Les informés du matin du mardi 25 octobre 2023

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Du lundi au jeudi, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00 Je suis ravie de vous retrouver pour les informer en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et Télévision.
00:04 Bonjour Renaud Delis.
00:05 Bonjour Salia.
00:06 Et autour de la table ce matin, nos informés du jour, Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:11 Vous proposez chaque matin l'interview politique à 7h50.
00:14 Bonjour Alix.
00:15 Bonjour, c'est à 7h45.
00:16 Et bien précisément 7h45.
00:18 Mais voilà.
00:19 C'est bien de le rappeler, 7h45.
00:21 A vos côtés, Adrien Bec, chef adjoint du service politique de France Info.
00:25 Bonjour.
00:26 Et Claude Guibal, journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
00:30 Bienvenue Claude.
00:31 Bonjour.
00:32 Renaud Delis, on revient sur la visite évidemment d'Emmanuel Macron en Israël et en Cisjordanie hier.
00:36 Visite au Proche-Orion effectivement, en Israël et en Cisjordanie hier.
00:39 Une visite qui se continue d'ailleurs aujourd'hui, puisqu'Emmanuel Macron doit rencontrer le
00:43 roi Abdallah Haman et pourrait rencontrer le président égyptien el-Sissi.
00:47 Haman ou Ouker, on le verra dans la journée.
00:50 En tout cas hier, Emmanuel Macron s'est d'abord rendu en Israël pour afficher sa solidarité
00:55 avec les Israéliens attaqués par le Hamas lors des massacres commis le 7 octobre.
01:00 Mais il s'est aussi rendu plus tard dans la journée en Cisjordanie pour rencontrer
01:04 le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
01:07 Et dès sa première intervention aux côtés de Benyamin Netanyahou, c'était à Jérusalem,
01:14 il a essayé d'esquisser une position d'équilibre en apportant d'un côté sa solidarité
01:19 aux Israéliens, mais de l'autre côté en rappelant le droit légitime des Palestiniens
01:24 à avoir un État.
01:25 Voici un extrait de l'une des interventions d'Emmanuel Macron.
01:29 Je vous apporte aujourd'hui l'émotion et la solidarité des Français.
01:34 La lutte doit être sans merci, mais pas sans règles.
01:39 La sécurité d'Israël ne peut être durable sans une relance décisive du processus politique
01:47 avec les Palestiniens.
01:48 Donc le chef d'État qui a évoqué aussi la relance d'un processus politique.
01:54 Alors est-ce que cette voie de la France, elle porte dans le contexte qu'on connaît
01:58 actuellement et la guerre entre Israël et le Hamas ?
02:01 Et puis dans la journée, Emmanuel Macron a aussi eu des propos, une initiative.
02:07 Il évoquait une initiative plus surprenante encore qui a suscité de nombreuses réactions.
02:10 L'idée de bâtir une coalition internationale contre le Hamas.
02:14 Est-ce que le chef de l'État a réussi peu ou prou à tenir une position d'équilibre
02:20 et à peut-être pas satisfaire, mais au moins ne pas fâcher à la fois le côté israélien
02:25 et le côté palestinien de ce conflit ?
02:27 Claude Guilbal, comment a été reçue cette visite en Israël d'abord ?
02:30 Je crois que quand Renaud Delis utilise le mot "à tenter de", eh bien voilà, c'est
02:35 tenté.
02:36 On pourrait être tenté de dire le lendemain que ce n'est pas forcément réussi parce
02:39 qu'effectivement, Emmanuel Macron, l'objectif de sa visite était de se tenir, il le dit
02:44 lui-même, se tenir aux côtés d'Israël.
02:47 Message qui est effectivement passé.
02:49 Et effectivement, Emmanuel Macron a rappelé le principe d'une solution à deux États
02:57 et le droit des Palestiniens à vivre dans un territoire et un État en paix aux côtés
03:02 de l'État hébreu.
03:03 Le fait est que cette visite d'Emmanuel Macron, elle arrive déjà à un moment un
03:09 petit peu bizarre.
03:10 Elle arrive très tardivement.
03:11 Avant lui, un certain nombre de chefs d'État se sont déjà déplacés.
03:14 Joe Biden, Mark Rutte, Giorgia Meloni, etc.
03:17 Donc on attendait beaucoup d'Emmanuel Macron qui arrive en fait avec, en endossant des
03:22 habits de médiateur, mais à moitié.
03:25 Effectivement, il est allé à Ramallah faire la photo à côté de Mahmoud Abbas.
03:32 C'était la communication pour vous ?
03:34 Mais Mahmoud Abbas est tellement délégitimé, discrédité auprès de la population palestinienne
03:41 que ce message-là ne porte pas.
03:44 C'est difficile de vouloir relancer un processus politique auprès de quelqu'un dont Paris
03:50 estime en premier lieu que ce n'est pas la personne qui va être capable de porter ce
03:55 processus politique et il n'y a pas de succession connue à Mahmoud Abbas.
04:00 Donc on parle là, une fois de plus, dans le vide.
04:03 On avait l'impression d'un exercice de style.
04:05 Il faut effectivement rappeler la solution à deux États et effectivement continuer
04:10 à prôner la paix.
04:12 La façon dont c'est perçu à l'inverse dans le monde arabe, c'est que la France se tient
04:19 aujourd'hui aux côtés d'Israël.
04:21 Le monde arabe n'a pas entendu le président de la République appeler à une trêve humanitaire.
04:26 Et ça, c'est le discours majoritaire qu'on entend ce matin à travers le monde arabe.
04:31 C'était pourtant un objectif affiché du président de la République.
04:34 Avant qu'il prenne l'avion, on va continuer de parler du voyage du président de la République
04:38 au Proche-Orient et cette idée de coalition internationale contre le Hamas.
04:42 Mais d'abord un passage par le Fil-Info à 9h10, Benjamin Recouvreur.
04:45 Facebook et Instagram font passer leur profit avant la santé mentale des jeunes utilisateurs.
04:51 Voilà ce que reprochent 40 États américains en groupe META.
04:54 Ils viennent de déposer plainte.
04:56 Ils accusent les deux applications de manipuler les plus jeunes pour les rendre addicts et
04:59 réclament des amendes.
05:01 Le FMI alerte ce matin sur les conséquences économiques de la guerre entre Israël et
05:06 le Hamas.
05:07 Elle affecte déjà les économies de la région, selon le FMI.
05:10 Les frappes israéliennes, elles continuent sur Gaza.
05:13 80 personnes sont mortes cette nuit, selon le Hamas.
05:16 2 millions de fonctionnaires vont recevoir une prime pouvoir d'achat à partir d'aujourd'hui
05:20 avec les pays d'octobre.
05:21 Elle avait été négociée au printemps entre 300 et 800 euros bruts, selon les revenus.
05:26 Et puis grosse tension dans le vestiaire du club de foot de Montpellier.
05:30 Le défenseur Mamadou Sakho et l'entraîneur Michel Derzakarian se sont battus dans le
05:34 vestiaire hier.
05:35 Depuis le début de la saison, le joueur n'a joué que 6 minutes en championnat.
05:50 - On retourne sur le plateau des informés avec Claude Guibal, journaliste à la rédaction
05:54 internationale de Radio France, Adrien Beck, chef adjoint du service politique de France
05:58 Info et Alix Bouyague, éditorialiste politique à France Info TV.
06:01 Vous nous disiez pendant les titres à Renaud Dely et à moi, moi je ne suis pas du tout
06:05 d'accord avec Claude Guibal.
06:06 Cette visite en fait, elle est réussie ?
06:07 - Sur le papier, je vais vous dire oui que cette visite elle est réussie parce que finalement
06:12 il a quand même coché toutes les cases et il y avait une vraie interrogation avant
06:15 qu'il parte.
06:16 Les cases c'était quoi ? S'entretenir naturellement avec les Israéliens, s'entretenir avec
06:20 les Palestiniens.
06:21 Vous critiquiez Mahmoud Abbas qui a une position extrêmement affaiblie mais pour le coup ce
06:28 n'est pas la faute d'Emmanuel Macron, ce n'est pas lui qui choisit ses interlocuteurs.
06:31 Il se trouve qu'aujourd'hui l'autorité palestinienne est représentée par Mahmoud Abbas.
06:34 Il va aussi aujourd'hui rencontrer des dirigeants arabes.
06:39 Il est en Jordanie, il va rencontrer le roi de Jordanie, il va probablement se rendre
06:44 dans la foulée, je mets tout ça au conditionnel, en Égypte pour rencontrer le président égyptien.
06:48 Ça aussi c'était une véritable inconnue.
06:50 Je rappelle au passage que Joe Biden n'a pas pu avoir cette partie-là, cette partie
06:55 un peu en contact avec des dirigeants arabes.
06:58 D'accord il y a eu ce bombardement épouvantable sur l'hôpital à Gaza qui a faussé un petit
07:03 peu son déplacement mais reste qu'aujourd'hui c'est le seul dirigeant à avoir des échanges
07:13 suivis et vous disiez un peu tardif.
07:15 Bien sûr avant lui, c'est vrai je vous l'accorde, il y a eu le chancelier allemand, la présidente
07:20 du conseil italien, il y a eu la présidente de la commission européenne mais qui a pu
07:24 voir justement toutes les parties, qui a pris le temps et qui a pris le temps de réaffirmer
07:29 en l'occurrence les principes que porte la France, c'est-à-dire oui condamnation totale
07:34 du Hamas, soutien total à Israël, mais attention à la population palestinienne et puis surtout
07:39 commencer à dresser une perspective politique.
07:42 Et le dernier point, je vous l'accorde, je suis d'accord avec vous, c'est que on nous
07:49 promettait il y vient tardivement mais vous allez voir ce que vous allez voir.
07:53 On a vu cette fameuse coalition internationale, c'est vrai que c'est un peu tombé du sol.
07:58 Claude Guibal a le trépied et il a envie de vous répondre.
08:00 Oui juste une chose, tout dépend à quoi sert cette visite, qu'est-ce qu'elle porte
08:06 et le sentiment, vous l'analysez d'un point de vue de politique, de politique intérieure
08:10 française, si moi je le regarde de mon côté de la géopolitique et du terrain, en quoi
08:17 cette visite va-t-elle être déterminante pour la suite d'un conflit sur lequel la
08:23 France ne semble pas avoir une main aujourd'hui déterminante, encore plus après cette proposition
08:31 de coalition qui a effectivement semé une grande confusion hier sur la nature de cette
08:37 coalition et sa faisabilité.
08:39 Cette coalition internationale contre le Hamas, sur l'exemple de la coalition internationale
08:46 contre Daesh, elle est beaucoup critiquée, c'est ce que dit Claude Guibal.
08:50 C'est sans doute globalement à côté de la plaque, d'autant qu'Emmanuel Macron
08:54 appelle depuis une quinzaine de jours à ne pas régionaliser le conflit, donc il propose
08:59 une coalition régionale et internationale pour lutter contre le Hamas.
09:03 Ça a assez peu de sens, d'autant que les pays, et Claude Guibal le dirait sans doute
09:08 bien mieux que moi, mais les pays qui étaient mobilisés, qui sont mobilisés dans la coalition
09:13 contre Daesh, sont des pays qui globalement, pour certains, ont plutôt des accointances
09:19 avec le Hamas.
09:20 Je pense par exemple au Qatar, si je ne me trompe pas.
09:22 La question de cette coalition internationale, telle que d'abord elle a été proposée,
09:28 énoncée par Emmanuel Macron, elle a sidéré tout le monde.
09:31 Ça veut dire quoi associer le Hamas à cette coalition qui existe déjà depuis 2014 ? Est-ce
09:36 que ça veut dire qu'on va bombarder la bande de Gaza ?
09:38 On n'a pas compris concrètement comment ça allait se faire.
09:43 Concrètement, est-ce que traditionnellement non plus l'armée israélienne, qu'on associerait
09:48 évidemment à cette coalition, n'a pas une tradition, une habitude de coopération, on
09:53 parle régional, est-ce qu'on imagine l'armée israélienne à ce stade coopérer et même
09:58 échanger des renseignements avec les pays de la région ? C'est extrêmement compliqué.
10:04 Je comprends que cette coalition n'est pas faisable.
10:07 Et à ce titre-là, on se demande un petit peu ce qui a été à la manœuvre.
10:11 Juste d'un mot, malgré tout, il faut se souvenir qu'Emmanuel Macron était allé
10:17 déjà en Israël, de façon… si on regarde les choses un petit peu en prenant du recul,
10:21 il était déjà allé en Israël en 2020.
10:23 Il avait tenu un discours de plus d'une demi-heure devant la communauté française.
10:29 Il avait évoqué l'antisémitisme, il avait évoqué l'économie, il avait évoqué les
10:34 liens entre la France et Israël.
10:36 Et en fait, quand on reprend ce discours, les mots qu'il consacre au conflit israélo-palestinien
10:41 sont vraiment très très très faibles.
10:44 C'est quelques minutes de son discours où il explique que grosso modo, la France ne
10:47 prendra pas d'initiative, que la France soutiendra des initiatives diplomatiques s'il y en a.
10:52 Ce que je veux dire par là, c'est que si on a un peu l'impression d'une forme de
10:56 godille d'Emmanuel Macron sur ce dossier, c'est qu'il y a sans doute de la part d'Emmanuel
11:00 Macron, pour des tas de raisons, peut-être les accords d'Abraham, des choses comme ça,
11:04 qui font qu'il s'est peut-être désintéressé de ce conflit, qu'il y a un impensé de la
11:09 part d'Emmanuel Macron.
11:10 C'est pas que la communauté internationale qui s'est désintéressée du conflit.
11:13 Sans doute.
11:14 Et le fait est qu'aujourd'hui, ça donne une position qui est peut-être un petit peu
11:17 difficile à tenir et difficile à suivre.
11:18 Ronald-Éli.
11:19 Deux points sur l'histoire de la coalition internationale d'une part et sur la politique
11:23 de la France au Moyen-Orient d'autre part.
11:25 Je pense que la sortie d'Emmanuel Macron sur, évoqué cette coalition internationale
11:30 contre le Hamas, pour lutter contre le Hamas sur le modèle de celle qui existait pour
11:34 lutter contre Daesh, elle part d'une erreur d'appréciation qui me semble-t-il, elle part
11:38 de la nature des crimes, des erreurs commises.
11:42 C'est-à-dire qu'en fait, en quelque sorte, en lançant cette annonce impromptue et visiblement
11:46 assez improvisée, Emmanuel Macron me semble-t-il s'est laissé gouverner par l'émotion,
11:51 c'est-à-dire qu'il est parti des massacres et effectivement, lorsqu'on regarde les images,
11:57 lorsqu'on écoute les sons, lorsqu'on lit les récits des pogroms qui ont été commis
12:03 par les terroristes du Hamas, ce massacre de civils juifs le plus important depuis la
12:09 Shoah qui a provoqué le traumatisme qu'on connaît en Israël, l'assimilation entre
12:14 le Hamas et Daesh est parfaitement compréhensible.
12:17 On peut même, si on allait dans la gradation du pire, considérer que ce qu'a commis
12:21 le Hamas le 7 octobre est encore pire pour ce qui est du déroulé des faits.
12:27 Mais ceci, en l'occurrence, ne vaut pas, on ne peut pas dresser pour autant un parallèle
12:34 quant aux objectifs politiques de ces deux organisations terroristes, encore une fois
12:40 qui se valent dans l'horreur largement, parce qu'effectivement, on le sait, le Hamas s'appuie
12:46 sur une revendication politique palestinienne, il la détourne, il l'instrumentalise, il
12:50 la dessert, évidemment.
12:51 Le Hamas est celui qui est en train d'achever, d'enterrer la cause palestinienne aux yeux
12:56 d'une bonne partie du monde.
12:57 Et donc, c'est là qu'il y a une véritable erreur, me semble-t-il, du chef de l'État.
13:01 Et d'ailleurs, cette annonce a été largement improvisée et corrigée par la suite.
13:05 La diplomatie française faisant savoir qu'il s'agissait d'une coalition qui pourrait
13:11 simplement, non pas une coalition militaire, évidemment, mais chercher à échanger des
13:16 informations.
13:17 Même de ce point de vue-là, on imagine qu'Israël n'a pas tellement envie d'échanger
13:19 un certain nombre d'informations, de lutter contre le Hamas avec d'autres partenaires,
13:23 ou aussi d'enquêter sur un certain nombre de financements qui pourraient peut-être,
13:27 en particulier, viser le Qatar.
13:29 Mais on sait que là, c'est la France qui n'a pas tellement envie aussi d'aller embêter
13:32 le Qatar sur ce plan-là.
13:33 Pour ce qui est de la politique arabe de la France et de la politique de la France au
13:36 moyen-long, il me semble qu'on vit quand même sur un mythe de très longue date.
13:39 Effectivement, je pense qu'Emmanuel Macron, Adrien Becq le disait à l'instant, n'a pas
13:42 de véritable cap depuis qu'il est à l'Élysée en 2017.
13:45 Ce n'est pas forcément de sa faute.
13:46 C'est-à-dire que ses deux prédécesseurs, François Hollande et Nicolas Sarkozy, n'en
13:49 avaient pas davantage.
13:50 Et même derrière un certain nombre d'images qu'on a tous en tête, ou de prises de position
13:55 de Jacques Chirac, qui effectivement avait été très appréciée dans les pays arabes,
13:58 notamment à cause du nom à la guerre en Irak.
13:59 Et puis on se souvient aussi de cette visite tumultueuse en 1996 à Jérusalem.
14:03 Pour autant, la France à l'époque ne pesait pas davantage sur les affaires du monde au
14:07 Proche-Orient.
14:08 Le nom de la France à la guerre en Irak était une position ô combien légitime, estimable,
14:12 et qu'il faut louer.
14:13 Mais elle n'a pas empêché la guerre de se dérouler.
14:15 C'est-à-dire qu'on voit bien que la France, même lorsqu'elle a des belles images bien
14:18 réussies, ne pèse pas dans cette région de très longue date.
14:21 Et un tout dernier point, juste pour vous mettre d'accord.
14:22 – On va dire que ça fait trois points.
14:23 – Juste pour vous mettre d'accord.
14:24 Trois points, effectivement, vous l'avez noté.
14:26 Je pense qu'effectivement, ça dépend de quel point de vue on se place.
14:29 Cette visite a-t-elle été utile du point de vue de la politique étrangère du Proche-Orient
14:33 en tout cas ?
14:34 Au regard de ce qu'expliquait Claude Guibbal, non, on peut en douter.
14:37 Mais je pense que même Emmanuel Macron ne se faisait pas forcément d'illusion sur
14:40 la capacité de la France à résoudre ce conflit en 48 heures.
14:42 Est-ce qu'elle est utile du point de vue de la politique intérieure ?
14:45 Je pense que c'était le véritable objectif recherché par le chef de l'État.
14:49 – Eh bien, on va justement en parler juste après le fil info à 9h21.
14:51 Benjamin Recouvreur.
14:52 [Musique]
14:53 – L'aide humanitaire n'arrive pas assez vite à Gaza, selon le président américain
14:56 Joe Biden, alors qu'un quatrième convoi est entré dans l'enclave palestinienne
15:00 hier soir.
15:01 Mais sans carburant, les Nations Unies appellent à une pause humanitaire.
15:05 Les États-Unis, eux, estiment qu'un cessez-le-feu ne bénéficierait qu'au Hamas.
15:09 Les autorités mexicaines appellent à la population d'Acapulco à rester à l'abri.
15:14 La ville de la côte pacifique touchée par un puissant ouragan de catégorie 5 depuis
15:18 ce matin la plus élevée.
15:20 Les dégâts pourraient être catastrophiques sur place.
15:23 C'est un attentat oublié selon les familles des victimes.
15:26 Le procès de l'attaque au couteau du quartier de l'Opéra à Paris en mai 2018 s'ouvre
15:31 ce matin.
15:32 L'assaillant Franco Tchetchan avait tué une personne et blessé plusieurs autres avant
15:35 d'être abattu.
15:36 C'est son meilleur ami qui comparaît pour association de malfaiteurs terroristes.
15:40 Et puis 7 Français sur 10 font le ménage ou la cuisine tous les jours.
15:44 C'était 8 sur 10 il y a 7 ans.
15:46 L'écart entre les hommes et les femmes sur les tâches ménagères se réduit peu à
15:49 peu selon une étude européenne.
15:51 Les hommes en font un peu plus mais surtout les femmes délèguent plus de tâches.
15:55 Toujours avec nous informer, Adrien Bec, chef adjoint du service politique à France
16:10 Info, Claude Guibbal, journaliste à la rédaction internationale de Radio France, Alix Bouyagué,
16:15 éditorialiste politique à France Info Télé et toujours Renaud Delis qui a suscité votre
16:20 interrogation juste avant le Fil Info parce que vous vouliez rebondir sur la coalition
16:24 internationale proposée par Emmanuel Macron.
16:27 C'est ça, juste un petit complément.
16:28 Vous parlez de la nature, des natures peut-être un peu différentes entre Daesh et le Hamas.
16:34 C'est vrai que Daesh c'est une puissance djihadiste qui est globale et qui vise à
16:39 déborder les frontières du califat, qui vise à s'étendre le plus possible et donc
16:44 qui pouvait effectivement avoir face à elle l'intérêt d'une coalition internationale.
16:48 Le Hamas, c'est vrai que c'est une organisation qui s'attaque exclusivement à Israël.
16:54 D'où la grosse difficulté pour cette proposition d'Emmanuel Macron, c'est quel dirigeant
17:00 arabe pourrait soutenir cette éventuelle armée ? On sait très bien que la rue Arabe
17:06 est totalement proche de la cause palestinienne.
17:10 On sait qu'il y a eu des manifestations même dans certaines rues.
17:14 On sait que la Tunisie, l'Algérie, le Maroc, l'Arabie Saoudite, cette rue soutient la cause
17:20 palestinienne.
17:21 On ne voit pas trop comment concrètement, sur quoi ça peut déboucher.
17:25 Quant aux incidences en France, on sait qu'Emmanuel Macron avait une volonté d'équilibrer
17:33 ce voyage parce qu'il sait aussi qu'en France il y a la plus grosse population de
17:38 confessions juives d'Europe, 500 000.
17:42 Il y a aussi la plus grosse communauté musulmane, 6 millions.
17:46 On sait que le conflit israélo-palestinien ravive en permanence les polémiques.
17:52 On a vu la gauche qui se déchire sur cette question-là.
17:55 D'où l'intérêt pour lui de balancer à peu près ce voyage et d'arriver à parler
18:00 à tout le monde.
18:01 Il a fait de la politique intérieure, Adrien Beck ?
18:02 Il y avait un besoin de faire de la politique intérieure.
18:04 C'est là aussi où je pense que cette visite est beaucoup trop tardive parce que la position
18:10 qui a pu être celle de certains élus de la majorité ces dernières semaines n'a
18:14 pas été pas du tout équilibrée.
18:16 Il faut dire les choses.
18:18 Vous faites référence à qui ?
18:19 À Yael Brown-Pivet par exemple ?
18:20 Peut-être à Yael Brown-Pivet mais aussi à beaucoup de porte-parole de la majorité,
18:23 à des gens qui d'aucuns pourraient les décrire un petit peu comme faucons.
18:27 Mais la partie équilibre entre Israël et Palestine, on a l'impression que la jambe
18:31 palestinienne a été assez largement oubliée.
18:34 Il fallait aussi qu'Emmanuel Macron, d'une certaine façon, vienne un petit peu corriger
18:38 cela.
18:39 Avec toutes les réserves qu'on a pu avoir sur la portée de ce déplacement, malgré
18:43 tout, c'était nécessaire de remettre un peu l'église au milieu du village.
18:46 Mais c'est pour ça que je ne suis pas d'accord sur le caractère tardif.
18:48 C'est justement pour ça qu'elle est tardive cette visite.
18:50 Si elle était survenue dans les premiers jours après les massacres commis par le Hamas,
18:54 Emmanuel Macron n'aurait pas pu tenter d'esquisser cette position d'équilibre qu'il a recherchée
18:58 hier.
18:59 C'est précisément pour ça qu'il a attendu.
19:00 C'est précisément pour ça qu'il a attendu.
19:01 Et Joe Biden, Olaf Scholz, tous les dirigeants, et a fortiori Ursula von der Leyen avec parfois
19:06 les maladresses qu'elle a commises, ne pouvaient, en se rendant juste après les
19:10 massacres du 7 octobre, que manifester la pleine et entière solidarité avec Israël,
19:13 mais ne pouvaient pas esquisser un pas vers les victimes civiles palestiniennes à Gaza.
19:17 Alors qu'Emmanuel Macron a été contraint d'attendre 15 jours justement, parce que
19:21 ça lui a permis d'afficher cette solidarité pleine et entière avec Israël, ce qu'il
19:25 a fait hier, mais aussi d'évoquer la relance d'un processus politique et la nécessité
19:30 de défendre aussi la légitime cause palestinienne du droit à l'État.
19:34 C'est-à-dire que ça, me semble-t-il, c'était encore moins audible et c'était même impossible.
19:38 Je pense qu'il n'aurait pas pu aller quelques jours après les massacres du 7 octobre, ne
19:41 serait-ce que rencontrer Mahmoud Abbas à Ramallah aussi, délégitimer et affaiblir
19:45 soit le président de l'autorité palestinienne.
19:47 – Au risque malgré tout de laisser, se donner l'impression d'une déformation
19:53 de la position de la France, parce que des gens de la majorité ont pris des positions
19:57 qui n'étaient pas en adéquation avec la position de la France.
19:59 – De 12 octobre, il a fait une intervention télévisée au cours de laquelle il a rappelé
20:02 cette position de la France, c'est la solution politique à deux États, il avait même invité
20:05 Israël dans sa riposte, je le cite de mémoire, à épargner le plus possible les populations
20:09 civiles.
20:10 Donc je pense qu'encore une fois, aller sur place quelques jours après les massacres
20:15 du 7 octobre n'aurait pas offert, ne serait-ce que la possibilité d'aller rencontrer Mahmoud
20:20 Abbas, aussi affaibli et délégitimé soit-il, comme le disait Claude Guibal, c'est vrai,
20:25 mais là on se heurte à un autre problème, c'est-à-dire que pour relancer un processus
20:28 de paix dans la région, cette hypothèse-là, elle se heurte à plusieurs problèmes.
20:33 D'abord au gouvernement israélien qui penche très nettement à l'extrême droite, même
20:37 si c'est un gouvernement sursis, et il est probable que le cabinet de guerre actuel
20:43 n'ait pas une survie politique très longue, en tout cas aux yeux des électeurs israéliens,
20:46 et puis à l'absence d'interlocuteurs palestiniens du fait de l'affaiblissement de Mahmoud Abbas
20:51 et pour l'instant de l'absence d'alternatives, c'est évidemment pas le Hamas qui peut être
20:55 l'interlocuteur.
20:56 Ce discours-là, effectivement, de deux États vivant côte à côte, ce n'est pas audible
20:59 en fait, même s'il l'a dit sur place, Claude Guibal ?
21:01 On ne peut pas faire autrement que de le dire, et c'est déjà un mérite de continuer à
21:06 l'affirmer, en plus au regard du droit international et des résolutions des Nations Unies.
21:11 Mais c'est vrai qu'en termes de perception, ce n'est pas audible, en tout cas si on se
21:17 place au point de vue politique, géopolitique, au niveau des rues arabes qui ne vont pas
21:24 l'entendre.
21:25 Mais il était nécessaire que dans la quête d'une position d'équilibre, il y ait à
21:34 un moment cet affichage-là.
21:36 La question c'était de venir avec quoi ? C'est pour ça que le timing de cette visite
21:39 est compliqué parce qu'elle n'a pas pu se faire tout de suite.
21:42 À la décharge d'Emmanuel Macron, il y a eu l'attentat terrible en France, l'assassinat
21:47 de Dominique Bernard qui a empêché.
21:50 Elisabeth Borne a fait un discours qui a été extrêmement clair, extrêmement mesuré
21:57 pour le coup et équilibré.
21:58 Mais là, en attendant, il fallait peut-être venir avec quelque chose et pas avec cette
22:04 proposition d'une coalition qui semble plutôt dictée par l'émotion.
22:07 Je vais terminer par continuer de dresser des lauriers à Emmanuel Macron en disant
22:12 qu'il a quand même fait quelque chose d'assez fort pendant la conférence de presse avec
22:16 Mahmoud Abbas et qu'il a quand même réussi à dire à Mahmoud Abbas "je vais me permettre
22:21 de dire ce que vous avez dit en privé, vous avez condamné les actes du Hamas".
22:25 Ça aussi, c'était une manière de dire que, quel que soit le camp, on continue de
22:32 jouer en contre.
22:33 Et je trouve que c'était plutôt malin et bien joué de sa part.
22:35 Ça n'a peut-être pas renforcé le poids politique de Mahmoud Abbas dans ce genre d'année.
22:39 Merci beaucoup, merci à tous les quatre.
22:41 Vous n'êtes pas d'accord mais on aura entendu vos arguments.
22:44 Alex Bouillague, éditorialiste politique à France Info TV, on vous retrouve à 7h45
22:48 tous les matins.
22:49 Claude Guibal, journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
22:52 Adrien Beck, chef adjoint du service politique de France Info.
22:55 Merci à tous les trois d'être venus.
22:56 Et nous Renaud, on se retrouve demain.
22:58 Merci beaucoup.
22:59 Les informations de retour ce soir à 20h avec Bérangère Bonte.

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