Le directeur du Camping "Les Flots Bleus" publie "Bienvenue au Camping", chez City Editions.
Regardez L'invité de RTL du 07 avril 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL Matin
00:06 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Alors Amandine Mégot vous recevez ce matin.
00:10 Franck Coudert, il est le directeur du fameux camping des flots bleus.
00:13 Voilà, camping où vous l'entendez résonne le chant des oiseaux.
00:17 Camping le plus célèbre de France je le disais puisque c'est là qu'ont été tournés les films camping avec entre autres Franck Dubosc.
00:23 Franck Dubosc qui d'ailleurs signe la préface de votre livre, Franck Coudert.
00:27 Bienvenue au camping dans lequel vous racontez tout plein d'anecdotes. On va y revenir dans un instant.
00:31 Mais d'abord le camping des flots bleus il a été, on s'en souvient tous,
00:34 dévasté par l'incendie qui a ravagé la région l'été dernier. Vous venez seulement de rouvrir cette semaine. Comment ça se passe ? Est-ce que tout va bien ?
00:42 Alors oui on a ouvert lundi et tout va très très bien puisque le soleil est au rendez-vous en plus.
00:48 Donc ça n'a pas gâché la fête. On est bien. Là j'ai devant moi la nuit du pilat, les oiseaux, le soleil qui se lève.
00:58 Une température, on est dehors là, donc température sympa. J'ai quelques camping-cars, je vois que ça commence à bouger donc
01:05 non non c'est le top quoi. Ça se réveille doucement. C'est quoi une renaissance ? Vous ne pensiez pas pouvoir ouvrir ?
01:11 Ah si, enfin on a toujours espoir et puis moi je suis pas fataliste donc voilà.
01:19 On a travaillé tout l'hiver et puis moi j'attendais ça avec impatience.
01:26 Je sais pas si on peut dire renaissance. Pour moi c'est la continuité, c'est un nouveau chapitre.
01:31 Un nouveau chapitre ? Un peu comme le livre. Alors que 80% du camping, il faut le rappeler, avait été détruit. 180 arbres abattus.
01:40 Cet incendie débute le 12 juillet, d'abord à quelques kilomètres du camping, assez loin. Et alors ce soir-là, Franck Coudert,
01:46 vous vous couchez d'ailleurs à peu près confiant. Jamais l'un d'entre nous n'aurait imaginé une telle catastrophe. C'est ce que vous racontez
01:53 dans le livre. Vous êtes réveillé en pleine nuit à 3h30 et là on vous demande
01:56 d'évacuer. Est-ce qu'à cet instant vous comprenez que vous pouvez tout perdre ou pas du tout ?
02:01 À 3h du matin, déjà j'ai bien peu de temps à comprendre ce qui m'est arrivé parce qu'on me dit
02:07 une heure à peu près avant, on me dit "ça risque rien"
02:11 et à 3h on me dit "il faut évacuer 600 campeurs". Donc
02:16 ouais effectivement là je me dis si ils nous demandent d'évacuer c'est que c'est pas bon.
02:23 Oui on va tout perdre.
02:25 600 campeurs
02:26 évacués très vite en quelques minutes. Vous restez avec quelques-uns de vos
02:30 collaborateurs et puis à votre tour on vous demande aussi ici d'évacuer. Et vous êtes quand même, en tout cas quand on vous lit, on a
02:36 l'impression que vous êtes
02:38 persuadé que ce camping va être protégé d'une manière ou d'une autre. Vous ne prenez aucune de vos affaires par exemple ?
02:44 Non. On a d'abord géré les affaires des clients et puis après on s'est dit "bon on reviendra
02:50 au dernier moment s'il y a besoin pour les nôtres". Et donc le feu était loin.
02:54 Puis on n'y croyait pas. Je crois que beaucoup de gens ici n'y croyaient pas non plus. Donc on pensait pas qu'on allait vraiment
03:02 perdre le camping à 80%. Donc
03:05 ouais on a tout laissé.
03:08 Alors pour les auditeurs qui ne se souviennent pas forcément, ça va durer plusieurs jours
03:12 cet incendie. D'ailleurs vous allez pouvoir retourner au camping avec certains de vos collaborateurs
03:19 à plusieurs reprises.
03:20 Et puis vous écrivez à un moment "les flots bleus c'est plus que l'endroit où nous travaillons, c'est notre maison, c'est notre vie". Vous allez
03:26 le surveiller ce camping à distance pendant de très longues heures via les caméras du camping.
03:31 Et puis tout d'un coup l'image se coupe. Je crois qu'on est le 17 juillet.
03:34 Ouais en fait
03:38 toutes les heures je regardais moi sur les caméras, je voyais le devant.
03:43 Donc tout était parfait, il n'y avait personne. Et puis le 18 au matin
03:47 j'ai vu les pompiers devant et là je me suis dit "waouh" que ça se rapproche.
03:53 Donc là par contre je regardais à peu près tous les quarts d'heure. J'étais fixé sur le téléphone comme un accro.
04:01 Et un petit moment après, plus de caméra. Là j'ai su que
04:05 plus de liaisons, je dirais internet, plus rien du tout. Je me suis dit "ouais c'est pas bon quoi".
04:11 Vous ressentez quoi ce moment là ?
04:13 On a quand même la boule au ventre parce qu'en fait en même temps on peut pas voir, on sait pas,
04:19 on pose des questions, les gens nous disent "bah non, je sais pas,
04:22 il paraît que ça a commencé, que c'est pas loin, le feu est pas loin". Et donc en fait on n'en sait rien du tout.
04:28 Et je crois que c'est vers 18 ou 19h on nous apprend que les campings ont brûlé.
04:34 On sait pas si c'est à 20%, 100%, on sait rien du tout. Voilà donc on attend.
04:40 On passe une nuit exceptionnelle.
04:42 A tous se regarder, se demander ce qui nous arrive. Et le lendemain,
04:47 on part sur le camping. Alors bon, on a un peu triché pour y aller.
04:51 Voilà et puis on arrive et on voit que tout le devant est nickel. La terrasse du restaurant installée, les parasols.
05:00 On est prêt à aller manger d'ailleurs. Et
05:03 par contre quand on rentre dans le camping, c'est le désastre.
05:09 Et là ça fait mal.
05:11 Ça fait très mal. Mais bon,
05:13 c'est comme ça. - Les toits des mobilhomes, vous écrivez,
05:17 forment une marre de plastique. En fait il n'y a plus rien. Tout, tout a brûlé. Et vous, vous avez tout, tout perdu.
05:22 - Ah ouais non, mais tout a brûlé. C'est-à-dire que moi,
05:25 mon chalet doit faire 10 cm de haut. Donc
05:29 je soulève des tols, je regarde s'il y a quelque chose à
05:33 sauver. Et puis voilà quoi. Et puis non, en fait, il n'y a plus rien. Ma moto a fondu,
05:38 la moto de mon fils a fondu. Enfin bon, voilà.
05:41 Comme un incendie. Alors après, je dis toujours, on n'est pas les seuls. Il y a cinq campings. Mes collègues, c'est pareil pour eux.
05:50 Il y a aussi des particuliers qui ont perdu leur maison. Enfin donc
05:55 c'est un drame, un drame collectif. - Un drame collectif. Et vous parlez d'ailleurs beaucoup de la solidarité
06:01 qui immédiatement
06:03 s'est mise en place. Alors ce que vous nous disiez, c'est que quand vous arrivez, quand vous retournez sur les lieux du camping, la devanture
06:09 par exemple n'a pas été touchée. Et très bizarrement, de façon
06:11 assez étonnante, c'est presque mystique, les lieux du tournage du film camping n'ont pas été détruits par cet incendie. La réception,
06:19 l'épicerie et même la silhouette où Franck Dubosc, de forme Dubosc, où les vacanciers peuvent glisser leur tête pour faire une photo,
06:26 tout ça, ça a été épargné. C'est fou, non ?
06:28 - Ouais, ouais, ça n'a pas bougé. - Vous l'expliquez comment ? - Le bal des flots bleus.
06:31 Je sais pas, on a peut-être une bonne étoile. Un collègue me disait que c'est le karma.
06:36 Donc voilà, on doit avoir une bonne étoile. Je sais pas. - C'est la magie des flots bleus ?
06:42 - Ouais, j'espère. J'aime bien me dire ça aussi.
06:46 Ça donne un côté positif à la vie. Donc
06:50 voilà, c'est-à-dire qu'il y a un côté magique et qu'on a été préservé. Ces endroits-là ont été préservés. C'est génial.
06:57 - Ce film, il faut le rappeler, il a quand même changé la vie de ce camping.
07:00 - Ouais,
07:02 ils sont venus
07:04 caster le camping par hasard. Ils ont fait trois volets.
07:07 Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on a une notoriété qui
07:12 presque nous dépasse parce qu'on n'en joue pas forcément.
07:16 On n'a pas augmenté les prix comme des balades parce que les gens viennent aux flots bleus.
07:23 Mais derrière, il y a un petit côté magique parce que c'est quand même un film familial, sympathique à regarder.
07:29 Donc,
07:31 nous, on en parle avec plaisir. - Et vous, on vous demande, paraît-il, régulièrement de porter le même maillot que Patrick Chirac
07:37 dans les allées du camping. Alors vous refusez, je crois, Franck Coudert.
07:39 - Ouais, c'est une anecdote. Une personne qui
07:42 regrettait de ne pas avoir vu quelqu'un se promener en maillot de bain
07:47 dans le camping. Donc je lui ai dit "écoutez,
07:50 c'est pas trop le truc de la maison". Donc ouais, je fais pas trop. Je peux le faire comme ça pour rigoler avec
07:56 l'animation, mais bon, ça ira pas plus loin.
07:59 - La réouverture, vous l'avez dit, depuis lundi. Est-ce qu'il y a de la place d'ailleurs pour
08:05 les auditeurs qui vous entendraient et qui voudraient venir passer le week-end de Pâques ou quelques jours de vacances ?
08:10 - Alors, il y a encore de la place, mais je peux vous dire qu'il n'y en a plus beaucoup
08:14 parce qu'on a eu une nuée de camping-cars, vannes qui est arrivée,
08:19 des gens qui...
08:21 Ben oui, il y a des gens, des Français, là, des solidaires.
08:23 Quand t'es arrivé ici, on pouvait pas faire autrement que de venir la première nuit chez vous.
08:27 Et là, depuis lundi, ça n'arrête pas. - Ils le font pour justement être solidaires, vous venir en aide ?
08:33 - Ouais, oui, oui. Les deux, trois personnes avec qui j'ai discuté, oui, ils avaient envie de
08:39 nous faire un petit coup de coup et puis de nous remercier d'avoir ouvert et nous féliciter. Donc c'était super sympa, ouais.
08:48 Ça annonce une belle saison, je pense. - À aucun moment, Franck Coudert, vous ne vous êtes dit "on va le refaire ce camping, mais ailleurs" ?
08:54 - Ah, moi, non. Non, non, non.
08:58 Je suis arrivé lundi 2011,
09:01 je partirai après la retraite, alors à 64 ou 64 ans, je sais pas.
09:06 Mais en tout cas, non, mais c'est un lieu magnifique.
09:11 Et puis, pour nous, c'est quand même chargé d'histoire parce qu'on a créé, avec les salariés, une petite famille.
09:18 Avant tout, on voulait sauver le camping, mais on voulait aussi sauver notre lieu de travail.
09:22 Donc c'était important pour l'équipe.
09:26 Voilà, on l'a fait, on a fait une ouverture partielle comme on avait prévu. On s'est battu tout l'hiver
09:34 sans les aides, pour l'instant, des assurances ou quoi que ce soit.
09:38 Ça, je voulais le préciser parce qu'il y a beaucoup de gens qui pensent... - Vous n'avez pas d'indemnisation ?
09:43 Pour l'instant, on a eu très très peu d'indemnisation, mais comme mes collègues à côté, on est tous à la même enseigne.
09:49 Tout le monde croit que parce qu'on a les flots bleus, le cinéma
09:52 nous a aidés, il y a eu des cagnottes et tout. En fait, non, il n'y a rien eu de tout ça. Il y a juste eu
09:57 une bonne gestion de l'entreprise jusqu'à présent qui nous a permis, avec nos fonds propres,
10:03 de faire les travaux ou d'avancer les travaux.
10:08 Et puis, avec surtout les sociétés partenaires qui ont travaillé sur le camping pour la reconstruction.
10:15 Ce ne sont que des sociétés de la test.
10:18 On les remercie parce que...
10:21 - Si c'était sans eux, ça n'aurait pas été possible.
10:24 Non, parce qu'au début, quand on a commencé les travaux, on n'avait plus un rond, c'est clair.
10:29 On avait déjà
10:33 amputé pas mal de notre budget et tout.
10:37 Donc, ils ont travaillé sans à compte, sans rien du tout, en disant
10:41 "Allez, on vous suit".
10:44 - Une nouvelle illustration, encore une fois, de cette solidarité. Un grand merci à vous, Franck Coutineau.
10:50 de la France.
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