Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
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00:00Ravie de vous retrouver pour les informer en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur France Info Télé, le canal 27 de la TNT avec Renaud Delis.
00:11Bonjour Renaud.
00:12Bonjour Salia.
00:12Et bonjour à nos informés du jour.
00:14Myriam Mankawa, présentatrice de l'émission Ça vous regarde, du mardi au vendredi à 19h30 sur LCP. Bonjour Myriam.
00:20Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:21Et bonjour à la personne qui est à votre côté, Jean-Jérôme Mertelus, éditorialiste politique à France Info Télé. Merci d'être là Jean-Jérôme.
00:28C'est moi qui vous remercie.
00:30Renaud Delis, au moment où l'on parle, Marine Le Pen est en rendez-vous avec le Premier Ministre.
00:34Eh oui, Marine Le Pen, enfin, enfin à Matignon, alors pour quelques minutes seulement, parce que vous le disiez, elle est reçue effectivement par Michel Barnier
00:41qui ouvre un cycle de consultations des présidents de groupes parlementaires qu'il va recevoir successivement jusqu'à jeudi, des consultations dans le cadre du débat budgétaire.
00:50Mais on le sait, Marine Le Pen hausse le ton depuis quelques jours, elle menace de plus en plus fortement de censurer le gouvernement en cas de dépôt d'une motion de censure par la gauche.
01:00La gauche l'a déjà annoncé d'ailleurs.
01:02Si jamais Michel Barnier, comme c'est probable, utilise l'article 49.3 pour essayer de faire valider le projet de loi de finances vers la mi-décembre,
01:12pourquoi est-ce que le Rassemblement National envisage désormais de censurer Michel Barnier après lui avoir accordé une forme d'indulgence pendant plusieurs semaines ?
01:21Voici ce qu'en disait ici même il y a quelques jours le porte-parole du parti d'extrême droite, Laurent Jacobelli.
01:26Il a enfreint toutes les lignes rouges aujourd'hui Michel Barnier, et nous nous espérons que Michel Barnier va rester fidèle à sa promesse de début, écouter les oppositions.
01:34Nous ce qu'on demande c'est simple, pas de hausse de taxes sur l'électricité, indexation sur l'inflation des retraites dès le 1er janvier,
01:41ne pas attaquer fiscalement ni les classes moyennes, ni les PME, ni les TPE.
01:46Si le Premier ministre n'évolue pas, effectivement il se dirige lentement, mais sûrement, vers la censure et la sortie.
01:52Ça dépend de lui, il a son sort entre ses mains.
01:55Alors que peut-on attendre de l'entrevue d'aujourd'hui ? Est-ce que Michel Barnier d'une façon ou d'une autre va céder aux exigences du Rassemblement National ?
02:02Et pourquoi Marine Le Pen change-t-elle de ton ? Est-ce que c'est lié au débat budgétaire ou peut-être à d'autres considérations politiques qui lui sont propres ?
02:09Et enfin, dernière question, d'ailleurs, est-ce que le sort du gouvernement Barnier dépend vraiment du Rassemblement National et de lui seul ?
02:14Mireille Mankawa, d'abord sur la rencontre de ce matin, qu'est-ce qui peut se dire ?
02:18Alors déjà, la forme va être très importante, parce que Marine Le Pen, elle le répète, elle se sent méprisée par Michel Barnier.
02:26Les égards des débuts du discours de politique générale ont disparu, elle n'a pas été reçue, quelques conseillers l'ont été seulement à Matignon.
02:35Madame la Présidente du groupe Rassemblement National, bonjour.
02:39Tout ça va être extrêmement cordial, mais ça compte énormément pour le Rassemblement National.
02:44Donc sur la forme, il y a tout un travail de réconciliation, si j'ose dire.
02:50De considération.
02:51Voilà, de considération. Pourquoi elle change d'avis ?
02:53Elle change d'avis d'abord pour des raisons électorales, elle a une base et là tous les sondages le démontrent, qui lui réclament cette censure,
03:01qui ne comprend pas cette posture, qui peut apparaître un peu comme un partenaire politique ou en tout cas un groupe qui arbitre et qui met sous surveillance le gouvernement.
03:11Donc là, très clairement, elle doit trancher par rapport à cette base électorale.
03:15Elle change d'avis aussi, évidemment, parce qu'il y a un procès, qu'elle attend son jugement et qu'elle ne s'attendait pas aux réquisitions de cette sévérité-là.
03:24Et donc elle perd une forme de diversion, en tout cas de changement de scène, de la scène judiciaire à la scène politique.
03:31Elle change d'avis aussi parce qu'elle n'a pas supporté que le geste sur les retraites ait été perçu comme une victoire autoproclamée par Laurent Wauquiez.
03:40C'était l'une de ses lignes rouges, elle réclama une constitution et jamais Michel Barnier ne l'a mis en scène comme telle.
03:46Maintenant, elle n'a pas décidé.
03:49Et ça, c'est très important. Vous avez tous les cadres du parti qui disent qu'il faut censurer.
03:54Elle va prendre un risque et c'est un risque politique important.
03:58Donc elle fait un peu monter les enchères sur ces conditions.
04:01La première, c'est l'électricité, très clairement, par l'achat.
04:05Mais ça va négocier au-delà de la question budgétaire.
04:09On va parler immigration, aide médicale d'État.
04:12Ils vont parler aussi de la contribution à l'aide au budget de l'Union européenne.
04:19C'est budgétaire, mais c'est quand même un marqueur très compliqué à concéder.
04:23Si l'Union européenne donne moins à l'Europe, à mon avis, Michel Barnier n'ira pas jusque-là.
04:27C'est un rendez-vous très important, mais c'est un rendez-vous qui est un peu tôt.
04:30Parce que tout le monde va se jauger, mettre ses lignes rouges, ses conditions.
04:34Mais des arbitrages de sa propre décision et des décisions de concession éventuelles de Michel Barnier ne seront pas annoncées aujourd'hui.
04:41Ils sont en pleine négo, Jean-Jérôme Berthelus, au moment où l'on parle.
04:45Est-ce que vraiment Michel Barnier va devoir plier aux exigences de Marine Le Pen ?
04:51Plier ? Je n'irai pas jusque-là.
04:53Négocier ?
04:54C'est un terme assez fort.
04:56Mais clairement, il faut qu'il fasse certaines concessions par rapport au RN.
05:02Simplement pour dire, au moins j'aurais essayé, et j'essaye.
05:06Je suis, Michel Barnier parlant, je suis le négociateur du Brexit.
05:10Donc quelqu'un qui est arrivé...
05:12Dans le dialogue, le compromis, tout ça.
05:15Donc forcément, il va devoir un petit peu mettre des choses sur la table,
05:18que ce soit la proportionnelle, que ce soit le texte de loi immigration,
05:22d'autres mesures économiques, effectivement, comme le rappelle à l'instant Myriam Mankawa.
05:27Mais en fait, ce qui est compliqué, pour les deux,
05:32pour les deux hommes et femmes politiques,
05:36ce qui est compliqué, c'est que pour Michel Barnier, il ne peut pas,
05:38justement, il ne peut pas plier, voire faire trop de concessions,
05:42dans ce cas-là, le bloc central, qui est déjà, c'est déjà la zizanie permanente,
05:46explose, et puis du côté de Marine Le Pen,
05:49elle ne peut pas trop...
05:51Elle veut plus que des concessions, parce que,
05:54et vous l'avez très justement dit, elle-même est aussi,
05:57à la fois, c'est normal, c'est une femme politique,
05:59donc elle a ce que les Français, qui sont ses sympathisants, réclament.
06:03C'est-à-dire la démission, enfin la censure de Michel Barnier.
06:05Mais elle a aussi ses cadres.
06:07Moi, ça me frappe beaucoup à quel point,
06:09aujourd'hui, elle est avec Jean-Philippe Tanguy,
06:12qui est le président délégué du groupe,
06:14qui est quand même le premier, dès qu'il a été nommé,
06:16Michel Barnier, à avoir dit que c'était le pire gouvernement de la Ve.
06:20Philippe Olivier, qui est son conseiller politique,
06:24et son beau-frère, je crois,
06:26dit ce gouvernement d'incapable, cette semaine,
06:29donc elle est aussi un peu prisonnière de son entourage,
06:32donc la pression monte aussi sur Marine Le Pen.
06:34Mais c'est risqué, quand même, pour elle.
06:36C'est très risqué.
06:37D'ailleurs, je ne pense pas que Michel Barnier fasse des concessions quelconques,
06:41et je ne pense pas qu'il y ait intérêt, d'ailleurs,
06:42parce que je pense que ça ne changerait rien.
06:44D'abord, parce qu'il faut bien mesurer que, depuis quelques mois,
06:46le Rassemblement national, le groupe RN et Marine Le Pen
06:48changent parfois de vote sur des textes au tout dernier moment
06:51pour des considérations purement tacticiennes.
06:53Donc là, nous sommes le 25 novembre,
06:55elle a encore le temps de changer 17 fois de position, de ton,
06:59d'ici le 15 ou le 18 décembre,
07:02s'il y a une motion de censure présentée à ce moment-là.
07:04Ensuite, parce que, sur le fond, d'abord,
07:06sur la question de prendre des taxes sur l'électricité,
07:08qu'elle met en avant, qui est un prétexte,
07:10elle se grime en candidate du pouvoir d'achat.
07:12On sait que le gouvernement insiste là-dessus.
07:13D'ailleurs, le prix de l'électricité a baissé pour 80% des Français
07:16au début de l'année, au mois de février,
07:18et qu'il y a un ajustement, une hausse, c'est vrai, de ces taxes,
07:21qui sera en fonction du prix du marché à la fin de l'année,
07:25et que, de surcroît, Michel Barnier a déjà cédé à Laurent Wauquiez
07:29une clause de revoyure au début de l'année
07:31sur le niveau de ces taxes en fonction du niveau du marché électricité.
07:33Donc, Marine Le Pen...
07:35Alors, effectivement, là où Mme Mankawa a raison,
07:37et c'est une autre contradiction du RN,
07:39c'est qu'elle est extrêmement vexée,
07:41elle ne se sent pas traitée.
07:43On se souvient que Jordan Bardella disait que,
07:45au mois de septembre, le RN était désormais incontournable.
07:47Ce n'est pas le cas.
07:48Le RN ne participe à rien et ne pèse sur rien, effectivement.
07:51Mais là aussi, il y a une contradiction.
07:53Au nom de quoi, Michel Barnier devrait-il céder
07:55à un mouvement qui ne fait pas partie de ce fameux socle commun ?
07:57Et puis, ultime contradiction,
07:59Marine Le Pen est donc dans une stratégie dite de notabilisation.
08:01Elle veut être reçue avec tous les égards du RN.
08:03Et dans le même temps,
08:05elle a insulté et traité
08:07de tous les noms les juges,
08:09les magistrats, l'institution judiciaire,
08:11piétiné l'indépendance de la justice
08:13parce que les réquisitions qui lui ont été infligées
08:15ne lui conviennent pas.
08:17Ce qui était, évidemment, le contraire
08:19d'une stratégie de banalisation de notabilisation.
08:21Donc, on voit bien qu'elle cherche sa boussole
08:23et le problème, vous le disiez, c'est que c'est très risqué pour elle.
08:25Ce n'est pas du tout risqué de voter la censure.
08:27En l'occurrence, ça peut poser un problème.
08:29Ça pourrait poser peut-être un problème à la gauche.
08:31Peut-être qu'il pourrait être gêné,
08:33visiblement, par le renfort, par l'alliance avec le RN.
08:35Puisqu'il faut rappeler que la gauche
08:37a par exemple refusé de voter le texte d'abrogation
08:39de la réforme des retraites
08:41qu'envisagé de présenter le RN parce que
08:43ça l'a gêné de s'allier avec le RN.
08:45Mais dans l'autre sens, ça ne gêne pas la gauche, visiblement,
08:47de recevoir l'appoint du RN pour faire tomber le gouvernement.
08:49Mais le problème, c'est le jour d'après.
08:51Une fois que Marine Le Pen aura dit
08:53« Oui, oui, Ducay dit, c'est super, on a fait tomber Michel Barnier.
08:55Qu'est-ce qu'il se passe après ? »
08:57Et comment elle explique à ses cadres et à ses élus,
08:59par exemple, si Emmanuel Macron se tourne vers un nouveau Front Populaire,
09:01la nomination d'un Premier ministre de gauche,
09:03d'un gouvernement de gauche et éventuellement
09:05avec des ministres insoumis.
09:07D'un mot, quand même,
09:09le jour d'après,
09:11d'abord, pour Marine Le Pen,
09:13le risque, c'est de dire aux Français
09:15« Je vous offre, au pied du sapin,
09:17le chaos politique et le chaos économique. »
09:19Parce que si effectivement...
09:21Le risque de crise financière,
09:23c'est ce que disent tous les ministres,
09:25s'il y a une motion de censure.
09:27Si il y a une motion de censure,
09:29vers le 20 décembre,
09:31il y a clairement
09:33un gros point d'interrogation sur le budget.
09:35Quel sera-t-il ?
09:37Alors que la France
09:39est déjà, quand même, dans l'œil,
09:41appelons-les comme ça,
09:43des marchés financiers,
09:45et je mets dedans les arguments de notre nation.
09:47Et l'Union Européenne, bien sûr.
09:49Et puis deuxièmement,
09:51les marges de manœuvre, après,
09:53pour Emmanuel Macron,
09:55de nommer un Premier ministre,
09:57vont se restreindre.
09:59Et le pari,
10:01parce que ça a dû être dit, d'ailleurs,
10:03par le Rassemblement National,
10:05de dire « S'il y a censure,
10:07il faut qu'Emmanuel Macron s'en aille »,
10:09ça veut dire de précipiter
10:11l'élection présidentielle aujourd'hui.
10:13C'est ce que veut aussi Jean-Luc Mélenchon,
10:15il l'a dit la semaine dernière.
10:17En plus, les deux se rejoignent,
10:19mais surtout, c'est un pari
10:21qui pourrait s'avérer
10:23faux, c'est-à-dire qu'Emmanuel Macron,
10:25à ce stade, je ne pense pas qu'il démissionne.
10:27Donc vraiment,
10:29c'est compliqué, cette éventuelle censure.
10:31Il y a un groupe qui pourrait peut-être
10:33avoir une position stratégique,
10:35c'est le groupe socialiste,
10:37parce que si le groupe socialiste ne censure pas,
10:39alors là, la censure n'est pas majoritaire
10:41et le gouvernement ne tombe pas.
10:43J'ai passé quelques coups de fil, je peux vous dire
10:45qu'ils ne sont pas du tout dans cet état d'esprit pour le moment.
10:47Les mots de Maurice Vallaud
10:49chez nos confrères
10:51de France Inter hier,
10:53c'est de préparer déjà l'après.
10:55En fait, tout le monde a déjà l'idée
10:57d'un scénario de censure et veut
10:59tirer les marrons du feu sur l'après.
11:01Mais ce mois de décembre
11:03jusqu'au 21 décembre, puisqu'il y a un temps contraint
11:05pour le budget qui fait que la France
11:07doit avoir un budget voté
11:09par 49-3, adopté par 49-3
11:11ou par un vote, au 21 décembre,
11:13il est très long, finalement.
11:15Très court et très long.
11:17Il peut se passer beaucoup de choses.
11:19D'où les négociations, d'où le rendez-vous
11:21à Matignon avec Marine Le Pen.
11:23J'ajoute, entre Michel Barnier
11:25et Emmanuel Macron,
11:27dans trois quarts d'heure.
11:29On a tous les agendas de l'exécutif.
11:31Merci beaucoup. On se retrouve dans un instant
11:33après le fil d'info de Maureen Suynard, 9h17.
11:35Il y avait un avant et un après
11:37MeToo, il y aura un avant et un après
11:39Mazan, affirme sur France Info
11:41la secrétaire d'Etat chargée de
11:43légalité entre les femmes et les hommes.
11:45Les réquisitions débutent aujourd'hui au procès
11:47de Dominique Pellicot, lui qui est jugé
11:49pour avoir fait violer sa femme
11:51par des dizaines d'hommes après l'avoir droguée
11:53à son domicile Amazon.
11:55Il s'oppose à la nouvelle convention
11:57de l'assurance maladie qui réduit
11:59les tarifs des transports de patients
12:01et qui entre en vigueur en janvier.
12:03400 taxis mènent en ce moment
12:05des opérations escargots en région parisienne
12:07sur l'A4 et l'A6, ce qui entraîne
12:09en ce moment de gros ralentissements.
12:11Les quatre communes du Pays Basque mettent en place
12:13aujourd'hui l'encadrement des loyers. C'est le cas
12:15à Angleterre, Bayonne, Biarritz.
12:17Un petit pansement réagit sur France Info
12:19la présidente du site immobilier particulier
12:21à particulier. Le problème de fond
12:23dans cette zone, c'est le tourisme
12:25et ce plafonnement ne concerne pas les locations
12:27touristiques, affirme Corinne Jolie.
12:29Encore une récompense pour Antoine Dupont
12:31le français désigné meilleur joueur
12:33de rugby à 7 lors des
12:35World Rugby Awards. Un titre
12:37après l'Or Olympique cet été
12:39avec les Bleus.
12:43France Info
12:45Les informés
12:47Renaud Dely, Saliha Brakia
12:51Toujours avec Mireille Mankawa
12:53journaliste présentatrice chez LCP
12:55avec Jean-Jérôme Bertolus, éditeur
12:57réaliste politique à France Info TV. L'autre
12:59sujet d'actualité Renaud Dely
13:01c'est la proposition de loi
13:03de la France Insoumise qui veut abroger le délit
13:05d'apologie du terrorisme dans le code pénal.
13:07Et oui, c'est une proposition déposée
13:09par le député Hugo Bernalicis
13:11et donc le groupe La France Insoumise qui veut donc
13:13abroger le délit d'apologie
13:15du terrorisme, délit créé
13:17spécifiquement par une loi en 2014
13:19parce qu'il s'agit, selon
13:21Hugo Bernalicis, d'une
13:23atteinte à la liberté d'expression. Cette prise
13:25de position suscite un tollé
13:27en particulier au centre et à droite.
13:29A gauche, les socialistes s'en sont immédiatement
13:31distingués. Ils ont expliqué
13:33clairement qu'ils rejetaient cette proposition de loi.
13:35Alors, que cherchent les Insoumis ? Pourquoi
13:37font-ils une telle
13:39proposition qui fait donc polémique ?
13:41Voici ce qu'en disait ce matin sur l'antenne de France Info
13:43Richard Malka, avocat
13:45de Charlie Hebdo et aussi de
13:47la famille de Dominique Bernard, ce professeur de lettres
13:49assassiné par un terroriste
13:51islamiste à Arras l'année dernière.
13:53On pourrait dire que
13:55pour El-Effi, il faudrait
13:57vivre dans un monde où l'on
13:59pourrait dire concrètement
14:01les
14:03massacres du Bataclan, c'est merveilleux
14:05assassiner des preuves d'histoire
14:07géo, c'est bien
14:09et rafaler
14:11des jeunes sur les terrasses, c'est parfait.
14:13Ça, c'est
14:15ce qui arriverait. Pourquoi
14:17pas ? C'est le monde qui propose.
14:19Alors, pourquoi est-ce qu'El-Effi veut sortir
14:21effectivement ce délit d'apologie
14:23du terrorisme du code pénal en le renvoyant
14:25à la presse, laquelle fait partie du code
14:27pénal, comme l'a rappelé ce matin Richard Malka ?
14:29Est-ce que, déjà, d'un point de vue purement juridique,
14:31il n'y a pas une absurdité ? Et puis ensuite, sur le fond,
14:33El-Effi critique
14:35un certain nombre d'utilisations de
14:37cette loi, peut-être de dérives ou d'excès
14:39ou de condamnations excessives,
14:41mais est-ce que ça justifie une abrogation ou
14:43peut-être un rapport
14:45d'éventuels amendements au texte en vigueur ?
14:47Et enfin, sur le fond politique, pourquoi
14:49est-ce que les Insoumis font ça, et font ça maintenant ?
14:51On va essayer de procéder par ordre, pour que les gens
14:53comprennent ce qui se passe. Sur la proposition
14:55de loi, d'abord, des Insoumis,
14:57qu'est-ce qui est dit exactement ? Parce que depuis hier, on entend
14:59tout et n'importe quoi. Alors, ce qui est dit, c'est
15:01qu'en fait, il y a une loi de la presse,
15:03une ancienne loi de la presse, qui
15:05protège les journalistes, l'information,
15:07les sources, et qui pénalise
15:09aussi la défamation,
15:11l'injure, et je dis pénalise,
15:13parce que cette loi de la presse, elle est dans le
15:15code pénal. Mais, elle
15:17obéit à un certain nombre
15:19de sanctions,
15:21qui ne sont pas évidemment les mêmes que le droit
15:23commun du code pénal.
15:25Et ce que fait cette loi
15:27de 2014, qui crée
15:29l'apologie de terrorisme et les
15:31sanctions qui vont avec, c'est de sortir
15:33de la loi de
15:351881, code pénal,
15:37cette infraction qui existe, il y a une apologie de crime,
15:39il n'y a pas écrit terrorisme dans la loi de 1881,
15:41il y a écrit faire l'apologie d'un crime,
15:43ou faire l'apologie d'un crime
15:45contre l'humanité, et sanctionner
15:47pénalement. C'est de ne pas pouvoir
15:49appliquer cette loi
15:51de 81, code pénal, avec les sanctions qui vont
15:53avec, qui sont un peu plus, je dirais,
15:55clémentes, entre guillemets, ou douces,
15:57et de les renforcer dans un autre
15:59endroit du code pénal, droit commun du code pénal.
16:01Ça, c'est ce qui a été fait en 2014.
16:03Ça a été fait en 2014, parce que c'était la menace
16:05d'AECH. On est même avant
16:07les attentats de 2015, en 2014.
16:09Donc, c'était dans le droit de la presse, ça basculait
16:11dans le code pénal plus général. Pourquoi ?
16:13Parce que, à l'époque, il y avait
16:15un vrai sujet aux réseaux sociaux,
16:17si vous dites, vive AECH,
16:19vive ces crimes,
16:21ils l'ont bien cherché, vive
16:23ces décapitations.
16:25Il était opportun,
16:27à ce moment-là, pour Bernard Cazeneuve
16:29et Emmanuel Valls, de trouver un moyen
16:31d'incriminer différemment
16:33ce qui était déjà réprimé. Je ne sais pas
16:35si c'est clair, ce que je raconte.
16:37Ça, c'est le texte.
16:39Ça, c'est le texte. Il y a un débat juridique
16:41sur est-ce que la liberté d'expression
16:43est atteinte avec
16:45cette apologie, ou pas, dans le
16:47code pénal classique. On peut l'avoir, ce débat.
16:49Ça, c'est la question du texte.
16:51Mais il y a la question du contexte.
16:53Et ça, c'est très important aussi. Et rien n'est
16:55jamais fait de façon innocente par LFI.
16:57Il y a un contexte. On est en plein
16:59procès des auteurs qui ont
17:01conduit à l'assassinat de Samuel Paty.
17:03On est dans un moment important,
17:05budgétaire, on vient d'en parler.
17:07Et LFI va agiter
17:09un sujet qui, par définition,
17:11est de nature à cliver,
17:13est de nature à polariser. Il y a une
17:15signature politique à faire ça
17:17maintenant, très clairement. Ça n'est pas
17:19l'urgence du moment.
17:21Avant d'aller là-dessus, quand même, parce qu'eux,
17:23ils le justifient. Ils disent, attendez, on est en train de faire un
17:25usage dévoyé de l'apologie
17:27du terrorisme. Et c'est pour ça
17:29qu'ils le justifient. Ils disent, vous revenez en arrière, on est allé trop loin.
17:31Est-ce qu'ils avancent ?
17:33C'est-à-dire qu'il y a eu une utilisation dévoyée
17:35du texte de 2014,
17:37cette apologie du terrorisme,
17:39c'est pas complètement faux.
17:41C'est-à-dire que
17:43Mathilde Panot, convoquée par la police
17:45après le communiqué de
17:47France Insoumise le 7 octobre,
17:49c'est un problème.
17:51C'est-à-dire que la présidente du groupe
17:53LFI, élue députée,
17:55convoquée par la police pour
17:57apologie du terrorisme, c'est un problème.
17:59C'est-à-dire que
18:01d'autres, il y a LFI,
18:03mais il y a Amnistie Internationale...
18:05Il y a d'autres cas. La patronne de la CGT,
18:07Sophie Binet, disait, il y a
18:09des militants écologistes qui peuvent être...
18:11Oui, il y a un militant...
18:13Le communiqué de l'époque pour remettre les choses dans leur contexte.
18:15Je vais terminer. Il y a un militant...
18:17Merci. Il y a un militant syndical
18:19CGT, aussi,
18:21qui a été condamné.
18:23Il y a plusieurs dizaines
18:25d'enquêtes en cours. Donc, il y a
18:27une interrogation, maintenant.
18:29Moi, ce qui me frappe, quand même,
18:31dans toute cette affaire, c'est que
18:33Hugo Bernalicis, qui est l'auteur de la proposition
18:35de loi de la France Insoumise, l'a déposée
18:37il y a trois semaines. Donc, déjà,
18:39au niveau calendrier, compte tenu
18:41des...
18:43Enfin, le 13 novembre.
18:45Il l'a déposée, à peu près, au moment
18:47du 13 novembre. Vous dites que ce n'est pas fin au niveau du contexte, quoi.
18:49Donc, c'est hallucinant. Et puis, surtout,
18:51vraiment, Hugo Bernalicis l'a dit
18:53ce week-end, à nos... Je ne sais plus à qui...
18:55à quel confrère, a dit
18:57« Mais moi, je ne veux rien en faire. C'est juste une position politique. »
18:59Donc, quand on est,
19:01comme vous l'avez rappelé, en plein procès
19:03Samuel Paty, aux alentours
19:05du triste anniversaire des
19:07attentats, et qu'on dépose une proposition
19:09de loi dont on ne veut rien en faire, simplement,
19:11on va dire, pour faire une partie
19:13du buzz politique, et d'alimenter
19:15une espèce de polémique incessante,
19:17ça devient vraiment...
19:19C'est vraiment un problème, quoi. Je veux dire...
19:21C'est irresponsable, ce que fait la France insoumise ?
19:23C'est parfaitement responsable. Ils savent parfaitement ce qu'ils font.
19:25Il y a un objectif politique. Il y a un agenda
19:27politique, idéologique qu'on connaît. Juste pour revenir
19:29par étapes, c'est vrai que le fait qu'une présidente de groupe
19:31parlementaire soit convoquée par la police, c'est un
19:33problème, pour reprendre l'expression de Jean-Jérôme Berthelus.
19:35C'est vrai qu'au départ, le problème,
19:37c'est quand même le communiqué de la France insoumise,
19:39le 7 octobre, le jour des massacres commis
19:41par le Hamas en Israël,
19:43ce texte était l'offensive armée
19:45des forces palestiniennes. Il s'agissait de l'offensive armée
19:47des forces palestiniennes dans le cadre, je cite,
19:49de l'intensification de la politique d'occupation
19:51israélienne. À aucun moment, on le sait, depuis
19:53d'ailleurs, les Insoumis
19:55ont considéré que le Hamas était un mouvement terroriste
19:57qui avait commis des actes terroristes.
19:59Il y a effectivement le cas de ce responsable
20:01CGT, qui a été condamné en première instance,
20:03qui a fait appel, évidemment, comme tout
20:05justiciable. Lui, il évoquait
20:07depuis samedi 7 octobre
20:09le fait que les horreurs de l'occupation illégale
20:11reçoivent les réponses qu'elles ont provoquées.
20:13Encore une fois, je ne justifie pas une condamnation
20:15en première instance, il y a appel, etc.
20:17Mais le contenu des textes
20:19peut aussi parfois poser problème.
20:21Ensuite, ce qui est vrai,
20:23c'est que ces problèmes juridiques, d'ailleurs,
20:25ils peuvent justifier un rapport sur
20:27l'utilisation de la loi, ils peuvent justifier des amendements,
20:29mais pourquoi la brogation ?
20:31La question de la liberté d'expression, c'est très intéressant,
20:33qui serait menacée par ce texte, elle a été posée
20:35par une question prioritaire de constitutionnalité
20:37en 2018, à l'époque,
20:39qui avait été demandée
20:41au Conseil Constitutionnel si les dispositions de ce texte,
20:43de cette loi de 2014, n'étaient pas
20:45de nature, justement, à porter atteinte
20:47à la liberté d'expression. La réponse avait été
20:49négative.
20:51Ce texte peut être amendé,
20:53mais la brogation, elle répond à un calendrier
20:55idéologique et politique bien précis.
20:57On le sait, l'apologie du terrorisme,
20:59le délit d'apologie du terrorisme,
21:01c'est un outil qui sert
21:03en particulier à attiser l'antisémitisme.
21:05C'est le cas depuis des mois,
21:07y compris, d'ailleurs, depuis des années,
21:09depuis 2013-2014,
21:11au moment où ce texte a été
21:13voté par un gouvernement de gauche
21:15à l'époque. Et donc, on voit bien
21:17que cet antisémitisme soi-disant résiduel,
21:19selon les mots de Jean-Luc Mélenchon,
21:21alors qu'on sait qu'il explose en France, comme d'ailleurs
21:23dans nombre d'autres pays européens,
21:25cette proposition de loi,
21:27elle participe de la banalisation
21:29de ce fléau de l'antisémitisme,
21:31qui survient, effectivement, à un moment bien précis.
21:33Le procès des complices
21:35de l'assassinat de Samuel Paty, dans quelques semaines,
21:37on va commémorer le dixième anniversaire
21:39de l'attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2025.
21:41Ça fera dix ans.
21:43Donc, tout ça est parfaitement pensé
21:45de la part des insoumis.
21:47Vous entendez aussi ce que dit Marc Trévidique, l'ancien juge antiterroriste,
21:49qui dit qu'effectivement,
21:51avec ce changement de législation,
21:53l'usage a été dévoilé.
21:55Il n'y a pas d'abrogation, Marc Trévidique. Il faut l'aménager,
21:57il faut l'amender. Pourquoi pas ? Il peut y avoir un débat juridique.
21:59Il peut y avoir un travail de fond à l'Assemblée.
22:01Il peut y avoir un travail de fond.
22:03Pourquoi la France insoumise
22:05n'a pas demandé à ses alliés
22:07du Nouveau Front Populaire de dire
22:09il faut réfléchir, il faut avancer ensemble,
22:11et tout ? Là, ça rappelle vraiment
22:13ce qu'avait fait Jean-Luc Mélenchon.
22:15C'était le 6
22:17ou 5 octobre, en disant
22:19au lendemain du 7 octobre,
22:21on met des drapeaux palestiniens partout.
22:23Je veux dire,
22:25la provocation chez la France insoumise
22:27est devenue clairement
22:29une stratégie politique et malheureusement,
22:31quelquefois, au détriment du fond,
22:33des questions que peut poser
22:35ce texte de 2014 sur l'apologie
22:37du terrorisme. – Merci à tous les trois.
22:39Merci Myriam Mankawa,
22:41présentatrice de l'émission « Ça vous regarde »
22:43à 19h30 du mardi au vendredi sur LCP.
22:45Lundi, c'est politique.
22:47C'est l'émission de Francis Letellier
22:49en partenariat avec Pense-Info. C'est ce soir
22:51– Éric Coquerel, le président insoumis.
22:53– Ça tombe bien.
22:55– Qui va s'expliquer.
22:57Merci à vous, Jean-Jérôme Bertholusse,
22:59éditorialiste politique à France Info Télé.
23:01Merci Renan. – Merci Xavier.
23:03– Les informés du soir, c'est à partir de 20h,
23:05avec Agathe Lambret et Jean-Mémi Baudot.