• l’année dernière
Un accident domestique peut arriver à tout moment : laisser le gaz allumé ou encore oublier son appareil électronique branché. C’est le cas de Nabil, qui s’est retrouvé piégé par un incendie dans son propre appartement. Risquant sa vie face aux flammes, il se brûle gravement et frôle la mort. Ce traumatisme se transforme en force et le pousse à se consacrer entièrement à la cuisine.

Aujourd’hui, Nabil fait partie des meilleurs chefs cuisiniers de France, son talent est reconnu. Les réseaux sociaux le propulsent vers la célébrité, il participe à des émissions et devient juré dans Top Chef. Bientôt, il sortira son livre pour partager son histoire.

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Amusant
Transcription
00:00 Et un jour, un incendie se déclare dans la cuisine de mon petit appartement.
00:03 J'ai décidé de tout éteindre tout seul et la brûlure.
00:05 Des flammes sur le corps.
00:06 Et ça me tombe, toute la friteuse me tombe sur la jambe et le pied. Bouillante.
00:09 J'avais marché sur des bouts de verre.
00:10 J'ai continué, non pas sans décris, que les douleurs restaient intenses.
00:13 Je ne sais pas, j'ai refusé de m'évanouir.
00:14 J'étais l'aîné d'une fratrie de sept enfants.
00:17 J'ai trois frères, trois sœurs.
00:18 Et c'est moi qui aidais ma mère aux tâches culinaires.
00:21 Et forcément, après, je me suis prêté au jeu.
00:23 Et de fil en aiguille, c'est resté. J'ai pas intégré une école de cuisine parce qu'à l'époque, la cuisine, c'était pas ce qui était le plus vendeur.
00:30 Ça faisait pas rêver.
00:31 C'est pas comme maintenant où il y a toutes les émissions Instagram ou tous les réseaux qui mettent la nourriture en avant.
00:37 Avant, c'était vraiment la cuisine.
00:39 C'est vraiment pour ceux qui ne savent pas trop quoi faire.
00:41 CAP, tout ça.
00:42 Donc, c'est pas ce qui ramène du steak à la maison.
00:43 C'est pas ce qui permet de se rémunérer.
00:45 Donc, je me suis servi de mon bac et mes études en général, de mon BTS, pour entreprendre une carrière dans le secteur commercial.
00:51 Mais je n'étais pas épanoui dans cette voie.
00:53 Au bout de quelques années, pas longtemps, je continue à cuisiner à la maison.
00:56 Donc, toujours ma passion.
00:57 Et un jour, il se passe ce qui se passe, c'est-à-dire qu'il fait chaud à la maison.
01:01 C'est une période caniculaire.
01:02 Je fais un départ de friture en cuisine.
01:04 Donc, je cuisine friture.
01:06 L'huile était pourtant propre, mais il y avait ne serait-ce qu'un petit résidu d'une ancienne huile, d'une ancienne friture que j'avais faite.
01:11 Et je pense que ce sont ces parties-là qui sont embrasées à force de laisser la...
01:15 C'est les anciennes friteuses.
01:17 On parle de ça.
01:17 C'est pas les friteuses thermostat à 180°C qui s'arrêtent, qui détectent en cas où, en sécurité.
01:23 Là, c'est les anciennes en fonte.
01:24 Si on n'éteint pas, la chaleur, elle continue à se diffuser.
01:27 Je reçois un coup de téléphone.
01:28 Très distrait, c'est le travail.
01:29 Et malheureusement, je commence à m'éloigner puisque la conversation me prend et j'oublie la friteuse.
01:33 Et elle embrase la cuisine.
01:34 Donc, un incendie se déclare dans la cuisine de mon petit appartement.
01:38 Moi, il fait chaud, canicule.
01:40 J'avais passé mon coup de téléphone.
01:41 Le coup de téléphone se termine.
01:42 Donc, j'ai envie de prendre une petite douche pour me rafraîchir.
01:45 Et là, l'appartement continue à prendre feu pendant que je prends ma petite douche.
01:49 Et de la douche, je commence à sentir la fumée.
01:51 Je suis dit « mince, la friteuse ».
01:53 Je cours à la cuisine.
01:54 J'ouvre à peine la salle de bain que je vois la fumée dans tout l'appartement.
01:57 La cuisine complètement en feu.
01:59 Le salon qui a commencé à prendre.
02:01 Je regarde le spectacle.
02:03 Terrifié, mais je mets mes habits quand même.
02:05 Et là, je me rends compte qu'avant de partir, j'appelle mon chat.
02:08 Parce que j'ai un chat.
02:09 Mon chat, il ne me répond pas.
02:10 Je l'appelle et elle est coincée dans la cuisine en train de violer avec les flammes.
02:13 Là, je n'ai même pas le temps de m'habiller pour te dire.
02:16 J'avais juste enfilé un short.
02:18 Je rentre dans la cuisine pour aller l'extirper.
02:21 Et en rentrant dans la cuisine, elle a réussi à partir dès qu'elle m'a vu rentrer.
02:25 Mais moi, j'ai respiré un peu de fumée noire.
02:26 Et celle-là, elle est costaude.
02:28 La fumée noire, c'est celle qui tapisse les poumons.
02:31 C'est-à-dire que quand tu la grippes, elle est vraiment dense.
02:32 Tu as les particules de bois ou d'acier qui ont pris feu.
02:35 Donc, quand tu la respires, celle-là, elle te met KO.
02:37 Et là, je commence à m'écrouler.
02:38 Et quand j'allais m'évanouir, parce qu'en général, on s'évanouit,
02:40 on meurt souvent de la fumée noire.
02:42 Ce n'est pas l'incendie qui nous tue, c'est la fumée noire.
02:43 C'est ce qu'on m'a dit à l'hôpital, que 70%, 80% des morts d'incendie
02:47 le sont par la fumée noire et après par les brûlures.
02:49 Moi, dans mon cas, en tout cas, je me rappelle d'un évanouissement.
02:52 J'ai commencé à me détendre parce que forcément,
02:53 quand tu as quelque chose qui t'empêche à te respirer,
02:55 tu penses à te détendre.
02:56 Et c'est là que je me suis dit, oui, mais si je me détends, je vais mourir.
02:59 Ce n'est pas, je sentais arriver, je savais que j'allais mourir.
03:01 C'est-à-dire, je ne me disais pas, il se peut que je meure.
03:03 Je me dis, ça y est, c'est mon moment.
03:05 En plus, il y avait les appartements, il y avait une boîte de gaz.
03:08 Ça peut exploser à tout moment, on se dit ça.
03:10 Là, tu sens que ton cœur, il s'habille.
03:11 Il n'arrive plus à respirer la fumée noire.
03:13 Tu sens la chaleur des flammes, ça arrive derrière toi.
03:15 Bon, voilà.
03:16 Et moi, la première chose que je me suis dit, c'est
03:18 papa, maman, ils vont être tristes si je suis mort.
03:21 Je pense que les parents, ils ne vont pas s'en remettre.
03:23 Donc, pour eux, j'ai fait en sorte de ne pas être mort.
03:25 Donc, on se relève, j'ouvre la fenêtre, directement, premier réflexe.
03:29 En ouvrant la fenêtre, il y a un appel d'air, donc on brase encore.
03:31 Toute la fumée, fumée noire, les flammes sont là.
03:34 Et là, je me rends compte qu'il y a un tas de gens, là, en bas de l'immeuble,
03:36 qui étaient déjà là à la sortie.
03:38 Ils avaient tous vu la fumée depuis un moment.
03:40 Et je dis, appelez les pompiers, appelez les pompiers.
03:42 Et tout le monde disait, ça y est, c'est fait, descend, descend, descend, descend.
03:44 J'étais au troisième.
03:45 Mais il faut traverser la cuisine, maintenant.
03:47 J'avais déjà une cuisine un peu équipée, donc ce n'était pas la petite cuisine.
03:49 Il fallait la traverser, mais dans les flammes, elle était entièrement embrasée.
03:52 Là, ce que je ne fais pas d'autre choix, je prends des casseroles
03:54 et je décide d'éteindre toute la cuisine tout seul, parce que je me dis,
03:56 il y a les voisins à côté, il y a la chambre, ça se trouve, il y a un enfant.
03:58 Je dis, c'est de ma faute, donc j'ai décidé, le temps que les pompiers arrivent,
04:01 d'éteindre tout seul et la brûlure, parce que j'avais un premier réflexe,
04:04 mais idiot, c'est de balancer une casserole d'eau dans la friteuse.
04:07 Mais premier réflexe, alors que normalement, c'est un linge humide.
04:10 Non, mais vraiment, dans la panique, tout ça, je le sais.
04:11 Et dans la panique, je n'ai pas pensé à ça.
04:12 Et puis, j'étais plus jeune.
04:13 Je n'avais peut-être pas l'expérience de maintenant.
04:16 Avec la bouse de partout, je m'en fous partout, des flammes sur le corps, compliqué.
04:19 Je rigole maintenant, parce que je me dis,
04:21 j'ai fait tout ce qu'il ne fallait pas faire, en fait.
04:22 J'ai même attrapé la friteuse, parce que la friteuse était le départ de toute l'incendie.
04:26 Elle était remplie de flammes et je l'attrapais dans un réflexe.
04:29 Et alors, elle était tellement brûlante que ma main a collé à la friteuse.
04:32 Et au lieu d'extirper le truc, j'ai surtout, avec la friteuse, collé au truc.
04:35 Là, mes mains vont bien.
04:37 On les a, on les a toutes maintenant, ça va.
04:39 Mais troisième souci, c'est qu'au moment où je l'attrape,
04:42 elle est tellement bouillante que je fais "ah ah" et ça me tombe.
04:44 Toute la friteuse me tombe sur la jambe et le pied. Bouillante.
04:46 Mais une vidéo gag, mais version...
04:49 Il y a des films comme ça qui font ça, mais je me dis, c'est pas possible.
04:52 Et là, je poussais des hurlements, mais incroyable, un traumatisme.
04:55 Mais j'ai éteint le feu.
04:56 C'est-à-dire que dans l'adrénaline, j'ai continué, non pas sans des cris,
05:00 parce que les flammes, ça procure quand même certains cris de douleur,
05:03 mais j'ai continué à éteindre les flammes.
05:05 J'ai gardé ma respiration pour ne pas refumer la fumée noire.
05:10 Mais j'ai gardé ma respiration pendant près de...
05:14 Je sais pas, je pourrais pas compter, mais facilement une minute.
05:17 Et pendant une minute, avec des casseroles d'eau, c'était impressionnant.
05:21 Et une fois que toutes les douleurs étaient passées,
05:22 parce que je tenais par le coup de l'adrénaline, ces douleurs-là,
05:25 là, je me suis allongé et je me suis dit, cette fois, ça y est, je peux me laisser partir.
05:28 Parce que les douleurs, elles étaient intenses.
05:29 J'avais marché sur des bouts de verre, j'étais pieds nus,
05:31 il faut pas oublier, je sortais de la douche.
05:32 Les brûlures, c'est une forme particulière de douleur.
05:35 Tu la sens dans tout le corps et tu cohabites avec.
05:37 Sur le coup, elle te fait hurler et une fois que tu l'as, c'est une sorte de cohabitation.
05:40 Il y a toi et...
05:41 Voilà, j'ai été dissocié, mon esprit, de la brûlure.
05:43 C'est compliqué, tant qu'on l'a pas vécu, mais quand je me suis allongé,
05:46 le visage avait pris, il y avait des brûlures au deuxième, troisième.
05:49 Quand les pompiers sont intervenus,
05:51 je les ai entendus, j'entends juste les bruits de pas et j'ai refusé de m'évanouir.
05:54 À un moment, quand l'adrénaline n'est plus là et qu'on se repose,
05:57 on peut partir à tout moment.
05:58 Je me suis dit, imagine, je m'évanouis, je me réveille pas.
05:59 Donc, je suis resté comme ça et j'ai attendu les pompiers, je me suis refusé de dormir.
06:03 Ce qui est marrant, c'est que les pompiers regardent tout de suite l'ampleur des dégâts,
06:07 ils voient le salon tout marron, tout noir, tout brûlé.
06:09 Ils regardent la cuisine, purement la cuisine, un cadavre.
06:11 Ils se disent, mais vous avez éteint tout ça tout seul ?
06:13 J'ai dit, ouais, j'avais peur, il y avait un enfant à côté.
06:16 C'était la première chose que j'ai dit.
06:17 J'ai dit, vous pouvez me dire si mon chat, il est là ?
06:18 J'ai attendu pendant cinq minutes, ils trouvaient pas le chat.
06:20 Moi, j'étais en train d'attendre, j'ai dit, mon chat, il est mort et tout ça.
06:23 Donc, compliqué.
06:24 Mais ils l'ont retrouvé, donc j'étais content.
06:26 Ils m'ont dit, mais monsieur, vous avez fait ça sans tenue, sans rien.
06:30 Vous auriez dû appeler et tout ça.
06:31 Je dis, ouais, je sais pas ce que j'ai fait.
06:32 Encore une fois, j'ai dit, mon chat a été bloqué.
06:33 Enfin, je répétais tout le temps la même chose.
06:34 Puis là, je leur sors un truc assez bizarre.
06:36 Je leur dis, là, j'ai envie de pastèque.
06:37 Ils m'ont vu déliré, complètement déliré.
06:39 Ils me disent, quoi ?
06:39 Je dis, il me faut de la pastèque et un Big Mac.
06:41 Je mange pas de Big Mac.
06:42 À la limite, au McDonald's, je vais prendre un Fish, j'aime bien ça.
06:45 Et j'ai demandé un Big Mac et une pastèque, une bonne pastèque, bien sucrée.
06:48 Et là, ils se sont dit, oui, divague, calmant.
06:51 Et là, piquice de partout pour me calmer et tout ça.
06:53 Je dis, oh, oh, oh.
06:54 Après, je dis, si, c'est pas mal, c'est pas mal.
06:56 J'ai plus de douleur, c'est pas mal.
06:57 Ils m'ont admis aux urgences, les grands brûlés à Paris.
07:00 J'ai l'impression que c'est la douleur qui me maintient en éveil.
07:02 Surtout qu'il faut savoir qu'ils m'ont sorti,
07:04 ils m'ont transporté en civière de l'immeuble.
07:07 Ils faisaient canicule, ça veut dire que je me suis mangé un rayon de soleil sur mes brûlures.
07:10 Et là, ça a été...
07:11 Je les ai insultés.
07:14 On retourne dans le camion, je dis, messieurs, excusez-moi.
07:16 Vous êtes là, vous êtes intervenus.
07:18 Merci vraiment d'être venus et tout ça.
07:19 Et je dis désolé pour le gros mot tout à l'heure, mais quand j'ai pris le soleil,
07:22 j'ai eu un réflexe, couvrez-moi, bande de...
07:25 C'est vrai que j'ai passé mon temps à m'excuser.
07:26 Ils m'ont dit, c'est pas grave.
07:27 Et les remercier surtout, parce que les gars, ils sont super bien occupés de moi.
07:30 C'est des pompiers.
07:31 Petit soin, civière, ils étaient là, ils rassuraient.
07:33 Ils me donnaient, vous avez un numéro, monsieur, on peut débloquer votre numéro de téléphone.
07:36 Donnez-moi vos codes, est-ce que vous vous rappelez du code ?
07:38 On va appeler.
07:38 Et en pensant à mes parents tout le long, en pensant au fait que j'ai réussi à survivre pour eux,
07:42 pour mes parents, j'ai été obligé d'avoir une pensée pour ces pompiers
07:45 qui sont les partisans de cette survie.
07:47 Pour les pompiers, puis pour tous les gens qui ont suivi après.
07:49 De dire que voilà, au moins, je ne vais pas causer de tristesse aux gens que j'aime.
07:52 Ce qui s'est passé, je me demande si finalement, ce n'est pas une bonne chose qu'il me soit arrivé tout ça.
07:55 Parce que je suis admis à l'hôpital pour deux mois, trois mois.
07:58 C'est énorme, c'est énorme.
07:59 Dans un lit tout seul, brûlé de la tête aux pieds.
08:01 Le visage, la peau qui se...
08:03 C'était impressionnant.
08:04 On m'annonce que je vais devoir subir des grèves de peau,
08:08 parce que brûlée au troisième degré.
08:09 Et j'ai à peine 15 jours d'hospitalisation,
08:12 que le médecin vient me voir et qu'il me dit "bonne nouvelle, regardez".
08:15 Il me montre des schémas de ma peau zoomée.
08:17 Il me dit "vous avez une reconstitution épidermique ou je ne sais plus c'était quoi les termes".
08:21 Et il me disait "on ne va pas avoir besoin de greffés finalement,
08:23 si ce n'est à une toute petite partie de votre tibia".
08:27 Parce que voilà, celle-là, sinon elle va rester blanche et elle ne va plus se reconstituer.
08:30 Il m'a dit "mais tout le reste, tout va se résorber tout seul".
08:32 Sûrement grâce à l'hygiène de vie, l'alimentation.
08:34 J'aime beaucoup le sport, je pratique énormément mon sport.
08:36 Et je fais très attention à ce que je mange.
08:38 Ma mère est cultive, donc on a l'amour du produit depuis tout petit.
08:41 Moi c'est vrai que le matin je me lève, je prends des herbes crues.
08:43 Je vais manger un peu de menthe, un peu de persil.
08:45 Je vais dans le jardin, je fais des inhalations avec les herbes de ma mère.
08:48 Donc voilà, je cueille tout, du thym, du laurier, de la menthe.
08:52 Et à chaque fois, tous les matins, je mets ça de l'eau bouillante.
08:54 Et je fais ça depuis des années.
08:55 On dit souvent "regardez derrière les saloperies qu'on mange,
08:58 attention à ce qu'on commande, mangez maison, mangez local, mangez bio".
09:02 Enfin, tout ça, ce n'est pas que des foutaises.
09:04 Il faut faire attention au fast-food, il faut faire attention aux fritures et tout ça.
09:07 Quand on investit pour la retraite, quand on épargne pour sa retraite,
09:10 on pense souvent à l'argent, mais épargner pour sa retraite,
09:12 c'est aussi épargner pour sa santé.
09:13 Moi, si on me donne 50 000 euros par mois de retraite,
09:17 mais que je n'ai pas la santé, 50 000 euros, ils ne me servent à rien.
09:19 Mon capital retraite, c'est aussi ma santé.
09:21 Donc ça commence par bien manger.
09:22 Ça fait partie aussi de mon ADN culinaire.
09:24 En cuisine, même au restaurant, c'est vrai que je peux servir du légume,
09:28 de l'entrée au dessert.
09:29 Je pense que ça m'a aidé dans ma cicatrisation.
09:32 L'alimentation, elle est pour beaucoup.
09:33 Ma passion m'a sauvé, ouais.
09:35 Et quand on est dans le lit d'hôpital, on ne contrôle pas ce à quoi on va penser.
09:39 On est là, on se fait des soins tous les jours.
09:41 Tu as les infirmières qui viennent, qui enlèvent les pansements
09:43 qu'on collait avec les brûlures, donc il faut les changer tous les deux jours
09:46 et qui te frottent ça pour que ça n'infecte pas.
09:48 Alors bien évidemment, ils mettent des masques, des trucs là, je ne sais pas.
09:52 Une morphine.
09:53 Ils mettent bien, ils mettent bien pour ne pas qu'on souffre.
09:55 Mais voilà, on se demande si on va pouvoir refaire du sport.
10:00 Parce que je ne peux pas marcher, mes pieds ont été brûlés.
10:02 On se demande si on va pouvoir remarcher.
10:04 On pense à tout un tas de choses.
10:05 Et bizarrement, la première chose à laquelle je pense,
10:07 c'est quitter ce travail et me lancer dans la cuisine.
10:09 Alors que j'ai été victime d'un incendie culinaire.
10:12 Je me dis, la vie, elle est courte.
10:13 La vie, elle est courte.
10:14 Pourquoi je me prends la tête ?
10:16 Je me dis, si ça ne marche pas, j'ai failli mourir.
10:17 Si ça ne marche pas, tant pis, je me lance.
10:19 On est tous amenés, je pense, dans la vie à côtoyer,
10:22 peut-être pas d'une manière aussi directe que moi, la mort,
10:25 mais côtoyer un moment de notre vie qui peut être bouleversant.
10:27 On peut passer à côté d'un accident de voiture
10:29 où on a frôlé une voiture de près, on a le cœur qui bat.
10:31 On peut côtoyer les flammes comme moi, on peut côtoyer la perte d'un proche.
10:34 Il peut se passer tout un tas de choses qui peuvent nous booster.
10:36 Ce pic d'adrénaline qui m'a pris, parce que c'était quand même,
10:40 je le répète, un accident lié à la cuisine,
10:43 ça a failli se transformer en traumatisme.
10:45 Il y avait deux solutions qui se sont offertes à moi.
10:47 C'est-à-dire que les solutions étaient là dans la mesure où
10:49 la première fois que j'ai refait une cuisson, c'est même pas une friture.
10:53 J'étais sorti d'hôpital, c'était avec ma mère,
10:55 qui cuisinait pour moi du coup, parce que je ne pouvais plus cuisiner.
10:57 Et dès que j'ai entendu le bruit du crépitement, j'ai reculé de peur.
11:03 Ma mère a vu ça, elle m'a vu reculer.
11:05 Elle était un peu intimidée de ce qui venait de se passer.
11:08 J'ai vu la gênance, elle a baissé la tête.
11:09 Elle m'a dit "Nabil, il ne faut pas que tu aies peur,
11:11 il ne faut pas que tu sois traumatisé par ça,
11:12 ça y est, il faut que tu passes tout de suite à autre chose, sinon tu vas..."
11:14 Voilà, il faut savoir que ma mère, elle avait été aide-soignante toute sa vie.
11:18 Donc, je ne dis pas qu'elle avait côtoyé les brûlés,
11:21 mais je pense qu'elle doit connaître un peu tout ce qui est notion de blessure,
11:25 traumatisme et tout ça.
11:26 Mais c'est vrai que quand elle me l'a dit, que je l'ai vu baisser comme ça,
11:28 la première chose que j'ai fait, c'est que je me suis mis à cuisiner avec elle.
11:30 J'ai surmonté ça tout de suite, à l'instant T,
11:32 c'est-à-dire que je n'ai pas attendu deux, trois jours.
11:34 Il y avait un bain de friteuse avec les frites,
11:35 et je l'ai plongé comme ça, voilà, je l'ai fait.
11:37 Dans ma tête, je me suis dit "Ouais, j'ai réussi à plonger les frites",
11:39 alors que normalement, je faisais ça...
11:41 C'est vrai que la maman, elle a été aussi pour beaucoup avec cette simple phrase.
11:45 Ça, c'est incroyable, parce qu'on cuisinait à ce moment-là.
11:48 Et direct, j'ai remis le pied à l'étrier.
11:50 Là, ça a été un vrai rôle de maman, pour le coup.
11:52 Donc, quand on est dans cette situation-là, on va chercher le positif.
11:55 Pour se sortir de ce monde-là, on essaie de positiviser et de penser
11:59 à tout ce qui nous anime de sourire.
12:01 Une fois qu'on s'est mis ça dans la tête, on a envie d'un truc qui...
12:04 qui n'est pas juste aller chercher du positif,
12:05 mais quelque chose qui ait un sens à la vie.
12:07 C'est quoi, mon sens à la vie, à part la famille ?
12:09 C'est la cuisine.
12:10 La cuisine, parce que je me rappelle avoir procuré beaucoup d'émotions
12:13 et de plaisir avec des bons plats.
12:14 Et j'ai envie de poursuivre dans cette voie-là.
12:15 Et pendant les deux mois d'hospitalisation,
12:17 j'ai fait que d'inventer des recettes.
12:19 Donc là, je commence à passer des concours de cuisine.
12:21 Je tente comme ça pour devenir chef privé.
12:24 Je fais des concours culinaires par-ci, par-là.
12:26 Je passe des examens et je commence tout doucement
12:30 par cuisiner de manière privative en tant que chef à domicile.
12:33 J'ai fait ce que je savais faire et surtout des recettes
12:34 que j'avais imaginées en plus à l'hôpital.
12:36 Donc, c'est super.
12:36 Allez, je prends ce travail en parallèle de mon travail.
12:40 C'est-à-dire que je le fais en à côté.
12:41 Je crée ma société à côté en tant que chef à domicile, chef privé.
12:44 Mais j'ai peur de tout quitter d'un coup.
12:47 Donc, précaution, je reste avec mon travail.
12:49 Mais je vois que je m'investis de plus en plus dans l'un
12:51 et de moins en moins dans l'autre.
12:51 Donc, je pense que la meilleure des choses,
12:53 c'est de partir en très bon terme.
12:54 Il n'y a pas mieux que de partir en bon terme, laisser sa place propre.
12:56 Et là, je me suis consacré pleinement à la cuisine.
12:58 Donc, au début, chef à domicile, c'est compliqué.
13:01 On va dans des cuisines qui ne sont pas les nôtres.
13:02 On va cuisiner, on n'a pas forcément les plaques qu'il faut,
13:06 le four qu'il faut.
13:07 On est sur une vaisselle qui est type de la personne.
13:10 Bon, c'est tout.
13:10 Et à chaque fois, on s'adapte à la cuisine.
13:12 Mais je le fais.
13:13 J'avais envie de passer par là.
13:14 C'est un entraînement accéléré.
13:15 Il se passe des choses incroyables.
13:16 C'est qu'à force d'être passionné par ça et de m'investir dans ça,
13:19 je cuisine pour une personnalité.
13:21 Puis une deuxième.
13:22 Puis le bouche à oreille commence à circuler.
13:24 Je me retrouve à cuisiner pour un patron de chaîne de télé,
13:26 pour la propriétaire d'un grand groupe de vêtements en France très connu.
13:29 Je pars avec elle et sa famille pendant 15 jours.
13:32 Pendant 15 jours, je suis son chef privé.
13:33 Ça, c'est des expériences qui, de fil en aiguille, me forgent
13:36 parce que je suis toujours plus haut.
13:37 Alors, ma cuisine est la même, que ce soit pour une personnalité ou pas.
13:40 Ça ne change pas la cuisine, mais la pression, les enjeux sont différents.
13:43 Et on sait que les retombées sont différentes.
13:45 Donc, je gagne en expérience, en exigence, en pression.
13:48 J'apprends à gérer la pression.
13:50 J'apprends à continuer à améliorer mes plats.
13:51 Et je suis encore assez jeune à ce moment-là,
13:53 quand je suis dans les chefs à domicile.
13:55 Mais je commence à être repéré par des plus grands restaurants, des chefs.
13:59 Je fais des expériences dans certains restaurants.
14:01 Je décide de mettre ça de côté.
14:03 Voilà, je prends des risques.
14:04 J'abandonne ça de côté.
14:05 Je pars quelques jours à l'étranger.
14:06 Je pars avec tel chef.
14:07 Je vais dans un resto puis un autre.
14:08 Et j'apprends. Je me mets en mode éponge.
14:10 C'est-à-dire que tout ce qui m'est montré, je le prends et je l'extrapole.
14:13 Je le refais à la maison et je rajoute un truc.
14:15 J'essaye, je ne dis pas que c'est bon, mais j'essaye.
14:18 - J'espère quand même que c'est bon quand même.
14:20 - Ouais, je pense que c'est...
14:22 - Ce n'est pas très vendeur si tu dis ça.
14:23 - Non, c'est vrai.
14:25 J'essaye d'extrapoler et je trouve que c'est bon.
14:28 Je trouve que ce n'est pas mal.
14:29 C'est plutôt pas mal.
14:31 Et voilà, j'essaye de toujours aller plus loin.
14:34 Je fais quelque chose qui est très inventif.
14:36 Je pense, en tout cas moi, dans les vidéos que je vais faire
14:38 ou dans les plats que je vais proposer aux clients,
14:40 que je propose aux clients ou que je propose au restaurant
14:43 actuellement dans lequel je suis chef,
14:45 c'est très inventif.
14:47 Je vais chercher loin.
14:48 Je refuse de prendre quelque chose qui existe déjà.
14:50 Donc je crée, je crée, je crée.
14:51 On me demandait il n'y a pas longtemps de revisiter des pâtes au ketchup.
14:55 Parce qu'on avait la flemme, on voulait en faire une version gastronomique.
14:57 Je suis parti très, très loin pour ça.
14:59 Pâtes au ketchup avec nuggets congelés.
15:01 On se disait, s'il te plaît, est-ce que tu peux en faire une version gastronomique ?
15:03 J'ai fait avec des pâtes, j'ai réalisé un seau de pop-corn en forme de pâte.
15:06 Donc on avait vraiment le seau de pop-corn, sauf que c'était des pâtes.
15:08 Et j'ai réalisé avec les nuggets congés,
15:11 j'ai fait plutôt des nuggets maisons, mais en forme de pop-corn,
15:13 des pop-corn de poulet avec un ketchup maison
15:16 qui du coup ne ressemblait plus à un ketchup, mais à une sauce tomate
15:18 qui était très parfumée, moins acide, moins sucré.
15:20 Et ça a fait un...
15:21 Voilà, donc c'est cette inventivité à mon avis que les gens recherchent.
15:24 Je ne dis pas que c'est spectaculaire de faire ça,
15:26 mais je me creuse la tête.
15:27 Je me creuse la tête et j'y consacre du temps.
15:29 De fil en aiguille, j'ai monté des échelons en cuisine
15:33 que je ne soupçonnais même pas.
15:34 Je rencontre des chefs multi-étoilés,
15:36 je me retrouve à la finale des meilleurs ouvriers de France
15:38 pour les citer, Alain Ducasse, Philippe Etchebest, Paul Perret, Régis Marcon,
15:42 enfin il y avait tous les grands chefs, c'était incroyable.
15:44 Gilles Goujon, je me retrouve en finale avec eux à déguster du mof,
15:48 je me retrouve sollicité par une superbe école de cuisine
15:51 dont aujourd'hui je suis le parrain et partenaire,
15:53 le CFA Médéric, une école hôtelière,
15:54 qui m'a aidé à reprendre cette petite revanche en validant mon diplôme de cuisine
15:58 et avec qui j'aspire à continuer à travailler, le CFA Médéric à Paris.
16:02 Ils m'ont rencontré parce que je traitais l'anti-gaspi,
16:05 où je refusais de jeter les produits de Dame Nature.
16:08 Je joue énormément avec les légumes, les fruits et la saisonnalité.
16:13 Je travaille le plus possible le français,
16:15 j'essaie d'importer le moins possible,
16:16 c'est vrai que moi j'aime bien manger du litchi, j'aime bien manger de la mangue.
16:19 Je travaille le plus possible français,
16:21 que ce soit pour la pêche, les produits et de saison,
16:23 ça c'est… on ne verra pas une aubergine ou une tomate
16:27 rentrer dans ma cuisine en février ou en mars.
16:30 Pas possible, pas possible, c'est inimaginable.
16:33 Aujourd'hui je collabore avec un chef pour l'un de ses restaurants de poissons,
16:36 il est doublement étoilé, je vais créer avec lui bien évidemment,
16:38 avec son aval, son accord, un plat signature
16:41 et un dessert signature qui vont bientôt être à sa carte,
16:43 deux étoiles, on est content.
16:45 Quand on en arrive là, on se dit voilà, très très content.
16:47 Et le pire c'est que je continue à prendre des leçons,
16:50 parce que le jour où j'arrête d'apprendre, c'est que je ne suis plus passionné.
16:52 Là, dernièrement, j'ai rencontré un chef deux étoiles,
16:54 avec qui on s'est pris dans les bras,
16:55 il a goûté ce que je faisais, il m'a dit "tu vas prendre ma place toi un jour".
16:58 Ça m'a fait plaisir.
16:59 On m'a même appelé pour participer à Top Chef,
17:01 non pas en tant que candidat, mais juger une épreuve.
17:04 Quand on pense que les collègues nous disaient,
17:06 il y a plusieurs années en arrière, "mais fais Top Chef",
17:09 on s'y retrouve, quand même, cette vie-là je re-signe.
17:12 Et en plus aujourd'hui, il y a un livre qui va sortir,
17:14 mon livre qui va sortir, donc j'ai écrit un livre de recettes,
17:16 il sort début mai, où je raconte mes premières recettes en tant que chef à domicile,
17:21 mes souvenirs d'enfance que j'ai retravaillé,
17:22 les recettes de la flemme des gens que j'ai boostées.
17:26 Moi, si on m'avait dit quelques années en arrière dans ce lit,
17:28 que de penser à ça, que cet incident me ferait aujourd'hui que je vais sortir un livre,
17:32 que je vais être suivi par des millions de personnes sur les réseaux,
17:35 je n'aurais pas cru, vraiment.
17:36 Moi je voulais vivre de ma passion,
17:38 et en vivant de ma passion, je ne savais pas que ça m'amènerait là.
17:40 C'est-à-dire que ça a été au-delà de mes espérances.
17:41 C'est incroyable.
17:42 Il faut le saisir, dès qu'on a tous ce petit traumatisme,
17:44 cette petite chose qui arrive, ça devient une force.
17:46 Il faut la transformer en force.
17:47 C'est à nous par contre, on ne choisit pas que les choses nous arrivent,
17:49 nous tombent dessus bien sûr,
17:50 mais c'est à nous de choisir si on veut la transformer en force ou que ça nous affaiblisse.
17:53 Et ce n'est pas compliqué en vérité de transformer en force,
17:55 il suffit juste de se le dire.
17:56 Si on se parle à soi-même, en général on s'écoute.
17:58 [Générique]
18:03 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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