Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 *Générique*
00:08 Et bienvenue dans les informés jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur le canal 27 de la TNT, France Info Télé avec Renaud Delis.
00:15 Bonjour Renaud.
00:16 Bonjour Salia.
00:16 Et autour de la table ce matin nos informés, Alex Bouyagué, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:22 Vous présentez tous les matins l'interview politique à 7h45. Bonjour Alex.
00:26 Bonjour Salia.
00:27 Et à vos côtés Emmanuel Kessler, éditorialiste politique. Bonjour à vous.
00:31 Bonjour à vous.
00:31 Renaud, au déficit public important, certains dans la majorité évoquent l'idée d'augmenter les impôts.
00:37 Et oui, donc la dégradation des comptes publics, on le sait, 5,5% de déficit en 2023, largement dû à sa dégradation et à une chute des ressources fiscales.
00:45 Pour l'instant le gouvernement met l'accent pour essayer de résorber ses déficits sur l'activité, notamment sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage.
00:54 Il exclut le gouvernement toutes hausses d'impôts pesant sur les classes moyennes et les entreprises.
00:58 Mais la semaine dernière sur TF1, Grébert Natal a dit qu'il n'y avait pas de dogme, en tout cas pour ce qui est de taxer éventuellement les plus fortunés ou des taxations exceptionnelles, par exemple sur des dividendes.
01:10 "Qu'on me fasse des propositions", disait le Premier ministre.
01:13 Et bien précisément il y a quelques minutes, sur ce plateau, la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Brounpivet, a fait des propositions en matière de hausses d'impôts.
01:21 "Moi je ne souhaite pas qu'on élimine la piste de l'augmentation des recettes. A mon sens il faut faire quelque chose d'exceptionnel, pas quelque chose de durable, et puis une taxe exceptionnelle.
01:32 Et regarder si c'est la flat tax qu'on augmente provisoirement, est-ce que c'est la taxation des super profits, est-ce que c'est la taxation des super dividendes, est-ce qu'on regarde ce que l'on peut faire sur les fameux rachats d'actions.
01:46 Mais en tout cas, moi je pense que ça se regarde."
01:49 Voilà, une taxation exceptionnelle sur les super profits, sur les dividendes, etc. Pas donc touche à l'impôt sur le revenu.
01:57 Mais pour le reste, Yael Brounpivet, et beaucoup d'autres voix d'ailleurs dans la majorité, commencent à prôner un certain nombre de hausses de taxes et de hausses d'impôts.
02:04 Et d'ailleurs dans le même mouvement, Yael Brounpivet a tout à l'heure critiqué assévertement la nouvelle réforme de l'assurance chômage annoncée par Gabriel Attal,
02:13 expliquant que le gouvernement l'avait déjà réformée à trois reprises ces dernières années, l'assurance chômage, et qu'il convenait peut-être d'abord d'évaluer les résultats des précédentes réformes,
02:21 avant de diminuer de nouveau la durée d'indemnisation. Est-ce que la majorité, peu à peu, est en train de contester le cap de la politique mise en oeuvre par Gabriel Attal ?
02:32 Et là il s'agit de la présidente de l'Assemblée Nationale en plus, Alex Bouillabé.
02:35 Ce qui est très intéressant et ce qui était vraiment remarquable au sens premier du terme dans l'interview d'Yael Brounpivet, c'est qu'on sent vraiment une ligne de partage sur l'approche même de la manière de faire des économies.
02:46 Quand on entend Yael Brounpivet parler effectivement de la taxation des super profits, de dire finalement "allez taper au portefeuille des grandes entreprises qui ont profité,
02:54 qui ont eu des petites rentes avec le Covid, avec la guerre", et bien c'est légitime, prêté pour un rendu quelque part, avec cet prélèvement exceptionnel.
03:03 Quand on l'entend donc vanter ces pistes-là et en revanche dire "mettre le haut là et plus que le haut là sur le range chômage" en expliquant qu'effectivement elle a déjà été réformée plusieurs fois,
03:14 que la durée ça a déjà été fait, que l'histoire de... pour être accessible les conditions d'éligibilité, les montants, que tout ça il ne faut pas y toucher parce qu'on ne touche pas aux plus précaires,
03:25 parce qu'on estime qu'en France finalement, et ça certains économistes le disent, qu'en proposant de leur revenu les milliardaires ils touchent, ils paient moins d'impôts que les classes moyennes.
03:36 Et que Emmanuel Macron lui-même en début de premier mandat avait lancé un signal en transformant l'ISF en ISF immobilier et en perdant au passage 5 milliards d'euros.
03:49 Donc oui il y a un schisme, je ne sais pas si on peut parler comme ça, entre ceux qui disent "il faut taper aux plus riches" et ceux qui disent "en tout cas on va taper les plus pauvres"
04:00 mais enfin pour qui ça ne pose pas de problème, y compris dans le sein du gouvernement, y compris le premier d'entre eux, Gabriel Attal.
04:06 Et comment jouer les équilibrisse entre les recettes et les économies à faire ? On continue d'en parler juste après le Fil info à 9h10. Mathilde Roumanien.
04:15 "Il faut que la résolution de l'ONU sur un cessez-le-feu à Gaza s'applique au plus vite", déclare Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale invitée du 8/30 France Info.
04:25 Hier, 7 employés de l'ONG World Central Kitchen ont été tués dans une frappe israélienne. L'association américaine d'aide alimentaire annonce suspendre ses activités.
04:35 Trois opérations antidrogues sont en cours à Toulouse, Strasbourg et Nantes, selon le ministre de l'Intérieur. Des dizaines d'interpellations seront effectuées, assure Gérald Darmanin,
04:45 dans le cadre de ces opérations baptisées "Place Net XXL" par le gouvernement et qui se déroulent partout en France depuis plusieurs jours.
04:53 Journée de grève et de manifestation des enseignants dans plusieurs villes de France, toujours opposées au groupe de Niveau.
05:01 Une mesure prévue à la rentrée de septembre pour les 6e et 5e en maths et en français.
05:06 Et puis en Thaïlande, les sénateurs ont adopté aujourd'hui un texte légalisant le mariage homosexuel. Une première pour un pays d'Asie du Sud-Est.
05:21 Les informés, Renaud Delis, Salia Brakia.
05:24 Les informés de retour avec Alix Bouyagué, éditorialiste politique à France Info TV, avec Renaud Delis et aussi Emmanuel Kessler, éditorialiste politique.
05:35 Cette prise de parole, Emmanuel, de Yael Braun-Pivet ce matin sur France Info qui dit "il faut augmenter les impôts pour une certaine catégorie de français,
05:43 il faut aussi éviter de retoucher à l'assurance chômage comme le gouvernement, comme Gabriel Attal l'a prévu à l'automne prochain.
05:52 Elle risque de faire bouger davantage la majorité, il va y avoir de plus en plus de voix qui vont aller dans son sens ?
05:58 C'est vrai que cette réforme de l'assurance chômage, elle va poser quelques difficultés.
06:04 On voit bien que le débat est en train de s'engager et qu'il n'y a pas d'unanimité dans le coin macroniste.
06:09 Ce qui me frappe quand même, et la façon dont les choses sont posées, comme vous venez de le faire et par Yael Braun-Pivet ce matin sur France Info dans des termes nouveaux,
06:17 c'est qu'on est vraiment dans un débat politique et qu'on a quasiment oublié l'équation économique face à laquelle on est
06:26 et qui avait été posée lors de la publication du chiffre de l'INSEE, c'est-à-dire un déficit public tel qu'il faut faire des économies.
06:34 On parle maintenant très peu d'économies, on parle davantage de politique, de justice sociale, d'augmentation d'impôts,
06:40 mais on a le sentiment que ce débat politique évite de poser la vraie question qui est comment, dans la sphère publique, de façon raisonnable,
06:47 sans faire peser l'effort forcément sur ceux qui sont le plus en difficulté, on peut à tous les étages faire des économies.
06:55 Je rappelle quand même qu'il y a au moins 20 milliards à faire d'économies pour cette année, puis l'année prochaine,
07:02 50 milliards on nous dit d'ici 2027, donc ce sur quoi on est en train de débattre n'est pas à la hauteur du défi que l'on a,
07:11 parce que la taxation des plus riches, on comprend que c'est un geste symbolique et politique fort, mais ça ne rapporte pas à la hauteur de ses besoins,
07:19 donc de toute façon ça ne suffira pas, même le retour de l'ISF ce serait peut-être 4 milliards, moi j'ai un chiffre de 3-4 milliards,
07:27 vous avez dit 5, vous vous êtes un peu plus haut. En revanche c'est vrai que symboliquement, il y a quand même un problème en France,
07:33 et vous l'avez dit, c'est que non pas les 1%, mais peut-être les 0,1% des plus fortunés, évitent les ponctions fiscales,
07:41 et peut-être qu'il faudrait faire c'est moins aller créer un impôt spécifique que de regarder toutes ces techniques d'optimisation et de niche fiscale
07:50 qu'il faut qu'à très très haut revenu, finalement on ne peut plus payer d'impôt sur le revenu, ce qui est quand même incroyable,
07:58 il suffit d'avoir un bon avocat fiscaliste, et là il y a un véritable problème.
08:02 Vous dites c'est de la politique, mais est-ce qu'il ne faut pas justement faire un peu de politique pour faire passer la pilule des économies au plus grand nombre ?
08:08 Bien sûr, je pense qu'il y a effectivement plusieurs débats qui s'emboîtent. La question de la réforme de l'assurance chômage, très clairement la majorité n'est pas unie,
08:15 elle est en train de se diviser sur cette réforme. Yael Brown-Pivet avance un argument de bon sens quand elle dit qu'il faudrait peut-être déjà avoir un vrai bilan des réformes précédentes
08:22 avant d'envisager de réformer de nouveau l'assurance chômage et donc de diminuer la durée d'indemnisation.
08:27 Sauf que ce n'est pas forcément là-dessus que le gouvernement pourrait bouger, me semble-t-il, d'abord parce qu'il ne faut pas se leurrer, c'est populaire dans l'opinion,
08:35 globalement, de diminuer la durée d'indemnisation, de pointer ce que certains appellent les prétendus assistés, que ce sont certains chômeurs.
08:42 Je pense que d'un point de vue politique, le gouvernement peut tenir à cette réforme. D'autre part, c'est une réforme qui a aussi un autre public,
08:51 pas forcément seulement l'opinion des électeurs, mais les agences de notation, les agences de notation financières. On sait que la France est menacée de dégradation de sa note financière
08:59 et que de limiter le coût des prestations sociales, pour résumer, c'est quelque chose qui peut contribuer à préserver justement la notation de la France.
09:07 En revanche, je pense que le débat sur les hausses d'impôts, et plus spécifiquement d'ailleurs, et il y a Elbron Pivet qui a pointé, me semble-t-il, très subtilement,
09:14 exactement ce qui peut faire débat au sein de la majorité, ce n'est pas l'impôt sur l'avenu, les classes moyennes, voire même les entreprises,
09:21 d'ailleurs, dès lors qu'il y a des allègements de charges qui bénéficient à l'activité, c'est effectivement des taxation exceptionnelles sur les super-profits,
09:27 sur les super-dividendes, c'est la question de la flat tax et elle a très clairement pointé ça. Et ça, ça peut effectivement, pour des raisons politiques,
09:34 en termes d'équité, d'égalité, de partage des efforts, me semble-t-il que cette thématique-là peut prospérer au sein de la majorité.
09:43 Et juste, j'en finis, notamment pour une deuxième raison, c'est que derrière Gabriel Attal, qui lui-même a laissé cette porte entre-ouvertes la semaine dernière
09:50 sur TF1 en disant "j'attends qu'on me fasse des propositions sur ces taxation exceptionnelles éventuelles", derrière Gabriel Attal, il y a Bruno Le Maire.
09:57 Et je pense que la vraie cible au sein de la majorité commence à être Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances depuis 7 ans,
10:02 on voit la situation des finances publiques aujourd'hui, Bruno Le Maire qui a fait du refus de toute forme de hausse d'impôt son mantra.
10:11 La façon dont Gabriel Attal, la semaine dernière, expliquait qu'on me fasse des propositions sur ces taxation exceptionnelles éventuelles,
10:19 on avait le sentiment que c'était un message à Bruno Le Maire pour mettre un petit peu, enfoncer dans un coin, en quelque sorte, le ministre des Finances,
10:26 qui se retrouve dans une situation très compliquée, avec une situation des finances publiques très dégrindée, et toujours cette ligne rouge de refus de toute hausse d'impôt qu'il répète.
10:34 Mais ça commence à craquer.
10:35 Oui, parce que c'est effectivement, on sent que, enfin on sait que Bruno Le Maire est totalement défavorable à ces taxes exceptionnelles,
10:41 et on voit très clairement la ligne de démarcation, on voit d'un côté, on l'a entendu, il y a Elbrun-Pivet, il y a François Bayrou,
10:47 et il y a toute la gauche aussi qui réclame cette taxation exceptionnelle depuis longtemps, et puis il y a les Français, 65% des Français,
10:55 sont aussi pour cette taxe.
10:59 Le deuxième point, pour poursuivre ce que vous disiez sur les niches fiscales, Emmanuel, c'est qu'aujourd'hui, là aussi, il y a 460 niches fiscales qui existent en France,
11:09 c'est beaucoup, et il y a une possibilité, encore une fois, d'après certains économistes, de dégager 30 milliards.
11:16 Pas mal.
11:18 Voilà, les bannes, il y en a quand même encore, et il y en a effectivement pour, sans doute, les plus riches, et il y a aussi pour ceux qui savent se débrouiller,
11:28 et qui savent contourner, et contourner effectivement les lois éventuellement.
11:34 Parce que si on se rappelle de la prise de parole de Gabriel Attal, et puis même des différentes prises de parole de Bruno Le Maire,
11:40 les économies, elles vont être cherchées, trouvées où ? Au niveau aussi des collectivités territoriales,
11:46 les questions d'aller les chercher de ce côté-là aussi, et là, pareil, ça risque de râler, Emmanuel.
11:52 Oui, parce que le lobby des maires est un lobby très puissant.
11:55 Il y a un vrai sujet qui est celui de l'investissement local, qui tire la croissance, donc on ne peut pas non plus, c'est vrai que quand on réduit les aides aux collectivités locales,
12:06 il y a un risque sur toute la partie subvention à investissement, mais en même temps, on voit que tendanciellement, par exemple en termes d'embauche,
12:13 les effectifs de la fonction publique locale se sont accrus plus vite que ceux de la fonction publique de l'État,
12:20 et que donc l'effort, effectivement, peut être aussi fait du côté des collectivités locales, avec un risque, on l'a vu avec la suppression de la taxe d'habitation,
12:28 c'est que les Français, ce qu'ils avaient gagné par la suppression de la taxe d'habitation, pour ceux qui sont propriétaires,
12:34 ils l'ont en partie reperdue par les hausses de taxes foncières que les élus ont votées pour compenser cette triste tourne fiscale qui avait été accordée par Emmanuel Macron.
12:43 L'équation d'autant plus difficile, qui est un engagement du gouvernement, de l'exécutif, du chef de l'État aussi, dont on n'entend plus parler ces derniers jours,
12:52 en tout cas depuis qu'on a pris connaissance de la situation calamiteuse des finances publiques à la fin de l'année 2023,
12:58 d'ailleurs, sauf erreur de ma part, Gabriel Attal ne l'a pas évoqué la semaine dernière lors de son interview télévisé, je crois d'ailleurs que la question ne lui a pas été posée,
13:04 c'est l'engagement du gouvernement d'une nouvelle baisse d'impôt de 2 milliards d'euros supplémentaires à l'adresse des classes moyennes, ça c'est l'objectif affiché,
13:12 dans le budget 2025. Est-ce que dans les circonstances actuelles, entre d'un côté la recherche d'économie comme l'évoquait Emmanuel Kessler à l'instant,
13:20 le débat qui peut naître sur d'éventuelles taxations exceptionnelles, la question de la réforme de l'assurance chômage, est-ce que le gouvernement peut encore,
13:30 au vu de la situation des finances publiques, mettre en œuvre cette baisse d'impôt de 2 milliards supplémentaires, donc d'impôt sur le revenu ?
13:39 Là aussi, le tête à queue serait politiquement, évidemment, délicat, dès lors que...
13:46 Mais aujourd'hui elle n'est pas financée, on est bien d'accord, on ne sait pas comment on finance...
13:50 Alors il y a une volonté, il y a un chemin, dit François Mitterrand jeudi, mais là le chemin est escarpé.
13:56 Voilà, le chemin est un peu compliqué, mais Thomas Cazeneuve, au budget, au compte public, nous a dit sur France Info la semaine dernière que cette volonté était maintenue pour le moment.
14:06 Jusqu'à quand, on ne sait pas. Bon, en attendant, c'est le Fil Info à 9h20, Mathilde Romagnon.
14:11 Les enseignants en grève aujourd'hui pour la troisième fois cette année contre les groupes de niveau.
14:18 Une mesure prévue à la rentrée de septembre pour les 6e et 5e en maths et en français.
14:23 Les syndicats demandent aussi des hausses de salaires et plus de moyens pour l'école publique.
14:28 World Central Kitchen suspend ses activités dans la bande de Gaza.
14:32 Décision prise ce matin après la mort hier d'au moins 7 employés de l'ONG américaine d'aide alimentaire dans une frappe israélienne.
14:40 Prudence face aux inondations en Bourgogne. Lyon et la Saône-et-Loire restent en vigilance rouge.
14:46 Aujourd'hui, face aux risques de crues, la Côte d'Or repasse en orange.
14:50 Sept autres départements sont concernés par cette vigilance en Bourgogne et en Nouvelle-Aquitaine.
14:55 L'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est morte la nuit dernière. Elle avait 90 ans.
15:01 Elle est l'autrice de 70 livres et parmi les plus connus, les romans "Moi, Tituba, Sorcière et Ségou".
15:09 France Info
15:12 Les informés. Renaud Dely, Saliha Drakia
15:18 Et nous sommes toujours avec Emmanuel Kessler, éditorialiste politique, avec Alix Bouyagué aussi éditorialiste politique à France Info TV.
15:27 Renaud, un rapport parlementaire pointe l'opacité et le manque de contrôle du financement public de l'école privée.
15:32 Il faut-il encadrer plus strictement les établissements scolaires privés sous contrat ?
15:38 C'est donc l'objet de ce rapport, une mission parlementaire sur le financement de ces établissements qui a été remis aujourd'hui.
15:42 Il a été co-rédigé par deux députés, deux députés rapporteurs, Christophe Weisberg pour le Parti Renaissance et Paul Vannier pour la France Insoumise,
15:49 qui ne se sont pas accordés sur la plupart des recommandations de ce rapport.
15:54 L'insoumis Paul Vannier était l'invité de France Info ce matin.
15:57 Il accuse l'enseignement privé d'aggraver la ségrégation sociale et d'ailleurs il formule diverses propositions pour essayer d'y remédier et de favoriser la mixité au sein de ces établissements.
16:08 Je propose par exemple d'introduire un système de malus pour pénaliser les établissements privés qui contribuent à la ségrégation en leur retirant certains moyens.
16:17 Certains de ces établissements, pas tous, mais certains, pratiquent l'éviction, l'élimination des élèves les plus en difficulté pour afficher notamment des taux de réussite au diplôme, au baccalauréat et au brevet.
16:25 Et je propose en effet ce montant forfaitaire de 10 000 euros qui devrait être remboursé à l'Etat pour chaque élève évincé pour difficulté scolaire.
16:33 Alors faut-il effectivement davantage de transparence dans la gestion de ces établissements privés sous contrat ?
16:38 Faut-il les contrôler davantage ? Éventuellement les pénaliser lorsqu'ils ne remplacent pas leurs objectifs ?
16:44 Et puis y a-t-il un risque de rallumer la fameuse guerre scolaire ? Rappelons que 2 millions d'élèves, soit 1 sur 6, sont aujourd'hui répartis dans les 7500 établissements privés sous contrat.
16:55 Emmanuel Kessler ?
16:56 Moi je trouve que ce rapport est vraiment bien venu.
16:58 Parce que même si le député le disait sur notre antenne, on n'est pas exactement certains du montant des crédits d'Etat qui sont alloués à l'école privée.
17:07 Mais il y a quand même des estimations. La plus sérieuse qui a été donnée récemment par la Cour des comptes tourne autour de 8 milliards et c'est sans doute la fourchette basse.
17:14 Ça pourrait monter jusqu'à 12 milliards.
17:16 Voilà, on vient de parler d'économie. Donc oui, l'Etat doit être en capacité d'évaluer l'argent qu'il met dans le système.
17:23 Et on a un problème, me semble-t-il, en France. Et ce rapport, encore une fois, est bien venu à cause de ça.
17:28 C'est que depuis la fameuse guerre scolaire de 1984, c'est-à-dire ça fait 40 ans, bravo Renaud, on est tétanisé par cette affaire de l'école privée et on n'ose plus rien faire.
17:42 Donc si ce rapport fait bouger les choses, je dis tant mieux. Il faut le faire avec, j'allais dire, tact et mesure.
17:48 Mais c'est vrai qu'on a un problème d'inégalité scolaire. La Cour des comptes, là encore, c'est un organisme qui n'est pas soupçonnable de parti prépolitique, le disait.
17:56 12% de boursiers dans le privé, 29% dans le public. Donc il y a un phénomène d'éviction des populations en difficulté dans le public.
18:03 Un dernier mot pour faire plaisir à Renaud, qui a une tendresse particulière pour le président Pompidou, qui est décédé il y a 50 ans, jour pour jour.
18:12 C'est le seul président de la 5ème République qui n'a pas fait un passage par l'école privée, parleuse privée.
18:19 Je pense que c'est une allusion au fait que j'ai consacré mon éditorial ce matin au 50e anniversaire des élections.
18:24 Mais c'est vrai aussi, ça illustre quelque chose. C'est qu'en France, c'est difficile de regarder ces sujets parce que tous les présidents, sauf Georges Pompidou,
18:31 à un moment donné, et c'est significatif, sont passés par le privé. Pas forcément religieux, mais voilà.
18:36 Alex, il faut plus de contrôle.
18:38 Je pense que la réponse est oui et je pense qu'on peut, il y a ce rapport bien évidemment qui est bienvenu, mais vous citiez le rapport de la Cour des comptes,
18:47 qui est déjà extrêmement accablant sur la manière dont ça fonctionne. Effectivement, c'est 10 milliards donnés par l'État sans aucun contrôle.
18:55 Donc j'ai vu pas de contrôle financier qui n'est pas mis en œuvre, un contrôle pédagogique minimaliste, un contrôle administratif ponctuel,
19:03 un suivi des contrats peu rigoureux. Pour clore le tout, parce que c'est pas tout, un dialogue quasi inexistant sur la mixité sociale, l'équité territoriale,
19:12 les performances scolaires et les politiques éducatives. Donc oui, ça veut clairement dire qu'il y a un sujet, un gros sujet, et que ce problème
19:21 est mis en lumière par ce rapport parlementaire. Il y a quand même eu une soixantaine d'auditions et je trouve que c'est bienvenu d'ailleurs
19:29 qu'il n'arrive pas exactement aux mêmes conclusions, qu'il y ait eu deux sensibilités différentes parce qu'ils font quand même le même constat.
19:36 Et d'ailleurs, la direction de l'enseignement catholique, puisque le privé grosso modo c'est 97% d'établissements catholiques, alors ils dénoncent ce rapport,
19:47 ils disent que c'est à charge, qu'il y a du fantasme, qu'il y a des contre-vérités, mais ils concèdent un manque de contrôle. Donc ça veut dire que oui,
19:55 il faut davantage contrôler.
19:57 Ce qui est intéressant c'est que ce rapport d'ailleurs n'est pas aussi caricatural que ses contempteurs veulent le prétendre, parce que par exemple,
20:02 il ne remet pas en cause le cadre de la loi de Bray qui, rappelons-le, est celle, c'est le texte selon lequel l'État finance justement cet enseignement privé sous contrat,
20:10 mais en échange du respect d'un certain nombre d'obligations et notamment d'ailleurs des programmes scolaires, mais pas seulement.
20:16 Ça, y compris Paul Vannier, le député insoumis, qui est d'ailleurs à l'origine du programme du candidat Jean-Luc Mélenchon en 2022 sur l'éducation,
20:24 ce rapport ne remet pas en cause la loi de Bray. En revanche, effectivement, il exige, et c'est légitime, davantage de contrôle, davantage de transparence,
20:31 c'est légitime déjà au regard des sommes évoquées notamment par Emmanuel Kessler à l'instant, et puis de toute façon, au regard de la mission en l'occurrence,
20:38 et l'enseignement, qu'il soit public ou privé sous contrat, ça relève d'une mission de service public.
20:43 Effectivement, vu les sommes publiques engagées, il y a un besoin, une exigence de transparence qui n'est pas satisfaite aujourd'hui, très clairement.
20:51 Il y a même un certain nombre d'établissements qui, de fait, ont perdu même le contrat lui-même, c'est-à-dire le contrat qui les lie à l'État.
21:00 L'exigence que j'apporte.
21:02 Ces contrats sont renouvelés de façon quasi automatique. Donc, il est sain aujourd'hui de poser la question, et en termes de mixité sociale, évidemment, au premier chef.
21:09 On se souvient que Papendia, il est ancien ministre de l'Éducation, avait signé un protocole avec l'enseignement privé, avec des objectifs de mixité sociale.
21:17 Mais aujourd'hui, l'enseignement privé, globalement, il s'agit évidemment qu'il y a des établissements privés sous contrat qui respectent ces objectifs.
21:24 Mais malheureusement, le résultat global est assez désastreux.
21:29 Et ça tient, comme le disait Emmanuel Kessler, au traumatisme de la querelle de l'école privée, de la guerre scolaire de 1984, renouvelée dix ans plus tard, il y a trente ans d'ailleurs,
21:39 lorsque François Bayrou avait voulu réformer la loi Fallou sur le financement des qualités locales, où à nouveau, il y avait eu comme une guerre scolaire, de gigantesques manifestations, et un gouvernement qui avait reculé.
21:50 Il faut contrôler la mixité sociale, bien sûr, mais aussi le respect des principes républicains dans l'école, notamment dans l'école confessionnelle.
21:58 Et ce qui est bien avec ce rapport, c'est qu'on vise à le faire pour toutes les religions. Personne ne doit être accepté de ce contrôle.
22:05 On a eu l'affaire du collège lycée Stanislas, mais oui bien sûr...
22:09 - Et du lycée Averoès, dans l'autre sens, dans l'extrême-zuisse, c'est musulman.
22:12 - Exactement, mais ça vaut pour tous, ça vaut pour l'enseignement catholique, pour l'enseignement musulman, pour l'enseignement juif, pour toutes les confessions.
22:17 Ces principes républicains doivent être respectés à partir du moment où l'Etat investit dans ces établissements.
22:24 - Bon, on va voir ce que le gouvernement va faire de ce rapport. Alors, on va suivre.
22:26 Merci beaucoup à tous les trois.
22:28 Alex Bouillague, éditorialiste politique à France Info Télé. Je rappelle qu'on vous retrouve tous les matins pour l'interview politique à 7h45 sur le Canal 27.
22:36 Merci beaucoup.
22:37 Emmanuel Kessler, éditorialiste politique. Merci d'être passé ce matin sur France Info.
22:41 Merci à vous, Renan.
22:42 - C'est moi qui vous remercie.
22:43 - Et on se retrouve, nous, demain. Mais les informés sont de retour ce soir à 20h avec Véranger Vont.
22:48 je remonte.