SMART PATRIMOINE - L'écho des cryptos du mardi 18 avril 2023

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Mardi 18 avril 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Nadia Filali (Directrice du programme blockchain & cryptoactifs, Caisse des dépôts (CDC))

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00:00 Et nous commençons donc avec l'écho des cryptos, le rendez-vous dédié aux cryptomonnaies, aux cryptoactifs de SmartPatrimoine.
00:09 Pour autant, ce ne sera pas le sujet qui va nous animer aujourd'hui. Nous allons bien parler de blockchain et d'usage de la blockchain,
00:15 notamment de l'avancée des recherches menées par la Caisse des dépôts sur le sujet. Et pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de SmartPatrimoine Nadia Filali.
00:24 Bonjour Nadia Filali. Bonjour. Bienvenue sur le plateau de SmartPatrimoine. Vous êtes directrice du programme Blockchain et Cryptoactifs au sein de la Caisse des dépôts.
00:32 Vous êtes également présidente de l'Inatba, Inatba pour International Association of Trusted Blockchain Applications.
00:39 Il y a cette idée derrière de chercher des applications concrètes à ces nouvelles technologies blockchain.
00:45 Ça fait combien de temps que la Caisse des dépôts travaille sur ces sujets blockchain, Nadia Filali ?
00:51 Alors nous, on a commencé à travailler sur la blockchain et les cryptoactifs depuis 2015.
00:56 D'accord. Exactement, depuis mars 2015, en regardant au début quelles étaient les applications ou quelles étaient les opportunités ou même les risques
01:05 qui pouvaient intervenir sur nos métiers en fait, et plus particulièrement sur les métiers de la finance. D'accord.
01:10 Au départ, alors un peu parce que c'était aussi mon domaine d'application précédent, mais et que c'est rentré quand même beaucoup.
01:18 Ce sujet est rentré beaucoup chez les acteurs bancaires et financiers au début, avant d'attaquer d'autres industries.
01:25 Donc avec cette idée de désintermédiation qu'on pouvait voir sur la blockchain qui finalement a été prise tout de suite à bras-le-corps par la Caisse des dépôts,
01:32 j'ai envie de dire comme dans une phase de test pour le compte du secteur financier en France.
01:37 Oui, alors on a commencé tout à fait sur le secteur financier en lançant un premier consortium qui s'appelle Lappchain, qui est toujours en vie aujourd'hui,
01:44 qui rassemble des banquiers, des assureurs, des asset managers et des start-up françaises pour vraiment essayer ce que ça voulait dire de travailler sur ce secteur-là.
01:53 D'accord. Avec un doux tank. À la base, c'était vraiment un doux tank. Et aujourd'hui, on a plus une partie think tank et une partie éducation
02:00 sur tous les sujets de désintermédiation de la filière financière, que ce soit sur la filière titre.
02:05 Et aujourd'hui, on voit qu'on a le pilote régime qui a démarré depuis fin mars. Bien sûr, oui. Au niveau européen, bien sûr.
02:11 Au niveau européen, qui est assez important. Tous les sujets sur les actifs numériques et notamment les statuts de PSAN en France et MICA qui va être voté après-demain,
02:22 normalement, au niveau européen. Et on a travaillé sur des usages différents, sur des sujets plutôt de lignes sur les OTC, sur des sujets d'automatisation d'assurance,
02:33 sur des sujets d'eurodigital à ce moment-là aussi et sur des sujets de kawaii-shi et d'identité partagée.
02:39 Donc sur des sujets d'usage de la blockchain au sein d'institutions financières aujourd'hui ou demain.
02:45 Oui, exactement. On a commencé par ça. Après, on a évoqué d'autres sujets et on regarde le sujet assez globalement parce qu'on a d'autres activités au sein de la Caisse des dépôts
02:55 et qu'on pense qu'il y a aussi des secteurs sur lesquels ça peut avoir un sens, notamment quand on est un tiers de confiance.
03:02 Bien sûr.
03:03 Voilà, sur les sujets d'authentification, d'identité, des choses comme ça aussi.
03:07 Où est-ce qu'on en est aujourd'hui ? Alors vous avez commencé ces recherches en 2015. Vous nous avez listé un certain nombre de sujets de recherche.
03:13 Est-ce que ça a donné lieu à des applications concrètes, à des recommandations, à des décisions prises au sein de la Caisse des dépôts ou chez d'autres institutions partenaires
03:23 ou d'entreprises privées basées sur les recherches que vous avez réalisées ?
03:26 Alors oui, on avait travaillé dans l'AppChain sur le sujet du KYC partagé en se disant que cette technologie pouvait nous aider à améliorer tout le système de KYC que font les banques ou d'autres.
03:41 Bien sûr. Donc KYC Know Your Customer, c'est ça ?
03:45 Oui, Know Your Customer, oui, pardon. Effectivement, c'est un sujet qu'on a traité ensuite via la création d'une entreprise qui s'appelle Archipel.
03:55 D'accord.
03:56 On a créé avec la Poste Indie EDF, mais on est parti de cette idée-là quand même.
04:01 C'est-à-dire de mettre quoi finalement ? Toutes les informations sur une blockchain accessible à tous les parties prenantes ? Quel est l'usage concret ?
04:11 Alors, toutes les informations, je ne dirais pas toutes les informations parce que contrairement à ce qu'on pense, la blockchain n'est pas une énorme base de données.
04:17 On met des empreintes numériques de données. Et donc l'idée, c'est d'avoir des empreintes numériques de données ou d'informations qui vont être liées à des individus ou à des entreprises,
04:32 on va les appeler les "ili" et les "il" d'Archipel d'ailleurs, qui vont permettre de répondre à des questions dans des échanges transactionnels avec des entreprises ou des individus.
04:42 Alors, ça peut être lié au Know Your Customer. Par exemple, très concrètement, je veux vérifier la domiciliation d'une personne pour une ouverture de compte bancaire ou l'achat d'un produit financier.
04:56 Du coup, je vais lui demander son justificatif de domicile. Et la banque va pouvoir matcher avec les informations de justificatif de domicile qui ont été transmises par l'opérateur en face d'un archipel.
05:08 Et de façon unique même de démontrer si cette information est vraie ou fausse d'ailleurs, parce qu'il y a aussi des faux.
05:14 Donc, ça permet quoi ? Un gain de temps par rapport à la manière dont on le faisait juste à présent, où effectivement, il fallait vérifier ensuite avec les documents transmis par les personnes en question ?
05:23 Non, c'est plus qu'un gain de temps. Parce qu'il y a un gain de temps, il y a un processus qui est automatisé. Mais surtout, il y a une vraie vérification et certification d'information, ce qui n'est pas forcément le cas déjà aujourd'hui.
05:34 Et ensuite, on peut avoir notamment aux cibles, ce qu'on va appeler les wallets d'identité, regrouper plusieurs informations. C'est-à-dire qu'on peut le faire sur la facture d'énergie.
05:47 On peut le faire sur les données de paye, par exemple, par le travail que DigiPost a fait sur les feuilles de paie.
05:54 Et on peut surtout réutiliser ces informations pour plusieurs entités, dans une espèce de « dites-le-nous une fois », qui sera accessible au développement de ces wallets, qui sera assez intéressant.
06:04 Et on peut aussi travailler sur d'autres sujets. C'est-à-dire qu'une fois que cette technologie est en place, on travaille aussi sur des sujets de vérification dans le cadre d'économies circulaires avec Suez.
06:15 On a parlé de cas un peu « retail » tout à l'heure, mais on peut le faire aussi sur la partie « corporate ».
06:21 Et je pense que, notamment sur la partie « asset management », ça peut avoir un avantage parce que ça coûte assez cher sur cette partie-là.
06:28 Et ça peut coûter très cher si c'est mal fait.
06:30 Donc ça, c'est par exemple dans un contexte d'investissement au sein d'une entreprise ou de transaction au sein de deux entreprises, par exemple, ou entre un fonds ou une entreprise ?
06:37 Ou entre deux entités d'asset management qui vont aussi vérifier ces étapes-là.
06:42 Ensuite, il y a tout un enjeu, mais qui est peut-être un peu plus lointain, si on parle de recherche.
06:48 Bien sûr, vous êtes directrice du programme de recherche blockchain et cryptoactifs, donc ça nous permet de se projeter un petit peu.
06:54 En fait, aujourd'hui, vous avez des sujets sur, par exemple, l'euro digital et sur les monnaies digitales qui sont en train de se développer.
07:03 Mais alors ça, c'est un sujet qui est porté par les banques centrales. La Caisse des dépôts, elle aussi, mène des recherches sur le sujet ou travaille sur le sujet ?
07:10 Alors, effectivement, c'est mené par les banques centrales et on n'est pas une banque centrale, c'est très clair.
07:14 En revanche, ce qui se passe, c'est qu'à un moment, si on est un établissement bancaire ou financier, on va devoir s'interconnecter avec ce monde-là.
07:24 Bien sûr.
07:25 Très clairement. Ensuite, dans les monnaies digitales de ce type, nous, on a fait des expérimentations sur la partie règlement livraison, sur ce qu'on a appelé une monnaie interbancaire, en fait.
07:36 D'accord, bien sûr.
07:37 Une monnaie commerciale interbancaire.
07:39 Comment je réalise des paiements ou des règlements avec cette euronumérique ou une monnaie numérique ?
07:44 Ou avec une monnaie numérique privée, ça existe aussi.
07:47 D'accord, oui.
07:48 Et qu'est-ce que ça apporte et comment ça peut fonctionner ? Et derrière, nous, on est à peu près persuadés qu'il y a quand même un lien à faire entre ces monnaies.
07:55 C'est le sujet d'identité décentralisée dans un monde qui est de plus en plus numérique.
08:00 Bien sûr.
08:01 Donc, oui, il va falloir faire de l'interopérabilité entre tout ça. Et puis, à un moment donné, vous allez surtout réaliser des transactions.
08:07 On a besoin de savoir qui vous êtes et on a besoin de savoir si vous pouvez régler et comment.
08:11 Bien sûr, oui.
08:12 Et si on va un peu plus loin, il y a beaucoup de choses qui se développent aujourd'hui dans des mondes virtuels, les métavères, etc.
08:19 Et c'est pareil, il va falloir quand même identifier son avatar et savoir comment il paye son terrain.
08:25 Alors, c'est très loin.
08:26 Oui, bien sûr.
08:27 Je ne veux pas que ça soit tout de suite, mais c'est des sujets qui sont quand même un peu interconnectés.
08:30 Quand on est la caisse des dépôts, on est aussi très dépendant, j'imagine, du cadre réglementaire qui lui-même se met progressivement en place au niveau européen.
08:40 Donc, aujourd'hui, on peut, sur tous les sujets de recherche ou d'usage, parce que vous nous avez dit que vous étiez dans une démarche aussi de doutenque sur certains projets.
08:48 Donc, on arrive à créer des applications concrètes.
08:51 Donc, vous nous avez parlé d'Archipel, mais c'est facile de faire sortir des applications concrètes ou il faut attendre que le réglementaire se mette en place pour les voir ensuite se développer à grande échelle ?
09:00 Alors, sur ce sujet, je dirais qu'on a eu la chance déjà en France d'avoir un vrai travail commun entre les régulateurs, les parlementaires, les grandes entreprises, les startups sur ce domaine.
09:15 D'ailleurs, c'est de là qu'est sortie la loi PACTE, à la fois sur la partie PSAN, mais aussi sur la partie titre non cotée avec les lois Sapin 2 avant et Macron 2.
09:24 Et on a fait ça aussi au niveau européen, parce que quand on voit Mika aujourd'hui, certains pensent que c'est un peu tard, mais en réalité, ça a commencé pendant le Covid.
09:37 Donc, les discussions, elles ont lieu à ce moment-là. Et je dirais que le sujet n'est pas d'attendre la réglementation.
09:43 Les idées, elles arrivent parfois avant et elles se construisent.
09:48 Typiquement, vous prenez Archipel. Nous, on a commencé à travailler sur le KOS partagé.
09:52 À un moment donné, on discutait au niveau européen sur les sujets de signature électronique avec le règlement IEDAS, qui est en train de devenir IEDAS version 2.
10:00 Au même moment, vous avez la Commission européenne qui bosse sur la mise en place d'une infrastructure blockchain intercommunautaire qui s'appelle l'EPSI, qui est en cours.
10:09 Et tous ces sujets-là, ils sont arrivés en même temps. Donc, le vrai sujet, c'est comment on arrive à avancer sur les projets, à discuter sur les réglementations,
10:18 à faire en sorte qu'elles soient un peu compatibles quand même avec nos projets ou même nos valeurs, ce qui est assez essentiel au niveau européen, et avancer dessus sans freiner l'innovation.
10:29 C'est aussi un point extrêmement important. C'est qu'on ne peut pas uniquement mettre des barrières réglementaires en se disant qu'on ne va pas avancer ou on n'avancera pas vite.
10:38 Donc, je dirais que ça va ensemble. Et en tout cas, notre façon de travailler à la Caisse, c'est bien de travailler l'ensemble de ces sujets-là, c'est-à-dire de comprendre les usages,
10:46 de développer des vraies solutions. On a beaucoup travaillé sur les proofs of concept au début, mais là, on est plutôt sur des sujets de mise en œuvre industrielle, très clairement,
10:56 et de travailler à la fois sur le volet réglementaire, mais aussi en amont avec le monde de la recherche, qu'on finance, notamment la chaire de l'IX ou la chaire de Minutelecom,
11:07 pour aller travailler des sujets plus compliqués, techniquement. Mais l'idée, c'est bien de travailler sur l'ensemble de ces sujets ensemble et d'avancer le mieux possible.
11:16 Merci beaucoup, Nadia Filali, d'être venue sur le plateau de Smart Patrimoine, détailler l'état d'avancée des recherches, et pas que au sein de la Caisse des dépôts.
11:25 Je rappelle que vous êtes directrice du programme Blockchain et Cryptoactifs au sein de la Caisse des dépôts. Merci beaucoup.
11:29 Merci beaucoup de votre accueil.
11:31 Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans Enjeu patrimoine.

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