Romain Simeon "On a peur !" -  Le trafic de drogue menace d'exploser - Vidéo Dailymotion

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Transcript

00:00 le trafic de drogue menace-t-il d'exploser après une décision du Conseil constitutionnel ?

00:05 Je suis avec Romain Siméon, qui est secrétaire général adjoint UNSA.

00:09 Douane, bonjour Romain Siméon.

00:11 - Bonjour.

00:12 - Merci d'être avec nous.

00:14 Que se passe-t-il ?

00:15 Et vous êtes inquiet, vous êtes en colère, même.

00:18 Le Conseil constitutionnel a interdit aux douaniers,

00:21 vous a interdit, de fouiller les marchandises, les véhicules, les personnes,

00:26 à l'intérieur même du territoire français.

00:28 Ça veut dire quoi, Romain Siméon ?

00:30 Ça veut dire que vous pouvez évidemment intervenir aux frontières,

00:34 mais c'est tout, rien qu'aux frontières.

00:37 - Alors pour l'instant, nous avons quelques mois encore de répit.

00:41 - Oui.

00:42 - Jusqu'au mois de septembre 2023.

00:44 - Oui.

00:45 - Mais nous sommes déjà attaqués de toutes parts par les avocats et la justice

00:51 pour déclarer certaines affaires inconstitutionnelles.

00:55 Donc il y a des affaires qui tombent dans tout le territoire.

00:58 - Des affaires qui tombent, c'est-à-dire ?

01:00 C'est-à-dire que vous ne pouvez plus, par exemple, sur une autoroute, à un péage ou ailleurs,

01:07 interpeller tout à coup quelqu'un et aller fouiller son véhicule ou le fouiller.

01:11 Pour l'instant, vous pouvez encore, mais après cette décision du Conseil constitutionnel,

01:17 ça devient de plus en plus difficile.

01:19 - C'est ça, c'est ça.

01:21 Après cette décision, c'est de plus en plus compliqué.

01:24 - En fait, il a déclaré l'article 60 des douanes comme inconstitutionnel.

01:29 C'est le texte fondateur de notre travail de douanier.

01:33 C'est-à-dire que c'est celui qui nous permet de travailler au quotidien, de fouiller les véhicules.

01:36 Donc à partir du moment où vous enlevez le droit de fouille à un douanier,

01:40 il ne peut plus travailler parce qu'il ne peut plus aller chercher la marchandise de fraude.

01:44 - Oui, évidemment, évidemment.

01:46 Un petit exemple, un routier polonais qui transportait du cannabis, relaxé.

01:53 Il transportait 53 kilos de cannabis, il avait été intercepté en Charente-Maritime, il a été relaxé.

01:59 - Voilà. C'est un exemple concret.

02:03 Et donc c'est ce que vous pointiez du doigt en début d'interview,

02:07 c'est qu'à terme, la quantité de saisie qui sera faite de stupéfiants,

02:13 mais pas que, d'argent sale, de contrefaçon et tout ça, va chuter forcément.

02:19 - Oui, et le trafic de drogue va exploser, évidemment.

02:23 - C'est ça.

02:24 - Mais j'imagine la colère parmi les douaniers.

02:28 - Oui, alors ça a été d'abord la stupéfaction.

02:32 On est un peu tombé de notre chaise, on s'est dit, là on ouvre un nouveau droit aux infracteurs en fait.

02:39 Et maintenant, on a peur, parce que les douaniers se demandent ce qu'ils vont faire

02:46 si on n'a plus d'articles pour pouvoir fouiller.

02:49 Et puis bien sûr, la colère monte dans nos rangs.

02:51 - La colère monte, qu'allez-vous faire ? Que pensez-vous faire ?

02:56 - On sera obligés de se bouger, de manifester pour pouvoir continuer à travailler.

03:03 Après, on est un petit peu...

03:07 - Et que dit votre ministère de tutelle ?

03:09 - Notre ministère, pour l'instant, il nous rassure en nous disant

03:13 qu'il travaille avec l'administration des douanes pour réécrire un nouvel article.

03:17 Mais nous, ce qu'on craint, c'est que cet article soit très difficile à mettre en place au quotidien.

03:23 Nous, il nous faut un droit de fouille simple à mettre en place.

03:28 On ne peut pas demander à des juges, par exemple,

03:31 de nous autoriser à travailler à tel endroit ou tel endroit, c'est trop compliqué.

03:35 - Alors justement, Romain Siméon, on vous croise souvent sur les routes

03:39 et on se demande quel est votre droit ?

03:42 Quel est votre droit de fouille ?

03:44 Est-ce que vous avez le droit d'interpeller un véhicule, d'arrêter un véhicule,

03:48 d'ouvrir, de faire ouvrir les portières, de faire descendre le passager ou les passagers

03:53 et de fouiller le véhicule ? Vous avez le droit ou pas ?

03:56 - Oui, c'est ce que dit l'article 60.

03:58 C'est que l'article 60 donne le droit de fouille des personnes, des moyens de transport

04:03 et des bagages transportés partout sur le territoire et bien sûr aux frontières.

04:07 - Voilà, c'est-à-dire que vous pouvez arrêter n'importe...

04:12 C'est-à-dire que je suis sur la route, vous pouvez m'arrêter ?

04:14 - Bien sûr, bien sûr, voilà.

04:16 Et c'est ce qui fait la force de notre métier,

04:18 c'est qu'on peut aller n'importe où, à n'importe quel endroit pour fouiller.

04:22 - Et avec cette décision du Conseil constitutionnel, ce ne sera plus possible dans six mois ?

04:28 - Ça ne sera plus possible, ou en tout cas, ça sera beaucoup plus compliqué

04:33 puisqu'on devra peut-être, nous ne voulons pas,

04:36 mais être contraints d'expliquer pourquoi on contrôle tel véhicule.

04:41 - Oui. En fait, l'essentiel de vos saisies viennent de ces contrôles ?

04:47 - Oui. C'est ce qu'on appelle le flair du douanier.

04:50 - Le flair du douanier. Vous travaillez comment ? Vous travaillez sur un renseignement ?

04:54 - Non.

04:55 - Non ? Ah bon.

04:56 - Non, de temps en temps, mais principalement dans les brigades douanières typiques,

05:04 il y a un service de recherche, mais dans des brigades, on travaille,

05:08 on se met au péage, comme vous dites, on attend les véhicules et on contrôle.

05:12 - Mais alors, votre flair, expliquez-moi, pourquoi contrôlez-vous un véhicule plutôt qu'un autre ?

05:18 - Après, ça, c'est des techniques qu'on met en place, des études qui sont faites par nos services,

05:26 et on se place aussi au bon endroit, et après, voilà, on connaît notre trafic, on va dire.

05:34 - Sur 10 voitures qui passent, vous savez, vous détectez celle qui est suspecte ?

05:39 - On essaye. C'est pas du 100%.

05:42 - C'est pas du 100%, mais c'est du combien ? Vous trompez beaucoup ?

05:46 - Sur des fouilles, alors on va dire sur des fouilles qui prennent un certain temps,

05:52 c'est-à-dire où on commence à démonter les véhicules et plus, on se trompe pas beaucoup.

05:59 Après, sur un contrôle qui dure 2-3 minutes, ça nous permet, si vous voulez, de cibler dans le flow de véhicules.

06:06 Mais ça, on se trompe un peu plus normal. Mais quand on commence à s'intéresser vraiment à un véhicule, on se trompe très peu.

06:11 - Mais qu'est-ce qui vous attire ? Qu'est-ce qui attire l'attention ? C'est le conducteur ?

06:15 C'est le comportement du conducteur ? C'est le véhicule en lui-même ?

06:19 - Il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en jeu. Ça peut être, bien sûr, le comportement du conducteur,

06:26 ça peut être, bien sûr, la voiture, ça peut être l'heure de passage, il y a énormément de facteurs qui rentrent en jeu.

06:32 - Évidemment. Et quand tout est conjugué, c'est un signe.

06:37 - Oui. - C'est un signe.

06:40 - Oui, voilà. Et du coup, c'est un peu empirique comme travail.

06:46 C'est-à-dire qu'au fur et à mesure que vous travaillez dans les douanes, vous apprenez beaucoup de choses,

06:51 vous imprégnez du trafic et vous êtes...

06:54 - Mais Romain Siméon, si je suis dans la voiture avec une jeune femme à mes côtés et trois enfants derrière,

07:03 je ne vais pas être fouillé ?

07:06 - Ah, si, si. - Ah, si, si ? Ah bon, d'accord.

07:10 - Voilà. Parce que ce n'est pas forcément quelqu'un avec, on va dire, l'air patibulaire tout seul dans une voiture.

07:18 Les produeurs, ils savent s'adapter. - Évidemment.

07:21 - Ouais. - Ouais, j'imagine, j'imagine.

07:24 Merci Romain Siméon. Merci d'avoir été avec nous.

07:27 Et espérons que vous serez entendu, évidemment. - Merci, bonne journée.

07:30 - Parce qu'on a besoin de vous. On a besoin de vous pour lutter contre tout ce trafic.

Romain Simeon "On a peur !" - Le trafic de drogue menace d'exploser

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