Dans la petite ville alsacienne de Kingersheim, l'abbé Jean Uhl était le curé des pauvres. Le cœur sur la main. La porte de son presbytère toujours ouverte. Juste avant la Noël 1996, c'est le diable en personne qui a poussé cette porte. Le prêtre est assassiné de 33 coups de couteau. Des paroissiens diront qu'avant de succomber, il avait certainement pardonné à son agresseur.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:0014h15, c'est l'heure du crime sur RTL avec Jean-Alphonse Richard.
00:07Tous les paroissiens de la petite ville alsacienne de Kingersheim bouleversés hier en écoutant la messe dite par un prêtre de remplacement.
00:14Leur curé Jean Houlle, 68 ans, a en effet été assassiné dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, frappé de 33 coups de couteau.
00:21Bonjour, dans la petite ville alsacienne de Kingersheim, l'abbé Jean Houlle était le curé des pauvres.
00:31Le cœur sur la main, la porte de son presbytère toujours ouverte, juste avant la Noël 1996, c'est le diable en personne qui a poussé cette porte.
00:41Le prêtre est assassiné, 33 coups de couteau, des paroissiens diront qu'avant de succomber, il avait certainement pardonné à son agresseur.
00:50Les enquêteurs vont se demander qui a voulu abréger la vie de cet homme d'église, sans défense, jusqu'à ce que quelques détails, des marques laissées sur le corps, orientent les investigations dans une direction inattendue.
01:05Le satanisme, le culte du malin, les ténèbres d'inquiétants personnages vont ainsi se profiler dans ce décor sacré.
01:13Mais qui sont donc ces individus ? Pourquoi le curé devait-il mourir ?
01:18Question posée aujourd'hui aux invités de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver, l'assassinat du père Hul, le diable, est au presbytère.
01:28C'est tout de suite sur RTL.
01:30Vendredi 20 décembre 1996, autour de 9h, une bénévole de la paroisse Sainte-Adelphes à Kingersheim, à un quart d'heure de Mulhouse, s'étonne de l'absence du curé, le père Jean Hul.
01:47D'ordinaire, c'est un lève-tôt. Il devrait déjà être à l'église pour préparer la grande messe de minuit qui se tient dans quatre jours.
01:56La veille, il est apparu fatigué. Il a assisté à une répétition de la chorale jusqu'à 21h45.
02:04La paroissienne, philo presbytère, elle a les clés.
02:08À 9h15, elle pénètre dans le logement dont la porte n'est pas verrouillée.
02:14Elle appelle, mais personne ne répond. Dans le couloir du rez-de-chaussée, elle a soudain un mouvement de recul.
02:21Le père Hul, 68 ans, gît sur le ventre, les vêtements tachés de sang. Il ne respire plus.
02:28Le médecin, le docteur Reit, ne peut que constater le décès, certainement criminel.
02:34Le curé présente de très nombreuses plaies par arme blanche.
02:39Une grande lame type couteau de cuisine a été utilisée.
02:42Le prêtre a sans doute été surpris dans le petit bureau.
02:46Sur le tapis, il y a ses lunettes, tordues, couvertes de sang.
02:50Une chaise est renversée.
02:52Le téléphone et un porte-document ont été jetés à terre.
02:56L'autopsie indique que le prêtre a été tué la veille.
02:59Il a reçu 33 coups de couteau.
03:01Dans le dos, la lame s'est enfoncée profondément dans les côtes et la horte.
03:06Le prêtre a aussi un coup sur le crâne.
03:08Les légistes remarquent enfin d'étranges estafilades au-dessus de la main gauche et du poignet.
03:14Des scarifications effectuées post-mortem et qui ressemblent à des étoiles.
03:21Les gendarmes de la brigade de recherche de Mulhouse décrivent un crime d'une grande violence
03:26sur un homme qui n'a pas cherché à se défendre.
03:29Le père Jean Hul, surnommé par son évêque le curé des pauvres,
03:33ne se méfiait de personne, recevait toujours les plus démunis.
03:37Le maire de Kingersheim déclare
03:39« Je suis certain qu'au moment de mourir, il avait déjà pardonné à ses bourreaux.
03:44Le curé n'avait pas d'ennemis.
03:45Rien n'a été volé dans le presbytère.
03:48Reste, ses entailles pratiquées par le tueur,
03:51à regarder de plus près, ce sont des signes cabalistiques.
03:55Un V renversé comme une tête de bouc.
03:58Une étoile à cinq branches, symbole du diable.
04:02La victime a reçu 33 coups de couteau.
04:05L'âge du Christ à sa mort.
04:08La piste satanique est envisagée.
04:12Vendredi 10 janvier 1997,
04:1420 jours après l'assassinat du curé de Kingersheim,
04:17les enquêteurs sont alertés du passage dans la région,
04:20à la période du crime,
04:22du dénommé Anthony Mignoni.
04:2521 ans, coïncidence,
04:27Ce jeune homme venait juste de sortir de prison
04:30pour un acte de satanisme au cimetière de Toulon.
04:34Il avait déterré un cadavre de femme
04:36et avait planté à l'envers un crucifix dans son cœur.
04:41Le 13 décembre, Mignoni se trouvait donc à Mulhouse,
04:45chez une tante.
04:46Lors de ce séjour, il a revu deux camarades de lycée,
04:49David Oberdoff et Stéphane Fest.
04:52Ils habitent Kingersheim.
04:53Ils partagent tous la même dévotion pour le diable.
04:58Le 20 décembre, jour de la découverte du corps du prêtre,
05:01Mignoni aurait dû être à Toulon pour son contrôle judiciaire,
05:04mais il ne s'y est pas présenté.
05:07Il n'a quitté l'Alsace que le lendemain.
05:11Et c'est un jeune homme, Mignoni,
05:12qu'il va falloir bien sûr interroger.
05:13Il intéresse au plus haut point les gendarmes.
05:16D'abord, parce qu'il évolue dans le satanisme.
05:19Il l'a prouvé avec la profanation du cimetière de Toulon.
05:22Et puis parce qu'au moment du crime,
05:24il était dans la région.
05:26Il était venu visiter des anciens camarades du lycée de Kingersheim.
05:30Donc, c'est vrai que cette coïncidence pour les gendarmes,
05:33elle est pour le moins troublante.
05:35On va voir ce que vont découvrir les enquêteurs.
05:38Mais il faut revenir pour l'instant sur cette scène de crime
05:42qui est évidente avec ses 33 coups de couteau.
05:45Bonjour Marie-Amélie Lombard.
05:47Bonjour.
05:48Merci beaucoup d'être avec nous dans le studio de l'heure du crime.
05:51Alors, vous êtes journaliste à l'Opinion.
05:54Et à l'époque, vous avez couvert le procès de David Oberdorf
05:57puisque c'est le personnage qui va apparaître dans cette histoire.
06:00Là, on va le voir dans les chapitres suivants.
06:03Vous aviez couvert toute cette histoire pour le journal Le Figaro.
06:06Alors, il y a une scène qui est assez violente.
06:10On pense que le père Hull,
06:12qui a encore une fois le cœur sur la main,
06:14qui est le curé des pauvres, comme on le surnomme,
06:17il a ouvert la porte à son agresseur.
06:18Il n'y a pas d'autre explication ?
06:20Effectivement.
06:21Le père Hull, il est décrit comme le prêtre ouvrier à mi-chemin
06:24entre le prêtre ouvrier et le curé de campagne,
06:27affable, toujours prêt à rendre service,
06:29il roule en quatre ailes.
06:30C'est vraiment le curé comme on l'imagine.
06:34Et il est décrit comme toujours confiant,
06:37la porte quasiment toujours ouverte.
06:38Alors, il est probable qu'il ait ouvert sans aucune méfiance.
06:43Pas de méfiance, bien sûr.
06:44Aucune méfiance.
06:45D'autant que, alors c'est peut-être un peu ténu,
06:47mais David Oberdorf, il avait fait sa première communion
06:50avec le père Hull.
06:51Alors, on va revenir sur David Oberdorf.
06:54On ne va pas trop vite.
06:55On va le découvrir, ce personnage,
06:56parce qu'effectivement, il va être au centre pour l'instant.
06:59Il faut peut-être revenir un petit peu sur cette scène de crime.
07:02Marie-Amélie, il y a beaucoup de violence là-dedans.
07:05Il a été poignardé dans le dos, le prêtre ?
07:08Oui, effectivement, il est là, le corps est allongé,
07:12les deux bras, chacun de chaque côté de la tête,
07:15les lunettes plus loin, ensanglantées,
07:18le nez cassé.
07:21On imagine une très grande violence,
07:23et une violence qui est venue dans le dos,
07:25quelque chose qui s'est passé de façon à la fois soudaine,
07:28mais qui va quand même durer un certain temps.
07:30Oui, et puis il y a cette position qui est assez symbolique d'ailleurs.
07:32Il y a un témoin qui va dire qu'il était un peu comme...
07:34Un témoin le dit de façon assez frappante.
07:37Ça m'a rappelé la scène de l'ordination du prêtre,
07:40parce que là, quand effectivement,
07:42les futurs prêtres sont allongés sur le sol,
07:45les bras en croix.
07:45Oui, c'est ça.
07:46Et donc, c'est lorsque les prêtres reçoivent la bénédiction,
07:49au moment où ils vont effectivement être ordonnés prêtres.
07:52Et c'est une position très particulière.
07:55Robert Balleré, bonjour.
07:58Bonjour.
07:58Merci beaucoup d'être avec nous dans l'heure du crime.
08:01Vous êtes ancien grand reporter pour le journal Le Monde,
08:04et puis vous êtes l'auteur de l'ouvrage Faits divers,
08:07au pluriel Faits divers,
08:08publié aux éditions Sabine Vespiseur.
08:12Robert Balleré, vous avez suivi cette affaire.
08:14Alors, il y a tout de suite quelque chose qui intrigue les gendarmes.
08:18Ce sont ces marques que porte le prêtre.
08:20Elles sont très particulières, ces marques, Robert Balleré.
08:22Oui, il y a des genres de scarifications sur une main.
08:27Il y a un triangle qui pourra faire penser par la suite
08:31à la tête du diable, à une tête de bélier ou de bouc.
08:35Mais il y a aussi, il faut le noter,
08:38des violences qui ont été portées de face.
08:41C'est-à-dire que quand on examine le malheureux,
08:44il a 33 coups de couteau, 33 coups.
08:46On imagine la folie meurtrière du criminel.
08:51Mais il a aussi le visage en sang, le nez cassé.
08:54Donc, il a été frappé, vraisemblablement,
08:56avant d'être poignardé.
08:59Il a des traces, oui, bizarres, faites avec un couteau.
09:03Comme on n'a pas trouvé de mobile, il n'y a pas eu de vol.
09:07Donc, c'est un mystère.
09:08On se dit, bon, c'est peut-être là d'un déséquilibré.
09:11Et assez vite, on va s'orienter vers quelque chose
09:15qui ressemble au satanisme,
09:17à un geste d'adepte des messes noires,
09:23d'un culte bizarre.
09:25Alors, Robert Belray, les gendarmes, finalement,
09:28ils ont du flair, parce que c'est très vite
09:29qu'ils se disent, oh là là, il y a la présence du diable.
09:32Il y a quelque chose qui ne va pas.
09:34Oui, oui, ils ont une intuition formidable.
09:37Déjà, voyons qu'il n'y avait pas de vol,
09:39qu'a priori, il n'y a pas de vengeance,
09:42que c'est un crime d'une sauvagerie absolue.
09:46Bon, ils vont chercher quelque chose d'extraordinaire.
09:49Et l'extraordinaire, ça va se présenter sur ce garçon
09:53qui vit dans le Var,
09:56qui a, on le sait, un culte pour les choses bizarres,
10:03qui est ce qu'on appelle parfois des satanistes.
10:06Il a profané des tombes,
10:09au moins une tombe dans la région de Toulon.
10:11Donc, c'est quand même quelque chose
10:13qu'il ne se rencontre pas tous les jours.
10:15Donc, c'est un lascar très bizarre.
10:18Donc, on s'y intéresse,
10:19d'autant plus qu'il est venu dans le village
10:22à cette époque,
10:25et on découvrira qu'il a des amis,
10:27qu'il est venu voir des amis.
10:28Donc, ce personnage va devenir le personnage central
10:31dans un premier temps.
10:32Ben oui, il est un personnage central.
10:33Il s'appelle Anthony Mignoni,
10:35Marie-Amélie Lombard en mots sur cet homme.
10:37Effectivement, Robert Bellray le dit.
10:39Il est fasciné par les choses les plus noires,
10:42les plus sombres.
10:42Il est non seulement fasciné,
10:43mais il est passé à l'acte.
10:44Parce qu'à l'époque,
10:45il est poursuivi pour avoir profané
10:48un cadavre dans un cimetière de Toulon.
10:52Des faits là aussi,
10:53alors c'est sûr un mort,
10:55mais des faits assez symboliques,
10:56avec un crucifix planté dans le cœur du corps.
11:00Il a fait ça avec trois autres complices.
11:02En tout cas, ils se sont mis en examen pour ça.
11:05Et d'ailleurs, ils vont être jugés et condamnés.
11:08Donc, effectivement,
11:09là où les gendarmes font bingo,
11:11c'est que Mignoni était à Mulhouse.
11:14Ça, ils l'établissent au moment des faits.
11:17Et ça, c'est important,
11:18parce qu'effectivement,
11:19là, il y a une coïncidence
11:20qui est pour le moins troublante.
11:21Anthony Mignoni va être interrogé.
11:23Il croit savoir qui a tué le curé.
11:26L'assassinat du père Hul,
11:28le diable est au presbytère.
11:30Une voix m'a dit deux fois
11:31« Tue le curé, tue le curé.
11:34Oui, je devais tuer un prêtre. »
11:36L'enquête de l'heure du crime,
11:37on se retrouve dans un instant sur RTL.
11:39Jean-Alphonse Richard sur RTL.
11:42L'heure du crime jusqu'à 15h.
11:4614h-15h.
11:47C'est l'heure du crime sur RTL.
11:49Avec Jean-Alphonse Richard.
11:51L'heure du crime consacrée aujourd'hui
11:53à l'assassinat du curé de Kingersheim,
11:55dans le Haut-Rhin, le père Hul,
11:57tué de 33 coups de couteau
12:00juste avant la Noël 96.
12:02Les enquêteurs pensent à un acte satanique
12:04après un mois et demi d'enquête.
12:07Première garde à vue.
12:09Mercredi 29 janvier 1997.
12:13Les gendarmes apprennent
12:14qu'Anthony Mignoni est de retour à Mulhouse.
12:17Ce sataniste,
12:18poursuivi pour une profanation
12:19au cimetière de Toulon,
12:21était à Kingersheim
12:22Au moment du crime,
12:24à 19h30,
12:26le suspect est pris en filature
12:27à son arrivée en gare de Mulhouse.
12:29Sa petite amie Myriam est venue l'attendre.
12:32Le couple est sur écoute.
12:33Le 1er février,
12:34Myriam va chercher David Oberdorf,
12:38ami proche de Mignoni.
12:40Les deux jeunes gens se rencontrent,
12:42impossible de savoir
12:43sur quoi apporter leur discussion.
12:45Le lendemain,
12:47Anthony Mignoni et Myriam
12:48sont interpellés.
12:50En garde à vue,
12:50ils disent qu'ils n'ont rien à voir
12:52avec la mort du curé.
12:54Mignoni ne reconnaît
12:55que la profanation
12:57et quelques actes de vandalisme
12:59dans des cimetiers alsaciens.
13:01On l'interroge
13:02sur son copain Oberdorf.
13:04Mignoni finit par dire
13:06que son ami de lycée,
13:08oui,
13:09lui a parlé du curé.
13:11C'est Oberdorf
13:12qui aurait fait le coup.
13:13Mardi 4 février,
13:17David Oberdorf,
13:18presque 19 ans,
13:19est interpellé
13:20à l'usine Peugeot
13:21à Mulhouse.
13:22Il y est employé
13:23comme intérimaire.
13:25On le conduit
13:25jusqu'à l'appartement
13:26où il vit
13:27avec sa mère,
13:28à Kingersheim,
13:29à 500 mètres seulement
13:31du presbytère.
13:32Dans sa chambre,
13:33on trouve
13:34des figurines de démon,
13:36une étoile à 5 branches,
13:38un mini-squelette sanguinolant,
13:40un livre sur le satanisme,
13:41trois photos d'Adolf Hitler
13:43et une cassette vidéo
13:45sur Charles Manson,
13:47le meurtrier
13:48de Sharon Tate.
13:49En garde à vue,
13:50Oberdorf,
13:51habillé de noir,
13:52un diable tatoué
13:53sur un bras,
13:55ne cache pas
13:55son attraction
13:56pour le satanisme
13:57et la musique
13:58death metal.
14:00Il connaît,
14:01bien sûr,
14:02le père Jean Hull.
14:03C'est lui
14:03qui lui a fait faire
14:04sa communion
14:05à l'église
14:06de Kingersheim.
14:08Il admet
14:08qu'avec son pote Mignoni,
14:10ils ont parfois
14:11importuné le curé
14:12avec des appels
14:13téléphoniques anonymes
14:14mais rien de plus.
14:16Au fil des heures,
14:17en garde à vue,
14:18David Oberdorf
14:18apparaît de plus en plus perdu.
14:21Tout d'un coup,
14:21il raconte
14:22le jeudi 19 décembre.
14:24Il a eu
14:25un flash
14:26satanique.
14:27J'étais à mon travail
14:28chez Peugeot.
14:29Une voix m'a dit deux fois
14:30« Tu le curé ! »
14:32Oberdorf explique
14:33qu'il était alors
14:34très mal dans sa peau.
14:35Le soir,
14:36il a écouté du métal.
14:38La voix est revenue.
14:39Il a attendu 23 heures
14:41que sa mère
14:42et son beau-père
14:43soient couchés.
14:44Il s'est habillé
14:45tout en noir.
14:46Il a enfilé des gants.
14:47À 23h45,
14:48il a pris son couteau
14:49et il a pédalé
14:51jusqu'au presbytère.
14:53David Oberdorf
14:54raconte mécaniquement
14:55son expédition.
14:57Le curé,
14:58qui venait de s'assoupir
14:59devant la télé,
15:00a ouvert sans méfiance.
15:01Il a un peu discuté
15:02et puis
15:02il a poussé
15:04le prêtre.
15:05Il l'a fait tomber
15:06à terre.
15:08Le curé lui a demandé
15:08pourquoi il faisait ça
15:10et il s'est mis
15:11à réciter le
15:11Notre-Père.
15:13Oberdorf
15:13l'a frappé
15:14sur la tête
15:15avec une casserole.
15:16Selon le suspect,
15:17l'abbé Jean Hull
15:18a alors pressenti
15:20qu'il allait mourir.
15:21Oberdorf
15:22l'a entendu
15:23murmurer
15:23un
15:24« Merci Seigneur ».
15:26Il lui a enfoncé
15:27un bandana
15:28dans la bouche,
15:29lui a donné
15:29des coups de couteau
15:30dans le dos.
15:32C'est ma main
15:32qui a commis ce geste,
15:33pas mon esprit.
15:34« Rien n'aurait pu m'arrêter »,
15:36dit-il.
15:37Il a tailladé
15:38la main du prêtre.
15:39« J'ai été inspiré
15:41par des sentiments sataniques.
15:43Je me sentais poussé
15:44par une force intérieure.
15:46Je devais tuer
15:47un prêtre,
15:48déclare
15:49Oberdorf ».
15:51Et voilà donc
15:52pour les premiers aveux
15:53de David Oberdorf.
15:54Aveux complet,
15:55même si l'enquête
15:56ne fait que commencer,
15:57le juge
15:58et les enquêteurs
15:59veulent désormais savoir
16:00si le jeune homme
16:01était seul
16:01ou bien s'il était
16:03avec des complices.
16:04Ou encore s'il était
16:05sous influence.
16:06S'il a été inspiré
16:07dans son geste.
16:09Alors c'est une possibilité.
16:11Il va désormais savoir,
16:12il va falloir savoir,
16:13pardon,
16:14si c'est un complot
16:15satanique.
16:18Marie-Amélie Lombard,
16:19vous êtes avec nous
16:20dans l'heure du crime.
16:21Alors l'enquête,
16:21elle est rondement menée.
16:22Elle va très vite,
16:23l'enquête des gendarmes.
16:25On sait que
16:26Anthony Mignoni
16:27était dans le secteur.
16:28Mais c'est ce
16:28David Oberdorf
16:30qui retient l'attention.
16:32Qui est-il,
16:32ce garçon ?
16:33Oberdorf,
16:35disons qu'il est
16:37un jeune homme
16:38de 18 ans
16:39qu'on pourrait qualifier
16:40d'assez passe-partout
16:41de premier abord.
16:42Il est très ancré
16:45dans le côté
16:45musique métal,
16:48tout de noir vêtu,
16:50une petite barbe.
16:52Il s'est remarqué
16:54dans son quartier.
16:55Il ne passe pas
16:56inaperçu.
16:57C'est un lycéen
16:58qui a fait une scolarité
17:00assez médiocre.
17:01Il a ensuite bifurqué.
17:02Un temps,
17:03il a voulu s'engager
17:04dans la Légion,
17:05mais ça n'a pas eu l'air
17:05de prospérer.
17:06Il aimait bien
17:08les sports.
17:08Il était bon en judo,
17:09petit,
17:10et puis il a fait
17:11quelques sports
17:11de combat.
17:14Il vit
17:14chez sa mère.
17:15Sa mère
17:16est aide à domicile
17:18pour personnes âgées.
17:19Ses parents
17:20sont séparés.
17:21Alors,
17:22il y a un événement
17:22dans l'enfance
17:23qui va marquer
17:24Oberdorf.
17:26Il va découvrir
17:26en fait l'homosexualité
17:27de son père.
17:28Il dira que ça a été
17:29un choc énorme.
17:31Et ensuite,
17:32les psychologues
17:33vont pouvoir dire
17:34que peut-être
17:34Oberdorf lui-même
17:36avait une homosexualité
17:37refoulée.
17:38Il y a tout ce contexte
17:39un peu psy.
17:40Et un petit mot encore,
17:41Marie-Amélie Lombard,
17:42c'est que,
17:44encore une fois,
17:44vous êtes journaliste
17:46aujourd'hui à l'Opinion.
17:46A l'époque,
17:47vous étiez pour le Figaro.
17:48Vous avez suivi
17:48toute cette affaire.
17:50Il est quand même
17:51un petit peu
17:52sous l'influence
17:53de son mentor,
17:56à savoir Mignoni,
17:57l'homme qui a
17:58déterré une femme
17:59dans le cimetière
18:00de Toulon.
18:01Mignoni,
18:01donc,
18:02a trois ans de plus
18:03qu'Oberdorf
18:04et on sent
18:05une évidence,
18:06c'est un complexe
18:06d'infériorité
18:07d'Oberdorf
18:08vis-à-vis de Mignoni.
18:10C'est un beaucoup
18:11plus beau parleur,
18:13plus à l'aise.
18:14Il a une petite amie,
18:17il parle facilement
18:19de lui,
18:20il a cette capacité
18:21à parler du satanisme,
18:23d'ésotérisme.
18:24Il est beaucoup
18:25plus calé.
18:26Donc,
18:27effectivement,
18:27on sent,
18:29et d'ailleurs,
18:29que les deux
18:30le disent.
18:31Là,
18:31alors,
18:32Oberdorf
18:33a tendance
18:34à accentuer
18:36cette espèce
18:37de fascination
18:38qu'est Mignoni
18:40exercée sur lui.
18:41Mignoni,
18:42lui,
18:42il dit,
18:42attention,
18:43moi,
18:44j'ai...
18:44Il ne se mouille pas trop
18:45Mignoni parce qu'il a dit
18:46qu'il était pour rien
18:46dans cette affaire.
18:47Effectivement,
18:47on le comprend
18:48parce que l'affaire,
18:49elle est très grave.
18:49Il y a un curé
18:50qui a été assassiné,
18:5133 coups de couteau
18:52et c'est un crime
18:53dont on parle partout
18:55en France à l'époque.
18:56Ça va très loin.
18:57Bonjour Jean-Marie Storkel.
18:59Bonjour.
19:00Alors,
19:00vous êtes journaliste,
19:01Jean-Marie Storkel,
19:03écrivain,
19:04vous avez suivi
19:05toute cette affaire
19:06pour le quotidien
19:06L'Alsace
19:07et vous parlez d'ailleurs
19:08de cette affaire
19:09dans votre ouvrage
19:1050 nuances de crime
19:12qui a été publié
19:13aux éditions
19:13du Batzberg.
19:15Jean-Marie Storkel,
19:1633 coups de couteau,
19:18alors évidemment,
19:19c'est un chiffre symbolique,
19:20c'est l'âge
19:21de la mort du Christ.
19:23On y a tous pensé
19:23à ce moment-là.
19:24David Oberdorf a toujours dit
19:26qu'il n'a pas compté
19:26exactement.
19:28Est-ce qu'il l'a fait
19:29sciemment,
19:29ça ou pas ?
19:30Parce qu'il s'est perdu aussi.
19:32David Oberdorf disait
19:33j'étais comme habité
19:34par quelqu'un
19:35et ce quelqu'un
19:36c'est Anthony Mignoni.
19:38Ça, c'était une constante
19:39dès le départ.
19:40Et c'est pour ça
19:40que nous,
19:41on a mal compris
19:42que Mignoni
19:42n'a jamais été poursuivi
19:44alors qu'il était là
19:45ce soir-là.
19:46Il n'était pas
19:46avec David Oberdorf.
19:49Par contre,
19:49c'est quand même étrange
19:50que David Oberdorf
19:52tue le curé
19:53le jour où
19:54Anthony Mignoni
19:55est à Wittenheim.
19:56Robert Belray,
19:57vous êtes avec nous
19:58également dans
19:59l'heure du crime,
20:00ancien grand reporter
20:01pour Le Monde
20:02et vous avez suivi
20:03toute cette affaire.
20:05Le récit d'Oberdorf
20:07qu'il fait aux gendarmes,
20:08d'ailleurs,
20:09la garde à vue
20:10il craque assez rapidement,
20:12ce récit
20:13il est d'une très grande
20:13froideur.
20:15Très grande froideur
20:16et très détaillée.
20:18Donc c'est frappant.
20:19D'ailleurs,
20:20pendant le procès
20:21à l'audience,
20:21il refera
20:23ce récit
20:24d'une voix neutre
20:26sans émotion apparente
20:29mais il ne cache
20:31aucun détail.
20:33Autant les gendarmes
20:34très intuitifs
20:37ont eu un petit peu
20:38de mal
20:38à le faire craquer
20:39mais au moment
20:39où il a lâché
20:40où il a commencé
20:42à se dire
20:44qu'il allait
20:44se mettre à table
20:45comme on dit,
20:46là,
20:46il est l'inculpé,
20:48enfin le suspect
20:49presque parfait
20:50parce qu'il va donner
20:51tous les détails
20:52chronologiques,
20:54tous les détails matériels
20:56et il le fait
20:57d'une voix
20:58presque neutre.
21:00C'est une énigme
21:01quand même ce type.
21:01Mais oui,
21:02parce qu'il connaît
21:04très bien ce curé,
21:05il a fait la communion
21:07avec lui,
21:08donc on se demande
21:09qu'est-ce qui lui a passé
21:10par la tête ?
21:12Oui,
21:12on ne sait pas
21:13s'il le connaissait
21:14très bien,
21:14il a fait sa première communion
21:15mais après,
21:16est-ce qu'il a continué ?
21:17Je ne pense pas
21:18qu'il l'était pratiquant
21:20et qu'il allait régulièrement
21:22à l'église.
21:22Alors peut-être
21:23le croisait-il
21:24mais on ne peut pas dire
21:26que c'était
21:27une connaissance profonde.
21:29Il savait qu'il était là,
21:30il savait que c'était
21:31un type
21:31d'une générosité incroyable,
21:34sans méfiance
21:35et au moment
21:36où il a entendu
21:37cette prétendue voix,
21:38il tue le curé,
21:39il tue le curé
21:40mais il faut le croire
21:43parce que
21:44pourquoi
21:44quitte-t-il
21:46brutalement
21:47le domicile familial,
21:49prend-il son VTT,
21:50pédale-t-il
21:51comme un fou
21:51jusqu'au présbytère
21:52s'il n'avait pas
21:53quelque chose
21:53qui le pousse,
21:55qui le guide ?
21:55Donc il se dit
21:56ce type est vulnérable,
21:58il n'a peut-être
21:58pas forcément
21:59l'idée de le tuer
22:00mais il a l'idée
22:01de faire un geste
22:03pour se valoriser
22:04vis-à-vis
22:05de son idole,
22:07de son gourou
22:08Mignoni.
22:09Il va faire plus,
22:10il va faire plus grave
22:11mais ça va aller
22:12jusqu'à la folie.
22:14Oberdorf
22:15est mis en examen
22:16pour assassinat,
22:16il est écroué,
22:17enquête loin
22:18d'être terminé.
22:20L'assassinat du père Hull,
22:21le diable est au presbytère.
22:23Après le crime,
22:24je suis rentré,
22:25j'ai mangé
22:26deux mandarines,
22:27je n'y ai plus pensé.
22:28David Oberdorf
22:29était-il vraiment
22:30tout seul
22:30lors de son effrayante
22:32expédition ?
22:33Jugé ?
22:34Pas jugé ?
22:35Que vont dire
22:35les psychiatres ?
22:36C'est à suivre
22:37dans un court instant
22:38sur RTL.
22:4014h15,
22:41c'est l'heure du crime
22:42sur RTL
22:43avec Jean-Alphonse Richard.
22:45Les enquêteurs
22:46ont rapidement privilégié
22:47la piste satanique.
22:49Le crime
22:49emportait
22:50tous les signes.
22:5133 coups de couteau,
22:5233 comme l'âge
22:54de la mort du Christ.
22:55Et puis surtout,
22:56le meurtrier
22:56avait gravé des croix
22:58dans la chair
22:58des paumes
22:59de la main du prêtre.
23:01Retour,
23:02aujourd'hui
23:02dans l'heure du crime
23:03sur l'assassinat sauvage
23:04juste avant la Noël 96
23:06d'un curé alsacien,
23:07le père Jean Hull.
23:0933 coups de couteau,
23:11un jeune homme
23:11adepte du culte satanique
23:13a avoué le crime.
23:14Il était sous l'influence
23:15du diable.
23:16Mais a-t-il agi
23:17réellement seul ?
23:20Le juge de Mulhouse,
23:21Jacques Bourguignon,
23:22entend à son tour
23:23David Oberdorf.
23:25Il confirme
23:26être passé à l'acte
23:27sous l'influence
23:27du démon.
23:28Il certifie
23:29qu'il était seul
23:30quand il a tué le curé.
23:32Après le crime,
23:33il est rentré chez lui,
23:34il a mangé deux mandarines
23:35avant de se coucher.
23:37Il a dormi.
23:38Très normalement,
23:39il a continué à vivre
23:40comme si de rien n'était.
23:42Jusqu'à mon arrestation,
23:43je n'ai plus pensé
23:45à tout ça
23:45à sur Oberdorf.
23:47La seule personne
23:48à qui il a demandé
23:49un service,
23:50c'est un autre ami d'enfance,
23:52Stéphane Fest.
23:53Il lui a demandé
23:54d'aller jeter le couteau
23:55et le bandana
23:56qui avait servi
23:57lors de l'assassinat.
23:58L'arme a effectivement
23:59été retrouvée
24:00à l'endroit indiqué,
24:02à savoir
24:03l'étang du Pylône
24:04à Kingersheim.
24:06L'avocat de David Oberdorf,
24:08maître Jacques Vetterer,
24:10indique que son client
24:11est un jeune homme fragile,
24:13manipulable.
24:14Selon lui,
24:15Oberdorf était sous la coupe
24:16de son mentor,
24:18Anthony Mignoni,
24:19un peu plus âgé que lui.
24:21Il l'admirait
24:22pour avoir déterré
24:23un cadavre
24:24au cimetière de Toulon.
24:25Il aurait voulu lui prouver
24:26qu'il était capable
24:27d'aller encore plus loin
24:28dans un acte sataniste
24:30pour les psychiatres,
24:31les psychologues
24:32qui l'examinent.
24:33David Oberdorf
24:34était effectivement
24:35sous l'influence néfaste
24:37de son gourou,
24:38Anthony Mignoni.
24:40Dans une lettre au juge,
24:41l'aumônier des prisons
24:43du Haut-Rhin,
24:44l'abbé Jean-Marc Jacot,
24:46raconte,
24:47avoir appris
24:47au détenu Oberdorf
24:49que sa victime,
24:50le père Hull,
24:52était visiteur de prison.
24:54À cette nouvelle,
24:55Oberdorf serait resté
24:56totalement prostré.
24:57L'aumônier ne croit pas
24:59qu'Oberdorf soit sataniste.
25:00Il le voit plutôt
25:01comme un homme fragile,
25:03sous l'influence néfaste
25:05du satanisme.
25:06Le juge
25:07met le gourou
25:08Anthony Mignoni
25:09hors de cause.
25:11Le magistrat écrit,
25:12rien ne permet
25:13de considérer
25:14qu'Anthony Mignoni
25:15a participé,
25:17de près
25:17ou de loin,
25:18à l'assassinat
25:19du père Hull.
25:21Et voilà,
25:22donc Anthony Mignoni
25:23mis hors de cause.
25:24Le juge ne pense pas
25:26qu'il soit impliqué
25:28dans cet assassinat.
25:29Et pourtant,
25:30Marie-Amélie Lombard,
25:31vous êtes avec nous
25:31dans le studio
25:32de l'heure du crime,
25:33vous êtes journaliste
25:33aujourd'hui à l'Opinion.
25:35À l'époque,
25:36vous avez couvert
25:36toute cette affaire
25:37pour le Figaro.
25:38Marie-Amélie Lombard,
25:40c'est vrai que
25:40dans ce dossier,
25:42en filigrane,
25:43il y a toujours
25:43cette silhouette,
25:44la silhouette de Mignoni
25:46qui apparaît.
25:46On ne peut pas
25:47séparer
25:48ces deux hommes,
25:50finalement,
25:50ces deux amis.
25:51David Oberdorf
25:52essaye,
25:53effectivement,
25:53toujours,
25:54d'expliquer
25:55qu'il a agi
25:55sous l'influence
25:56d'Anthony Mignoni.
25:58Ce dont Mignoni
25:59se défend absolument
26:01et ne veut surtout pas
26:03avoir endossé
26:04la moindre responsabilité
26:05dans ce crime.
26:06Et comme il est très intelligent,
26:07il le fait
26:08avec efficacité.
26:09Il dit non.
26:10Non, non.
26:11Si Oberdorf fait ça,
26:13c'est parce qu'il a
26:13un immense sentiment
26:14de culpabilité
26:15et qu'il veut
26:16essayer de partager...
26:17Et qu'il veut
26:17tout mettre sur moi,
26:17c'est ça ?
26:18Oui, pas l'incriminer
26:20comme auteur,
26:20mais partager,
26:21dire oui,
26:22j'étais sous son influence
26:23et c'est en gros
26:24lui qui a armé ma main.
26:27Mais Mignoni
26:28ne se laisse pas
26:29du tout faire.
26:30Et ça va être,
26:31on va le voir,
26:32un des points forts
26:33du procès.
26:34Oui, c'est ça.
26:34Parce qu'effectivement,
26:35Mignoni,
26:36il n'a pas envie
26:36du tout d'endosser
26:37aucune responsabilité
26:38dans cette affaire.
26:40Et on le comprend
26:40parce que, encore une fois,
26:41on l'a déjà dit,
26:42mais c'est une affaire
26:43très grave.
26:45Robert Bellray,
26:46vous nous parliez
26:46tout à l'heure,
26:47vous êtes ancien
26:47grand reporter au Monde
26:48et vous avez suivi
26:49toute cette affaire.
26:50Vous nous parliez
26:50tout à l'heure
26:51de la fragilité
26:53de ce garçon,
26:56David Oberdorf.
26:58Effectivement,
26:58les psychiatres
26:59vont dire que
27:00c'est un garçon
27:01qui pourrait être
27:02sous influence.
27:04Oui, oui.
27:04Ils vont utiliser
27:05les termes
27:06fragiles et vulnérables.
27:08Un accusé sujet
27:09à des crises de nerfs,
27:10dira le docteur Lamotte,
27:13le psychiatre
27:13qui déposera
27:14à l'audience,
27:15sujet à des crises de nerfs
27:17face à de graves contrariétés.
27:18C'est-à-dire que,
27:19voilà,
27:20c'est quelqu'un
27:21qui ne supporte pas
27:22la contradiction
27:23et qui est
27:24surexcité
27:26presque en permanence
27:27parce qu'il écoute
27:28à plein pot
27:29des disques
27:30de dis-métal
27:31et de black metal.
27:33Il est plongé
27:34dans cet univers,
27:35il s'habille tout en noir,
27:36il est tatoué,
27:37il a tous les oripeaux
27:38du méchant folklore
27:40sataniste
27:41et c'est un type
27:42qui a un caractère
27:43très très bizarre.
27:45Et le satanisme
27:46sera un petit peu évacué
27:48et par les avocats
27:49au moment des débats
27:50et par le psychologue
27:52qui retiendra simplement
27:53une personnalité
27:54fragile,
27:55perturbée.
27:56Jean-Marie Storkel,
27:57vous êtes également
27:58avec nous
27:59dans cette heure du crime.
28:00Vous aviez suivi
28:01à l'époque
28:02toute cette affaire
28:02pour le quotidien
28:03l'Alsace.
28:05Cet homme,
28:06Oberdorf,
28:08il a tué
28:08sans se poser
28:10la moindre question ?
28:11Il l'a tué
28:12par procuration.
28:13Est-ce qu'il était
28:13vraiment conscient
28:14ou pas ?
28:15C'était quelqu'un
28:16de mal dans sa peau
28:17qui a tué le prêtre
28:17pour se libérer.
28:19Marie-Amélie Lombard,
28:20alors sataniste
28:22ou influent sataniste ?
28:23En tout cas,
28:24tous les attributs
28:25du diable
28:26sont là dans cette affaire.
28:27Il y a les apparences
28:28du satanisme.
28:29On n'a pas parlé
28:30de la chambre
28:31d'Oberdorf
28:33telle que la découvrent
28:35les enquêteurs.
28:37Alors,
28:37il y a une espèce
28:38d'hôtel
28:39avec un tissu noir
28:40derrière.
28:41Il y a un squelette
28:42en plastique
28:43un peu sanguinolent,
28:44des chandeliers.
28:47Et puis aussi,
28:48une part
28:48de littérature
28:50d'extrême droite,
28:51des ouvrages
28:52du Front National,
28:53un poster
28:54ou des cartes postales,
28:55on ne sait pas très bien,
28:56représentant Hitler.
28:58Enfin,
28:58toute une espèce
28:58de folklore
28:59qu'il a mis
29:00dans sa chambre.
29:01Et puis,
29:02il y a effectivement
29:02ses aveux
29:03quand il essaie
29:04de montrer
29:06qu'il a agi
29:07sous l'impulsion.
29:09Oui,
29:09avec ses voix
29:10qu'il entend.
29:10Avec une voix
29:11qui m'a dit
29:12tu es un curé,
29:12ce flash satanique
29:14et qu'il était
29:15en gros possédé
29:16par le démon
29:16au moment
29:17de commettre
29:18son crime.
29:20Mais,
29:21le satanisme
29:22a quand même
29:23souvent l'apparence
29:25d'un alibi,
29:26d'un habillage
29:27en tout cas.
29:28parce que
29:30c'est plus facile
29:31de dire
29:31une voix
29:32m'a dit
29:32tu es un curé
29:33que d'assumer
29:35ses actes.
29:36Et pourtant,
29:36les actes
29:37sont d'une grande violence.
29:38On l'a vu.
29:39C'est plus facile
29:40d'expliquer
29:41les 33 coups de couteau,
29:44les 45 minutes
29:45d'agonie,
29:46les coups de pied
29:46donnés au curé
29:48alors qu'il est déjà mort.
29:50De l'expliquer
29:51par,
29:52encore une fois,
29:53une inspiration
29:54maléfique
29:55plutôt que
29:56d'assumer
29:57ses propres responsabilités.
29:58Sataniste
30:01ou sous-influence
30:02sataniste,
30:03David Oberdorf
30:04va être jugé.
30:06L'assassinat
30:06du père Hul,
30:07le diable
30:08est au presbytère.
30:09En tuant le curé,
30:10il a voulu faire
30:11mieux que son gourou.
30:13L'enquête
30:13de l'heure du crime.
30:14On se retrouve
30:14dans un instant
30:15sur RTL.
30:16L'heure du crime
30:17présentée par
30:18Jean-Alphonse Richard
30:19sur RTL.
30:22Jean-Alphonse Richard
30:23sur RTL
30:24et l'heure du crime.
30:27Au programme
30:27aujourd'hui de l'heure
30:28du crime,
30:28l'assassinat
30:29du curé
30:29Jean Hul
30:30en décembre
30:311996
30:32dans une petite ville
30:33alsacienne.
30:3433 coups de couteau,
30:36un acte sataniste.
30:37Selon l'enquête,
30:38David Oberdorf
30:39a avoué le crime
30:40sous une influence
30:41diabolique
30:42sans pouvoir
30:43l'expliquer.
30:44Cinq ans plus tard,
30:45il est jugé.
30:45Lundi 2 avril 2001,
30:49David Oberdorf,
30:5023 ans,
30:51manteau marron,
30:52cheveux bruns
30:52bien peignés,
30:54regard accablé,
30:55est devant la cour
30:56d'assises du Haut-Rhin
30:57à Colmar.
30:58Il demande pardon
30:59à la famille
31:00du curé
31:00Jean Hul.
31:01L'archevêque
31:02de Strasbourg,
31:03Mgr Joseph Doré,
31:05premier à témoigner,
31:07dit qu'il pardonne
31:08à celui
31:08qui a longtemps
31:09été présenté
31:10comme un émule
31:11de Satan.
31:11L'ecclésiastique
31:13demande une justice
31:14clémente.
31:15Après deux jours
31:16d'audience,
31:17l'accusé raconte
31:18pendant trois heures
31:19l'assassinat du curé.
31:21Quand il s'est retrouvé
31:22face à lui
31:22avec son couteau,
31:24il était comme
31:24télécommandé.
31:26Il se souvient
31:27que le premier coup
31:28porté a été violent.
31:30À ces mots,
31:31les trois sœurs du prêtre
31:32préfèrent quitter la salle.
31:34Oberdorf s'assoit.
31:36Il est en pleurs.
31:37Je pense que l'abbé Hul
31:38s'est vu mourir
31:39lorsqu'il a dit
31:40« Merci, Seigneur ».
31:41Oberdorf
31:42est incapable
31:43de dire
31:43ce qui l'a poussé
31:44à commettre
31:45ce geste.
31:46« Ça fait quatre ans
31:47qu'on me demande
31:48pourquoi ?
31:49Je ne sais pas »,
31:50répond-il.
31:52L'avocat de l'accusé,
31:54Georges Vetterer,
31:55présente Oberdorf
31:56comme un docteur Jekyll
31:57et Mr Hyde.
31:59Gentil et inoffensif,
32:00mais subjugué
32:01par Anthony Mignoni,
32:02celui qui a déterré
32:03un cadavre.
32:04À Toulon,
32:05clame l'avocat
32:06qui ajoute
32:06« Il a voulu dépasser
32:08le maître.
32:09Le maître était mauvais.
32:10l'élève encore plus.
32:13Mignoni
32:13m'a fait entrer
32:14dans le mal,
32:16dans la mort.
32:17Maintenant,
32:17ma vie est engagée
32:18dans le chemin
32:19de la vie »,
32:20indique l'accusé.
32:21Un enquêteur explique
32:22dans la hiérarchie
32:24sectaire satanique.
32:26Mignoni avait un grade
32:27plus élevé
32:28qu'Oberdorf.
32:30En tuant
32:30l'abbé Hull,
32:32il a voulu faire mieux
32:33que son gourou.
32:34Appelé à témoigner,
32:36Anthony Mignoni
32:37est catégorique.
32:38Je n'ai pas
32:39influencé David.
32:41Il a voulu faire mieux
32:42que moi,
32:43c'est-à-dire pire.
32:44S'il fait croire
32:45que j'ai moi-même
32:46armé son bras,
32:47c'est qu'il cherche
32:48à se déculpabiliser.
32:50Et on va voir
32:52ce que va réserver
32:53le verdict
32:54dans le chapitre suivant
32:55de l'heure du crime.
32:56On retrouve
32:56l'une de nos invités,
32:58c'est Marie-Amélie Lombard,
32:59journaliste
33:00et vous aviez suivi
33:01à l'époque
33:02toute cette affaire
33:03pour le Figaro.
33:04Marie-Amélie Lombard,
33:05il ressemble à quoi
33:06ce David Oberdorf ?
33:08Vous imaginez
33:09qu'il y a une forme
33:10de curiosité énorme
33:11le premier jour
33:12du procès aux Assises.
33:14Eh bien,
33:14il est très différent
33:15de l'image
33:16qui a été dépeinte
33:17d'un homme
33:19tout vêtu de noir
33:20comme on a pu
33:21le décrire
33:22au moment
33:23de son arrestation.
33:24Là,
33:24c'est un physique
33:25très passe-partout,
33:28sans aspérité
33:29véritablement.
33:30Donc,
33:31il y a quand même
33:31un choc
33:32à cette vision
33:32de cet homme.
33:34Est-ce que tout le monde
33:35est là ?
33:35La famille du curé
33:36est là ?
33:37Les trois sœurs ?
33:37Les sœurs sont là.
33:38Les sœurs sont là.
33:39Elles vont d'ailleurs
33:39quitter la salle d'audience
33:40au moment du récit
33:42des fées.
33:43Mais elles sont là
33:44au début,
33:45oui.
33:46Robert Bellray,
33:47vous êtes également
33:47avec nous
33:47dans l'heure du crime.
33:48vous êtes ancien grand reporter
33:50pour le journal Le Monde
33:51et vous aviez suivi
33:52cette affaire
33:52à l'époque.
33:54Robert Bellray.
33:55Alors,
33:55évidemment,
33:56il y a le récit
33:56que fait Oberdorf
33:58de son crime.
33:59Très long récit,
34:00près de trois heures
34:01de parole
34:02pour cet homme.
34:04Alors,
34:05il va pleurer
34:06à un moment donné.
34:07C'est-à-dire que là,
34:08on n'est plus
34:09dans cette espèce
34:09d'extrême froideur.
34:11Vrai ou faux ?
34:12Vrai,
34:12mais le plus frappant,
34:13c'est que les pleurs
34:15vont arriver
34:16au moment
34:18d'un climax
34:18sur le tard,
34:20mais pendant
34:21l'essentiel
34:22des trois heures.
34:24Et ça sera encore
34:24plus impressionnant,
34:26je crois,
34:26pour les témoins,
34:27pour les journalistes
34:29et tous ceux
34:30qui assisteront
34:31à l'audience.
34:32C'est le côté détaché,
34:34froid,
34:35du récit
34:36et encore une fois
34:37très détaillé.
34:38on pourrait s'imaginer
34:41que l'émotion
34:41va le submerger,
34:43qu'il va craquer,
34:44pleurer,
34:46s'excuser,
34:47se lamenter.
34:47Non,
34:48il raconte ça
34:49froinement.
34:50Et puis,
34:50il y a un moment
34:51où il va craquer,
34:52il va se mettre
34:52à pleurer.
34:54C'est quand il rentre
34:56dans le détail
34:57de la fin finale,
34:59si j'ose dire,
34:59du prêtre
35:01qui a subi
35:02un martyr absolu.
35:04On assiste vraiment
35:06à la fin d'un martyr.
35:08C'est une mise à mort,
35:10Robert Balleray.
35:11C'est une mise à mort
35:11avec un échange quand même.
35:14Le prêtre essaiera
35:14de le raisonner.
35:16Il ne va pas se défendre.
35:17Et quand le prêtre
35:19est au sol,
35:20le prêtre sent
35:21qu'il va mourir,
35:21qu'il ne s'en sortira pas.
35:23Il récite,
35:24c'est admirable quand même,
35:25le Notre Père.
35:26Cette force de caractère,
35:29cette foi
35:29qui s'exprime
35:30comme ça
35:31au moment ultime,
35:32c'est quand même
35:33assez dingue.
35:33C'est un moment
35:34très prenant
35:35de ce procès.
35:36Marie-Amelie Lombard
35:38et un autre temps fort
35:39dans ce procès,
35:40c'est Anthony Mignoni.
35:43Il vient témoigner, lui.
35:45Et là,
35:45il impressionne tout le monde
35:46parce qu'il dit
35:47moi,
35:47je n'ai rien à voir
35:48d'abord dans cette affaire
35:48et je ne suis pas
35:50l'espèce de mentor
35:51qu'on présente.
35:52On voit effectivement
35:53qu'il a l'intention
35:55et la ferme intention
35:56de montrer
35:58que s'il avait
35:59un ascendant
36:00sur Oberdorf,
36:01ce n'est pas pour autant
36:01qu'il a armé
36:03le bras d'Oberdorf.
36:05Il le fait
36:06de façon assez
36:07fine.
36:09Il commence par
36:10expliquer
36:11qu'il est effectivement
36:12très calé
36:13dans toutes les formes
36:15de sorcellerie,
36:16d'ésotérisme.
36:17Il étale un peu
36:17sa culture.
36:18Il aime bien
36:19montrer
36:19qu'il est cultivé
36:22sur ce plan.
36:24Mais en même temps,
36:25il ne veut
36:25encore une fois
36:26surtout pas endosser
36:27la moindre responsabilité.
36:29Et moi,
36:31je trouve que
36:31les assises,
36:32souvent on dit
36:33Robert Bellerelle rappelait,
36:36l'accusé,
36:37il ne montre pas,
36:38il ne s'effondre pas,
36:39il pleure
36:40à un moment très précis,
36:41mais il n'est pas
36:42accablé.
36:44C'est toujours
36:44très frappant.
36:45Et Oberdorf
36:46en est encore une fois
36:47un exemple.
36:47il assume
36:49d'une certaine façon
36:50ce qu'il a refusé
36:52d'assumer
36:52en essayant
36:53de mettre ça
36:54sur le plan
36:55d'une force supérieure
36:59qui l'aurait poussé
37:00à tuer le prêtre.
37:01Quatre jours d'audience
37:03et puis le verdict.
37:05L'assassinat du père Hul,
37:06le diable est au presbytère,
37:08il faut appliquer
37:09la justice des hommes
37:10qui ne travaillent pas
37:11sous le soleil
37:11de Satan.
37:13L'enquête de l'heure du crime,
37:14je vous retrouve tout de suite
37:14sur RTL.
37:15Dans l'heure du crime,
37:24aujourd'hui,
37:25l'assassinat
37:25d'un curé,
37:26le père
37:27Jean Hul
37:27en Alsace.
37:29En 1996,
37:3033 coups de couteau.
37:32Un jeune homme
37:33sous l'influence satanique,
37:34David Oberdorf,
37:35a avoué le crime.
37:37Cinq ans après,
37:37il comparaît aux assises.
37:39Après quatre jours
37:39d'audience,
37:40c'est l'heure
37:41du verdict.
37:41Vendredi 6 avril 2001,
37:45David Oberdorf
37:46est condamné
37:46à 20 ans
37:47de réclusion criminelle
37:48pour la mort
37:48du père Hul.
37:50Les jurés ont suivi
37:51l'avocat général
37:52qui,
37:52malgré un crime
37:53monstrueux
37:54et exceptionnel,
37:55avait demandé
37:55des circonstances
37:56atténuantes
37:58au regard
37:58du jeune âge
38:00de l'accusé.
38:01Je vous demande
38:02de redescendre
38:02sur terre
38:03et d'appliquer
38:04la justice des hommes
38:05qui ne travaillent pas
38:06sous le soleil
38:07de Satan,
38:08avait rappelé
38:09l'avocat général.
38:10David Oberdorf,
38:1323 ans,
38:13le teint blafard
38:14n'a pas bronché
38:15à l'annonce
38:16du verdict.
38:17Silencieux,
38:18résigné,
38:18il a retrouvé
38:19la prison de Mulhouse.
38:20Son avocat,
38:21maître vétéraire,
38:22indiquera,
38:23David évolué
38:24dans un univers fou,
38:26un endoctrinement
38:27satanique,
38:29il ne fonctionnait
38:30pas normalement.
38:31Il a expliqué
38:32avoir agi
38:33parce qu'il vénérait
38:34Satan.
38:34L'adolescent
38:35participait régulièrement
38:36à des cérémonies
38:37occultes,
38:38à des sortes
38:39de messes noires,
38:40non pas seules,
38:41mais avec une dizaine
38:42d'autres marginaux
38:43de la région.
38:44David ne se rend
38:45toujours pas compte
38:46de la gravité
38:46de son acte,
38:48il vit dans
38:48un autre monde.
38:50La voix de Frédéric Thibault,
38:52envoyé spécial
38:53de RTL à l'époque,
38:54c'était le 6 février
38:551997,
38:56et là,
38:56c'était juste
38:57après l'arrestation
38:59de David Oberdorff.
39:00Robert Belleret,
39:01on entend ce que dit
39:02Frédéric Thibault,
39:03ou ce que disait
39:03Frédéric Thibault
39:04sur RTL en 1997,
39:06il disait que cet homme
39:07vit dans un autre monde.
39:09Vous avez eu ce sentiment
39:10avec David Oberdorff,
39:11c'était un homme
39:11qui vivait dans un autre monde,
39:13on n'a pas tout compris
39:14de lui ?
39:14Non,
39:15on n'a pas tout compris,
39:16une grande partie
39:17du mystère reste entier,
39:19mais c'est très troublant
39:20parce qu'à la fois,
39:22on peut dire
39:22que c'est un type
39:23un peu taré,
39:25un peu dérangé,
39:26exalté,
39:27qui s'est fabriqué
39:29un monde parallèle,
39:31mais d'un autre côté,
39:32c'est quelqu'un
39:32qui s'exprime correctement,
39:33pas aussi bien
39:34que son gourou Mignoni,
39:35qui lui est quelqu'un
39:37de pervers
39:38et intellectuellement
39:39relativement brillant.
39:41Mais pour autant,
39:42l'accusé Oberdorff,
39:43il n'est pas à côté
39:44de la plaque.
39:46Quand je reviens
39:47sur la scène finale,
39:49juste avant la mort
39:51du prêtre,
39:51il raconte donc
39:52que le prêtre
39:53s'est mis à réciter
39:54le Notre Père.
39:55Tout à fait.
39:55Après lui avoir dit
39:57pourquoi faites-vous ça
39:57jeune homme,
39:58donc ce qui prouve
39:58qu'il ne se connaissait
39:59pas si bien.
40:01Le Père s'est mis
40:02à réciter
40:02Notre Père.
40:04Et voilà
40:04ce que dit Oberdorff.
40:06Lorsqu'il a eu fini,
40:07je lui ai dit
40:08qu'il avait oublié
40:09un mot.
40:10Amen.
40:11Il m'a répondu
40:12je sais,
40:13mais je veux
40:13que tu le dises
40:14avec moi.
40:15Donc ça,
40:15c'est quand même
40:16assez étonnant.
40:17C'est incroyable ce dialogue.
40:18Est-ce qu'en prison,
40:20Oberdorff a fait
40:21un retour sur cette scène
40:23qu'il avait évacuée
40:24complètement ?
40:25Le lendemain du crime,
40:26il pensait à autre chose.
40:28Il n'en a reparlé
40:29qu'après son arrestation.
40:31Mais en prison,
40:32bon,
40:32il a eu le temps
40:33de mûrir sans doute,
40:35de discuter
40:35peut-être avec un aumônier.
40:37Et là,
40:37il s'est représenté
40:38cette scène
40:39et peut-être
40:39qu'il a été,
40:40non pas touché
40:41par la grâce évidemment,
40:42mais qu'il a été secoué
40:43quand même en se disant
40:44qu'est-ce que j'ai fait ?
40:45Qu'est-ce que j'ai fait ?
40:46Ce prêtre était admirable.
40:48Ce prêtre qui avait 65 ans.
40:50Je ne sais pas
40:51si on a dit
40:51qu'il avait 65 ans.
40:52Je suis d'accord avec vous,
40:54Robert Bellery.
40:54Effectivement,
40:55il y a effectivement
40:56une espèce de,
40:57non pas d'aveu,
40:59là,
40:59à ce procès,
41:00mais il y a effectivement
41:01une mise en perspective
41:02qui est très étonnante.
41:04On sait qu'en prison,
41:05ce garçon,
41:05effectivement,
41:06il aurait en tout cas
41:07retrouvé la foi
41:09ou il aurait croisé la foi
41:10et notamment avec l'influence
41:11de cet aumônier.
41:13Marie-Emilie Lombard,
41:14à l'époque,
41:14vous étiez journaliste
41:16pour Le Figaro.
41:17C'est là que vous avez couvert
41:18cette affaire.
41:19Alors,
41:19il y a ce verdict.
41:20On va dire que c'est un verdict
41:21de clémence.
41:22Est-ce que vous le voyez
41:24comme ça,
41:25Marie-Emilie Lombard ?
41:27L'avocat général
41:28dit
41:29« Moi,
41:29je ne crois pas
41:31à votre histoire
41:31de satanisme. »
41:32Donc,
41:33ça démonte déjà
41:34pas mal
41:35cet argument.
41:3720 ans
41:37pour un crime
41:38de cet ordre,
41:39ce n'est pas forcément
41:40ni de la clémence
41:42ni très lourd.
41:43C'est entre les deux.
41:44On est entre les deux.
41:45Entre les deux.
41:46La question maintenant
41:46qui se pose,
41:47moi,
41:47je trouve que
41:47ce qui se passe
41:48pendant les quatre années
41:49de prison,
41:50c'est que
41:51Oberdorf,
41:53on a le sentiment
41:54aux assises
41:54qu'il a pris conscience
41:55d'un certain nombre
41:56de choses.
41:56Il a pris conscience
41:57que son système
41:59de défense
41:59ne fonctionne pas vraiment
42:01parce qu'effectivement,
42:02il n'est pas idiot.
42:03Il voit bien
42:04comment les choses
42:04se passent,
42:05qu'il ne peut pas
42:06tout mettre
42:06sur le dos
42:07de Mignoni
42:07et qu'il va devoir
42:11faire face.
42:14Au fur et à mesure
42:15des journées d'audience,
42:16on se rendait compte
42:17qu'il avait
42:18cette prise de conscience.
42:19À un moment,
42:20il y a une phrase
42:20qu'il prononce
42:22qui m'avait frappée.
42:23Il dit
42:23c'est moi
42:25qui ai commis
42:25tout cela
42:26mais je n'arrive
42:27pas encore
42:27à y croire.
42:29J'espère que
42:29ce procès
42:30m'y aidera
42:31à 100%
42:32pour me libérer.
42:33Je suis plutôt
42:34victime du satanisme
42:36que satanique
42:36moi-même.
42:37C'est un mélange
42:39un peu.
42:39Il continue
42:40de mélanger
42:40un peu les deux.
42:41Il dit quand même
42:42c'est moi
42:43qui ai commis
42:43tout cela
42:44mais je n'arrive
42:44pas encore
42:45totalement
42:45à y croire.
42:47Jean-Marie Storkel,
42:48vous êtes avec nous
42:49depuis une heure
42:50dans cette heure
42:50du crime.
42:51Journaliste,
42:52vous aviez suivi
42:52toute cette affaire
42:53pour le quotidien
42:54l'Alsace.
42:55Finalement,
42:55on n'a pas
42:56d'explication
42:58à ce geste
42:58d'Oberdorf.
42:59Non,
43:00on n'a pas
43:00d'explication
43:01pourquoi il a fait ça.
43:02L'explication
43:03qui a été donnée
43:04c'est Mignoni
43:04lui-même
43:05qui l'a donnée
43:05au procès
43:06en disant
43:06vous savez
43:07moi je n'ai rien fait
43:08je ne l'ai pas poussé
43:09mais David Oberdorf
43:11a voulu faire
43:12mieux que moi.
43:13Il a voulu faire pire
43:14en tuant le curé
43:15il a voulu faire pire
43:16que Mignoni
43:17et ça se fait
43:18à six mois d'intervalle
43:19si Toulon
43:20et le meurtre du curé.
43:22Robert Bellray
43:23je vais terminer
43:24cette émission
43:25avec vous.
43:27C'est une histoire
43:28d'endoctrinement fatal
43:29cette histoire
43:30ou bien
43:31c'est quelqu'un
43:32qui effectivement
43:33est parti tout seul
43:34dans une espèce
43:34de délire.
43:35On a du mal
43:36à le savoir
43:36en tout cas
43:37il y a
43:37l'ombre du satanisme
43:39à Léla.
43:39Il a eu
43:40des influences
43:41à commencer
43:42par Mignoni
43:42et par d'autres copains
43:44qui étaient
43:44dans le même trip.
43:47C'est-à-dire que
43:47à l'époque
43:48on est dans une période
43:50où il y a encore
43:51des punks
43:51avec du persigne
43:53qui commence
43:53à faire son apparition
43:54aujourd'hui
43:55c'est banalisé.
43:56Le tatouage
43:57c'est aussi
43:57beaucoup moins répandu
43:58qu'aujourd'hui.
43:59Donc tatouage
44:00accoutrement tout le temps noir
44:03persigne
44:04collection d'objets
44:06plus ou moins délirants
44:08ce sont des gens
44:10qui se raccrochent à ça
44:11parce qu'ils sont
44:11un peu paumés.
44:13Ses études
44:13n'ont pas été brillantes
44:14à Oberdorf
44:16il a fait du judo
44:17il a fait des arts martiaux
44:18il a voulu s'engager
44:19dans la Légion
44:19ça n'a pas marché
44:20donc il a trouvé
44:21un job intérimaire
44:23chez Peugeot
44:24c'est pas forcément
44:25ce dont il aurait rêvé
44:27donc c'est un type
44:28qui est violent
44:28qui a des pulsions
44:30des frustrations
44:31peut-être ce choc émotionnel
44:33d'avoir eu
44:33un père
44:34dont il a découvert
44:36qu'il était homosexuel
44:37mais bien après
44:37que son père
44:40soit parti
44:40un bon père
44:41qui était alcoolique
44:42qui donc
44:43ne devait pas lui
44:44rendre la vie
44:45quotidienne
44:46très rose
44:46donc un gamin
44:48cabossé
44:50un peu
44:50vulnérable
44:51fragile
44:52bien sûr
44:53et facilement
44:55influençable
44:55voilà
44:56merci
44:57Marie-Amélie Lombard
44:59Robert Belray
45:00et Jean-Marie Storkel
45:01d'avoir été aujourd'hui
45:02les invités de l'heure du crime
45:03merci à l'équipe de l'émission
45:04rédactrice en chef
45:06Justine Vigneault
45:07préparation Marie-Bossard
45:08Lisa Canales
45:09réalisation
45:09Jonathan
45:10Jonathan
45:10Jonathan
45:10et Jean-Marie Storkel
45:11et Jean-Marie Storkel
45:12et Jean-Marie Storkel