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Écoutez l'interview du secrétaire général de la CFDT.
Regardez L'invité de RTL du 06 avril 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
00:14 Laurent Berger, vous appelez aujourd'hui à une nouvelle journée de mobilisation
00:16 contre cette réforme des retraites, onzième journée de manifestation. On va bien sûr y revenir dans un instant mais d'abord
00:21 cette réunion hier à Matignon. Olivier Dussopt, le ministre du travail, évoque une étape importante.
00:26 Vous avez vous dénoncé hier à la sortie un échec, étape importante, échec.
00:31 On a l'impression que vous n'avez pas assisté à la même réunion.
00:33 Si, si on a assisté à la même réunion, je peux vous la décrire rapidement.
00:37 Bien sûr.
00:37 On est arrivé, la première ministre a dit un mot d'introduction
00:42 disant qu'elle savait la colère, elle savait la contestation de la réforme, qu'elle saluait la responsabilité dans les manifestations des
00:49 organisations syndicales, de la façon dont ça se passait,
00:52 et disant son point de vue, que cette réforme, pourquoi il la faisait.
00:56 Et ensuite on s'est tous exprimés les uns après les autres, les huit organisations syndicales,
01:01 en posant tous à la fin la même question, madame la première ministre, est-ce que vous allez retirer cette réforme qui est contestée ?
01:07 Et ensuite elle a repris la parole pour expliquer, répondre à certaines interrogations
01:11 ou affirmations qui avaient été faites, et un échange s'est ouvert
01:19 dans lequel on lui a dit, écoutez, répondez à cette question, et si la réponse est non, on ne va pas passer à la séquence d'après
01:25 que vous souhaitez ouvrir. Tout simplement parce que la vie des travailleurs et travailleuses, c'est pas une séquence, donc on est sortis.
01:30 Et là elle vous répond non ?
01:31 Oui bien sûr.
01:32 Et vous vous levez, et vous partez.
01:34 Oui, ça s'est fait avec beaucoup de civilité, vous savez, moi j'ai aucun, on n'a aucun intérêt les uns et les autres à faire croire
01:39 que tout ça était espèce de guerre, c'est pas le cas, c'est de la confrontation démocratique.
01:45 Comment vous définiriez ou décririez cette ambiance ? C'était quoi ? Tendu ? Serein ?
01:49 Serein, je sais beaucoup dire.
01:53 Vous pouvez pas être en désaccord. Vous savez, moi j'ai commencé à dire, c'est la première fois qu'on est reçu depuis le mois de janvier,
01:59 et c'est ça qui est en fait problématique, et c'est bien tard.
02:01 Et de lui dire, moi je crois, enfin moi j'ai passé un peu de temps à décrire ce qu'était ce mouvement social,
02:08 ce qu'étaient ces salariés qui étaient encore aujourd'hui dans la rue parce que
02:13 la façon dont ils percevaient cette réforme des retraites et l'impact que ça avait sur leur travail.
02:17 Donc je dirais pas que c'était serein, c'était, il y avait une forme de tension, mais il n'y avait pas,
02:22 il n'y avait pas de, c'était pas,
02:25 à coups de toutes, c'était, c'était tendu,
02:27 mais surtout ça n'a pas produit les effets qu'on aurait pu souhaiter, c'est-à-dire une volonté de sortir du blocage.
02:33 Elle est dans quel état d'esprit, de ce que vous en avez vu ? Écoutez, il faut le demander à elle, c'est pas...
02:38 J'imagine, puisque les choses... C'est vous qui l'aviez en face, pas moi hier.
02:42 Oui, mais c'est pas à moi de décrire ce que j'ai perçu, ce qui pourrait être
02:45 juste une perception et pas la réalité. J'ai pas envie de parler à la place de la première ministre, mais en tout cas elle était
02:51 claire sur le fond, elle n'a pas voulu
02:53 faire la moindre ouverture sur cette réforme des retraites. Elle n'a servi à rien cette réunion ?
02:57 Moi, j'ai encore cette faiblesse de croire que dans une démocratie, quand on se parle, ça ne sert jamais totalement à rien, mais en tout cas
03:04 elle n'a pas été efficace au sens où elle n'a pas permis de sortir de la situation actuelle, qui est laquelle.
03:08 Cette réforme, elle est contestée par 90% du monde du travail, des salariés.
03:13 68% selon notre dernier sondage.
03:17 68% des citoyens. Quand on va plus dans le monde du travail, c'est presque 90%.
03:26 Elle est contestée dans la rue. On va parler de la manifestation d'aujourd'hui, mais enfin les chiffres
03:33 des renseignements territoriaux, ce serait autour de 800 000 personnes.
03:36 800 000 personnes encore à la 11e journée de mobilisation. Si on est à 800 000 ce soir, vous dites c'est un succès ?
03:40 Mais surtout, je dis que ça montre qu'il y a une grosse
03:43 contestation de cette réforme, qu'elle ne passe toujours pas et qu'il faudrait trouver des voies
03:47 d'apaisement et on en a suffisamment proposé. Et vous avez tendu la main à de multiples reprises, Laurent Berger. Bon, ok, il y a eu cette réunion hier.
03:54 Vous en sortez en nous disant
03:56 ça n'a pas servi à grand chose. Oui, bien sûr. Sur le fond, ça n'a pas servi à grand chose.
04:03 À la sortie, vous dénoncez une crise démocratique.
04:05 L'entourage d'Emmanuel Macron qui est en Chine vous répond à distance en disant on ne peut pas parler de crise démocratique, les mots n'ont pas sens,
04:10 l'égal vaudé, c'est faire monter les extrêmes. Je vais revenir là-dessus, juste.
04:14 Ça a été pris comme une attaque. On est chez les fous. Il y a d'attaques de personnes quand je dis qu'il y a une crise démocratique.
04:20 Je suis désolé. Je dis qu'il y a un moment donné, il y a une expression sociale très forte
04:26 menée par les organisations syndicales en toute responsabilité.
04:29 Et en face, il y a un désaccord qu'on voit bien que ça profite malheureusement
04:34 à l'extrême droite. C'est pas moi qui le dis, c'est toutes les enquêtes d'opinion, etc.
04:38 Et donc je dis qu'on a un problème démocratique parce qu'on n'arrive pas.
04:42 En quoi c'est une attaque contre quelqu'un ? C'est un constat. Je ne suis pas le seul à le faire.
04:47 Il y a tout un tas d'observateurs qui disent qu'on a un problème en ce moment, y compris un problème institutionnel.
04:52 Vous savez, le Rassemblement National, il prospère sur deux ressorts.
04:56 Le ressentiment social, le sentiment de ne pas être reconnu. On a aujourd'hui une frange de la population
05:00 travailleuse, salariée, qui a ce sentiment d'être pas être reconnu.
05:04 Et d'être délaissé, d'être invisible d'une certaine manière. Et de l'autre côté, il prospère sur la défiance dans les institutions.
05:10 On est en plein dedans. Et donc dire que c'est une crise démocratique,
05:13 je suis désolé s'il y a été pris pour une attaque. Vous voyez, je peux même faire ça.
05:17 Je suis désolé que ça ait été pris comme une attaque. Mais c'est, je pense, le constat qui est fait par beaucoup de citoyens aujourd'hui.
05:21 - Mais vous le percevez comment, ces critiques qui viennent de l'entourage d'Emmanuel Macron ? Vous dites "stop à la provocation" ?
05:28 - Oui, je dis "stop à la provocation".
05:30 - Ça fait deux fois qu'il vous cite nommément, qu'il cite nommément la TFPT.
05:33 - Oui, sans doute un peu plus même.
05:35 Je dis juste que ça n'a pas de sens. D'abord, on n'est pas sur un ring.
05:40 Deuxièmement, je le dis, c'est pas moi le problème.
05:45 - Mais il y a un problème entre vous et Emmanuel Macron.
05:47 - C'est pas moi le problème. Le problème, c'est les citoyens, les travailleurs, qui aujourd'hui rejettent
05:51 cette réforme. - Mais on a l'impression qu'il y a un problème entre vous deux et que la clé, c'est l'un des deux qui la détient.
05:55 - Monsieur Macron, il n'est pas le président de la République seulement de Laurent Berger.
05:58 Il est président de la République de l'ensemble des citoyens et notamment du monde du travail.
06:02 C'est à eux qu'il faut qu'il s'adresse. - Vous lui dites quoi ce matin sur RTL ?
06:05 - Simplement, je lui dis qu'on est dans une crise sociale.
06:09 On a une crise démocratique.
06:11 Qu'il y a un problème, que c'est pas nous qui l'avons créé, pas moi en particulier.
06:14 Et que la solution, c'est lui qui doit l'être, qui l'a entre les mains. La solution, c'est une voie d'apaisement en disant "écoutez,
06:20 il y a la décision du Conseil constitutionnel, on verra ce qu'elle sera, mais je
06:26 privilégie la voie du dialogue qui avait l'air d'être la voie privilégiée.
06:30 En tout cas, il y a une ouverture sur d'autres sujets sur le dialogue. - Donc quand il laisse entendre qu'il pourrait vous recevoir après le Conseil constitutionnel,
06:36 vous irez malgré
06:38 ces petites phrases ? - D'abord, on verra sur de quoi il veut nous parler. Mais évidemment que la CFDT a jamais pratiqué la politique de
06:44 la chaise vide. Mais je crois que c'est une erreur de croire. On voit bien la logique qui est suivie. C'est-à-dire, on fait une séquence.
06:49 On va finir la séquence retraite, on va passer à autre chose.
06:51 Les salariés de ce pays ne vivent pas en séquence. Vous et moi, nous ne vivons pas en séquence.
06:56 Il y a un continuum qui est la vie au travail, la façon d'envoyer les choses. Et donc, vous savez, moi je suis assailli
07:01 de mails de gens qui disent "mais je devais partir à la fin de l'année, je ne sais pas ce qui va se passer pour moi".
07:06 Et bien cette angoisse-là, c'est pas à moi seulement d'y répondre,
07:09 c'est aussi au président de la République. - On ne peut pas passer à autre chose tant que cette réforme n'est pas retirée. C'est ce qu'a dit
07:15 hier la CGT à la sortie de cette réunion. Ça veut dire quoi ? Que si cette réforme n'est pas
07:19 retirée, il n'y aura pas d'autres réformes, en tout cas pas avec les syndicats. Ça veut dire que le quinquennat est mort ?
07:25 - Vous savez, la CFDT, c'est une organisation syndicale. Donc si on doit parler
07:30 d'usure au travail, si on doit parler de répartition de la richesse, des salaires,
07:35 si on doit parler des conditions de travail, de la vie au travail, la CFDT, elle ira discuter pour défendre les travailleurs.
07:41 - Même si cette réforme n'est pas retirée ?
07:43 - Mais nous, on est encore dans ce moment où on demande que cette réforme soit retirée.
07:47 Le gouvernement a dit "on va jusqu'au conseil constitutionnel, c'est le processus démocratique".
07:51 Nous, on fait le processus démocratique qui est notre contestation à ce projet de réforme.
07:55 - Si le conseil constitutionnel valide, qu'est-ce qui se passe ?
07:57 - Vous savez, pendant ce temps-là, il n'y a pas eu que de l'affrontement.
07:59 On a aussi été dans le dialogue.
08:01 On a été dans le dialogue avec les organisations patronales. On a signé un accord sur le partage de la valeur. On va sortir,
08:06 j'espère, on est en fin de négociation, un accord sur le dialogue social, sur la transition écologique dans les entreprises.
08:12 Un accord extrêmement important pour l'avenir.
08:15 Donc, la CFDT, elle n'a pas changé. Il faut que vous compreniez ça. Elle n'a pas changé.
08:19 Donc, on continuera d'aller se battre pour les travailleurs et travailleuses, mais ce problème-là, aujourd'hui, doit être réglé.
08:24 - Et juste, répondez-moi...
08:26 - Et pour ne pas créer le ressentiment social, il doit être réglé par le président de la République.
08:28 - Juste en 10 secondes, répondez-moi par oui ou par non.
08:30 Si cette réforme n'est pas retirée, est-ce que c'est la fin du quinquennat d'après vous ?
08:34 - Il restera 4 ans, quoi qu'il arrive. Et donc, moi, je crois que c'est la fin.
08:41 Si on veut de l'apaisement, il faut trouver une solution sur ce sujet des retraites.
08:45 C'est entre les mains du président de la République.
08:47 C'est à lui de décider.
08:49 C'est pas une question, simplement, de fin du quinquennat.
08:51 C'est une question de société, de la crise sociale qu'on traverse, et de la crise démocratique, quoi qu'il en soit.
08:56 Que ça plaise ou non.
08:58 Et pour cela, il faut, je crois, plutôt ne pas vouloir aller en force, en se disant que de toute façon, ça va finir par s'arrêter.
09:04 Et se dire qu'on essaie de trouver les voies du dialogue. Voilà.
09:08 - Merci beaucoup, Laurent Berger.
09:10 est entre les mains du président de la République, vient de nous dire l'Europe.

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