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Les invités de #HDPros2 débattent des grands thèmes de l'actualité. Présenté par Pascal Praud du lundi au jeudi et Julien Pasquet le vendredi.

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Transcription
00:00 Bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver en ce vendredi soir, l'heure des pro 2 qui
00:05 arrive juste après le rappel de l'actualité, il est quasiment 20h, merci de nous rejoindre
00:09 en direct sur CNews.
00:10 L'exécutif ne cèdera rien à la violence, déclaration du président de la République
00:19 en conférence de presse à Bruxelles.
00:21 Les mobilisations nationales contre la réforme des retraites sont émaillées de nombreux
00:25 incidents, des violences condamnées par le chef de l'état qui en appelle à la responsabilité
00:30 de chacun.
00:31 5 personnes en garde à vue à Bordeaux après l'incendie volontaire du Porsche de la mairie
00:36 hier soir.
00:37 Un feu d'une quinzaine de minutes qui a endommagé la porte massive en bois de l'édifice.
00:42 Parmi les suspects, 4 majeurs et un mineur.
00:45 Certains ont été arrêtés en possession de multiples armes comme une matraque télescopique,
00:50 une barre en PVC ou une chaîne de vélo.
00:53 Une enquête a été confiée à la police judiciaire.
00:56 Les contrôleurs aériens en grève au moins jusqu'à mercredi.
01:00 La direction générale de l'aviation civile demande aux compagnies de renoncer dimanche
01:05 à 33% de leurs vols à Paris-Orly, mais aussi à 20% des vols aux aéroports de Lyon et Marseille.
01:12 Même son de cloche pour lundi.
01:13 Les annulations s'élargiront aux aéroports de Toulouse et Bordeaux mardi et mercredi.
01:18 L'heure des pro 2 du vendredi soir en compagnie de Véronique Jacquier.
01:26 Bonsoir, Patrick Roger, directeur général de Sud Radio, Kevin Bossuet, professeur d'histoire,
01:32 Frédéric Durand, directeur de l'inspiration politique.
01:37 Faut-il y voir un nouveau signe du climat actuel, de l'atmosphère qui règne autour
01:43 du chef de l'État et de cette contestation sans fin autour de la réforme des retraites
01:48 notamment, alors qu'on a appris aujourd'hui, vous le savez, et on en parlera tout à l'heure,
01:52 l'annulation du roi d'Angleterre de cette visite officielle qui était prévenue dimanche.
01:57 Autre symbole peut-être de la pression qui pèse ces derniers jours autour du président
02:01 de la République.
02:02 Certains attendaient Emmanuel Macron ce soir au Stade de France.
02:04 Vous savez qu'il y a un match, un grand rendez-vous pour les Bleus en vue de prochaines
02:08 Euros, qualification contre les Pays-Bas, donc à Saint-Denis ce soir, et l'Elysée
02:13 a confirmé que finalement Emmanuel Macron ne s'y rendrait pas.
02:16 Les informations sur place avec Louis Vix.
02:18 C'est aux alentours de 18h30, Julien, que nous avons eu la confirmation de la non-venue
02:22 d'Emmanuel Macron ici au Stade de France.
02:24 Alors cette visite ne figurait pas sur le programme officiel de l'Elysée.
02:27 En revanche, vous nous avez confirmé dans l'entourage du président la volonté d'Emmanuel
02:32 Macron de venir ici à Saint-Denis, participer aux célébrations des vice-champions du monde
02:36 français, les grandes retrouvailles entre le public français et les joueurs de l'équipe
02:40 de France, et notamment les célébrations qui vont avoir lieu juste avant le début
02:44 du match pour les néo-retraités, que sont Hugo Loris, Steve Mandanda, Blaise Matuidi
02:48 ou encore Raphaël Varane.
02:50 Ce que l'on peut vous dire, c'est que le dispositif policier et de sécurité était
02:54 très important, encore plus qu'à l'accoutumée, parce qu'on a craint d'éventuels blocages,
02:58 d'éventuels débordements si Emmanuel Macron se rendait ici.
03:01 On a craint aussi dans son entourage que son image soit une nouvelle fois mise à mal.
03:06 Si d'aventure son visage avait par exemple été affiché sur les écrans du Stade de
03:10 France.
03:11 L'Elysée a officiellement confirmé l'annulation de cette visite.
03:14 Emmanuel Macron, qui a défaut d'être ici au Stade de France ce soir, va dîner avec
03:18 le président du Costa Rica.
03:20 Alors on l'a bien compris, ce n'était pas forcément à l'agenda officiel du chef
03:23 de l'État, mais son entourage avait confirmé sa volonté d'y aller.
03:26 Il aurait aimé aller au stade ce soir, pardon pour le mauvais jeu de mots, mais ça sent
03:30 un peu la défaite quand même pour Emmanuel Macron.
03:32 C'est un symbole je trouve.
03:34 Oui, c'est un symbole fort, parce qu'il est évident que le président Emmanuel Macron
03:39 est un passionné de football et qu'il aurait aimé retrouver cette équipe de France qui
03:42 plus est avec Kylian Mbappé.
03:44 On se souvient un petit peu de leurs échanges après la Coupe du Monde.
03:47 Et là, c'est les premières grandes retrouvailles.
03:49 Il voulait y aller.
03:50 Et puis plus les petites cérémonies qui sont prévues pour Lloris, etc.
03:54 Et avec la circulation de toutes les informations sur les réseaux sociaux cet après-midi
03:58 disant qu'il fallait se retrouver manifesté devant le Stade de France, plus l'appel
04:03 a sifflé le président de la République pendant le match.
04:07 Il était évident que l'Élysée ne pouvait pas prendre de risques.
04:10 Ça venait après l'annulation pour la visite du roi d'Angleterre, du roi Charles.
04:16 Et dans ces conditions, on comprend évidemment que cette annulation aurait été perçue
04:21 comme une forme de provocation s'il s'était montré lui-même dans les tribunes.
04:24 Parce qu'on aurait montré les images de cette finale au Qatar où il avait enlevé
04:30 la veste et il était en chemise supportant les Français et les Bleus.
04:34 Et là, il aurait eu une image où il aurait été un petit peu plus peut-être Rockrogvy.
04:39 C'est une drôle de claque quand même.
04:40 Il ne peut même plus sortir de l'Élysée.
04:42 Voilà la conclusion qu'on en tire ce soir.
04:45 C'est un renoncement qui en dit long.
04:48 Le roi est nu.
04:49 C'est-à-dire que dans la même journée, il renonce à accueillir le roi Charles III.
04:54 Même si je mets ce bémol, c'est important parce qu'il faut qu'on soit factuel.
04:57 Ce n'était pas à l'agenda officiel.
04:59 L'entourage avait rappelé que le chef de l'État souhaitait y aller.
05:02 Mais ce n'est pas inscrit à l'agenda officiel comme la visite d'État de Charles III par exemple.
05:05 Mais c'est un symbole.
05:07 C'est important de le souligner.
05:09 C'est quand même au-delà du symbole une rencontre avec les Français,
05:12 avec les Français qui aiment le foot.
05:14 Et on sait très bien finalement que ce qu'il craignait par-dessus tout,
05:16 c'était d'être sifflé, c'était d'être hué.
05:19 Voilà, alors là, c'était une image absolument ingérable pour lui et pour son entourage.
05:25 Surtout qu'en plus, on ne voit pas l'issue de la crise.
05:29 On subodore que ça puisse continuer ce week-end.
05:32 On sait, on va sans doute en parler, qu'il y a aussi des tensions dans les Deux-Sèvres
05:36 avec l'histoire des méga-bassines.
05:38 Et puis il y a ces manifestations sauvages qui continuent chaque soir.
05:42 On ira à République tout à l'heure.
05:43 Pour l'instant, c'est très calme ce soir dans Paris.
05:45 Mais ça pourrait s'envenimer.
05:48 On voit que le roi est nu, qu'il doit conforter son assis sur plusieurs fronts
05:52 et que ce soir, c'est très difficile.
05:54 Le chef de l'État ne peut plus se déplacer, Frédéric Durand.
05:56 L'exécutif et le président sont claque-murés parce que la pression est trop forte.
06:01 Je crois que c'était une situation assez prévisible et finalement prévue
06:05 par Emmanuel Macron lui-même.
06:07 Il ne faut pas rêver.
06:09 Ça fait partie des dégâts collatéraux, je dirais.
06:12 Mais en choisissant la voie qu'il a choisie, il savait très bien derrière.
06:16 En rentrant dans le bras de fer, dans le rapport de force de manière aussi brutale et violente,
06:20 il savait très bien que derrière, il allait y avoir ce genre de choses.
06:24 Alors il ne les a pas anticipées, laisse faire, mais il les avait prévues.
06:28 Donc voilà, moi, je ne suis pas très étonné.
06:30 Je pense qu'Emmanuel Macron lui-même ne l'est pas.
06:34 Kévin, un dernier mot.
06:35 Monsieur Macron a pour réputation d'être le maître des horloges,
06:39 sauf que ce n'est même pas lui qui dicte lui-même son propre agenda.
06:43 C'est la rue qui lui dicte son agenda.
06:45 On le voit en effet avec le fait qu'il est obligé d'annuler sa venue au Stade de France.
06:51 On le voit également avec l'annulation de la venue de Charles III au sein de notre pays.
06:56 Et de manière plus générale, on sent bien qu'en France, il y a une détestation d'Emmanuel Macron.
07:02 En 1995, le problème, c'était Alain Juppé.
07:05 En 2006, le problème, c'était Dominique de Villepin.
07:08 Sauf que monsieur Macron a tellement porté lui-même cette réforme
07:11 qu'aujourd'hui, il n'y a plus de fusible.
07:13 Il est lui-même le fusible.
07:15 Il y a un tel degré de haine vis-à-vis du chef de l'État.
07:18 Bon courage à lui pour continuer à gouverner parce que ça va être de plus en plus compliqué.
07:23 Alors, je voudrais qu'on avance également.
07:24 On garde ces images et je préviens nos téléspectateurs.
07:26 Donc ces images en direct de la Place de la République
07:29 où certains manifestants, comme on en voit désormais depuis neuf soirs consécutifs,
07:33 ont décidé de se donner rendez-vous.
07:34 Vous voyez sur les images que pour l'instant, c'est très calme.
07:36 On restera très attentif à tout ce qui se passe.
07:39 On va revenir bien sûr sur ce qui s'est passé hier
07:41 où là, ça a été vraiment chaotique, notamment dans les rues de Paris.
07:44 On reviendra sur ces images absolument déplorables.
07:46 Mais puisqu'on est sur ces contre-temps, on va dire pour Emmanuel Macron,
07:50 celui-ci est de taille.
07:51 C'est la visite du roi Charles III en France qui était prévue de dimanche à mercredi.
07:54 Reporté, donc finalement, on peut rester les amis sur les images.
07:58 Quand bien même on parle de Charles III, on reste attentif à la Place de la République.
08:01 Finalement, l'Élysée nous fait savoir que c'est reporté.
08:04 Décision prise compte tenu de l'annonce d'une nouvelle journée d'action nationale
08:07 contre la réforme de la retraite mardi prochain.
08:09 Écoutez Emmanuel Macron qui était à Bruxelles aujourd'hui
08:12 et qui a justifié cette annulation devenue un report
08:14 puisque une nouvelle date a été fixée.
08:16 Je crois que vous voyez la situation liée justement aux protestations
08:22 en raison de la réforme des retraites en France.
08:24 À partir du moment où hier soir,
08:26 l'intersyndicale a annoncé une nouvelle journée de mobilisation mardi
08:30 et que la visite du roi était prévue de lundi à mercredi,
08:33 je pense que nous ne serions pas sérieux
08:35 et nous manquerions d'un certain bon sens
08:38 à proposer à Sa Majesté le roi et à la Reine-Consort
08:41 de venir faire une visite d'Etat au milieu des manifestations.
08:45 J'ai pris l'initiative ce matin de l'appeler et de lui dire
08:48 quelle était la situation.
08:49 À partir du moment où il y avait cette journée qui avait été décidée,
08:52 le bon sens et l'amitié nous conduisent à proposer un report.
08:55 Et nous nous fantasmions déjà sur des photos de Charles III
08:59 cerné de poubelle parisienne.
09:01 C'est l'Allemagne qui aura donc la primeur d'une visite officielle du roi.
09:04 Véronique.
09:05 Oui, écoutez, là je crois que c'est une décision de sagesse.
09:09 Ça paraissait intenable.
09:10 C'est une décision de sagesse de la part d'Emmanuel Macron
09:12 mais c'est aussi le signe d'une grande faiblesse pour notre pays.
09:14 Tout de même, vous imaginez, les Anglais se régalent
09:17 de voir ce renoncement là aussi orchestré par le président de la République.
09:22 Je crois que la raison la plus valable pour expliquer la non-venue de Charles III,
09:27 c'est vraiment qu'Emmanuel Macron savait qu'il risquait
09:30 de mettre à bout les forces de l'ordre.
09:32 On en est au 9e soir où ils sont en permanence en première ligne
09:37 et ils ne pouvaient pas se permettre de les essorer encore plus.
09:40 Parce que je vous rappelle qu'il y a aussi ce week-end,
09:43 donc le grand rendez-vous dans les Deux-Sèvres avec l'ultra-gauche
09:46 qui arrive de toute l'Europe.
09:47 Ces fameuses bassines de Saint-Sauline qui vont…
09:49 Et après, ça fasse entre les pro-grandes bassines et puis les écolos.
09:54 Donc, il y a tout ce climat de violence, de défiance.
09:58 Moi, franchement, il y a une telle zadisation des esprits en France,
10:02 une telle même zadisation des territoires
10:05 que accueillir le roi Charles III dans ce climat-là, c'était surréaliste.
10:09 C'est vrai que concernant les forces de l'ordre,
10:10 4000 policiers et gendarmes devaient être mobilisés ce week-end.
10:13 Ça suscitait évidemment des interrogations croissantes.
10:16 Croissantes, oui, croissantes, pardon.
10:19 C'est du bon sens ou une forme de déshonneur de ne pas être capable de l'accueillir ?
10:23 Moi, je pense que c'est une forme d'humiliation pour la France.
10:26 Vraiment ?
10:27 C'est de l'humiliation pour la France.
10:28 Et en plus, Emmanuel Macron dit que c'est une question de bon sens.
10:31 Alors, je voudrais lui rappeler en fait deux, trois choses sur le bon sens.
10:33 C'est que ça fait un mois que l'on sait évidemment
10:36 que nous allions être dans cette période qui allait être difficile
10:39 autour de la réforme des retraites puisqu'il y avait un calendrier.
10:42 Il y avait ce calendrier aussi de l'accueil et de la visite du roi Charles III d'Angleterre.
10:47 Et moi, en simple journaliste en fait lambda, je me disais mais c'est pas possible.
10:51 On va maintenir ça à Versailles ?
10:53 Et ça fait un mois qu'on le dit dans les rédactions.
10:56 On va maintenir ça à Versailles ?
10:57 On n'est pas en train de préparer, d'imaginer un report ?
11:00 Résultat, l'effet est catastrophique.
11:02 Parce que quel est l'effet aujourd'hui ?
11:04 Une situation d'urgence, on est obligé d'annuler.
11:07 Donc on est un peu humilié.
11:09 La France, grand pays, grande puissance,
11:11 elle n'est pas capable de sécuriser une visite du souverain britannique en France
11:16 alors que pendant ce temps, il y a un pays qui est en guerre, c'est l'Ukraine,
11:19 où il y a des visites officielles qui sont organisées à Kiev et un peu partout en Pays.
11:24 C'est assez dingue.
11:25 Ça en dit beaucoup sur l'état de notre pays.
11:27 Bien sûr.
11:28 Alors Véronique le dit et à juste titre, bien sûr.
11:30 Après, c'est de la sagesse de prendre cette décision.
11:33 Parce qu'il est évident que les images auraient choqué.
11:35 Et que avec les images des japonais...
11:38 Et puis là encore, il y avait des messages, des boucles de manifestants
11:41 qui voulaient se rendre à Versailles pour gâcher cette visite.
11:44 Évidemment.
11:45 Mais je pense qu'on n'a pas su anticiper,
11:47 comme on n'a pas su anticiper sur ces débats autour des questions des retraites.
11:51 Et la presse britannique se régale ce soir pour The Independent.
11:54 La visite du roi Charles reportée à cause des grèves
11:56 contre la réforme des retraites de Macron.
11:59 Le Guardian.
12:00 La visite du roi Charles reportée due aux protestations.
12:03 The Times.
12:04 Des contestations ciblées.
12:05 Force Macron à repousser la visite du roi.
12:07 J'en ai encore deux.
12:09 Le Télégraphe.
12:10 Charles III, tu connais la guillotine.
12:11 La visite du roi en France repoussée due à la montée des violences.
12:15 Et puis le Mail Online.
12:17 Donc le site de Mail.
12:18 Les manifestants français badigeonnent mort au roi
12:20 avec de la peinture rouge sur les bâtiments parisiens.
12:23 Alors que le président humilié reporte la visite royale au milieu des émeutes.
12:27 Dans les rues.
12:28 Il y a assez peu de précédents.
12:30 Je crois que c'est arrivé une seule fois en France qu'on annule la visite d'un chef d'État.
12:34 C'est une humiliation, un camouflet pour Emmanuel Macron ?
12:37 C'est une humiliation totale.
12:39 Moi en tant que Français, quand j'ai appris cette annulation,
12:43 je me suis senti humilié.
12:45 J'ai eu honte.
12:46 C'est arrivé deux fois, pardon.
12:47 Patrick l'a très bien dit.
12:48 C'est-à-dire qu'on est incapable aujourd'hui de recevoir correctement
12:52 un chef d'État étranger.
12:54 Est-ce que vous vous rendez compte ?
12:55 Et de manière plus générale, c'est l'image de la France en Europe
12:59 et dans le monde qui était gratignée alors que M. Macron est là pour préserver cette image.
13:04 Il est là pour vendre notre image partout dans le monde.
13:07 Depuis plusieurs semaines, qu'est-ce qu'on voit sur les télés étrangères ?
13:11 On voit des poubelles dans tout Paris.
13:14 On voit des exactions dans nos rues.
13:17 On a vu la porte d'une mairie à Bordeaux en train de prendre feu.
13:22 Et là, qu'est-ce qui arrive ?
13:23 On annule la venue de Charles III.
13:26 Mais ça en dit long sur notre déclin civilisationnel.
13:29 Ça en dit long finalement sur ce qu'on représente pour les autres.
13:33 Une dernière parenthèse.
13:34 Nos partenaires européens ne comprennent pas ce qui se passe.
13:37 Parce que pour eux, ce qui est en train de se passer en France, c'est une réformette.
13:40 Eux sont déjà passés à 65, 66, 67 ans.
13:44 Et ils se disent "mais qu'est-ce que c'est que ce pays où quand on demande aux Français de passer de 62 ans à 64 ans,
13:51 on est dans une révolution incontrôlée".
13:54 Mais pauvre France, pauvre pays.
13:57 Manon Aubry de la France Insoumise qui a tweeté.
13:59 Il y a pas mal de réactions politiques.
14:01 "Les rois ne prendront pas le thé à Versailles, le peuple français s'est effrayé.
14:06 Tous les monarques, qu'ils soient à Buckingham ou à l'Elysée."
14:09 Le leader de l'LFI, Jean-Luc Mélenchon.
14:11 "La réunion des rois à Versailles dispersée par la censure populaire.
14:14 Les Anglais savent que Darmanin est nul pour la sécurité."
14:18 Et puis à droite, Eric Ciotti regrette également la visite du souverain Charles III à Paris
14:22 est annulée par le gouvernement en raison des troubles sociaux.
14:25 Quelle image pour notre pays de n'être même pas en capacité d'assurer la sécurité d'un chef d'Etat.
14:30 Dernière réponse politique, celle de Sandrine Rousseau.
14:33 Ecoutez-la Frédérique, vous reprenez.
14:36 "Je pense que c'est une décision sage parce qu'il était hors de question
14:40 qu'Emmanuel Macron ne change pas son agenda avec le conflit social et l'ampleur qu'il prend dans le pays.
14:46 Et ça n'était pas possible non plus qu'il aille trinquer à Versailles dans la galerie des Glaxes
14:50 avec Charles III quand le peuple se révolte et a faim.
14:54 En fait, vraiment, il y a une image qui était absolument terrible.
14:57 Et par ailleurs, c'est la première fois qu'Emmanuel Macron,
15:01 depuis le début du conflit, modifie son agenda.
15:04 J'ai l'impression que quelque chose est en train de prendre.
15:07 Là, Emmanuel Macron, pour la première fois, donne un signe extrêmement faible,
15:11 enfin, avec son taxe, d'un premier signe que la France est en crise.
15:15 Donc, actons-moi cela, oui."
15:17 Le symbole aurait été désastreux, Frédérique Durand.
15:20 "Je crois qu'il y a deux symboles qui s'affrontent en vérité.
15:22 Un, vu de l'extérieur, c'est-à-dire vu du côté des Anglais.
15:25 Ailleurs dans le monde, c'est un président qui ne sait pas tenir son peuple d'une certaine manière.
15:29 C'est quand même important, c'est-à-dire qu'il n'arrive pas à empêcher ses révoltes et ses rébellions,
15:33 au vu de son programme.
15:35 Et vu de l'intérieur, vous imaginez bien qu'un monarque britannique
15:38 qui dîne à Versailles avec un président français, dans un moment comme ça,
15:42 c'était insupportable aussi.
15:45 Donc là, vous avez deux symboles qui s'affrontent.
15:48 Moi, je ne crois pas trop à la question de la capacité de le mettre en sécurité.
15:52 Moi, je pense qu'on est parfaitement en capacité d'assurer la sécurité."
15:55 "Ce sont les images qui en auraient découlé, à savoir des manifestants devant Versailles,
16:00 les poubelles partout dans Paris."
16:02 "Lorsque Lorsque Lorsque Eric Ciotti dit "on n'est pas capable d'assurer la sécurité",
16:06 moi, je ne crois pas deux secondes à ça.
16:08 Je crois, non, je ne crois pas qu'il se serait fait.
16:10 Je crois qu'il suffisait de faire un parcours bien balisé avec etc.
16:13 "Oui, enfin, l'idée c'était qu'il descende des Champs-Élysées,
16:15 qu'il se recueille sous l'Arc de Triomphe."
16:17 "Par contre, à terme public, l'image aurait été déplorable, effectivement, ça c'est sûr."
16:21 "C'est vrai que je rappelle les indiscrétions, 150 à 200 convives étaient attendus,
16:25 la table dans la galerie des glaces, 60 mètres de long, dressée dans la galerie,
16:29 donc un repas d'exception préparé par les chefs Anne-Sophie Pic et Yannick Allénaud,
16:34 des chefs trois étoiles évidemment, c'était pas le moment,
16:37 l'humeur sociale n'est pas au banquet versaillais."
16:39 "Non mais, enfin, Patrick a tout résumé, bien entendu,
16:42 quand on sait faire de la politique, quand on est pleinement politique,
16:45 quand on a un ADN politique, on anticipe et on annule un mois à l'avance ce genre de dîner,
16:50 parce que pour le symbole, quand on est...
16:53 Ou alors le président était tellement sûr de lui par rapport à la gestion de cette réforme des retraites."
16:58 "C'est fort possible."
16:59 "Alors quel péché d'orgueil, pardonnez-moi."
17:01 "Ce serait pas le premier."
17:02 "Vraiment, vraiment, vraiment.
17:03 Mais juste, ce qui est terrible, c'est que ce matin, Gérald Darmanin était sur CNews."
17:07 "Oui, et on va l'entendre dans cinq secondes.
17:09 Pas dans cinq secondes, mais dans un instant."
17:10 "Et il a quand même dit, oui, oui, bien entendu, nous sommes en mesure et en capacité d'accueillir Charles III,
17:14 il a donné les 4 000 policiers, gendarmes, mobilisés, etc. etc.
17:17 Bon, quel camouflet aussi pour le ministre de l'Intérieur."
17:20 "Et quelle victoire pour les manifestants."
17:22 "Et oui. Et pour ceux qui rêvent du grand soir évolutionnaire. Quel symbole."
17:26 "Moi, je ne suis pas du tout d'accord avec Frédéric.
17:29 Il faut arrêter de prendre les Français pour des idiots.
17:32 Le fait de recevoir Charles III, qui est quand même quelqu'un d'important,
17:38 à Versailles, dans la Galerie des Glaces, je ne vois pas ce qu'il y a de choquant.
17:42 Les Français sont assez intelligents pour comprendre qu'une venue exceptionnelle
17:47 doit être accompagnée d'un événement exceptionnel.
17:50 Quant à ceux à gauche qui voudraient qu'on reçoive tous les chefs d'État étrangers
17:55 avec, je caricature, mais avec des assiettes en carton et des fourchettes en plastique, ça va bien.
18:01 Moi, je tiens à l'image de la France, je tiens à sa splendeur, je tiens à sa grandeur.
18:05 Et heureusement qu'on dépense un peu d'argent pour recevoir des grandes semondes."
18:10 L'image que nous donnons en ce moment, Kévin, et c'est comme ça, malheureusement,
18:14 nous le déplorons tous, mais l'image que la France donne en ce moment
18:17 ne se prête pas au déroulement d'un déplacement dans un contexte comme celui-là.
18:20 – Je vous dirais que vous êtes hors sujet, monsieur le professeur,
18:23 parce qu'en vérité, c'est effectivement une question de moment.
18:25 Je ne suis pas en train de juger ce qu'il doit y avoir, un repas ou pas, entre les deux.
18:30 Ça me paraît naturel que ce soit à Versailles, ça ne me gêne pas.
18:32 Je dis juste que le choc, le symbole que ça aurait créé à ce moment-là, c'est de ça dont je parle.
18:37 C'est hors sujet que de revenir sur le fait qu'on reçoive des chefs d'État étrangers dans de bonnes conditions.
18:42 – Frédéric, je suis d'accord, la contestation est importante dans notre pays,
18:45 mais on ne va quand même pas mettre fin à notre diplomatie.
18:48 La diplomatie continue, les intérêts de la France continuent,
18:52 donc à un moment, il faut arrêter de sombrer dans un populisme ventripotant
18:56 qui fait plaisir à un seul courant politique, la gauche anti-argent.
19:00 – Bon, voilà, la porcelaine de Selma sera sortie une prochaine fois.
19:04 C'est l'Allemagne qui pourra se vanter d'avoir été le premier pays
19:07 à recevoir une visite officielle du nouveau roi d'Angleterre.
19:10 – On le recevra aux alentours du mois de juin, a dit finalement Emmanuel Macron.
19:14 – Si tout va bien, c'est que je me mets pas à mettre les gants les bêtises.
19:17 – Oui, c'est vrai que c'est pas parti pour s'améliorer.
19:19 Nous sommes d'accord.
19:20 Retour sur ce qui s'est passé hier, alors qu'on peut peut-être revoir ces images en direct.
19:24 On est très attentifs, puisque depuis neuf soirs, nous sommes habitués
19:28 à des scènes absolument déplorables dans la capitale et dans d'autres villes de France.
19:32 Pour l'instant, vous le voyez, la place de la République est tenue, si je puis dire.
19:36 En revanche, hier, c'était beaucoup plus compliqué.
19:38 903 feux de mobiliers urbains et de poubelles à Paris,
19:42 457 interpellations partout en France, 441 pour une soirée.
19:47 Policiers et gendarmes blessés.
19:49 C'est donc le triste bilan de cette 9ème journée de mobilisation
19:51 contre la réforme des traites hier.
19:53 Je le disais, ce n'est pas parti pour s'arrêter.
19:55 Les manifestations sauvages se poursuivent.
19:57 L'intersyndicale annonce une grande journée de manifestations encore mardi prochain.
20:01 Le constat actuel, c'est donc cette radicalisation,
20:04 qui prend une ampleur rarement vue, avant d'entendre le président,
20:07 le ministre de l'Intérieur, qui ont donc réagi aujourd'hui,
20:09 notamment sur CNews.
20:10 Cette image qui est hautement symbolique, que vous voyez ou revoyez
20:14 à la hausse des violences ces derniers jours.
20:16 Donc cet immeuble au cœur de Paris, qui a été en proie aux flammes.
20:19 Le drame hier soir a été évité de justesse, notamment grâce aux riverains
20:24 et à des policiers hors service qui ont pu évacuer des habitants.
20:27 Ecoutez-les au micro de nos envoyés spéciaux sur le terrain hier.
20:31 On était à côté, on a vu le feu.
20:33 C'est notre boulot, c'est comme ça.
20:34 C'est notre boulot, on est policiers, on est montés et on a fait ce qu'il y avait à faire.
20:37 Il y avait des personnes ?
20:38 Il y avait des gens, je suis aussi.
20:40 Non, c'est des habitations.
20:42 C'est des habitations.
20:43 On a sorti plus d'11 personnes d'elle-même.
20:46 Madame, vous êtes sous le choc encore.
20:48 C'est normal.
20:49 Les gens sont vivants, c'est le principal.
20:51 Je préfère que moi, je préfère moi que eux.
20:56 Et les personnes étaient à quel étage ?
20:58 Troisième, quatrième et jusqu'au niveau du balcon.
21:02 Frédéric, on est arrivé à un stade où là on frôle le drame chaque soir, chaque instant.
21:07 Ce rapport de force entre police et manifestants, il devient franchement dangereux et ça fait peine à moi.
21:12 Il est insupportable pour tout le monde.
21:14 Ou presque tout le monde, pardon, mais pas pour tout le monde.
21:17 Je vais justement y venir parce qu'il est insupportable surtout pour les millions de manifestants pacifiques.
21:22 Ah oui, ça je suis d'accord.
21:23 Pour les forces de l'ordre, il est insupportable.
21:26 Pour tous les gens à peu près raisonnables et sensibles, il est insupportable.
21:28 Moi je crois…
21:29 Pour Jean-Luc Mélenchon, un peu moins peut-être.
21:30 Moi, je ne sais rien, il faudra lui demander.
21:32 Mais moi, non, ce n'est pas l'intérêt.
21:34 Quand vous voulez mobiliser largement, vous n'avez pas intérêt à voir ça.
21:36 Ça c'est sûr.
21:37 C'est-à-dire même du côté politique et syndical, ça n'est pas recevable en vérité pour poursuivre un mouvement.
21:43 Mais moi je crois que malheureusement, Macron ne peut plus sortir tout seul de cette crise.
21:47 Et il ne peut sortir que de deux manières me semble-t-il.
21:49 Ou il sort grâce à l'aide du Conseil constitutionnel.
21:53 Ou il sort, et c'est malheureux de le dire ainsi, grâce à l'aide des casseurs.
21:57 C'est-à-dire que l'opinion publique peut se retourner…
21:59 Vous ne pouvez pas dire ça Frédéric.
22:01 Non, mais d'une certaine façon, c'est valider une forme de violence.
22:05 Non, mais moi je dis objectivement comment vous voulez qu'il sorte de cette crise.
22:08 Il y a la… En fait, j'en ai oublié une, c'est qu'il retire sa réforme des retraites.
22:11 Oui, oui.
22:12 Mais pour que l'opinion publique bascule, ça, ça fait basculer l'opinion publique.
22:16 C'est pour ça que je dirais que c'est les voyous qui s'amusent à ça là.
22:19 Ils jouent contre leur camp, mais volontairement, je dirais volontairement.
22:22 Là, il n'y a pas des gens là qui veulent défendre la réforme des retraites en mettant le feu.
22:27 L'immense majorité des manifestations ne se fait pas ça.
22:30 Et qu'est-ce qui se passe ?
22:31 Ils donnent des images reprises naturellement par les médias.
22:34 Et c'est normal parce que ça choque tout le monde.
22:36 Je ne suis pas là de dire que les médias font leur travail aussi en le montrant, parce que ça existe.
22:41 Cependant, ça vient…
22:42 Sur cette image, hier soir, il aurait pu y avoir des morts Frédéric.
22:44 C'est aussi simple que ça.
22:46 C'est aussi simple que ça.
22:47 C'est pour ça que je ne remets pas en question ça.
22:49 Pas du tout, le fait qu'on les montre.
22:50 Mais ça veut bien dire une chose.
22:51 Ça veut dire que quelles images vous allez trouver aussi fortes que celles-là dans la manifestation de millions de personnes ?
22:57 Vous ne les aurez pas, ces images-là.
22:58 Et donc, ces gens-là jouent contre la réforme.
23:01 Et les manifestants leur en veulent énormément.
23:03 Regardez encore cette image des poubelles, cette rue parisienne.
23:07 Hier, je voulais qu'on vous montre cette image parce que je trouve…
23:10 Et Benjamin Nault, la voici, elle est affichée en régie.
23:13 Cette image, elle vaut tous les mots.
23:15 Voici Paris.
23:17 Voici Paris.
23:19 Est-ce que vous vous rendez compte de l'image que vous avez sous les yeux maintenant ?
23:22 Bien sûr, Paris et puis d'autres villes qui ont eu des images assez terribles.
23:26 Avec ce Porsche à Bordeaux, avec à Lorient le commissariat saccagé,
23:29 avec le tribunal administratif à Nantes aussi attaqué.
23:33 On a l'impression de voir des images en zone de guerre.
23:36 Bien sûr, c'est assez terrible.
23:39 Et vous l'avez vu aussi, beaucoup de vidéos qui ont circulé.
23:43 Vous avez peut-être circulé dans les rues de Paris.
23:46 Il y a un spectacle abominable.
23:48 Et pour les commerçants qui ont déjà vécu des moments extrêmement difficiles il y a quelques années,
23:53 les Gilets jaunes, le Covid, aujourd'hui en fait ces mouvements,
23:56 il y a quand même deux, trois choses qui sont à noter,
23:58 qui sont assez paradoxales quand même dans cette histoire.
24:01 30 secondes, c'est possible.
24:02 Oui, mais Frédéric disait à l'instant,
24:04 les manifestants sont contre les casseurs, contre ce qui se passe.
24:07 Eh bien, quand vous entendez la plupart des discours de beaucoup de manifestants,
24:10 ils ne sont pas totalement contre.
24:12 Ils disent, oui, c'est terrible, mais…
24:15 Il y a d'ailleurs une partie des manifestants qui a basculé dans la violence.
24:18 Emmanuel Macron ne nous a pas entendu, donc sans légitimer cette violence,
24:23 ils disent quand même qu'il y a un mais.
24:25 Ça, c'est la première chose.
24:26 La deuxième chose, c'est que ce parcours hier est quand même très étonnant.
24:29 Le parcours de la manifestation…
24:31 Bastille, République, Opéra.
24:32 Bastille, Opéra.
24:33 Pour ceux qui ne connaissent pas, Opéra, tout ce cœur,
24:36 effectivement, il y a énormément de magasins, de vitrines,
24:39 et on savait que c'était extrêmement difficile.
24:42 Puis après, il y a les autres problèmes autour de la sécurisation,
24:45 mais ça, c'est autre chose.
24:46 Alors, on marque juste la pause parce que…
24:48 On ne va pas les coller la rue avec les poubelles.
24:49 Bien sûr.
24:50 On va laisser les poubelles.
24:51 Alors, justement, justement, on va en parler parce que qu'attend Ani Dalgo
24:54 pour nous débarrasser de ce que sont devenues des armes désormais ?
24:57 Ce sont quasiment des armes, ces poubelles,
24:58 puisque c'est à partir d'un feu de poubelle qu'un immeuble a failli prendre feu,
25:01 hier notamment.
25:02 On en parle dans un instant, mais c'est l'heure de marquer la pause.
25:04 On se retrouve tout de suite.
25:05 Un peu moins de 20h30.
25:10 On rappelle l'actualité avec Isabelle Piboulot,
25:12 et on se retrouve pour la suite de l'Horreur des Pro 2.
25:14 Les incidents violents présents dans le pays
25:19 alarment le Conseil de l'Europe.
25:21 La commissaire aux droits de l'homme s'inquiète d'un usage excessif
25:24 de la force par les agents de l'État envers les manifestants.
25:27 Si elle ne nie pas les actes répréhensibles visant les forces de l'ordre,
25:31 la commissaire somme la France de respecter le droit de manifester pacifiquement.
25:36 En Loire-Atlantique, six salariés de la raffinerie Total Énergie de Donge
25:40 ont été réquisitionnés, alors que l'intersyndicale a reconduit la grève
25:44 jusqu'à vendredi prochain.
25:46 La mobilisation a commencé depuis le 7 mars.
25:49 Selon les représentants syndicaux,
25:51 de nouveaux salariés pourraient être réquisitionnés prochainement.
25:55 Dans le Morbihan, la colère perdure chez les pêcheurs.
25:58 À l'Orient, le port de Plaisance a été bloqué.
26:01 Les marins-pêcheurs réclament d'être reçus par le secrétaire d'État à la mer,
26:05 Hervé Berville.
26:06 Des feux ont été allumés.
26:08 Des bateaux de l'Orient, mais aussi de Concarneau et Quiberon
26:11 ont participé au blocage.
26:13 Toujours en compagnie de Véronique Jacques et Kevin Boss,
26:18 je suis avec Frédéric Durand, Patrick Roger.
26:20 La deuxième partie de l'heure des pros de retour sur les dernières 24h
26:23 et ces images qui ont choqué bon nombre de Français.
26:25 On n'a jamais ou rarement atteint un tel niveau de violence
26:28 depuis le début du mouvement.
26:30 Une volonté chez beaucoup de jeunes de semer le chaos
26:35 à travers différentes villes de France.
26:37 Il y a un côté défouloir aussi pour certains.
26:40 Il y a une image également qui est assez frappante
26:42 et on le voit de plus en plus.
26:44 C'est-à-dire que d'un côté, vous avez cette violence,
26:46 ces poubelles brûlées, ces exactions, ces face-à-face avec la police.
26:49 Et puis ce côté un peu spectacle de ces mêmes jeunes
26:53 qui viennent se prendre en photo, en selfie devant les poubelles.
26:56 C'est assez obsède, on n'y comprend plus grand-chose.
26:59 Gérald Darmanin, je le disais, qui était tout à l'heure ce matin
27:02 chez Laurence Ferrari pour une longue interview dans la matinée,
27:05 ministre de l'Intérieur, qui a donné sa description
27:07 de ces quelques 1500 casseurs qui ont pris part
27:10 à les manifestations hier à Paris.
27:12 Dans la manifestation, c'est-à-dire qu'il y avait à 1500,
27:15 nous on compte quasiment même 2000, mais disons 1500 casseurs.
27:19 Des black blocs ?
27:20 Oui, je dirais même parfois des black bourges
27:22 parce qu'on sait tous que c'est parfois les enfants de bonne famille
27:24 qui font ça, qui se griment noir et qui vont attaquer.
27:27 Il y a eu des McDonald's, des Burger King,
27:29 il y a eu une bijouterie qui a été vandalisée.
27:31 Je veux dire d'ailleurs aux Français qu'on a interpellé toutes ces personnes.
27:33 Elles sont toutes aujourd'hui en garde à vue.
27:35 Elles seront présentes à la justice dans la journée, bien évidemment.
27:38 Ce qui nous inquiète, c'est la présence, je l'ai dit hier,
27:41 de l'extrême gauche extrêmement nombreuse.
27:43 1500 casseurs à Paris, mais il y a aussi eu de nombreuses actions
27:47 de l'extrême gauche, de l'ultra-gauche dans d'autres territoires.
27:50 C'est le cas à Rennes, c'est le cas à Nantes, c'est le cas à Lille,
27:53 c'est le cas, vous l'avez vu, à Lorient où un commissariat
27:57 et une sous-préfecture ont été attaqués.
27:58 C'est le cas à Bordeaux où on s'en est pris évidemment à la mairie
28:01 et notamment à cette porte de la mairie qui a été incendiée.
28:04 Et je pense que cette radicalisation de l'extrême gauche
28:06 elle doit être combattue par tout le monde.
28:07 Kévin Bossuil a raison, des black bourges plutôt que des black blocs,
28:12 plutôt des jeunes en mal de frisson un peu manipulés
28:14 par une forme de discours politique.
28:16 Gérald Darmanin a évidemment raison.
28:19 Toutes ces exactions dans la rue s'élèvent évidemment
28:23 des groupuscules d'extrême gauche et ceux qui sont à la tête
28:25 de ces groupuscules, ce sont des bourgeois qui n'ont jamais vu
28:28 de leur vie un seul ouvrier et qui prétendent incarner
28:31 la lutte sociale alors qu'ils ne savent même pas ce que c'est
28:34 qu'une lutte sociale quand vous êtes dans une usine, etc.
28:38 D'ailleurs, j'ai entendu récemment des gens dire
28:42 "Assas est avec nous", vous savez que l'université d'Assas
28:44 a été bloquée, c'est une université plutôt de droite conservatrice.
28:48 La vérité, c'est seulement quelques étudiants bourgeois
28:51 d'extrême gauche qui ont bloqué cette université.
28:53 Et encore une fois, moi je n'entends pas dans le discours politique
28:57 à la gauche du spectre politique des condamnations fermes
29:02 vis-à-vis de ces violences d'extrême gauche,
29:05 comme si à partir du moment où ces violences viennent
29:07 de l'extrême gauche, on pourrait les comprendre,
29:09 on pourrait les excuser.
29:11 En plus, ça vient d'une jeunesse désœuvrée,
29:13 je ne suis pas d'accord.
29:14 Je trouve que dans ce pays, il y a deux poids, deux mesures
29:17 et qu'à un moment donné, il va falloir en finir
29:19 avec cette extrême gauche qui souille notre pays,
29:22 qui insule notre pays, qui met des vies en danger
29:25 parce que c'est quand même ce qui s'est passé hier
29:27 et il faut condamner cela.
29:29 Moi, je parlerais même d'un février 34, si vous voulez, à l'envers.
29:35 En février 34, c'était des groupuscules d'extrême droite
29:38 qui étaient à l'œuvre, là ce sont des groupuscules
29:40 d'extrême gauche et les deux sont des dangers
29:42 pour notre République.
29:43 Quand Jean-Luc Mélenchon parle de censure populaire,
29:45 il l'a fait encore aujourd'hui, il souffle sur les braises.
29:48 Oui, bien entendu, il souffle sur les braises,
29:50 mais le gouvernement aussi, à sa façon, souffle sur les braises
29:52 parce que quand Gérald Darmanin dit radicalisation combattue
29:55 par tout le monde, moi j'aimerais bien entendre
29:57 le ministre de l'Éducation nationale, j'aimerais bien entendre
29:59 le ministre de l'Enseignement et de la Recherche
30:01 qui sont quand même directement concernés par la radicalisation
30:04 d'une partie des lycéens et des étudiants.
30:07 Souvenez-vous, le député de la France Insoumise
30:09 a commencé son tour de France des facs
30:11 pour initier un soulèvement, Louis Boyard.
30:14 Il n'a pas eu beaucoup de succès.
30:16 L'UNEF…
30:17 Oui, mais ça a pris un peu plus quand même ces derniers temps.
30:20 Mais le 49.3 est en train de servir de détonateur dans les facultés.
30:23 Il y en a une quarantaine qui commence à bloquer.
30:25 Il y a un avant et un après 49.3.
30:27 Il y a un avant et un après 49.3, tout à fait.
30:29 Alors il y a aussi un avant et un après 2006,
30:32 ambiance CPE, etc. parce qu'à l'époque,
30:34 des étudiants dormaient dans les facs.
30:36 Maintenant, je vais vous dire, le Covid est passé par là,
30:38 les cours en visioconférence sont passés par là,
30:40 et donc il y a un pouvoir de nuisance
30:42 qui est finalement assez limité.
30:44 Mais c'est pour cela peut-être qu'il s'exprime,
30:46 d'autant plus dans la rue.
30:47 Moi, ce qui me choque quand même de la part de ce gouvernement,
30:49 il y a d'un côté les Black Blocs,
30:51 mais il y a de l'autre la radicalisation étudiante,
30:53 avec des jeunes qui sont vraiment prêts en découdre,
30:56 et on l'a vu de quelle façon.
30:58 Mais ça, ça s'anticipe.
30:59 Vous savez que dans certaines universités,
31:01 il y a des profs qui donnent des cours
31:03 qui appellent à la violence politique,
31:05 qui théorisent le sabotage.
31:08 Et ces gens-là, on les laisse enseigner comme ça ?
31:11 Alors que ça remplit les cerveaux
31:14 de toute une jeunesse qui, après,
31:17 trouve ça tout à fait normal de vouloir faire sauter une république ?
31:20 Vous avez une France qui est prête à basculer dans la violence, Frédéric ?
31:24 Non, enfin, moi, je pense que les classes populaires en général
31:27 ne sont pas du tout sur ce diapason-là,
31:29 c'est-à-dire ce qui constitue le gros du grattillon.
31:31 On le disait en première partie, Frédéric,
31:33 vous avez une partie justement des manifestants
31:35 qui étaient dans les cortèges "conventionnels"
31:38 qui sont en train de basculer dans cette violence aussi.
31:41 Moi, je vous dis que les classes populaires,
31:43 ensemble, ce qui constitue le gros du bataillon,
31:46 ne sont pas du tout sur ces questions-là.
31:48 Ce ne sont pas des voyous, ce ne sont pas des jeunes qui ont envie de rouler.
31:51 Donc c'est ça la réalité.
31:52 Je crois qu'il y a eu deux éléments déclencheurs.
31:54 Le 49.3, évidemment, le 49.3 de trop, j'allais dire,
31:56 parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y en a eu d'autres
31:58 qui ont été déployés avant.
32:00 Et puis, il y a quand même eu le discours de Macron
32:02 l'an demain ou le sur l'an demain,
32:04 qui, au lieu d'apaiser les choses, les a tendus.
32:06 Parce qu'on a vu des dizaines de manifestations de ce type
32:09 qui s'étaient passées jusqu'à là, tout à fait normalement.
32:12 Donc je dirais que, d'une certaine manière, presque,
32:15 c'est Macron qui transforme le peuple en foule.
32:17 - Alors justement, je vous laisse finir.
32:20 - Parce que ça, à force de ne pas offrir de sortie du tunnel,
32:24 de ne pas offrir d'avenir, de ne pas offrir de destin commun,
32:27 c'est lui qui transforme le peuple en foule.
32:29 Et c'est ça qui est dangereux.
32:31 Et lorsque je disais tout à l'heure, oui, mais c'est une manière de s'en sortir,
32:34 parce que l'opinion publique ne suivra jamais ces violences-là.
32:36 La France, elle n'aime pas le basculement,
32:39 elle n'aime pas voir brûler,
32:41 la France dans son ensemble et ce qu'il manifeste, n'aime pas ça.
32:44 C'est pas vrai. Il ne faut pas faire d'amalgame,
32:46 je sais qu'ils ne sont pas faits ici.
32:48 Et donc, oui, l'opinion pourrait basculer en disant
32:50 "là, ça va trop loin", et nous, on ne se sent pas participer à cela.
32:54 Même si certains comprennent qu'il y ait des dérapages,
32:56 parce que l'arrogance de Macron était telle.
33:00 - Oui, mais il y a dérapage et dérapage.
33:02 - Et comment ça donne des images comme celle-ci,
33:04 cette dernière image que je voulais vous montrer des violences hier,
33:06 avant de revenir sur le fond et sur ce que pourrait proposer ou pas le chef de l'État,
33:10 lors de la manifestation à Paris hier.
33:12 Regardez, on va le revoir, parce que c'est vraiment furtif,
33:14 ce policier un peu à droite de l'image,
33:16 qui prend un pavé en plein dans son casque.
33:20 Alors, je ne sais pas pourquoi on a encerclé la botte,
33:22 mais c'est vraiment sur le casque qu'il prend le...
33:24 Ah, on voyait le pavé au sol, pardonnez-moi.
33:26 Il perd connaissance, Laurent Nunez, d'ailleurs le préfet de Paris,
33:28 le préfet de police de Paris, a annoncé aujourd'hui
33:30 qu'il saisit le procureur de la République.
33:32 Est-ce que oui ?
33:34 Aujourd'hui, on se retrouve face à deux légitimités concurrentes, Patrick.
33:36 La légalité républicaine et la légitimité de la rue.
33:40 Et si c'est le cas, c'est la fin de toutes les possibilités de réforme dans ce pays.
33:44 - On ne peut pas mettre au même niveau, évidemment,
33:48 la légitimité des forces de l'ordre,
33:50 qui sont là pour un maintien de l'ordre,
33:52 et puis des casseurs et des manifestants,
33:54 qui sont là, certes pour contester, mais d'autres pour casser.
33:58 Il y a une véritable stratégie, quand même.
34:00 Quand Frédéric disait tout à l'heure,
34:02 les classes populaires sont contre ces violences.
34:06 C'est vrai, et les classes populaires,
34:08 ce n'est pas la gauche, en fait, aujourd'hui.
34:10 Les classes populaires, c'est beaucoup le rassemblement national,
34:12 et le rassemblement national est beaucoup plus attaché, en fait, à l'ordre.
34:15 Ça, c'est la première chose.
34:16 La deuxième chose, c'est qu'évidemment,
34:18 il y a cette stratégie de l'ultra-gauche,
34:20 vous l'avez dit tout à l'heure, Kévin, Véronique,
34:23 l'ultra-gauche qui avait commencé à l'Assemblée nationale,
34:25 avec la forme de zadisations, avec certains qui annonçaient
34:29 effectivement des mouvements sociaux qui allaient arriver dans la rue,
34:32 avec des actes qui étaient assez violents,
34:34 quoi qu'il en soit, en fait, dans l'Assemblée nationale,
34:36 et ils ont attendu cette transformation, aujourd'hui, en fait, dans la rue.
34:40 Ils n'attendaient que cela.
34:41 Malheureusement, comme c'était le cas,
34:45 et ça a été le cas déjà, en fait, dans les Deux-Sèvres,
34:47 il y a quelques semaines, et ça risque de recommencer ce week-end,
34:50 comme ça a redémarré, en fait, ici, bien sûr,
34:53 et ça vient un petit peu délégitimer, bien sûr,
34:57 ce mouvement de contestation que certains disent,
35:01 attention, où va-t-il aller ?
35:03 C'est vrai qu'on l'entend de Emmanuel Macron,
35:05 parce qu'il a réagi aujourd'hui, il reste droit dans ses bottes.
35:07 Il était en conférence à Bruxelles, le chef de l'État,
35:10 qui est revenu sur cette 9e journée de mobilisation,
35:12 interroger sur les violences.
35:14 Il a martelé, nous ne céderons rien. Écoutez-le.
35:17 Beaucoup de nos policiers et de nos gendarmes
35:20 étaient l'objet d'agressions totalement disproportionnées
35:23 de la part de militants extraordinairement violents et équipés.
35:27 Manifestement, on se prépare à Saint-Sauline
35:31 des manifestations de ce type pour les prochains jours,
35:34 avec déjà des équipements d'une rare violence
35:36 qui ont été saisies par nos forces de sécurité.
35:39 Nous ne céderons rien à cette violence, rien.
35:42 En démocratie, on n'a pas le droit à la violence.
35:44 Et donc, respect plein et entier de la déontologie
35:47 est exigé de nos forces de l'ordre,
35:49 avec la transparence qui doit aller derrière et l'examen,
35:52 mais je ne le mets pas en parallèle
35:54 avec ce qui se passe dans la société.
35:56 Nous ne céderons rien à la violence.
35:57 Et je la condamne avec la plus grande fermeté.
35:59 Je vais trahir ce que disait Frédéric Durand
36:01 il y a un instant, pendant qu'on écoutait Emmanuel Macron.
36:03 Il ne se sent pas concerné. C'est vrai.
36:05 Il a raison, Frédéric. Il ne se sent pas concerné
36:07 par ce qui se passe. Il a une distance et il ne lâche rien.
36:09 Sa réponse, elle est claire.
36:10 "Circuler, il n'y a rien à voir", Véronique.
36:12 Ah, c'est exactement ça. Circuler, il n'y a rien à voir,
36:15 en misant sur le fait qu'il va rester, effectivement,
36:18 le président de l'Ordre. Je vous rappelle que ça lui avait réussi
36:21 au moment des Gilets jaunes. Il avait capitalisé
36:23 lors des élections européennes.
36:25 Et ça fait huit soirs de suite que c'est le chaos dans Paris
36:28 et le regard d'ailleurs.
36:29 Mais ça marche toujours, parce que ces images-là,
36:31 comme le dit Frédéric, les Français n'en veulent pas.
36:34 Ils ne veulent pas voir la chienlit comme ça dans les rues de Paris
36:36 ou dans certaines villes de France.
36:38 C'est pas acceptable, même si on est tous d'accord
36:41 pour dire qu'il y a bien des...
36:43 En fait, il joue avec un certain cynisme, ce recours à l'Ordre.
36:46 Alors, Kevin, pardon.
36:48 Non, mais le problème de M. Macron, c'est qu'il est complètement déconnecté
36:52 et il est profondément méprisant.
36:54 Le discours de vendredi, pour beaucoup de personnes,
36:57 c'était une déclaration de guerre.
36:59 Interview, hein.
37:00 L'interview, plus Emmanuel Macron parle, plus les gens se braquent.
37:06 C'est quelque chose qui est quand même incroyable.
37:08 Et pour revenir sur le débat de tout à l'heure...
37:10 On pourrait même étendre, plus le gouvernement parle,
37:11 plus les gens se braquent.
37:12 Et pour revenir sur le débat de tout à l'heure,
37:14 évidemment qu'il y a une jeunesse radicalisée
37:16 qui s'en prend, notamment, au symbole de la République,
37:19 qui s'en prend aux policiers.
37:21 Mais il y a aussi une crise de la représentativité chez les jeunes.
37:24 Au cours du premier tour de la présidentielle,
37:27 37% des primos votants se sont abstenus.
37:31 C'est aussi le rôle d'Emmanuel Macron de réinventer la démocratie.
37:35 On a vécu pendant longtemps avec l'idée que l'on votait
37:39 et que les députés préparaient les lois,
37:41 élaboraient les lois et que les citoyens n'avaient pas de droit de regard là-dessus.
37:45 Il faut évoluer.
37:46 Les citoyens ont envie de participer à l'élaboration des lois.
37:50 Et si jamais, finalement, on ne prend pas en compte davantage la démocratie sociale,
37:55 c'est la démocratie politique qui va nous exploser au visage.
37:58 Non mais à défaut de participer aux lois,
38:00 ce que veulent, et c'est un principe cardinal de la démocratie et de la République,
38:04 c'est ce qu'on appelle la sincérité des débats.
38:06 C'est un principe de sincérité des débats.
38:08 Qu'est-ce qu'il doit dire ?
38:09 Qu'est-ce qu'il doit faire ?
38:10 Qu'est-ce qu'il doit dire désormais ?
38:11 Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
38:12 Juste pour remettre la mairie au centre du village, si vous me permettez,
38:14 qu'est-ce qui s'est passé ?
38:15 On est parti sur une loi rectificative du plan de financement de la sécurité sociale
38:20 pour une réforme qui est lourde de sens pour les Français.
38:24 Première erreur, ou je dirais première erreur, c'est pas une erreur,
38:27 c'était une volonté de passer de biaisé.
38:29 Ensuite, on a eu les 49.3, les 44.
38:32 On a révisé tous les articles de la Constitution bientôt
38:34 pour essayer de faire en sorte que les débats soient les plus courts possibles.
38:38 Et avec tous ces outils, évidemment ils sont légaux,
38:41 personne ne conteste la légalité,
38:43 mais lorsque vous les employez tous en même temps et d'un coup,
38:45 ça donne le sentiment que la sincérité des débats n'a pas été respectée.
38:50 Or, qu'est-ce que c'est le débat ?
38:51 Le débat, c'est ce qui empêche de se battre, c'est débattre.
38:54 Et comme il n'y a pas eu de débat, il y a de la bataille.
38:58 Ça donne aussi surtout l'idée, Frédéric, qu'on tord le bras
39:01 aux institutions de la Ve République.
39:03 Parce que même si elles sont faites pour ça,
39:05 elles ne sont pas faites de la façon dont elles ont été utilisées.
39:07 Qu'est-ce qu'il peut faire désormais ?
39:09 Qu'est-ce qu'il peut faire ?
39:10 Alors vous avez vu, il fait du Macron,
39:12 vous avez vu qu'il tend la main au syndicat,
39:14 mais officiellement pas pour parler de retraite.
39:17 Alors on va l'entendre, puisque vous en parlez.
39:19 Venez, venez, on va discuter.
39:20 Ben voilà, on va l'écouter.
39:21 Alors écoutez, Emmanuel Macron, je rappelle que Laurent Berger
39:24 a appelé pour apaiser les choses le chef de l'État
39:27 à mettre en pause pendant six mois le projet phare de ce second quinquennat.
39:31 Et depuis Bruxelles, Emmanuel Macron n'a pas accédé à cette demande,
39:34 mais il l'a fait de manière un peu alambiquée.
39:37 Écoutez-le.
39:38 D'abord, je remercie Laurent Berger de son esprit de responsabilité
39:42 et de sa volonté d'apaisement que je partage.
39:45 J'ai moi-même, mercredi, indiqué notre disponibilité
39:48 à avancer sur des sujets comme l'usure professionnelle,
39:51 les fins de carrière, les reconversions,
39:54 l'évolution des carrières, les conditions de travail,
39:58 les rémunérations dans certaines branches.
40:00 Et donc je suis totalement disponible,
40:02 ainsi que le gouvernement, pour avancer tout de suite sur ces sujets.
40:06 Et donc je suis à la disposition de l'intersyndicale,
40:09 si elle souhaite venir me rencontrer, pour avancer sur tous ces sujets.
40:12 Pour le reste et la réforme des retraites,
40:14 elle est devant le Conseil constitutionnel
40:16 et il est évident que nous attendrons la décision du Conseil constitutionnel.
40:20 Patrick, vous reculez, il n'y a rien à voir.
40:22 Déjà deux points.
40:23 C'est assez cocasse quand même qu'il réponde sur nos affaires intérieures
40:26 depuis Bruxelles.
40:27 Il est en train de balader les syndicats, surtout, franchement.
40:29 Remarquez-le aussi, le chef de l'État s'exprime très peu en France aujourd'hui
40:34 sur des affaires intérieures.
40:36 Il s'exprime depuis Bruxelles.
40:37 Ça n'aura pas échappé au Conseil européen de parler.
40:40 Pourquoi ?
40:41 Parce qu'on sait qu'il doit faire ses discours aussi
40:43 vis-à-vis des marchés financiers et de l'Europe.
40:46 Même s'il ne faut pas faire de raccourcis trop simplistes.
40:48 Mais c'est quand même la première chose.
40:50 Ça c'est important.
40:51 Il devrait faire une conférence de presse à l'Élysée
40:53 pour expliquer un certain nombre de choses
40:55 face à la presse qui pourrait lui poser des questions.
40:57 Est-ce qu'il l'a fait depuis le début de la réforme ?
40:59 Non.
41:00 Parce qu'il ne proposera aucune issue.
41:01 Là, il propose évidemment aux syndicalistes de venir discuter.
41:05 Mais pourquoi ne l'a-t-il pas fait précédemment ?
41:08 Pourquoi lui-même l'interview qu'il a accordée...
41:11 Parce qu'il attendait la fin du processus démocratique.
41:14 Non mais attendez, mais pourquoi l'interview ?
41:16 Puisque c'était si important pour son quinquennat.
41:18 Puisque c'était capital pour la suite de son quinquennat.
41:21 Pourquoi n'a-t-il pas accordé une interview en posant les choses
41:25 avant de lancer cette réforme des retraites alors qu'il a laissé faire ?
41:30 Parce qu'il pensait que ça passait comme une lettre à la poste.
41:32 Parce que dans l'interview, il y a un certain nombre de personnes
41:35 qui ont quand même compris des choses sur la nécessité peut-être
41:38 de faire bouger les lignes un petit peu sur la réforme des retraites.
41:41 Parce que le peuple français n'est pas dupe.
41:43 Il voit bien aussi qu'il faut sans doute faire les choses.
41:46 Nous avons été le premier en Europe à avancer,
41:50 à prendre notre retraite le plus tôt.
41:52 Nous serons probablement les derniers à partir les plus tard.
41:56 Mais il aurait très bien pu avancer dans la méthode.
42:00 Et puis ça va, la réforme des retraites, Véronique,
42:04 on le sait, on l'a tous compris, c'est aussi une forme de goutte d'eau
42:07 qui fait déborder le vase. Il y a un épuisement,
42:09 une crise sans fin depuis 2018 que les Français ne supportent plus.
42:14 Véronique, vous êtes tous très en forme.
42:16 J'arrive de l'autre côté.
42:17 Les Français sont fatigués de la paupérisation du pays,
42:20 de la perte du pouvoir d'achat, de l'inflation.
42:23 L'inflation, c'est un véritable coup de bambou.
42:25 Et on a le sentiment que le chef de l'État ne comprend pas
42:29 la gestion du quotidien par bien des familles.
42:32 Il y a quand même 9 millions de pauvres dans notre pays
42:35 et ce n'est pas terminé.
42:36 Il y a 3 millions de personnes qui vivent dans une zone grise.
42:38 C'est vrai partout en Europe.
42:40 Et il y a des retraités pauvres en France,
42:43 mais il y a par exemple beaucoup plus de retraités pauvres au Portugal.
42:46 Et ce n'est pas pour autant qu'on comprend.
42:48 Mais on a tous compris que cette réforme,
42:50 il n'y a même plus besoin de discuter,
42:51 cette réforme est injustifiée.
42:52 Si ça dégénère...
42:53 Je voulais aller plus loin que Patrick sur les paroles du chef de l'État.
42:56 Je pense que le chef de l'État n'a absolument pas envie
42:59 de recevoir les syndicats.
43:00 Il a osé dire à l'intersyndical qu'il n'avait pas proposé de compromis.
43:05 Il sait très bien que la façon dont il parle aujourd'hui
43:08 n'est pas un discours recevable.
43:10 Parce qu'attendent les syndicats ?
43:12 Oui d'accord, on vient autour de la table.
43:14 Si on n'attend pas la décision du Conseil constitutionnel
43:19 et si on revient sur les 64 ans.
43:20 Ces deux points-là ne sont pas négociables pour le chef de l'État.
43:23 Donc on sait franchement que c'est une proposition
43:26 qui n'est pas forcément honnête.
43:27 Frédéric Durand, Kevin Bossiou.
43:28 Qu'est-ce qu'il nous dit en fait, globalement ?
43:30 Il ne croit pas que la rue va véritablement s'embraser.
43:34 Il fait ce pari-là.
43:35 Sur le fond, politiquement.
43:36 Il dit "c'est imparable, il n'y a pas d'autre manière de faire
43:40 que celle que je fais, c'est imparable".
43:42 Donc là il n'y a plus de politique.
43:43 Là vous ne faites plus de politique.
43:44 C'est le "no society" de Guy.
43:46 C'est-à-dire à un moment donné, lorsque Margaret Thatcher
43:49 dit ce qu'elle dit, il n'y a pas d'alternative.
43:51 Il n'y a plus d'alternative.
43:52 Donc il n'y a plus besoin de difficulté
43:54 puisqu'il n'y a pas d'alternative.
43:55 Et lorsque les syndicats disent "mais si on augmentait,
43:57 si on faisait contribuer les entreprises,
43:59 si on réfléchissait à mettre le salaire des femmes
44:02 au niveau des hommes, si il y a certaines propositions",
44:05 elles n'existent pas.
44:06 D'ailleurs il a répondu quand on lui a posé la question
44:08 "ah non mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne".
44:10 Oui ce n'est pas comme ça que ça fonctionne jusqu'à présent
44:12 mais ça peut fonctionner autrement.
44:13 Donc moi je ne suis pas du style à dire
44:15 "regardez comment ça se passe par ailleurs, c'est merveilleux,
44:17 il faut faire en commun".
44:18 On a tellement suivi le néolibéralisme mondialisé
44:20 de tous les pays qu'on n'a plus d'industrie,
44:22 on n'a plus de ligne de chemin de fer, on n'a plus rien.
44:24 Non mais il a promis que...
44:25 Si c'était le président...
44:26 Dondredi il a promis... c'était quand l'interview ?
44:28 Mercredi.
44:29 Il a promis qu'il allait réindustrialiser.
44:31 Si c'était le président, si c'était réellement
44:33 le président de la refondation tel qu'il nous dit
44:35 qu'il faut faire quelque chose à la 1944-45,
44:37 on refonde le pays.
44:39 Il dirait qu'il faut réinventer un modèle français.
44:42 Il ne dirait pas regarder là avec le Parisien,
44:45 la photo du Parisien pendant son entretien
44:47 pour regarder comment il faut imiter les autres.
44:49 Non ce n'est pas ça.
44:50 Et c'est ça qui nous manque.
44:51 Lorsque je dis qu'il transforme le peuple en foule,
44:53 c'est qu'il ne donne plus de destin à la France.
44:55 Non mais moi je suis d'accord...
44:57 C'est fini avec les syndicats ?
44:58 Bon avec les syndicats je pense que c'est fini depuis le début,
45:01 il n'a jamais pu "épifrer".
45:03 C'est pas ce qui s'est passé au sein de l'éducation nationale.
45:05 C'est un mépris syndical depuis le début
45:08 qu'Emmanuel Macron est au pouvoir.
45:10 Et j'aimerais rebondir sur ce qu'a dit Frédéric
45:12 parce que je suis d'accord.
45:13 Il y a des sondages qui sont éloquents.
45:15 Avant cette réforme, une majorité de Français
45:17 est pour une réforme des retraites.
45:19 Après, maintenant, une majorité de Français
45:22 est contre la réforme d'Emmanuel Macron.
45:24 Qu'est-ce qui s'est passé entre-temps ?
45:26 Le mensonge, le mépris, l'arrogance
45:30 et sans doute un peu d'incompétence.
45:32 Quand M. Macron donne des leçons à la terre entière
45:35 et notamment en Europe, quand il vise Victor Orban,
45:38 quand il vise les dirigeants polonais en disant
45:41 "ce sont des esprits fous qui mentent à leur peuple".
45:44 Mais qui a menti par exemple sur les 1200 euros ?
45:48 Les Français se sont sentis trahis.
45:51 On les a clairement baladés.
45:53 Je pense qu'outre la réforme,
45:55 c'est véritablement la manière de faire,
45:57 le sentiment d'être méprisé
45:59 et le fait que finalement pour Emmanuel Macron,
46:01 il y a deux camps en France.
46:03 Le camp des sachants, ceux qui savent
46:05 et le camp des ignorants, ceux qui doivent se taire.
46:08 Et c'est ça qui est insupportable.
46:10 Où va la France ?
46:11 Où va nous mener ce combat social
46:13 contre la réforme des retraites ?
46:15 Oui, parce que là, il y a une démonétisation
46:17 qui arrive pour Emmanuel Macron,
46:19 qui est assez terrible à l'échelle du pays
46:21 et puis même à l'échelle, évidemment, internationale.
46:24 Parce que lui, il se vantait de pouvoir réformer
46:26 et mener le pays, la France,
46:28 et de lui redonner de la puissance,
46:30 et de donner un soutien, comme le disait Frédéric.
46:32 Sauf qu'il n'a pas la boussole lui-même.
46:34 Il a du mal à la trouver.
46:36 Ce n'est pas que de sa faute, honnêtement.
46:39 Parce que d'une part, on ne voit pas
46:41 de proposition alternative très forte, bien sûr.
46:44 C'est d'ailleurs pour ça qu'il a été probablement reconduit
46:47 et qu'il avait même été élu en 2017.
46:49 Ça, c'est la première chose.
46:51 Et puis le deuxième point, c'est que notre pays
46:53 s'est appauvri sur énormément de secteurs
46:56 pendant 10-15 ans,
46:58 qu'on ne voulait plus en France d'industrie,
47:00 qu'on ne voulait que des services,
47:02 et que les classes populaires, à terme, allaient s'effondrer,
47:04 comme le font remarquer certes,
47:06 et elles sont perdues.
47:08 Eh bien, évidemment, aujourd'hui, on a ça.
47:10 C'est-à-dire qu'on a cette angoisse,
47:12 cette angoisse de travailler deux ans de plus.
47:14 S'il avait remis le travail au centre des débats,
47:18 juste avant de démarrer.
47:20 Parce qu'aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
47:22 Les gens n'ont pas envie de travailler deux ans de plus
47:24 pour du travail qu'ils n'aiment plus aujourd'hui.
47:26 Ça n'a en fait aucun sens.
47:28 - Je rappelle qu'il y a donc un nouvel appel à manifester
47:30 mardi prochain. Que va faire la rue ?
47:32 Est-ce que les manifs traditionnels peuvent encore
47:34 avoir du poids dans ce bras de fer ?
47:36 On est en droit d'en douter ?
47:38 Véronique, un dernier mot ?
47:40 - Oui, on ne voit pas trop la sortie de ce mouvement.
47:44 En revanche, une chose est sûre,
47:46 c'est que l'ultra-gauche
47:48 va peut-être arrêter de faire des étincelles
47:51 et de brûler des poubelles et autres,
47:53 s'il voit qu'ils ne sont pas suivis par l'opinion.
47:55 Parce qu'il y a quand même une ambivalence en ce moment
47:57 sur la façon dont le mouvement est soutenu par les Français.
48:00 - Sans faire d'anachronisme, vous vous rappelez qu'en 1940,
48:02 lorsque Churchill promet des larmes de la sueur
48:04 à son peuple, etc., il lui promet la victoire à tout prix.
48:08 Voilà ce qu'il lui dit.
48:09 Et il est aplombi à la Chambre des communes.
48:11 Pourquoi Macron, ça ne marche pas ?
48:12 Parce qu'il ne promet que des larmes, etc.,
48:13 mais pas le bout du tunnel.
48:14 Il ne met pas de lumière à la fin.
48:16 Les gens sont prêts à faire sacrifice
48:18 s'il leur apparaît ce juste et s'ils se disent
48:20 "j'ai un avenir pour mes enfants".
48:21 - C'est terminé.
48:23 On vous laisse malgré tout vous souhaiter un bon week-end.
48:25 C'est possible quand même dans ce contexte
48:27 de vous souhaiter un bon week-end ?
48:28 - On le souhaite évidemment à nos téléspectateurs également.
48:30 Réalisation Emeric Gontier,
48:32 à la Vision Sébastien Bourbon ce soir,
48:34 Guillaume Ettaite-Ausson, Benjamin Naud,
48:36 Robin Piette et Kylian Salé m'ont précieusement aidé
48:39 à préparer cette émission.
48:40 Des émissions que vous retrouvez évidemment sur cnews.fr.
48:43 La suite des programmes sur CNews.
48:45 En vous souhaitant un très bon week-end.
48:47 A très vite.
48:48 (je vais tester la vitesse de la machine)