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Christine Kelly et Marc Menant reviennent sur les personnages célèbres qui ont fait l’histoire dans #LesGrandsDestins

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00:00 -Bonjour à tous, ravie de vous retrouver dans un nouvel épisode
00:03 "Les grands destins".
00:04 Vous savez, l'émission qui s'arrête sur ceux qui ont fait l'histoire.
00:08 Et aujourd'hui, avec Marc Menand, nous allons nous arrêter
00:11 sur celui qui est considéré comme l'un des plus grands scientifiques
00:15 de l'histoire.
00:16 Si ce n'est le plus grand scientifique de l'histoire,
00:19 génie incontesté et visionnaire, Renobel de physique,
00:22 nous allons nous arrêter avec Marc Menand
00:24 sur "Le grand destin" d'Albert Einstein.
00:26 Bonjour, mon cher Marc. Pourquoi Albert Einstein ?
00:29 -Roh ! Que d'éléments à mettre en avant.
00:34 Ce personnage, déjà, quand on vous dit
00:36 que c'est un scientifique, que pour la première fois,
00:39 sa tête apparaît, vous avez plus l'impression
00:42 qu'il est échappé du cirque booglyonne,
00:44 les cheveux qui ressutent.
00:46 Après, il y a les photos où on a l'impression que c'est un pitre,
00:51 mais ce n'est pas celui qui représente ce savoir
00:55 et l'austérité que l'on colle toujours à la connaissance.
00:59 Ça, c'est terrible.
01:00 Et puis après, il y a surtout cette capacité
01:04 à bouleverser le monde, c'est-à-dire que quand on est passionné de science,
01:09 on a une sorte de linéarité dans le déploiement de la pensée.
01:13 Et puis un jour, crac ! Il y a quelqu'un qui fait tout exploser.
01:17 On était dans un monde fixe.
01:19 L'univers qui était là de toute éternité
01:22 est l'univers qui aura une naissance
01:25 et qui ne cesse de se déployer.
01:27 Voilà ce qu'est Einstein.
01:29 Que de choses à dire sur cet homme qui, en plus, est un pacifique,
01:34 est un homme d'amour, est un homme, je dirais, de la dérision.
01:39 -De la dérision, effectivement.
01:41 Ces découvertes ont permis de nombreuses innovations
01:45 scientifiques et technologiques dans notre vie.
01:47 GPS, laser, DVD, tellement de révolutions.
01:50 C'est incroyable.
01:51 Et vous avez dit humoriste ?
01:53 Clown ? Clown dans l'âme. On regarde pourquoi.
01:56 Musique de tension
01:59 -Une image, une anecdote pour planter le décor
02:03 à propos d'Albert Einstein. Laquelle ?
02:05 -Il a 68 ans.
02:06 Il adore sa sœur. Ils ont 2 ans de différence.
02:10 Il a veillé sur elle toute son existence.
02:12 Et puis là, elle décline.
02:14 Il lui rend visite tous les soirs. Il lui lit Aristote.
02:17 Eh oui, dans la famille Einstein, on se tournicote la tête,
02:20 mais pas n'importe comment.
02:22 Et puis, soudain, c'est lui qui a des douleurs.
02:24 Il est conduit à l'hôpital.
02:26 Et le professeur Rudolf Nissen dit "Oh là là !
02:29 "Ca, c'est la vésicule billière. Il faut vous opérer."
02:32 Et hop, on passe sur le billard le grand professeur Einstein.
02:37 Et là, c'est un véritable miracle,
02:39 parce qu'on s'aperçoit qu'en réalité,
02:41 c'était une rupture d'un névrisme qui était en train de se manifester.
02:44 Et il allait trépasser.
02:46 Donc, il est sauvé.
02:48 Quand il réapparaît de l'état vaporeux suivant l'opération,
02:52 on lui fait part du désir de nombreux journalistes de l'interview.
02:56 Il dit "Pas question. Ma santé, ça ne regarde que moi.
02:59 "Ça n'a aucun intérêt en tant que tel."
03:02 Mais certains insistent.
03:04 Et à un moment donné, il entend un infirmier qui est conduit,
03:07 l'un de ses reporteurs voulant à tout prix avoir les premiers mots du professeur.
03:12 Et là, il prend la défense du "Mais laissez-le, il faut bien qu'il gagne sa vie."
03:16 Et un autre trait qui montre l'humanité d'Einstein,
03:20 c'est le début de l'émission.
03:22 Il entend un médecin qui dit "C'est terrible, déjà à l'époque,
03:25 "on manque de lits d'hôpitaux, il n'y a pas de place."
03:28 Il dit "Il faut me mettre dans la salle commune, maintenant, ça y est, je vais mieux."
03:31 Mais il n'est pas question, professeur, vous imaginez.
03:34 Et à nouveau, les journalistes qui veulent le rencontrer.
03:38 Et quand il sort de l'hôpital,
03:42 ils sont là, les flashs qui crépitent de partout.
03:45 Le personnel de l'hôpital qui l'applaudit,
03:48 tellement charmant, il est à côté de sa secrétaire,
03:52 ça fait maintenant plus de 20 ans qu'elle l'accompagne,
03:55 Hélène Ducasse.
03:57 Et hop, il s'engouffre et échappe au regard des uns et des autres.
04:02 Et quand il est près de son domicile, un flash de nouveau.
04:06 Et c'est encore l'un de ces journalistes qui veut le surprendre.
04:10 Et là, de fureur, il tire à la langue.
04:14 C'est la fameuse photo.
04:17 Mais il ne le sait pas, lui.
04:20 Il a simplement dans sa tête provoqué le journaliste.
04:24 Et le lendemain, il voit dans les journaux le cliché.
04:28 Alors hop, il le découpe et il l'envoie au professeur Nielsen.
04:33 Et il met en petits mots à Nielsen,
04:36 "Mon ventre, au monde, ma langue."
04:39 -Excellent.
04:41 Excellent.
04:43 Excellente anecdote pour le décrire.
04:45 Son humanité, son humanisme, son sens de la provocation.
04:49 On verra tout ça dans l'émission.
04:51 Déjà, une petite citation.
04:53 J'aime bien émeiller de petites citations d'Einstein.
04:56 "Il n'y a que deux façons de vivre sa vie.
04:59 "L'une en faisant comme si rien n'était un miracle.
05:02 "L'autre en faisant comme si tout était un miracle."
05:05 On parle de son enfance.
05:07 Einstein a révolutionné la physique avec la théorie de la relativité.
05:15 Qu'est-ce qu'il a forgé dans son enfance ?
05:18 Qu'est-ce qui a germé en lui, qui lui a permis de jaillir ?
05:22 -Le père, avec son frère Jacob,
05:25 ils ont une petite entreprise d'électricité.
05:28 Ça bricole un peu.
05:30 Ils naissent dans une ville, Ulm,
05:32 connue avant tout pour sa cathédrale et pour l'orgue.
05:35 Rapidement, la famille comprendra
05:38 qu'il vaut mieux se rendre à Zurich.
05:41 Mais surtout, le jour où il apparaît,
05:44 les parents sont catastrophés.
05:46 On n'a jamais vu un monstre pareil.
05:48 Mais oui, il a une tête incroyable !
05:50 -14 mars 1879. Il naît avec la grosse tête.
05:53 -La grosse tête.
05:55 Le corps, c'est un véritable ballon.
05:58 C'est pas possible. On les rassure.
06:00 Mais non. Il y a des petits qui se présentent comme ça au monde.
06:04 Ensuite, il y a une régulation.
06:06 C'est vrai, la régulation se fait.
06:08 Il ne dit pas un mot.
06:10 Il est muet.
06:12 A 3 ans, soudain, il se laisse aller.
06:16 Mais alors ?
06:17 -Il est mignon. -Il est mignon comme tout.
06:19 -J'adore sa lave-valière.
06:21 Il est mignon.
06:22 Qui connaît ses photos d'Albert Einstein ?
06:25 Il est exceptionnel. -Et alors ?
06:27 -Il ne parlait pas. -Non.
06:29 Un jour, il se bat parler.
06:31 Quand il a fini, on voit l'élève qui continue de s'agiter.
06:35 Comme s'il maturait la prolongation
06:38 de ce qu'il venait de formuler.
06:40 Mais il y a mieux. Les parents, en ce temps-là,
06:43 estiment que la rue n'est pas si dangereuse
06:46 et qu'un enfant lui faut de l'autonomie.
06:49 Alors, on le laisse aller en dehors de la grande propriété
06:53 et il chemine dans les rues de Zurich tout seul.
06:57 Il découvre le monde.
06:59 Il lui faudrait presque une boussole.
07:01 Il y a assez de boussoles. Elles sont offertes par le père.
07:04 Quand il a 5 ans, il est habitué, vous savez,
07:07 à ces petites maladies de l'enfance.
07:09 Avec la boussole et cet aiguille
07:12 qui garde toujours la même direction.
07:15 Il faut comprendre ce qui se passe.
07:17 Alors, je ne sais pas si c'est là
07:20 que naît cette curiosité insatiable.
07:24 Toujours est-il qu'à tout jamais,
07:26 il lui faudra essayer de percer les lois de l'univers.
07:32 Il aura pour s'aider un violon
07:35 car maman est violoniste
07:38 et aussi pianiste.
07:40 Le premier professeur qui lui est présenté,
07:42 seul l'énerve le gamin.
07:44 Il a un sale caractère.
07:45 Il lui lance carrément une sorte de boule qui traînait.
07:48 - Non !
07:49 - Oui, oui, oui !
07:50 Et ça lui vient comme ça, ses furores.
07:52 Sa sœur écrira, "Dites donc,
07:54 il faut avoir la tête drôlement dure
07:56 pour être la sœur d'un penseur."
07:58 Il se calmera au fur et à mesure,
08:01 deviendra pacifique.
08:03 Et quand il gagne les bancs de l'école,
08:06 il se fait encore remarquer.
08:08 Non, pas par le bruit qu'il fait.
08:10 Non, non, non, non.
08:11 C'est le silence le plus total.
08:13 On dirait le beunet.
08:15 Vous savez, le gamin qui est là avec le sourire niais.
08:19 Il y a des professeurs qui s'énervent
08:22 et quand il est au collège,
08:24 il y en a même un, le professeur de grec,
08:26 qui lui dit, "Mais enfin, qu'est-ce que tu fais là ?
08:28 Tu vois pas que tu déranges tout le monde ?"
08:30 - Il est déconnecté.
08:31 - "Mais je fais rien, monsieur. Je fais rien de mal.
08:33 Comment ça, t'as vu ton sourire ?
08:35 Tout le monde te regarde pendant ce temps-là
08:37 et pendant ce temps-là, on ne m'écoute pas.
08:39 Tu ne feras jamais rien de ta vie."
08:41 Et ça, ça sera une constante.
08:43 Les uns et les autres qui pestent contre cet individu
08:46 qui, pour autant, se distingue en particulier en mathématiques.
08:51 Alors pourquoi en mathématiques ?
08:53 Déjà, ça lui vient et puis il y a l'oncle, l'oncle Jacob.
08:58 L'oncle Jacob, il aime bien, lui, y aller de sa petite équation.
09:02 Et très tôt, il dit au gamin,
09:04 "Quand on a X + AB + C, que devient Y ?"
09:11 Donc il a intérêt.
09:12 Et le moment, il monte une vivacité d'esprit.
09:16 Et quand il a 10 ans, il y a mieux que ça.
09:18 On est dans une famille juive et la tradition,
09:21 c'est qu'une fois par semaine,
09:22 il faut accueillir une personne en difficulté financière.
09:25 Il y a un jeune étudiant, un étudiant en médecine qui est adorable
09:29 et qui le prend, je dirais, comme si c'était son fiole.
09:33 Et ensemble, ils se lancent dans des conversations inouïes
09:36 et lui aussi continue à attiser ce goût des mathématiques.
09:40 Ce qui fait qu'à l'école, alors qu'il est toujours là ailleurs,
09:44 d'ailleurs, il dira, "Moi, je suis un voyageur solitaire de l'esprit."
09:48 Eh oui, il taquine, je sais trop quelle brume,
09:51 pour essayer de faire émerger la vérité,
09:55 ce qu'il appellera la pensée de Dieu.
09:58 Alors les notes sont terribles, sauf en mathématiques et en physique.
10:03 - Il arrive à s'adapter à l'école ?
10:04 - Non, pas du tout.
10:05 Il est là, dans son coin et quand il rentre le soir,
10:08 il se lance dans cet amusement mathématique, les équations, le violon.
10:15 Comme il dit, "Le meilleur ami de ma vie, c'est le violon."
10:18 Et alors, quand ça vient pas,
10:20 vous voyez que les neurones en s'agitant ne font pas gélir la solution de l'équation,
10:25 il prend le violon.
10:27 Éventuellement, il y a maman au piano.
10:29 Ensemble, ils font un piano
10:32 et soudain, l'archer s'arrête, il dit, "Ça y est, j'ai trouvé, j'ai trouvé."
10:34 Il laisse tout tomber et il finit de résoudre l'équation.
10:39 À 15 ans, le problème, c'est que la famille, les parents, le père et l'oncle,
10:45 les affaires périclite.
10:47 Et on leur dit que ça serait bien d'aller en Italie, du côté de Milan.
10:52 Il faut laisser le jeune garçon à son temps-là.
10:55 Eh bien, en Allemagne, à 15 ans, on pense déjà au service militaire.
11:01 Le service militaire, c'est pas possible.
11:03 Et il se rendra en Suisse
11:06 pour pouvoir préparer l'école polytechnique.
11:09 Ça, c'est une idée de son père.
11:11 Parce que le gamin, quand il a vu ses parents partir à Milan,
11:14 très rapidement, il a déprimé, il a filoché.
11:17 On lui avait donné l'autonomie très tôt.
11:19 Alors, vous pensez qu'à 16 ans, il n'a pas besoin de boussole pour gagner l'Italie.
11:23 Mais on lui dit, "Mais c'est pas là que tu peux faire ta carrière, mon garçon.
11:26 Il faut continuer tes études."
11:28 "Mais ça m'intéresse pas, ça m'intéresse pas."
11:30 "Il faut que tu sois ingénieur." "J'ai pas envie d'être ingénieur."
11:33 Et il s'inscrit au concours de l'école polytechnique de Zurich.
11:37 Alors, l'école polytechnique, c'est pas celle que nous connaissons en France,
11:41 la référence des références. Non, non, non.
11:43 C'est une école pour des garçons qui ont une belle agilité mentale,
11:48 mais ce n'est pas l'élite des élites.
11:51 Et quand il passe le concours, malheureusement,
11:55 il n'obtient pas les résultats suffisants.
11:58 Il n'est pas retenu.
12:00 Sauf que le professeur de mathématiques, il n'a jamais vu une copie pareille.
12:05 Il lui dit, "Écoute, mon garçon, t'as pas été retenu,
12:09 mais moi, ce que je te propose, c'est d'assister à mes cours en auditeur libre."
12:14 Et voilà notre petit Einstein qui fait attention
12:18 à se rendre à ses cours du professeur.
12:23 - Finalement. - Mais il les domine littéralement.
12:27 Et la 2e fois, enfin, il obtient sa place à l'école
12:32 des ingénieurs de l'école polytechnique.
12:36 - Une enfance pleine de rébellions, on peut le dire comme ça.
12:40 Une 1re partie de vie aussi pleine de réflexions.
12:43 C'est ce qu'on va voir.
12:45 On a noté la gamberge pour en finir la réalité. Pourquoi ?
12:53 - Parce que ça lui vient comme ça. Et puis il est tellement bien.
12:57 Quand vous avez l'univers qui se présente à vous
13:03 dans des brumes et que vous vous dites,
13:06 "Il y a là des secrets à percer."
13:09 Ça vous prend, ça vous hapte.
13:12 - Si j'ai bien compris, Marc, c'est que lui,
13:15 en ayant eu une scolarité un peu particulière,
13:19 il a développé une autre façon de penser, c'est ça ?
13:22 - C'est-à-dire qu'il est ce solitaire, ce cavalier de la pensée
13:27 qui, quand il est en difficulté, fait appel à Einstein,
13:31 qui est trop content de lui rendre service.
13:34 Il y a Michele Bessot aussi.
13:36 Et ça, ce sont les amis de l'école.
13:39 - C'est-à-dire que vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
13:43 - Oui, c'est ça.
13:45 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
13:48 - Oui, c'est ça.
13:50 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
13:53 - Oui, c'est ça.
13:55 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
13:58 - Oui, c'est ça.
14:00 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:03 - Oui, c'est ça.
14:05 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:08 - Oui, c'est ça.
14:10 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:13 - Oui, c'est ça.
14:15 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:18 - Oui, c'est ça.
14:20 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:23 - Oui, c'est ça.
14:25 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:28 - Oui, c'est ça.
14:30 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:33 - Oui, c'est ça.
14:35 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:38 - Oui, c'est ça.
14:40 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:43 - Oui, c'est ça.
14:45 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:48 - Oui, c'est ça.
14:50 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:53 - Oui, c'est ça.
14:54 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
14:57 - Oui, c'est ça.
14:59 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
15:02 - Oui, c'est ça.
15:04 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
15:07 - Oui, c'est ça.
15:09 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
15:12 - Oui, c'est ça.
15:14 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
15:17 - Oui, c'est ça.
15:19 - Et vous avez eu des amis qui vous ont fait plaisir ?
15:22 - Ah oui, madame Pauline Einstein !
15:25 - Ah oui, madame Pauline Einstein !
15:27 - Pas du tout, on en reparlera.
15:29 - On en reparlera.
15:31 - Toujours est-il qu'ensemble, ils sont là,
15:34 ils s'attisent avec les autres.
15:37 Et il faut vivre comment ?
15:40 Et bien en ayant des cours particuliers.
15:44 Et on va donc d'une maison à l'autre,
15:48 éventuellement dans des pensions,
15:51 on gagne maigrement le quotidien.
15:54 - Et si j'ai bien compris,
15:56 et on oublie souvent ça, que c'est un génie,
15:59 un génie qui piétine et qui piétine dans la misère.
16:02 Alors en quoi à ce moment-là,
16:05 de sa vie, il a une vie de misère ?
16:08 Est-ce qu'on oublie ?
16:10 - Parce qu'il n'est pas pris comme professeur.
16:13 Il n'a pas envie d'être ingénieur.
16:16 Alors il en voit partout dans les universités,
16:19 mais comment on peut expliquer qu'un génie pareil
16:22 puisse passer un peu le côté de sa vie ?
16:25 - Alors déjà, le handicap, il est juif.
16:28 Et n'oubliez pas, là on est en Allemagne,
16:31 l'antisémitisme fleurissait à l'époque,
16:34 il n'a pas commencé d'aujourd'hui.
16:37 C'est un handicap.
16:39 Par ailleurs, la façon dont il se présente,
16:42 alors là quand il écrit, ça ne se voit pas,
16:45 mais sinon vous voyez arriver un uluberlu,
16:48 les pantalons qui remontent pratiquement à la moitié du mollet,
16:52 la mise de travers, on se dit mais c'est presque un clochard,
16:56 c'est pas possible.
16:58 Alors forcément, on ne lui fait pas confiance.
17:02 En revanche, il trouvera des particuliers
17:06 pour donner des cours aux enfants.
17:08 Il devient professeur, professeur à domicile,
17:12 ou alors dans des pensions.
17:14 Et avec 1020, leur histoire,
17:17 on la racontera dans quelques instants,
17:20 mais les conduit à se marier.
17:23 Et le quotidien, c'est comment ?
17:26 - Subvenir aux besoins de la famille.
17:29 - Subvenir aux besoins de la famille,
17:31 et puis alors on le voit, il coupe le bois,
17:34 il monte le charbon, et puis il attend, il attend quoi ?
17:37 Qu'un jour on lui donne une réponse positive.
17:40 Et il y a les copains, ceux qui de temps en temps
17:43 lui demandent des nouvelles,
17:45 comme Rossmann, vous vous souvenez ?
17:47 Celui à qui il demandait, qui lui disait
17:50 "La solution pour le problème de mathématiques,
17:52 il ne l'a pas oubliée."
17:54 Et son père est en capacité de le faire entrer
17:58 au bureau des brevets d'invention de jury.
18:04 - Incroyable.
18:06 - Il accepte forcément.
18:08 - Enfin un emploi.
18:10 - Mais ça veut dire quoi ?
18:12 Qu'il se retrouve avec 12 autres fonctionnaires,
18:15 ils reçoivent les intentions des inventeurs,
18:19 on lit, alors on dit "Ah oui, c'est pas mal ça,
18:23 ça ne sera pas réalisable, c'est une belle idée,
18:26 mais pas réalisable."
18:28 Et puis éventuellement, le dossier est accepté
18:31 ou pas accepté.
18:33 Ça, ça le prend durant la journée.
18:36 Mais ça ne vous épuise pas non plus.
18:39 Ce qui lui permet de rentrer le soir,
18:42 et alors là, de retrouver les muses
18:45 d'aller dans ces brumes chercher les profondeurs,
18:49 non pas de la pensée,
18:51 mais essayer de découvrir les profondeurs de l'univers.
18:56 Il est persuadé que Newton et ses lois
18:59 ne sont pas une exactitude,
19:02 que cet univers tel qu'on nous le présente
19:05 n'est pas une réalité.
19:07 Et donc, il se place dans cette effervescence
19:12 où on attend.
19:14 On attend quoi ? On réfléchit,
19:17 on remplit des pages et des plages.
19:19 Mais comme il le dira,
19:21 on ne peut pas faire jaillir une idée.
19:24 L'idée, elle vient quand elle le décide.
19:27 En revanche, il faut lui préparer le terrain,
19:30 c'est un peu comme l'agriculteur.
19:32 Il sème, il sème, il sème,
19:34 mais il ne sait pas si ça va fleurir.
19:36 Et ça intervient quand, comme ça, ça se passe.
19:39 - J'ai l'impression qu'il y a deux Albert Einstein
19:42 à ce moment-là.
19:44 Un qui travaille pour venir aux besoins de sa famille
19:49 et un autre Albert Einstein qui est complètement ailleurs
19:53 dans la réflexion permanente qu'on venait de décrire.
19:56 - Oui, parce que le quotidien ne l'intéresse pas en tant que tel.
20:01 - Sinon, pour essayer de le comprendre.
20:04 - Les amis, quand on fait une soirée,
20:08 c'est une soirée dans la folie de la pensée.
20:12 Et ils vont créer d'ailleurs l'Académie de l'Olympie.
20:16 - Qu'est-ce que c'est ?
20:18 - L'Académie de l'Olympie ?
20:20 Le soir, on se retrouve, mais on ne fait pas bonbon.
20:23 On a un peu de saucisse, un morceau de fromage,
20:26 une abondance de café.
20:28 Il n'est pas question de se tournicoter la tête
20:31 avec des alcools ni du vin.
20:33 Non, non, non, non, non.
20:35 - Voici le petit club de l'Académie de l'Olympie.
20:38 - L'Académie de l'Olympie.
20:40 - Et alors ?
20:42 - Lorsqu'il a 24 ans, un soir, ses copains décident de le surprendre.
20:46 Et le voilà qui se lance dans une grande envolée sur Galilée.
20:51 Galilée ! On a l'impression d'être avec lui,
20:54 en train de regarder dans la lunette.
20:57 C'est magnifique.
20:59 Et au milieu des repas extrêmement convenus
21:04 que je vous ai décrivés tout à l'heure,
21:06 donc morceau de fromage, saucisse, etc.,
21:08 il glisse un pot de caviar.
21:11 Et lui, il se laisse aller.
21:12 Et hop, il tape dans le pot de caviar,
21:15 il mange le pot de caviar,
21:17 et soudain, ils éclatent tous de rire.
21:19 Alors il est vexé. Comment ça, il est avec Galilée ?
21:22 Et ils lui disent "Mais tu viens de manger du caviar !"
21:25 Mais il dit "Mais vous êtes fous !
21:27 Comment vous pouvez donner à un énorme humain comme moi
21:30 du caviar ? Ce n'est pas sérieux !
21:34 C'est du caviar de perdu !"
21:37 Et quelques temps plus tard,
21:40 ils font à nouveau des économies,
21:41 rachètent un pot de caviar,
21:45 et là, ils font jaillir Beethoven.
21:48 "On mange du caviar, on mange du caviar,
21:52 on mange du caviar !"
21:54 Et ils rient tous.
21:56 -C'est ça, la fête de l'esprit.
21:58 -C'est la petite dérive qu'ils s'accordent.
22:02 Et notre Einstein, effectivement, savoure le caviar.
22:06 Et sa conclusion, alors je l'ai notée,
22:09 parce qu'il dit "Mais il n'y a qu'un épicurien",
22:11 il cite l'un des copains,
22:13 "Solovine, pour faire autant de bruit,
22:16 pour ça !"
22:18 C'est-à-dire que bon, restons avec nos envolées
22:23 et oublions ce côté extrêmement trivial.
22:26 C'est bien de se taquiner les papilles,
22:30 mais il n'y a pas de quoi se relever la nuit.
22:32 -Il n'y a que l'esprit qui compte pour lui.
22:34 Dans la deuxième partie, on verra
22:37 comment il va connaître le succès.
22:39 On verra comment son acharnement finira par payer.
22:42 Il va révolutionner le monde.
22:44 On verra son pacifisme, sa vie privée, son prix Nobel.
22:47 Et puis une petite phrase,
22:49 c'est le devoir de chaque homme de rendre au monde
22:52 au moins autant qu'il en a reçu.
22:54 A tout de suite.
22:56 Retour sur le grand destin d'Albert Einstein
22:59 dans cette deuxième partie.
23:01 On verra comment il connaîtra le succès,
23:03 comment son acharnement finira par payer,
23:06 comment il gagnera le prix Nobel, son pacifisme, sa vie privée.
23:09 On verra comment il se bat aussi pour des causes
23:12 que très peu de personnes connaissent,
23:14 mais tout d'abord, une vie de fonctionnaire.
23:17 "N'essayez pas de devenir un homme qui a du succès,
23:25 "essayez de devenir un homme qui a de la valeur."
23:28 Voilà une phrase d'Albert Einstein.
23:30 Est-ce que c'était à ce moment-là son état d'esprit ?
23:33 -C'est toujours son état d'esprit.
23:35 -Cet homme embrase la vie dans ce qu'elle peut offrir d'excellence.
23:39 Et pour ce faire, c'est l'investissement
23:42 que l'on place dans son quotidien qui vous récompense.
23:45 Par exemple, il se moque de la richesse,
23:48 la fortune, il la méprise.
23:50 Tout ce qui est signe de valeur pour les autres
23:54 n'a pour lui aucune importance.
23:57 -C'est ce que vous venez de nous raconter.
23:59 Il vient de retrouver un emploi.
24:01 L'anecdote du caviar que vous avez expliquée,
24:04 c'est qu'il est toujours dans une effervescence de l'esprit.
24:07 -Quand il n'est pas avec les amis à l'académie d'Olympie,
24:11 il se convoque le soir.
24:13 Parce que ce qui l'obsède, c'est de comprendre
24:17 ce que les hommes, jusqu'à présent, n'ont pas débusqué.
24:21 Le secret de l'univers, la pensée de Dieu.
24:26 C'est extraordinaire parce que cet homme vénère,
24:30 je dirais Spinoza,
24:33 juif comme lui,
24:35 Spinoza qui a mis de côté Dieu,
24:39 non pas en tant que force créatrice,
24:42 mais en tant que force adulée.
24:44 Et lui, c'est pareil.
24:46 Ils sont certains qu'il y a une force transcendante qui est Dieu,
24:50 qui a sans doute créé l'univers.
24:52 C'est pour ça qu'on ne comprendra jamais tout.
24:54 Mais en revanche, que cette force transcendante
24:59 ne nous assigne pas à une idolâtrie au quotidien.
25:04 Et alors le soir, il est là, il prend son violon.
25:07 Ça aide, je vous l'ai dit.
25:09 Avec le violon, soudain, l'esprit s'emporte
25:13 et il attend que quelque chose vienne.
25:17 Et depuis quelque temps,
25:19 il a la sensation d'une sorte d'impuissance.
25:24 Vous savez, tout créateur, plus ou moins grand,
25:27 connaît ces instants où il est raviné
25:31 par cette sensation que son existence,
25:35 dans laquelle il s'investit autant
25:37 pour faire émerger un élément improbable,
25:43 eh bien, ça ne vient pas.
25:45 Et là, vous avez le désespoir qui vous saisit,
25:51 qui vous ronge.
25:53 Et là, il est dans cet épuisement mental.
25:56 - De 1902 à 1905, à peu près. - Oui, oui.
25:58 Et là, on est en 1905.
26:00 Et il joue le violon le soir, désespéré.
26:05 Et il se couche.
26:08 Et au matin, il jaillit.
26:11 Il dit, il y a eu un orage.
26:13 La pensée de Dieu m'est arrivée, une vision incroyable.
26:17 Il a trouvé E=mc2.
26:21 C'est quoi E=mc2 ?
26:23 Oh, c'est simple.
26:25 Prenez un petit point
26:29 extrêmement microscopique de matière.
26:33 Eh bien, ce point de matière, pour lui,
26:36 n'est en réalité que l'accumulation
26:39 d'une énergie potentielle.
26:42 Et que cette énergie potentielle
26:45 serait théoriquement libérée
26:48 si elle était multipliée
26:50 par la vitesse de la lumière au carré.
26:53 Donc E, l'énergie, égale la masse,
26:56 le petit point microscopique
26:59 qui éclaterait, multiplié par cette lumière au carré.
27:02 C'est le secret de la force nucléaire.
27:04 - La théorie de la relativité. - La théorie de la relativité.
27:07 - Nous sommes en 1905, révélation exceptionnelle.
27:10 - Alors, là, il s'enferme pendant 11 jours.
27:14 11 jours. Et il rédige 31 pages.
27:17 C'est toute sa théorie.
27:20 Et hop, il envoie ça à un journal,
27:23 une revue scientifique,
27:25 un haleine d'air physique.
27:28 Et comme toujours, vous savez,
27:30 c'est le sportif qui vient de réaliser un exploit.
27:33 Là, il n'en peut plus. Il a l'euphorie.
27:36 La crainte aussi que son article
27:39 ne soit pas retenu.
27:42 Et puis, ben voilà, il dort.
27:45 Il se repose jusqu'au jour où il apprend
27:48 qu'effectivement, le papier a été publié.
27:51 On pourrait se dire "mais c'est formidable, ça va changer son existence".
27:54 Eh bien, pas du tout.
27:56 Quelques-uns trouvent l'idée intéressante,
27:59 d'autres le raillent en disant "on n'y comprend rien,
28:02 ça ne veut strictement rien dire".
28:04 Voilà, qui le comprend ?
28:06 Et surtout, il est toujours au bureau des brevets.
28:09 Il n'est toujours pas professeur.
28:11 Alors, il renvoie la nouvelle candidature à Berne.
28:15 Et enfin, enfin, ce n'est pas grâce à l'article,
28:19 sans doute, mais il connaît cette consécration
28:23 de pouvoir paraître devant des élèves.
28:26 "Oh, mais c'est une sorte de professeur stasière,
28:28 il n'a pas encore vraiment le statut, le premier cours".
28:31 Il le donne à 7h le matin, l'auditoire, 4 étudiants.
28:36 En revanche, c'est tellement brillant...
28:39 - C'était où, ça ? - À Berne.
28:42 Et il est tellement exceptionnel,
28:45 il est captive les uns et les autres,
28:47 que la rumeur le remplira,
28:51 quelque temps plus tard, l'amphithéâtre.
28:53 Ils veulent tous être à côté du professeur,
28:56 et pourtant, quand on le voit,
28:58 je vous l'ai dit en amorce de l'émission,
29:00 les pantalons trop courts, il n'y a pas de cravate,
29:04 le par-dessus est à moitié élimé.
29:07 Mais alors, c'est facétieux, c'est brillant.
29:10 Et lorsque le cours se prolonge,
29:14 il dit "Mes amis, qui vient avec moi au café ?"
29:19 Et là, les uns et les autres se bousculent,
29:23 on veut partager ces instants de grâce avec le professeur.
29:29 Il entraîne d'autres encore chez lui
29:31 pour aller plus loin dans la réflexion.
29:33 Voilà ce Keynestan.
29:35 Et quand il se présente à ses cours,
29:37 là encore, ça ne fait pas sérieux,
29:39 le professeur vient avec des cahiers bien rangés,
29:42 lui, il a un petit billet à moitié déchiré,
29:46 les grandes lignes dessus,
29:48 et il se laisse porter par l'inspiration.
29:50 Voilà Albert Einstein, grand professeur,
29:53 qui grise ses élèves par sa matière grise.
29:56 -Formidable, une façon de penser si originale,
30:00 pas du tout formatée.
30:02 Mais c'est un homme aussi qui a une vie,
30:04 une vie en dehors de tout.
30:06 On regarde Albert Einstein et les sentiments.
30:08 ...
30:13 -Bien qu'absorbé par les pensées,
30:16 Einstein n'est pas resté insensible,
30:18 vous en avez parlé tout à l'heure,
30:20 dès sa première année d'étudiant,
30:22 il avait rencontré Milleva.
30:24 Parlez-nous de sa vie privée.
30:26 Est-elle de côté ?
30:28 Prend-elle beaucoup de place dans sa vie ?
30:30 -Oui. Il est très sensible aux charmes féminins.
30:34 Il n'écoutera pas sa maman,
30:37 il n'ira pas convoler avec Milleva.
30:40 Et quand elle se sent enceinte,
30:43 elle décide de regagner la Hongrie
30:46 pour mettre au monde le petit.
30:49 En l'occurrence, ce sera une petite.
30:52 Et on a une seule lettre d'Einstein,
30:55 ayant appris la nouvelle,
30:57 qui répond à sa femme
30:59 et lui communique la joie immense qu'est la sienne.
31:03 Mais la petite disparaîtra à tout jamais
31:06 des archives.
31:08 Une jeune femme se réapparaîtra
31:10 après la guerre de 40
31:12 en disant qu'elle est la fille d'Einstein.
31:15 Il fera mener une enquête
31:17 pour savoir si c'est bien elle ou pas.
31:20 Donc il semblerait qu'ensemble,
31:22 dans la situation difficile
31:24 que nous évoquions tout à l'heure,
31:26 il y ait eu tel Rousseau
31:28 l'indécence d'abandonner l'enfant.
31:30 -Mais aucune preuve. -Il n'y a aucune preuve.
31:33 Après, il y aura Hans Albert.
31:35 Hans Albert !
31:37 Et beaucoup plus tard,
31:39 il y aura aussi son frère Edouard.
31:42 Il dit "mes fils".
31:44 -Oh, la belle famille. -Mes fils.
31:47 Alors Hans Albert, c'est le plus grand.
31:50 Maman Mileva au milieu
31:52 et le petit Edouard derrière.
31:54 Au départ, quand il n'a que Hans Albert
31:57 à s'occuper,
31:59 que fait-il ?
32:01 Eh bien, on le voit
32:03 avec le berceau dans la rue.
32:05 De temps en temps, il s'arrête,
32:07 fouille sous les couvertures,
32:09 sort le carnet.
32:11 Une idée vient de jaillir.
32:13 Rires
32:15 Par ailleurs, il se met à lire
32:18 sur un banc public.
32:20 On voit le pied comme ça.
32:22 -Je vous en prie. -Ha !
32:24 Pour que le berceau fasse dormir le petit bonhomme.
32:27 -Oh ! -Oui !
32:29 Et quand il grandit, le soir,
32:31 il fabrique des petits jouets.
32:33 Il l'initie aux mathématiques,
32:35 au piano.
32:37 Et de la même façon,
32:39 il interagira avec son petit Edouard.
32:42 C'est-à-dire que c'est le père idéal à une époque
32:45 où c'est invraisemblable.
32:47 Le père, théoriquement, c'est la rigueur, l'autorité.
32:50 Lui, l'autorité, il ne supporte pas.
32:52 On l'a bien vu. Au quotidien,
32:54 ce qui compte, c'est l'amusement, la facétie.
32:57 Et surtout, eh bien, comment être
33:00 le gaieté.
33:02 Hans Albert sera ingénieur.
33:06 C'est un garçon qui sera très, très brillant.
33:09 Il lui a donné le goût des mathématiques.
33:12 Edouard, ça sera plus compliqué
33:14 parce qu'il finira par se séparer d'avec sa maman.
33:17 Il en souffrira énormément.
33:19 Et puis, aussi,
33:21 il tombera dans une sorte de folie,
33:24 sera schizophrène et aliéné
33:27 après avoir suivi des études de médecine.
33:30 C'est étonnant.
33:32 -Le petit dernier. -Le petit dernier.
33:34 Mais lors de ses voyages,
33:36 avec Miléva, ça ne va pas toujours très bien.
33:39 Elle est compliquée. Elle n'a pas bon caractère.
33:42 On a l'impression qu'elle s'est écrite...
33:44 -Mais non plus. -C'est pas ça.
33:46 Lui, comme disait sa mère, tu te maries avec un livre.
33:49 Il attendait une connivence intellectuelle.
33:51 Malheureusement, elle n'a pas réussi à entrer à l'école polytechnique
33:55 et à réussir le concours.
33:57 Et à la fin, elle s'est détournée.
34:00 Dès mathématiques.
34:02 Il y a un trop grand décalage entre eux.
34:05 Lors d'un de ses voyages à Berlin,
34:07 il retrouve l'une de ses cousines, Elsa.
34:10 Elle est magnifique.
34:12 Il lui écrit tout de suite après.
34:14 "C'est le coup de foudre. Je ne peux plus me passer toi,
34:17 "la deux petites filles."
34:19 -Il a l'air heureux, avec Elsa. -Avec Elsa.
34:22 Le divorce, il le souhaitera pendant des années.
34:27 Emile Eva ne veut surtout pas.
34:30 Pour autant, ils ne vivent plus ensemble.
34:32 Ces garçons sont loin.
34:35 Il les voit pendant les vacances.
34:37 C'est amusant, d'ailleurs, de voir comment ils se comportent
34:40 pendant les vacances.
34:42 Quand ces garçons viennent, ou quand il est avec les deux filles,
34:45 d'Elsa et Elsa, il aime les grandes randonnées.
34:48 Il aime l'alpinisme.
34:50 On le voit même en 1910,
34:52 au lac de Kôm,
34:55 comme, je dirais, complice de ses loisirs, Marie Curie.
35:00 Marie Curie, qui est venue avec ses deux petites filles
35:03 et il l'emmène sur son voilier.
35:05 Il adore être sur un voilier.
35:07 Il ne sait même pas nager.
35:09 Marie Curie dit "Je ne sais pas nager."
35:12 Il dit "Moi non plus, je ne sais pas nager."
35:15 "Vous êtes un fun navigateur."
35:17 "Je sais." Il se laisse aller à l'improvisation.
35:20 -Ils en profitent de la vie. -Oui.
35:22 Et à ces instants-là, c'est un véritable gamin.
35:26 Il est capable, par exemple, de chercher le bon vent
35:29 pour faire mine, d'aborder un autre bateau en corsaire.
35:33 Et puis, au dernier instant, il se détourne.
35:36 Il fait peur à ses amis,
35:38 mais en revanche, il enchante les enfants
35:41 et se grise lui-même de sa folie.
35:43 -Quand l'histoire convoque son desteur,
35:46 on va le voir dans un instant,
35:48 puisque Albert Einstein n'hésitera jamais
35:51 à se battre pour les plus belles idées.
35:53 C'est une petite part de sa vie que l'on connaît moins.
35:56 Il s'est également distingué, je le disais,
36:03 pour son engagement en faveur des libertés fondamentales,
36:06 du pacifisme, mon cher Marc. Dans quelles circonstances ?
36:09 -Il y a avant la guerre de 14, très tôt,
36:12 il a compris que sa condition de juif
36:15 en faisait un peu un être au banc de la société.
36:18 Il voit toutes les misères
36:21 et les injustices dont souffre ce peuple de l'exil.
36:25 Et il comprend que les vérités de certains,
36:30 de créer un État juif,
36:33 seraient sans doute la meilleure façon
36:36 d'offrir enfin la sérénité à ces gens
36:40 depuis si longtemps en errance, le juif errant.
36:44 Et il militera pour cela, se rapproche de Weizmann,
36:50 le premier président d'Israël.
36:52 Et comme Weizmann, d'ailleurs,
36:54 ce qu'il souhaite, c'est une terre d'accueil.
36:57 Mais lui, le pacifiste, ne rêve pas d'un État juif en tant que tel.
37:02 Il dit mais si l'on a un État juif,
37:05 sans tenir compte de ceux qui sont aujourd'hui sur place là-bas,
37:09 les Arabes, eh bien, on va provoquer le pire.
37:13 C'est incroyable, c'est un visionnaire, en l'occurrence.
37:18 Il envisage même une sorte de terre
37:20 qui serait une terre sans un gouvernement officiel,
37:25 mais sous le joug de l'ONU.
37:28 Quelque chose, vous voyez, une sorte de lieu
37:32 où les hommes pourraient exister,
37:35 en fonction de leur appartenance,
37:38 dans le respect le plus absolu.
37:41 Et ça, il se battra, il se battra jusqu'au bout
37:46 pour que les Juifs puissent avoir cette terre d'exil.
37:50 Mais il y a également la guerre de 1914.
37:53 C'est un pacifique.
37:55 Il dit que les Allemands sont des barbares.
37:58 Il voit les attitudes qui sont les leurs.
38:01 C'est intolérable.
38:03 Il rencontre Romain Roland, le futur prix Nobel de littérature.
38:07 Le français Romain Roland, lui aussi pacifiste.
38:10 Et malheureusement, il a cet écho de tout ce qui se passe.
38:15 Il s'en va à l'intérieur.
38:16 Et pourtant, il va plus loin dans ses recherches.
38:20 C'est une façon aussi d'oublier ce quotidien sinistre,
38:24 ce quotidien immonde,
38:26 ce quotidien où l'homme se dégrade,
38:29 où l'horreur brise les uns et les autres.
38:33 Et en 1915, encore là,
38:37 dans une épreuve presque de dépression,
38:42 il a l'impression qu'il n'arrivera jamais au bout.
38:44 C'est bien E=mc2, mais il manque quelque chose.
38:47 C'est la relativité très restreinte.
38:50 Et soudain, là encore, la vision qui lui vient.
38:53 Et c'est la relativité générale.
38:56 Les équations vont jaillir.
38:59 Il n'y en aura plus que 14. Elles sont là.
39:02 Je ne peux pas vous les résumer,
39:04 parce qu'elles ne sont pas aussi rikiki que E=mc2.
39:07 Et je ne serais pas capable de vous les expliquer.
39:11 Et c'est ça, le grand drame.
39:12 C'est que presque personne ne le comprendra.
39:15 Alors, quelques-uns de ses amis prêchent pour qu'il ait le Nobel.
39:19 On ne cesse de le refuser.
39:21 12 fois, il sera éconduit.
39:24 Et quand en 1919, en 1921, il l'obtiendra enfin,
39:29 ce n'est pas du tout pour cette merveilleuse théorie
39:34 de la relativité générale.
39:37 -Et on va voir dans quelles circonstances
39:40 se tient ce prix Nobel.
39:42 Vous l'avez dit, prix Nobel tant attendu,
39:50 ça me fait penser un peu à Marie Curie,
39:53 qu'on a déjà évoqué.
39:55 On ne comprend pas ce paradoxe
39:57 entre cette effervescence de l'esprit,
40:00 cette puissance intellectuelle,
40:02 et le paradoxe avec ces prix Nobel tardifs.
40:05 -Il faut bien comprendre.
40:07 C'est le drame de la connaissance.
40:10 Il crée des institutions pour distinguer
40:13 des personnages sortant de l'ordinaire.
40:16 Mais sauf que ceux qui décernent les prix,
40:20 ils sont imprégnés des théories dominantes.
40:24 Et quand vous venez tout bousculer,
40:26 vous leur dites "mais en réalité,
40:28 "ce qui vous a permis d'être révéré,
40:31 "d'être à cette place où vous désignez ceux
40:35 "qui sont l'avenir ou qui ouvrent la science",
40:38 ils ne comprennent pas.
40:40 Parce que ce sont leurs propres savoirs
40:44 qui sont remis en cause.
40:46 Et celles ne peuvent pas le tolérer.
40:48 -Je comprends bien.
40:50 En 1921, c'est un prix Nobel de physique.
40:53 -Oui, c'est un prix Nobel de physique
40:55 sur le photoélectrique.
40:57 Ça n'a rien à voir avec sa théorie.
41:00 Et pour autant, le personnage qu'il est
41:03 va le propulser à la une du monde entier.
41:06 Parce que sa théorie, au-delà de ce prix Nobel,
41:09 les uns et les autres en parlent.
41:11 Alors il y a ceux qui disent "c'est incroyable,
41:14 "parce que l'univers n'est donc pas tel qu'on l'a cru".
41:17 Et lui-même était tellement dérangé par sa théorie,
41:21 c'est-à-dire que depuis toujours, on dit
41:23 "le monde existe, le monde est fixe,
41:26 "il y a les terres".
41:28 Eh bien, il balaie les terres, il n'y a plus d'éther.
41:30 Et là où l'univers était fixe,
41:32 eh bien c'est un univers qui part de rien
41:34 et qui ne cesse de s'émanciper.
41:37 Alors ça, il ne peut pas l'admettre.
41:39 Il crée une constante pour bloquer l'univers.
41:42 Il arrête l'univers.
41:44 Vous voyez ?
41:45 Pour essayer de se placer dans les théories dominantes.
41:50 Mais le plus grave, c'est qu'il est insulté,
41:53 menacé de mort.
41:55 Vous connaissez bien ça, vous.
41:57 Simplement parce qu'il se laisse aller
42:00 à ce que certains estiment
42:03 une extravagance de l'esprit.
42:06 On le menace de mort pour ça.
42:08 Sa tête est mise à mort.
42:10 Et d'autant plus que, qui plus est, il est juif.
42:13 Et on a le nazisme qui est en train de naître.
42:16 Et dans ce contexte-là,
42:18 vous avez les pires salopards
42:20 qui ne peuvent pas admettre
42:22 qu'un juif soit en train de bouleverser
42:25 la pensée de l'humanité.
42:28 Et dans "Les Contacts" qui sont les siens,
42:32 il devient le personnage le plus populaire qui soit.
42:36 Il y a les grands qui se l'arrachent.
42:38 Ils rencontrent Churchill,
42:40 ils rencontrent Freud,
42:42 ils rencontrera Roosevelt.
42:44 Roosevelt qui l'accueillera,
42:46 avec lequel ils évoqueront les voiliers.
42:49 Ils ont la même passion.
42:51 Avec Churchill, vous voyez ?
42:53 Churchill qui sait aussi, lui,
42:56 rompre avec les tenues
43:00 les plus officielles.
43:02 Et là, c'est la partie où il est dans le désert,
43:05 si je puis dire, dans son jardin,
43:07 avant de revenir au Quivoir.
43:09 - Il rencontre les plus grands.
43:11 Vous m'avez parlé de nazisme.
43:13 Il y a aussi un moment important,
43:15 la bombe atomique.
43:17 - Juste avant la bombe atomique,
43:19 tout le monde se précipite à son domicile.
43:22 On essaie de se dire...
43:24 "Vous pouvez pas déranger le professeur comme ça."
43:27 - Il est la star du moment.
43:29 - Plus que la star du moment.
43:31 On vient toquer les professeurs
43:34 les élèves, les étudiants.
43:36 "Il faut voir le professeur."
43:38 Alors, il a trouvé une astuce.
43:40 On a Hélène, sa secrétaire,
43:43 qui sélectionne ceux qui entrent.
43:47 Et alors, quand il finit par admettre
43:51 qu'il accueille celui qui est venu tainter à la porte,
43:55 la personne s'installe.
43:57 Et au bout de quelques minutes,
44:00 on voit la servante, c'est pas la secrétaire,
44:03 qui porte un bol de soupe
44:06 et qui le porte devant lui.
44:08 Alors, ça étonne.
44:10 Certains disent...
44:12 Et s'il pousse le bol,
44:14 ça signifie qu'il est bien avec son interlocuteur
44:17 et que la conversation doit se poursuivre,
44:20 qu'il ne faut surtout pas le déranger.
44:22 S'il reste en place,
44:24 il faut vite que la servante revienne en dire
44:27 "Monsieur le professeur est maintenant occupé,
44:30 il a un autre rendez-vous."
44:32 -Oui, effectivement, cette partie publique et privée,
44:35 on sent quand même la difficulté du personnage
44:38 avec cette vie publique.
44:40 La bombe atomique.
44:42 -Il a compris, le nazisme, il est l'un des premiers à dire
44:46 "Le monde est en péril, on ne l'écoute pas spécialement."
44:50 Il en parle à Roosevelt quand il le rencontre,
44:53 mais surtout, il apprend que les Allemands,
44:56 peut-être, sont déjà capables de créer la bombe atomique.
45:00 Le Pacifique écrit, avec d'autres scientifiques,
45:04 il signe un appel à Roosevelt
45:06 pour créer une cellule de recherche,
45:09 qui s'appellera Manhattan,
45:11 pour enfin essayer de contrer le péril nazi
45:14 et d'être capable de répliquer à cette menace
45:18 avant qu'il ne soit trop tard.
45:20 Malheureusement, il apprendra Hiroshima,
45:23 il apprendra Nagasaki
45:25 et à tout jamais se sentira coupable.
45:28 Il faut dire aussi qu'à un moment donné,
45:31 il avait pensé participer à la création de l'horreur
45:34 et quand il voit, après la guerre,
45:36 que les Etats se multiplient dans la recherche nucléaire,
45:41 il cherche à s'y opposer, il dit "On ne peut pas laisser cela."
45:45 Et notre Einstein,
45:48 lorsqu'il s'aperçoit qu'il ne peut rien contre cela,
45:53 malheureusement, il considère
45:56 que c'est peut-être la plus grande faute de sa vie
46:00 et néanmoins, il se rend bien compte
46:02 qu'on ne pouvait pas faire autrement.
46:04 -Jamais un scientifique n'a eu une telle gloire
46:08 et pourtant, il n'est pas que vénéré,
46:11 il est aussi détesté.
46:13 La dernière page de sa vie, il est détesté.
46:20 -Oui, juif, l'Etat d'Israël s'est créé.
46:23 Ce qui est formidable dans les dernières visites,
46:26 qui lui sont rendues, il y a l'ambassadeur d'Israël
46:29 et il lui dit "Ce serait bien que je fasse un discours pour Israël,
46:33 un discours qui passera à la radio.
46:35 Vous croyez qu'on m'écoutera ?"
46:37 "Mais professeur, vous êtes le professeur Einstein."
46:39 "Bien sûr." Alors il dit "Je vais écrire ce discours."
46:42 Voilà ce qui nourrit ce rejet du personnage.
46:47 Et parmi les dernières visites, il y en a une autre.
46:50 C'est un professeur d'histoire des sciences
46:54 qui lui demande "Dites-moi, professeur,
46:56 qu'est-ce qui se passe pour être un cerveau aussi brillant ?"
47:01 Et là, il le coupe et lui dit "Vous savez,
47:03 des cerveaux brillants, c'est rien dans la recherche.
47:06 Si ce n'était pas moi qui l'avais trouvé, cette théorie,
47:10 d'autres y seraient parvenus.
47:12 C'est l'évolution de la pensée."
47:14 "Mais Beethoven, la symphonie héroïque,
47:17 il n'y en a qu'un, il n'y a qu'une symphonie héroïque."
47:21 Voilà le véritable génie.
47:23 Vous vous rendez compte ?
47:24 - Quelle humilité.
47:25 - L'humilité.
47:26 - Il meurt à 76 ans et vous parliez de son cerveau.
47:30 - Oui, simplement savoir qu'au dernier moment,
47:33 on envisage une opération, il dit "On ne prolonge pas la vie."
47:38 Je t'aime le dire parce que ça fait écho
47:40 à ce que nous connaissons aujourd'hui comme réflexion philosophique.
47:44 Il s'éteint dans un dernier souffle avec quelques mots d'allemand
47:49 et son fils sera à son côté.
47:50 Son cerveau se précipite,
47:52 il veut que son corps soit au crématoire, incinéré,
47:56 et son cerveau, on se l'arrache.
47:59 Et on a gardé ce qui reste dans un bocal de cidre
48:04 qui se trouve dans une université au Kansas.
48:08 Et son violon, il l'a laissé à son unique petit-fils.
48:12 - Quelle belle épopée que cette vie d'Albert Einstein.
48:17 Ce qu'il faut retenir, un génie caché derrière un sourire de bonnet.
48:20 Le violon, son inséparable ami,
48:22 une obsession, percer la pensée de Dieu.
48:25 Pacifique, il souhaite pourtant la bombe nucléaire
48:28 pour sauver le monde des nazis.
48:30 Et pour lui, l'homme restera toujours ignorant
48:33 devant le secret de l'univers. Un livre.
48:36 - Le livre, c'est cette biographie que j'ai dévorée.
48:40 Le génie, l'homme, c'est d'un auteur américain.
48:46 - Formidable.
48:47 Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal,
48:51 mais par ceux qui les regardent sans rien faire.
48:54 Ainsi va la vie d'Albert Einstein.
48:57 Merci de nous avoir suivis.

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