Le pianiste François-Frédéric Guy joue la Sonate pour piano n°32 en ut mineur op. 111 composée par Beethoven en 1821-1822.
Comme l’Allegro de la Sonate n° 18 et le deuxième mouvement de la Sonate n° 24, la Sonate n° 32 commence sur un accord instable et dissonant. Mais les grands sauts d’intervalles, la vigueur des rythmes pointés et la nuance forte donnent à cette entrée en matière une violence peu commune. Si l’introduction Maestoso perd ensuite son agressivité au profit d’un ton plus mystérieux, une menace latente persiste. Un grondement dans le grave prolonge cette tension. Il propulse dans l’Allegro con brio dont le thème principal est émaillé de légers ralentis, ces hésitations tempérant son caractère conquérant. Fracassé, reconstruit, cet élément donne lieu à un travail d’élaboration qui efface les repères formels. Le combat acharné conduit, non à une proclamation de victoire, mais à un dénouement apaisé et résigné, avec une couleur majeure qui annonce le mouvement suivant.
Cette ultime sonate ne comporte que deux mouvements, comme les Sonates nos 22, 24 et 27, mais pour des raisons différentes : en terminant ici avec un long thème et variations, idée récemment mise en œuvre dans la Sonate n° 30, Beethoven peut varier les climats à l’infini, alterner entre des sections lentes et rapides. Point n’est besoin d’un adagio central, puisque le mouvement lent fusionne avec le finale. Si le terme d’Arietta se réfère à la voix, ce « chant » en ut majeur évoque également la sphère religieuse par son caractère recueilli et son écriture dépouillée, comme le Heiliger Dankgesang (« Chant sacré de reconnaissance ») du futur Quatuor à cordes n° 15 op. 132 (1825). En outre, il possède la même ossature que la valse de Diabelli sur laquelle Beethoven est en train de composer sa plus monumentale série de variations. Mais de cette danse assez banale, il ne reste que l’épure.
Comme dans les Variations Diabelli, Beethoven travaille sur la structure harmonique du thème. Il densifie peu à peu le rythme, produisant une sensation d’accélération jusqu’aux syncopes euphoriques de la variation n° 3. Telle une étude de timbre, la variation suivante alterne entre de sourdes harmonies dans le grave et des figurations impalpables dans l’aigu. Un long trille fait la transition avec la cinquième et dernière variation, laquelle commence en ut mineur et rappelle le premier mouvement. Puis la mélodie du thème reparaît et, dans les dernières pages, s’enveloppe de trilles scintillants qui semblent l’entraîner vers l’au-delà. C’est sur cette méditation que se referme le « Nouveau Testament » du répertoire pianistique. La messe est dite.
Comme l’Allegro de la Sonate n° 18 et le deuxième mouvement de la Sonate n° 24, la Sonate n° 32 commence sur un accord instable et dissonant. Mais les grands sauts d’intervalles, la vigueur des rythmes pointés et la nuance forte donnent à cette entrée en matière une violence peu commune. Si l’introduction Maestoso perd ensuite son agressivité au profit d’un ton plus mystérieux, une menace latente persiste. Un grondement dans le grave prolonge cette tension. Il propulse dans l’Allegro con brio dont le thème principal est émaillé de légers ralentis, ces hésitations tempérant son caractère conquérant. Fracassé, reconstruit, cet élément donne lieu à un travail d’élaboration qui efface les repères formels. Le combat acharné conduit, non à une proclamation de victoire, mais à un dénouement apaisé et résigné, avec une couleur majeure qui annonce le mouvement suivant.
Cette ultime sonate ne comporte que deux mouvements, comme les Sonates nos 22, 24 et 27, mais pour des raisons différentes : en terminant ici avec un long thème et variations, idée récemment mise en œuvre dans la Sonate n° 30, Beethoven peut varier les climats à l’infini, alterner entre des sections lentes et rapides. Point n’est besoin d’un adagio central, puisque le mouvement lent fusionne avec le finale. Si le terme d’Arietta se réfère à la voix, ce « chant » en ut majeur évoque également la sphère religieuse par son caractère recueilli et son écriture dépouillée, comme le Heiliger Dankgesang (« Chant sacré de reconnaissance ») du futur Quatuor à cordes n° 15 op. 132 (1825). En outre, il possède la même ossature que la valse de Diabelli sur laquelle Beethoven est en train de composer sa plus monumentale série de variations. Mais de cette danse assez banale, il ne reste que l’épure.
Comme dans les Variations Diabelli, Beethoven travaille sur la structure harmonique du thème. Il densifie peu à peu le rythme, produisant une sensation d’accélération jusqu’aux syncopes euphoriques de la variation n° 3. Telle une étude de timbre, la variation suivante alterne entre de sourdes harmonies dans le grave et des figurations impalpables dans l’aigu. Un long trille fait la transition avec la cinquième et dernière variation, laquelle commence en ut mineur et rappelle le premier mouvement. Puis la mélodie du thème reparaît et, dans les dernières pages, s’enveloppe de trilles scintillants qui semblent l’entraîner vers l’au-delà. C’est sur cette méditation que se referme le « Nouveau Testament » du répertoire pianistique. La messe est dite.
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