Thierry Cabannes - Une avocate des accusés provoque le tollé
Aujourd'hui dans "Punchline", Thierry Cabannes et ses invités débattent de la défense de Dominique Pélicot lors du procès des viols de Mazan.
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00:00Merci, merci de nous accueillir et sur Europe 1 et sur CNEWS et votre punchline week-end.
00:15Nous sommes ensemble jusqu'à 19h avec une actualité particulièrement riche,
00:19il faut bien reconnaître, en ce Vendredi soir avec moi.
00:22Pour commenter cette actualité, Véronique Jacquier, Pierre Lelouch, Pierre-Henri Bovis,
00:26Samy Biadzoni et Eva Tardy.
00:29On va parler encore de ce procès hors normes qui se tient à Avignon,
00:35le procès des viols de Mazan et la dignité de cette femme, peut-il encore le rappeler,
00:40la dignité de Gisèle Pellicot qui fait front tous les jours et qui, tous les jours,
00:44est accueillie par une haie d'honneur.
00:47Vous pouvez écouter, regarder, je le dis pour nos auditeurs d'Europe 1,
00:52écouter ces applaudissements, les images filmées par notre équipe,
00:55Régine Delfour et Stéphanie Rouquet qui suit de très près ce procès.
01:00Est-ce qu'on peut regarder et écouter cette haie d'honneur ?
01:04Voilà, vous laissez tous les jours ainsi ce qui symbolise,
01:09et vous écoutez évidemment les applaudissements de toutes ces personnes
01:14et ce qui symbolise la force de ce procès qui est un retentissement à nul autre pareil.
01:21Le monde entier suit ce qui se passe à Avignon.
01:24On va faire un point sur ce qui s'est passé aujourd'hui,
01:27en ce vendredi avec nos ennemis spéciaux, Régine Delfour et Stéphanie Rouquet.
01:32Et on écoute Régine Delfour.
01:36Ce vendredi matin, un débat a éclaté en début d'audience
01:40puisque l'avocat général a demandé que la diffusion des vidéos soit systématique,
01:46que ce soit pour les accusés qui reconnaissent les faits,
01:48mais aussi pour les accusés qui ne les reconnaissent pas,
01:50pour que la Cour puisse se faire son opinion.
01:53Les partis civils dans la matière, Maître Babonneau ne s'y est pas opposé.
01:57Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pellicot, ne s'y est pas non plus opposé.
02:02Mais les avocats de la Défense étaient vent debout
02:04puisque un avocat a dit qu'il faut que la justice se fasse dans cette salle d'audience
02:08et non à l'extérieur et notamment sur les réseaux sociaux.
02:11Une autre avocate, elle, ne comprend pas ce déballage.
02:16Elle parle d'un manque de dignité.
02:18À l'issue de cela, la Cour s'est retirée.
02:22Et puis Roger Arrata, le président de la Cour criminelle,
02:25a annoncé qu'il n'y aurait pas de diffusion systématique des vidéos.
02:30Elle se ferait uniquement à l'initiative, à la demande des deux partis.
02:34Et seuls les partis concernés pourraient et seront là pour visionner ces vidéos.
02:40C'est-à-dire que ce sera à huis clos.
02:42Les journalistes ne pourront pas être présents.
02:44Voilà, Régine Delfour qui fait encore...
02:47Faut-il le souligner, un travail formidable.
02:49Nous voulons vivre au plus près ce procès, je le disais, hors normes.
02:54Elle évoquait ces problèmes de vidéos, Régine Delfour.
02:56Dans son intervention, je vous propose d'écouter et de regarder
02:59cette vidéo de cet avocat de la Défense
03:01qui fait évidemment polémique sur les réseaux sociaux.
03:04On en écoute un extrait et on regarde et on ouvre le débat.
03:08Et c'est un sujet qui va vous intéresser évidemment,
03:10Pierre-Henri Bovis, en tant qu'avocat.
03:12J'ai hâte de vous entendre, vous allez me dire ce que vous en pensez.
03:14Regardez la séquence et écoutez.
03:17Alors, je sors du procès Pélico.
03:21On a diffusé des photos de madame qui sont effectivement
03:25dans des positions qui posaient problème puisque depuis quelques jours,
03:27elle nous expliquait que jamais, jamais, jamais, elle avait participé à quoi que ce soit.
03:31Quand elle voit les vidéos, je pense qu'elle ne s'y attendait pas.
03:33Et c'est ce qu'on a essayé de lui dire en disant
03:35attention madame, oui, oui, je suis prêt, public, public.
03:37Elle s'est mise en colère.
03:38Moi, j'ai pris le micro en disant que c'était elle qui avait souhaité
03:41que ce soit public et que maintenant, il ne s'agissait pas de se plaindre
03:43parce que nous, on est dans un procès qui est un procès court criminel,
03:47donc obligé de démontrer l'argumentation de notre client
03:50et notamment par ces photos là.
03:52Donc, elle s'est énervée.
03:53Moi aussi, je lui ai dit écoutez, madame Pélico,
03:54nous, on a essayé de préserver, vous avez voulu.
03:56Voilà la puissance des réseaux sociaux.
03:59Pierre-Henri Bovis, je vais vous faire réagir dans quelques instants,
04:01mais en fait, elle s'appelle, c'est votre consoeur Nadia El-Bouroumi.
04:05Je n'ai pas donné son nom.
04:08Elle a réagi ce matin dans l'émission de Pascal Praud.
04:11Ecoutez là et je vous fais réagir juste après.
04:15Moi, j'interviens, je suis avocat de la défense
04:17et j'essaie de défendre mes clients comme il se doit,
04:20sans jamais, jamais manquer de respect à qui que ce soit.
04:22Mais a priori, dans ce procès, dès qu'on pose une question à madame Pélico,
04:25on est irrespectueux.
04:27Alors que j'ai quand même dit que madame Pélico était une victime dans ce dossier
04:30et que ce n'est pas du tout ma stratégie de dire que cette dame n'est pas une victime.
04:33Voilà, je le dis, je l'ai dit.
04:35Mes propos ont été repris par la presse, le média,
04:38et ils ont été extrêmement transformés.
04:40Moi, j'ai été victime d'insultes, d'humiliation.
04:42Mes enfants.
04:44Et personne n'en parle de ça.
04:45Et donc, effectivement, la seule réponse que j'ai donnée, avec beaucoup d'humour,
04:49et là aussi, le traitement de ma vidéo a fait l'objet d'une transformation.
04:54J'ai publié en disant qu'on ne me musellerait pas
04:57et qu'il fallait se lever tôt pour arriver à me museler.
05:00Voilà, je publie cette vidéo, mais j'en ai publié tellement qu'elle a été ignorée.
05:05Est-ce qu'elle a le droit de faire ça ?
05:07Vous êtes avocat, Pierre-Henri Mauvis.
05:09Que pensez-vous de cette communication dans un dossier ô combien sensible ?
05:14Est-ce que quand on est avocat de la Défense, on peut tout se permettre ?
05:18Je voudrais dire déjà que dans tous les dossiers,
05:21encore plus lorsqu'ils sont à portée médiatique de cette importance,
05:24comme vous l'avez dit tout à l'heure, c'est un dossier qui est suivi dans le monde entier.
05:27Le monde entier.
05:29Il est régulier, il est de coutume d'attaquer régulièrement les avocats de la Défense
05:35qui sont perçus par l'opinion publique comme étant des complices de leurs clients.
05:40Et donc, il y a cette résurgence à chaque fois d'attaquer les avocats de la Défense.
05:46Pour autant, les avocats de la Défense sont indispensables
05:48puisqu'ils permettent de la manifestation de la vérité et donc le débat contradictoire.
05:52Et donc, n'importe qui a droit à une défense.
05:54Peu importe ce qu'il a fait, peu importe ce qu'il est, il a le droit à une défense.
05:57Ce qui est maintenant lamentable et qui déshonore vraiment la profession,
06:03c'est que ce débat contradictoire, c'est dans le prétoire qu'il a lieu.
06:07C'est dans le prétoire.
06:09C'est avec les avocats adverses, c'est avec le procureur général,
06:13c'est avec les jurés, c'est avec le procureur de la République,
06:17peu importe le type de dossier en correctionnel, en criminel.
06:21Ce n'est pas sur les réseaux sociaux, ce n'est pas sur TikTok,
06:24ce n'est pas sur les plateaux de télévision lorsque le procès est en cours.
06:28Une fois que le procès est passé, qu'on veut poursuivre le débat derrière,
06:34on peut le faire et d'ailleurs ça se fait très régulièrement.
06:35On commente les débats, les déclarations des uns des autres.
06:39Le délibéré a été rendu, on commente l'édition de justice.
06:42Mais lorsque le débat a lieu, en plus avec un sujet hautement sensible,
06:48on parle d'une dame qui potentiellement,
06:52verra le délibéré potentiellement,
06:53a subi des agressions sexuelles, des viols pendant des années
06:57ou pas, sous soumission chimique, qu'importe.
06:58En tout cas, c'est un dossier qui est sensible et qui réclame de la décence.
07:04On ne se comporte pas ainsi.
07:05– Elle a franchi la ligne blanche.
07:07– Je pense qu'elle a franchi la ligne rouge
07:10et surtout, je me suis intéressé à son profil.
07:14Et je dois vous dire que lorsqu'on se présente
07:18comme une avocate life and business coach,
07:21adepte du 100 fois plus grand Time and Results,
07:23Empowering Life, etc.
07:27et lorsqu'on se comporte ainsi,
07:29on instrumentalise un dossier pour sa propre personne et pas pour ses clients.
07:34En tout cas, on agit pour sa personne et pas pour ses clients.
07:37Et la frontière entre la défense de son client
07:40et la promotion de son cabinet, de son nom,
07:44parfois, c'est une frontière très poreuse.
07:47– Ça risque quelque chose, non ?
07:48– Écoutez, je ne suis pas autorité de poursuite,
07:52je ne suis pas à l'ordre, on ne sait rien.
07:54Ce que je constate, en tout cas, et c'est mon avis personnel,
08:00c'est que tomber dans l'arène des réseaux sociaux
08:04alors qu'il y a un procès en cours qui réclame un peu de décence,
08:08un peu de retenue et qui demande justement ce débat contradictoire
08:11dans le prétoire, je trouve que ça déshonore la profession d'avocat.
08:15Et je le dis vraiment avec beaucoup de sérénité
08:18parce qu'il y a beaucoup d'affaires,
08:20même dans le passé, lorsqu'il n'y avait pas les réseaux sociaux,
08:22la presse écrite faisait le relais, les avocats écrivaient des manifestes, etc.
08:27Mais ils ne se comportaient pas de la sorte.
08:29– Allez, je voudrais vous entendre, nous sommes nombreux ce soir,
08:32mais j'aimerais vous entendre les uns et les autres.
08:34Je commence avec vous, Samy,
08:34essayez d'être un petit peu plus courts les uns les autres
08:36pour que vous puissiez tous vous exprimer.
08:38Samy Biazoni.
08:40– Il faut savoir que, je prends le contrôle de tous les experts ici,
08:44mais que les assises, c'est une configuration judiciaire
08:47tout à fait particulière et effectivement, et ça a toujours été le cas,
08:51contrairement à ce que vous dites,
08:55en fait un certain nombre d'avocats, notamment d'avocats de la défense,
08:57plaident d'une certaine manière avec beaucoup plus d'aprôté,
09:00beaucoup plus d'éclat parce que c'est une occasion souvent
09:03de changer de statut et de stature du point de vue du potentiel clientèle,
09:09du point de vue de son environnement.
09:11Donc, on n'est pas dans une anormalité totale.
09:14Maintenant, on est désormais en 2024, il y a TikTok,
09:20on a affaire à une personnalité tout à fait singulière,
09:22d'après l'intention que vous faisiez, le dit et l'énonce très clairement,
09:27la décence, l'affaire, tout concorde effectivement à laisser penser
09:32qu'il fallait adopter une attitude beaucoup plus réservée et discrète.
09:35Dernier point, ce qui est quand même assez intéressant,
09:38c'est qu'elle est victime d'un effet stréssant.
09:40L'effet stressant, c'est quand vous voulez cacher quelque chose qui vous gêne
09:42et finalement, en le cachant, on ne voit que ça.
09:44C'est ce qui s'est passé avec elle.
09:45Elle a fait cette fameuse vidéo, comme vous ne l'avez pas montré,
09:48où finalement, elle dit, vous ne me ferez pas taire.
09:51Cette vidéo de protection, exactement, qui a déclenché la polémique supplémentaire.
09:56Parce que la polémique est beaucoup plus longue.
09:57Véronique, très rapidement, et Pierre Lelouche.
10:00Oui, il n'y a pas grand chose à ajouter par rapport à mes camarades,
10:02sauf qu'on a l'impression vraiment qu'elle est complètement
10:05dans un monde de téléréalité et que de fait,
10:08je ne la trouve pas professionnelle du tout.
10:10Pierre, ça vous inspire quoi ?
10:11Je trouve que notre excellent confrère Maître Bovis a dit tout ce qu'il fallait dire.
10:17À la fois sur le rôle de l'avocat,
10:19sur le besoin d'avoir un avocat, quelle que soit la gravité du crime,
10:23mais aussi sur la déontologie.
10:28Quand on, en regardant cette femme,
10:31je pensais aux très grands avocats qui viennent de disparaître,
10:35qui étaient des ténors du barreau,
10:37on a changé de monde.
10:40On est passé de l'époque des très grands
10:44à une espèce de droit au rabais,
10:48avec une tonalité de racaille qui est extraordinairement choquante.
10:53Moi, j'attends que le barreau réagisse,
10:56que l'ordre réagisse
11:00et qu'on ne laisse pas la justice française descendre à ce niveau de caniveau.
11:05Cette femme a souffert.
11:06Il ne s'agit pas de dire que les avocats n'ont pas le droit de faire le travail de défense,
11:09au contraire.
11:11Mais pas comme ça, pas en prenant l'opinion publique à témoin,
11:15en laissant entendre que tout ça est du mensonge
11:20et qu'elle ment devant l'opinion publique.
11:23Qu'elle défende son client comme elle le veuille,
11:26devant le juge, c'est son affaire.
11:29Mais jeter cette femme en pâture après ce qu'elle a subi pendant des années
11:33par le biais de vidéos, c'est au-delà de l'imaginaire.
11:36On a franchi toutes les limites.
11:38Quand je dis racaille, je dis racaille.
11:41Ce n'est pas le métier d'avocat tel que...
11:44La séquence est beaucoup plus longue, regardez si cela vous intéresse, mon cher Pierre Lelouch.
11:48En tout cas, je voulais vous remettre...
11:49Cette affaire me révulse depuis le début.
11:52J'essaye d'éviter de rentrer dans les détails tellement c'est horrible.
11:56Mais si les avocats de ce niveau-là se mettent à
11:59défendre les clients dans l'opinion publique avec des arguments comme ça,
12:02on n'est pas sortis de l'auberge, juste avant, parce qu'on a le flash.
12:06– Juste pour rebondir sur ce qui a été dit,
12:08dans les affaires de terrorisme, dans les grosses affaires de terrorisme
12:11qui ont été jugées récemment, notre ministre de la Justice,
12:15qui était avant avocat, qui portait la robe,
12:17s'est exprimé dans les médias pour défendre son client,
12:21c'est-à-dire cette Mera,
12:23mais il s'est exprimé avec énormément, immensément de pudeur,
12:27de retenue, tout en soutenant sa thèse,
12:31tout en soutenant sa ligne de défense, mais sans franchir la ligne.
12:36Et pourtant, c'est un avocat qui a de la goye,
12:41qui est connu pour ça, qui bouleverse et qui chamboule tout,
12:47mais qui, pour autant, connaît aussi la déontologie
12:49et surtout les principes essentiels et cardinaux de notre profession.
12:53– Allez, je voulais vous soumettre évidemment cette vidéo,
12:55il est temps de faire un tour de l'information,
12:57nous sommes un petit peu en retard,
12:58vous êtes bien sûr Europe 1 et sur CNews,
13:01et c'est Adrien Spiteri qui nous fait un tour de l'information ce soir.