Le bilan de la visite d'Emmanuel Macron en Chine et à Taïwan, avec Caroline Galacteros

  • l’année dernière
Avec Caroline Galacteros, géopolitologue, spécialiste affaires diplomatiques et stratégiques, Présidente Geopragma et docteur en Sciences politiques

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##LE_FAIT_DU_JOUR-04-10-2023##

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Transcript
00:00 -Sud Radio Bercov dans tous ses états, le fait du jour.
00:05 -Nuit de Chine, nuit d'Alène, nuit d'amour, nuit d'ivresse, de tendresse...
00:15 -Ah, ivresse, tendresse... Vous savez, Emmanuel Macron, flanqué du Ursula von der Leyen,
00:24 se sont envolés il y a quelques jours vers cette Chine que tout le monde aujourd'hui se dit s'est éveillée.
00:31 Vous vous rappelez de quand la Chine s'éveillera ? Eh bien, elle s'est réveillée, le monde tremble.
00:36 Alors Ursula von der Leyen s'en est retournée, Emmanuel Macron aussi,
00:41 mais Emmanuel Macron a donné des interviews notamment aux Echos,
00:44 et attention, qu'est-ce qu'il dit Emmanuel Macron ?
00:47 Eh bien il dit "Attention, nous ne rentrerons pas dans une logique de bloc à bloc".
00:53 Au nom de l'Europe.
00:54 "La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes".
00:59 Sur la question de Taïwan, et sur le reste, sur le reste, bah écoutez, on ne sait pas.
01:04 "L'autonomie stratégique", dit encore Emmanuel Macron, "doit être le combat de l'Europe".
01:09 "Il faut s'élever contre l'extraterritorialité de dollars".
01:12 "Il ne faut plus suivre simplement les Etats-Unis".
01:15 Oui, il n'est pas question de s'adapter au rythme américain, à la surréaction chinoise.
01:21 Pourquoi devrions-nous aller au rythme choisi par les autres ?
01:24 Oui, pourquoi ? Caroline Galactéros, bonjour.
01:27 - Bonjour, bonjour.
01:29 - Et d'abord, bon anniversaire.
01:31 - C'est gentil, c'est adorable.
01:33 - Alors Caroline Galactéros, dites-moi, c'est intéressant,
01:37 parce que, et ça virage à 90, à 180 degrés, de quoi s'agit-il ?
01:41 Voici qu'Emmanuel Macron, notre président de la République, retourne de Chine.
01:46 Alors peut-être, peut-être, je pourrais vous faire écouter ces 5 secondes.
01:49 Vous savez qu'en France, il est difficile, il circule sans 500 camions de CRS, des voitures, etc.
01:56 Et on entend Macron démission jusqu'à l'Olympia Music Hall.
02:01 Mais en Chine, ça ne s'est pas du tout passé comme ça.
02:03 Ça s'est très bien passé. Il a été très bien reçu. Écoutez.
02:07 Voilà, ils étaient très contents, les Chinois.
02:15 Mais lui, alors, il dit "attendez, attention, on ne veut pas être suiviste, l'Europe ne doit pas être suiviste".
02:21 Alors c'est très bien dans les déclarations, très bien.
02:24 Mais alors, s'est-il converti à une neutralité de grande puissance face à la Chine et aux USA ?
02:30 Qu'en pensez-vous ?
02:31 - Alors, d'abord, sur les 5 secondes que vous venez de passer,
02:36 je pense que le pouvoir chinois est suffisamment subtil, habile et en contrôle
02:43 pour comprendre les nécessités narcissiques de notre président.
02:46 Et que donc, l'accueil comme ça, populaire, joyeux, etc.,
02:53 ce sont des choses qui peuvent s'organiser, même s'il y a peut-être un peu de spontanéité.
02:58 Ensuite, quant aux déclarations présidentielles,
03:02 écoutez, on peut penser que notre président a été touché par la grâce.
03:07 - Oui, oui. - En mer, en feu.
03:09 - Joie, joie, pleure de joie.
03:11 - Non, mais nous sommes en 2023.
03:14 Nous sommes effectivement dans une situation de vassalisation à peu près totale,
03:20 européenne, française, vis-à-vis des Etats-Unis, à propos de la guerre d'Ukraine.
03:26 On commence à comprendre d'abord qu'elle est plus ou moins perdue militairement,
03:30 qu'on n'y peut pas grand-chose.
03:32 On a peur de se faire entraîner dans l'aventurisme américain,
03:36 avec l'OTAN, maintenant, contre la Chine,
03:39 avec les provocations que l'on connaît vis-à-vis de Taïwan,
03:42 et vous avez vu la réaction chinoise des manœuvres d'encerclement et d'isolement de la péninsule.
03:48 Donc on peut se dire que c'est fabuleux.
03:50 Enfin, il a compris qu'il faut se désaligner, la France, l'Europe, l'autonomie stratégique européenne.
03:56 Le problème, c'est qu'on peut aussi, et je crains que ce ne soit le cas,
04:02 interpréter tout cela comme une nouvelle démonstration de pensée magique.
04:09 C'est-à-dire que c'est bien gentil de dire ça,
04:12 mais notre président est aussi celui qui a expliqué qu'il ne fallait pas humilier la Russie de Poutine,
04:17 qui a été le premier à le recevoir lors de son premier mandat,
04:21 qui nous a parlé d'armée européenne, de souveraineté européenne,
04:25 qui nous a expliqué que l'état profond était une plaie à vif dans l'administration française et qu'il fallait s'en défaire.
04:35 Et au plan des faits, au plan des actions, pour corriger tout cela,
04:41 pour corriger tous ces magnifiques disparitions, tous ces mals français internationales,
04:46 eh bien il n'y a rien eu.
04:49 Sur l'Ukraine, on est quand même très en avant de la main dans le suivisme.
04:56 On a fait tout ce qu'on nous a demandé,
04:58 et on le fait même avec la conscience d'être du bon côté du manche,
05:02 comme d'habitude en termes moraux, ce qui est vraiment plus que discutable.
05:06 - Plus les millions de dollars sonnants et trébuchants, d'en plus.
05:10 - Non mais voilà, si vous voulez, c'est formidable qu'en Chine il ait peut-être pris une piqûre de rappel à la réalité.
05:17 C'est-à-dire qu'il a peut-être pris peur, juste.
05:19 Il s'est peut-être dit "mon Dieu, mais c'est pas possible".
05:21 Effectivement, l'intérêt, et moi j'en parle depuis dix ans, si vous voulez,
05:25 l'intérêt européen, c'est d'exister en dehors de cette logique de bloc.
05:31 - Oui mais alors justement... - Sauf que tout s'est fait pour nous y ramener.
05:33 - Exact, mais alors, carme, venez, exactement.
05:35 Alors justement, il faudrait savoir si ce sont des mots et du vent,
05:38 parce qu'on rappelle, effectivement, d'abord, y a-t-il une Europe ?
05:42 Y a-t-il, et dans quelle Europe vivons-nous ?
05:45 Deuxièmement, je rappelle, vous le savez, je rappelle aux auditeurs,
05:48 que le 10 janvier 2023, c'est-à-dire il y a quelques mois,
05:51 l'Union Européenne et l'OTAN ont signé une déclaration de coopération
05:55 franchement accélérée par la guerre en Ukraine et le rôle de l'Alliance.
05:58 - Très bien sûr. - On voit très bien, voilà.
06:00 - Très bien sûr. - Oui.
06:02 - Mais oui, non, mais on est dans une schizophrénie stratégique, voilà.
06:06 Et moi je pense que l'Europe, et tout à fait d'abord,
06:09 l'Europe, qu'est-ce que ça veut dire en termes stratégiques d'indépendance ?
06:13 Ça ne veut rien dire. La souveraineté européenne, elle n'existe pas.
06:17 Alors on peut... - Pourquoi elle n'existe pas ?
06:19 Pourquoi ça ne veut rien dire, Caroline ?
06:21 - Parce qu'il n'y a pas de peuple européen,
06:23 et parce que le projet européen tel qu'il est emmené
06:27 et mis en œuvre est un projet européiste, c'est-à-dire de fédéralisme,
06:32 de fédéralisme européen, et donc de fusion, si vous voulez,
06:37 qui est impossible par essence, et qui est contre-productive
06:41 dans les faits entre tous les États européens.
06:44 Donc en fait le truc c'est, on va tous se dissoudre,
06:47 on accepte de disparaître, mais ensemble on sera plus puissant.
06:50 Ce n'est pas vrai, et on le voit très bien dans toutes les questions,
06:53 j'allais dire, de guerre, de paix, de défense, des choses graves,
06:57 je ne parle même pas d'économie.
06:59 Il a aussi parlé de l'extraterritorialité, mais c'est merveilleux.
07:02 - Oui, il a parlé de l'extraterritorialité du dollar, oui.
07:04 Car on pense à Alstom et compagnie, hein.
07:07 - Oui, non mais je veux dire, si vous voulez, c'est formidable,
07:10 parce qu'au plan des discours, oui, on a l'impression d'une lucidité,
07:16 d'une confiance de la gravité des enjeux,
07:19 et d'une volonté de faire autre chose,
07:23 mais dans les faits, il ne se passe rien.
07:27 Dans les faits, la France est en train de doubler sa production échantillonnaire,
07:32 vous me direz, de munitions pour aider l'Ukraine,
07:35 la France songe à livrer des avions, des chars,
07:38 enfin tout ce qui lui reste, ou à peu près, pour aider le pays,
07:42 alors que l'on sait effectivement que, bon, c'est un peu plié,
07:46 il y aura peut-être une, si vous voulez, sur le fond, et dans le temps, c'est plié.
07:50 Donc il serait très important si vraiment notre président a fait cette prise de conscience.
07:57 Après tout, on peut lui donner le bénéfice du doute.
08:00 Mais la première chose à faire, c'est de cesser le soutien militaire,
08:04 c'est de commencer à s'usurer, et à prendre l'initiative de proposer autre chose,
08:11 et de parler de paix. Personne ne parle de paix.
08:14 C'est toute la sécurité européenne qui est à refaire,
08:18 mais c'est très urgent.
08:20 - Oui, on ne peut plus attendre, il est minuit, Dr Schweitzer.
08:24 Mais dites-moi, Caroline Galactéros, juste alors,
08:28 en plus, en plus, Taiwan,
08:31 je ne sais pas, est-ce que l'Europe a vraiment un rôle à jouer ?
08:35 Taiwan, ça se passe entre l'Amérique, la Chine,
08:39 la Russie, qu'on a poussée dans les bras de la Chine,
08:41 comme on sait déjà, et vous l'avez dit, et d'autres l'ont dit,
08:44 mais, ce qu'on ne voit pas très bien,
08:47 il dit "ah oui, Taiwan, il ne faut pas qu'on suive les blocs".
08:50 Mais quels blocs ? Et qui on est ? Et qui on représente, surtout ?
08:54 - On ne représente rien, on est en train de devenir des proxys autaniens,
08:58 qu'on va aligner de manière autoritaire,
09:03 face à la Chine, parce que maintenant,
09:05 les Américains qui ont bien compris que c'était un peu raté,
09:09 une fois encore, en Europe, avec la Russie,
09:12 vont voir les lignes futures qu'ils sont en train de construire.
09:17 Comme ils ont construit la Russie comme une ligne,
09:19 si vous regardez les provocations politiques
09:22 qui ont été faites vis-à-vis de Taiwan,
09:24 que ce soit la visite de Nancy Pelosi,
09:26 que ce soit la visite récente, après un échec électoral
09:29 et la reprise des provinces,
09:32 en fait, d'une majorité des provinces de Taiwan,
09:34 par le Kuomintang, qui est plutôt pro-chinois,
09:37 sur le coup, on a la présidente de Taiwan
09:41 qui vient voir le président de la Chambre américaine,
09:44 ça n'arrête pas.
09:46 Et après, on dit "ah mais la Chine est hostile,
09:48 la Chine fait des manoeuvres, la Chine est provocatrice",
09:51 mais nous, nous sommes à la manoeuvre des provocations.
09:53 Pourquoi ? Parce que la vision américaine du monde
09:55 est une vision, en tout cas celle des démocrates néoconservateurs
09:58 qui tiennent le pouvoir très sérieusement,
10:01 et même d'ailleurs dans certains rangs républicains,
10:04 parce que le néoconservatisme,
10:06 qui est d'origine démocrate,
10:08 mais il est aujourd'hui extrêmement répandu,
10:10 tous ces gens-là ont besoin,
10:13 pour continuer à dominer, à vivre,
10:16 de fomenter, de s'ouvrir, d'appuyer
10:22 sur ce qui est le moteur à la fois de l'hégémonie,
10:25 de la justification morale et de l'économie américaine,
10:29 qui est la guerre. Il faut de la guerre.
10:31 S'il n'y a pas de guerre, on n'a plus besoin de l'Amérique.
10:34 Voilà.
10:35 - Oui, enfin c'est triste parce qu'il y a vraiment
10:37 de très beaux côtés américains, et on le sait.
10:39 Il y a une Amérique qu'on aime.
10:41 Il y a une Amérique qu'on aime.
10:43 Et il y a cette Amérique-là.
10:45 - Mais je pense que ce que je viens de vous décrire
10:47 n'est pas forcément, et pas du tout même,
10:50 la manière dont une grande partie des Américains
10:53 voient le monde.
10:55 Simplement, on ne leur propose que ça.
10:57 On leur explique sans arrêt qu'ils sont en danger,
11:00 et qu'ils sont les plus extraordinaires,
11:02 les meilleurs du monde.
11:03 Comment vous voulez vous situer par rapport
11:05 au reste de la planète et des nouveaux équilibres de force ?
11:09 C'est une guerre perdue, mais qui dure longtemps.
11:13 - Mais qui dure très longtemps, surtout que ça entretient
11:15 un certain nombre de complexes, comme disait Eisenhower,
11:18 de complexes militaro-industriels.
11:20 - C'était pour.
11:22 - Sans parler des complexes militaro-intellectuels
11:24 dont Pierre connaissa.
11:26 - Absolument.
11:27 - Juste une dernière question, Caroline Galactéros.
11:30 Je rappelle que vous disiez "géopragma", c'est bien.
11:33 Parce que vous êtes géopolitologue et vous êtes pragmatique.
11:36 Ce qui font deux qualités qui s'ajoutent.
11:38 Juste une chose, par rapport à ce qui se passe
11:41 en revenant sur l'Europe.
11:43 Alors aujourd'hui, on voit très bien, effectivement,
11:45 l'Europe OTAN.
11:47 D'ailleurs, vous avez vu que Zelensky a dit que si l'Ukraine
11:50 ne rentre pas dans l'OTAN, tout est foutu.
11:53 Enfin, on sent des discours de plus en plus...
11:56 - Apocalyptiques.
11:59 - Voilà, apocalyptiques.
12:01 Au fond, ce que vous dites, et ce qu'on voit par rapport à ça...
12:05 Macron parle de l'Europe, mais cette Europe-là
12:08 est à construire. Cette Europe de la défense,
12:10 cette Europe politique commune, elle est à construire.
12:13 - Elle n'existe pas.
12:15 - Non, elle n'existe pas, puisque ne serait-ce que dans les traités européens,
12:18 la défense de l'Europe est de facto conçue
12:21 comme le pilier européen de l'Alliance Atlantique.
12:24 Donc, il faudrait déjà arrêter de raconter n'importe quoi.
12:27 Nous remettons nos pays européens
12:32 à l'Alliance Atlantique, dans laquelle, bien sûr,
12:35 un certain nombre d'entre nous sont membres.
12:39 Nous remettons la responsabilité de notre défense.
12:43 Donc, créer une autonomie stratégique européenne,
12:47 ça me semble très compliqué. Ce que nous pourrions créer,
12:50 c'est non pas les États-Unis d'Europe, tout l'inverse.
12:53 Une Europe des nations, avec des nations qui s'assument
12:56 et qui coopèrent sur un certain nombre de sujets,
12:59 qui sont des sujets de puissance, d'influence et d'autonomie.
13:03 Mais quand on voit, par exemple, en matière d'intelligence artificielle,
13:06 en matière numérique, comme on est en retard,
13:09 comme on a renoncé pourquoi être autonome dans ces domaines
13:12 au plan européen ? Parce qu'on a considéré que l'Amérique s'en chargeait
13:16 et que c'était très bien puisque l'Amérique et nous,
13:18 c'est soi-disant la même chose.
13:19 On voit bien que les intérêts américains ne sont pas les intérêts européens.
13:23 - Non mais c'est très intéressant parce que l'Amérique se chargeait
13:26 de l'IA et de la technologie, et la Chine se chargeait
13:31 du paracétamol et du Doliprane.
13:33 - C'est ça. - Voilà, on a délégué.
13:36 Merci Caroline Galactéros, merci.
13:39 Et puis écoutez, que ça ne vous empêche surtout pas de faire la fête
13:42 et bon anniversaire encore. - Non !
13:44 C'est très gentil. Merci, bonne journée. Au revoir.

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