Il y a 30 ans, après deux échecs consécutifs, Jacques Chirac était élu pour la première fois Président de la République. Une victoire d'abord remportée au sein de son propre camp, la droite parlementaire, face à celui qui fut longtemps un compagnon de route, Édouard Balladur. Un duel fratricide qui marqua profondément cette campagne présidentielle.
Pour ce débat, Jean-Pierre Gratien reçoit : François Baroin, maire de Troyes, et les journalistes politiques Béatrice Houchard et Nicolas Domenach.
LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
Pour ce débat, Jean-Pierre Gratien reçoit : François Baroin, maire de Troyes, et les journalistes politiques Béatrice Houchard et Nicolas Domenach.
LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
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00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:16Bienvenue à tous dans Débat Doc.
00:00:17Après deux échecs consécutifs, voilà 30 ans,
00:00:20Jacques Chirac était élu pour la première fois président de la République.
00:00:24Une victoire d'abord remportée au sein de son propre camp,
00:00:27la droite parlementaire face à celui qui fut longtemps un compagnon de route,
00:00:32Édouard Balladur.
00:00:34C'est ce fameux duel fratricide qui marqua profondément
00:00:38la campagne présidentielle de 1995
00:00:40que va maintenant vous remémorer le documentaire qui suit,
00:00:44Balladur-Chirac, mensonge et trahison, réalisé par Jean-Charles Degnaud.
00:00:49Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai juste après
00:00:52en compagnie de l'ancien ministre et proche de Jacques Chirac,
00:00:55François Barouin ainsi que les journalistes Nicolas Domenac et Béatrice Souchard.
00:01:01Avec eux, nous nous interrogerons sur l'éclatante victoire,
00:01:05la remontada de Jacques Chirac
00:01:07durant l'élection présidentielle de 1995.
00:01:11Bon Doc.
00:01:117 mai 1995, Jacques Chirac, patron du RPR et candidat de la droite,
00:01:27est élu président de la République.
00:01:31Dans les rues de Paris, il s'abandonne à l'ivresse de la victoire.
00:01:34Et quelle victoire !
00:01:37Quelles épreuves en durer !
00:01:39Il vient de battre Lionel Jospin, le candidat de la gauche,
00:01:47mais surtout au premier tour,
00:01:49il a triomphé dans le pire des combats politiques.
00:01:52Celui qui l'a mené contre son fidèle conseiller et ami de 30 ans,
00:01:56Édouard Balladur.
00:01:58Monsieur Chirac, monsieur Chirac, monsieur Chirac !
00:02:01En politique, chacun sait que les amitiés les plus solides
00:02:04ne résistent ni aux circonstances, ni aux ambitions.
00:02:07Vous êtes heureux ce soir ?
00:02:09Pas de commentaire dans le bon instant, monsieur Chirac.
00:02:11En se portant candidat,
00:02:13Édouard Balladur a brisé un tabou chez les gaullistes.
00:02:17Il a remis en cause la légitimité du chef.
00:02:19On peut donc s'interroger sur les raisons
00:02:24qui l'ont poussé, au prix de la trahison,
00:02:27à affronter celui dont il avait servi la cause
00:02:29pendant tant d'années.
00:02:31Tout commence sept ans plus tôt.
00:02:53Le 8 mai 1988, un soir d'élections présidentielles aussi.
00:02:58François Mitterrand vient d'être reconduit
00:02:59pour la seconde fois à la magistrature suprême.
00:03:03Et pour la seconde fois, Jacques Chirac est battu,
00:03:07cette fois lourdement.
00:03:09Derrière le sourire de façade, la potion est amère.
00:03:12Voilà le lion blessé, réfugié dans sa tanière
00:03:15à l'hôtel de ville de Paris, dont il est maire depuis dix ans.
00:03:19Nous étions sous le choc après la défaite de Jacques Chirac
00:03:22et le doute était dans tous les esprits.
00:03:25C'était un Chirac qu'on ne connaissait pas.
00:03:31Il semblait agar, lointain.
00:03:37On lui parlait, on avait l'impression qu'il n'entendait pas
00:03:41ce qu'on lui disait.
00:03:43C'est plus qu'un échec, c'est un traumatisme.
00:03:46Il se retrouve, Jacques Chirac, par terre,
00:03:49dans la poussière pleine, la bouche, chaos, déprimé.
00:03:51Il va à un moment même songer à abandonner quasiment la vie politique.
00:03:56Dans son propre camp, on dit beaucoup,
00:03:59il va nous emmener dans le mur.
00:04:01Il est trop énergique, trop à droite, trop énervé.
00:04:05Voilà, donc c'est une image assez ambivalente.
00:04:07Cette défaite de Jacques Chirac arrive après deux ans
00:04:12d'une cohabitation difficile avec François Mitterrand,
00:04:15dont il était le premier ministre entre 1986 et 1988.
00:04:21Édouard Balladur était alors son ministre de l'économie.
00:04:26Leur complicité remonte aux années 70.
00:04:29Tous deux jeunes énarques sont alors conseillers
00:04:32de Georges Pompidou, leur père en politique.
00:04:34Cette loyauté partagée est le ferment d'une amitié de 30 ans,
00:04:40une amitié précieuse à Jacques Chirac
00:04:42au lendemain de cette défaite.
00:04:45À cette époque-là, il s'adore.
00:04:48On pourrait même dire qu'il s'aime carrément.
00:04:50C'était vraiment une entente, une entente merveilleuse.
00:04:53Les deux hommes se complétaient.
00:04:55Au fond, Chirac avait une admiration éperdue pour Édouard Balladur.
00:04:58Jacques Chirac a besoin de quelqu'un qui le tire vers le haut
00:05:01et qu'il considère comme intellectuellement supérieur à lui.
00:05:06Balladur avait une idée assez précise des qualités de Jacques Chirac.
00:05:14Il voyait bien le combattant, le militant, le gros travailleur.
00:05:21Mais il avait aussi senti les défauts, il avait senti le côté un peu improvisé,
00:05:25un peu activiste, un peu...
00:05:27Et il a fait partie, je crois, de ces gens
00:05:29qui estiment qu'en fait, ils vont piloter le bel animal.
00:05:36Jacques Chirac ne prenait plus aucune décision
00:05:38sans se tourner vers Édouard.
00:05:40Chaque fois, il disait, on va demander à Édouard,
00:05:43il faudra voir ça avec Édouard.
00:05:44Tiens, allez voir Édouard.
00:05:45Édouard Balladur exigeait toujours de voir Jacques Chirac en tête à tête.
00:05:49Et on disait même à ce moment-là qu'il avait pris son cerveau en otage.
00:05:52Enfin, c'était vraiment une prégnance trop forte.
00:05:56Dans la perspective des élections législatives de 1993,
00:06:00qui s'annoncent compliquées pour les socialistes au pouvoir,
00:06:03le tandem Chirac-Balladur semble parfait
00:06:05pour gérer une probable cohabitation.
00:06:09Seulement voilà, Jacques Chirac, chef incontesté de la droite,
00:06:13n'est pas chaud pour devenir, encore une fois,
00:06:15le premier ministre de François Mitterrand.
00:06:21Jacques Chirac n'a pas voulu retourner en 1993 au charbon
00:06:25pour une raison simple,
00:06:26c'est qu'il avait fait le diagnostic toujours vérifié,
00:06:32que Matignon était finalement la plus mauvaise façon
00:06:37d'être un escalier vers la présidence de la République.
00:06:43On s'y faisait beaucoup d'ennemis,
00:06:45c'était quelque chose qui vous carbonisait.
00:06:47Et ça, je dirais que c'était l'expérience de la première cohabitation.
00:06:53Et cette expérience, ils ne voulaient pas la revivre,
00:06:56c'était une décision arrêtée,
00:06:58et je crois que personne ne pouvait le faire revenir sur cette décision.
00:07:04Cette position irrévocable de Chirac
00:07:07place Édouard Balladur en pôle position pour accéder à Matignon.
00:07:11Il se prépare donc.
00:07:14Je me suis mis au travail pour réfléchir
00:07:18avec un certain nombre de personnes à l'avenir
00:07:22et à ce qu'il conviendrait de faire
00:07:23dans le domaine économique, social,
00:07:27de la sécurité, de la politique étrangère.
00:07:30Je crois que ce travail a été utile
00:07:32parce que j'avais assez clairement dans l'esprit
00:07:35ce que je voulais faire.
00:07:37Édouard Balladur loue des locaux dans Paris.
00:07:40Il constitue une équipe d'experts et de conseillers.
00:07:43Bref, il tisse sa toile.
00:07:45Le jeu d'Édouard Balladur a pu en troubler un certain nombre,
00:07:49d'autant qu'il apparaissait comme, finalement,
00:07:53le premier lieutenant de Jacques Chirac,
00:07:55procédant toujours avec une grande déférence à son égard,
00:08:02même si un certain nombre d'entre nous,
00:08:06plus habitués à la chose politique
00:08:09ou à la chasse politique, s'en méfiaient.
00:08:12Cette méfiance, elle existait depuis longtemps
00:08:14et les contacts que j'avais pu avoir,
00:08:16les contacts personnels avec Édouard Balladur,
00:08:19ne me faisaient que renforcer cette méfiance.
00:08:23J'ai essayé, par tous les moyens,
00:08:26de mettre en garde Jacques Chirac,
00:08:28mais il ne voulait pas l'entendre
00:08:30et il me disait, non, tu te trompes.
00:08:35Jacques Chirac avait toutes les raisons de croire
00:08:37qu'Édouard Balladur resterait le parfait lieutenant
00:08:39jusqu'au bout.
00:08:42Car trois ans plus tôt, en octobre 1990,
00:08:46dans l'émission d'Anne Sinclair,
00:08:47Édouard Balladur avait pris une sorte d'engagement.
00:08:50S'il doit y avoir une prochaine cohabitation,
00:08:52il serait souhaitable, pour que le climat soit plus serein
00:08:57et la vie plus apaisée,
00:08:59que le Premier ministre ne fût pas candidat
00:09:01à l'élection présidentielle
00:09:02et qu'ils le disent dès le départ.
00:09:04Je ne vois pas comment un homme pourrait se présenter
00:09:07devant les Français en 1993,
00:09:10leur dire, je ne serai pas candidat dans deux ans,
00:09:13et l'être.
00:09:15Ce serait manquer à sa parole.
00:09:17Et s'il l'était,
00:09:20on lui en tiendrait rigueur
00:09:21et ce serait normal et justifié.
00:09:24Voilà ma réponse.
00:09:25À propos des candidats,
00:09:27déjà...
00:09:28Pardon, je vous interromps.
00:09:29Il ne faut pas abuser du cynisme en politique.
00:09:31Il faut aussi, de temps à autre,
00:09:33tenir ses engagements
00:09:34et être un homme de vérité.
00:09:36Cette déclaration qui a été faite
00:09:38par Édouard Balladur à Anne Sinclair
00:09:40est une déclaration
00:09:41que nous avons entendue plusieurs fois
00:09:44dans le bureau de l'hôtel de ville de Jacques Chirac.
00:09:47Il était bien entendu
00:09:48qu'Édouard Balladur serait Premier ministre
00:09:51mais qu'il ne serait pas candidat
00:09:52à l'élection présidentielle.
00:09:54Ça, c'était écrit dans le marbre.
00:09:57Et je crois même
00:09:58que c'était ce que pensait aussi Édouard Balladur.
00:10:01que, allant à Matignon,
00:10:03il ne pense pas franchir une première étape
00:10:05pour monter ensuite à l'Élysée.
00:10:08Il est très heureux d'être Premier ministre
00:10:10et il pense tout à fait légitime
00:10:12que ce soit, à ce moment-là,
00:10:14Jacques Chirac
00:10:15qui soit candidat présidentiel.
00:10:17Quand je lui ai posé la question,
00:10:18d'ailleurs à Jacques Chirac,
00:10:19je lui ai demandé
00:10:20mais est-ce que vous avez fait un pacte
00:10:22avec Édouard Balladur ?
00:10:23Il m'a dit
00:10:24ce n'était pas un pacte écrit
00:10:26mais nous avions un engagement.
00:10:28Nous avions un engagement ensemble
00:10:29à lui, Matignon, à moi, à l'Élysée.
00:10:32C'est un bobard.
00:10:34C'est un bobard
00:10:36qui a été complaisamment répandu
00:10:39et je vais vous dire
00:10:40comment les choses se sont passées.
00:10:41Dans la conversation
00:10:42que nous avions eue le samedi
00:10:44qui avait précédé
00:10:46le deuxième tour des élections législatives
00:10:48en 1993,
00:10:50Chirac m'avait dit
00:10:51si vous êtes Premier ministre,
00:10:54est-ce que vous soutiendrez
00:10:55ma candidature à l'élection présidentielle ?
00:10:59Et je lui avais répondu
00:11:00mon soutien
00:11:02dépendra
00:11:04du soutien
00:11:05que vous apporterez vous-même
00:11:06à mon action
00:11:07à la tête du gouvernement.
00:11:10Voilà quel était
00:11:11le, je dirais,
00:11:12le décor.
00:11:13Le rideau s'ouvre enfin.
00:11:15La pièce peut se jouer.
00:11:17Elle commence par une défaite historique
00:11:18de la gauche aux législatives.
00:11:20Elle réalise son plus mauvais score
00:11:22depuis un siècle.
00:11:23avec 247 députés,
00:11:26le RPR devient le premier parti de France.
00:11:30François Mitterrand doit se résoudre
00:11:31pour la seconde fois
00:11:32à une cohabitation.
00:11:35Il lui faut choisir
00:11:36un Premier ministre.
00:11:38Comme Jacques Chirac a fait savoir
00:11:39qu'il n'accepterait pas Matignon,
00:11:41le choix est réduit.
00:11:42Il y avait un enthousiasme dans le pays.
00:11:48On ne parlait que de Balladur.
00:11:50Balladur était
00:11:51le sauveur,
00:11:54l'homme qui montait,
00:11:55etc.
00:11:56Et donc,
00:11:57il y avait,
00:11:58Mitterrand était très à l'écoute
00:12:00de tout ce qui se passait
00:12:00dans le pays.
00:12:02Et il s'est dit,
00:12:02au fond,
00:12:03c'est pas mal,
00:12:04ça fera un anti-Chirac.
00:12:06Mitterrand ne pouvait
00:12:06qu'appeler Balladur.
00:12:08Et dans ces conditions,
00:12:09les différentes familles
00:12:10de la droite
00:12:10le voient évidemment
00:12:12comme légitime.
00:12:13Il y a l'accord formel
00:12:15de Jacques Chirac,
00:12:16il y a la volonté
00:12:17de Balladur d'y aller,
00:12:19et il y a l'acceptation
00:12:20souriante
00:12:21de François Mitterrand.
00:12:22Le dimanche soir,
00:12:24le président de la République
00:12:25me dit,
00:12:26vous allez
00:12:27demander à rencontrer
00:12:30Edouard Balladur,
00:12:31envoyé par moi,
00:12:33et vous me rendrez compte.
00:12:34Edouard Balladur
00:12:35me reçoit
00:12:36le lundi matin
00:12:37au Plaza.
00:12:39Edouard Balladur,
00:12:40lui,
00:12:40a une version
00:12:41un peu différente
00:12:42de cet épisode.
00:12:43Et donc,
00:12:45sans même avoir
00:12:46pris contact
00:12:46avec moi,
00:12:48M. Mitterrand
00:12:49a déclaré le soir
00:12:49à la télévision
00:12:50qu'il me nommait
00:12:51Premier ministre.
00:12:53Ce qui a fait
00:12:54que je suis donc,
00:12:58il m'a invité
00:12:58à aller le voir
00:12:59le soir.
00:13:00M. Mitterrand
00:13:01m'a dit
00:13:01au cours
00:13:01de notre conversation
00:13:02qu'il ne serait
00:13:05guère plus
00:13:05qu'un notaire
00:13:06et que c'est moi
00:13:07qui aurais
00:13:08l'essentiel
00:13:10des décisions.
00:13:11Alors,
00:13:11je lui ai répondu
00:13:12qu'il serait
00:13:12certainement davantage
00:13:14et que mon intention
00:13:15était tout à fait
00:13:16de respecter
00:13:17ses attributions
00:13:18dès lors
00:13:19que lui-même
00:13:20avait déclaré
00:13:22que la gestion
00:13:24de la politique
00:13:24d'étrangère
00:13:25et de défense
00:13:26était un domaine
00:13:27partagé.
00:13:29Je confie
00:13:30dès ce soir
00:13:32la charge
00:13:33de Premier ministre
00:13:34à M. Édouard Balladur.
00:13:37Je souhaite
00:13:38qu'il soit
00:13:39en mesure
00:13:40de former
00:13:40une équipe
00:13:41gouvernementale
00:13:42solide
00:13:43et cohérente
00:13:44dans les plus
00:13:46brefs délais.
00:13:48Édouard Balladur
00:13:50s'attèle aussitôt
00:13:50à cette tâche
00:13:51dans laquelle Jacques Chirac
00:13:52entend prendre sa part
00:13:53et placer ses hommes.
00:13:55« Soyez patient,
00:13:59soyez patient,
00:14:00c'est une verté. »
00:14:02Jacques Chirac
00:14:03pensait
00:14:03qu'Édouard Balladur
00:14:05allait lui demander
00:14:06plus que des conseils.
00:14:11Jacques Chirac
00:14:11était même persuadé
00:14:13que le gouvernement
00:14:14allait se composer
00:14:15à la mairie de Paris.
00:14:16Et d'ailleurs,
00:14:18des listes
00:14:19avaient été faites
00:14:20où Jacques Chirac
00:14:23avait distribué
00:14:24les rôles
00:14:25parmi ses compagnons,
00:14:28ses amis.
00:14:29Évidemment,
00:14:29Édouard Balladur
00:14:30n'a rien demandé
00:14:31à Jacques Chirac.
00:14:32Il a composé
00:14:33son gouvernement
00:14:34qu'il est allé présenter
00:14:36à François Mitterrand.
00:14:37J'ai tenu
00:14:38à ce que les choses
00:14:39fussent parfaitement claires
00:14:40dès le départ
00:14:41puisque M. Mitterrand
00:14:43m'a désigné
00:14:44un lundi soir
00:14:45et le mardi soir,
00:14:46mon gouvernement
00:14:46était fait,
00:14:48constitué.
00:14:48et je l'ai fait
00:14:50et je l'ai constitué
00:14:52sans demander
00:14:53l'avis de personne
00:14:55parce que j'estime
00:14:56que c'était
00:14:56ma responsabilité.
00:14:58Dans ce gouvernement,
00:14:59on doit dire
00:15:00que la part
00:15:00qui était faite
00:15:01aux proches
00:15:02de Jacques Chirac
00:15:03était vraiment
00:15:04très faible.
00:15:05En dehors
00:15:06d'Alain Juppé,
00:15:08Jacques Toubon
00:15:09et Roger Romani,
00:15:11il n'y avait pas
00:15:12grand monde.
00:15:14Édouard Balladur
00:15:15n'a pas cherché
00:15:16à honorer
00:15:16les fidèles
00:15:17de Jacques Chirac.
00:15:19Il fait la part belle
00:15:20aux libéraux
00:15:20et aux centristes.
00:15:22Simone Veil
00:15:22à la santé,
00:15:23Pierre Meignery
00:15:24à la justice,
00:15:25François Lehotard
00:15:26à la défense.
00:15:28Charles Pasqua,
00:15:29homme clé du RPR
00:15:30et promu
00:15:31ministre d'État,
00:15:32ministre de l'Intérieur.
00:15:35Et le jeune Nicolas Sarkozy
00:15:36obtient son premier
00:15:37poste ministériel
00:15:38au budget.
00:15:40Il est aussi
00:15:41porte-parole
00:15:41du gouvernement.
00:15:44À l'hôtel de ville
00:15:46de Paris,
00:15:47Jacques Chirac
00:15:47ronge son frein
00:15:48tandis qu'à l'Élysée,
00:15:49François Mitterrand
00:15:50reçoit pour la première fois
00:15:51le gouvernement
00:15:52d'Édouard Balladur.
00:15:57Quand il a eu
00:15:57le premier conseil
00:15:58des ministres
00:15:59avec toutes les gens
00:15:59de droite,
00:16:00vous savez cette photo,
00:16:01on le voit
00:16:01où il est calé
00:16:02dans son fauteuil
00:16:03comme ça,
00:16:03puis il a l'œil noir
00:16:04et il regarde autour.
00:16:06Je lui ai dit
00:16:06à quoi vous avez pensé ?
00:16:08Eh bien je vais vous dire.
00:16:09Quand je l'ai vu,
00:16:10j'étais là tout seul,
00:16:11je les ai regardés,
00:16:12je me suis dit
00:16:13qu'est-ce que je fais là
00:16:15ou bien plutôt
00:16:16qu'est-ce qu'ils feront là ?
00:16:18Dans une ambiance
00:16:23compassée et glaciale,
00:16:2530 ministres de droite
00:16:26entourent le président socialiste.
00:16:29Le silence se fait pesant
00:16:30avant que les caméras
00:16:31ne soient invitées
00:16:32à sortir de la salle.
00:16:34Certains jeunes
00:16:35nouveaux ministres
00:16:35trouvent quand même
00:16:36le temps de prendre
00:16:37la pause devant
00:16:37les photographes.
00:16:38ce gouvernement rajeuni
00:16:42se met au travail
00:16:43avec un potentiel
00:16:44de satisfaction exceptionnel.
00:16:48Pour beaucoup,
00:16:49Baladur a le profil
00:16:50du sauveur tant attendu
00:16:51qui pourrait incarner
00:16:52une certaine politique libérale.
00:16:54C'est une lune de miel
00:16:56pour l'opinion.
00:16:57L'opinion a trouvé
00:16:58à droite
00:16:59quelqu'un qui soit
00:17:01à la fois
00:17:01assez modéré,
00:17:03assez visiblement
00:17:05compétent
00:17:06pour qu'il puisse
00:17:07se reconnaître en lui
00:17:08avec une certaine
00:17:09tranquillité.
00:17:10Et en même temps,
00:17:11il a une ligne directrice
00:17:12assez claire.
00:17:13Il veut continuer
00:17:13à construire
00:17:15une France
00:17:16raisonnablement insérée
00:17:18dans l'Europe.
00:17:18Il accepte
00:17:19la logique
00:17:20de la monnaie unie
00:17:21qui gère
00:17:21très habilement
00:17:22les choses.
00:17:24Et les Français
00:17:24comprenaient,
00:17:25savaient que
00:17:26en réalité,
00:17:27c'était quelque part
00:17:28lui qui avait raison.
00:17:29Je pense que
00:17:30les Français
00:17:31ont été sensibles
00:17:32au fait que
00:17:33je disais les choses
00:17:34telles qu'elles étaient
00:17:35mais j'étais en face
00:17:36d'une situation difficile.
00:17:38Je vous rappelle quand même
00:17:39que nous avons connu
00:17:40une crise monétaire
00:17:41très grave.
00:17:42Je pense que le pays
00:17:43a eu le sentiment
00:17:43qu'on lui parlait
00:17:44le langage
00:17:45de la vérité
00:17:46et qu'on agissait
00:17:47conformément
00:17:49à ce qu'on avait dit.
00:17:50Cette orientation
00:17:51européenne et libérale
00:17:53du gouvernement
00:17:53agace Philippe Seguin,
00:17:55ténor de la droite sociale
00:17:56qui réagit frontalement.
00:17:58La préoccupation
00:18:00de l'emploi
00:18:00demeure seconde
00:18:01dans les choix
00:18:03qui sont effectués,
00:18:04reléguer
00:18:06qu'elle est
00:18:06après la défense
00:18:07de la monnaie,
00:18:09la réduction
00:18:09des déficits publics,
00:18:11le productivisme
00:18:13ou la promotion
00:18:13du libre-échange.
00:18:15Philippe Seguin
00:18:16vient de lâcher
00:18:16une bombe
00:18:17dans les pieds
00:18:17du Premier ministre
00:18:18deux mois à peine
00:18:19après son arrivée
00:18:20à Matignon.
00:18:23Édouard Balladur
00:18:24bien sûr
00:18:25a demandé immédiatement
00:18:26à Jacques Chirac
00:18:28de désavouer
00:18:29Philippe Seguin
00:18:30ce que Jacques Chirac
00:18:31n'a pas fait.
00:18:32Jacques Chirac
00:18:33fait des déclarations
00:18:34qui ne vont pas
00:18:35dans le sens
00:18:35de la solidarité
00:18:36avec le Premier ministre
00:18:38et avec le gouvernement
00:18:38et donc
00:18:39Édouard Balladur
00:18:40à ce moment-là
00:18:41considère cela
00:18:42comme une trahison
00:18:42comme une trahison
00:18:44de l'intérêt général
00:18:45et comme une trahison
00:18:46en plus
00:18:46tout court.
00:18:47Donc c'est à partir
00:18:48de ce moment-là
00:18:48que les relations
00:18:49commencent à se dégrader.
00:18:51Il s'est installé
00:18:52entre nous
00:18:52je pense
00:18:53une sorte
00:18:54d'incompréhension
00:18:55réciproque
00:18:56parce que
00:18:59je ne pouvais pas
00:18:59manquer
00:19:00de constater
00:19:01que souvent
00:19:02ce que je faisais
00:19:04était critiqué
00:19:05par les responsables
00:19:08du parti
00:19:09qu'il dirigeait
00:19:11et d'autre part
00:19:15lui
00:19:15je pense
00:19:17ressentait
00:19:19avec difficulté
00:19:20le fait
00:19:22qu'étant Premier ministre
00:19:23j'entendais
00:19:24prendre mes décisions
00:19:25librement.
00:19:27Cette position
00:19:28se traduit rapidement
00:19:29et concrètement.
00:19:31Le Premier ministre
00:19:32ne prend plus
00:19:32Jacques Chirac
00:19:33au téléphone.
00:19:35Il y a une liaison
00:19:35ministérielle
00:19:36entre le Premier ministre
00:19:38Édouard Balladur
00:19:38et Jacques Chirac
00:19:39Édouard Balladur
00:19:40il mettra fin
00:19:41très très rapidement
00:19:42et il n'aura même
00:19:44plus le moindre égard
00:19:46Édouard Balladur
00:19:47ne le considérera pas
00:19:49ne l'informera
00:19:49de rien.
00:19:50Nos contacts
00:19:51nous en avions
00:19:52mais relativement
00:19:54rares
00:19:54si vous voulez
00:19:55il y avait
00:19:56un déjeuner
00:19:57de la majorité
00:19:58tous les
00:19:59tous les mardis
00:20:00je crois
00:20:01et puis
00:20:01nous avions
00:20:02de temps à autre
00:20:03des conversations
00:20:03mais
00:20:04soyons clairs
00:20:06elles étaient
00:20:07de moins en moins
00:20:08chaleureuses
00:20:08voilà
00:20:09et c'est à partir
00:20:10de ce moment-là
00:20:11qu'il a compris
00:20:11qu'Édouard Balladur
00:20:13avait décidé
00:20:15de voler
00:20:15de ses propres ailes
00:20:17et qu'il serait
00:20:18certainement candidat
00:20:19à l'élection
00:20:21présidentielle
00:20:21mais
00:20:23l'ayant compris
00:20:26il nous a donné
00:20:27des instructions
00:20:28en disant
00:20:29surtout
00:20:30ne jetez pas
00:20:31d'huile sur le feu
00:20:32l'élection présidentielle
00:20:34c'est autre chose
00:20:35on verra
00:20:36le moment venu
00:20:37très vite
00:20:38tout le monde
00:20:40va se rendre compte
00:20:41qu'Édouard Balladur
00:20:43ait bien décidé
00:20:43d'aller à la présidence
00:20:45on se souvient
00:20:46par exemple
00:20:48de Nicolas Sarkozy
00:20:49quand il dit
00:20:50on ne choisit pas
00:20:51entre papa et maman
00:20:52à un journaliste
00:20:53qui lui demande
00:20:54qui il préfère
00:20:55pour l'élection présidentielle
00:20:56comme candidat
00:20:57de Jacques Chirac
00:20:58ou d'Édouard Balladur
00:20:59le simple fait
00:21:00de ne pas dire
00:21:01tout de suite
00:21:01mais bien sûr
00:21:03c'est Jacques Chirac
00:21:04c'est déjà
00:21:05un signal faible
00:21:07qui montre
00:21:08qui montre
00:21:08bien les choses
00:21:09en septembre 1993
00:21:13lors des journées
00:21:14parlementaires
00:21:15du RPR
00:21:15à La Rochelle
00:21:16la tension
00:21:17entre Chiracien
00:21:18et Balladurien
00:21:19est palpable
00:21:20mais l'état-major
00:21:26du RPR
00:21:26n'a alors
00:21:27qu'une obsession
00:21:27sauver les apparences
00:21:29Jacques Chirac
00:21:31s'y emploie
00:21:31avec le talent
00:21:32qu'on lui connaît
00:21:32ce qui s'inquiète
00:21:36à l'idée que
00:21:38la discorde
00:21:41pourrait s'introduire
00:21:42entre Édouard Balladur
00:21:44et moi
00:21:44peuvent être
00:21:46tout à fait rassurés
00:21:47nos rapports
00:21:49ne s'inspiront
00:21:50jamais
00:21:50dans un contexte
00:21:52de concurrence
00:21:53le bal des hypocrites
00:21:56tourne à la farce
00:21:57lorsque les deux hommes
00:21:58marchent de concert
00:21:59devant les caméras
00:22:00de télévision
00:22:00on veut organiser
00:22:08un cheminement
00:22:09pour bien montrer
00:22:10que les deux compères
00:22:11s'entendent toujours bien
00:22:12et que ce qui s'est raconté
00:22:14s'est exagéré
00:22:16s'est excessif
00:22:17et chacun sera
00:22:18le moment venu
00:22:18dans son rôle
00:22:19c'était une situation
00:22:21qui était un peu fausse
00:22:22si vous voulez
00:22:23un peu difficile
00:22:24à gérer
00:22:24bon
00:22:25enfin on en a à mon avis
00:22:27plus parlé
00:22:28qu'il n'était nécessaire
00:22:29alors bien entendu
00:22:30toutes les chaînes
00:22:31de télévision
00:22:32et tous les journaux
00:22:33ont pris les images
00:22:34et les photos
00:22:36de ce tête-à-tête
00:22:38entre Jacques Chirac
00:22:39et Édouard Balladur
00:22:41je dois dire que
00:22:42si on lisait
00:22:43les commentaires
00:22:43on ne se faisait
00:22:45aucune illusion
00:22:45ce n'était
00:22:47qu'une apparence
00:22:48il y a quelque chose
00:22:49qui ne va pas
00:22:49on sent
00:22:50que Balladur
00:22:52est sur une trajectoire
00:22:53que Chirac
00:22:54ne la contrôle plus
00:22:55mais Chirac
00:22:57est-il même
00:22:58persuadé
00:22:59à ce moment-là
00:23:00que l'autre
00:23:00va y aller
00:23:01pas sûr
00:23:02je n'avais pas
00:23:03l'intention
00:23:03de me présenter
00:23:04à l'élection présidentielle
00:23:05quand vous êtes arrivé
00:23:07à Matignon
00:23:07vous n'aviez pas
00:23:08l'intention
00:23:08absolument
00:23:09et ce qui m'en a convaincu
00:23:11c'est
00:23:12je vais vous dire
00:23:13ce que c'est
00:23:14c'est la constatation
00:23:15qu'il y avait
00:23:16un désaccord
00:23:17de fond
00:23:18finalement
00:23:18sur la politique
00:23:19qu'il fallait mener
00:23:20pour notre pays
00:23:21fallait-il une réforme
00:23:22libérale
00:23:23pour le rendre plus fort
00:23:24ce qui était
00:23:25ma conception
00:23:26fallait-il au contraire
00:23:27continuer
00:23:28dans une politique
00:23:30disons étatiste
00:23:31et redistributrice
00:23:32qui négligeait
00:23:33les déficits
00:23:35et les réformes
00:23:36nécessaires
00:23:37pour les empêcher
00:23:38ce qui était
00:23:39une autre politique
00:23:40Certes
00:23:42c'est une guerre
00:23:43des droites
00:23:43qui se dessine
00:23:44C'est aussi
00:23:51un conflit
00:23:52entre deux hommes
00:23:52qui chacun
00:23:53de leur côté
00:23:54se sentent trahis
00:23:55Jacques Chirac
00:23:56bien sûr
00:23:57Edouard Balladur
00:23:59aussi
00:23:59il a compris
00:24:01que la machine
00:24:02RPR
00:24:02risque de jouer
00:24:03contre lui
00:24:04mais le temps
00:24:06presse
00:24:07car la maladie
00:24:08de François Mitterrand
00:24:09progresse
00:24:09au point de faire croire
00:24:10à certains
00:24:10qu'il n'achèvera pas
00:24:12son mandat
00:24:12Il a été souvent
00:24:17dans un état de santé
00:24:18qui rendait difficile
00:24:19une activité
00:24:22très forte
00:24:23par moments
00:24:24je n'en ai jamais
00:24:26parlé
00:24:27à qui que ce soit
00:24:28et je n'ai jamais
00:24:30voulu
00:24:31comment vous dire
00:24:32l'exploiter
00:24:32à mon profit
00:24:33ce qui était
00:24:34parfaitement indécent
00:24:35il y a forcément
00:24:36à droite
00:24:36des gens qui se disent
00:24:38bon François Mitterrand
00:24:39il résiste
00:24:40il tient le coup
00:24:40il est courageux
00:24:41mais il peut disparaître
00:24:43d'un jour à l'autre
00:24:43quand même
00:24:44donc il faut qu'on soit prêt
00:24:45peut-être sans attendre
00:24:4695
00:24:47donc ceux qui sont
00:24:48baladuriens
00:24:49et qui le deviennent
00:24:50de plus en plus
00:24:51au fur et à mesure
00:24:51que Baladur
00:24:51devient une option politique
00:24:52en tant que tel
00:24:53qu'on s'organise
00:24:54vite
00:24:55en tant que baladurien
00:24:56ceux qui sont chirakiens
00:24:58et qui sont furieux
00:25:01stupéfaits
00:25:02en tout cas hostiles
00:25:03cette montée en puissance
00:25:04de Baladur
00:25:05il faut pas les laisser faire
00:25:06il faut être pris aussi
00:25:07mais c'est Edouard Baladur
00:25:09qui se trouve
00:25:09dans la situation
00:25:10la plus favorable
00:25:11un président au seuil
00:25:14de sa vie
00:25:14dans le palais
00:25:15de l'Elysée
00:25:15un Chirac sur la touche
00:25:17qui n'est plus écoutée
00:25:18une voix royale
00:25:20ou presque
00:25:21s'ouvre devant lui
00:25:22il a commencé
00:25:24par séduire
00:25:25les journalistes
00:25:26puis les intellectuels
00:25:27puis les élus
00:25:29et enfin
00:25:30tout ce qui comptait
00:25:30dans les appareils politiques
00:25:32en leur promettant
00:25:33des postes
00:25:34en leur offrant
00:25:34puisque maintenant
00:25:35il avait Matignon
00:25:36il s'est attaché
00:25:37à un certain nombre
00:25:37de fidélités
00:25:38Nicolas Sarkozy
00:25:39très vite
00:25:40avec Basir
00:25:43le directeur de cabinet
00:25:45d'Edouard Baladur
00:25:46ont été en quelque sorte
00:25:48les moteurs
00:25:49de l'équipe
00:25:51de mise
00:25:53en place
00:25:54de la candidature
00:25:55d'Edouard Baladur
00:25:56alors c'était
00:25:57des déjeuners en ville
00:25:58qui se faisaient
00:25:59dans les grands restaurants
00:26:01on parlait très haut
00:26:02très fort
00:26:03pour que les tables voisines
00:26:05on puisse entendre
00:26:07les propos
00:26:07qui étaient tenus
00:26:08et ces propos
00:26:09c'était
00:26:10Chirac est nul
00:26:12il est foutu
00:26:14il est complètement ramolli
00:26:16Edouard
00:26:18Edouard
00:26:18il est porté par le peuple
00:26:20il a une popularité
00:26:21qui dépasse
00:26:22tout ce qu'on peut imaginer
00:26:23ce qui n'était pas faux
00:26:25dans les apparences
00:26:26Edouard Baladur
00:26:27essayait de nous séduire
00:26:28et il essayait
00:26:29de nous séduire
00:26:30en faisant du Chirac
00:26:31mais n'est pas Chirac
00:26:32qui veut
00:26:33et je me souviens
00:26:34d'un déjeuner
00:26:35de parlementaires
00:26:36à Matignon
00:26:36qui ne manquait pas
00:26:37de sel
00:26:38c'est le cas de dire
00:26:39nous voyons arriver
00:26:41à table
00:26:42un somptueux cassoulet
00:26:43servi dans
00:26:44dans des cassolettes
00:26:46de terre
00:26:47et on se disait
00:26:48vraiment
00:26:49c'est sympathique
00:26:50on est bien reçu
00:26:51on avait l'impression
00:26:52de se retrouver
00:26:53à la mairie de Paris
00:26:54avec Jacques Chirac
00:26:55patatras
00:26:56on voit arriver
00:26:58une assiette
00:27:00sur laquelle
00:27:00il était
00:27:01servi
00:27:02une petite noix
00:27:04de filet de bœuf
00:27:05sans sauce
00:27:06avec quelques haricots
00:27:07verts croquants
00:27:08et le premier ministre
00:27:09se fait servir
00:27:10ce plat
00:27:11et on s'est tous
00:27:12regardés
00:27:13on se dit
00:27:14vraiment
00:27:14il nous prend
00:27:15pour des bouseux
00:27:16malgré ces maladresses
00:27:19évidentes
00:27:20la méthode
00:27:20Baladur
00:27:21porte ses fruits
00:27:22je suis pour Baladur
00:27:23même des Chirakiens
00:27:25convaincus
00:27:26changent de camp
00:27:26ils stimulent
00:27:27chez Baladur
00:27:28s'il en est encore besoin
00:27:30l'envie de se lancer
00:27:31dans la course
00:27:31il voyait des gens
00:27:35autour de lui
00:27:37notamment
00:27:38parmi ses ministres
00:27:39qui était réputé
00:27:40proche de Chirac
00:27:41et qui lui disait
00:27:43pratiquement tous les jours
00:27:45monsieur le premier ministre
00:27:46c'est à vous
00:27:47d'y aller
00:27:47Jacques Chirac
00:27:49n'y arrivera pas
00:27:50il va en se prendre
00:27:51les pieds dans le tapis
00:27:52il va faire une campagne
00:27:54incontrôlable
00:27:55avec vous
00:27:56la France sera sûre
00:27:57nous aussi
00:27:57Baladur
00:27:58a donné l'impression
00:28:01à Mehan Ury
00:28:03à Simone Veil
00:28:04à Sarkozy
00:28:04aux autres
00:28:05qu'il était
00:28:07évidemment
00:28:08l'homme qui serait président
00:28:10que c'était
00:28:11absolument inévitable
00:28:13et alors
00:28:13s'agissant de Simone Veil
00:28:15c'était très précis
00:28:16nous
00:28:17moi j'étais dans la même
00:28:18situation qu'elle
00:28:18nous avions des convictions
00:28:20nous avions le sentiment
00:28:22que Baladur
00:28:23voyait juste
00:28:24pour le pays
00:28:25qu'il
00:28:26savait la difficulté
00:28:27des réformes
00:28:28il savait que les réformes
00:28:29seraient impopulaires
00:28:30donc il était modeste
00:28:31en réalité
00:28:32ce qui est extravagant
00:28:33c'est que
00:28:34la qualité de Baladur
00:28:35c'était la modestie
00:28:36l'humilité
00:28:37alors qu'il était
00:28:38jugé comme arrogant
00:28:40et vaniteux
00:28:41par les français
00:28:41ses qualités réelles
00:28:43étaient à l'opposé
00:28:44et Chirac
00:28:45avec son air
00:28:45de tranche montagne
00:28:46était en réalité
00:28:48quelqu'un
00:28:49qui racontait
00:28:50des histoires
00:28:51Jacques Chirac
00:28:53le vétéran
00:28:54qui porte ses deux échecs
00:28:55à la présidentielle
00:28:56comme une croix
00:28:57semble au bout du rouleau
00:28:58derrière lui
00:29:00les rangs s'éclaircissent
00:29:01c'était terrible
00:29:05de se rendre
00:29:06à l'hôtel de ville
00:29:06dans ces années-là
00:29:07pour aller visiter Chirac
00:29:08parce que
00:29:10autant
00:29:11autrefois
00:29:12avant
00:29:12il y avait à l'hôtel de ville
00:29:14foule de courtisans
00:29:15qui se pressaient
00:29:16pour aller voir
00:29:16le futur président
00:29:17de la république
00:29:18autant on trouvait
00:29:19ces grands salons déserts
00:29:21Jacques Chirac
00:29:21était tout seul
00:29:22il était
00:29:23abandonné de tout
00:29:24sauf comme il disait
00:29:25de son chauffeur
00:29:26de sa fille
00:29:27de Jacques Toubon
00:29:27et de Bernard Ponce
00:29:28et de quelques autres
00:29:29rares hommes
00:29:29qui étaient encore fidèles
00:29:31nous avons eu
00:29:32des moments
00:29:32de vide
00:29:34je dois vous dire
00:29:36que
00:29:36quand il me disait
00:29:38qu'il avait
00:29:40au sein du gouvernement
00:29:41des droits
00:29:41à la dure
00:29:42de solide soutien
00:29:43je lui disais
00:29:45tu peux me les énumérer
00:29:46je me souviens
00:29:47des journées parlementaires
00:29:49de Colmar
00:29:50en 94
00:29:52à la rentrée
00:29:53des vacances
00:29:53c'était absolument
00:29:55épouvantable
00:29:56j'ai assisté
00:29:58à une scène
00:29:59où c'était quasiment
00:30:00le désert
00:30:01autour de Jacques Chirac
00:30:02désert des élus
00:30:04qui étaient là
00:30:04sénateurs
00:30:05et députés
00:30:06désert des journalistes
00:30:07qui n'attendaient
00:30:08qu'une chose
00:30:09l'arrivée en vainqueur
00:30:11du premier ministre
00:30:12d'Edouard Balladur
00:30:13durant ces deux jours
00:30:15l'hostilité est évidente
00:30:16entre les clans Chirac
00:30:17et Balladur
00:30:18il n'est plus question
00:30:20de faux semblants
00:30:21les couteaux sont tirés
00:30:22et la haine
00:30:23se lit sur les visages
00:30:24c'est Balladur
00:30:27qui passe à l'offensive
00:30:28ce qui fait
00:30:29une famille politique
00:30:31forte
00:30:33au delà
00:30:34des convictions partagées
00:30:35c'est aussi
00:30:37le succès
00:30:38il faut nous souvenir
00:30:40des leçons du passé
00:30:41la dernière fois
00:30:43qu'un gaulliste
00:30:44a été élu président
00:30:45de la république
00:30:46c'était Georges Pompidou
00:30:47c'était en 1969
00:30:49c'était il y a
00:30:50un quart de siècle
00:30:51c'est pour moi
00:30:56un souvenir
00:30:57assez difficile
00:30:59il était près de minuit
00:31:01Jacques Chirac
00:31:03était assis tout seul
00:31:04sur un banc
00:31:04devant l'hôtel
00:31:07et je m'assieds
00:31:08à côté de lui
00:31:09et tous les deux
00:31:11nous nous mettons
00:31:12à parler
00:31:13je lui ai dit
00:31:13tu devrais dire
00:31:14que tu ne vas pas
00:31:16pardonner
00:31:16à ceux qui
00:31:18t'auront trahi
00:31:19et il m'a dit
00:31:23à ce moment-là
00:31:23je ne pardonnerai pas
00:31:26les sondages
00:31:28en faveur de Balladur
00:31:29oscillent alors
00:31:30entre 25 et 30%
00:31:31Jacques Chirac
00:31:33et sa garde rapprochée
00:31:35sont atterrés
00:31:35en voyant
00:31:39la montée
00:31:40inexorable
00:31:42d'Edouard Balladur
00:31:43dans les sondages
00:31:45et le fait
00:31:46que sa candidature
00:31:48devenait
00:31:48en quelque sorte
00:31:50quelque chose
00:31:50d'imparable
00:31:51un article
00:31:53dans Le Monde
00:31:54était paru
00:31:55avec Sarkozy
00:31:56disant
00:31:56il pourrait même
00:31:58être élu
00:31:59au premier tour
00:31:59s'il était seul
00:32:00candidat
00:32:01tous les Chirakiens
00:32:04pressent
00:32:04Jacques Chirac
00:32:05de se prononcer
00:32:07et de dire
00:32:07qu'il est candidat
00:32:08Jacques Chirac
00:32:10a annoncé
00:32:10sa candidature
00:32:11parce que nous l'avons
00:32:12un peu pressée
00:32:13le 4 novembre
00:32:141994
00:32:16dans la Voix du Nord
00:32:18au lendemain
00:32:20de son annonce
00:32:21de candidature
00:32:22les sondages
00:32:24étaient très mauvais
00:32:25pour lui
00:32:26et ils étaient
00:32:28très bons
00:32:29pour Edouard Balladur
00:32:30la plupart des pronostiqueurs
00:32:32se disent
00:32:32bon
00:32:32il est candidat
00:32:34il va y avoir
00:32:34un match entre eux
00:32:35mais Chirac
00:32:37va perdre
00:32:38donc malgré
00:32:39cette faveur
00:32:40des commentateurs
00:32:41sur le fait même
00:32:42de se présenter
00:32:43la façon dont il le fait
00:32:44les pronostics
00:32:45ne sont pas bons
00:32:46les proches
00:32:48d'Edouard Balladur
00:32:49exultent
00:32:50et l'un d'eux
00:32:51Charles Pasquois
00:32:52ministre de l'Intérieur
00:32:53donne le coup de grâce
00:32:55une semaine plus tard
00:32:56cela devait être
00:32:58le 10 novembre
00:32:591994
00:33:00j'étais seul
00:33:02avec Jacques Chirac
00:33:03dans son bureau
00:33:04de l'hôtel de ville
00:33:05il m'a dit
00:33:06Charles vienne me téléphoner
00:33:07pour m'annoncer
00:33:08qu'un sondage
00:33:09va être publié
00:33:11demain matin
00:33:11qui me donne
00:33:1310%
00:33:13et en raison
00:33:16de l'amitié
00:33:17qu'il me porte
00:33:18il me conseille
00:33:21de me retirer
00:33:21ça n'était pas
00:33:22très amical
00:33:23ça a fait mal
00:33:26à Jacques Chirac
00:33:26et je crois
00:33:27qu'il en a conservé
00:33:28la marque longtemps
00:33:30ce n'est pas tout
00:33:32le 9 janvier
00:33:331995
00:33:34Jacques Chirac
00:33:35subit un nouvel affront
00:33:36mais cette fois
00:33:39c'est en direct
00:33:39à la télévision
00:33:40à une heure
00:33:41de grande écoute
00:33:41quoi qu'il arrive
00:33:43j'irai jusqu'au bout
00:33:44dans cette campagne
00:33:45présidentielle
00:33:45monsieur Chirac
00:33:46vous n'avez pas
00:33:48l'intention
00:33:49de renoncer
00:33:49vous irez bien
00:33:50jusqu'au bout
00:33:50c'est la question
00:33:51c'est vrai
00:33:51que certains s'interrogent
00:33:52vous parlez sérieusement
00:33:54ou vous faites de l'humour
00:33:56de temps en temps
00:33:57détermination
00:33:58quoi qu'il arrive
00:33:58écoutez
00:33:59vous soyons sérieux
00:34:01je vous en prie
00:34:01merci beaucoup
00:34:04dans la foulée
00:34:06le journal Le Monde
00:34:07publie un article
00:34:08du patron de la Soffresse
00:34:09un institut de sondage
00:34:11le titre
00:34:12pour l'opinion
00:34:13l'élection présidentielle
00:34:15est déjà jouée
00:34:15la presse a été
00:34:18en effet
00:34:18très baladurienne
00:34:20on avait le sentiment
00:34:21que les interviews
00:34:23de baladur
00:34:23la présentation
00:34:24quotidienne
00:34:26des faits et gestes
00:34:26de baladur
00:34:27était entourée
00:34:28dans l'huminure
00:34:29ce qui n'était pas le cas
00:34:30pour les autres candidats
00:34:31il y a eu comme ça
00:34:33une espèce d'homme
00:34:35en majesté
00:34:35sur son piédestal
00:34:37traversant
00:34:38marchant quasi
00:34:39sur l'eau
00:34:40et qui ne pouvait
00:34:41qu'aller vers
00:34:42une grande victoire
00:34:42et évidemment
00:34:43c'est une belle histoire
00:34:44à raconter
00:34:45dans l'exaltation
00:34:47de cette montée
00:34:47en puissance
00:34:48Edouard Balladur
00:34:49annonce sa candidature
00:34:50depuis l'hôtel Matignon
00:34:52nous sommes le 18 janvier
00:34:541995
00:34:55j'ai décidé
00:34:57de présenter
00:34:58ma candidature
00:34:59à la présidence
00:35:00de la république
00:35:01c'est la confiance
00:35:02de nos concitoyens
00:35:04maintenue depuis 20 mois
00:35:06c'est la nécessité
00:35:07du rassemblement
00:35:08le plus large
00:35:09possible
00:35:10des français
00:35:11qui me détermine
00:35:13à solliciter
00:35:14leur suffrage
00:35:15la candidature
00:35:16de baladur
00:35:18ne prend pas
00:35:19d'abord
00:35:20cette déclaration
00:35:21de candidature
00:35:22depuis l'hôtel
00:35:23Matignon
00:35:23on sait
00:35:25que c'est très difficile
00:35:26dans l'imagerie
00:35:28de l'opinion publique
00:35:28de passer de Matignon
00:35:29à l'Elysée
00:35:30et précisément
00:35:31il s'installe
00:35:32à Matignon
00:35:33et il s'installe
00:35:33en majesté
00:35:34dans les ors
00:35:36de la république
00:35:37comme si tout naturellement
00:35:38c'était à lui
00:35:39de passer
00:35:40d'un palais
00:35:41à l'autre
00:35:41son discours
00:35:43n'est pas
00:35:44d'une clarté
00:35:45formidable
00:35:46on ne voit pas
00:35:47très bien
00:35:48à quoi correspond
00:35:49cette annonce
00:35:49de candidature
00:35:50bref
00:35:51c'est une déception
00:35:53globale
00:35:54profonde
00:35:55le clan
00:35:57le plan Chirac
00:35:57se saisit de l'occasion
00:35:58pour prendre l'avantage
00:35:59à Bondy
00:36:01lors d'un meeting
00:36:02Philippe Seguin
00:36:03avec sa fougue habituelle
00:36:04ranime la flamme
00:36:05en brocardant
00:36:06le candidat
00:36:06baladur
00:36:07présenté
00:36:08comme élu
00:36:09d'avance
00:36:09cette élection
00:36:11quand vous mettrez-vous
00:36:13dans la tête
00:36:14qu'elle est finie
00:36:16avant même
00:36:17d'avoir commencé
00:36:18le vainqueur
00:36:23le vainqueur
00:36:24a déjà été désigné
00:36:26proclamé
00:36:27fêté
00:36:29encensé
00:36:30adulé
00:36:32il est élu
00:36:35il n'y a pas à le choisir
00:36:37il y a le célébré
00:36:39donc
00:36:41ça n'est pas la peine
00:36:43ça n'est plus la peine
00:36:45de vous déranger
00:36:46circulez
00:36:47il n'y a rien à voir
00:36:48ces mots
00:36:51piquent au vif
00:36:51les français
00:36:52et le programme social
00:36:53de Chirac
00:36:54inaudible jusque là
00:36:55commence à prendre
00:36:56Jacques Chirac
00:37:00se démarque
00:37:02du coup
00:37:03du côté
00:37:04j'allais dire
00:37:04droite libérale
00:37:05que pouvait avoir
00:37:06Edouard Baladur
00:37:07lui il revient
00:37:08sur une sorte
00:37:09au fond
00:37:10de gaullisme
00:37:11de gauche
00:37:11la fracture sociale
00:37:13qu'il fallait réduire
00:37:14qu'il fallait combattre
00:37:15ça parlait
00:37:16à un beaucoup
00:37:16plus grand nombre
00:37:17que au fond
00:37:18la continuité
00:37:19dans la gestion
00:37:20du pays
00:37:21qu'incarnait
00:37:22Edouard Baladur
00:37:23cette histoire
00:37:23cette histoire
00:37:23de la fracture sociale
00:37:25ça a fait la différence
00:37:26non ?
00:37:27je ne sais pas
00:37:28c'était une formule
00:37:30une formule
00:37:31je dirais
00:37:33à la fois
00:37:33heureuse
00:37:33et malheureuse
00:37:34heureuse
00:37:34puisqu'elle a plu
00:37:35et qu'elle a été efficace
00:37:38et puis malheureuse
00:37:39parce qu'on s'est aperçu
00:37:40ensuite
00:37:41que faute d'avoir
00:37:43une croissance
00:37:43suffisante
00:37:44parce qu'on ne remettait
00:37:46pas de l'ordre
00:37:46dans les affaires
00:37:47du pays
00:37:47la fracture sociale
00:37:49demeurer
00:37:50et elle demeure
00:37:50encore plus aujourd'hui
00:37:51mais pour l'heure
00:37:53la campagne bat son plein
00:37:54et les promesses
00:37:55du candidat Chirac
00:37:56portent leurs fruits
00:37:57on entrevoit
00:38:00une lueur
00:38:01le 28 ou le 29 janvier
00:38:02sur un instrument
00:38:04d'études
00:38:04qui nous appartient
00:38:06qui n'est pas du tout
00:38:07une intention de vote
00:38:09d'un sondage quantitatif
00:38:11publié dans la presse
00:38:12et c'est la première fois
00:38:13depuis des mois
00:38:14et des mois
00:38:15qu'on a cette lueur d'espoir
00:38:16la légitimité de Baladur
00:38:18supposait que Chirac
00:38:19n'avait aucune chance
00:38:20à partir du moment
00:38:21où Chirac n'avait aucune chance
00:38:23tout le monde disait
00:38:23bah oui
00:38:24c'est normal
00:38:25on va pas
00:38:26on doit gagner
00:38:27on va prendre celui
00:38:28qui gagne
00:38:29à partir du moment
00:38:30où ils étaient en concurrence
00:38:31c'est évident
00:38:32qu'il y avait un avantage
00:38:33de légitimité pour Chirac
00:38:34compte tenu
00:38:35des combats passés
00:38:36par rapport à Baladur
00:38:37et compte tenu
00:38:38de ce qu'à tort
00:38:38ou à raison
00:38:39l'opinion considérait
00:38:40que Baladur
00:38:41devait tout à Chirac
00:38:42le parcours électoral
00:38:44de Chirac
00:38:44prend un tour nouveau
00:38:45un livre
00:38:46la France pour tous
00:38:48un emblème
00:38:49le pommier
00:38:49transforme la figure
00:38:51du candidat
00:38:52et la télévision
00:38:53s'empare du personnage
00:38:54de façon inattendue
00:38:55putain j'ai une patate
00:38:58en ce moment moi
00:38:59je l'ai bouffée tous
00:39:00j'ai la niaque
00:39:01inouï
00:39:01oui oui
00:39:02donc vendredi soir
00:39:03vous avez présenté
00:39:04votre programme
00:39:04pour de Versailles
00:39:05ouais
00:39:06putain j'ai fait un carton
00:39:07moi inouï
00:39:08le carton que j'ai fait
00:39:09oui mais c'est normal
00:39:10et avec des gens du RPR
00:39:12ah bah justement
00:39:13pas évident de faire un carton
00:39:14avec des gens du RPR
00:39:15quand on s'appelle Chirac
00:39:16en ce moment
00:39:17mais bon
00:39:18ils étaient comme fous
00:39:19hystériques
00:39:20un carton
00:39:21revenons à votre programme
00:39:22tout le monde dit
00:39:23que c'est un peu anachronique
00:39:24un peu démago
00:39:25pour dire le mot
00:39:26non c'est pas démago
00:39:27c'est y'en a pour tous les goûts
00:39:29quoi
00:39:29un patchwork
00:39:30un peu comme un buffet campagnard
00:39:32y'a tout en grande quantité
00:39:34pour tout le monde
00:39:34chacun prend ce qu'il aime
00:39:36autant qu'il veut
00:39:36c'est ça mon programme
00:39:37buffet campagnard
00:39:39formule jusqu'à peu plus
00:39:40et vous pensez
00:39:41que ça peut suffire
00:39:42pour vous faire gagner
00:39:42non
00:39:43ah non
00:39:44si je pouvais gagner
00:39:45avec mes programmes
00:39:46il y a longtemps que ça se saurait
00:39:47non par contre
00:39:48ce qui peut se passer
00:39:49c'est que
00:39:49l'autre salopard
00:39:50il perde
00:39:51c'est pas dur
00:39:52je ne ferai pas
00:39:54d'attaque personnelle
00:39:56jusque là
00:39:57il était
00:39:58un peu trop à bleur
00:39:59un peu trop arrogant
00:40:00et cette fois-ci
00:40:01il devenait Chirac
00:40:02sympathique
00:40:03sympathique comme il ne l'avait jamais été jusque là
00:40:06la lutte se déplace
00:40:09sur le terrain de l'image
00:40:10et de la communication
00:40:11et dans ce domaine
00:40:13Edouard Balladur
00:40:14n'est pas le meilleur
00:40:15Balladur
00:40:17il souffre
00:40:18évidemment
00:40:19de cette image
00:40:20qu'il n'est pas
00:40:21quelqu'un
00:40:22qui vient du peuple
00:40:23et que ça se voit
00:40:24et même
00:40:24que ça s'entend beaucoup
00:40:26donc tout ce qui peut
00:40:27aggraver ce trait
00:40:28les erreurs de communication
00:40:30Balladur descendant
00:40:32dans le métro
00:40:33s'il y a un endroit
00:40:33où Balladur ne doit pas être à l'aise
00:40:35c'est bien dans le métro parisien
00:40:37le dessin
00:40:39de Balladur
00:40:40sur une chaise à porteur
00:40:41de Plantu
00:40:42voilà
00:40:42tout ça
00:40:43illustre un aspect
00:40:45de la personnalité
00:40:46de Balladur
00:40:47qui devient
00:40:48de plus en plus envahissant
00:40:49au fur et à mesure
00:40:50pas seulement
00:40:51que les caricaturistes
00:40:52les opposants
00:40:53le disent
00:40:54mais au fur et à mesure
00:40:55que la campagne
00:40:56de Balladur
00:40:57lui-même
00:40:58semble le montrer
00:40:59il y a une photo
00:41:00dans Match
00:41:01où on le voit
00:41:02prendre son petit déjeuner
00:41:03photo qu'il avait conçue
00:41:05pour montrer
00:41:05à quel point
00:41:06il était comme les autres
00:41:07qui prenaient un petit déjeuner
00:41:08le matin
00:41:08avant de partir au travail
00:41:10sauf que toute sa vaisselle
00:41:11en argent
00:41:12cet apparat
00:41:13signait la distance infinie
00:41:15entre lui
00:41:16et les français
00:41:17et les chiraciens
00:41:18ne se privaient pas
00:41:19de l'exploiter
00:41:20Edouard Balladur
00:41:23s'est trouvé
00:41:24en terre étrangère
00:41:28dans cette campagne
00:41:29présidentielle
00:41:30Jacques Chirac
00:41:31lui
00:41:32il s'était frotté
00:41:35à toutes sortes
00:41:36de campagnes
00:41:37législatives
00:41:38dans un secteur
00:41:39très difficile
00:41:39il y avait
00:41:4120 ans
00:41:43qu'il était là
00:41:44sur le pont
00:41:45à les soutenir
00:41:46les uns
00:41:47et les autres
00:41:48à taper
00:41:49dans le dos
00:41:49de l'élu
00:41:51conseiller général
00:41:53du coin
00:41:54à connaître
00:41:54tout le monde
00:41:55à boire des coups
00:41:57Jacques Chirac
00:41:58le grand arpenteur
00:41:59de la France
00:42:00fait feu de tout bois
00:42:01et en matière
00:42:02d'électoralisme
00:42:03il atteint des sommets
00:42:04Jacques Chirac
00:42:08avait dit
00:42:09au début
00:42:09de cette campagne
00:42:10je vous surprendrai
00:42:11par ma démagogie
00:42:12il a été fidèle
00:42:14à son personnage
00:42:17extraordinaire
00:42:18réquisitionner
00:42:20des logements
00:42:21à Paris
00:42:21pour loger
00:42:22des SDF
00:42:23la dénonciation
00:42:25des technocrates
00:42:26alors que Jacques Chirac
00:42:27n'était entouré
00:42:28que de technocrates
00:42:29alors ça nous laissait
00:42:31un peu étonnés
00:42:33mais en même temps
00:42:34on était
00:42:35tout à fait
00:42:37tout à fait
00:42:37entraînés
00:42:38dans cette surenchère
00:42:40Édouard Balladur
00:42:41est dépassé
00:42:42lui qui n'a jamais
00:42:44battu le pavé
00:42:44se retrouve
00:42:45soudain acculé
00:42:46contraint de faire
00:42:48ce dont il est incapable
00:42:49sans même
00:42:50en comprendre
00:42:51les codes
00:42:51Édouard Balladur
00:42:53cherchera à faire pop
00:42:54il aura beaucoup de mal
00:42:55pour être franc
00:42:56pourtant il avait bien
00:42:57observé
00:42:58ce que faisait Jacques Chirac
00:42:59il s'escrimait
00:43:01à aller au contact
00:43:02à jouer du corps à coeur
00:43:03à serrer des mains
00:43:04mais même quand il enlevait
00:43:05ses gants blancs
00:43:06c'est comme s'il les avait encore
00:43:07c'était pathétique
00:43:09de le voir s'adresser
00:43:10à des foules
00:43:11de le voir faire
00:43:11les marcher
00:43:12parce que
00:43:13s'il n'était pas
00:43:14à sa place jamais
00:43:15Résultat
00:43:17à deux mois
00:43:17du premier tour
00:43:18des signes
00:43:19d'un fléchissement
00:43:20apparaissent
00:43:21dans les sondages
00:43:21et Édouard Balladur
00:43:24n'en prend pas
00:43:24la mesure
00:43:25J'ai été le premier
00:43:27à publier un sondage
00:43:29tout à fait
00:43:30la fin de février
00:43:30je pense
00:43:31où Balladur
00:43:33se laisse dépasser
00:43:34par Jacques Chirac
00:43:36il est à ce moment là
00:43:37à Chamonix
00:43:38il se promène
00:43:40dans les rues
00:43:40il y a une petite foule
00:43:41de journalistes
00:43:42et quelqu'un lui dit
00:43:43il paraît qu'il y a
00:43:44un premier sondage
00:43:45qui met Chirac
00:43:46devant vous
00:43:47comment est-ce que
00:43:47vous réagissez
00:43:48et Balladur répond
00:43:50original
00:43:51c'est tout le problème
00:43:53des premiers ministres
00:43:54qui sont candidats
00:43:55ils ont
00:43:56dans la tête
00:43:57leur bilan
00:43:58ils sont habitués
00:44:00au fond
00:44:00à un discours
00:44:01assez technique
00:44:01l'exercice
00:44:02de la présidentielle
00:44:03est totalement différent
00:44:04c'est au fond
00:44:05une page blanche
00:44:06un homme
00:44:06une page blanche
00:44:07et il rencontre
00:44:10ses compatriotes
00:44:12ou il ne les rencontre pas
00:44:14je pense que
00:44:15l'erreur
00:44:16que j'ai commise
00:44:17ça a été
00:44:18dans le courant
00:44:19du mois de février
00:44:20de ne pas avoir
00:44:21donné assez de corps
00:44:23à mon projet d'avenir
00:44:24et de ne pas avoir
00:44:25été assez convaincant
00:44:26tellement les choses
00:44:27me semblaient évidentes
00:44:29bref
00:44:29je n'ai pas accordé
00:44:31à ce qu'il est convenu
00:44:32d'appeler la communication
00:44:33et l'organisation
00:44:35des choses
00:44:35le temps
00:44:36et l'attention
00:44:37nécessaires
00:44:38la présidence
00:44:39de la république
00:44:39c'est une incarnation
00:44:40Edouard Balladur
00:44:41n'a jamais réussi
00:44:42cette incarnation-là
00:44:44en campagne
00:44:45il n'incarnait pas
00:44:47quelqu'un
00:44:47qui serait la France
00:44:49et qui serait
00:44:51les français
00:44:51Balladur
00:44:54accumule les handicaps
00:44:56manque d'empathie
00:44:57avec les électeurs
00:44:58de tempérament
00:44:59sur le terrain
00:45:00mauvaise communication
00:45:02mais ce n'est pas tout
00:45:03car pour se lancer
00:45:05dans un marathon électoral
00:45:06il faut des moyens financiers
00:45:08à la hauteur de l'enjeu
00:45:09c'est un message
00:45:10qui est tellement simple
00:45:12qu'il faut que les gens
00:45:13le retiennent
00:45:13pour être élu
00:45:15il faut dépenser de l'argent
00:45:16comme on n'a pas l'argent
00:45:18il faut le récupérer
00:45:19où on peut
00:45:20et où on peut
00:45:21c'est la poche du contribuable
00:45:23via les factures
00:45:24les fausses factures
00:45:25les pourcentages
00:45:26prélevés sur les marchés publics
00:45:27je rappelle
00:45:28pour reprendre
00:45:29quand même
00:45:29l'échelle de Paris
00:45:30que toutes les sociétés
00:45:32qui ont eu des marchés
00:45:32enfin toutes
00:45:3390% des sociétés
00:45:34qui ont eu des marchés
00:45:35avec l'office de HLM de Paris
00:45:36étaient dirigées
00:45:37par des chefs d'entreprise
00:45:39qui étaient membres du RPR
00:45:41en conséquence
00:45:43le RPR aux mains de Chirac
00:45:44prélève depuis bien longtemps
00:45:46sa part sur les marchés publics
00:45:48attribués par les municipalités
00:45:49et collectivités locales
00:45:51qu'il détient
00:45:51Jacques Chirac
00:45:54à les finances du RPR
00:45:55et les finances de la mairie de Paris
00:45:57donc c'est un élément
00:46:00tout à fait important
00:46:01pour l'aider dans cette campagne
00:46:02et Édouard Balladur n'a pas ça
00:46:04L'argent c'est le nerf de la guerre
00:46:06vous, vous n'aviez pas un parti derrière vous
00:46:09pour financer votre campagne électorale
00:46:12c'était plus difficile pour vous ?
00:46:14Oui mais il y avait eu un budget
00:46:17qui avait été effectué
00:46:18et finalement nous avons réuni
00:46:21les fonds qui étaient nécessaires
00:46:23et dans la plus parfaite légalité
00:46:25si c'est ce que vous voulez dire
00:46:28dans la plus parfaite légalité
00:46:31je n'en dirai pas davantage sur ce point
00:46:33parce que je crois que rarement
00:46:37un scrupule aussi grand
00:46:39a été apporté à la gestion de tout ça
00:46:41voilà
00:46:42et j'ai tout à fait confiance
00:46:44dans mes collaborateurs en la matière
00:46:46Parce qu'il y a des polémiques
00:46:47qui continuent d'exister
00:46:48Oui il y a des polémiques
00:46:49mais les polémiques
00:46:50ce sont des polémiques justement
00:46:53et ce n'est pas forcément la vérité
00:46:55voilà
00:46:57je n'en dirai pas plus sur ce sujet
00:46:59La messe est dite
00:47:01circuler, il n'y a rien à ajouter
00:47:03mais la question reste entière
00:47:05comment Édouard Balladur
00:47:07a-t-il financé sa campagne ?
00:47:09Qui a payé les tracts, les affiches
00:47:11les t-shirts des militants
00:47:13et leurs déplacements de meeting en meeting ?
00:47:16Chirac avait des sources importantes
00:47:19il avait les caisses du RPR
00:47:23qui étaient tout de même bien pleines
00:47:24et croyez-moi il n'a pas donné un centime
00:47:26à Balladur
00:47:27évidemment pour financer la sienne
00:47:29donc Édouard Balladur n'avait pas d'autre ressource
00:47:33que de rechercher des accommodements
00:47:39et des financements parallèles
00:47:42et qui dit parallèles dit souvent
00:47:44des financements un peu souterrains
00:47:45La solution vient de François Léotard
00:47:49ministre de la défense et soutien
00:47:51de la première heure de Balladur
00:47:52Il trouve une source de financement
00:47:55juteuse, discrète et accessible
00:47:57dans deux contrats d'armement
00:47:59qu'il a signés
00:48:00Il porte sur la vente
00:48:02de trois sous-marins au Pakistan
00:48:04et de trois frégates à l'Arabie Saoudite
00:48:07et il donne lieu à d'importantes commissions
00:48:09A l'époque
00:48:12il était parfaitement autorisé
00:48:15de pouvoir corrompre
00:48:17des agents étrangers
00:48:19dans le cadre de contrats
00:48:20notamment des contrats d'armement
00:48:21En revanche
00:48:22ce qui était parfaitement interdit
00:48:25c'était de faire revenir
00:48:28une partie de ces sommes
00:48:29en France
00:48:31pour pouvoir permettre
00:48:33à ce que des sommes d'argent en liquide
00:48:36soient ensuite versées
00:48:39sur notamment
00:48:40des comptes de campagne
00:48:42et apparemment
00:48:43le compte de campagne
00:48:44d'Edouard Balladur
00:48:45aurait été abondé
00:48:47d'un certain nombre de fonds
00:48:49Edouard Balladur
00:48:50a expliqué
00:48:50qu'il avait financé sa campagne
00:48:52par le produit
00:48:54des différents meetings
00:48:55et notamment
00:48:55par la vente des t-shirts
00:48:56Tout cela était
00:48:58parfaitement scandaleux
00:48:59ubuesque
00:49:00Ubuesque c'est le mot
00:49:03car le produit
00:49:04de la vente
00:49:04de ces t-shirts
00:49:05le voici
00:49:06Il tient dans trois bordereaux
00:49:08de remise d'argent liquide
00:49:10Au total
00:49:1110 millions 50 000 francs
00:49:13en billets de 500 francs
00:49:15Une somme déposée
00:49:16au Crédit du Nord
00:49:17par l'AFISEB
00:49:18l'association
00:49:19pour le financement
00:49:20de la campagne électorale
00:49:22d'Edouard Balladur
00:49:23Il s'agit probablement
00:49:27d'une partie des rétrocommissions
00:49:28récoltées par l'équipe Balladur
00:49:30Leur réalité est confirmée
00:49:32par Charles Millon
00:49:33bientôt ministre de la Défense
00:49:35de Jacques Chirac
00:49:36Je peux dire que j'ai interrompu
00:49:38sur la demande du président
00:49:39de la République
00:49:39tous ces versements
00:49:40Simplement il y avait eu
00:49:42des versements préalables
00:49:43qui ont permis
00:49:43sans doute
00:49:45à ceux qui touchaient
00:49:46la rétrocommission
00:49:46d'en toucher les bénéfices
00:49:48Et de financer
00:49:50les campagnes électorales
00:49:51éventuellement
00:49:51C'est la justice
00:49:54Je crois que la justice
00:49:55est saisie
00:49:56c'est à elle
00:49:56de vous donner la réponse
00:49:58Plus de 20 ans
00:49:59après les faits
00:50:00l'instruction est toujours en cours
00:50:02Il n'empêche
00:50:04qu'on peut légitimement
00:50:05se poser des questions
00:50:06quand on sait
00:50:07que dans l'équipe Balladur
00:50:08on ne se privait de rien
00:50:09car l'argent coulait à flot
00:50:11J'étais épaté
00:50:14de la profusion
00:50:15d'argent
00:50:17qui régnait
00:50:18dans la campagne
00:50:19d'Edouard Balladur
00:50:20Rien n'était un problème
00:50:21Tout était simple
00:50:23la location des salles
00:50:25les calicots
00:50:27les déplacements
00:50:28les autocars
00:50:29tout allait
00:50:30tout coulait
00:50:31comme ça
00:50:32on voyait des gens sortir
00:50:33sinon avec des valises
00:50:35mais en tout cas
00:50:36avec des sourires
00:50:37comme ça
00:50:37des sourires
00:50:39de ceux
00:50:39qui n'ont pas
00:50:40de soucis d'argent
00:50:41dans la campagne
00:50:42ni dans la vie
00:50:42c'était
00:50:43une campagne
00:50:45qui baignait
00:50:45dans le fric
00:50:46vraiment
00:50:47Mais cela suffira-t-il
00:50:49car à ce moment
00:50:51entre en jeu
00:50:51un personnage
00:50:52pour le moins inattendu
00:50:53François Mitterrand
00:50:55qui va jouer
00:50:56au chat et à la souris
00:50:57avec les deux candidats
00:50:58François Mitterrand
00:51:03n'aimait ni
00:51:04Edouard Balladur
00:51:06ni Jacques Chirac
00:51:07il n'aimait
00:51:09ni l'un
00:51:09ni l'autre
00:51:10Certains jours
00:51:11en conseil des ministres
00:51:12il faisait
00:51:14patte de velours
00:51:15à Edouard Balladur
00:51:16et
00:51:17il le poussait
00:51:19à aller
00:51:19dans tel ou tel sens
00:51:20Quelques jours plus tard
00:51:22rencontrons
00:51:23Jacques Chirac
00:51:24il laissait croire
00:51:25qu'il faisait
00:51:27des confidences
00:51:27à Jacques Chirac
00:51:28et qu'il l'incitait
00:51:29à être candidat
00:51:30Je me souviens
00:51:31de conversations
00:51:31avec lui
00:51:32avec François Mitterrand
00:51:33quand on lui disait
00:51:35mais enfin
00:51:35est-ce que vous pensez
00:51:36que Jacques Chirac
00:51:37pourrait vous succéder
00:51:38puis il disait
00:51:39mais bien sûr
00:51:40Jacques Chirac
00:51:40peut me succéder
00:51:41mais bien sûr
00:51:42mais tout à fait
00:51:42mais alors
00:51:43qu'est-ce qu'on va rigoler
00:51:44il ajoutait ça aussitôt
00:51:46mais qu'est-ce qu'on va rigoler
00:51:47voilà
00:51:48donc
00:51:49François Mitterrand
00:51:51n'était pas dupe
00:51:52des
00:51:52j'allais dire
00:51:53des limites
00:51:53de Jacques Chirac
00:51:56et il était plutôt
00:51:57en bon terme
00:51:58avec Édouard Balladur
00:51:59et puis
00:51:59l'état de santé
00:52:00de Mitterrand
00:52:01s'est dégradé
00:52:02Balladur
00:52:04est devenu
00:52:05un homme indispensable
00:52:05mais malgré tout
00:52:07il devenait
00:52:08vraiment
00:52:09l'homme
00:52:10qui allait succéder
00:52:12à François Mitterrand
00:52:14alors vous savez
00:52:15c'est quelque chose
00:52:16que les présidents
00:52:17malades n'aiment pas
00:52:18François Mitterrand
00:52:20ne supporte pas
00:52:21qu'on lui désigne
00:52:21d'avance
00:52:22son successeur
00:52:23il se rapproche
00:52:24alors ostensiblement
00:52:26de Jacques Chirac
00:52:26en qui il reconnaît
00:52:28un animal politique
00:52:29de sa trempe
00:52:30il se sentait une complicité
00:52:32malgré tout
00:52:33François Mitterrand
00:52:34avec Jacques Chirac
00:52:35la complicité
00:52:36des vieux chefs de guerre
00:52:37la complicité
00:52:38des hommes
00:52:38qui ont parcouru la France
00:52:39qui l'ont apprise
00:52:40avec les pieds
00:52:41c'est des hommes
00:52:41qui se sont beaucoup
00:52:43combattus
00:52:44Jacques Chirac
00:52:44et François Mitterrand
00:52:45mais qui à la fin
00:52:46s'étaient estimés
00:52:48s'étaient même appréciés
00:52:51au-delà
00:52:51de ce qui est convenu
00:52:53entre deux anciens combattants
00:52:55alors on a beaucoup dit
00:52:56qu'effectivement
00:52:57il avait apporté
00:52:58son soutien
00:52:59à Chirac
00:53:01moi je ne l'ai pas
00:53:05constaté
00:53:06très clairement
00:53:07vous savez grosso modo
00:53:09je crois qu'il n'a pas eu
00:53:11à se plaindre
00:53:12de mon comportement
00:53:13envers lui
00:53:13François Mitterrand
00:53:14a sciemment joué
00:53:15Jacques Chirac
00:53:15a envoyé plusieurs
00:53:16de ses hommes
00:53:17comme émissaires
00:53:18pour lui dire
00:53:18qu'il pouvait compter
00:53:19sur lui
00:53:20et je crois que
00:53:21l'appui des Mitterrandistes
00:53:22a été très précieux
00:53:24pour la victoire
00:53:25de Jacques Chirac
00:53:26et pour la défaite
00:53:28d'Edouard Balladur
00:53:29car une sombre histoire
00:53:30éclate alors
00:53:31qui va peser largement
00:53:33dans la balance
00:53:33écoutez
00:53:35il y a eu des journalistes
00:53:36qui effectivement
00:53:37ont fait des articles
00:53:37favorables
00:53:38d'autres ont fait
00:53:39des articles défavorables
00:53:40mais grosso modo
00:53:41ça s'est bien passé
00:53:43jusque
00:53:44à une
00:53:45malheureuse affaire
00:53:48Schouler Maréchal
00:53:50de quoi s'agit-il
00:53:52d'un règlement de compte
00:53:54entre Chiracien
00:53:54et Balladurien
00:53:55à propos de l'enquête
00:53:56du juge Alphen
00:53:57sur les marchés truqués
00:53:58du RPR
00:53:59en Ile-de-France
00:54:00le beau-père du juge
00:54:03le docteur Maréchal
00:54:04propose
00:54:05moyennant finance
00:54:06d'intervenir
00:54:07auprès de son gendre
00:54:08pour qu'il stoppe
00:54:08ses investigations
00:54:09Charles Pasqua
00:54:12persuadé
00:54:13que c'est un piège
00:54:14des Chiraciens
00:54:15fait mettre
00:54:16le docteur Maréchal
00:54:17sur écoute
00:54:17le fait divers
00:54:19devient une affaire
00:54:20d'état
00:54:20lorsqu'Edouard Balladur
00:54:22mis en cause
00:54:22est contraint
00:54:23de s'expliquer
00:54:24à la télévision
00:54:25moi j'ai ma conscience
00:54:27pour moi
00:54:28dans cette affaire
00:54:28et je n'accepterai pas
00:54:29d'être mis en cause
00:54:31je le répète
00:54:32dans n'importe quelle condition
00:54:33alors si quelqu'un
00:54:34peut prouver
00:54:35que mon gouvernement
00:54:36n'a pas respecté
00:54:38scrupuleusement
00:54:38les règles
00:54:39de la déontologie
00:54:40et de la morale
00:54:41et du respect
00:54:42des droits
00:54:43des personnes
00:54:43en la matière
00:54:44qu'il vienne ici
00:54:45invitez-le
00:54:46il a été formel
00:54:48lorsqu'il a fait
00:54:49une intervention
00:54:50à la télé
00:54:50au journal de 20h
00:54:51il a affirmé
00:54:53mordicus
00:54:54que mon beau-père
00:54:55n'avait jamais été
00:54:56mis sous écoute
00:54:56or deux jours après
00:54:59un journal
00:55:00un hebdomadaire
00:55:01sort le compte-rendu
00:55:03de ces écoutes-là
00:55:04et on s'est aperçu
00:55:06que l'ordre
00:55:07était venu
00:55:08de Matignon
00:55:09quand c'est tombé
00:55:10il a été pris
00:55:11en flagrant
00:55:11des lignes mensonges
00:55:12Balladur
00:55:13l'écoute téléphonique
00:55:14qui m'a été imputée
00:55:16à tort
00:55:17puisque j'ignorais
00:55:18complètement
00:55:18qu'elle avait été faite
00:55:19elle d'ailleurs
00:55:20elle n'avait
00:55:20aucun espèce
00:55:21d'intérêt
00:55:21d'aucune sorte
00:55:22et qui a été
00:55:23exploitée
00:55:24pour montrer
00:55:25que je me livrais
00:55:27à des pratiques
00:55:28qui étaient tout à fait
00:55:29condamnables
00:55:29ce qui était faux
00:55:31les sondages
00:55:31ont sueté
00:55:32de plus de 10%
00:55:34d'intention de vote
00:55:35dans les 15 jours
00:55:35qui ont suivi
00:55:36la panique
00:55:39gagne le clan Balladur
00:55:40et les Chirakiens
00:55:41veulent donner
00:55:42le coup de grâce
00:55:43la confrontation
00:55:45prend un tour
00:55:45nauséabond
00:55:46les équipes
00:55:47se rendent
00:55:48coup pour coup
00:55:48sans retenue
00:55:49les rumeurs
00:55:50les tracts
00:55:51les libelles anonymes
00:55:52souvent diffamatoires
00:55:53affluent dans les rédactions
00:55:55commencent à circuler
00:55:56des bruits
00:55:57absolument odieux
00:55:58enfin toute une série
00:56:00de choses
00:56:00qui n'ont rien
00:56:01de politique
00:56:02et qui n'ont pour but
00:56:04que de détruire
00:56:06l'adversaire
00:56:07entre autres gracieuseté
00:56:10Jacques Chirac
00:56:11serait cocaïnomane
00:56:12et Édouard Balladur
00:56:13pas vraiment français
00:56:15car né à Smyrne
00:56:16en Turquie
00:56:17c'est quand même
00:56:18toujours
00:56:19toujours le problème
00:56:20des politiques
00:56:22ce ne sont pas
00:56:22les idées
00:56:23c'est les hommes
00:56:23qu'on veut abattre
00:56:24je ne détruis pas
00:56:25le programme
00:56:26de mon adversaire
00:56:27je veux
00:56:29sa peau
00:56:29cette lutte
00:56:31sans merci
00:56:32dure jusqu'au jour
00:56:33du vote
00:56:33car Édouard Balladur
00:56:35qui multiplie
00:56:35les sorties
00:56:36sur le terrain
00:56:36reprend quelques points
00:56:38dans les sondages
00:56:39cela ne suffira pas
00:56:41il est maintenant
00:56:43au soir du premier tour
00:56:45le 23 avril
00:56:46le socialiste
00:56:47Lionel Jospin
00:56:48arrive en tête
00:56:49suivi de Jacques Chirac
00:56:50et Édouard Balladur
00:56:52se retrouve en troisième position
00:56:53l'écart entre les deux
00:56:56candidats de droite
00:56:56s'est joué à moins
00:56:57de 700 000 voix
00:56:58la pilule est amère
00:57:00tout démontre
00:57:02que les français
00:57:03l'ont décidé
00:57:04c'est monsieur
00:57:06Jospin
00:57:07et monsieur Chirac
00:57:08qui seront
00:57:09au présent
00:57:10je vous demande
00:57:14de vous arrêter
00:57:15je vous demande
00:57:17de vous arrêter
00:57:17les jeux sont faits
00:57:21la victoire de Jacques Chirac
00:57:22au second tour
00:57:23ne fait plus de doute
00:57:24au soir du 7 mai
00:57:26il l'emporte largement
00:57:28sur Lionel Jospin
00:57:29et le pourcentage
00:57:32de la victoire
00:57:32pour le nouveau président
00:57:33de la république
00:57:34cinquième président
00:57:35de la cinquième république
00:57:37Jacques Chirac
00:57:3852%
00:57:40des suffrages
00:57:40exprimés aujourd'hui
00:57:41quelques jours plus tard
00:57:45François Mitterrand
00:57:46laisse le palais de l'Elysée
00:57:48à son successeur
00:57:49Monsieur le président
00:57:53de la république
00:57:53le conseil constitutionnel
00:57:56a constaté
00:57:57que vous avez recueilli
00:57:58Roland Dumas
00:57:59tout nouveau président
00:58:00du conseil constitutionnel
00:58:02valide l'élection
00:58:03et proclame
00:58:04Jacques Chirac
00:58:05président de la république
00:58:06et pourtant
00:58:08cette élection
00:58:09nous la prendrons
00:58:10bien plus tard
00:58:11est entachée
00:58:12d'irrégularités financières
00:58:13qui auraient pu
00:58:14en théorie
00:58:15la faire annuler
00:58:16en cet instant
00:58:18particulièrement solennel
00:58:20c'est vrai
00:58:21qu'il y avait quand même
00:58:22quelques petites anomalies
00:58:24aussi bien dans le compte
00:58:25de Balladur
00:58:25que dans celui de Chirac
00:58:27mais
00:58:27Chirac est élu
00:58:29par le peuple français
00:58:30il va aller
00:58:31autour de la France
00:58:32dans les conférences
00:58:33internationales
00:58:34il va aller à New York
00:58:35il va aller à Moscou
00:58:36il va aller un peu partout
00:58:37et là
00:58:38vous imaginez
00:58:39ce que sont
00:58:39les conférences internationales
00:58:40avec tous les collaborateurs
00:58:41les uns et les autres
00:58:42tu as vu le français
00:58:43le mal élu
00:58:44tu sais
00:58:44il est contesté
00:58:46etc
00:58:46je me suis dit
00:58:47il faut quand même
00:58:47éviter ça
00:58:48et donc
00:58:49on a validé les comptes
00:58:50la position que j'avais prise
00:58:52a été approuvée
00:58:53par les deux membres
00:58:53du conseil constitutionnel
00:58:54il n'y a plus rien à dire
00:58:56en partie
00:58:56unanimité donc
00:58:59pour que la vie politique
00:59:00reprenne son cours
00:59:01tranquille
00:59:02mais malgré la victoire
00:59:04à droite
00:59:05rien n'est plus comme avant
00:59:06là la fracture
00:59:07est extrêmement importante
00:59:09et elle va durer
00:59:10Chirac ne nommera pas
00:59:12beaucoup de Balladurien
00:59:13voire aucun
00:59:14Balladurien
00:59:15dans son gouvernement
00:59:15comme pour marquer
00:59:17que voilà
00:59:18c'était irréparable
00:59:19il faudra des années
00:59:22pour que certains
00:59:23arrivent même
00:59:23à se reparler
00:59:24et ils ne s'en seront
00:59:26jamais remis
00:59:27je crois
00:59:27ni Jacques Chirac
00:59:28ni Édouard Balladur
00:59:29et je pense que
00:59:31l'échec
00:59:31d'ailleurs
00:59:32du premier septennat
00:59:34de Jacques Chirac
00:59:36vient pour beaucoup
00:59:38de cette bataille là
00:59:39parce que quand Jacques Chirac
00:59:40a été élu
00:59:41il aurait dû rassembler
00:59:42il aurait dû ouvrir les bras
00:59:44et il en a été
00:59:45complètement incapable
00:59:46alors qu'en principe
00:59:47le roi de France
00:59:48doit pardonner
00:59:49les offenses faites
00:59:51aux princes
00:59:52il n'y aura point de pardon
00:59:54ni d'indulgence
00:59:55mais pouvait-il en être autrement
00:59:58la conquête du pouvoir
01:00:00est un combat sans merci
01:00:01et pour les hommes politiques
01:00:03tels les gladiateurs
01:00:04descendant dans l'arène
01:00:05c'est la victoire
01:00:07ou la mort
01:00:07le spectacle est assuré
01:00:10mais au bout du compte
01:00:12qu'en est-il des idées
01:00:13qui font progresser la société
01:00:15il y avait chez Édouard Balladur
01:00:18une distance
01:00:19une froideur
01:00:21qui n'avait rien à voir
01:00:22avec les qualités
01:00:22nécessaires pour être élu
01:00:26en fait
01:00:26mais la question demeure
01:00:28est-ce que les qualités
01:00:29pour être élu
01:00:29dans les démocraties
01:00:31médiatisées modernes
01:00:32sont les qualités
01:00:33nécessaires pour gouverner
01:00:34ou pour présider
01:00:35la question reste ouverte
01:00:37et ce serait à refaire
01:00:46j'accepterai à nouveau
01:00:47de diriger le gouvernement
01:00:49et j'accepterai également
01:00:53à nouveau
01:00:54d'être candidat
01:00:55mais peut-être qu'avec
01:00:56l'expérience que j'ai faite
01:00:57je serai un meilleur candidat
01:01:01que je n'ai été
01:01:02j'ai pas été un très bon candidat
01:01:03mais de toute façon
01:01:05le problème ne se pose plus
01:01:06et pour moi
01:01:07je suis dans la sérénité
01:01:10de l'âge
01:01:10après deux échecs consécutifs
01:01:15voilà 30 ans
01:01:15Jacques Chirac était élu
01:01:17pour la première fois
01:01:18président de la république
01:01:19une victoire
01:01:20d'abord remportée au sein
01:01:22de son propre camp
01:01:23la droite parlementaire
01:01:24face à celui
01:01:25qui fut longtemps
01:01:26un compagnon de route
01:01:27Édouard Balladur
01:01:28c'est ce fameux duel
01:01:29fratricide
01:01:30qui marqua profondément
01:01:31la campagne présidentielle
01:01:33de 1995
01:01:34que vient donc
01:01:34de nous remémorer
01:01:35ce documentaire
01:01:37réalisé par
01:01:38Jean-Charles Degnaud
01:01:39nous allons y revenir
01:01:40avec nos invités
01:01:41présents maintenant
01:01:42sur ce plateau
01:01:43de débat d'oc
01:01:44en commençant par vous
01:01:45François Baroin
01:01:45bienvenue
01:01:46vous êtes maire de Troyes
01:01:48depuis 1995
01:01:51autrement dit
01:01:51depuis 30 ans
01:01:53vous avez été
01:01:54de nombreuses fois
01:01:55ministre
01:01:55sous les gouvernements
01:01:56Juppé, De Villepin
01:01:57et Fillon
01:01:58à la tête notamment
01:01:59des ministères
01:01:59de l'intérieur
01:02:01et de l'économie
01:02:02et des finances
01:02:02vous avez été député
01:02:03puis sénateur de l'Aude
01:02:05président aussi
01:02:06de l'association
01:02:07des maires de France
01:02:08et puis en 1995
01:02:09vous étiez porte-parole
01:02:11de la campagne
01:02:12présidentielle
01:02:13de Jacques Chirac
01:02:14puis porte-parole
01:02:15du premier gouvernement
01:02:16d'Alain Juppé
01:02:18Nicolas Domenac
01:02:20est également avec nous
01:02:20bienvenue
01:02:21on vient de vous voir
01:02:22d'ailleurs dans ce documentaire
01:02:23avec quelques années de moins
01:02:24puisque ce documentaire
01:02:25remonte à 2016
01:02:27vous êtes journaliste politique
01:02:29vous avez longtemps
01:02:30officié à l'événement du jeudi
01:02:32puis Marianne
01:02:32aux côtés
01:02:33de Jean-François Kahn
01:02:34vous avez été chroniqueur politique
01:02:36sur les chaînes
01:02:36du groupe Canal Plus
01:02:37puis BFM TV
01:02:39vous êtes aujourd'hui
01:02:39chroniqueur politique
01:02:40à l'hebdomadaire Challenge
01:02:42vous êtes l'auteur
01:02:43entre autres
01:02:44avec Maurice Safran
01:02:45de ce livre
01:02:46de six bons amis
01:02:47publié chez Plon
01:02:48vous nous racontez justement
01:02:50ce qu'a été ce combat
01:02:51fratricide
01:02:52mais aussi
01:02:53d'une biographie
01:02:54de Jacques Chirac
01:02:55toujours avec
01:02:56Maurice Safran
01:02:57en trois tomes
01:02:58et intitulé
01:02:59le roman
01:03:00d'un président
01:03:01et puis enfin
01:03:02Béatrice Ouchar
01:03:02est parmi nous
01:03:03bienvenue à vous
01:03:04Béatrice Ouchar
01:03:05vous êtes journaliste politique
01:03:07vous avez couvert
01:03:08six campagnes présidentielles
01:03:10pour la nouvelle république
01:03:11du centre-ouest
01:03:12la vie
01:03:13le parisien
01:03:14et vous êtes ancienne
01:03:15rédactrice en chef adjointe
01:03:16du service politique
01:03:18du Figaro
01:03:19cette campagne
01:03:19vous l'avez vous aussi suivie
01:03:22sur le terrain
01:03:23pour l'hebdomadaire la vie
01:03:24à l'époque
01:03:24on va revoir l'image
01:03:26de la victoire
01:03:26c'est une image
01:03:28qu'on voit au tout début
01:03:29du film que nous voulons voir
01:03:30vous êtes juste derrière
01:03:31Jacques Chirac
01:03:32c'est la cohue
01:03:32c'est la victoire
01:03:33nous sommes à Iéna
01:03:34je crois que c'est ça
01:03:35au pied du QG
01:03:36c'était là où était
01:03:38le QG de Jacques Chirac
01:03:39qu'est-ce qu'on ressent
01:03:42à ce moment-là
01:03:42qu'est-ce que vous ressentez
01:03:45au moment où
01:03:46cette image apparaît
01:03:48alors ça c'est un moment
01:03:49où Jacques Chirac
01:03:49revient de l'hôtel de ville
01:03:52il y a l'image très connue
01:03:52il sort de l'hôtel de ville
01:03:54il est dans la voiture
01:03:54il y a sa main géante
01:03:56il y a Benoît Duquenne
01:03:56je crois
01:03:57de mémoire
01:03:57qu'il suit en moto
01:03:58notre frère Benoît Duquenne
01:03:59il arrive
01:03:59la foule est déjà présente
01:04:01il doit déjà être
01:04:01peut-être 22h30
01:04:0223h
01:04:03il faut savoir que
01:04:05Juppé qui est sur la photo
01:04:06moi-même derrière
01:04:07on s'était retrouvé
01:04:08autour de 17h30
01:04:09à l'hôtel de ville
01:04:10on était 5-6
01:04:11ce qui l'avait accompagné
01:04:13depuis le point de départ
01:04:13puis moi j'étais son porte-parole
01:04:14donc il fallait aussi
01:04:15caler ce qu'on devait dire
01:04:18à 20h
01:04:18et le souvenir que j'ai
01:04:20c'est un souvenir
01:04:22assez fort en fait
01:04:23surtout avant ce moment de foule
01:04:24qui à 19h20
01:04:26quand son directeur de campagne
01:04:27l'appelle
01:04:27il lui dit
01:04:28ça ne devrait plus bouger
01:04:29et nous on était en face
01:04:31debout sur son bureau
01:04:32lui était assis
01:04:33et il se met les pieds
01:04:34sur le bureau
01:04:35il met les mains derrière
01:04:36il dit ça y est
01:04:36je suis président
01:04:37et on va prendre
01:04:39une bonne bière
01:04:40c'était un moment
01:04:40extrêmement intense
01:04:41on revenait vraiment
01:04:42de très très loin
01:04:42et puis l'autre souvenir
01:04:43c'est juste après
01:04:44donc là il y a cette foule
01:04:46on arrive
01:04:46c'est un immeuble
01:04:47avenue Diena
01:04:48on monte
01:04:49et puis quelques instants
01:04:50après
01:04:50Jacques Chirac
01:04:52ouvre un bureau
01:04:53il me prend dans son bureau
01:04:54il était très pote
01:04:55avec mon père
01:04:55ils étaient à Sciences Po
01:04:56ensemble
01:04:57donc mes relations
01:04:57étaient personnelles
01:04:58avant d'être politique
01:04:59avec lui
01:04:59et il m'a pris dans les bras
01:05:01il me dit
01:05:01je pense à ton père
01:05:02je pense qu'il serait heureux
01:05:03et il me dit
01:05:04on se revoit dans la semaine
01:05:05et on s'est revu dans la semaine
01:05:06mais c'est un moment
01:05:07d'intense force
01:05:10parce que là
01:05:10en l'occurrence
01:05:11c'est deux ans de solitude
01:05:12c'est un hiver
01:05:12qui dure
01:05:13huit saisons
01:05:15effectivement
01:05:17des trahisons
01:05:18des abandons
01:05:18des douleurs
01:05:19des souffrances
01:05:20il montre rien
01:05:21et là il a ce visage
01:05:22cette joie
01:05:23et puis quand même
01:05:24l'écriture du message
01:05:25qu'il adresse à ses parents
01:05:26et aux français
01:05:27le message de son élection
01:05:29est également très puissant
01:05:30et dit
01:05:30de la construction
01:05:32de Jacques Chirac
01:05:32de l'homme politique
01:05:33sur les 40 ans
01:05:34et dit aussi
01:05:35la construction
01:05:35de Jacques Chirac
01:05:36du candidat
01:05:37pendant deux ans
01:05:37Jacques Chirac
01:05:39part très tôt
01:05:39dans cette campagne
01:05:40ça a été rappelé
01:05:42d'ailleurs dans ce documentaire
01:05:44novembre 1994
01:05:45à travers
01:05:46un entretien
01:05:47dans la voie du Nord
01:05:48François l'a dit
01:05:49il revient
01:05:50de très loin
01:05:51c'était vraiment
01:05:53des enfers
01:05:53il faut se souvenir
01:05:55quand même
01:05:56qu'il a
01:05:57subi une dépression
01:06:00après l'échec
01:06:01de 88
01:06:01épouvantable
01:06:03au point que
01:06:04beaucoup ont cru
01:06:04qu'il était fini
01:06:06et qu'il ne reviendrait
01:06:07jamais d'ailleurs
01:06:07nous en grande partie
01:06:08les trahisons
01:06:09qui se sont
01:06:10multipliées
01:06:10et celles d'Edouard Balladur
01:06:12donc
01:06:12on peut comprendre
01:06:14qu'il a été
01:06:15emporté
01:06:16la victoire
01:06:18après
01:06:18mais que
01:06:19ça n'a pas été
01:06:20simple
01:06:20de se retrouver
01:06:22abandonné
01:06:23par beaucoup
01:06:24même par la plupart
01:06:25et donc
01:06:26de rebâtir
01:06:27une campagne
01:06:28qu'elle
01:06:29il n'avait pas
01:06:29vraiment songé
01:06:30et au fond
01:06:32d'une certaine façon
01:06:33la trahison de Balladur
01:06:34la lui a facilité
01:06:35puisqu'au fond
01:06:37il s'est mis
01:06:38en contre-feu
01:06:39il s'est retrouvé
01:06:40lui-même
01:06:40d'ailleurs
01:06:40du coup
01:06:41contre
01:06:41une certaine idée
01:06:42de la bourgeoisie
01:06:43qu'incarnait
01:06:45Edouard Balladur
01:06:46et qu'Edouard Balladur
01:06:47est tombé
01:06:47dans sa propre caricature
01:06:49quand
01:06:49Jacques Chirac
01:06:50lui a trouvé
01:06:51une certaine vérité
01:06:52de lui-même
01:06:53c'était 700 000 voix
01:06:55ils ont séparé
01:06:57au final
01:06:57et dans les toutes
01:07:01dernières semaines
01:07:01après la fameuse
01:07:02inversion
01:07:03des courbes
01:07:03de sondage
01:07:04fin février
01:07:04si je ne me trompe pas
01:07:06ou effectivement
01:07:07après avoir été
01:07:08quand même devancé
01:07:0930% pour Balladur
01:07:1015% pour Chirac
01:07:11dans les sondages
01:07:12donc l'inversion
01:07:13des courbes
01:07:14de sondage
01:07:15fin février
01:07:15et ensuite
01:07:16ça se resserre
01:07:17et le suspense
01:07:18se demeure
01:07:19quand même
01:07:19un petit peu
01:07:20jusqu'au soir
01:07:21vous avez couvert
01:07:22six campagnes présidentielles
01:07:23je l'ai dit
01:07:24dans votre présentation
01:07:24celle-là
01:07:25elle a une place à part
01:07:26alors elle a une place à part
01:07:29elle était passionnante
01:07:29elle n'a pas été
01:07:30la seule à être passionnante
01:07:31elle était passionnante
01:07:31moi elle m'a beaucoup appris
01:07:33sur mon métier
01:07:34sur la politique
01:07:34évidemment
01:07:35mais ça m'a appris
01:07:36j'étais encore
01:07:36une relativement jeune journaliste
01:07:38ça m'a appris
01:07:40à ne pas prendre
01:07:40les sondages
01:07:41pour ce qu'ils ne sont pas
01:07:42c'est-à-dire
01:07:42les sondages ne sont jamais
01:07:43des pronostics
01:07:44ni des prévisions
01:07:45c'est l'état de l'opinion
01:07:47c'est une banalité
01:07:48de le dire
01:07:48mais malheureusement
01:07:49y compris chez les journalistes
01:07:51et la leçon n'a pas toujours
01:07:51été très bien gardée depuis
01:07:54bon les sondages
01:07:54quand j'entends aujourd'hui
01:07:55des pronostics
01:07:56sur l'élection de 2027
01:07:59ça me fait un peu rigoler
01:08:01les sondages d'aujourd'hui
01:08:02évidemment ils disent des choses
01:08:03ils nous disent des choses
01:08:04sur l'état
01:08:05de la popularité
01:08:06la confiance
01:08:07pour les uns
01:08:07pour les autres
01:08:07mais pour l'instant
01:08:08ils ne nous disent rien
01:08:10de 2027
01:08:10donc j'ai appris ça
01:08:11et l'autre chose
01:08:12que ça m'a appris
01:08:12c'est que
01:08:13il ne fallait pas choisir son camp
01:08:16ça me paraissait
01:08:17une évidence
01:08:17comme journaliste
01:08:18j'ai vu quand même
01:08:18des choses très étonnantes
01:08:19Chirac avec 4 ou 5 journalistes
01:08:22pendant qu'il y en avait 60
01:08:23avec Édouard Balladur
01:08:24tout début
01:08:25je parle de ça
01:08:26début janvier
01:08:26un souvenir très précis
01:08:27notamment
01:08:28d'un déplacement à Tours
01:08:29le lendemain
01:08:29de la fameuse interview
01:08:31par Arlette Chabot
01:08:32où on est 4 ou 5
01:08:33il n'y a pas de télé
01:08:34il n'y a pas de réseaux sociaux
01:08:35il n'y a pas de chaîne d'info
01:08:36donc c'est une autre époque aussi
01:08:38où il n'y a pas de télévision
01:08:39il n'y a pas de radio
01:08:40quand Chirac reprend le train
01:08:41à Saint-Pierre-des-Cors
01:08:42et c'est lui
01:08:44qui va vers les gens
01:08:44dans la gare
01:08:45car personne ne vient à lui
01:08:46il est rayé de la carte
01:08:48il n'existe plus
01:08:49donc ça
01:08:50et puis la preuve
01:08:52que dans une campagne
01:08:53un candidat peut renverser la table
01:08:55Est-ce qu'il est au sommet
01:08:57de sa carrière politique
01:08:59Jacques Chirac
01:09:00en ce mois de mai 1995
01:09:02c'est un vrai fauve politique
01:09:04et c'est sans doute pour ça
01:09:05qu'il a remporté
01:09:07ce fameux duel fratricide
01:09:09face à un Édouard Balladur
01:09:10qui lui n'avait pas du tout
01:09:13cette même expérience politique
01:09:14au final
01:09:15Oui je crois que c'est plein de choses
01:09:16c'est d'abord la vie d'un homme
01:09:17qui est quand même
01:09:18secrétaire d'Etat
01:09:19sous De Gaulle
01:09:19dans les années 60
01:09:20extrêmement jeune
01:09:21c'est un enfant de Pompidou
01:09:23comme Balladur
01:09:24était aussi un enfant de Pompidou
01:09:26puisque Balladur
01:09:27a été secrétaire général
01:09:28de l'Elysée
01:09:28donc c'est quand même
01:09:29cette génération
01:09:30assez extraordinaire
01:09:31Et puis les deux fois battus
01:09:3381, 88
01:09:34Nicolas Deménac
01:09:36vient de le rappeler
01:09:36C'est vrai mais je vais insister
01:09:37sur la vie d'un homme
01:09:37c'est quand même
01:09:38cette génération
01:09:39qui nous a beaucoup apporté
01:09:41qui est née avant la guerre
01:09:43qui grandit sous la guerre
01:09:44et qui se construit
01:09:45à l'amour de l'Etat
01:09:45sous le général De Gaulle
01:09:47donc c'est quand même
01:09:47cette puissance là
01:09:48et puis il avait été
01:09:49deux fois premier ministre
01:09:50Il est vrai qu'après 88
01:09:52moi j'ai pas connu cette période
01:09:53j'étais trop jeune
01:09:53on a dit qu'il avait eu un creux
01:09:56mais il y avait la victoire de 93
01:09:58où il a été le leader incontestable
01:10:00et il fait rentrer en force
01:10:02le RPA et l'UDF
01:10:03dans une union
01:10:04de la droite et du centre
01:10:05à 450 députés
01:10:07moi j'arrive dans cette vague
01:10:08je suis Benjamin de l'Assemblée nationale
01:10:09et Jacques Chirac
01:10:10effectivement pour lui
01:10:12c'était assez clair
01:10:12il se programme en 93
01:10:14pour l'Elysée
01:10:15ce qui change la donne
01:10:17c'est l'ambition
01:10:19c'est l'entourage
01:10:20c'est ceux qui avaient fait
01:10:23l'accompagnement
01:10:24après la défaite de 88
01:10:25ou ceux qui l'avaient accompagné
01:10:27jusqu'en 88
01:10:27à la défaite
01:10:28et qui n'y croyaient plus
01:10:29il y avait beaucoup de gens
01:10:30qui ne croyaient plus en Chirac
01:10:31et ça a été incarné
01:10:33chez Balladur
01:10:34et tous ceux qui ont continué
01:10:35à croire en Chirac
01:10:36c'était les gens
01:10:37qui l'avaient vu personnellement
01:10:38dans toute sa vie politique
01:10:39c'est pour ça que
01:10:40c'est pas juste une séquence
01:10:41de la vie d'un homme
01:10:41pendant trois mois
01:10:42c'est une construction
01:10:43d'un homme politique
01:10:44et d'un homme d'Etat
01:10:45qui arrive à maturité
01:10:46pour prendre la direction
01:10:48de l'Elysée
01:10:49et les sondages
01:10:50moi j'ai en mémoire
01:10:50il y en a un qui devait sortir
01:10:52en octobre
01:10:52où ça devait être dans le point
01:10:53il devait être à 12%
01:10:54et quand Jacques Chirac
01:10:56me nomme porte parole
01:10:57de sa campagne
01:10:58ce qui était quand même
01:10:58un grand risque
01:10:59d'ailleurs je lui avais dit non
01:11:00je lui avais dit
01:11:01vous n'avez pas autre chose
01:11:01ou quelqu'un me dit
01:11:02j'ai plus grand monde
01:11:03il faut que tu t'y colles
01:11:05je m'y colle
01:11:05et en janvier
01:11:06il y a 80 journalistes
01:11:08au point de presse
01:11:09la seule question pendant un mois
01:11:10c'est quand est-ce qu'il jette l'éponge
01:11:11quand est-ce qu'il jette l'éponge
01:11:13et quelques semaines plus tard
01:11:14il est président de la république
01:11:15donc il faut voir
01:11:16effectivement la distance
01:11:17qu'il faut avoir
01:11:18à l'égard des sondages
01:11:19ça a structuré
01:11:19sa lecture évidemment
01:11:21des études d'opinion
01:11:22ça aussi a structuré
01:11:23beaucoup d'hommes politiques
01:11:24en se disant
01:11:24puisque Jacques Chirac l'a fait
01:11:26nous aussi on peut le faire
01:11:27et dans ce dernier cercle
01:11:29des derniers soutiens
01:11:30à Jacques Chirac
01:11:31il y avait bien sûr vous-même
01:11:33il y avait Jacques Toubon
01:11:34Jean-Louis Debré
01:11:35Bernard Ponce
01:11:36qu'on a vu dans ce film
01:11:37aujourd'hui décédé
01:11:38Philippe Seguin
01:11:39également décédé
01:11:40Alain Madelein
01:11:41Philippe Doust-Blazy
01:11:42et puis Alain Juppé
01:11:44qui était lui
01:11:44ministre des affaires
01:11:46des étrangères
01:11:46dans ce gouvernement
01:11:47baladur
01:11:48il y a un homme
01:11:49dont on ne parle pas
01:11:50dans ce documentaire
01:11:52c'est Jacques Delors
01:11:53et le renoncement
01:11:55de Jacques Delors
01:11:55en décembre 1994
01:11:57est-ce que ce renoncement
01:11:59de Jacques Delors
01:11:59en 1994
01:12:00du côté des socialistes
01:12:02a constitué
01:12:03un formidable espace politique
01:12:04qu'a su occuper Chirac ?
01:12:06On en a vu d'autres
01:12:07par la suite
01:12:08des espaces politiques
01:12:09comme ça se créent
01:12:10celui
01:12:11dont ont bénéficié
01:12:13Emmanuel Macron
01:12:15c'est clair
01:12:16c'est du même ordre
01:12:17mais c'est vrai
01:12:18que la gauche
01:12:19n'avait plus de champion
01:12:21c'était son champion
01:12:22amputatif
01:12:22qui disparaissait
01:12:24maintenant
01:12:25juste une précision
01:12:27quand même
01:12:27sur les sondages
01:12:28tout dépend
01:12:29de quels sondages
01:12:30on fait
01:12:30moi je sais
01:12:31que j'avais compris
01:12:32que
01:12:32Edouard Balladur
01:12:34avait beaucoup moins
01:12:35de chance
01:12:35que ce que disaient
01:12:36les sondages officiels
01:12:37notamment la Sofresse
01:12:38à l'époque
01:12:39quand nous avons sorti
01:12:42le livre
01:12:42de si bons amis
01:12:43quelqu'un a lancé
01:12:45ce sondage-là
01:12:46nous sommes poursuivis
01:12:48pendant la guerre
01:12:49chez qui vous réfugiez-vous ?
01:12:51il y avait 38 personnes
01:12:53je me souviens
01:12:53dans ce dîner de lancement
01:12:55il y en a 37
01:12:56qui ont dit
01:12:56on se réfugie
01:12:57chez Chirac
01:12:58c'était un autre sondage
01:12:59tout dépend de la question
01:13:00que vous posez
01:13:01elle révélait
01:13:03une force humaine
01:13:05qui était perçue
01:13:06chez Chirac
01:13:07et pas chez Edouard Balladur
01:13:08un mot quand même
01:13:09sur ce renoncement
01:13:10de Jacques Delors
01:13:11pardonnez-moi
01:13:11à Béaté Berger
01:13:12parce qu'il y a
01:13:14un espace politique
01:13:15qui se crée
01:13:16qui était assez inattendu
01:13:18à cette période-là
01:13:19de la campagne
01:13:20on a un Edouard Balladur
01:13:22sur une ligne
01:13:22on va dire libérale
01:13:24de droite libérale
01:13:25et un Jacques Chirac
01:13:25sur une liste
01:13:27sociale-gaulliste
01:13:29en tout cas
01:13:29c'est comme ça
01:13:30qu'ont été un peu incarné
01:13:32les choses
01:13:33durant cette campagne
01:13:34vous avez un avis là-dessus
01:13:35est-ce que cet espace
01:13:36politique libéré
01:13:39après le renoncement
01:13:40de Jacques Delors
01:13:40n'explique pas aussi
01:13:41en grande partie
01:13:42ce qui a pu être
01:13:43même si c'était très court
01:13:45cette victoire de Jacques Chirac
01:13:46oui après on peut dire aussi
01:13:47que la gauche
01:13:48après le trou d'air
01:13:49dans lequel elle se trouve
01:13:50avec le renoncement
01:13:51de Jacques Delors
01:13:51Lionel Jospin
01:13:52qui avait pris
01:13:54Duchamp
01:13:56depuis sa défaite
01:13:56aux élections législatives
01:13:58de 1996
01:13:58revient dans le jeu
01:13:59face à Henri Emanuelli
01:14:00et à Jack Lang
01:14:01c'est lui
01:14:03c'est lui qui devient
01:14:04qui devient le candidat
01:14:05à la suite d'une primaire
01:14:06et finalement
01:14:06on l'a un peu oublié
01:14:07dans l'histoire
01:14:08c'est lui qui termine en tête
01:14:09le soir du premier tour
01:14:10donc finalement
01:14:10il refait
01:14:12il refait tout le chemin
01:14:13en partant très tard
01:14:13je crois que son programme
01:14:14ça doit être le 6 ou le 7 mars
01:14:16donc vraiment très très tard
01:14:17et on donne pas cher
01:14:18de sa peau
01:14:18à ce moment-là
01:14:19il réussit quand même
01:14:20cette campagne-là
01:14:21il réussira moins la suivante
01:14:22mais celle-là
01:14:23il l'a réussie
01:14:24est-ce que Jacques Delors
01:14:25en campagne
01:14:26j'ai l'impression
01:14:26qu'il avait les mêmes
01:14:27qu'il avait les mêmes défauts
01:14:29c'est difficile
01:14:29il l'a pas faite cette campagne
01:14:30les mêmes défauts
01:14:30qu'Edouard Balladur
01:14:31je suis pas sûr
01:14:32qu'en campagne
01:14:32sur le terrain
01:14:33il aurait eu
01:14:34cette force de conviction
01:14:37et cette volonté
01:14:38que manifestait Jacques Chirac
01:14:39oui
01:14:39ça c'est à peu près certain
01:14:41puisqu'à la fin
01:14:43il a renoncé
01:14:43d'ailleurs il y est pas allé
01:14:44d'ailleurs il y est pas allé
01:14:45et Jacques Chirac
01:14:46lui a continué
01:14:47et c'est d'ailleurs
01:14:48la détermination d'un homme
01:14:49enfin moi je me souviens
01:14:50je vous parlais
01:14:51de cet hiver
01:14:51qui dure deux ans
01:14:52je me souviens
01:14:53d'un moment avant Noël
01:14:54à l'hôtel de ville
01:14:56c'était 5-6 mois
01:14:59son élection
01:14:59il est très très seul
01:15:00le mois de décembre 94
01:15:01il est très très seul
01:15:03et il me dit
01:15:04pourquoi j'arrêterais
01:15:05je vais y aller
01:15:07moi j'aime les français
01:15:07j'ai un projet
01:15:08j'ai une construction
01:15:09j'ai une certaine idée
01:15:10de ce que je veux faire
01:15:10vraiment la détermination
01:15:12c'est le caractère d'un homme
01:15:13et sur Delors
01:15:14on peut aussi raisonner en creux
01:15:15si Delors y était allé
01:15:16est-ce que Balladur
01:15:17aurait fait un score
01:15:18aussi important
01:15:19Delors
01:15:19il était dans la filiation
01:15:21de Chaband-Elmas
01:15:22à l'origine
01:15:22Balladur a occupé
01:15:24l'espace du giscardisme
01:15:25mais au fond c'était
01:15:25l'UDF avait un candidat
01:15:27avec Balladur
01:15:28et le RPR
01:15:29avait son candidat
01:15:29historique et traditionnel
01:15:31dans la filiation gaulliste
01:15:32et popidolienne
01:15:33qui était Chirac
01:15:34donc tout ça
01:15:35ça s'équilibre
01:15:35c'est difficile de refaire le match
01:15:37ce qui est sûr
01:15:37c'est que ce match
01:15:38il s'est joué
01:15:38sur la détermination
01:15:39d'un homme
01:15:40celle de Chirac
01:15:40alors il s'est joué
01:15:41sur un programme
01:15:42bien sûr
01:15:43et une formule
01:15:44réduire la fracture sociale
01:15:46la fracture sociale
01:15:47Nicolas Domenac
01:15:48pour mémoire
01:15:49ça vient d'où ?
01:15:50c'est vraiment
01:15:51quelque chose
01:15:51qu'a imaginé Jacques Chirac
01:15:52vous répondrez après
01:15:53évidemment
01:15:54non bien sûr
01:15:55le diagnostic était bon
01:15:57le diagnostic était excellent
01:15:59on peut même s'étonner
01:16:00il était tellement bon
01:16:01pourquoi il ne l'a pas poursuivi
01:16:02ensuite
01:16:02pourquoi il y a renoncé
01:16:03trois mois plus tard
01:16:04vous précédez mes questions
01:16:05c'est bon
01:16:06parce qu'il était vraiment
01:16:08vous nous expliquerez
01:16:10vous nous expliquerez sans doute
01:16:11moi je mets toujours
01:16:12ce diagnostic
01:16:13avec manger des pommes
01:16:15pardon
01:16:15je veux dire
01:16:16ça allait l'un avec l'autre
01:16:18il y avait quelque chose
01:16:19une volonté
01:16:19d'aller au peuple
01:16:20et de reprendre
01:16:21ce que le gaullisme social
01:16:23avait porté
01:16:24pendant des années
01:16:25et qu'il a à nouveau oublié
01:16:27ces dernières années
01:16:27mais qui était vraiment
01:16:29quelque chose de fondateur
01:16:30du gaullisme
01:16:31et c'est en renouant avec ça
01:16:33qu'il a retrouvé
01:16:34effectivement un programme
01:16:35alors qui
01:16:36le gaullisme social
01:16:38en était porteur
01:16:39il s'agissait de le réanimer
01:16:40moi je pense qu'il y en a d'autres
01:16:42on cite souvent des noms
01:16:43celui d'Emmanuel Todd
01:16:45etc
01:16:46moi je pense que Philippe Séguin
01:16:47il n'était pas pour rien
01:16:48dans l'inspiration
01:16:50et que aussi
01:16:51il a joué un rôle
01:16:52très important dans la campagne
01:16:54il veut dire qu'il a été un bûcheron
01:16:55pour abattre
01:16:58il ne manquait pas d'abattage
01:16:59Philippe Séguin
01:17:00contre Édouard Balladur
01:17:01et qu'il a donné
01:17:02il a retrouvé ce sillon
01:17:04parce qu'on se projette
01:17:06dans l'avenir
01:17:07avec Chirac à ce moment-là
01:17:08mais à partir d'un passé
01:17:09qui était un capital formidable
01:17:11quel contenu vous aviez mis
01:17:13vous à l'époque
01:17:14derrière cette fracture sociale
01:17:16ça vous paraissait
01:17:17une simple formule
01:17:18un acte de communication
01:17:20c'était aussi
01:17:21il y avait quelque chose
01:17:23d'assez concret derrière
01:17:24non je pense qu'il y avait
01:17:24quelque chose de profond
01:17:25et qui correspondait bien
01:17:26à la personnalité
01:17:27de Jacques Chirac
01:17:28sans doute aussi
01:17:29un peu de communication
01:17:31et de clin d'oeil
01:17:33à une partie
01:17:33de l'électorat de gauche
01:17:34il y a des gens de gauche
01:17:35je pense à des amis
01:17:36de François Mitterrand
01:17:37notamment Pierre Berger
01:17:38qui ont été séduits
01:17:39par ce discours
01:17:40je me souviens un jour
01:17:41de Philippe Séguin
01:17:41croisé tout près d'ici
01:17:43dans les couloirs
01:17:43de l'Assemblée nationale
01:17:44disant aux journalistes
01:17:45alors vous savez Séguin
01:17:46faisant toujours
01:17:46beaucoup de théâtre
01:17:48et nous disant
01:17:49je suis inquiet
01:17:50Chirac m'inquiète
01:17:51Chirac m'inquiète
01:17:52envoyait le petit sourire
01:17:53au coin de l'oeil
01:17:53on se doutait bien
01:17:54que c'était une blague
01:17:55et il dit
01:17:56dans ces meetings
01:17:57il m'inquiète
01:17:57bientôt à la fin d'un meeting
01:17:58je pense qu'il va chanter
01:17:59l'international
01:18:00donc la façon de dire
01:18:02qu'il allait sur la gauche
01:18:04si on peut dire
01:18:05si on considère
01:18:06que c'est un discours de gauche
01:18:07à la fracture sociale
01:18:08si vous le permettez
01:18:09je pense qu'il est faux
01:18:10de considérer
01:18:11que c'était un slogan
01:18:12ou emprunter
01:18:12à un sociologue
01:18:13ou autre
01:18:14l'histoire de Jacques Chirac
01:18:15du point de départ
01:18:16de sa construction
01:18:17à Sciences Politiques
01:18:18à Sciences Po
01:18:19jusqu'à l'exercice
01:18:21de ses responsabilités
01:18:21montre qu'il a toujours eu
01:18:22cette fibre
01:18:23d'accompagnement
01:18:24des plus fragiles
01:18:25c'est quelqu'un
01:18:26qui était capable
01:18:26de consacrer un temps fou
01:18:27pour rendre service
01:18:29à des gens démunis
01:18:30c'est quand même celui
01:18:31qui a mis en place
01:18:31le SAMU social
01:18:32quand il était maire de Paris
01:18:33parce que quand il se promenait
01:18:34dans sa ville
01:18:35il ne supportait pas
01:18:36de voir des SDF
01:18:37à la sortie des bouches de métro
01:18:38il avait ça en lui
01:18:39c'est cette construction
01:18:40on peut dire
01:18:41que cette campagne
01:18:42a révélé cette partie de lui
01:18:43on ne peut pas dire
01:18:44qu'il l'a emprunté à quelqu'un
01:18:46sinon il n'y aurait eu
01:18:46aucune sincérité
01:18:47on peut aussi ajouter
01:18:49que pendant deux ans
01:18:50où il est tout seul
01:18:51il parcourt la France
01:18:52il n'y a pas qu'à Paris
01:18:53où il a vu des SDF
01:18:54il en a vu un peu partout
01:18:56c'est un pays
01:18:57qui à l'époque
01:18:57devait avoir
01:18:585-6 millions de pauvres
01:18:59alors que la gauche
01:19:01avait été au pouvoir
01:19:02sous Mitterrand
01:19:03et qu'il n'a pas capté
01:19:05par cynisme électoral
01:19:06telle ou telle position
01:19:07il a compris
01:19:08qu'il y avait
01:19:09une photographie
01:19:09du pays
01:19:10qui nécessitait
01:19:11de l'accompagner
01:19:11de manière
01:19:12un peu plus
01:19:13vigoureuse
01:19:16et c'est pour ça
01:19:16que quand il est nommé
01:19:17il crée dans le gouvernement
01:19:18Juppé
01:19:19un secrétariat d'Etat
01:19:20à l'action humanitaire
01:19:22qui était Henri Emmanueli
01:19:23qui était le fondateur
01:19:23du SAMU Social
01:19:24Xavier pardon
01:19:26Henri lui
01:19:27on l'a évoqué
01:19:27il a laissé sa place
01:19:29à Jospin
01:19:29du PS
01:19:30Xavier Emmanueli
01:19:31qui était un personnage
01:19:32tout à fait apolitique
01:19:33et qui a été
01:19:36un secrétaire d'Etat
01:19:36dont la mission
01:19:37a été de mettre en place
01:19:38un SAMU Social
01:19:38à l'échelle
01:19:39alors il va aussi falloir
01:19:40répondre à Nicolas Doménac
01:19:41parce que
01:19:41Nicolas Doménac
01:19:42nous a dit
01:19:44trois mois après
01:19:44finalement
01:19:45la fracture sociale
01:19:46ne semblait plus
01:19:46à l'ordre du jour
01:19:48la priorité
01:19:49était à la réduction
01:19:50des déficits
01:19:51la réforme
01:19:53des retraites
01:19:53de la sécurité sociale
01:19:55ça sera évidemment
01:19:56la mobilisation
01:19:58de novembre 1995
01:19:59dans la rue
01:20:00cette fois
01:20:00contre cette politique
01:20:01menée par le gouvernement
01:20:03d'Alain Juppé
01:20:03c'est-à-dire que
01:20:04trois mois plus tard
01:20:06c'est plus la même mine
01:20:07qui est suivie
01:20:08en tout cas
01:20:08c'est pas l'impression
01:20:09qu'on a eu les Français
01:20:09c'est à peu près trois mois
01:20:11puisque en fait
01:20:11les premiers arbitrages budgétaires
01:20:13c'est au mois d'août
01:20:14et c'est le débarquement
01:20:16d'Alain Madelin
01:20:16qui était ministre de l'économie
01:20:17et qui avait du mal
01:20:19à formuler la proposition
01:20:20des deux points de TVA
01:20:21supplémentaires
01:20:21en fait pourquoi
01:20:22il y a ces mesures budgétaires
01:20:23qui donnent le sentiment
01:20:24qu'on a fait campagne
01:20:26sur la fracture sociale
01:20:27et qu'on a oublié
01:20:28d'une certaine manière
01:20:29l'aspect budgétaire
01:20:30et qu'on a fait campagne
01:20:31sur l'axisme budgétaire
01:20:32en fait
01:20:33tout était calculé
01:20:34par rapport à la qualification
01:20:35pour l'euro
01:20:35et les difficultés
01:20:37et les tensions
01:20:37notamment sur la problématique
01:20:38des retraites
01:20:39qui est la maire des réformes
01:20:40en matière de finances publiques
01:20:41avait amené
01:20:42le premier ministre de l'époque
01:20:43Alain Juppé
01:20:43à proposer à Jacques Chirac
01:20:44d'accélérer le calendrier
01:20:46de cette réforme
01:20:47pour pouvoir être en situation
01:20:48de positionner la France
01:20:50en bonne posture
01:20:51sur la qualification de l'euro
01:20:53et au fond
01:20:55ça a été un virage
01:20:56un peu comme Mitterrand
01:20:57l'a fait en 1983
01:20:58où là en l'occurrence
01:21:00sa politique allait dans le mur
01:21:01il a fallu corriger le tir
01:21:02puisqu'il a même fallu
01:21:03bloquer les prix
01:21:05et bloquer Rungis
01:21:06c'était pas de la même nature
01:21:07je pense
01:21:08moi j'ai tendance à considérer
01:21:10que la vie d'un homme
01:21:11ou d'un chef d'état
01:21:12elle se mesure pas
01:21:12sur trois mois
01:21:13ou sur six mois
01:21:13c'est vraiment à l'aune
01:21:14de son
01:21:15de l'exercice
01:21:17de son pouvoir
01:21:18et cette fracture sociale
01:21:19il s'est efforcé
01:21:20tout au long
01:21:21de ses deux mandats
01:21:21de la réduire
01:21:22et à la fin
01:21:23quand il quitte l'Elysée
01:21:24à la fin de son deuxième mandat
01:21:25la dette française
01:21:27est à 63%
01:21:29il y a 3% de déficit
01:21:30le chômage est en baisse
01:21:31les entreprises
01:21:32se créent par milliers
01:21:33et il y a une croissance
01:21:34qui est en hausse
01:21:34donc sur
01:21:35la forme de pointillisme
01:21:36si on prend Chirac
01:21:37président de la République
01:21:38dans un tableau
01:21:39l'addition des tâches
01:21:40même si elles sont pas
01:21:41dans le bon ordre
01:21:41montre qu'il a toujours eu
01:21:43cela en coeur
01:21:43mais juste un petit point
01:21:45quand même
01:21:45est-ce que le virage
01:21:47il ne remonte pas
01:21:49à la nomination
01:21:50d'Alain Juppé
01:21:51plutôt que celle
01:21:51de Philippe Seguin
01:21:52probablement
01:21:53autrement dit
01:21:53qu'il y avait un choix
01:21:54là quand même
01:21:55qui n'était pas celui
01:21:56d'épouser complètement
01:21:57la fracture sociale
01:21:58aussi béante
01:21:59qu'elle
01:22:00c'est vrai qu'à l'époque
01:22:01on attendait surtout
01:22:02Philippe Seguin
01:22:02Matignon
01:22:03et pas Alain Juppé
01:22:03il sait très bien
01:22:05Jacques Chirac
01:22:06avait besoin
01:22:07et de Seguin
01:22:07et de Juppé
01:22:08Juppé était au gouvernement
01:22:10il était ministre
01:22:10des affaires étrangères
01:22:11Juppé était un homme fort
01:22:13à l'époque
01:22:13il était fort
01:22:14Chirac lui donne
01:22:16le RPR
01:22:17et je suppose
01:22:18que dans la négociation
01:22:19personnelle
01:22:20Chirac lui donne
01:22:20Matignon
01:22:21mais il donne à Seguin
01:22:23l'absence de dissolution
01:22:24et il garde Seguin
01:22:25à la tête
01:22:26de l'Assemblée nationale
01:22:26mais si Seguin
01:22:27avait été nommé
01:22:28ce qui aurait été
01:22:28la logique pure
01:22:29de cette campagne
01:22:31autour de la France
01:22:31il y a la logique pure
01:22:33et la logique pratique
01:22:34la logique pure
01:22:35c'est la nomination
01:22:35de Seguin
01:22:36Philippe Seguin
01:22:37aurait été confronté
01:22:37aux mêmes difficultés
01:22:38de qualification de la France
01:22:39pour l'euro
01:22:40donc de toute façon
01:22:41l'un ou l'autre
01:22:43aurait eu à prendre
01:22:44des mesures
01:22:45dont on aurait considéré
01:22:47qu'à la fin
01:22:48c'était orthogonal
01:22:48à la position
01:22:49de la fracture sociale
01:22:50Il nous reste deux minutes
01:22:51les conséquences
01:22:52de cette lutte fratricide
01:22:53Nicolas Deménac
01:22:54dans les gouvernements
01:22:56d'Alain Juppé
01:22:58on ne retrouvera pas
01:22:59de baladuriens
01:23:00et pour retrouver
01:23:01des baladuriens
01:23:02au sein d'un gouvernement
01:23:03avec un président
01:23:05qui s'appelle
01:23:06Jacques Chirac
01:23:06il faudra attendre 2002
01:23:07donc la réconciliation
01:23:10a été très lente
01:23:11autrement dit
01:23:13cette lutte fratricide
01:23:14à laquelle on a assisté
01:23:15en 1995
01:23:16elle a laissé
01:23:18de très nombreuses traces
01:23:19dans la droite parlementaire française
01:23:20Elle a laissé
01:23:21de très nombreuses traces
01:23:22et qui n'ont pas
01:23:23toutes été
01:23:24comment dire
01:23:25ça n'a pas été formulé
01:23:26complètement
01:23:27non plus
01:23:27parce que
01:23:28moi j'ai ressenti
01:23:29beaucoup
01:23:30dans cette droite là
01:23:33un affrontement
01:23:33de classe
01:23:34on n'aime pas trop ça
01:23:38dans la droite
01:23:39évoquer ces questions là
01:23:40il y avait
01:23:41entre
01:23:41le chirakisme
01:23:43conquête
01:23:45et le baladurisme
01:23:47il y avait
01:23:47deux mondes
01:23:48qui s'affrontaient
01:23:49et qui se regardaient
01:23:50il y avait
01:23:50une mésestime
01:23:51des baladuriens
01:23:52qui était une mésestime
01:23:53de classe
01:23:53pour Jacques Chirac
01:23:54qu'on avait repoussé
01:23:55comme un péquenot
01:23:56comme quelqu'un
01:23:57qui avait de la paille
01:23:58dans les chaussures
01:23:59ou dans les oreilles
01:24:00on ne le regardait pas
01:24:02comme celui
01:24:03qui avait fait l'ENA
01:24:04qui était pourtant brillant
01:24:06qui avait épousé
01:24:07une chaudron de courcelle
01:24:08non
01:24:08on le caricaturait
01:24:10en mec
01:24:11qui n'avait pas
01:24:12de dimension spirituelle
01:24:13ni d'ambition réelle
01:24:16ni qui n'appartenait pas
01:24:17à la bourgeoisie
01:24:18alors qu'il en était aussi
01:24:19n'empêche qu'il y a eu ça
01:24:20qui s'est prolongé
01:24:21alors c'est vrai que
01:24:22tout ça ne s'est pas
01:24:23réconcilié complètement
01:24:24puisque le gaullisme
01:24:25je vous le disais
01:24:26n'a pas renoué
01:24:27avec ses fondamentaux
01:24:28en tout cas jusqu'ici
01:24:30peut-être que
01:24:30dans ces compétitions
01:24:31à venir ça reviendra
01:24:32mais je pense que ça n'a pas été
01:24:34ça n'a pas été retrouvé
01:24:35cette matrice commune
01:24:37au gaullisme
01:24:39même analyse ?
01:24:40même analyse
01:24:41et ça aboutira
01:24:42en 2002
01:24:43à la volonté
01:24:43que Jacques Chirac
01:24:44de regrouper
01:24:45les deux parties
01:24:46dans l'UMP
01:24:47sauf François Bayrou
01:24:48qui restera de son côté
01:24:50François Bayrou
01:24:51qui doit être
01:24:51sauf erreur de ma part
01:24:52dans le premier gouvernement
01:24:53de 1995
01:24:54l'un des seuls
01:24:55ou peut-être le seul
01:24:56soutien de Baladur
01:24:57à rester au gouvernement
01:24:58je crois qu'il y avait
01:24:59Dominique Perbène aussi
01:25:01peut-être Lamassoure aussi
01:25:04peut-être oui
01:25:05enfin non il y a eu
01:25:06quelques-uns
01:25:07mais Léotard
01:25:08Sarkozy
01:25:09Pasqua
01:25:10etc.
01:25:10n'étaient pas
01:25:11dans cette version-là
01:25:12je pense que c'était
01:25:13volontaire de la part
01:25:14de Jacques Chirac
01:25:14c'est-à-dire qu'en 2002
01:25:17à l'issue du juge
01:25:19d'avril
01:25:192002 malheureusement
01:25:20on connaît
01:25:21le scénario
01:25:22de cette élection
01:25:23un autre scénario
01:25:24avec Jean-Marie Le Pen
01:25:26en 1995
01:25:27Jean-Marie Le Pen
01:25:28est à 15%
01:25:29on attendait peut-être
01:25:30de Jacques Chirac
01:25:30un gouvernement
01:25:31d'union nationale
01:25:32à la sortie
01:25:32de cette victoire
01:25:34de 2002
01:25:34il aura fait
01:25:35un gouvernement
01:25:36d'union de la droite
01:25:37finalement il aura fait
01:25:38il aura en partie
01:25:40comblé
01:25:40oui
01:25:42mais enfin
01:25:42pardon
01:25:43mais la gauche
01:25:44a une part de responsabilité
01:25:45énorme là-dedans
01:25:45elle était complètement éclatée
01:25:47il y avait Taubira
01:25:48il y avait Chevènement
01:25:49Jospin s'était effondré
01:25:50vous prenez qui à gauche
01:25:51pour incarner une partie
01:25:52de la gauche
01:25:53alors qu'ils venaient
01:25:53de gouverner pendant 5 ans
01:25:55et qu'ils étaient responsables
01:25:56d'une certaine manière
01:25:57du kérosène
01:25:58qui avait permis à Le Pen
01:25:59d'être présent au second tour
01:25:59de la présidentielle
01:26:00donc c'est plus subtil que ça
01:26:02si je puis me permettre
01:26:02en tout cas dans l'esprit
01:26:04de Chirac
01:26:04c'était plutôt
01:26:05la France est très fragile
01:26:06c'est de la porcelaine
01:26:07et il faut la manœuvrer
01:26:09de manière appropriée
01:26:11ça sera le mot de la fin
01:26:13pour avoir commémoré
01:26:16cette victoire
01:26:17éclatante victoire
01:26:18de Jacques Chirac
01:26:19en 1995
01:26:20à l'issue de ce fameux
01:26:21combrat fratricide
01:26:23pas seulement
01:26:23on l'a dit aussi
01:26:24après ce documentaire
01:26:26concernant cette fameuse
01:26:28victoire de 95
01:26:29de Jacques Chirac
01:26:30merci à tous les trois
01:26:31vos réactions
01:26:32ça sera sur hashtag
01:26:32des badogs
01:26:33bien entendu
01:26:33nous inviter
01:26:35pour réagir aussi
01:26:36à ce que seront vos réactions
01:26:37sur ce hashtag
01:26:38des badogs
01:26:39merci à Félicité Gavalda
01:26:40Yasmine Benaïssa
01:26:42qui m'ont aidé comme à l'accoutumée
01:26:43à préparer cette émission
01:26:44prochain débat doc
01:26:45ça sera bien sûr
01:26:46avec son documentaire
01:26:47et son débat
01:26:48à très bientôt
01:26:49Sous-titrage Société Radio-Canada
01:26:55Sous-titrage Société Radio-Canada
01:26:58Sous-titrage Société Radio-Canada
01:27:01Sous-titrage Société Radio-Canada