
09:31mais des artistes comme Kisaring, des artistes comme Basquiat
09:33sont des artistes qui ont aujourd'hui 40 ans de track record.
09:38Dans une vingtaine d'années, ils auront 60 ans de résultats de vente aux enchères.
09:42On aura accès à un marché qui sera mûr.
09:46Est-ce que Basquiat, son marché, tiendra encore plus de 40, 50, 60 ans ?
09:53Est-ce que ce sera un marché qui continuera à croître ?
09:56On le pense sur certains artistes,
09:57mais on pense aussi que beaucoup d'artistes des années 50
10:00voient leur cote au maximum à ce jour.
10:04Et puis, c'est des manières aussi de collectionner qui sont différentes.
10:07Vous avez parlé tout à l'heure d'achats en ligne,
10:10d'achats aussi beaucoup plus spontanés.
10:12Tous les professionnels de l'art doivent quand même se poser la question,
10:17réagir, se réajuster par rapport à...
10:20Beaucoup d'achats qui sont spontanés, ça c'est incontestable.
10:23Ici aussi, il y a une façon de se dire qu'on va diversifier son cash.
10:29C'est-à-dire que quand on discute avec des marchands plus expérimentés que nous,
10:36ils avaient affaire à une clientèle qui parlait peut-être davantage d'oeuvres.
10:40Aujourd'hui, on a affaire à des collectionneurs
10:43qui sont peut-être un petit peu mieux informés,
10:46c'est incontestable,
10:47mais qui ont peut-être moins de connaissances en histoire de l'art,
10:51qui savent très bien que tel artiste va faire la couverture de flash art
10:54et que c'est le moment d'acheter.
10:55Voyez, ce type de...
10:56Ils comprennent très très bien les rouages et les mécanismes.
10:59Ils le comprennent extrêmement bien.
11:01Ils en jouent, ils sont proches des galeries,
11:03des sociétés de vente aux enchères.
11:05Et puis, ces gens-là veulent donner aussi du sens à leur patrimoine.
11:09Ils n'ont pas de problème à acheter,
11:10mais ils n'auront pas de problème non plus à vendre.
11:13D'accord, bon en tout cas, on peut...
11:14Ce qui est rassurant, c'est qu'avec ce transfert de goût, de richesse, etc.,
11:18c'est un marché en expansion.
11:20Et ça, c'est quand même rassurant.
11:21Et qui nous laisse encore du grain à mousse pour quelques années.
11:23C'est ça, merci beaucoup.
11:24Anneau-Dubois, je rappelle que vous êtes cofondateur de Matisse,
11:26une personne d'investissement de l'art.
11:27Merci beaucoup, Siby Laoujane.
11:28Merci à vous toutes et toutes de nous avoir suivis.
11:30C'était Arrémarché.

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