Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Antoine Comte.
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00:00Et bienvenue dans les informés, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info avec cette semaine Antoine Comte.
00:12Bonjour Antoine. Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:14Avec nous autour de la table ce matin, Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé. Bonjour Alix.
00:19Bonjour Salia.
00:20Et à vos côtés, Adrien Brachet, journaliste politique au point. Bonjour Adrien, bienvenue.
00:23Bonjour Salia.
00:24Antoine, on commence tout de suite par le soulagement après ce coup de filet dans l'enquête sur les attaques des prisons.
00:29Et oui Salia, il y a au moins cinq têtes pensantes de l'un des plus gros réseaux français de trafiquants de drogue qui opéraient dans la cité marseillaise,
00:37dans le quartier de Castellane, ont été placés en détention provisoire hier selon les autorités compétentes.
00:43Ce vaste coup de filet, vous l'avez dit, qui a permis aussi l'arrestation au total d'une grosse vingtaine de personnes dans toute la France,
00:48s'inscrit dans un contexte de riposte de l'État après les violentes attaques contre nos prisons et contre aussi les domiciles d'agents pénitentiaires.
00:56Un coup de filet dont s'est félicité Gérald Darmanin, le garde des Sceaux hier sur TF1.
01:01Gérald Darmanin qui fait une nouvelle annonce aussi pour protéger les agents pénitentiaires.
01:06Écoutez.
01:07Ils font un travail formidable ces surveillants et en effet très difficile.
01:10Je leur ai écrit ce soir à tous les surveillants pénitentiaires, leur dire qu'on va évidemment les soutenir, recruter davantage, accéder à leurs demandes.
01:17Ils ont demandé l'anonymisation. En effet, on doit donner nos prénoms et notre nom lorsqu'on fait son travail de surveillant.
01:24Quand on trouve de la drogue, un téléphone portant dans une cellule et après on est menacé.
01:28Donc on va anonymiser leur nom, on va mettre leur numéro de matricule et ça permettra demain de ne plus jamais, comme ça a été le cas pour les policiers, être menacé.
01:35Voilà une annonce qui fait beaucoup parler ce matin, mais peut-être pas plus que celle aussi de taper au portefeuille des détenus.
01:44Gérald Darmanin le présente comme ça en faisant participer aux frais d'incarcération les détenus.
01:50Comme nous dit Gérald Darmanin, mais pour l'instant sans vérification, comme c'était le cas avant l'année 2003.
01:57Et puis dans le même temps, Salia, on légifère aussi du côté du Parlement pour sortir, je cite, la France du piège du narcotrafic.
02:04C'est l'intitulé de cette proposition de loi qui a été votée hier au Sénat et qui arrive à l'Assemblée.
02:10C'est sans doute le premier texte majeur du gouvernement Bayrou.
02:13Qu'est-ce qu'il y a dans ce texte ?
02:14Trois mesures principales que je peux vous citer.
02:16La création d'un parquet national anti-criminalité organisé pour, en tout cas on nous annonce le mois de juillet 2026.
02:23Un régime carcéral particulièrement strict pour les plus gros trafiquants, ce qu'on appelle les prisons haute sécurité.
02:29Et puis d'autres mesures qui font moins l'unanimité, comme l'expulsion d'un logement social, d'un occupant,
02:34qui a des liens avec des activités de trafic de stupéfiants, et qui passent beaucoup moins aux yeux, notamment de la gauche,
02:41la gauche et notamment la France insoumise, qui menacent de saisir le Conseil constitutionnel pour atteindre à certaines libertés.
02:47Alors pourquoi on lit effectivement le texte sur le narcotrafic avec le coup de filet dans les prisons ?
02:52C'est parce que ce sont des narcotrafiquants qui sont derrière ces attaques de prison ?
02:56Oui, bien évidemment. Sur la question des prisons, on voit bien l'astuce, entre guillemets, de Gérald Darmanin,
03:03c'est-à-dire taper au portefeuille. C'est un affichage.
03:07C'est montrer que la prison, c'est pas drôle, on n'y joue pas au basket, on n'y fait pas ce qu'on veut,
03:13et qu'effectivement, il faut contribuer au collectif.
03:15Enfin, concrètement, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le frais de fonctionnement d'une prison, c'est 4 milliards par an,
03:22et puis un détenu coûterait par jour 105 euros, me semble-t-il.
03:28L'idée, ça serait que ce soit à peu près 25% de cette somme, avec effectivement certains détenus
03:35qui échapperaient, entre guillemets, à ce frais de fonctionnement,
03:40notamment ceux qui sont en détention prézivoire et les détenus les plus modestes.
03:43Après, je vais peut-être vous sembler un peu baroque, mais il faut en avoir pour son argent,
03:48quand on est détenu aussi.
03:50Et c'est vrai qu'on entend le ratio détenu, cellule, par chaque cellule, enfin par cellule.
03:56Deux ou trois.
03:56Voilà, c'est assez lourd. Il y a une surpopulation carcérale.
04:00Donc, s'il y a un coût, je vais peut-être paraître un peu triable, mais il faut qu'il y ait un service.
04:06Justement, Adrien Brachet, Manuel Bonpart, le coordinateur de la France Insoumise,
04:09qui était à cette place il y a quelques minutes,
04:12disait « mais c'est totalement à côté de la plaque, si j'ose dire, de proposer une telle mesure,
04:17parce que déjà, effectivement, il y a beaucoup de détenus modestes,
04:21ils perdent leur revenu quand ils arrivent en prison ».
04:24Alors, il y avait Dominique Simono tout à l'heure qui parlait des conditions d'incarcération dans les prisons.
04:28Je pense qu'en effet, il y a une forme d'affichage de la part de Gérald Darmanin
04:32dans la proposition de cette mesure, notamment parce que Gérald Darmanin ne veut pas laisser le monopole
04:38de ce sujet du narcotrafic à Bruno Retailleau.
04:41N'oublions pas que Gérald Darmanin a lui-même été ministre de l'Intérieur à une époque,
04:45que lui-même, il l'a redit récemment, envisage de se présenter à l'élection présidentielle,
04:49comme Bruno Retailleau.
04:51Et donc, il y a à la fois par cette mesure, mais à la fois aussi par tout ce qu'il a affirmé
04:54sur la question des prisons de haute sécurité pour les plus gros narcotrafiquants,
04:57une volonté de ne pas laisser le monopole de cette question et du texte qui est débattu,
05:02on va y revenir à l'Assemblée nationale, à Bruno Retailleau.
05:05Il faut dire qu'il faut modifier la loi pour demander aux détenus de participer aux frais de détention, Antoine.
05:11Oui, absolument.
05:12Et déjà, il paye pour plein de services, j'allais dire, dans la prison.
05:17Il paye la télé, il paye le frigo, il paye les denrées alimentaires.
05:20Oui, et ce qui fait beaucoup réagir les opposants politiques de Gérald Darmanin ce matin,
05:24il compare des frais d'incarcération à des frais d'hospitalisation.
05:28C'est quand même difficilement comparable, je trouve.
05:30Il est un peu sur un terrain glissant, Gérald Darmanin.
05:32Il faut quand même faire attention, et vous avez raison,
05:34parce qu'il ne veut pas laisser justement d'espace politique à Bruno Retailleau.
05:37On se demande si Gérald Darmanin, des fois, ce n'est pas le ministre de l'Intérieur,
05:41ou s'il s'est rendu compte qu'il était passé au ministère de la Justice.
05:44Franchement, il se permet des fois des sorties politiques qui ne sont pas vraiment de son ressort.
05:48C'est du ressort habituellement quand même plutôt du ministre de l'Intérieur.
05:53C'est un peu le duo infernal du gouvernement qui ne doit pas être très facile à gérer pour François Bayrou.
05:57Il travaille mal dans la main pourtant, Alex.
05:58Oui, il travaille mal dans la main.
05:59Moi, je n'ai pas le sentiment que ça se passe pas mal entre les deux.
06:06Après, c'est vrai que vous aviez raison, il y a une forme de surenchère,
06:09parce que ce texte narcotrafic, c'est le bilan dont rêvait Bruno Retailleau,
06:16qu'il avait besoin absolument d'accrocher au mur.
06:21Parce que c'est vrai qu'on a vu des petits points de faiblesse sur la loi immigration,
06:25sur les OQTF qui ne se déroulent pas comme il le souhaite,
06:28sur la remise en cours des accords de 68 dans le cadre de notre relation avec l'Algérie.
06:32Et c'est vrai qu'il y avait cette petite musique de procès en impuissance.
06:35Le ministère de la Parole, le ministre de la Parole, c'est comme ça que Ciotti parle de Bruno Retailleau.
06:40Et en affichant ce texte narcotrafic, alors effectivement avec Gérald Darmanin,
06:45mais où on a beaucoup entendu Bruno Retailleau, c'est une première victoire pour Bruno Retailleau,
06:51d'autant que dans ce texte est conservé à peu près tout ce qu'il souhaitait.
06:56Il y a le parquet, il y a la création d'un nouveau régime de détention,
07:01notamment pour les 800 plus gros détenus, trafiquants éventuels.
07:07Il y a le fameux dossier coffre qui posait problème,
07:10c'est-à-dire qu'en fonction de la défense ou de l'accusation, on n'a pas accès aux mêmes informations.
07:16Et effectivement, il y a cette expulsion du logement locatif pour des détenus condamnés dans le narcotrafic.
07:21En fait, la seule chose qui n'est pas arrivée à passer, c'est de cette fameuse boîte noire,
07:27c'est-à-dire pouvoir percer les messageries cryptées.
07:31Donc Bruno Retailleau, oui, je pense que cet après-midi,
07:34ouvrira une petite bouteille de champagne après le résultat de la commission mixte paritaire à l'Assemblée.
07:38On peut dire, Adrien, que c'est le plus gros texte pour le moment adopté pour le gouvernement François Bayrou.
07:43Oui, et d'ailleurs qui vient à l'origine d'une initiative parlementaire.
07:46C'est la fameuse stratégie de François Bayrou de dire,
07:49on laisse les textes venir par le Parlement, même s'il y a eu des ajouts par le gouvernement.
07:53Donc c'est certain que Bruno Retailleau, qui en plus sort d'une séquence un peu compliquée ces derniers jours,
07:57notamment sur l'attaque à Nantes, où il a très vite parlé sans forcément avoir tous les éléments à sa disposition,
08:03et puis à la grande combe où il met du temps à y aller.
08:05Donc il sort d'une séquence qui est quand même très compliquée.
08:08Donc pour lui, forcément, il va vouloir mettre en avant cette mesure.
08:12Gérald Darmanin aussi.
08:14La difficulté, puisque Bruno Retailleau est attendu sur les actes,
08:17notamment dans le cadre du Congrès des Républicains,
08:19c'est que sur un tel phénomène comme celui du narcotrafic,
08:23les résultats mettent énormément de temps à arriver.
08:25Il y avait, il y a quelques jours sur votre plateau,
08:27Bertrand Monnet, qui est professeur à l'EDEX, spécialiste des questions de narcotrafic,
08:32et qui a insisté notamment sur toute la dimension internationale de ces trafics,
08:35la dimension notamment du blanchiment d'argent au niveau international.
08:39Et ça, ce sont des questions qui demandent des années pour y répondre.
08:43Donc dans une société vraiment très immédiate, dans l'attente des résultats,
08:47ça va être difficile pour Bruno Retailleau de prouver qu'il a tout de suite des résultats.
08:50Surtout quand on a un ami à la chancellerie qui s'appelle Gérald Darmanin
08:55et qui veut la lumière aussi, Antoine Comte.
08:57Oui, absolument.
08:58Et puis quand on a aussi un ami ou un ennemi qui s'appelle Laurent Wauquiez
09:01dans la course aux Républicains,
09:03je rappelle que c'est dans trois semaines maintenant, ce congrès interne.
09:07Et on saura sans doute assez rapidement qu'il sera le nouveau patron DLR
09:11et ce qui permettra du coup aux gagnants de se lancer pour la présidentielle de 2027.
09:16Oui, là, je pense que je suis assez d'accord avec vous deux.
09:19Bruno Retailleau marque un bon point.
09:22Et il pourra dire à l'envoquer, vous voyez, Laurent, j'ai quand même des résultats
09:25puisqu'il y a ce texte qui va être voté sur le narcotrafic.
09:28Et puis il y a eu en effet ce vaste coup de filet
09:31qui est quand même assez positif pour le ministre de l'Intérieur.
09:349h15 sur France Info.
09:35Je vous propose de faire une petite pause.
09:38Et on revient après le fil d'info de Maureen Finiard.
09:39Notre ancienne relation avec les Etats-Unis est terminée, lance Marc Carnet
09:46après la victoire de son parti aux élections législatives canadiennes.
09:49Il dirige le parti libéral et reste donc Premier ministre.
09:52Il a fait campagne contre Donald Trump.
09:55Le président américain veut que le Canada devienne un État américain.
09:58Une panne d'électricité massive comme en Espagne et au Portugal hier
10:02est beaucoup plus improbable en France selon le ministre de l'Énergie.
10:05On ne connaît pourtant toujours pas les causes de cette coupure d'électricité.
10:09Le courant est de retour ce matin.
10:11La ministre de l'Éducation nationale annonce ce matin
10:13qu'elle va faire appel de la décision de justice administrative
10:16concernant le lycée Averroès de Lille.
10:19La semaine dernière, le tribunal a rétabli le contrat d'association
10:22entre l'État et le lycée musulman.
10:25Il était rompu depuis plusieurs mois.
10:26La préfecture avait évoqué des manquements graves
10:28aux principes fondamentaux de la République.
10:31Et puis c'était hier la 36e cérémonie des Molières
10:34qui récompense le théâtre français.
10:36Un Molière d'honneur a été remis à Thomas Jolie,
10:38le directeur artistique des cérémonies des Jeux de Paris 2024.
10:42Dans son discours de remerciement,
10:44le metteur en scène a salué le rôle du spectacle vivant,
10:47un outil permettant de faire société et de nous recoudre.
10:53France Info
10:54Les informés
10:57Antoine Comte
10:59Saliabrakia
11:00Les informés continue avec Antoine Comte,
11:04avec Adrien Brachet, journaliste politique au point,
11:07et Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info TV.
11:11Alix, juste avant le fil infos,
11:12on disait qu'on parlait de cette fameuse loi de narcotrafic
11:15qui allait être adoptée par le Parlement aujourd'hui définitivement.
11:19Bruno Retailleau, évidemment, est à la manœuvre.
11:21Aussi Gérald Darmanin.
11:22Et celui qui faisait le 20h hier, c'est Gérald Darmanin.
11:24Est-ce que c'est lui, en fait, qui va en récolter tous les lauriers ?
11:27Alors, c'est vrai que c'est toute la difficulté
11:29d'un texte de loi bicéphale, si je puis dire.
11:32Mais, donc, Gérald Darmanin, certes, était au 20h,
11:34mais enfin, qui on a entendu pendant trois jours
11:37sur toutes les antennes, c'était quand même Bruno Retailleau.
11:40Bruno Retailleau, il met en place,
11:44alors peut-être de manière un peu plus subtile,
11:46exactement la même technique que celle de Nicolas Sarkozy.
11:51Je ne sais pas si vous vous souvenez.
11:52Ah ben, c'est...
11:54Il disait, Nicolas Sarkozy, c'est moi l'actu.
11:56C'est moi qui fais l'actu.
11:57Et en quelque sorte, c'est exactement ce qui est en train de se passer
12:00avec Bruno Retailleau.
12:00Alors, dans un style beaucoup plus polissé, courtois,
12:03jamais un mot de travers pour les adversaires,
12:05même quand Laurent Wauquiez ne cesse de le titiller pour être gentil,
12:09on sent que ça glisse sur lui comme sur les plumes d'un canard.
12:12Mais Bruno Retailleau, il fait l'actu, il fait l'agenda,
12:16il arrive à imposer ses thèmes, l'immigration, la sécurité,
12:20et il oblige les autres à se positionner par rapport à ce qu'il dit
12:24ou ce qu'il ne dit pas.
12:26Un exemple avec le terme d'islamophobie,
12:29tout le week-end, tous les partis de droite comme de gauche
12:32ont disserté sur le fait de l'employer ou pas ce terme.
12:36Parce que Bruno Retailleau refuse, lui, de l'utiliser.
12:44Et c'est ça qui est intéressant, ça veut dire que, quelque part,
12:47les débats continuent de tourner autour de lui,
12:49même quand il ne parle pas.
12:51Le moins qu'il puisse dire, effectivement,
12:52c'est qu'il est clivant, Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur.
12:55Juste, Adrien, sur ce texte narcotrafic, la position de la gauche ?
12:59Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'au départ,
13:00on est sur un texte avec un co-rapporteur socialiste
13:03et un co-rapporteur Les Républicains.
13:04Donc, au départ, il y a une forme de consensus
13:06autour de l'action sur le narcotrafic,
13:08notamment sur la création de ce fameux parquet national
13:11dédié à la lutte contre la criminalité organisée.
13:16Ensuite, au cours des discussions,
13:18notamment à l'Assemblée nationale,
13:19il y a eu un clivage plus fort sur certaines mesures,
13:22dont la question du dossier coffre.
13:23Et en fait, c'est presque une question philosophique
13:25qui divise les partis politiques,
13:28qui est la question de savoir,
13:29entre une efficacité maximum et le respect de l'état de droit,
13:32où est-ce que vous mettez le curseur,
13:34et entre les différentes formations politiques,
13:36le curseur n'est pas au même endroit.
13:38Néanmoins, ce qu'on peut dire tout de même,
13:39c'est qu'il y a une forme de consensus nouveau
13:41qu'il y avait moins il y a quelques années
13:42sur la question de l'ampleur du narcotrafic,
13:45notamment via les élus locaux, les maires socialistes,
13:47certains maires socialistes, je pense à Mickaël Delafosse,
13:49qui sont montés au créneau pour dire
13:51qu'il faut agir sur cette question.
13:52Il y a quand même une forme de consensus sur le constat.
13:55Après, en effet, sur les solutions, il y a des divergences.
13:58Mais je pense que dans la prise en compte de l'ampleur du phénomène,
14:02on est allé plus loin dans le consensus
14:04que ce qui était le cas il y a quelques années.
14:06L'autre sujet d'actu, jamais j'aurais pensé prononcer ces mots,
14:09mais Hanouna 2027,
14:12je pense qu'il est ravi qu'on en parle ce matin sur France Info.
14:15Hanouna 2027, est-ce qu'il faut y croire, Antoine Comte ?
14:18C'est le sujet qui s'impose là, aujourd'hui.
14:20En tout cas, ce qui est sûr, c'est que Cyril Hanouna cherche à faire ce qu'il a toujours fait,
14:23cherche à faire le buzz, à se faire mousser et finalement à continuer de construire
14:28ce personnage médiatique influent qu'il souhaite devenir à tout prix.
14:33C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il entretient ce suspense
14:35autour d'une éventuelle candidature à la présidentielle
14:38à travers ce numéro de Valeurs Actuelles qui sort mercredi
14:42et dont il doit donner finalement le fin mot de l'histoire
14:45sur les ondes de son actuel employeur européen,
14:48aujourd'hui ou demain, mercredi, nous dit-il.
14:51C'est ce qu'on appelle en fait l'art du teasing,
14:53une spécialité hanounesque, car l'intéressé l'a reconnu lui-même hier
14:58sur cette même radio, je le cite.
15:00Ce n'est pas une interview, je n'annonce pas ma candidature,
15:03j'ai un métier, on ne peut pas faire tout non plus.
15:05Alors la question que j'ai envie de vous poser et poser à nos informés ce matin,
15:09c'est pourquoi, quelle est la stratégie derrière de Cyril Hanouna ?
15:12Moi j'ai une petite réponse, sans doute celle de faire progresser
15:15et prospérer les idées populistes dans le pays en vue de 2027.
15:19C'est d'ailleurs pas anodin, Cyril Hanouna a choisi un journal d'extrême droite,
15:22valeur actuelle, pour dévoiler ses ambitions présidentielles supposées
15:27et on le sait, il est largement boycotté par la gauche
15:31et l'animateur à lui a souvent affiché dans le même temps
15:34sa proximité idéologique avec Vincent Bolloré,
15:36avec des cas du RN, avec le parti zémouriste reconquête
15:39ou encore avec la frange la plus à droite des Républicains.
15:43Je vous propose qu'on écoute Manuel Bompard,
15:45un coordinateur de la France Insoumise que vous avez reçu ce matin,
15:47Salia, il était sur notre plateau il y a quelques instants.
15:50Écoutez ce qu'il pense de Cyril Hanouna.
15:51Et franchement je ne suis pas sûr que ce soit très malin nous-mêmes
15:56de donner de l'écho à cette rumeur,
16:00sauf si des gens veulent qu'on construise des cours de padelle
16:02dans les jardins de l'Elysée,
16:03puisque ça a l'air d'être la proposition de M. Hanouna.
16:06Je fais une petite blague Manuel Bompard, le coordinateur de la France Insoumise,
16:09mais quand même, on en parle ce matin sur France Insoumise.
16:12Oui, on en parle.
16:13Alors moi je voudrais, moi j'en parle en tout cas,
16:16sans faire preuve d'aucune condescendance,
16:18parce que je trouve que Cyril Hanouna,
16:20il représente des millions de Français,
16:22il a amené la politique dans ses émissions,
16:25avec un public qui ne regarderait pas d'autres émissions,
16:29sur des chaînes, on va dire, plus classiques.
16:33Donc je trouve qu'il a un mérite,
16:36il s'empare lui aussi du débat.
16:38Et d'ailleurs, il y a un sondage qu'il crédite,
16:40de l'IFOP, qu'il crédite de 10%,
16:42ce qui est énorme, c'est-à-dire que je pense que tous les autres...
16:44Et Alex, on a deux ans.
16:46Non, c'est un potentiel électoral,
16:50ce n'est pas des intentions de vote.
16:51Une fois que j'ai dit ça,
16:52on répond à la question,
16:54est-ce que ça va aller jusqu'au bout ?
16:55Déjà, je pense qu'il ne se déclare pas candidat
16:58pour une bonne raison,
16:59c'est qu'à partir du moment où il se déclare candidat,
17:01son temps de parole va être décompté.
17:03Donc autant vous dire que toutes ces émissions
17:04avec M6 ou whatever à la radio et tout,
17:07il va falloir qu'il se teste.
17:09Il va avoir le problème d'Éric Zemmour,
17:10qui va s'imposer très vite.
17:12Donc oui, on va en parler parce qu'il veut qu'on en parle,
17:14parce que c'est un galop d'essai,
17:16il a mis ça dans l'atmosphère,
17:18ça va...
17:19Après, il a un programme,
17:22je veux dire, un programme audacieux,
17:23le SMIC à 2200 euros,
17:26je ne sais pas comment il va payer tes soeurs,
17:28un Guantanamo à la française,
17:30une immigration réduite,
17:32une sécurité sociale en dessous de 2500 euros de salaire,
17:35nous n'en avons plus.
17:37Donc les Français vont cotiser,
17:38mais ils n'auront pas de service.
17:42Ils cotisent quand même,
17:42mais ils n'ont pas...
17:43Ils cotisent, non,
17:44il faudra...
17:44Les plus riches,
17:45mais les plus riches,
17:46c'est au-dessus de 2500,
17:47d'après ce que je comprends,
17:47devront prendre une mutuelle.
17:50Bon, c'est...
17:51Mais il y a un programme,
17:52il y a quelque chose,
17:53mais effectivement,
17:53je pense que ça doit être...
17:54C'est une bulle qui vivra le temps
17:57qu'elle doit vivre.
17:58On remet les trucs à l'endroit quand même,
17:59parce qu'on a une responsabilité,
18:01on est un média
18:02et on fait attention à ce qu'on dit à l'antenne.
18:05Cyril Hanouna lui-même,
18:07hier,
18:07disait
18:07« Je ne suis pas candidat à l'élection présidentielle. »
18:10Bon, là,
18:10il est en train de s'amuser,
18:11clairement.
18:11Je pense qu'il ne faut pas oublier
18:12que Cyril Hanouna,
18:13c'est un animateur télé,
18:14mais c'est aussi un entrepreneur,
18:15un businessman.
18:16Et donc,
18:16d'une certaine manière,
18:17en créant toute cette agitation
18:18autour d'une potentielle candidature
18:20à la présidentielle,
18:21c'est aussi un moyen
18:22de faire parler de lui.
18:23Rappelons d'ailleurs
18:24que quand son émission
18:25s'est arrêtée sur C8,
18:26il exposait ouvertement
18:28la potentialité
18:29d'une candidature
18:30à l'Élysée
18:31comme une des possibilités
18:32pour la suite
18:33de sa carrière.
18:34Donc,
18:34lui-même en parle ouvertement.
18:36Donc,
18:36je pense qu'il y a une stratégie
18:37bien évidemment aussi
18:38de businessman,
18:39d'entrepreneur,
18:40comme on l'a dit,
18:40il y a un art du teasing,
18:42il va en parler,
18:42dire « Est-ce que je suis candidat ?
18:43Est-ce que je ne suis pas candidat ? »
18:44Après,
18:44il faut prendre ça au sérieux
18:46parce qu'on est dans un tel moment
18:47de décomposition
18:48de la vie politique,
18:49de décomposition
18:50des structures politiques traditionnelles
18:52qu'on peut se dire
18:53qu'il peut y avoir
18:54l'émergence de personnalités
18:55hors de toute structure politique.
18:57Néanmoins,
18:57attention,
18:58dans le sondage
18:59qui est sorti
19:00pour Valeurs Actuelles,
19:02il est pour l'instant
19:02à un potentiel de vote
19:03de 10%.
19:0410% potentiel de vote,
19:06ce n'est pas
19:06des intentions de vote,
19:07ce n'est pas une certitude de vote.
19:09Donc,
19:09ça reste un résultat
19:10quand même assez faible
19:11et assez décevant
19:12en fait
19:12pour Cyril Hanouna.
19:15Et n'oublions pas,
19:16et le cas d'Éric Zemmour
19:16l'a montré,
19:17que faire des millions
19:18de téléspectateurs
19:19n'implique pas nécessairement
19:21faire des millions
19:21d'électeurs.
19:22la télévision est une chose,
19:23la politique en est une autre.
19:24Éric Zemmour
19:25qui a fait 7%
19:25à l'élection présidentielle,
19:26c'est important
19:27ce que disait Adrien,
19:28c'est quand même
19:29de voir que tout le monde
19:30bondit sur cette information
19:31qui est juste un buzz
19:33de Cyril Hanouna
19:35qui dit
19:36peut-être je pourrais être candidat
19:37et j'ai peut-être un programme
19:38et en plus,
19:39main dans la main
19:39avec le magazine
19:40d'extrême droite
19:41Valeurs Actuelles,
19:42je vais vous proposer
19:43mes idées.
19:45Ça montre à quel point
19:46la classe politique,
19:48les idées
19:48de la classe politique
19:49aujourd'hui sont...
19:51on est dans un état
19:52d'élitement incroyable
19:53au point d'y croire quand même.
19:55Ça montre à quel point
19:56on a un nivellement
19:57par le bas finalement
19:57aujourd'hui
19:58de la classe politique
19:59où en fait,
20:01et nous les premiers
20:01finalement commentateurs,
20:03hommes politiques,
20:04on est obligés
20:04de réagir
20:05à ce qui n'est même pas
20:06une annonce
20:06puisque lui-même
20:07disait hier
20:08qu'il ne serait pas candidat.
20:09Donc en fait,
20:10vous avez très bien résumé
20:11la question,
20:12Salia,
20:12il s'amuse,
20:13Cyril Hanouna aujourd'hui,
20:13il s'amuse,
20:14il veut faire parler de lui,
20:15il veut consacrer
20:16ses prochaines émissions
20:17à cette éventuelle candidature
20:18qui n'en sera sans doute
20:19pas une.
20:20Il nous dévoile un programme
20:21mais bon,
20:22on ne sait pas trop
20:22comment il le finance
20:24avec des trucs quand même
20:25qui prêtent à sourire
20:26à l'intérieur
20:27de ce potentiel programme
20:28et puis surtout,
20:29je pense qu'il voit
20:30qu'en potentiel électoral,
20:32vous l'avez très bien dit Adrien,
20:33il est quand même très bas,
20:34enfin 10%,
20:35ça représente 4-5% au mieux,
20:383% disaient
20:40les différents sondeurs
20:41qui analysent ça.
20:42Il y avait eu
20:42un sondage
20:43Harris Interactive
20:43pour nos confrères de l'opinion
20:44qui était sorti
20:45et qui avait testé
20:46toutes les personnalités
20:47de la société civile
20:48qui pourrait être candidat.
20:49Je pense notamment
20:50à Michel-Édouard Leclerc.
20:51Oui, lui aussi
20:52qui a fait part d'une envie.
20:53Mais quand on regarde
20:54les intentions de vote,
20:55elle est aussi très bas.
20:56Il y a l'acteur Vincent Landau.
20:57C'est des gens
20:58qu'on entend comme ça
20:59qui ressortent un petit peu
21:00à chaque élection
21:00et finalement
21:01qui ont un potentiel électoral
21:04qui n'est pas très haut
21:05mais alors des intentions de vote
21:06encore plus basses.
21:06C'est pour ça,
21:07faisons attention quand même
21:07au sondage.
21:08Bien sûr,
21:09je vais être l'agent provocateur
21:10de ce plateau
21:10parce qu'il en faut bien un.
21:12Il y a des précédents
21:13et alors toute proportion gardée,
21:17Coluche 81,
21:18ça commence comme une blague.
21:19C'est une blague.
21:20Vous vous souvenez,
21:20son slogan c'était
21:21Coluche un pour tous,
21:23tous pourris.
21:25Et il a commencé
21:25à mettre en place
21:26un problème
21:27de lutte contre la corruption,
21:29de dénonciation
21:30des inégalités sociales,
21:31le même salaire
21:32pour tous les salariés
21:33quel que soit le métier.
21:36Et puis qu'est-ce qui se passe ?
21:36Eh bien ça prend,
21:37il passe de 10 à 15%.
21:39Il finit par renoncer
21:41en mars 81,
21:42c'est-à-dire
21:42à deux mois de l'élection.
21:44Parce que
21:44Egiscard et Mitterrand
21:46commencent à être gênés.
21:48On dit qu'il y a eu
21:49des pressions
21:51et qu'il y aurait même
21:51eu des menaces.
21:52Donc ça commence
21:53comme une blague.
21:54On peut en rire,
21:56on verra la suite.
21:57On va voir si la blague
21:58va durer longtemps.
21:58Effectivement Adrien,
21:59juste un peu rapide.
22:00En effet,
22:00je pense qu'il faut analyser
22:01au-delà du phénomène Hanouna
22:03les causes
22:04qui expliquent
22:04l'irruption potentielle
22:05de ces candidats.
22:06Ce que ça dit
22:07de la vie politique.
22:08Il faut effectivement
22:08qu'on se pose la question
22:09sur ce que ça dit
22:10de notre société,
22:11de notre classe politique
22:11et de nous,
22:12notre responsabilité
22:14en tant que journaliste
22:14effectivement.
22:15Bien sûr,
22:15il ne peut pas raconter
22:16n'importe quoi.
22:17Et puis il n'a pas
22:17de troupes politiques
22:18je rappelle quand même.
22:19Pas d'ancrage locale,
22:20pas de troupes politiques
22:20Cyril Hanouna.
22:21Donc attention,
22:21on est en France quand même.
22:22Merci beaucoup.
22:23Merci à tous les trois.
22:25Alex Bouillaguet,
22:25éditorialiste politique
22:26à France Info TV.
22:27Merci à vous aussi,
22:28Adrien Brachet,
22:30journaliste politique Copoin,
22:31votre magazine
22:32qui propose jusqu'à jeudi
22:33un dossier consacré
22:34au pape François évidemment
22:35mais aussi une interview
22:36exclusive de Dimitri Peskov
22:38qui est le porte-parole
22:39de Vladimir Poutine.
22:41Merci beaucoup Antoine.
22:42Merci Délia.
22:43A demain.
22:43Les informés du soir,
22:44c'est à partir de 20h.