Christine Kelly et Marc Menant reviennent sur les personnages célèbres qui ont fait l’histoire dans #LesGrandsDestins
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00:00 Bonjour à tous, ravie de vous retrouver pour cette émission "Les grands destins".
00:06 Vous le savez, l'émission qui revient sur ceux qui ont fait l'histoire.
00:11 Aujourd'hui, "Le grand destin" avec Marc de Léonard de Vinci, célèbre pour la joconde,
00:16 la scène, Saint Jean le Baptiste, l'homme de Vitruve.
00:20 Léonard de Vinci, le peintre, l'inventeur, le scientifique, le musicien,
00:24 qui incarne le génie de la Renaissance.
00:27 Et c'est ce que nous allons voir aujourd'hui.
00:29 Bonjour Marc.
00:30 Pourquoi avez-vous choisi Léonard de Vinci ?
00:33 Alors vous dites qu'il incarne le génie de la Renaissance.
00:36 Moi j'irais plus loin.
00:37 Il incarne l'ange qui viendrait sur Terre, c'est-à-dire la beauté absolue, la pétillance,
00:45 la joie, la gaieté et une âme rayonnante.
00:50 Ce garçon-là, quand on a son existence couchée dans un livre, on ne peut plus détacher
00:59 l'œil de chaque exposition qui nous est proposée.
01:03 C'est merveilleux, c'est l'homme de tous les défis et en humanité d'ailleurs,
01:09 c'est le grand humaniste.
01:11 Alors on va essayer de planter le décor, comme à chaque fois, avec une anecdote pour
01:16 mieux le comprendre.
01:17 C'est parti !
01:18 Une image, une histoire avant de commencer pour bien comprendre qui était-il, quel est
01:28 son profil ? Une petite anecdote.
01:30 63 ans, un grand bonhomme, certes il commence à se voûter légèrement, 1m95 vous vous
01:38 rendez compte ? La barbe qu'il a, les cheveux.
01:41 Et il faut partir.
01:44 Quitter la Toscane, quitter les Médicis, ah m'armonnent-ils de temps à autre.
01:51 Je leur dois tout.
01:53 Mais d'un autre côté, ils ne m'ont rien donné.
01:56 Ils pestent contre le destin et pour autant, ils croient en son avenir.
02:01 Enfin, un mécène, pas n'importe lequel.
02:05 Le roi de France, il l'a rencontré quelque temps auparavant à Bologne.
02:10 Il a une escorte qui a été déléguée des soldats par ce roi de France qui a décidé
02:17 de l'accueillir à côté d'Amboise.
02:20 Et on part avec deux complices, le petit diable, Salai, des années qu'il est à ses côtés.
02:27 Il a grossi maintenant, qu'il était beau.
02:29 Il y a Melci aussi, le nouveau, beaucoup plus jeune, d'une intelligence rare.
02:36 Et puis, trois chefs-d'œuvre.
02:39 Il ne les considère pas comme ça car chez lui, il y a toujours l'obsession de la perfection.
02:48 Et tout ce qu'il aborde, il part du principe qu'il n'a pas donné cette touche divine.
02:54 Il manque un petit quelque chose.
02:55 Quoi ? Nous avons la Joconde, qu'il emmène avec lui, la Sainte Anne et le Jean-Baptiste.
03:04 Et hop, on met ça dans des chiffons qu'on glisse ensuite dans des sacoches de cuir et
03:11 on accroche ça aux mules.
03:12 Et oui, on va partir avec des mules, traverser les Alpes.
03:15 On est au moment où les neiges commencent à fondre.
03:19 Le chemin sera long.
03:22 Il n'y a pas véritablement de centre bien établi.
03:26 Et les mules, heureusement, elles ont le sabot sûr.
03:31 Les précipices qui de temps en temps vous narguent et on se déhanche, on se raccroche
03:37 comme on peut, la tête sur le bas dans le colure pour faire en sorte que le poids ne
03:43 renverse pas l'animal.
03:45 Et puis des vues exceptionnelles.
03:47 Et à un instant, devant lui, en majesté, le Mont-Blanc.
03:53 Et à chaque pause, il sort son petit carnet.
03:56 Les petits carnets ne l'ont jamais quitté.
03:59 Et il est là, comme si c'était un appareil photo.
04:03 Plus ce qu'il ressent.
04:05 Des jours et des jours le soir, on couche où ? Et bien dans les monastères, quand
04:11 on en trouve un.
04:12 Les moines vous accueillent.
04:14 Et c'est une vie frugale.
04:16 Oh, c'est pas important pour lui.
04:19 Il est végétarien.
04:20 Abstem, c'est-à-dire qu'il ne boit jamais une goutte d'alcool.
04:25 Et le long chemin avec des traversées de fleuves de temps à autre, le conduit au
04:32 roi François Ier, juste à côté d'Amboise, au château du Clon-Lys.
04:38 Excellente image et anecdote pour raconter et planter un peu le décor.
04:45 Qui était cet homme ? Ce Léonard de Vinci que vous avez commencé à si bien décrire.
04:50 On va commencer à plonger dans son enfance.
04:53 On a intitulé cette virgule l'incarnation de Nange, mais l'amour n'est pas toujours
05:10 présentable.
05:11 Eh oui, c'est une belle romance avec ses petites notes.
05:15 On a le cœur qui se sent taquiné.
05:18 Et c'est ce qui est arrivé à Pierrot, 25 ans.
05:22 Il a rencontré une jeune orpheline, une pauvrette, une fille de rien.
05:28 Elle vit dans la ferme.
05:29 Mais le cœur s'est emballé.
05:32 On ne résiste pas.
05:33 On a beau être fils de notaire, notaire soi-même.
05:36 Les émoi doivent vous submerger et on se laisse aller.
05:42 On ne connaît pas le lieu.
05:43 Peut-être était-ce simplement une botte de foie, mais toujours est-il.
05:47 L'amour est là en incandescence.
05:49 Et quelques mois plus tard apparaît Léonard.
05:53 14 avril 1452.
05:54 Ben oui, il est beau.
05:55 Elle est belle.
05:56 Mais elle ne peut pas rester au foyer.
06:02 C'est inadmissible.
06:04 La différence est trop grande.
06:06 On la mariera avec le bagarreur.
06:09 Oh, un personnage.
06:10 Il a une situation de fermier.
06:14 La moindre contrariété, il sort les points.
06:17 Mais on se dit que quand même, il assurera une matérialité.
06:22 Elle ne connaîtra pas la misère.
06:24 C'est important.
06:25 Et puis le petit Léonard, on le garde, dit par un.
06:28 C'est pour reconnaître que cet enfant, même si on le sépare de sa maman, même
06:34 si on ne le légitimera jamais.
06:36 À cinq ans.
06:37 Voilà.
06:38 Même si on ne le légitimera jamais, c'est un enfant désiré.
06:43 C'est le fruit de l'amour.
06:45 Alors vous dites à cinq ans.
06:48 Alors forcément, le père ne peut pas l'avoir à ses côtés.
06:53 Mais c'est le grand-père qui s'en occupe et l'oncle.
06:55 Dans la petite maison à Vinci.
06:58 C'est formidable.
06:59 La nature, elle est là.
07:01 Dans toute son effervescence, dans toutes ses merveilles.
07:04 Et le grand-père qui l'encourage.
07:08 "Polonchio, Polonchio, Polonchio".
07:11 Ça veut dire "ouvre les yeux, ouvre les yeux".
07:14 "Oh, ça il les ouvre".
07:15 Il les écarquille, il remarque la moindre fantaisie de feuille, l'oiseau qui s'envole.
07:23 Et très vite, il aura ses petits crayons pour déjà griffonner et mémoriser ses instants
07:32 magiques et des interrogations.
07:34 Comment peut-on avoir une telle harmonie ? C'est beau à entendre la nature.
07:39 Et on a l'impression que c'est une symphonie qui s'orchestre.
07:43 Voilà notre gamin.
07:45 Mais les années passent et maintenant, le père décide néanmoins de l'accueillir
07:51 en son foyer alors qu'il est avec une jeune épouse.
07:54 Et celle-ci se montrera très rapidement stérile.
07:57 Et par transfert, elle adopte notre petit Léonard.
08:01 Il faut dire, vous avez raison, ne jamais oublier qu'il est l'incarnation de la
08:06 beauté, de la douceur.
08:08 Et de l'humour, la vivacité.
08:11 Alors, elle sentit-je de lui ? Le destin est parfois très vachard.
08:16 Deux ans après, il disparaîtra.
08:18 Et néanmoins, on l'a inscrit à l'école.
08:20 Ah oui, mais comme c'est un enfant illégitime, il n'est pas question qu'il aille là
08:26 où les petits de l'aristocratie se convient pour connaître l'effervescence et la connaissance
08:34 avec le latin, le grec.
08:35 Il ne pouvait pas être notaire comme son père ?
08:38 Mais non.
08:39 Justement parce qu'il était bâtard ?
08:40 Voilà.
08:41 Il ne peut pas aller dans ces écoles qui conduisent à l'université néanmoins.
08:45 Il y a une sorte d'école communale d'aujourd'hui.
08:47 Là, on lui donne la base, l'orthographe, un peu d'arithmétique, de mathématiques.
08:54 Côté orthographe, l'un de ses professeurs notera, c'est un véritable chaos.
08:58 Comme quoi le génie, vous voyez, parfois a quelques lacunes.
09:02 En revanche, il a gardé cette habitude des dessins.
09:06 Et un jour, son père, lorsqu'il rentre de l'école, le voit sur sa table, dans sa
09:14 chambre, il s'émerveille, il dit "donne-moi ça".
09:17 Bon, c'est pas du tout pour le punir.
09:19 Il a décidé de présenter ce qu'il voit pour lui comme de véritables œuvres déjà
09:26 acquises.
09:27 Et bien, à Maître de Verrocchio, il a un splendide atelier.
09:33 C'est pas uniquement un peintre, il a la foi hors fèvre, il fait des mathématiques,
09:40 il fait de la forge.
09:41 Tout ce qui est créativité humaine se déroule dans son atelier.
09:46 Il y en a du monde.
09:48 Il y a des apprentis, il y a des ouvriers qualifiés, les peintres, et puis lui, qui
09:53 est véritablement dans la révérence de la réalisation picturale.
09:59 L'un de ses mécènes le plus flamboyant, Laurent le Magnifique, l'homme qui a Florence,
10:08 détient le pouvoir avec son frère Julien.
10:11 Et ces gens-là sont entichés des arts, de tout ce qui est la connaissance.
10:15 Ils veulent que cette ville resplendisse.
10:17 C'est ce que l'on appelle la renaissance.
10:19 On pourrait presque dire la naissance.
10:22 Et notre Verrocchio confie aux gamins toutes les tâches les plus viles.
10:29 Il faut à la fois préparer les peintures, il faut nettoyer les pinceaux.
10:34 Mais il y a une sorte d'interaction entre les uns et les autres.
10:40 Donc on n'est pas simplement dans la servitude, on butine les éléments de savoir dans tous
10:45 les domaines, y compris la musique, le soir, dans le dortoir.
10:49 On vit presque que dans un monastère.
10:51 Et puis il y a l'amitié, la vivacité.
10:54 Et un jour, enfin, on lui confie comme à tout apprenti, lorsqu'il a terminé le coup
11:02 de balai, quand vous n'êtes qu'au début, il faut avoir les tâches les plus viles.
11:08 Mais bon, on lui dit tiens mon garçon, puisque t'es quand même à l'affût, qu'on sent
11:14 que t'as du talent, je viens de réaliser le baptême du Christ.
11:18 Et là il me faudra un élément de décor et tu vas me faire un petit ange.
11:23 Et le baptême du Christ, on va le voir apparaître.
11:27 Regardez en bas à gauche, le petit ange, eh bien c'est la patte de notre Léonard
11:35 de Vinci.
11:36 Quand de Verrocchio vient à ça, il est tellement ébahi qu'il dit je ne toucherai plus jamais
11:43 à un pinceau.
11:44 En revanche, Léonard, lui, ne cessera.
11:47 Reste que dans l'effervescence de son esprit, il se partage entre la peinture, la sculpture,
11:53 tout ce qui est, je dirais également, la mécanique.
11:56 Il avait remarqué quand il était gamin les moulins, et déjà, là encore, il colligeait
12:02 les éléments pour comprendre comment l'ensemble de ses machines s'actionnaient.
12:07 Mais il est tellement beau maintenant.
12:09 Verrocchio, il a cessé la peinture, mais pas la sculpture, il lui dit « pose, mon
12:15 garçon, tu incarneras David face à Goliath ». C'est cette fabuleuse statue.
12:21 Et là, vous avez Léonard, regardez ça.
12:25 Quand on parlait tout à l'heure d'un ange, vous imaginez ce garçon et lorsque
12:34 le maître le laisse aller, il se retrouvera à côté de qui ? Eh bien de Laurent le Magnifique.
12:44 Un scandale néanmoins brise sa situation.
12:48 Il est accusé de quoi ? De choses intolérables en ce temps, ça peut vous coûter la tête.
12:54 Ce demi ! Impardonnable !
13:00 Heureusement, Laurent le Magnifique intervient et il peut reprendre ses travaux, quelques
13:07 peintures, sculptures, l'ingénierie.
13:10 1476, l'affaire de Sodomy où il a seulement 24 ans.
13:14 Il est sauvé par Laurent le Magnifique.
13:17 On se dit ça y est, on peut repartir dans la créativité absolue.
13:23 Le grand drame, c'est qu'une conspiration est menée contre Laurent le Magnifique et
13:29 son frère.
13:30 Ce sont les frères Pazzi qui ont monté l'opération et un jour, dans la cathédrale, alors qu'ils
13:37 sont en pleine prière, les conspirateurs jaillissent, ont tué Julien, le frère.
13:44 Laurent s'échappe dans la sacristie, il fuit et il nous faudra quitter Florence.
13:50 Mais là, c'est la première fois qu'il est au contact de l'horreur humaine.
13:55 Les têtes des conspirateurs, car Laurent le Magnifique rétablit l'ordre, sont là
14:03 pendus et c'est l'un des dessins qu'il réalise pour mémoriser ce que l'homme
14:10 a d'infâme.
14:12 Voilà comment cette première période de sa vie se termine.
14:18 Peut-être qu'il était temps de fuir et Laurent le Magnifique va lui en offrir l'occasion.
14:23 Maître à son tour.
14:26 Fuir, fuir et après cette errance, il est mandaté par Laurent le Magnifique comme missionnaire
14:37 auprès de Ludovic Sforza, le duc de Milan.
14:41 Une visite amicale ou bien une visite espion ?
14:44 Déjà, le duc de Milan a décidé de faire de cette ville l'Athènes transalpine.
14:52 C'est une ambition.
14:53 Alors il vient, on ne sait pas trop s'il n'est pas en même temps espion.
14:57 Il a fabriqué à la demande de Laurent le Magnifique une lyre, mais une lyre de braccio,
15:05 c'est-à-dire une lyre de bras.
15:07 C'est un véritable talisman en forme de crâne de cheval.
15:11 Et quand il se présente, c'est en saltimbanque avec cette lyre.
15:17 Il se fléchit devant le duc de Milan, prend cette lyre et se laisse aller à un morceau
15:27 tout en chantant.
15:29 Il improvise, il est merveilleux.
15:31 C'est là où on se dit que ce garçon est étonnant dans tous les domaines.
15:36 C'est incroyable.
15:37 C'est invraisemblable.
15:38 Un génie exceptionnel.
15:39 Oui.
15:40 Mais alors c'est là où on se dit qu'il est peut-être quand même mandaté pour rester
15:43 dans l'entourage.
15:44 Alors, toujours est-il que le duc, c'est vrai, il est fasciné.
15:49 Et là, il lui dit "mais j'aimerais rester à vos côtés, vous qui guerroyez, qui avez
15:55 des inquiétudes pour vos forteresses.
15:58 Moi, je pourrais vous aider.
15:59 Je suis un ingénieur.
16:01 J'ai toutes les capacités pour vous offrir les moyens de conquête qui vous rendront
16:09 invincibles et voilà comment il se retrouve au service du duc de Sforza.
16:15 Mais là encore, le pinceau le distingue.
16:20 Le duc se marie.
16:22 Il a une maîtresse.
16:23 Ce qui est extraordinaire, c'est que cet homme est fidèle, mais à la maîtresse.
16:26 Et c'est comme ça, pour rendre hommage à cette beauté, qu'il demande à Léonard
16:33 de réaliser ce tableau que l'on appellera "La Dame à l'hermine".
16:38 Flamboyant, mais il n'y a pas que ça.
16:40 Il voudrait, le duc de Sforza, rendre hommage à son père défunt.
16:45 Il lui dit "je voudrais une grande statue, une statue équestre".
16:50 Et là, Léonard se lance dans des projets.
16:53 Déjà, il court les écuries.
16:55 Il repère les chevaux les plus beaux, met sur son carnet, note le nom et en face, par
17:04 exemple, gros, mais à beaucoup, des cuisses superbes.
17:09 Et de l'ensemble, il arrive à réaliser, toujours grâce à son crayon, l'animal idéal.
17:17 Il faut passer maintenant à la réalisation des années, des années.
17:21 Plus de 16 ans, l'autre s'impatiente et il voudra réaliser cela 7 mètres de haut,
17:28 plus de 100 tonnes de bronze.
17:30 Ça demande des moyens qui n'existent pas, qu'il invente pour couler le bronze.
17:35 Tout est en place, mais il n'y a pas que ça.
17:37 Il y a aussi les moines.
17:39 Les moines qui ont décidé, Dominicains, de refaire dans leur effectoire la scène du
17:45 Christ et on l'engage.
17:47 Mais on le voit passer de toutes ses activités.
17:51 Il a un côté un peu dilettante.
17:53 Peut-être que dans l'agitation de son esprit, il y a les instants où l'inspiration l'emporte
17:58 plus dans un domaine qu'un autre, toujours est-il que les moines s'impatientent.
18:01 Et le prieur lui dit "mais c'est pas possible, on l'attend cette fresque".
18:06 Et il l'embine.
18:09 On convoque le duc et devant le duc, il dit "maintenant, exigez de monsieur Léonard
18:16 de Vinci qu'il finisse la toile".
18:19 Et là, Léonard dit "écoutez, j'ai un problème, c'est que depuis des mois, je
18:25 cherche le portrait idéal d'un judas et j'ai beau errer dans les rues, je ne trouve
18:31 pas celui qui m'inspirerait".
18:32 Et soudain, il s'arrête, il le regarde et il dit "il me faut un four, mais peut-être
18:37 pourrais-je vous prendre comme référence".
18:41 Voilà, l'impertinence est extraordinaire.
18:44 Il finira la scène et maintenant, il réalise aussi la fameuse statue en argile.
18:51 Il n'y a plus qu'à couler le bronze.
18:53 Le destin, le destin toujours qui vient contrarier les plus belles ambitions.
19:00 Charles VIII pense qu'il a sa place en Italie et le voilà qui envahit les terres et le
19:08 bronze est récupéré pour tenter de barrer la route à Charles VIII en coulant des canons.
19:17 C'est comme ça que cette statue gigantesque d'une ambition invraisemblable ne verra
19:24 jamais le jour.
19:25 Et Charles VIII, il est le premier roi français à bouleverser le destin de Léonard ?
19:30 Oui, mais il y en aura d'autres.
19:32 Il y en aura d'autres justement mon cher Marc, dites-nous.
19:35 Alors, il y aura peu de temps après, Charles VIII meurt d'un coup de tête.
19:39 Il est au château d'Ambroise, il passe pour aller à un tournoi dans une sorte de
19:45 corridor où d'ailleurs, quand Amine écrit "il y a des odeurs", on croirait qu'on
19:50 y pissoit.
19:51 J'adore ce genre de...
19:52 Il se cogne la tête, il meurt et celui qui prend la succession c'est Louis XII.
19:58 Et Louis XII repart sur les guerres d'Italie et il se retrouve devant quoi entre autres
20:05 quand enfin il a conquis la place ? Devant la Seine.
20:09 Magnifique.
20:10 Il demande à rencontrer l'auteur et c'est comme ça qu'il fait la connaissance de Léonard.
20:17 De Vinci lui demande de travailler pour lui et Léonard lui dit "oui mais c'est pas
20:21 en tant que peintre, moi je suis un ingénieur, je veux vous concevoir des machines invraisemblables
20:28 pour que vous soyez un grand conquérant".
20:30 C'est ça qui est étonnant chez lui.
20:32 Il est tiraillé par toutes ses capacités créatrices.
20:36 Et c'est la première connivence avec un roi de France, donc Louis XII.
20:43 Dans le même temps, la ville de Florence a décidé de rendre hommage à ses ancêtres
20:52 et en mettant sur de grandes fresques des batailles extraordinaires.
20:56 Et on lui demande d'en réaliser l'une des deux fresques.
21:00 Et l'autre elle est confiée à qui ? A un jeune qui vient d'apparaître, que le
21:04 pape Bichonne, on lui a confié la réalisation de la chapelle Sixtine, c'est Michel-Ange.
21:12 Une sorte de rivalité.
21:14 Il a une haine pour ce garçon, enfin quand je dis une haine non, mais une contrariété
21:21 et de telle sorte qu'il n'est même pas capable de le juger.
21:24 Il dira "ces nus, ces nus sont lourds, ces nus sont laids".
21:28 Toujours est-il que là encore, les œuvres ne seront pas achevées.
21:32 C'est une constante chez lui.
21:34 Mais il y a la rencontre aussi, quelques temps plus tard, quand il immigre à Rome
21:41 où le pape fait attention à lui, mais non pas pour réaliser des chefs-d'œuvre.
21:46 C'est Raphaël, c'est Michel-Ange.
21:49 Et lui, on l'engage, mais on ne fait pas appel à ses capacités extraordinaires.
21:57 Pourquoi on ne fait pas appel à ses capacités ?
22:00 Peut-être parce qu'il a cette inconstance.
22:02 Quand Michel-Ange, vous lui dites "vous travaillez", Michel-Ange il dit "va".
22:06 Et là, il ne quitte pas le chantier.
22:08 Ce côté fantaisiste ne permet pas d'avoir une totale confiance en cet homme.
22:17 Et là, il y a un jeune garçon, Melzi, qui apparaît dans son atelier.
22:20 Francesco Melzi.
22:21 Oui, Francesco Melzi.
22:22 Il s'en charge à ses côtés.
22:23 Il est un garçon d'une beauté étonnante.
22:25 Mais contrairement, je ne vous ai pas tout à l'heure parlé du petit diable.
22:31 Il a rencontré le petit diable Salai.
22:34 C'est comme ça qu'on dit.
22:35 Jean-Jacques, il l'a appelé Salai.
22:37 Et alors, quand il l'a vu la première fois, il a 10 ans le gamin, il dit "je lui ai fait
22:42 confectionner un beau petit costume de beaux habits et j'avais placé l'argent dans
22:48 une bourse pour aller payer le tailleur.
22:50 Eh bien, le petit voleur m'a shippé la bourse.
22:54 C'est un menteur, c'est un glouton.
22:57 Il a tous les défauts du monde et pour autant, il l'adorait.
22:59 Et quand Francesco Melzi s'engage à ses côtés, eh bien Salai est toujours là.
23:05 Il est d'une fidélité invraisemblable.
23:09 Alors là, nous arrivons à un moment de sa vie où un nouveau roi de France va s'intéresser
23:15 à lui.
23:16 C'est ce qu'on va voir dans la deuxième partie.
23:19 On a vu comment il a grandi, dans quel contexte, qui il est devenu, comment il a fait.
23:24 Comment il a fait pour commencer à devenir le Léonard de Vinci qu'on connaît.
23:28 La suite, c'est dans un instant.
23:30 A tout de suite.
23:31 Retour sur le grand destin de Léonard de Vinci.
23:37 Nous avons vu son enfance, nous avons vu comment il a grandi, nous avons vu l'histoire de
23:42 ce génie en première partie.
23:44 Nous allons voir dans un instant l'histoire de la Joconde.
23:46 Ce tableau mythique peint par Léonard de Vinci, l'œuvre la plus célèbre de tous
23:50 les temps.
23:51 Et juste pour commencer cette deuxième partie, Marc, l'homme de Vitruve, ça c'est Léonard
23:55 de Vinci.
23:56 Alors déjà, pourquoi Vitruve ? Ce n'est pas une ville.
23:59 C'est un architecte romain du premier siècle et qui s'était intéressé aux proportions
24:05 parfaites de l'être humain.
24:08 Et lui, lorsque le grand-père lui disait, lui martelait "Polokio, Polokio, Polokio",
24:16 il s'est persuadé que l'être humain était la finalité du créateur, qu'on était
24:22 la réalisation des meilleures proportions.
24:26 Donc on doit pouvoir résoudre la quadrature du cercle.
24:29 Un cercle qui est R2, l'air, et le carré c'est R2.
24:37 Donc comment placer les deux avec l'homme ? Les bras tendus, les jambes écartées,
24:46 voilà comment ce personnage, incarnation de la réalisation absolue du créateur, aboutira
24:56 en dessin de Léonard.
24:58 Les détails font la perfection et la perfection n'est pas un détail, disait Léonard de
25:02 Vinci, le symbole de l'humanisme de la Renaissance.
25:05 Oui.
25:06 Non, je voulais juste dire, c'est très bien de rappeler tout ça, mais n'oublions
25:11 pas qu'il a passé son temps à disséquer aussi.
25:13 C'était la nuit car c'était interdit.
25:15 Alors il allait à l'hôpital et grâce à lui, on a pour la première fois débusqué
25:21 ce qui pouvait être la cause d'un AVC.
25:25 C'est grâce à lui également que pour la première fois, on découvre un fœtus,
25:31 une femme décédée avec son petit qui était en instance de naissance.
25:37 Il était fasciné par les embryons.
25:39 Alors je rappelle que ce tableau, 1492, il avait 40 ans, 39 ans, et c'est un tableau
25:45 qui a marqué effectivement l'histoire de Léonard de Vinci.
25:48 On disait tout à l'heure qu'un nouveau roi de France s'intéresse à lui.
25:53 Il s'agit de François Ier.
25:55 On a commencé l'émission Marc avec Léonard de Vinci qui traverse les Alpes pour rejoindre
26:06 la France parce que François Ier conquit la 20 invités.
26:10 Le voilà qui s'installe donc tout proche du château d'Amboise.
26:13 Mais d'abord, comment se sont-ils rencontrés ?
26:16 Il y a une date que tout enfant connaît en France, 1515, Marignan.
26:22 C'était au mois de septembre.
26:24 Le roi François Ier, 21 ans, qui se glorifie, qui est là l'homme de l'exploit.
26:32 Et le pape Léon X décide d'avoir cet homme en sympathie.
26:40 Ils organisent au mois de décembre la rencontre à Bologne.
26:45 Qui est chargé de ces fêtes extraordinaires ?
26:48 Léonard.
26:49 Eh oui, les papes sont comme ça.
26:52 Ils le négligent pour ce qui est l'œuvre.
26:54 En revanche, si on veut réussir une fête, c'est Léonard qui est mandaté.
26:59 Négligé par les papes, ensensé par les rois.
27:01 C'est exactement ça.
27:03 Alors là, on dresse partout des arcs de triomphe.
27:07 La scénographie avec des engins qui vont se mouvoir.
27:14 Et le 11 décembre, François Ier fait son entrée sur son cheval noir,
27:20 lui-même vêtu de sombre en majesté.
27:24 6000 cavaliers à ses côtés, ses capitaines,
27:28 ceux qui ont réchappé du désastre sur le plan humain de Marignan,
27:33 une victoire, c'est-à-dire, mais que de mort.
27:35 Et ils sont là, flamboyants.
27:39 L'après-midi, le roi se retrouve à côté du pape sur une estrade.
27:46 Les spectacles s'enchaînent, des louanges.
27:49 Et soudain, dans un instant de silence, apparaît un automate,
27:57 un lion, qui avance seul, propulsé par une mécanique incroyable.
28:05 L'animal baisse la tête, ouvre son poitrail et jaillissent des fleurs de lys.
28:12 Cet engin, création de Léonard de Vinci.
28:17 Le roi est fasciné.
28:19 Ensuite, à la cathédrale, on se retrouvera, il baisera les pieds, les mains
28:24 et même la bouche du pape.
28:27 Le pape lui offrira un petit morceau de la croix authentique de Jésus
28:34 et le roi, pour terminer, pratiquera la cérémonie des écrouels,
28:39 c'est-à-dire ce fameux...
28:41 - L'imposition des mains.
28:42 - L'imposition des mains sur les gens qui ont des maladies de peau.
28:45 Et puis, il dit à Léonard, il faut que vous veniez chez moi, Léonard.
28:50 Mais il a compris que les papes ne lui feront jamais confiance.
28:54 C'est Raphaël, c'est Michel-Ange qui ont les plus beaux travaux.
28:57 Et c'est pour ça qu'il a accepté cette invitation,
29:01 ce long cheminement que nous avons déjà évoqué.
29:04 - Rappelez-nous les trois œuvres qu'il avait emmenées avec lui sur les...
29:07 - La Joconde.
29:08 La Sainte Anne et le Saint Jean-Baptiste.
29:12 - Alors, qu'est-ce qui se passe quand il arrive en France ?
29:15 - Alors déjà, le roi le reçoit comme s'il était son égal, même plus.
29:19 Il lui dit "mon père".
29:20 Alors, il est vrai qu'il avait été orphelin très tôt, notre François Ier.
29:24 Peut-être qu'il fait là une sorte de compensation affective.
29:28 Et tous les jours après la chasse, il vient le voir, il lui dit
29:32 "alors, qu'avez-vous aujourd'hui réussi à imaginer ?"
29:37 Quel que soit le domaine, il l'a engagé comme peintre
29:40 en lui offrant 700 écus d'or par an et en lui disant
29:44 "laissez-vous aller à la prospérité de l'esprit".
29:46 Alors, il lui propose quoi ?
29:47 Par exemple, de transformer la France avec des canaux
29:51 qui permettraient de mieux avoir le lien entre de grandes cités,
29:56 de Lyon à Amboise par exemple.
29:58 Mais également de Lyon à la Méditerranée, faire de Romorantin une grande ville,
30:03 le système hydraulique comme ça,
30:05 faire que partout il y ait une bonne irrigation
30:10 et que les cultures soient plus prospères.
30:12 Et puis il y a les airs, il y en a tellement.
30:15 Vous vous souvenez du grand-père ?
30:17 Palocchio, Palocchio !
30:19 Regarde, regarde, regarde avec tes yeux.
30:22 Eh bien, les oiseaux l'ont fasciné et ils créent,
30:26 ils créent le premier engin volant qui soit.
30:30 Malheureusement, les rouages sont trop compliqués,
30:33 on n'aurait pas non plus la force pour l'agiter,
30:36 mais néanmoins, il y a le principe qui est là,
30:39 qui sera repris bien des années plus tard par Clément Adair.
30:42 Et malheureusement, à l'âge, et là, ce géant commence à se tasser.
30:49 Bien sûr, il a ses deux aides, Salaire, qui a bien vieilli maintenant,
30:54 qui est toujours pas très… il est plutôt gourd du côté de ses mains.
30:58 Et puis il y a Melzi, flamboyant.
31:02 Et un jour il lit "J'ai ma main, ma main qui ne va pas très bien,
31:07 mais je continuerai, je continuerai".
31:08 Il peut d'autant plus continuer que cette main qui commence à se paralyser,
31:12 c'est la droite.
31:13 Et lui, il est gaucher.
31:15 Et alors il y a une autre originalité, c'est qu'il écrit à l'envers,
31:18 c'est ce qu'on appelle l'écriture spéculaire.
31:20 Il vous faut un miroir pour la décrypter.
31:22 - Incroyable, quel génie.
31:24 - Un génie, formidable.
31:26 Et le roi donc, qui chaque jour se dit "c'est une chance inouïe de l'avoir à nos côtés".
31:35 - Grâce à François Ier, Léonard concrétise son génie.
31:38 - Oui, complètement.
31:39 Mais bon, les ans sont là, je vous l'ai dit.
31:42 Un jour, il se sent tellement décliné qu'il appelle le notaire.
31:47 Il demande à Sconorine, la cuisinière qui avait bercé le petit François Ier,
31:55 hérite de lui un très beau costume, de quelques écus.
31:59 L'ensemble de la fortune sera pour Melzi,
32:02 mais le roi de France gagne la Sainte Anne, le Jean-Baptiste est là.
32:09 Je compte.
32:10 Ces derniers mots, dans un murmure à côté du prêtre.
32:16 "Je n'ai pas été digne de vous, mon Dieu.
32:19 Je n'ai pas atteint la perfection."
32:23 Quand le roi apprend son décès, il est à Saint-Germain, bouleversé.
32:29 C'est le plus grand homme qui vient de nous quitter.
32:32 - Il avait 67 ans.
32:34 C'était a priori à cause d'un accident vasculaire cérébral.
32:39 C'était le 2 mai 1519.
32:42 Ce que l'on retiendra, entre autres, mais surtout peut-être,
32:46 d'A.Léonard de Vinci, c'est l'histoire de la Joconde.
32:49 On va plonger maintenant dans l'histoire de la Joconde.
32:51 L'œuvre la plus célèbre de tous les temps,
32:59 comme le symbole intemporel de l'art occidental,
33:03 l'histoire de la Joconde, Marc Menand.
33:06 - La Joconde.
33:07 Alors, aujourd'hui encore, on a des doutes sur celle
33:11 qui aurait servi de modèle.
33:13 - Mona Lisa ?
33:14 - Mona Lisa.
33:15 Moi, je vais m'intéresser à ce qui semble le plus probable,
33:18 à savoir l'amoureuse de celui qui était marchand d'étoffes,
33:25 un homme extrêmement riche, Francisco del Giscondo.
33:31 Et elle se nomme Lisa Maria Gerardini.
33:36 Elle est belle comme tout.
33:38 Il voudrait à tout jamais qu'elle soit figée sur un tableau.
33:42 Il se tourne vers Léonard.
33:44 Nous sommes en 1503.
33:46 Mais comme toujours, non seulement il a l'esprit buissonnier,
33:51 se laisse aller aux agrippements, je dirais, de son imagination,
33:56 donc il commence, passe à autre chose.
33:59 Mais en plus, à un instant, il est sollicité par César Borgia,
34:04 le sanguinaire, pour être son ingénieur militaire.
34:08 Et le voilà qui, avec César et Borgia,
34:13 passe d'une forteresse à l'autre, réalise des plans.
34:16 Et puis parfois, il revient à son tableau.
34:20 Alors certains, c'est toujours le mystère de son sourire.
34:23 Ce qu'il faut retenir chez la Joconde, ce sont surtout ses yeux.
34:28 Ses yeux qui ne vous lâchent pas.
34:30 C'est-à-dire que tout achéquin espère un jour être l'amir d'une dame,
34:36 la plus séduisante forcément.
34:40 Et là, on a Mona Lisa qui vous agrippe et qui ne vous lâche plus.
34:46 Vous êtes l'otage de la femme dans tout ce qu'elle a de plus subtil,
34:52 de tout ce qu'elle a de plus doux, des plus belles promesses.
34:57 Et puis il y a ce sourire.
34:59 Alors là encore, là encore, le sourire, d'où vient-il ?
35:04 Certains susurrent que Léonard, on l'a vu, grand musicien,
35:09 il avait cette gaieté.
35:11 Alors parfois, forcément, c'était lui qui jouait de l'instrument,
35:15 improvisant des vers, donnant les paroles, cette capacité à l'improvisation.
35:20 Mais il y avait aussi les jours où il demandait à quelques musiciens de l'accompagner.
35:26 Et c'est ça qui aurait fait fleurir sur les lèvres de la dame ce côté malicieux.
35:34 Elle n'est pas grande la joconde, 77 cm sur 53 cm.
35:40 On pourrait se dire qu'avec le talent qui est le sien, en quelques mois c'est terminé.
35:47 Je vous ai dit, il commence en 1503 ce tableau.
35:52 En 1514, il n'est toujours pas terminé.
35:55 Pourquoi ?
35:56 Eh bien parce que ce côté virvoltant,
36:01 ce côté manque de constance dans l'effort,
36:06 il se déroute, il revient et puis soudain,
36:09 imaginez, il est en train de réaliser une machine,
36:12 puis il pense à Mona Lisa, il dit "oh ben, là, il faut aller travailler,
36:16 c'est dans son regard, il y a quelque chose en sort".
36:18 Et hop, il revient.
36:20 Et quelques petits coups de pinceau, et hop, il redisparaît.
36:26 De temps en temps, quand il se présente,
36:29 c'est simplement pour regarder où il en est dans la réalisation de l'œuvre.
36:33 Est-ce qu'elle vous accapare véritablement,
36:36 cette obsession de la perfection ?
36:40 L'absolu, l'absolu.
36:43 Peut-être qu'un jour, il sera digne du créateur.
36:47 Voilà ce qu'il a dans la tête.
36:48 N'oubliez pas les derniers mots, quand il meurt, mon Dieu,
36:51 je n'ai pas été à la hauteur des dons que vous m'avez conférés.
36:56 Et voilà comment cette jeconde se retrouvera dans les chiffons
37:04 et la sacoche pour traverser les Alpes.
37:08 Et lorsqu'il décède, puisqu'il l'a laissé en héritage à François Ier,
37:13 le roi la place dans son château à Fontainebleau.
37:17 De là, toute une errance.
37:19 Anne d'Autriche la récupérera.
37:23 Anne d'Autriche, la maman de Louis XIV.
37:26 Louis XIV s'en saisit et la place à Versailles,
37:32 dans la grande galerie.
37:35 Et puis, la Révolution viendra.
37:40 Et à la Révolution, en 1793,
37:43 cette nouvelle nation qui s'est plantée en République
37:48 veut que l'art soit accessible à tout le monde.
37:51 Et on crée le musée du Louvre,
37:54 avec toutes les richesses qui ont été déjà placées
37:58 en résonance royale, si je puis dire, au Louvre,
38:02 mais qui étaient simplement pour les aristocrates.
38:05 Et là, le public pourra disposer des plus belles œuvres à regarder.
38:11 Sauf que la Joconde,
38:14 elle n'est pas dans la première exposition publique.
38:16 Il faudra attendre 1797, vous vous rendez compte ?
38:20 En revanche, le premier consul Bonaparte,
38:23 là, regarde, il se laisse avoir par le fameux regard,
38:28 et il l'offre à Joséphine.
38:31 Joséphine, elle, vous vous rendez compte,
38:35 pendant un an, Joséphine l'aura dans sa chambre.
38:38 Puis après, je ne sais pas, elle s'en lasse,
38:40 toujours est-il qu'elle ne la garde pas.
38:43 Et c'est en 1847 qu'on la retrouve exposée dans ce musée du Louvre,
38:51 et elle ne quitte pas sa place.
38:54 Gare gagne la salle carrée, là où il y a les chefs-d'œuvre.
39:00 Mais en 1911, voilà une drôle d'histoire.
39:05 On a quelques éléments de travaux qui sont entrepris
39:11 avec des ouvriers qui vont, qui viennent,
39:15 et parmi eux, on a Vincenzo Palluggia, italiano.
39:20 Et quand il la voit, il peste.
39:22 Pas un historien, Vincenzo.
39:25 Pour lui…
39:27 La Joconde est à lui.
39:29 Mais non, ce n'est pas qu'elle est à lui, elle est à l'Italie.
39:31 C'est encore un chapardage de ce Napoléon.
39:35 Alors il faudrait qu'elle rejoigne le patrimoine national.
39:39 L'Italie, c'est là sa place.
39:41 Un soir, il jette l'histoire, il s'enferme dans un placard,
39:49 et à 7 heures, alors qu'il sait que les ouvriers
39:52 ne sont pas encore entrés dans les lieux,
39:55 il se place devant la belle, il la décroche.
39:59 C'est lui qui avait placé la vitre.
40:02 Il laisse la vitre de côté, il enfourne le tableau sous son habit,
40:08 et il filoche.
40:10 Il gagne sa mesure, petite chambre de bonne,
40:14 où d'ailleurs un commissaire viendra toquer
40:17 quand il voit le délabrement des lieux.
40:20 Le garçon qui est là, il se dit, c'est pas lui qui est le coupable.
40:23 Donc la Joconde est retournée en Italie.
40:25 Oui, mais attendez, c'est que…
40:26 Comment on découvre ?
40:27 Parce que ça passe pratiquement inaperçu.
40:30 Il y a un peintre, Louis Deroux,
40:32 comme tous ceux qui sont fascinés par les chefs-d'œuvre,
40:37 ils viennent reproduire, croquer le chef-d'œuvre.
40:42 C'est le matin où il se présente, il n'y a rien,
40:44 alors il appelle les gardiens, il dit,
40:45 ben où est donc la Joconde ?
40:48 C'est lui qui est le premier apostrophe.
40:50 Ah ben, je ne sais pas, sans doute que le tableau était décroché
40:53 pour prendre des séances de photos,
40:56 et puis deux jours après, là, non c'est sérieux,
40:58 elle n'est pas réparue,
41:00 le tableau n'était pas chez le photographe,
41:03 par conséquent, il y a bien vol.
41:04 Alors là, le préfélépine mandate 60 inspecteurs.
41:09 Bertillon, celui qui a inventé les empreintes digitales,
41:14 se précipite, il remarque une empreinte.
41:17 Et il convoque tous les employés d'ouvre,
41:19 ils sont plus de 250, il les confronte, il n'y a rien.
41:22 Le directeur est obligé de démissionner.
41:26 Où est-elle la Joconde ?
41:29 On la retrouve deux ans plus tard.
41:32 Vincenzo Palluggia a décidé, de façon habile,
41:38 de la faire réintroduire dans le marché de l'art.
41:42 Il contacte un antiquaire, il lui propose la belle dame,
41:49 mais l'antiquaire se rend compte que c'est le tableau
41:52 dont tout le monde parle, la presse internationale,
41:55 c'est la Joconde, et là il le dénonce.
41:59 Voilà Vincenzo qui est arrêté.
42:02 Le procès, procès qui lui vaudra 18 mois de prison seulement.
42:08 Mais alors il y a un innocent qui va passer des semaines en prison,
42:13 un homme que l'on aime beaucoup pour son talent aussi.
42:16 Mais pardonnez-moi, pourquoi seulement 18 mois de prison ?
42:18 Parce que, patriote.
42:20 Il a tellement fait croire qu'il avait agi pour la patrie,
42:23 qu'on lui pardonne.
42:24 C'est considéré comme un acte patriote.
42:26 Voilà, voilà.
42:27 Alors qui a été injustement accusé ?
42:29 Guillaume Apollinaire.
42:31 Le grand Guillaume Apollinaire.
42:34 Et pourquoi ?
42:35 Ben pourquoi ?
42:35 Parce qu'il a eu un secrétaire à un moment donné
42:38 qui avait des tendances chapardeuses
42:41 et avait volé au musée du Louvre quelques amulettes.
42:46 Il a été ensuite arrêté.
42:48 Et là on se dit, mais à nouveau, c'est lui le coupable.
42:51 On se précipite chez Guillaume Apollinaire.
42:54 Eh, Guillaume, il n'est au courant de rien,
42:57 mais on dit, en réalité, il est complice.
43:00 Il ne veut pas avouer.
43:02 Il faudra que l'enquête montre qu'effectivement,
43:07 il ne pouvait être l'auteur et en aucun cas avoir participé
43:11 à je ne sais trop quelle malveillance
43:14 pour qu'enfin il retrouve la liberté.
43:16 Et Picasso aussi sera suspecté quelques heures seulement.
43:21 Histoire en convolation.
43:23 Comme vous l'avez si bien dit.
43:25 Comment tout cela se termine finalement ?
43:27 Eh bien, on retrouve la joconde.
43:29 Elle revient dans un train de première classe.
43:31 Ah, quand même !
43:32 Ah bah oui !
43:34 Et là, on la place.
43:37 Elle restera trônée avec quand même une petite échappatoire
43:41 dans les années 60,
43:42 car le général de Gaulle, pour faire plaisir à Jackie Kennedy,
43:46 accepte qu'elle soit déplacée pour quelques jours aux États-Unis.
43:51 Merci pour cette fabuleuse histoire de la joconde
43:54 et cette histoire qu'on a rapidement brossée, évidemment,
43:57 pour vous donner envie d'aller en savoir plus sur Léonard de Vinci.
44:01 Et d'ailleurs, on va voir un petit peu ce qu'il faut retenir de cette émission.
44:04 Fils illégitime, néanmoins, incarnation d'un ange,
44:07 d'une curiosité insatiable, il aborde tous les domaines
44:11 de la création, les sciences, la peinture, la musique.
44:14 Courtisé par les princes pour son génie militaire,
44:17 son invraisemblable bouillonnement intellectuel
44:19 le rend coupable d'un grand nombre d'œuvres inachevées.
44:23 Et puis son dernier mécène, le roi François Ier.
44:27 Pour terminer, Marc Menand, un livre ?
44:29 Oui, c'est une biographie, bien évidemment, de M. Branly.
44:33 J'ai bien aimé, c'est une biographie qui nous permet d'aller plus loin
44:38 dans tout ce que l'on connaît sur Léonard,
44:41 mais que de point d'interrogation demeure.
44:44 Disons que l'œuvre de sa vie est inachevée.
44:49 Merci au musée Léonard de Vinci, à Florence pour les illustrations.
44:53 Merci aussi au château du Clos Lucé.
44:56 Oui, la famille de Gonzague-Saint-Brice,
44:58 où vous vous êtes accueillis et vous rêvez avec Léonard.
45:02 "Ce qui fait la noblesse d'une chose, c'est son éternité",
45:07 disait Léonard de Vinci.
45:09 Excellente suite de programmes sur ces lignes-ci.
45:11 (Générique)
45:14 ---