Anne Fulda reçoit Anne-Laure Delaye pour son livre «La poésie des marchés» dans #HDLivres
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00:00 Bienvenue à l'heure des livres, Anne-Laure Delahaye.
00:02 Alors, vous êtes de formation, vous êtes analyste de marché dans une
00:06 entreprise d'énergie et vous venez de publier
00:10 votre premier roman qui s'appelle "La poésie des marchés" et c'est paru
00:14 chez Albain Michel. Alors, un bien joli titre, "La poésie
00:18 des marchés", mais qui semble opposer deux mondes
00:22 qui, a priori, ne vont pas très bien ensemble.
00:24 C'est vrai que dans le monde de l'entreprise, on imagine l'efficacité, la
00:27 dureté et la poésie.
00:30 Est-ce que vous pensez que ces deux mondes-là, vous qui êtes, si j'ai
00:34 bien vu, ingénieur, mais aussi artiste, peuvent cohabiter ?
00:37 J'espère qu'ils peuvent cohabiter.
00:40 Je pense qu'ils peuvent s'apporter l'un et l'autre beaucoup.
00:42 C'est le pari que font mes personnages, en particulier Lucie, cette analyse
00:46 de marché qui cherche du sens à son travail et qui essaie de réenchanter
00:49 sa vie de bureau, qui paraît très sérieuse et très stressante
00:53 aussi, justement en utilisant la poésie et l'humour.
00:57 Oui, alors Lucie, c'est une jeune analyse financière
01:01 chez Vega Energies.
01:02 Elle est également férue de Haïku, qui sont ses poèmes,
01:07 ses petits poèmes japonais, pardon.
01:09 Elle a l'air de vous ressembler pas mal, cette jeune fille un peu
01:14 idéaliste. Est-ce que c'est ça ?
01:16 Est-ce qu'elle rêve d'un monde
01:19 un peu impossible ?
01:22 Peut-être. On a quelques points communs.
01:25 Elle est très rêveuse, en effet.
01:26 Je pense que je le suis aussi.
01:27 Elle écrit des Haïku, c'est des petits poèmes qu'elle écrit entre deux
01:31 analyses, entre deux réunions qui ont pour but de restituer sa poésie
01:35 à l'ordinaire. Et c'est vraiment ce qu'elle essaie de faire dans cette
01:38 vie de bureau. Et je pense que je partage cet idéal, cette aspiration
01:42 d'essayer de réenchanter les choses les plus communes et les plus mornes.
01:46 Alors, un jour, Lucie décide, avec quelques-uns de ses collègues,
01:51 comme on dit, de participer à un appel à projets innovants
01:55 qui est lancé pour améliorer le fonctionnement de l'entreprise.
01:58 Comment ça se concrétise ? Expliquez-nous.
02:01 Et est-ce que vous pensez que ce qui est finalement aussi un débat
02:06 sur le sens du travail, ça a un peu une résonance avec ce qui se passe
02:09 en ce moment concernant le débat sur les retraites
02:12 et finalement les interrogations sur le travail ?
02:15 Tout à fait, je pense que ça résonne.
02:18 Mes personnages, enfin, ses collègues, sont amenés à répondre à un appel
02:21 à projets innovants comme il peut y en avoir dans beaucoup d'entreprises.
02:24 Parfois qui a abouti à des solutions sans cognitette
02:27 et parfois sur des bonnes idées.
02:29 Je pense que ce roman, il parle de
02:34 comment retrouver du goût dans des univers parfois austères
02:38 et comment aussi prendre le temps et respirer, même au sein de son travail,
02:42 sans forcément le fuir.
02:43 Et en ça, je pense que ça peut résonner avec les problématiques d'aujourd'hui.
02:46 Oui, alors votre roman a quelque chose d'un petit peu de la fable
02:50 parce que Lucie et ses collègues Henri et Farid
02:53 vont étudier des projets qui semblent un peu farfelus,
02:58 presque burlesques.
03:01 D'ailleurs, il y a du burlesque un petit peu dans ce roman.
03:03 On voit que c'est la préservation des lézards qui empêche
03:06 l'organisation d'un chantier d'éoliennes.
03:11 On voit qu'un iguane, Robert, a un rôle très important.
03:15 Finalement, les ingénieurs, effectivement, ça a de l'imagination.
03:19 Ou quelles sont vos sources d'inspiration ?
03:22 Quels sont vos auteurs fétiches ?
03:24 Je pense que les ingénieurs, ils n'ont pas l'air très poétiques.
03:28 Mais en fait, je pense qu'il y en a qui le sont.
03:31 Mes sources d'inspiration, elles sont diverses.
03:33 Peut-être pour la poésie des marchés, je retiendrai un livre
03:36 "Trois hommes dans un bateau" de Jérôme Cajéroum, qui est un livre
03:39 qui me fait énormément rire et qui est justement
03:42 un livre qui raconte presque rien, un voyage sur la tamise
03:45 et qui, pour autant, lui donne une saveur incomparable.
03:48 Et là, c'était un peu essayer de faire la même chose.
03:50 L'histoire, elle est peut-être un peu burlesque,
03:52 mais ce n'est pas forcément l'histoire qui est au centre de tout.
03:55 C'est plutôt ce regard décalé.
03:56 Oui, puis finalement, cette morale, cette nécessité de s'interroger,
04:01 qui rejoint effectivement ce qu'on vit aujourd'hui,
04:03 c'est-à-dire ne pas être englouti dans ce monde de l'entreprise
04:07 qui peut apparaître stérile avec un langage parfois abscond,
04:11 des codes parfois incompréhensibles.
04:14 Exactement, ne pas être englouti, c'est le mot, ne pas perdre son âme
04:18 et au contraire, retrouver un espace à soi au cœur de l'entreprise.
04:22 Alors la poésie est importante pour vous.
04:25 Vous êtes centralienne, issue d'une promotion qui s'appelle Boris Vian.
04:28 C'est quelqu'un qui vous a inspiré aussi, Boris Vian ?
04:31 Oui, j'admire beaucoup, j'aime beaucoup.
04:33 Et donc, oui, ça m'a fait plaisir, effectivement, que notre promotion s'appelle.
04:37 Eh bien, très bien.
04:39 En tout cas, je vous conseille de lire ce joli livre,
04:42 La poésie des marchés, Anne Lorde Lai.
04:44 Et donc, c'est paru chez Albain Michel.
04:46 Merci beaucoup. Merci beaucoup.
04:48 Merci.
04:49 [Musique]
04:52 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]