Consultation d'Élisabeth Borne et acte II de la Nupes : le débat d'Eugénie Bastié et Olivier Dartigolles

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Chaque jour, des invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce mardi, Eugénie Bastié et Olivier Dartigolles.
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Transcript
00:00 Le Club de la presse européen, c'est par où la sortie de crise.
00:04 Les retraites ont provisoirement quitté les unes des journaux depuis quelques jours.
00:07 Mais c'est pour mieux revenir dès jeudi avec la 11e grande journée de mobilisation
00:12 syndicale.
00:13 Demain, mercredi, Elisabeth Borne reçoit l'intersyndical.
00:17 Les syndicats qui viennent exiger le retrait de la réforme à cause des 64 ans.
00:21 Le gouvernement prêt à parler de tout à l'exception des 64 ans.
00:24 Bref, on appelle ça des lignes rouges mutuellement exclusives.
00:27 Mais un désaccord radical, il paraît que c'est le début d'une négociation.
00:30 Splettons à penser du côté de Matignon.
00:33 Matignon qui va recevoir aujourd'hui différents présidents de partis, de groupes parlementaires.
00:36 Elisabeth Borne a déjà fait ça hier, elle le fera sans doute après-demain.
00:39 Bonjour Olivier Dardigolles, bienvenue sur Europe 1, chroniqueur politique.
00:44 Eugénie Bastie est avec nous aussi.
00:45 Bonjour Eugénie.
00:46 Bonjour.
00:47 Essayiste, journaliste au Figaro Vox.
00:48 Alors bon, consulter, consulter, il en restera toujours quelque chose.
00:51 C'est le sens de ces journées à répétition d'Elisabeth Borne qui ne fait que consulter.
00:55 Je lisais ce matin dans l'Opinion, elle a vu cinq fois Olivier Marlex en quelques mois,
00:59 à peu près autant de fois tous les responsables de tous les groupes politiques.
01:02 La stratégie du gouvernement tient en un seul mot, c'est tenir.
01:05 Tenir le temps, tenir la montre, en espérant que la mobilisation s'essouffle et en essayant
01:12 artificiellement d'occuper le temps médiatique par des consultations qui effectivement…
01:16 Vous croyez qu'il n'y a pas d'accord ?
01:17 Je ne vois pas ce que le gouvernement peut s'aider et peut offrir à l'intersyndical
01:22 aujourd'hui, à part un retrait évidemment, mais ce ne serait plus une négociation, du
01:26 coup ce serait un retrait.
01:28 Donc oui, moi je pense que c'est une stratégie qui consiste à gagner du temps en espérant
01:33 que la mobilisation s'essouffle ou en espérant que c'est quelque chose de la décision
01:37 du Conseil constitutionnel du 14 avril et en espérant que l'actualité… qu'on
01:40 passe à autre chose en essayant d'imposer une autre séquence.
01:43 C'est un mot qu'aime beaucoup le gouvernement.
01:44 Et d'ailleurs j'étais assez surprise, ça fonctionne assez puisque hier on a parlé
01:48 de, vous savez, de tanaisie et de fin de vie.
01:50 Toute la journée on n'a pas dit un seul mot sur la retraite, donc je pense que le
01:54 gouvernement a dû se dire « mais en fait on peut imposer un autre sujet dans le débat,
01:58 ça marche ». Et je crois que c'est ce qui va se passer.
02:01 Vous avez une vie politique aussi Olivier Dardigolle, comment vous interprétez ça
02:06 vous, ces consultations qui n'ont d'autre but que de gagner du temps finalement ?
02:10 Tenir, tenir à tout prix avec un compte à rebours, la date a été donnée par Eugénie,
02:16 le 14 avril, 10 jours donc.
02:18 C'est peu et c'est très long dans le climat actuel.
02:21 Mais censure partielle du Conseil constitutionnel, simplement sur les articles qui ne sont pas
02:28 d'ordre financier, ou censure plus large.
02:31 Et puis on le voit bien, cette séquence politique qui devra démarrer, avec très certainement
02:37 une exfiltration de Matignon, Elisabeth Borne sera allée plus loin qu'Edith Cresson,
02:42 bravo à elle.
02:43 Mais avec un problème toujours d'HRH pour la Macronie, on l'avait vu sur un récent
02:50 gouvernement, c'est-à-dire on attend un signal à droite, mais avec qui ?
02:55 J'ai envie de dire la pièce est écrite d'avance, mais avec toujours pas d'issue
03:02 politique concernant ce moment social.
03:05 Le pays ne veut pas des 64 ans.
03:07 Je ne sais pas ce qu'on peut en dire de plus à ce stade des opérations Eugénie Basté,
03:11 est-ce qu'on passe au deuxième sujet ?
03:13 Non mais le problème c'est que...
03:16 Je vous avoue ce matin, j'ai vraiment eu du mal, je me suis dit qu'est-ce qu'on va bien
03:19 pouvoir raconter de nouveau ?
03:20 Non mais c'est un blocage, puisque je ne vois pas qui pourrait remplacer Elisabeth
03:24 Borne, qui pourrait élargir autant à droite et à gauche, à moins que le gouvernement
03:28 fasse un véritable choix d'être véritablement à partie de droite, de gouverner véritablement
03:34 à droite, mais c'est la tenaille du "en même temps" qui se referme en réalité,
03:37 parce que si le gouvernement fait un pas vers sa droite, pour sortir de la crise, il faudrait
03:44 lâcher quelque chose à gauche, mais pour gouverner, il faudrait s'allier à la droite.
03:48 Et donc la tenaille du "en même temps" se referme.
03:50 Et la tenaille du "en même temps" se referme d'autant plus qu'on n'a pas pu y voir très
03:54 clair concernant les intentions politiques d'Emmanuel Macron en début de second quinquennat,
04:01 un second quinquennat, pour quoi faire ?
04:02 Est-ce que vous vous souvenez de son discours d'investiture ?
04:05 Et la vacuité de cette intervention.
04:08 Personne n'a pu se dire "voilà un horizon qui est dégagé, une vision pour les cinq
04:12 années à venir".
04:13 Donc c'est une crise politique majeure.
04:15 - Alors crise politique, il y en a une aussi actuellement du côté de la NUPES, les parlementaires
04:19 de la NUPES vont se réunir ce soir en séminaire, format thérapie de groupe, il va s'agir
04:23 de discuter de la vie, se marrent là, Olivier Dardigolle, il voit les copains, ça va pas
04:26 très fort, enfin les copains.
04:28 C'est très intéressant ce qui s'y passe, il y a des dissensions sur la tactique d'obstruction
04:33 adoptée par El-Effi à l'Assemblée Nationale, et puis il y a cette question qui commence
04:37 à se poser très fort, est-ce qu'il faut un acte II de la NUPES ?
04:39 Ça c'est la formule en vogue, Jean-Luc Mélenchon y est favorable, ben oui, rappelons que la
04:43 NUPES ça s'est construit en deux semaines à peine.
04:46 - Oui, avec le coup de tonnerre de l'élection en Ariège, qui a vu donc la candidate socialiste
04:51 l'emporter face à la candidate sortante de la France Insoumise.
04:55 C'est véritablement un coup de semence, parce que bien évidemment la NUPES est un accord
05:01 électoral.
05:02 - Est-ce que vous pensez que c'est un moment politique important ce qui s'est passé dimanche,
05:05 parce que Bénédicte Taurine, quand on regarde son CV, la candidate France Insoumise qui
05:08 a été battue, honnêtement elle était mauvaise, elle était très mauvaise.
05:12 - Oui, mais elle est députée sortante.
05:15 - Parce que si en réalité Jean-Luc Mélenchon battue, là effectivement je vous aurais dit
05:18 "ah c'est peut-être un tournant majeur".
05:20 - Non, je pense que pour ce que ça a provoqué dans le Landernot et au sein de la NUPES,
05:25 oui c'est un coup de semence.
05:26 Et puis bien évidemment tout le monde réfléchit à la séquence qui suit, dans le sens où
05:31 la NUPES qui a été un accord électoral conjoncturel, qui s'est en effet négocié
05:37 en très peu de jours.
05:38 Tout le monde voit bien aujourd'hui que ça n'est pas l'Alpha et l'Oméga, ça n'est
05:42 pas la Martingale pour dégager une perspective politique à gauche dans ce pays.
05:46 - Eugénie Bastier.
05:47 - Oui tout à fait, moi je crois que la NUPES a fait un choix terrible, c'est une stratégie
05:52 politique qui est peut-être inédite dans les cinq dernières années, qui est une stratégie
05:55 d'auto-diabolisation.
05:56 C'est-à-dire que là où le Rassemblement National essayait de se dédiaboliser, eux
05:59 ont donné, alors qu'ils avaient un système médiatique plutôt favorable, puisqu'effectivement
06:03 on sait qu'il y a une hémiflégie médiatique qui fait qu'on est plus tolérant envers
06:06 l'ultra-gauche qu'envers l'ultra-droite, ils ont réussi malgré cela à se diaboliser,
06:10 à se marginaliser du jeu politique par d'incessantes provocations, gesticulations et par une stratégie
06:15 délibérée.
06:16 Moi j'ai regardé les déclarations de Jean-Luc Mélenchon de ces cinq, six dernières années,
06:20 et même au-delà, en 2014, 2018, 2020, 2021, il a condamné les violences des casseurs
06:26 par exemple.
06:27 Il y avait des manifestations, le 1er mai, à chaque fois il y avait des violences des
06:29 casseurs, il les condamnait, il disait "ce n'est pas nous", il nuise au combat.
06:33 Là il a choisi délibérément de ne pas condamner la violence des casseurs et d'être
06:37 dans une stratégie de radicalisation et même de justification de la violence.
06:40 Il le paye aujourd'hui parce qu'il l'effraie, et désormais il y a un front républicain
06:45 qui est en train de se constituer contre la nupesse, et c'est la responsabilité de
06:48 cette stratégie complètement folle.
06:49 - Alors Gérald Darmanin disait dans son interview au journal du dimanche que les gens qui avaient
06:54 voté pour Jean-Luc Mélenchon et pour la nupesse après aux législatives, avaient
06:57 pensé voter pour la gauche plurielle de Jospin ou la gauche unie de Mitterrand, et finalement
07:01 ils se retrouvent avec l'extrême gauche d'une certaine manière.
07:04 Est-ce que vous croyez, bon évidemment c'est Gérald Darmanin, c'est le ministre de l'Intérieur,
07:07 est-ce que vous pensez que ça fait partie de l'équation nupesse aujourd'hui ?
07:10 - Il ne faut pas oublier que Jean-Luc Mélenchon a théorisé l'idée, mais véritablement,
07:16 que la conflictualité...
07:17 - Oui, le bruit et la fureur.
07:19 - Oui, que la conflictualité était indispensable à tout moment de la vie politique pour véritablement
07:28 mettre le système en ébullition.
07:30 - Et donc il s'est trompé, vous pensez ?
07:31 - Il a fait en tout cas ce choix, et c'est vrai que par rapport à d'autres années où
07:35 moi j'ai connu Jean-Luc Mélenchon sur un autre logiciel politique, il a fait ce choix,
07:42 c'est un choix assumé, mais qui a mené aujourd'hui les Insoumis dans une forme d'impasse.
07:48 Parce que sur un second tour, on voit que des électeurs de gauche, qu'il y a quelques
07:52 années encore, ont pu se dire "bien sûr, on se rassemble tous".
07:56 Là, il y a un goût, j'ai envie de dire, un goût acide, où des électeurs de gauche
08:02 peuvent se dire "ah mais qu'est-ce que ça va donner, est-ce qu'on peut véritablement
08:06 y aller ?" au regard de certaines déclarations de dirigeants Insoumis.
08:10 Mais attention, parce que c'est de la complexité, mais il faut la donner, il y a un débat au
08:14 sein de la France Insoumise aujourd'hui sur la ligne politique qui est un vrai débat.
08:18 Mais Jean-Luc Mélenchon a lu la philosophe Chantal Mouffe, qui est une philosophe du
08:23 populisme de gauche, qui dit qu'il faut remettre du conflit dans la politique, il
08:27 faut remettre ce qu'on appelle de l'agon, de l'agonistique.
08:29 La politique c'est du conflit, on a eu Pepsi-Cola pendant des années, la gauche et la droite
08:32 c'était la même chose, il faut remettre du conflit.
08:34 Sauf qu'il confond à mon avis le contenu et la forme, c'est-à-dire on peut être radical
08:38 sur le fond, peut-être proposer une vraie gauche, c'est-à-dire une gauche qui ne s'aligne
08:42 pas sur les propositions de la droite en matière de façon sociale, mais lui a confondu le
08:47 fond et la forme, il pensait que la provocation, la gesticulation, l'utilisation de la violence
08:53 comme moyen d'agir politique faisait partie de ce populisme de gauche et je crois que
08:57 c'est une grande, grande erreur.
08:58 Il faut distinguer la radicalité sur le fond de la radicalité sur la forme.
09:02 - La NUPES qui est un peu l'espèce du MP de gauche d'une certaine manière, on réunit
09:05 tout le monde dans une maison commune, là la mitose est en train de s'opérer, la division
09:09 cellulaire, quand on entend que Fabien Roussel discute avec Bernard Cazeneuve.
09:15 - Non, il n'a pas.
09:16 - Attendez, moi je lis le journal, c'est le Parisien qui dit ça ce matin.
09:19 - Véritable.
09:20 - Faut confirmer ou pas Olivier Tartigas ?
09:22 - J'arrive à suivre encore tout ça assez précisément, comme vous le faites cher Dimitri,
09:27 c'est donc, d'ailleurs il faut lire Cazeneuve sur Montréal dans le JDD, c'était très
09:33 intéressant.
09:34 Ce que dit Fabien Roussel, c'est que tout ce beau monde aille à Malagard, c'est très
09:45 beau et il se reposeront le cerveau et les esprits.
09:47 Mais ce que dit Fabien Roussel, c'est qu'il faut discuter avec tout le monde à gauche.
09:52 Alors bien évidemment, quand un responsable politique dit qu'il faut discuter avec tout
09:55 le monde, il donne le sentiment de faire table rase des oppositions passées avec une gauche
10:03 plurielle qui a donné du souci et qui s'est conclu aussi après Hollande dans la dernière
10:10 phase par un échec.
10:11 Mais le fait qu'aujourd'hui un dirigeant de gauche comme Fabien Roussel dise "je veux
10:15 parler à tout le monde", c'est vécu comme quelque chose d'insupportable pour certains
10:20 à gauche.
10:21 Et ce climat, il ne peut pas dégager une perspective si on n'en change pas.
10:23 - Intéressant, j'aurais tellement aimé parler des maires avec vous deux.
10:28 - Oui mais c'était le plus beau sujet.
10:30 - Parce qu'il est conseiller municipal Olivier Tartigas.
10:32 - Non parce qu'il y a un copain qui a démissionné, il n'en peut plus.
10:36 Il fait partie des statistiques.
10:37 - C'est un vrai sujet, c'est de vrai qu'on ne l'a pas parlé.
10:40 - Il dit aussi "les gens ne se supportent plus".
10:43 - Allez on vous réinvite et on en parle spécifiquement parce que ce sujet des maires me passionne
10:46 et je pense que ça intéresse beaucoup de gens.
10:48 Cette grande démission des maires, c'est un véritable sujet.
10:51 Merci à tous les deux, Eugénie Bastier du Figaro, Olivier Tartigas, à très bientôt.

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