SMART BOURSE - Emission du vendredi 14 avril

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Vendredi 14 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Aldo Sicurani (Délégué général, F2iC) et Pascale Seivy (Team Manager, ODDO BHF Banque Privée)

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00:25 Au sommaire de cette édition ce soir, le bilan d'une semaine qui aura été une semaine
00:29 de carton plein pour les marchés actions et particulièrement pour l'indice CAC 40 qui
00:35 continue de se distinguer positivement par rapport aux autres indices majeurs en Europe
00:40 et aux Etats-Unis grâce au poids de ces 4 fantastiques, les 4 grands groupes de luxe
00:45 LVMH, Kering, Hermès, L'Oréal avec des publications déjà passées pour LVMH hier
00:53 soir, hier en l'occurrence et celle de Hermès ce matin qui vient encore entretenir le mouvement.
00:59 Le secteur évidemment porte le CAC 40 à de nouveaux records, au-delà des 7500 points,
01:05 le CAC qui était à 5700 points fin septembre qui se retrouve à 7500 points à peine 6
01:11 mois après grâce à ce secteur du luxe qui pèse jusqu'à 20-25% peut-être de l'indice
01:16 parisien aujourd'hui et qui explique donc en grande partie cette surperformance du CAC
01:21 40 qui fait toujours office de meilleur indice mondial depuis le début de l'année avec
01:26 une performance de près de 16% désormais depuis le 1er janvier.
01:30 Voilà pour la toile de fond des marchés en cette fin de semaine, le vendredi est consacré
01:36 à des enjeux patrimoniaux et des enjeux également autour de la démocratie actionnariale puisque
01:42 c'est le coup d'envoi des AG, certaines assemblées générales annuelles se sont
01:46 déjà déroulées cette semaine, les grandes AG sont encore à venir, nous ferons le point
01:50 sur ce rendez-vous important annuel de démocratie actionnariale, quels sont les enjeux, les
01:56 sujets chauds qui seront mis sur le devant de la scène à l'occasion de ces rendez-vous,
02:01 nous en parlerons avec Aldo Sicurani, délégué général de la fédération des investisseurs
02:05 individuels et des clubs d'investissement qui sera avec nous en plateau et puis la partie
02:09 finance personnelle avec Pascal Selye bien sûr, team manager chez Odo BHF Banque Privée
02:14 qui reviendra pour nous sur le concept de risque de contrepartie après les petites
02:18 secousses bancaires du mois de mars, effectivement un peu de pédagogie sur le risque de contrepartie
02:25 qui est un risque à intégrer quand on est épargnant et qu'on dépose son argent auprès
02:30 d'un établissement bancaire, décryptage donc avec Pascal Selye pendant cette demi-heure.
02:35 Mais d'abord les rendez-vous annuels de la démocratie actionnariale avec la saison des
02:51 assemblées générales, nous en parlons avec Aldo Sicurani, délégué général de la
02:54 F2IC à nos côtés en plateau.
02:56 Bonjour et bienvenue Aldo.
02:57 Ravi de vous retrouver pour parler de ces moments toujours très importants pour les
03:03 actionnaires, le premier point peut-être avant tous les autres et avant de parler des
03:07 sujets chauds qui vont animer certaines de ces assemblées générales, c'est de dire
03:11 que toutes les directions d'entreprise vont se présenter devant les actionnaires avec
03:17 des bilans opérationnels, des bilans comptables, des bilans en matière de profitabilité exceptionnel.
03:24 Ah oui, ça on peut le dire, c'est quand même un point de départ important Aldo.
03:30 C'est excellent puisque pour le seul CAC 40 on est à 180 milliards d'euros de bénéfice
03:39 net donc c'est quand même… je me souviens que quand on avait franchi les 100 milliards
03:44 il y a quelques années on poussait déjà les cocorico.
03:47 Alors c'est vrai que parfois il y a toujours un qui va gâcher la fête parce qu'il va
03:51 passer des provisions ou des nettoyages de bilans qui vont faire qu'il y a des grosses
03:58 pertes qui sont des pertes comptables plus que des pertes en argent, en argent sonnant
04:03 et trébuchant.
04:04 Mais là franchement cette année c'est exceptionnel.
04:08 2022 par rapport à 2021, alors on va voir ce que va donner 2023, ça c'est une autre
04:15 histoire.
04:16 Mais quand on regarde les consensus des analystes on a quand même encore de la croissance,
04:21 peut-être pas aussi belle mais toujours de la croissance.
04:24 De ce point de vue là, est-ce qu'il y a des raisons pour les actionnaires, certains
04:28 actionnaires, certains groupes d'actionnaires de se plaindre de la situation de rentabilité
04:32 des entreprises ou en tout cas de la manière dont elles utilisent ou réemploient le cash
04:37 flow extraordinaire qu'elle peut générer l'an dernier ?
04:40 Il y a autant d'avis que d'actionnaires je pourrais dire.
04:44 Ce qui est sûr c'est que cette année on va avoir une belle année pour les dividendes
04:49 puisqu'on parle de près de 69 milliards d'euros, donc 10 milliards de plus, 11 milliards de
04:56 plus même que l'année dernière.
04:58 Il y a un sujet sur les rachats d'actions, ça c'est clair.
05:02 Et c'est une tendance qui commence à venir en Europe, qui est très très très populaire
05:12 aux Etats-Unis.
05:13 En fait les entreprises américaines versent peu de dividendes mais soutiennent leur cours
05:19 par les rachats d'actions.
05:20 Par exemple si vous prenez Apple, c'est probablement un tiers de la performance boursière de ces
05:27 dix dernières années.
05:28 Et ce sont des sommes colossales.
05:30 On parle sur les entreprises américaines de plus de 1000 milliards de dollars chaque
05:36 année et probablement cette année encore plus que l'année dernière.
05:40 Sur les entreprises européennes ça commence à venir mais ce n'est pas à ce niveau-là.
05:44 La question des dividendes c'est une question qui peut être un sujet chaud lors de ces
05:50 assemblées générales.
05:51 Un actionnaire qui reçoit du dividende généralement il est content.
05:54 En général il est content, il peut estimer que ce n'est pas assez.
05:59 Mais bon si vous prenez le CAC 40, on tourne aux alentours d'un rendement de 3%, alors
06:05 c'est moins que l'inflation, alors que pendant des années ça n'a été plus de l'inflation.
06:08 Alors c'est vrai que la très forte hausse des cours de sociétés comme LVMH, Hermès,
06:17 même Air Liquide, il y a à peu près une dizaine de sociétés qui font mieux que l'indice
06:23 depuis le début de l'année, qui font plus de 20%.
06:25 Donc du coup ça fait baisser le rendement mathématiquement.
06:29 Donc certains peuvent considérer que ce n'est pas assez.
06:34 Non, ce qui est surtout problématique c'est dans la période que nous traversons, c'est
06:41 l'effet d'image que ça a, ceux qui sont contre la bourse, ceux qui sont contre l'investissement
06:48 en bourse stigmatisent souvent les actionnaires et le dividende qu'ils reçoivent.
06:54 Alors qu'en fait le dividende est neutre patrimonialement.
06:58 Quand une entreprise cote 100 euros et qu'elle verse un matin un dividende de 5 euros, elle
07:06 ouvre la séance à 95.
07:07 C'est un peu comme quand vous allez retirer de l'argent au distributeur automatique
07:11 de billets, vous retirez 50 euros, vous avez 50 euros dans votre poche mais vous avez 50
07:16 euros de moins sur votre compte bancaire.
07:18 Et bien c'est exactement pareil.
07:20 C'est l'explication je crois la plus efficace que j'ai jamais entendue sur le dividende.
07:26 Je ne connaissais pas ce parallèle et cette image.
07:29 Voilà, c'est 50 euros qui passent de mon compte bancaire à ma poche mais je suis toujours
07:34 riche des mêmes 50 euros.
07:36 Absolument.
07:37 Absolument.
07:38 Quels vont être les sujets chauds à commencer peut-être venant des profits réalisés ? La
07:43 question de la rémunération des dirigeants se pose comme régulièrement en France.
07:48 D'ailleurs est-ce que c'est un débat franco-français ?
07:49 C'est un débat mondial.
07:53 On a vu l'année dernière la rémunération de Carlos Tavares qui a été retoquée par
07:59 ses actionnaires mais qu'il a quand même perçu parce que Stellantis est une société
08:06 qui est de droite néerlandaise donc où le vote des actionnaires sur la rémunération
08:12 est seulement consultatif.
08:14 En revanche, Stellantis a tenu compte des observations qui ont été faites à cette
08:23 occasion et vous avez vu qu'il a brillamment passé l'obstacle cette année puisque sa
08:36 rémunération a été votée à 80%.
08:37 Alors je profite d'ailleurs pour dire que, faire également un peu de pédagogie en la
08:42 matière, souvent les actionnaires considèrent que ça ne sert à rien de voter parce que
08:46 de toute façon les résolutions passent à 80, 90 voire 99%.
08:54 Si ça sert, c'est parce que pour une entreprise, une résolution qui passe à moins de 90%
09:00 c'est un signal fort qui lui est envoyé.
09:02 Et donc quand vous avez des résolutions qui passent à 75%, alors c'est vrai que par
09:10 comparaison aux élections politiques, 75%, si un président de la République en France
09:15 était élu à 75%, surtout au premier tour, ça rentrerait dans les annales.
09:22 Mais en matière d'Assemblée Générale, c'est un signal fort qui est envoyé.
09:29 Oui, et vous dites effectivement, quand on n'arrive pas à faire passer des résolutions
09:33 avec un certain niveau de pourcentage de voix, les choses peuvent évoluer peut-être l'année
09:39 suivante.
09:40 Vous avez dit chez Stellantis, il a tenu compte de certaines remarques.
09:43 En matière de rémunération, on peut imaginer quand même qu'il y a aussi un mouvement
09:46 structurel autour de l'incitation de la rémunération exceptionnelle que peuvent recevoir certains
09:52 dirigeants avec la prise en compte de critères qui ne sont plus uniquement des critères
09:56 financiers peut-être ?
09:57 Non, pas uniquement, en particulier les critères ESG qui maintenant sont en train de faire leur
10:02 lit dans...
10:03 C'est une vraie tendance ? Ça devient tangible ? On le voit concrètement ?
10:06 On l'a vu avec Danone tout récemment qui a mis dans ses critères par exemple le taux
10:14 de sucre pour les produits destinés aux enfants.
10:18 Donc non, ça devient tangible.
10:20 Alors il y a quand même beaucoup de vigilance à avoir et les investisseurs et en particulier
10:28 les investisseurs institutionnels sont très vigilants sur toute forme de greenwashing.
10:33 Qu'est-ce que j'ai lu ? Une nouvelle...
10:37 Elle m'est sortie de l'esprit.
10:42 Une nouvelle...
10:43 Green botching qui est...
10:44 Ah, un nouveau concept ?
10:45 Oui, qui est un nouveau concept où ce n'est pas le greenwashing mais c'est...
10:52 En fait on vous raconte n'importe quoi.
10:54 D'accord, c'est du bullshit, c'est du greenbullshit.
10:58 Exactement.
10:59 Ça n'a même plus l'effort de washing.
11:02 Voilà, donc en matière de rémunération et de mesure de la performance, les entreprises
11:10 sont obligées de se plier à un exercice, je ne dis pas qu'elles le font de bon cœur,
11:14 mais en tout cas elles le font parce que le retour de bâton peut être violent.
11:18 Pourtant, seules 5 entreprises du CAC 40 déposeront ou ont déposé une résolution C on climate.
11:26 Alors ça c'est un autre sujet.
11:27 Ça c'est un autre sujet qui est le C on climate.
11:30 Les entreprises sont extrêmement réticentes.
11:33 Mais d'ailleurs, souvenez-vous, il y a 15 ans, quand on a commencé à parler de C on
11:40 pay, on a retrouvé les mêmes réticences.
11:42 Et donc l'énoncé de la stratégie climatique, tout ça, ça a des conséquences très importantes
11:53 pour le déroulement des affaires.
11:56 C'est la responsabilité du conseil, ce n'est pas la responsabilité de l'Assemblée
11:59 Générale.
12:00 C'est ce qu'on entend souvent comme argument, et qui est un argument légal, juridique,
12:04 tout à fait.
12:05 Mais bon, ce qui est sûr, c'est que je pense que c'est dans le sens de l'histoire.
12:11 Je pense que dans 5 ou 10 ans, ça ne sera plus un sujet.
12:15 Mais pour l'instant, ça reste un sujet.
12:17 D'autant plus que les critères financiers sont faciles à établir.
12:24 Même s'il y a parfois beaucoup de créativité dans certains critères.
12:35 Mais en tout cas, ils reposent sur des effets tangibles.
12:38 Sur le C&C, et sur tout ce qui est l'ESG, les normes ne sont pas encore établies.
12:49 Elles sont encore très floues.
12:50 Chaque pays a ses normes.
12:52 L'Union Européenne est en train de mettre en place, de travailler sur une directive.
13:00 Mais comment ça va être traduit, tout ça, c'est quand même encore flou.
13:05 Et ça peut expliquer une certaine réticence des entreprises à se lancer vraiment là-dedans
13:11 de façon volontariste.
13:13 C'est intéressant de voir quelles sont les entreprises qui se sont lancées là-dedans.
13:17 Total Energy, forcément, puisque Total Energy est condamné à présenter une stratégie
13:22 climat et donc une résolution climat.
13:26 Schneider, au cœur de l'efficience énergétique, ça paraît cohérent là aussi avec la stratégie.
13:30 Et après, c'est de l'immobilier.
13:32 Donc, trois foncières, Covivio, ICAD, Clépierre.
13:36 Et là, c'est probablement du fait de tous leurs engagements en matière de construction,
13:46 de bâtiments à énergie positive.
13:49 Même si on voit que parfois les résultats sont un peu décevants.
13:53 Mais ce n'est pas anodin que ça vienne de ces 8 ans-là.
13:55 Oui, tout à fait.
13:56 Mais enfin, c'est quand même cinq entreprises sur plus de 600 côtés.
13:59 Donc, même sans aller sur les 600, intéressons-nous au SBF 120.
14:04 Mais bon, ça reste un mouvement que l'on retrouve ailleurs en Europe.
14:12 Et ça fait parfois un peu sourire nos amis américains ou chinois.
14:16 Mais ils y passeront eux aussi un jour.
14:19 Oui, on part de très loin, mais mouvement qui est appelé à prendre de l'ampleur.
14:24 Où est-ce qu'on en est de la possibilité d'assister et de voter à distance des assemblées générales ?
14:30 C'est un sujet qu'on a traité depuis plusieurs années avec vous et la F2IC en général.
14:36 Aldo, est-ce qu'on peut noter des améliorations de ce point de vue-là ?
14:39 Alors, ce qui est certain, ce qui est acquis en tout cas, ce sont les AG hybrides.
14:44 Et ce n'était pas gagné.
14:47 Et il y a des pays en Europe, en particulier en Allemagne, où les sociétés essayent,
14:55 sont même en train d'imposer l'AG en ligne, exclusivement.
15:02 Et la France est l'un des pays où il est acquis que les AG physiques vont quand même durer.
15:15 Maintenant, le combat, il se déplace ailleurs, c'est sur le vote.
15:21 Aujourd'hui, les entreprises estiment qu'il n'y a pas de sécurité juridique suffisante
15:29 pour s'assurer que l'actionnaire qui va voter est bien enregistré, est bien un actionnaire.
15:37 Et c'est vrai qu'en France, vous pouvez voter jusqu'à deux jours avant l'Assemblée générale.
15:45 Et donc, si vous achetez des actions deux jours avant l'Assemblée générale,
15:51 ce n'est pas évident pour une entreprise de savoir que vous êtes...
15:53 - Vous vérifiez en 48 heures, d'une certaine manière.
15:56 - Donc, la question, c'est de savoir, est-ce qu'on va peut-être reculer ce qu'on appelle la record date,
16:03 la date d'enregistrement, mais c'est vrai que pouvoir voter pendant l'énoncé et l'explication sur la résolution,
16:14 ça serait quand même un gros progrès pour lequel nous, on milite.
16:19 - J'allais dire, avec un peu de bonne volonté et un peu de progrès technologique,
16:22 je suis sûr que c'est le genre de sujet qu'on peut résoudre,
16:27 la capacité à tenir des AG hybrides en présentiel et à distance.
16:32 Merci beaucoup, Aldo, pour ce point de départ sur les enjeux des AG 2023 qui se déroulent en ce moment.
16:38 Et pour les prochaines semaines, Aldo Sicurani, délégué général de la F2IC,
16:42 qui était avec nous en plateau pendant cette demi-heure.
16:44 Venons-en à présent aux questions de finances personnelles avec le thème du risque de contrepartie.
17:00 Pascal Sévillé est à nos côtés en plateau, team manager chez Aldo BHF, banque privée.
17:03 Bonjour et bienvenue, Pascal. - Bonjour, Grégoire.
17:05 - Oui, c'est le bon moment de parler du risque de contrepartie.
17:07 Et j'imagine que certains clients, au regard des turbulences bancaires qu'on a observées au mois de mars,
17:14 qui ont fait quand même les grands titres de la presse mondiale,
17:17 certains de ces clients bien avisés se sont posés la question de savoir
17:22 si l'argent qu'ils déposent dans une banque, un établissement bancaire ou financier,
17:27 était en sécurité et si oui, dans quelle mesure ?
17:30 - Absolument. C'est une question que vous avez beaucoup revenu au mois de mars.
17:33 - Qu'est-ce qu'on peut dire justement peut-être du mécanisme qui a conduit à ces turbulences bancaires
17:40 et pourquoi ça se retrouve dans cette notion de risque de contrepartie ?
17:44 - Il y a eu une concomitance d'événements qui sont venus ébranler le monde bancaire.
17:47 Ça a commencé avec la faillite de plusieurs banques régionales aux États-Unis,
17:50 la plus connue étant la Silicon Valley Bank.
17:52 Et ça a continué avec le rachat express de crédit suisse par UBS en un week-end.
17:57 Alors ces événements n'ont pas forcément de lien entre eux.
17:59 Quand même sur crédit suisse, petite inquiétude, quand on voit un géant bancaire
18:03 présent dans le monde entier, coté en bourse et qui existe depuis 1856,
18:07 se faire acheter 3 milliards en un week-end, ça fait un petit peu peur.
18:10 Mais il n'y a pas de lien en tout cas avec ce qui s'est passé sur la Silicon Valley.
18:13 La Silicon Valley, en quelques mots, c'était la banque, comme son nom l'indique,
18:17 des sociétés de la tech qui était florissante. Les dépôts ont beaucoup augmenté.
18:21 Et elles ont eu la très mauvaise idée d'aller placer cet argent sur des obligations à taux fixe à long terme,
18:26 mais avant la hausse de taux. Et aux Etats-Unis, les règles comptables font que
18:30 vous avez le droit d'afficher la valeur des obligations à leur prix d'achat.
18:34 Donc vous ne remettez pas en fait à jour selon le marché.
18:37 Donc évidemment avec la hausse des taux, la perte latente a été extrêmement importante.
18:41 Ça a fini par arriver aux oreilles des déposants qui ont retiré massivement
18:45 les obligeants à vendre les obligations à un mauvais coût.
18:48 Petite ironie quand même, le 7 mars, tweet de Silicon Valley Bank,
18:52 fière de dire qu'on est parmi les meilleurs banques des Etats-Unis,
18:56 puis le 9 mars, les déposants qui retirent quand même leur argent.
18:59 Et puis pour Credit Suisse, c'est long d'expliquer la chose,
19:02 mais il y a eu toute une série de mauvaises gestions, de scandales qui ont impacté la banque.
19:07 Et le jour où leur actionnaire principal, la banque saoudienne nationale, a dit qu'il ne les soutenait plus,
19:12 évidemment ça a précipité les événements.
19:14 Oui, la perte de confiance, c'est la perte majeure pour une banque effectivement
19:18 qui peut en quelques heures disparaître si la confiance n'est plus là.
19:23 Vos clients qui se sont posé ces questions du risque de contrepartie,
19:28 qu'est-ce qu'ils avaient à craindre ?
19:29 Dans le sens où ils n'étaient sans doute pas clients de Silicon Valley Bank,
19:33 Credit Suisse est en Suisse, pourquoi est-ce qu'ils se posent la question et quelles étaient leurs inquiétudes ?
19:39 On craint toujours un risque de contagion qui peut être extrêmement rapide.
19:42 Et ceux qui ont vécu 2008, ce qui a été le cas de ce client et la faillite de l'Emmen notamment,
19:46 se rappellent quand même de très très mauvais souvenirs.
19:49 A l'époque c'était une vraie crise de liquidité,
19:51 à tel point que les établissements bancaires ne se prêtaient plus du tout d'argent entre eux.
19:55 Donc quand le marché est asséché en liquidité, il ne se passe plus rien en fait,
19:58 ni pour les entreprises ni pour les banques.
20:00 Donc évidemment cette petite réminiscence l'a incité à nous interroger
20:04 et à bien comprendre en fait où était véritablement son risque.
20:06 Comment on réfléchit au risque ?
20:08 C'est-à-dire quand on est un client avec une surface patrimoniale un peu sophistiquée,
20:13 on n'est pas non plus analyste bancaire.
20:15 C'est-à-dire à quoi il faut faire attention ?
20:17 Déjà si on revient à la base,
20:19 on a tous un compte, enfin quasiment tout le monde doit avoir un compte dans une banque
20:23 avec de l'argent qui est déposé dessus.
20:25 Déjà là, on doit se poser la question de la solidité de la banque
20:28 parce que quand vous ouvrez un compte en banque et mettez de l'argent dessus,
20:30 vous devenez créancier de la banque.
20:32 C'est-à-dire que vous lui prêtez de l'argent.
20:34 Donc évidemment il faut quand même bien regarder la solidité.
20:37 Après on ne va pas non plus alarmer tout le monde,
20:40 quand même les grandes banques qui ont pignon sur rue,
20:42 qui sont réputées qu'elles soient françaises ou des banques internationales basées en France,
20:47 ont quand même des obligations de solidité financière de leur bilan.
20:51 Et 2008 d'ailleurs a été tellement violente que la réglementation s'est forcément durcie.
20:57 Donc aujourd'hui quand même, on ne va pas alarmer tout le monde,
21:00 c'est solide mais malgré tout il faut savoir qu'on est créancier de la banque.
21:04 Donc ça c'est quand même un point qui est extrêmement important.
21:07 Quels sont les mécanismes de protection justement quand on est déposant
21:12 et donc créancier de son établissement bancaire ?
21:16 En fait il y a une loi qui est passée en 1999, c'est quand même assez récent,
21:19 mais qui permet aux déposants d'être protégés en cas de faillite de leur établissement bancaire.
21:24 Donc la garantie c'est 100 000 euros par banque et par déposant.
21:28 Ça multiplie par deux si jamais il y a un compte joint.
21:30 Et ça concerne tous les comptes que nous avons dans l'établissement.
21:33 Donc typiquement il y a des petits malins qui décident d'ouvrir des comptes bancaires
21:39 à 100 000 euros maximum dans différentes banques et ça leur permet de se garantir.
21:43 C'est même très malin.
21:44 C'est même très malin.
21:45 Alors on a peut-être moins de poids vis-à-vis de ces banques.
21:49 Oui et puis il faut les gérer quand même derrière, ça augmente les frais.
21:52 Mais sauf qu'ils sont très anxiogènes.
21:53 Il y a des coups de friction.
21:54 Il y a des coups de friction mais les personnes très anxiogènes peuvent quand même passer par ce mécanisme-là.
21:59 Qu'est-ce qu'il en est des autres types de dépôts qui ne seraient pas juste des dépôts bancaires
22:04 sur un compte courant standard, traditionnel ?
22:06 En fait cette loi, elle prend les comptes courants, les comptes à terme et les comptes sur livret.
22:11 Mais on ne le sait pas toujours, le compte espèce de votre PEA ou de votre compte titre est également concerné.
22:15 D'accord.
22:16 On ne les pense pas forcément.
22:17 Donc ça c'est garanti dans les 100 000.
22:19 Après il y a trois autres types de comptes qui sont exclus de ce mécanisme.
22:24 Le livret A, le livret de développement durable et solidaire et le livret d'épargne populaire.
22:29 Ils sont garantis également dans les mêmes mécanismes mais par l'État cette fois.
22:33 Donc c'est un deuxième 100 000 qui vient s'ajouter, ça ne rentre pas dans ce plafond-là.
22:39 Comment est-ce qu'on se protège au-delà des 100 000 euros qui sont garantis ?
22:42 Partant de l'idée que tout le monde ne va pas mettre juste des comptes à 100 000 euros dans toutes les banques
22:46 quand on a plusieurs fois 100 000 euros en épargne.
22:50 Ça peut être un peu compliqué, vous l'avez dit.
22:52 Comment on assure quand même une forme de protection au-delà des 100 000 euros ?
22:55 Déjà il y a une chose très simple à faire.
22:57 Ça c'est la bonne nouvelle et accessible un peu à tout le monde.
22:59 On l'a compris, quand on a l'argent sur le compte bancaire, on a ce risque de contrepartie
23:03 et en plus on n'est pas rémunéré.
23:05 Donc ce n'est quand même pas très sympa.
23:06 Une chose très simple, ça paraît très simple mais il faut quand même bien regarder les termes des fonds.
23:11 On peut investir dans un fonds monétaire.
23:13 C'est intéressant aujourd'hui parce que justement le fonds monétaire, le rendement va suivre les taux directeurs.
23:18 Donc aujourd'hui on va se rémunérer en rendement instantané un peu plus de 3%.
23:22 Et ça suit les mouvements, les décisions de la Banque Centrale Européenne.
23:25 Quand elle monte ses taux, votre fonds va aussi voir son rendement augmenter.
23:29 Alors attention, c'est vrai à l'inverse aussi.
23:31 Ce n'est pas l'ambiance du moment.
23:33 Pour le moment, le consensus n'est pas du tout sur une baisse de taux.
23:36 Et là c'est avantageux puisque non seulement vous avez un titre de propriété
23:40 puisque vous possédez des parts de ce fonds-là.
23:42 Donc vous sortez de ce risque de créancier et en plus vous êtes rémunéré.
23:46 Et c'est quand même très liquide au jour le jour.
23:48 Donc si jamais il y a une tendance inverse des taux notamment, vous pouvez décider d'en sortir.
23:53 Dans un produit monétaire, on n'a plus le risque de contrepartie
23:57 ou le risque de la faillite de l'établissement bancaire.
23:59 Mais on a d'autres risques de contrepartie, j'imagine.
24:01 Oui, parce qu'il y a quand même une société qui maîtrise des parts du fonds.
24:05 Mais on a un titre de propriété.
24:07 Donc c'est un autre type de risque.
24:09 Alors bien sûr, si la personne qui gère le fonds monétaire fait faillite,
24:11 c'est quand même un problème.
24:13 Ou le dépositaire.
24:15 C'est pour ça qu'il faut bien regarder tous les termes.
24:17 Mais néanmoins, c'est un meilleur moyen de se rémunérer et de se protéger
24:19 par rapport à ce risque premier de créancier.
24:23 Je comprends.
24:25 Mais c'est-à-dire qu'on a dit que quand on place son argent,
24:27 on s'exonère d'un certain nombre de risques.
24:29 Et on en trouve d'autres.
24:31 Évidemment, c'est toujours le même sujet.
24:33 Mais à quel type de risque est-ce qu'on fait face
24:35 quand on place son argent sur des produits monétaires ou autres ?
24:39 En fait, ça dépend vraiment des instruments financiers.
24:41 Là, on l'a vu sur le cash.
24:43 Si on parle en une seconde du certificat de dépôt,
24:45 le certificat de dépôt, ça vous permet là aussi de placer votre argent
24:49 à un taux connu à l'avance, une maturité connue à l'avance.
24:51 Donc pour cette immobilisation de votre cash, on va vous rémunérer un peu mieux.
24:55 Vous avez là aussi le risque de contrepartie de la manque émettrice.
24:59 Vous allez aussi porter un risque de taux.
25:01 Parce que si les taux augmentent, vous avez quand même un manque à gagner.
25:03 Et il y a un risque de liquidité aussi, parce qu'il n'y a pas vraiment de marché secondaire.
25:07 Si on va un cran plus loin sur des obligations, c'est exactement les mêmes risques que vous portez.
25:13 C'est un risque d'émetteur, puisque vous êtes créancier de l'obligation que vous portez.
25:17 Néanmoins, on peut se prémunir un peu de ce risque en achetant par exemple un fonds obligataire.
25:23 Parce que vous mutualisez votre risque d'émetteur à ce moment-là.
25:26 Et vous pouvez choisir d'aller sur un fonds qui a une spécificité,
25:30 par exemple d'investir que dans des produits des obligations de bonne qualité.
25:33 Après, si on passe aux actions. Cette fois-ci, il n'y a plus de risque de contrepartie,
25:37 puisque vous êtes propriétaire de titre.
25:42 On en a parlé tout à l'heure en plus, on peut participer aux AG.
25:45 Et en plus, on peut avoir le dividende si jamais l'entreprise en distribue.
25:49 Le risque principal, c'est la volatilité. On ne peut pas l'éliminer.
25:54 On peut le réduire, pareil, en mutualisant aussi son investissement,
25:58 si le gérant du fonds est bon. Plus on a d'actions, et plus on peut se dire que la volatilité attachée sera un peu...
26:04 Oui, il y a des stratégies pour gérer la volatilité sur les marchés actions.
26:07 Absolument. Et après, les produits structurés aussi, qui sont très à la mode en ce moment,
26:10 portent également un risque d'émetteur. Il y en a d'autres aussi.
26:14 Le risque principal est quand même là. Donc il faut bien faire attention.
26:17 Qui est la banque qui émet mon produit ? Parce que c'est équivalent de détenir une obligation bancaire.
26:21 Bien sûr, mais ce sont des rappels importants dans cette période.
26:26 On a parlé de l'ensemble des produits bancaires, qu'on peut retrouver dans des réseaux bancaires.
26:33 L'assurance vie, placement préféré des Français, qu'en est-il en matière de risque de contrepartie ?
26:39 Il y a un assureur derrière. Est-ce que là aussi, il y a des protections qui existent ?
26:43 Déjà, quand on souscrit un contrat d'assurance vie, on porte un risque de contrepartie total.
26:47 Puisque votre argent appartient à l'assureur. Donc oui, là aussi, vous êtes de nouveau créancier.
26:52 Donc finalement, vous voyez qu'on est très généreux en tant qu'épargné.
26:55 Et créancier de beaucoup de moins. Et là aussi, il existe un mécanisme de protection
26:59 qui permet d'assurer jusqu'à 70 000 euros par assureur.
27:02 Mais on pourrait y revenir, sur ces mécanismes, peut-être dans une autre édition,
27:06 sur l'assurance vie plus spécifiquement. Parce qu'il faut bien comprendre les tenants et les aboutissants.
27:10 Encore une fois, quand on est particulier, conseiller, plus ou moins,
27:16 comment est-ce qu'on s'y retrouve ? Est-ce qu'il y a une manière simple
27:20 de s'assurer de la solidité de son établissement bancaire ou assureur,
27:25 sans avoir besoin de passer son CFA et de pouvoir analyser tout le bilan ou le compte de résultat
27:31 de la banque ou de l'établissement ?
27:33 C'est sûr. Bon, quand même, il faut quand même regarder. Parce que les chiffres, ils se comparent.
27:37 Vous pouvez regarder quand même la taille du bilan d'une banque, le nombre de fonds propres, etc.
27:41 Et après, on fait un peu comme à l'école. Donc c'est un système qui n'est pas forcément toujours très juste.
27:45 Je ne parlerai pas de la notation de l'Eman, juste avant sa faillite.
27:48 Néanmoins, les agences de notation font un travail, en fait,
27:53 de mettre des ratings sur les émissions obligataires, par exemple, et sur les banques.
27:58 Donc ça va de triple A à simple C. Et ça vous permet au moins un relatif de comparer.
28:03 Donc quand vous êtes entre triple A et triple B-, c'est considéré comme des émetteurs de bonne qualité,
28:09 ce qu'on appelle « investment grade », à partir de double B+ et jusqu'en bas,
28:13 c'est considéré comme ce qu'on appelle du « high yield », du haut rendement.
28:16 Ça veut dire que vous prenez plus de risques. Et au-delà de s'assurer de la solidité,
28:20 assurez-vous que le risque pris en vaut la peine, puisque quelque part, vous voulez être aussi rémunéré
28:26 pour le fait d'aller chercher des obligations de moins bonne qualité.
28:29 Allez regarder le rating de votre banque.
28:31 Voilà, absolument.
28:32 Des ratings publics, d'ailleurs.
28:33 Oui, c'est public, on les trouve sur les sites.
28:35 Et pour les banques, ça se trouve assez facilement.
28:37 Les banques sont obligées de publier leur fonds propre, leur compte de résultat.
28:39 Donc il faut vraiment aller regarder les bilans annuels.
28:40 Merci beaucoup, Pascale.
28:41 Merci pour ces rappels importants et précieux, effectivement,
28:45 après les troubles bancaires qui ont marqué le mois de mars.
28:48 Pascal Sévy, qui était avec nous en plateau comme une fois par mois team manager
28:52 chez Odo BHF Banque privée.
28:54 Voilà pour cette édition de la mi-journée.
28:56 Nous nous retrouvons en direct à 17h sur Bismarck.
28:58 A tout à l'heure.
28:59 [Musique]

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