Christine Kelly et Marc Menant reviennent sur les personnages célèbres qui ont fait l’histoire dans #LesGrandsDestins
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00:00 - Bonjour à tous, ravie de vous accueillir dans cette émission
00:03 "Les grands destins".
00:05 Nouvel épisode sur cette émission qui revient sur des personnages
00:08 qui ont fait l'histoire. Sauf que cette fois, il n'est pas question
00:11 d'un personnage, mais sans doute l'un des points les plus importants
00:15 de notre histoire, c'est notre destin.
00:18 Avec le 14 juillet et la révolution de 1789,
00:22 pourquoi la Bastille est-elle devenue le symbole
00:25 de la révolution française ?
00:27 Marc Benand nous vous racontera aujourd'hui le grand destin
00:30 du 14 juillet. Bonjour Marc. Pourquoi avoir choisi le 14 juillet ?
00:35 - Je ne vais pas reprendre vos propos, mais c'est clair.
00:38 Il est une date qui, obligatoirement, montre que la France
00:42 entre dans une nouvelle ère. Il y a eu les Gaulois,
00:46 ensuite la royauté, pas facile à s'installer.
00:50 Et puis à partir de François 1er, elle commence à vraiment
00:55 s'enraciner. Louis XIV, c'est le grand siècle.
00:59 Et puis malheureusement, pour les descendants,
01:02 Louis XV commence à connaître des problèmes financiers.
01:05 Louis XVI, ça tourne encore moins bien.
01:08 Et la nécessité qui vient du peuple pour échapper à la famine,
01:13 on va l'évoquer, et puis aussi les idées nouvelles.
01:17 Comment se retrouver dans la splendeur de l'esprit,
01:21 et où se trouvent les fameuses lumières incarnées par Voltaire et Diderot ?
01:25 - On va voir tout ça. Tout commence effectivement
01:28 avec la mort de Louis XIV. C'est intéressant de voir
01:31 comment les choses s'enchaînent. En tout cas, on commence toujours
01:34 par une anecdote pour bien planter le décor. C'est parti.
01:37 Alors, pourquoi la révolte oubliée ?
01:45 - Parce que quand on évoque 1789, 14 juillet, forcément,
01:50 la Bastille, mais en réalité, je dirais que ça fermante
01:55 quelques jours auparavant. On pourrait même évoquer
01:58 les mois qui ont précédé. Mais à partir du 10-11 juillet,
02:04 que se passe-t-il ? Il faut savoir que depuis 1785,
02:08 on a créé une enceinte, un mur de près de 3 mètres
02:12 pour que les Parisiens soient enfermés, afin que les marchandises
02:17 ne puissent plus entrer dans la capitale. Mais dans un pays
02:21 où la disette frappe, où les récoltes sont de plus en plus mauvaises,
02:25 en particulier en 1789, le peuple crève. Il faut payer les taxes
02:31 quand on entre et que l'on franchit ce fameux mur d'octroi.
02:36 Il y a des Bastides qui sont là, vraiment ces flamboyants
02:41 de grands bâtiments avec les commis de la ferme.
02:45 Mais autour de ces murs, on a le peuple, vous savez,
02:50 il aime s'égayer. Et qu'a-t-il fait ? Il a placé des petites guinguettes,
02:54 il a placé des cabarets, on chante. Et là, la famine,
02:58 se précisant, le pain est hors de prix. Et on voit,
03:02 d'abord les trafiquants qui veulent forcer ces barrières
03:06 parce qu'ils pensent que leur trafic n'est pas assez florissant.
03:11 Et la foule qui vient se mêler, tous les gueux, tous ceux qui n'ont rien.
03:15 Et on en a une, le 11 juillet, on l'appelle la Picarde.
03:19 Oh, elle est là ! Elle hurle, elle a brandi.
03:23 Quoi ? Eh bien, un mannequin, un mannequin de paille.
03:27 Il représente quoi ? Un sous-brigadier, un sous-brigadier
03:31 qui est donc l'un des représentants de cette force,
03:35 celle de la ferme, là où il faut payer.
03:39 Et elle dit, elle apostrophe, à l'un des individus
03:43 qui barre le passage, et elle dit, mais il n'est pas question
03:47 que tu nous empêches de passer. Si tu veux que ta vie soit sauve,
03:52 retire-toi. Et une fois qu'ils sont dans la place,
03:57 ils allument le feu au mannequin de paille,
04:02 et puis ensuite, ils pillent la cave, et hop, c'est la première barrière
04:07 qui s'enflamme, et de suite, de barrière en barrière,
04:11 c'est Paris qui devient une véritable torche.
04:15 Il y a un homme au sommet de la Bastille
04:19 qui voit ces feux qui crépitent de partout, et il comprend
04:23 que le drame est en train de germer. Cet homme, c'est Deloney.
04:27 C'est le gouverneur de la Bastille.
04:31 -Le royaume commence à être en péril.
04:35 ...
04:39 -1789, il faut vraiment voir à quel point la France va mal.
04:45 Vous l'avez bien expliqué, on a faim, on crie,
04:50 on demande de l'égalité pour tous, c'est ça, 1789.
04:55 -Et une dette abyssinale. -Qui s'est accumulée.
04:59 -Accumulée, et Louis XVI a beau changer de ministre,
05:04 la situation ne s'améliore pas. C'est pour ça qu'il concéde
05:08 les fameux états généraux qui ont lieu à Versailles.
05:12 -175 ans sans état généraux, ça montre à quel point
05:16 c'était important et que la situation était catastrophique.
05:20 -Vous avez raison, il faut prendre une mesure
05:24 spectaculaire, marquer les esprits.
05:28 Mais il n'imagine pas ce qu'il vient de sécréter.
05:32 D'autres prémices, on a évoqué les fameuses barrières de l'octroi.
05:37 Mais il y a eu, dès le mois d'avril, la fameuse révolte
05:42 des ouvriers de chez Réveillon, la fabrique de papier peint.
05:46 Réveillon a entendu dire qu'on allait baisser les taxes
05:50 pour favoriser le commerce. Il dit que c'est bien
05:53 parce que les ouvriers, avec 15 sous dès lors qu'on baisse
05:56 les impôts, ils peuvent bien vivre. Quand on entend ça,
06:00 lui qui a une réputation de bon patron, il devient l'affameur.
06:04 Et c'est la rue du Faubourg-Saint-Antoine qui s'embrase.
06:08 On n'a pas le temps de rappeler tout ça, mais les morts,
06:11 les blessés, c'est la première grande révolte.
06:14 Et puis, le 5 mai, on voit déferler de toute la France
06:18 ceux qui ont été élus, représentants du tiers-état,
06:21 de la noblesse, du clergé.
06:25 Tout ce monde a du mal à s'entendre.
06:29 Il y a le fameux serment du jeu de paume.
06:33 Oublions tout cela. Toujours est-il que la famine...
06:37 On a aussi un Louis XVI qui est très inquiet.
06:41 Là, c'est par rapport à sa famille. C'est-à-dire que son dauphin,
06:45 cet enfant qui a 7 ans et demi, est frappé par la maladie
06:50 depuis quelques années. Et puis là, on pratique la variolisation.
06:54 C'est-à-dire qu'on lui fait ce qu'on appellera aujourd'hui
06:57 le vaccin, qui n'est pas tout à fait le vaccin.
06:59 Eh bien, son cas empire. Et le 4 juin, l'enfant décède.
07:05 Il est effondré. Et pour autant, forcément,
07:08 les tiers-état, tiers des nobles, tiers du clergé
07:14 ne s'occupent pas de ça. Ils veulent le roi.
07:16 Et là, on a cet homme qui est totalement brisé
07:21 et qui dit "mais bon sang, il n'y a pas chez ces gens-là des pères".
07:26 Et pour autant, il doit répondre aux attentes des uns et des autres.
07:32 Il finit par renvoyer qui ? Necker ! Necker !
07:35 C'est le ministre le plus aimé. C'est un Suisse.
07:38 Et en prenant cette mesure, eh bien, c'est la foule
07:41 qui l'a contre lui. Et c'est là où la situation
07:45 va devenir totalement intenable.
07:49 Et puis, il faut rappeler aussi que vous avez dit que tout allait…
07:53 C'était la catastrophe un peu partout. Même la météo ne jouait pas aussi…
07:56 jouait aussi contre les événements.
07:59 Alors, on va voir un peu comment le Palais-Royal devient
08:02 un foyer de l'agitation.
08:05 Pourquoi le Palais-Royal ?
08:12 Alors, le Palais-Royal, on a le… Déjà, décrivez-nous un peu.
08:15 Le Palais-Royal, vous pouvez le voir encore aujourd'hui.
08:18 C'est extraordinaire. C'est un lieu déjà mythique
08:20 parce que c'est là que le régent, celui qui avait succédé
08:24 à Louis XIV, a pris, je dirais, position.
08:28 Et ça a la réputation d'un lieu de débauche.
08:31 Et l'un de ses descendants, qui est duc d'Orléans,
08:34 lui aussi, le futur Philippe Égalité,
08:37 qui engendrera un garçon que l'on connaîtra
08:40 comme roi des Français, Louis Philippe.
08:42 Et cet homme-là, il est pour les idées nouvelles.
08:45 Et c'est une sorte d'agitateur.
08:47 Il n'aime pas beaucoup Louis XVI, qui le lui rend bien.
08:51 Et Marie-Antoinette l'exsècre.
08:54 Et en ce lieu, qui est un lieu, je dirais, hors du royaume,
08:59 personne n'a le droit de pénétrer.
09:01 C'est la loi du duc d'Orléans dans cette petite cour.
09:04 Et là, se réunissent tous les bougonneux,
09:07 tous ceux qui ne supportent pas la situation,
09:09 les intellectuels, les agitateurs.
09:12 Parmi ceux-là, le XIII, on en a un qui s'appelle Camille Desmoulins.
09:17 Camille Desmoulins, ça vous dit quelque chose ?
09:20 - Oh oui !
09:22 - Un avocat, 29 ans, il est un peu bègue.
09:26 C'est quand même un handicap quand on a un tel métier.
09:29 Ce qui fait que ses affaires ne sont pas très florissantes.
09:32 Mais qu'importe, il sent bien que ce qui compte,
09:35 c'est de galvaniser la foule.
09:37 Il se dresse sur une table quand il apprend, avec les autres,
09:41 que Nettker a été envoyé.
09:43 Et là, il dit, mais c'est la sainte Barthélémy des Patriotes.
09:46 Demain, vous aurez ceux qui sont en train d'entourer la capitale,
09:50 ceux convoqués par le roi, ces gardes suisses,
09:53 ces gardes allemands qui vont vous égorger.
09:57 Aux armes ! Aux armes !
09:59 Et il prend une feuille d'un arbre,
10:03 la plante sur son chapeau.
10:05 En réalité, il écrira, lui, plus tard,
10:08 qu'on lui a tendu un petit ruban vert, couleur de l'espérance.
10:13 Et de là, aux armes ! Aux armes !
10:15 Il l'a dit, et c'est un cortège qui se fend.
10:17 Il est encore pacifique. On saura où.
10:19 - C'est vrai que là, il appelle clairement aux armes.
10:21 Est-ce qu'il a conscience de ce qui se passe ?
10:23 - Non, je ne crois pas. Il est en portée.
10:26 Vous savez, cette exaltation de la foule.
10:29 Ils savent qu'il doit se passer quelque chose.
10:32 Mais pour autant, il n'y a rien qui est tramé.
10:35 Il n'y a pas un grand stratège.
10:37 Et alors, la foule, elle se forme en cortège.
10:39 Elle se rend où ? Devant les théâtres.
10:41 Les théâtres, ça a lieu l'après-midi.
10:43 Et là, on fait sortir les spectateurs
10:46 pour qu'ils se joignent à l'enthousiasme général.
10:50 Et on est là. On a pris un buste de Nequet,
10:54 un buste du Duc d'Orléans,
10:56 et on crie à la liberté.
10:58 Mais on pense, bien évidemment, aux armes.
11:01 Et le soir du 13 juillet,
11:05 cette foule qui est dans une sorte d'incandescence
11:10 finit par devenir tellement bruyante et menaçante
11:15 que le toxin se met à sonner.
11:18 Le toxin qui se répand d'église en église
11:22 dans toute la capitale.
11:24 On est le 13 juillet, le lendemain.
11:27 C'est les 14.
11:29 - Présidé par Jacques de Flessel,
11:31 qui a décrété la création d'une milice en plus, ce 13 juillet.
11:34 - Il faut savoir que de Flessel,
11:36 c'était le prévôt des marchands.
11:39 C'est le maire, mais qui n'a pas ce titre en tant que tel.
11:43 Et on a un comité qui s'est constitué
11:46 dans l'agitation des générals.
11:48 On a décrété qu'il y avait une commune provisoire,
11:51 et c'est lui qui a été nommé président.
11:53 Et là, il dit, maintenant,
11:55 parce qu'il y a ces 30 000 gardes
11:57 qui ont été levées par le roi,
11:59 ce sont des troupes étrangères,
12:01 les fameux brigands, là-haut, sur Montmartre.
12:04 Il nous faut tenir la place,
12:06 il ne faut pas que ça tourne à la violence,
12:08 vous voyez le paradoxe.
12:09 Et il nous faut une milice bourgeoise.
12:12 Et chacun, dans son foyer,
12:14 doit trouver celui qui participera
12:17 à cet effort général.
12:19 Et un homme reprend cela dans son district,
12:23 le district des Cordeliers.
12:25 Oh, un coup de tonneau, une grande gueule !
12:28 C'est Danton.
12:29 Personne ne le connaît encore.
12:31 Mais lui aussi se dresse sur une table.
12:33 Et il dit, ici et là,
12:36 pensez à notre avenir,
12:38 il nous faut nous défendre,
12:40 il n'est pas question de sombrer sous la menace.
12:42 Prenons les armes, soyez de la milice.
12:45 Et il y a un avocat, qui s'appelle Levrault,
12:47 qui est là, qui l'interpelle,
12:49 il lui dit, pensez-y, cher ami,
12:51 demain, si vous n'êtes pas avec nous,
12:53 ce sera un drame pour vous,
12:55 le trône est déjà tombé.
12:57 L'avenir, c'est la révolution.
13:00 - L'avenir, c'est la révolution.
13:02 Et voilà Danton, qui appelle les citoyens
13:04 à rejoindre la milice.
13:05 Les acteurs du 14 juillet,
13:07 puisqu'on vient de parler de Danton.
13:09 C'est bien de revoir un peu
13:15 les différents personnages de l'époque.
13:17 Danton, vous venez d'en parler,
13:19 Robespierre, Deloney,
13:21 on va en reparler tout à l'heure.
13:23 Robespierre, il est où, par exemple ?
13:25 Eh bien, lui, il est à Versailles.
13:27 Il est un peu comme le roi.
13:29 C'est-à-dire que les États généraux
13:31 sont toujours en train de se battre
13:33 pour orchestrer.
13:35 Il y a l'Assemblée nationale
13:37 qui est devenue Assemblée constituante.
13:39 Et on essaie de voir comment
13:41 le pays pourra se gouverner.
13:43 Comment il y aura des lois nouvelles
13:45 avec un roi bien amoindri
13:47 qui deviendra le fameux monsieur Vétho.
13:49 Et notre Robespierre,
13:51 il est devenu très camarade
13:53 avec le club des Bretons.
13:55 Ils se réunissent au Café La Maurie,
13:57 entre autres.
13:59 Il est à l'hôtel du Renard, à Versailles.
14:01 Et puis, au Café La Maurie,
14:03 on refait le monde.
14:05 Et ce personnage est toujours
14:07 d'une froideur étonnante.
14:09 Mais il ne sait pas que la Révolution
14:11 est en train de naître
14:13 à Paris.
14:15 En revanche, il y en a un
14:17 qui a compris très tôt,
14:19 je l'ai évoqué tout à l'heure
14:21 dans la révision, c'est Delaunay.
14:23 Quel est ce personnage incroyable ?
14:25 Delaunay est le gouverneur.
14:27 - Gouverneur de Paris.
14:29 - De la Bastille.
14:31 Et ce personnage est né à la Bastille.
14:33 Son père était lui-même
14:35 le gouverneur.
14:37 Il y a un hôtel,
14:39 qu'on appelle l'hôtel du gouverneur,
14:41 juste à côté de la fortification.
14:43 C'est là qu'il vit en bourgeois.
14:45 C'est un personnage
14:47 qui aime la routine.
14:49 C'est un personnage qui n'a pas d'envergure.
14:51 On pourrait même dire
14:53 qu'il est veul comme il n'est pas permis.
14:55 Et quand on a
14:57 les premiers signes
14:59 de l'agitation,
15:01 il panique.
15:03 Mais alors il est d'autant plus déconcerté
15:05 qu'il y avait un officier de liaison
15:07 qui lui permettait de demander
15:09 au roi les ordres
15:11 et que cet officier de liaison ne se présente plus.
15:13 Il est tellement
15:15 dans cette idée de l'obéissance absolue
15:17 que lorsque Madame Royal
15:19 est née en 1778,
15:21 la tradition veut
15:23 que quand le roi a un enfant,
15:25 c'est la grande canonnade.
15:27 "Il n'a pas reçu l'ordre, il n'y a pas de canonnade à la Bastille."
15:29 Madame Royal.
15:31 Voilà ce fallaud
15:33 qui est là
15:35 avec combien de personnages ?
15:37 70 sous-officiers
15:39 qui sont des gens
15:41 désinvalides,
15:43 c'est-à-dire d'anciens soldats plutôt vieillissants,
15:45 des gens pour certains éclopés.
15:47 Et on le renforce
15:49 avec 33 Suisses
15:51 et un officier qui s'appelle
15:53 Deflux qui est catastrophé
15:55 quand il voit cet homme
15:57 incapable d'organiser,
15:59 de prévoir ce qui risque
16:01 de se passer.
16:03 Voilà ce Delonnet qui va jouer
16:05 un rôle essentiel le 14 juillet.
16:07 C'est bien d'avoir un peu planté
16:09 ces différents personnages puisque cette fois
16:11 le peuple est apparu plus fort que le roi ce 14 juillet
16:13 et c'est une journée importante.
16:15 On va voir maintenant la Bastille,
16:17 symbole du despotisme royal.
16:19 La Bastille, c'est intéressant.
16:27 400 ans, qu'est-ce qu'elle représente ?
16:29 Elle ne sert pratiquement à rien à ce moment-là.
16:31 Disons les choses.
16:33 Vous avez raison Christine, c'est même majeur.
16:35 C'est-à-dire que Louis XVI a décidé
16:37 que l'on allait
16:39 la faire disparaître.
16:41 C'est un projet qui est dans les tiroirs
16:43 depuis un certain temps mais qui est acté.
16:45 Quand est-elle née cette Bastille ?
16:47 En 1370,
16:49 selon la volonté
16:51 d'un roi qui n'est pas assez connu
16:53 et qui est pourtant un homme
16:55 qui a extrêmement bien marqué
16:57 notre histoire. C'était un intellectuel,
16:59 il était handicapé du bras,
17:01 il ne pouvait pas mener les batailles,
17:03 il les déléguait à Duguay-Claint.
17:05 Et cet homme, c'est Charles V.
17:07 Et ce Charles V,
17:09 il sent la menace des Anglais.
17:11 Et puis aussi,
17:13 il y a les révoltes à l'intérieur de Paris.
17:15 Alors il lui faut renforcer
17:17 le premier mur qui a été
17:19 dressé par Philippe Auguste.
17:21 Il lui faut une Bastille
17:23 juste à l'entrée
17:25 du Faubourg Saint-Antoine.
17:27 Huit tours, des tours de 24 mètres
17:29 de haut, 3 mètres d'épaisseur,
17:31 un fossé de 25 mètres
17:33 qui entoure, un lieu
17:35 imprenable.
17:37 Pas pour mettre des prisonniers,
17:39 mais simplement
17:41 pour être un lieu
17:43 de fortification en tant que tel.
17:45 Et alors, Hugues Henriot
17:47 est l'architecte.
17:49 Personnage étonnant Henriot,
17:51 un peu libertin sur les bords, c'est le moins qu'on puisse dire.
17:53 Et il finit
17:55 par être dénoncé
17:57 sur ses mœurs et leur légèreté.
17:59 Et c'est lui qui sera
18:01 le premier renfermé à la Bastille.
18:03 Henriot, souvenez-vous
18:05 de ce nom. Mais en revanche, après,
18:07 c'est une sorte de dépôt
18:09 d'armes. Et puis on connaît aussi
18:11 de grandes personnalités qu'on a eu l'occasion d'évoquer ici,
18:13 qui ont été enfermées dans la Bastille.
18:15 Alors c'est après, c'est-à-dire que François Ier...
18:17 Disons que c'est Richelieu
18:19 qui transforme la Bastille
18:21 en prison.
18:23 Et alors, c'est pas spécialement
18:25 les délinquants que l'on va placer là.
18:27 Ce sont ceux qui sont coupables de délit
18:29 d'opinion. Alors, vous avez raison,
18:31 on y trouvera Voltaire,
18:33 on y trouvera Montaigne,
18:35 on y trouvera Diderot.
18:37 Et il y a partout 4 à 5
18:39 cellules, que l'on appelle
18:41 des chambres. Ça veut tout dire.
18:43 C'est-à-dire que les conditions, ce sont des lieux
18:45 très spacieux, où vous faites
18:47 porter vos meubles,
18:49 vous pouvez même avoir vos domestiques
18:51 si vous le souhaitez, vos propres
18:53 draps, votre vaisselle,
18:55 et vous êtes là, vous sortez
18:57 quand vous en avez envie, éventuellement,
18:59 le gouverneur vous invite
19:01 à dîner ou à déjeuner.
19:03 Et il y a les promenades, mais mieux que ça.
19:05 Le roi verse une pension.
19:07 Tant et si bien que certains,
19:09 ça leur permet d'économiser,
19:11 ils demandent à rester un tout petit peu
19:13 plus longtemps pour arrondir
19:15 leur trésor avant
19:17 de franchir la porte.
19:19 Voilà ce qu'est la Bastille, mais attention,
19:21 il y a aussi les combles.
19:23 Et là, ce sont pour les forbants.
19:25 Et pire encore, il y a les cachots.
19:27 Ce sont des conditions
19:29 infâmes. Dans les combles,
19:31 vous avez juste un tout petit espace
19:33 où vous pouvez vous tenir droit.
19:35 Sinon, c'est courbé et en bas.
19:37 Et bien,
19:39 dans ces cachots,
19:41 lorsque la Seine déborde,
19:43 vous avez l'inondation.
19:45 Ce sont des situations
19:47 intenables pour
19:49 n'importe quel être humain.
19:51 Et c'est sans doute pour cela que Louis XVI
19:53 envisage de
19:55 fermer le lieu. Et lorsque
19:57 en 1789,
19:59 les événements vont se dérouler,
20:01 il n'y a que sept prisonniers.
20:03 - Pourquoi que sept ? - Parce que, je vous dis,
20:05 c'est un lieu en jachère,
20:07 c'est du frottin, rien du tout de bien important.
20:09 Et l'un des personnages
20:11 qui a une envergure
20:13 et que certains tiennent
20:15 parmi ceux qui étaient encore
20:17 enfermés, c'est le fameux Marquis de Sade.
20:19 Il a siégé là pendant 5 ans.
20:21 Et début juillet,
20:23 que se passe-t-il ?
20:25 En début juillet, quand il y a
20:27 les échauffourées un peu partout,
20:29 de l'aunesse,
20:31 on fait placer les canons de telle sorte
20:33 qu'ils ne peuvent plus avoir accès à la promenade.
20:35 Et là, il pique une colère,
20:37 il se débrouille pour fabriquer
20:39 un porte-voix et il hurle
20:41 "On égorge les prisonniers,
20:43 on égorge les prisonniers !"
20:45 Forcément, on ne va pas se laisser ennuyer
20:47 par un tel zozo.
20:49 Et on le conduit à Charenton.
20:51 Et c'est à Charenton, donc,
20:53 qu'on reviendra parler de la Révolution,
20:55 mais non pas à la Bastille.
20:57 Et que deviendra finalement la Bastille,
20:59 le bâtiment lui-même ?
21:01 Dès le soir du 14 juillet,
21:03 on a un entrepreneur de 34 ans
21:05 qui s'appelle Pierre-François Paloua.
21:07 Il prend l'initiative
21:09 incroyable de commencer
21:11 à démonter, avec ses
21:13 employés,
21:15 la Bastille, pierre par pierre.
21:17 Et on verra des personnages
21:19 aussi importants que Beaumarchais,
21:21 Mirabeau,
21:23 participer à cette destruction.
21:25 Très rapidement,
21:27 il sera mandaté,
21:29 il en disposera de plus de 800
21:31 employés. Mais il a le sens du commerce, ce gars-là.
21:33 Il prendra des pierres,
21:35 en fera des petits bibelots,
21:37 des bijoux, les transformera.
21:39 Il éditera
21:41 à partir de ces pierres
21:43 83
21:45 petites Bastilles qu'il
21:47 destinera à chacun
21:49 des départements. Et notons aussi
21:51 que le pont de la Concorde
21:53 et celui du pont Neuf,
21:55 pour une partie, sont
21:57 construits avec les pierres
21:59 de la Bastille.
22:01 - Je vous ai interrompu, je vous ai fait faire un saut
22:03 tout de suite dans le temps, mais le premier à avoir été
22:05 enfermé à la Bastille,
22:07 c'était l'architecte
22:09 de la Bastille. - Oui, c'est ça, Orio.
22:11 - Alors là, on a vu
22:13 un petit peu ce qui s'est passé juste avant.
22:15 Comment est-ce qu'on arrive petit à petit
22:17 à la Bastille du 14 juillet ?
22:19 Quel est le symbole de la Bastille ?
22:21 Et dans la deuxième partie, on va voir la chute
22:23 de la Bastille, comment tout commence aux Invalides,
22:25 qu'est-ce qui se passe à la Bastille ?
22:27 Ce sont les munitions, pourquoi tout le monde va là-bas
22:29 et comment se passe la chute de la Bastille ?
22:31 Rendez-vous dans la deuxième partie pour le Grand Destin
22:33 du 14 juillet.
22:35 Retour sur le plateau
22:37 des Grands Destins,
22:39 le Grand Destin du 14 juillet.
22:41 Je le disais il y a quelques instants,
22:43 cette fois où le peuple est devenu plus fort
22:45 et plus droit, comment ça se passe ?
22:47 Comment chaque personnage entre en contre
22:49 et entre justement dans l'histoire ?
22:51 Et le peuple, notamment,
22:53 on le voit avec Marc Menand.
22:55 Le 14 juillet, tout commence aux Invalides.
22:57 - On ne dort pas beaucoup dans Paris.
23:05 Les cabarets sont pleins, certains.
23:09 - On en était à Camille Desmoulins
23:11 qui a appelé la foule à prendre les armes.
23:13 - On a déferlé dans les théâtres
23:15 pour attirer les spectateurs.
23:17 Tout cela a grossi.
23:19 Certains sont allés se coucher.
23:21 Les autres ont arrosé
23:23 en essayant d'avoir les plans
23:25 à tirer sur la comète.
23:27 Que va-t-on faire demain ?
23:29 On ne peut pas en rester là.
23:31 Car il y a toujours ces 30 000 soldats
23:33 qui sont au champ de Mars
23:35 convoqués par Louis XVI.
23:37 Et puis la menace des gens,
23:39 des barrières d'octroi.
23:41 Alors, ça se reconstitue.
23:43 Là encore, il n'y a pas de signal.
23:45 Vous avez des petits groupes
23:47 qui se forment, ceux qui n'ont pas dormi,
23:49 ceux qui se réveillent.
23:51 Il faut trouver des armes.
23:53 On s'en souvient, Desmoulins.
23:55 Et puis il y a ceux qui sont tout fiers
23:57 d'afficher leur petite cocarde.
23:59 Il y a deux cocardes,
24:01 celle qui est toute verte,
24:03 et d'autres qui ont pris
24:05 simplement le rouge et le bleu
24:07 de la ville de Paris.
24:09 Alors, si on marche, on va où ?
24:11 Il faut aller aux Invalides.
24:13 Et on se présente.
24:15 Et là, on a beau hurler,
24:17 on leur fait savoir
24:19 qu'il n'y a rien.
24:21 Que les armes, oui, il y en a quelques-unes,
24:23 mais pas suffisamment
24:25 pour ce peuple qui y est fort
24:27 maintenant plus qu'un régiment.
24:29 Et puis surtout, il n'y a pas de poudre.
24:31 Et alors là, il y a le fourrier, la Barthe.
24:33 Alors, il a compris tout de suite
24:35 qu'il fallait être du côté
24:37 des plus gueulards.
24:39 - Il ne va pas s'opposer à la foule.
24:41 - Il dit mais il faut aller à la Bastille.
24:43 À la Bastille.
24:45 Là-bas, il y a de la poudre,
24:47 il y a tout ça.
24:49 Et on repart, on hurle.
24:51 - Pour les munitions.
24:53 - Pour les munitions.
24:55 Et on traverse. Vous vous rendez compte ?
24:57 Aujourd'hui, vous pouvez faire le trajet.
24:59 Vous partez des Invalides
25:01 et vous montez jusqu'à la Bastille.
25:03 Et au fur et à mesure,
25:05 la foule se transporte à la Bastille.
25:07 - Oui. Alors vous imaginez
25:09 le grondement.
25:11 Et notre Dolonais
25:13 qui est là, forcément,
25:15 les cris, il les entend.
25:17 Néanmoins, il essaie de cabrer devant ses hommes.
25:19 "Hudu, mais on va tenir le siège."
25:21 "Il n'y a aucun problème,
25:23 personne ne pénétrera dans les lieux."
25:25 Il a 25 canons à son service.
25:27 Et puis également, 3 autres canons
25:29 qu'il a fait dresser devant le 1er pont-levis.
25:31 Parce qu'il y a un 1er pont-levis,
25:33 des cours et puis un 2e pont-levis.
25:35 Mais néanmoins,
25:37 il a pris une décision
25:39 invraisemblable, c'est de recroqueviller
25:41 tout le monde dans la forteresse même.
25:43 Ce qui fait que la 1re cour,
25:45 elle est abandonnée. On peut passer
25:47 le 1er pont-levis sans aucun problème.
25:49 Alors vous avez la foule qui aviaient.
25:51 Les badauds qui commencent à se demander
25:53 ce qui se passe. Certains
25:55 restent simplement spectateurs.
25:57 Mais après, vous savez comment c'est la contagion.
25:59 Ils participent en tous au mouvement.
26:01 Et puis il y a un avocat.
26:03 Alors lui, il se distingue.
26:05 Il faut qu'il y ait un meneur spontané.
26:07 Et ce meneur spontané,
26:09 c'est Turiot de la Rosière.
26:11 Et ce Turiot de la Rosière,
26:13 il faut qu'on alle parler à Dolonais.
26:15 Il demande
26:17 à avoir un entretien.
26:19 Ah mais ça se décide pas comme ça.
26:21 Néanmoins, il finit par pouvoir
26:23 pénétrer dans le lieu.
26:25 Et le voilà au contact de Dolonais.
26:27 Mais ça dure, ça dure.
26:29 Et il y a une foule qui est là,
26:31 qui estime que la décision devrait venir plus tôt.
26:33 Il grille.
26:35 Ouvrez le pont-levis, ouvrez le pont-levis.
26:37 Soldats,
26:39 rendez-vous, rendez-vous.
26:41 Et rien ne se passe.
26:43 Et on finit par dire, mais en réalité,
26:45 Turiot de la Rosière,
26:47 il a été arrêté.
26:49 Ça gronde, ça gronde, et hop là,
26:51 il y a une première salle de pieds tirés.
26:53 Est-ce que c'est Dolonais qui a donné leur on-sait ?
26:55 Est-ce que ce sont des
26:57 vétérans qui soudain ont eu
26:59 un peu peur et qui cherchent à
27:01 calmer la foule ? Toujours est-il qu'on a les
27:03 premiers morts, les premiers blessés.
27:05 On tire sur la foule.
27:07 Et il y a l'effondrement.
27:09 Pour autant, eh bien,
27:11 Turiot sort. Il dit, camarade,
27:13 Dolonais
27:15 est en train de nous écouter, laissez-lui
27:17 le temps. Puis une deuxième délégation.
27:19 Le temps passe, on est à une heure et demie.
27:21 Deuxième délégation,
27:23 troisième délégation.
27:25 La foule, on a de plus en plus de mal
27:27 à la tenir. Elle vocifère.
27:29 Et on commence
27:31 à s'armer. Et soudain arrivent
27:33 deux personnages
27:35 avec eux des canons.
27:37 Ils ont trois canons. C'est
27:39 Hulain, qui est un domestique
27:41 que l'on connaîtra quelques temps plus tard
27:43 comme général. C'est l'époque, vous savez,
27:45 où vous partez comme rien, et puis ensuite,
27:47 les galons fleurissent
27:49 sur vos épaules. Il y a Hulain
27:51 et Elie. Elie, lui, il est
27:53 sous-lieutenant. Ils ont avec eux une centaine
27:55 d'hommes. Et ils s'organisent
27:57 et ils partent. Ils placent
27:59 les canons face
28:01 au pont-levis
28:03 qui est fermé.
28:05 Et là,
28:07 est-ce que Dolonais panique
28:09 véritablement ? Toujours est-il
28:11 qu'il donne l'ordre du tir.
28:13 Mais ce qui est incroyable
28:15 chez cet homme, je vous l'ai dit,
28:17 qui est toujours dans l'indécision. D'un côté,
28:19 il croit qu'en faisant
28:21 tirer, il y aura
28:23 quelques morts, mais que ça suffira
28:25 à calmer l'ensemble. Forcément, c'est
28:27 le contraire qui se passe.
28:29 Et là, eh bien, sans doute
28:31 que des
28:33 vétérans, à nouveau,
28:35 prennent une décision incroyable.
28:37 Ce n'est pas Dolonais qui donne l'ordre.
28:39 On abat le pont-levis
28:41 alors qu'on allait tirer
28:43 pour le faire tomber.
28:45 Mais quoi qu'il arrive, si on avait tiré,
28:47 il y a le fossé de 25 mètres que je vous
28:49 ai présenté tout à l'heure,
28:51 on n'aurait pas pu le franchir.
28:53 Donc, ils étaient imprenables dans la Bastille.
28:55 Mais là,
28:57 le déferlement et le
28:59 sang qui coule de partout,
29:01 des deux côtés, est Dolonais
29:03 qui demande,
29:05 qui demande la reddition.
29:07 Mais il ne trouve pas de drapeau
29:09 blanc. Alors,
29:11 que fait-il ? Il cherche
29:13 un torchon ou un mouchoir.
29:15 Toujours est-il un petit
29:17 élément à agiter.
29:19 À ses côtés, il y a le capitaine
29:21 des Suisses, Deflux.
29:23 Les Suisses, ils s'en sont tirés, les 30
29:25 oies suisses. Ils auraient dû être
29:27 égorgés par la foule. Dans ces instants-là,
29:29 forcément, il n'est plus question
29:31 de faire la différence. Mais en plus,
29:33 ce sont les étrangers. Mais sauf que
29:35 leur costume a
29:37 créé une confusion. On a cru
29:39 qu'ils étaient les prisonniers.
29:41 Ce qui est invraisemblable, c'est que
29:43 on vient chercher des armes,
29:45 on va trouver de la poudre,
29:47 mais théoriquement aussi, on devrait
29:49 libérer les prisonniers. Personne
29:51 ne pense à libérer les prisonniers.
29:53 Ce sera la dernière opération
29:55 qui sera conduite
29:57 par les uns et les autres.
29:59 C'est vrai que ça montre à quel point la Bastille n'était pas une prison.
30:01 Ce qu'on disait tout à l'heure.
30:03 Et De Launay, fini par être
30:05 sancturé,
30:07 et on veut le conduire
30:09 à l'hôtel de ville. Il a obtenu,
30:11 en se rendant,
30:13 que théoriquement, rien ne soit fait
30:15 à ses hommes et que sa tête
30:17 soit sauve. Et il
30:19 avance, entouré
30:21 par Hulain, qui a sorti
30:23 son sabre, et plusieurs fois,
30:25 il doit menacer quelques individus
30:27 qui veulent faire la peau
30:29 à De Launay. A chaque fois, il rétablit
30:31 l'ordre et il y équiveille
30:33 à ses côtés. Ces deux-là sont vraiment
30:35 des personnages charismatiques.
30:37 Ils mériteront leur grade
30:39 de général plus tard.
30:41 Toujours est-il que,
30:43 à un moment,
30:45 l'intervention
30:47 de Hulain
30:49 ne suffit pas.
30:51 De Launay est
30:53 frappé une première fois,
30:55 deuxième fois, il est éventré
30:57 à la baïonnette,
30:59 il choie, et là,
31:01 on hurle
31:03 "la tête, la tête, la tête !"
31:05 Et parmi tous les agités,
31:07 il y en a un, c'est un boucher
31:09 de chômeurs, il s'appelle Desnault.
31:11 Et Desnault sort
31:13 son couteau,
31:15 et il coupe la tête
31:17 de De Launay.
31:19 Et on place la tête sur un pic,
31:21 et on décide
31:23 d'aller,
31:25 de continuer à marcher
31:27 vers l'hôtel de ville,
31:29 où un autre drame s'est produit.
31:31 De Flessel, qui est plutôt un homme
31:33 qui a bonne réputation,
31:35 c'est un garçon qui a du caractère,
31:37 mais néanmoins,
31:39 on a fini par considérer
31:41 qu'il était un traître.
31:43 "Ah oui, il avait dit, on a des armes,
31:45 elles vont arriver, elles sont sur un bateau,
31:47 là, au port, attendez un tout petit peu !"
31:49 Mais un homme crie
31:53 "Il nous ment, en réalité,
31:55 il cherche à nous amuser !
31:57 Traître, traître, traître !"
31:59 Et De Flessel,
32:01 lui aussi, est frappé,
32:03 et à nouveau,
32:05 la tête placée sur
32:07 le pic.
32:09 Et ce sont
32:11 ces
32:13 restes de personnages
32:15 qui sont brandis par une foule
32:17 en délire.
32:19 Nous sommes le 14 au soir,
32:21 la Bastille
32:23 est tombée,
32:25 c'est le début de la Révolution,
32:27 mais à Versailles,
32:29 ce n'est qu'une rumeur
32:31 qui parvient aux oreilles du roi,
32:33 c'est un peu plus tard
32:35 que Delaroche-Foucault,
32:37 lui en cours, lui annoncera
32:39 la nouvelle.
32:41 Et nous allons voir comment
32:43 réagit le roi.
32:45 Comment le roi Louis XVI
32:53 apprend-il la nouvelle ?
32:55 Comment réagit-il ?
32:57 Alors déjà, le matin, il était parti à la chasse.
32:59 N'oubliez pas, cet homme est toujours
33:01 à la chasse pour la douleur de son enfant mort
33:03 il y a à peine un mois et demi.
33:05 Et puis,
33:07 ce n'est pas un personnage
33:09 capable des grandes décisions.
33:11 Il essaie toujours de voir
33:13 comment il peut concilier
33:15 les uns et les autres.
33:17 Au fur et à mesure, il
33:19 admet de perdre
33:21 un tout petit peu de son pouvoir.
33:23 Mais poussé par Marie-Antoinette,
33:25 il entend néanmoins
33:27 se maintenir en place.
33:29 Mais il est vrai que jusqu'à présent,
33:31 personne dans la foule
33:33 ne demande la tête du roi.
33:35 N'oublions pas qu'elle ne tombera
33:37 qu'en 1793.
33:39 C'est-à-dire que dans un premier temps,
33:41 on veut un roi, mais simplement
33:43 au pouvoir amoindri.
33:45 Un roi qui serait
33:47 un peu comme le roi d'Angleterre.
33:49 Ça, c'est important.
33:51 Et puis donc, il va
33:53 à la chasse, il revient,
33:55 passe la journée,
33:57 les dernières nouvelles lui parviennent
33:59 de ce qui se trame à Paris.
34:01 Et au matin, quand il se lève,
34:03 le 15, de la Rochefoucauld,
34:05 qui lui raconte les événements.
34:07 Il marque
34:09 un temps d'hésitation.
34:11 Il est blême. Il dit
34:13 "mais c'est une révolte alors."
34:15 "Oh non, Sire,
34:17 c'est la Révolution."
34:19 La fameuse phrase.
34:21 Alors certains diront
34:23 "mais de toute façon, il est tellement inconscient
34:25 pour son petit carnet."
34:27 Il y avait un carnet où chaque jour,
34:29 il affichait, si je puis dire,
34:31 le résultat
34:33 de sa chasse. Il n'avait marqué rien.
34:35 Alors, nombre de personnes
34:37 disaient "ah ben, il n'avait marqué rien,
34:39 c'est qu'il ne s'intéressait pas du tout
34:41 à la situation." Non. C'était le compte
34:43 rendu de sa chasse ce jour-là.
34:45 Il n'y avait pas eu le moindre gibier
34:47 qui était tombé sous
34:49 les attaques
34:51 du roi. Voilà
34:53 ce que signifie ce rien.
34:55 - Que se passe-t-il après ?
34:57 Il va finalement à l'hôtel de ville ?
34:59 - Il va à l'hôtel de ville, deux jours plus tard,
35:01 avec 32 députés
35:03 qui ont été tirés au sort
35:05 et parmi eux, on trouve
35:07 Robespierre et Danton.
35:09 - Qui accompagnent Louis XVI.
35:11 - Qui accompagnent Louis XVI.
35:13 Lafayette a été nommée
35:15 chef de la garde nationale.
35:17 C'est lui qui accueille
35:19 Louis XVI. On a également
35:21 un nouveau maire. N'oubliez pas,
35:23 De Flessel a été tué
35:25 et on a élu
35:27 Bailly. Et Bailly est là, lui aussi,
35:29 à côté du roi qui se présente
35:31 avec son chapeau.
35:33 Et selon
35:35 la légende, là encore, on n'a pas toujours
35:37 les détails
35:39 de la précision,
35:41 mais il semblerait
35:43 que Lafayette
35:45 a la cocarde
35:47 rouge et bleue
35:49 de Paris, et greffé
35:51 le blanc, symbole de la royauté,
35:53 et qu'il l'ait tendu
35:55 au roi, plaçant
35:57 cette cocarde sur
35:59 son chapeau, d'où le
36:01 fameux bleu-blanc-rouge.
36:03 Voilà ce jour-là,
36:05 ce qui se passe avec
36:07 un roi qui reconnaît
36:09 ce qui s'est tramé,
36:11 qui admet le pouvoir de la
36:13 constituante, et donc
36:15 de devenir le représentant
36:17 du peuple, mais n'étant plus
36:19 celui détenant les pouvoirs
36:21 dans toute leur
36:23 amplitude. Et Lafayette,
36:25 qui est un peu l'homme de la
36:27 situation, il est à bleur,
36:29 Lafayette, il aime bien
36:31 essayer de se montrer
36:33 à son avantage, mais il n'aura pas
36:35 toujours les courages nécessaires
36:37 ou les bonnes décisions à l'instant T,
36:39 car on pourrait penser
36:41 qu'il aurait,
36:43 avec un peu
36:45 d'audace, pu prendre
36:47 un rôle plus important encore dans la
36:49 révolution. - On a vu
36:51 comment se sont déroulés
36:53 ces jours 12, 13,
36:55 14 juillet. Comment
36:57 le 14 juillet finit par devenir une fête nationale?
36:59 Ça, c'est la grande question que l'on va
37:01 se poser.
37:03 (musique)
37:05 Le 14 juillet,
37:07 c'est le sang qui coule,
37:09 c'est la terreur,
37:11 pas encore, mais c'est la terreur de la foule,
37:13 c'est le jour où le peuple prend
37:15 le pouvoir par rapport au roi.
37:17 Comment cette journée finit par
37:19 s'inscrire dans le calendrier et devenir
37:21 une fête nationale? - Déjà, un an après,
37:23 on va faire organiser
37:25 la fête
37:27 de la Fédération. Ce sera
37:29 au champ de Mars. On organise,
37:31 vous voyez, on prépare le terrain
37:33 pour accueillir plus de
37:35 100 000 personnes. Et celui
37:37 qui est le maître de tout cela,
37:39 c'est Lafayette.
37:41 Et début juillet, on détermine
37:43 que ce sera le 14
37:45 que l'on aura cet instant
37:47 d'unification de la
37:49 nation. Là encore, il y a eu le
37:51 sang, les mois se sont
37:53 écoulés et on a
37:55 l'impression que le peuple
37:57 à nouveau fait
37:59 un, que l'on est dans une
38:01 communion totale, que
38:03 les hommes se sont retrouvés
38:05 de la noblesse aux clergés
38:07 et aux gueux un an après.
38:09 Il y a
38:11 plus de 800 ouvriers qui
38:13 préparent et pour autant on estime
38:15 qu'ils ne sont pas assez
38:17 motivés, qu'ils font preuve
38:19 de trop de lenteur. Eh bien,
38:21 qu'importe. Les uns et les autres
38:23 s'improvisent, bénévolent. Tout le monde,
38:25 je vous ai dit, la fraternité,
38:27 c'est incroyable. Et tout
38:29 le monde a envie d'être là,
38:31 d'avoir son petit geste.
38:33 Lafayette lui-même retrouve ses mots.
38:35 On verra le roi se présenter
38:37 et le roi, eh bien,
38:39 prend la pioche et donne
38:41 quelques coups symboliques.
38:43 Il y a des bourgeois, il y a des
38:45 officiers, bref, l'ensemble
38:47 de tout ce
38:49 qui fait la nation
38:51 prépare ce 14 juillet,
38:53 cette fête de la
38:55 fédération. Et c'est
38:57 un instant incroyable
38:59 qui se déroule
39:01 quand enfin on se retrouve
39:03 le jour J
39:05 avec le roi,
39:07 Marie-Antoinette, et le
39:09 petit dauphin, petit bonhomme,
39:11 celui qui a succédé
39:13 à son frère, le poupon.
39:15 Et à un instant donné,
39:17 on lui place la cocarde
39:19 aussi. Et Marie-Antoinette
39:21 le brandit, et la
39:23 foule qui exulte, vive
39:25 le dauphin, vive le roi,
39:27 vive la reine. - Incroyable.
39:29 Deux ans avant la fin fatidique.
39:31 - Voilà. - Incroyable.
39:33 - Un an après le sang. - En impression
39:35 d'une paix civile, d'une union
39:37 de la nation. - D'une union de la nation.
39:39 Oublions tout ce qui a pu nous
39:41 diviser, croyons
39:43 en l'avenir.
39:45 Les prêtres sont là. C'est-à-dire
39:47 que c'est un élan
39:49 formidable
39:51 qui emporte le
39:53 royaume, car on est toujours dans le
39:55 royaume.
39:57 Il n'y a pas la moindre menace
39:59 en tant que telle.
40:01 Et cet instant sublime
40:03 n'est pour autant
40:05 que la parenthèse.
40:07 Car au fil des années,
40:09 on ne refera pas une
40:11 célébration du 14 juillet.
40:13 Et quand les consuls
40:15 Bonaparte seront en place,
40:17 on oublie complètement
40:19 de célébrer ce 14 juillet.
40:21 Pire, il faut l'oublier
40:23 alors. La restauration,
40:25 surtout pas la révolution,
40:27 Louis XVIII, hop, on oublie.
40:29 Louis-Philippe, hop,
40:31 encore moins.
40:33 Et il y a eu aussi
40:35 Charles X. Notons quand même
40:37 que sous Louis-Philippe,
40:39 il y a le désir
40:41 de rappeler
40:43 les événements de 1830
40:45 lorsque
40:47 Charles X tombe. Et là,
40:49 on dressera
40:51 la fameuse
40:53 colonne de juillet.
40:55 La colonne de juillet, avec
40:57 le génie de la liberté.
40:59 Et c'est en 1840
41:01 qu'on inaugurera ce monument
41:03 que l'on voit encore aujourd'hui.
41:05 Mais pour autant,
41:07 ce n'est pas la fête nationale.
41:09 - À quel moment donc, finalement ?
41:11 - Eh bien, ce sera en 1880
41:13 que nous aurons
41:15 - Près de 100 ans plus tard.
41:17 - Près de 100 ans plus tard,
41:19 Raspail qui propose
41:21 le 6 juillet
41:23 que l'on célèbre
41:25 cette fête nationale
41:27 le 14 juillet.
41:29 C'est voté à l'Assemblée.
41:31 Cette fête
41:33 qui nous réunit
41:35 dans l'esprit de celui
41:37 de 1790
41:39 où théoriquement, nous sommes tous unis
41:41 communiant
41:43 à cette éthique
41:45 liberté, égalité,
41:47 fraternité.
41:49 - Pour vous, qu'est-ce que ça représente
41:51 le 14 juillet, vous, Marc Menand,
41:53 aujourd'hui, personnellement ?
41:55 - C'est un espoir.
41:57 Je trouve que c'est un espoir.
41:59 C'est comment
42:01 on peut envisager
42:03 un homme qui est
42:05 citoyen, qui n'est plus sujet,
42:07 un homme qui connaît
42:09 les parfums de la liberté,
42:11 un homme qui a un sens de l'égalité,
42:13 un homme
42:15 qui se veut
42:17 dans le respect
42:19 des uns et des autres
42:21 et qui sait aussi
42:23 amoindrir ses propres convictions.
42:25 Donc, on cherche
42:27 à vivre dans l'union.
42:29 Malheureusement, quand on regarde
42:31 notre quotidien, on a l'impression
42:33 que l'on oublie cet esprit
42:35 du 14 juillet.
42:37 - On va résumer un peu
42:39 cette émission. Tout commence
42:41 le 11 juillet avec les incendies
42:43 des barrières de l'Ordre 3.
42:45 Le 12 juillet, Camille Desmoulins,
42:47 avocat sans cause,
42:49 qui harangue la foule
42:51 au Palais Royal et l'appelle aux armes.
42:53 Le 14 juillet, les insurgés
42:55 se rendent d'abord aux Invalides
42:57 puis se rendent à la Bastille
42:59 pour trouver des munitions.
43:01 Puis c'est à 16h que le gouverneur
43:03 de Loney se rend, sa tête et celle
43:05 du président de Fessel se retrouvent
43:07 au bout d'une pique. Le 14 juillet 1790,
43:09 c'est la première célébration
43:11 de la Révolution.
43:13 Mais le 14 juillet
43:15 devient fête nationale
43:17 en 1880.
43:19 Deux livres pour profondir.
43:21 - Oui, l'histoire de la Bastille.
43:23 Déjà l'histoire de la Bastille,
43:25 la véritable histoire de la Bastille.
43:27 - Claude Quetel.
43:29 - C'est formidable, vous avez tous
43:31 les petits détails.
43:33 Et puis il est difficile,
43:35 parce que pour préparer l'émission,
43:37 j'ai été de biographie en biographie,
43:39 essayer d'avoir les éléments.
43:41 Alors il y a une bonne synthèse,
43:43 c'est l'histoire de France pour les nuls.
43:45 Je vous inviterai de revisiter, je dirais,
43:47 tout ce que nous vous proposons
43:49 toutes les semaines,
43:51 et c'est l'histoire de France pour les nuls
43:53 de mon camarade Jean-Joseph Jullot.
43:55 - Que vous adorez.
43:57 - Oui, parce qu'il est brillant.
43:59 - On cite régulièrement.
44:01 On cite qu'elle est bonne, qu'elle est grande.
44:03 Merci beaucoup mon cher Marc
44:05 pour cette émission du 14 juillet,
44:07 cette fois où le peuple est apparu
44:09 plus fort que le roi.
44:11 Voilà ce que je retiens.
44:13 Merci.