SMART BOURSE - Emission du vendredi 21 avril

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Vendredi 21 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Roland Kaloyan (Responsable de la stratégie actions européennes, Société Générale CIB) et Gilles Moëc (Chef économiste, Groupe Axa)

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00:00 [Musique]
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00:24 et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:26 Au sommaire de cette édition de la mi-journée, une journée d'échéance, d'échéance mensuelle avec l'expiration de différents produits dérivés,
00:33 contrat futur sur indice tout au long de la journée, le contrat futur sur le CAC, échéance avril,
00:39 arrivera justement à expiration tout à l'heure à 16h.
00:42 Une échéance qui se déroule pour l'instant dans le calme et qui marquera un mois boursier positif d'une échéance à l'autre.
00:49 Autant dire que ça n'était pas gagné puisque la dernière échéance se situait en plein stress bancaire
00:56 entre les événements SVB et le rachat en urgence de crédit suisse par UBS.
01:01 On notera d'ailleurs que depuis ce moment-là, le secteur bancaire en Europe a plutôt eu tendance à recorriger à la hausse
01:09 avec une performance de 8% sur l'ensemble des dernières semaines écoulées.
01:14 Pas mal de rachats de short qui ont sans doute expliqué cette situation.
01:19 Mais entre les bonnes tenues du luxe et des grandes valeurs du luxe, la remontée du secteur bancaire
01:24 et quelques secteurs défensifs comme la santé également qui ont servi de refuge,
01:28 on a vu des indices européens battre de nouveaux records récents ou historiques,
01:33 en l'occurrence pour le CAC 40 qui a battu ses records encore cette semaine.
01:37 Une échéance dans le calme avec pour l'instant des marchés qui évoluent dans des marges de fluctuation très limitées.
01:45 Le CAC 40 préserve toujours le niveau des 7500 points, autour de 7530 points.
01:51 À mi-séance, nous serons avec nos techniciens de marché ce soir à 17h pour débriefer cette journée d'échéance.
01:57 Du côté des résultats d'entreprise, la journée est un peu moins chargée.
02:02 Fin de semaine oblige mais on est en pleine séquence de publications de résultats.
02:06 La vedette du jour à Paris et au sein du CAC s'appelle Essilor,
02:09 après avoir publié une croissance organique de plus de 8,5% au premier trimestre
02:14 avec une accélération de cette croissance sur l'ensemble des marchés d'Essilor.
02:18 Sur le plan géographique, Essilor qui note par ailleurs une meilleure dynamique en provenance de ces marchés émergents
02:25 par rapport aux marchés plus matures. Le titre Essilor bondit de plus de 6% à mi-séance.
02:31 Aujourd'hui, la saison des publications de résultats nous amènera à parler de la question des marges et de l'inflation.
02:38 Un très bon sujet à la confluence justement de la microéconomie et de la macroéconomie.
02:43 Tout le monde partage désormais le constat que la stratégie prix des entreprises a été très avantageuse pour les marges
02:49 avec des hausses de prix de vente finaux qui sont allées bien au-delà d'une simple répercussion des hausses de coûts de production ou de salaire.
02:58 Situation bien sûr très favorable pour l'investisseur actions.
03:02 En revanche, c'est un casse-tête supplémentaire sans doute pour les banques centrales qui vont devoir prendre de nouvelles décisions
03:08 d'ici une dizaine de jours avec les réunions programmées de la Fed et de la BCE début mai.
03:23 Parlons justement pour commencer des décisions de banque centrale qui approchent.
03:26 C'est Gilles Mouet qui est avec nous en visioconférence, chef économiste du groupe AXA.
03:30 Bonjour et bienvenue Gilles. Merci beaucoup d'être avec nous.
03:33 On est dans le moment un peu décisif de cristallisation sans doute des prochaines décisions de la Fed et de la BCE.
03:40 Avant d'évoquer cette partie-là, Gilles, peut-être un mot du stress bancaire qu'on a vécu il y a un peu plus d'un mois maintenant.
03:48 On a un petit mois de recul sur les conséquences de cette situation de stress bancaire
03:55 qui marquera sans doute la chaîne de distribution de crédit dans les prochains mois
03:59 mais qui semble quand même en dynamique s'être considérablement apaisée, ce stress bancaire, depuis quelques semaines maintenant.
04:07 Oui, on peut le suivre presque en temps réel dans le cas américain
04:12 où la Fed nous donne des données extraordinairement riches semaine après semaine, quasiment immédiatement.
04:18 Et ce qui est très frappant, c'est qu'en fait on a atteint un pic de stress
04:23 qu'on pouvait déterminer en termes de montant de refinancement auprès de la Banque centrale,
04:30 en termes de stockage de cash par les banques.
04:33 On a atteint ce pic dans la semaine du 15 mars.
04:36 Et depuis lors, les choses se sont véritablement calmées.
04:39 On a eu moins de mouvements brutaux sur les actifs et les passifs bancaires.
04:44 Donc sur le plan systémique, en termes de gestion de la crise à court terme,
04:49 effectivement je pense qu'on tient le bon bout et on le tient depuis deux ou trois semaines.
04:53 Et il faut encore une fois saluer ce qu'a fait la Fed parce qu'elle a réagi extrêmement vite,
04:57 elle a réagi de manière extrêmement généreuse.
04:59 Donc de ce point de vue-là, les choses sont vraiment en train de se calmer.
05:03 Maintenant, si on regarde les choses sur six semaines,
05:05 parce qu'on a maintenant six semaines de recul sur la crise,
05:08 en termes de réduction des dépôts, de d'érosion de la base des dépôts,
05:12 et là je ne parle pas simplement des petites banques,
05:14 mais je parle de la totalité des banques américaines,
05:16 le choc est quand même lourd.
05:17 Et on s'aperçoit qu'on a déjà en fait une diminution assez forte des concours à l'économie
05:23 en termes de crédit classique.
05:25 On a eu un écart-type de baisse des crédits à l'économie en l'espace d'un mois.
05:31 Donc voilà, on gère la situation systémique, on gère le choc de stabilité financière.
05:37 En revanche, pour moi, les conséquences macroéconomiques,
05:40 elles sont à venir et elles restent à mon avis assez importantes.
05:44 Est-ce que ça valide l'idée que la Fed pourra délivrer tranquillement, j'allais dire,
05:49 une dernière hausse de taux de 25 points de base le 3 mai prochain,
05:52 Gilles, sans prendre les risques de faire une erreur monumentale ?
05:56 Oui, je pense que les données sont suffisamment claires
06:00 pour que la Fed puisse prendre ce risque.
06:04 On s'aperçoit qu'effectivement, on n'est plus dans la phase aiguë du choc.
06:09 Sur les données macro, on est encore dans une croissance du PIB probablement assez correcte
06:15 sur ce début d'année 2023.
06:18 Les choses commencent à se dégrinder.
06:21 Maintenant, mais en partant d'un niveau de croissance tellement élevé
06:25 qu'on a quand même pas mal de marge.
06:27 Et sur l'inflation, je pense que la Fed commence à se sentir un peu mieux.
06:32 On commence à voir quelques effets assez encourageants du côté des salaires.
06:36 On commence à le voir aussi sur les traits de la production.
06:38 Donc voilà, encore une hausse de 25 points de base et puis ensuite on s'arrête.
06:43 La vraie question à mon avis pour la Fed, ce sera de le dire ou pas.
06:47 C'est-à-dire, est-ce qu'on fait 25 points de base et on ne dit rien sur la suite
06:51 ou est-ce qu'on commence à préparer les esprits à une pause ?
06:55 Pour moi, c'est ça le vrai débat.
06:58 Tellement le fait que oui, on est extraordinairement proche du tout terminal.
07:02 Du côté européen, Gilles, quand on regarde l'inflation, effectivement,
07:05 le cœur de l'inflation reste chaud, trop chaud pour la Banque Centrale Européenne.
07:09 Mais c'est aussi une fonction d'une activité dans les services, par exemple,
07:13 qui reste très dynamique et qui accélère encore.
07:17 On a eu ce matin les enquêtes Flash PMI qui montrent un secteur des services
07:21 booming en France, en Allemagne et dans l'ensemble de l'Europe.
07:25 C'est vrai et pour la BCE, c'est vraiment un élément de confort important
07:29 parce qu'on a échappé au pire à l'hiver.
07:33 On avait très peur d'un choc énergétique qui allait se traduire par un rationnement
07:37 top-down qui allait avoir un impact très lourd sur les données macro.
07:41 Il ne s'est pas produit et là, effectivement, on a même plutôt l'impression
07:45 d'une réaccélération dans certains secteurs, en particulier dans le secteur des services.
07:49 Ce qui est quand même assez étonnant et assez difficile à comprendre
07:52 parce que la machine derrière est quand même assez enrayée.
07:55 C'est-à-dire qu'on a un pouvoir d'achat des ménages qui souffre quand même.
07:58 Donc on a un petit peu du mal à le comprendre.
08:01 Et moi, tout à l'heure, justement, j'étais en train de faire une toute petite comparaison
08:05 entre l'enquête INSEE dans les services et le PMI dans les services pour le mois d'avril.
08:10 Et on a la poursuite de ce qui était apparu au mois de mars,
08:13 c'est-à-dire une divergence assez forte entre l'enquête INSEE et l'enquête PMI.
08:17 Étant un ancien de l'INSEE, évidemment, vous saurez vers où on met les préférences.
08:23 Mais voilà, restons quand même un tout petit peu prudents.
08:26 Ça arrive d'avoir des signaux un peu divergents pendant quelques mois entre ces deux enquêtes-là.
08:31 Mais là, la divergence, c'est quand même très fort.
08:34 Donc je pense qu'il n'y a pas un effet de composition quelque part.
08:36 Restons un peu prudents quand même.
08:38 La question des marges se pose de manière centrale désormais
08:42 dans la dynamique d'inflation ou l'entretien d'une inflation à niveau élevé.
08:46 Je crois que le constat est partagé par tout le monde, en Europe notamment aujourd'hui.
08:50 Et c'est même explicitement signalé dans les discours des banquiers centraux au plus haut niveau désormais.
08:55 Gilles, cette question de l'inflation entretenue par des stratégies prises agressives
09:02 jusqu'au boutiste peut-être de certaines entreprises, parfois de manière légitime,
09:06 avec une période quand même désinflationniste très longue en Europe qui a mis les marges sous pression.
09:12 La volonté de reconstituer les marges est sans doute légitime pour plein d'entreprises, plein d'industries, plein de secteurs.
09:18 Il ne faut pas que ça aille trop loin.
09:21 Est-ce que pour une banque centrale comme la Banque Centrale Européenne,
09:24 cette dynamique d'inflation motivée ou tirée par les marges des entreprises,
09:29 est-ce que ça appelle une réaction particulière ?
09:33 Est-ce que c'est un sujet plus compliqué que le risque traditionnel de spirale prix-salaire ?
09:41 Deux choses là-dessus. La première, sur le plan statistique, encore une fois désolé de jouer mon grognon de service,
09:47 mais en général on sait que les marges sont entre guillemets trop importantes
09:51 le jour où elles ont fini d'être trop importantes,
09:54 au sens où les informations macro sur le comportement des marges des entreprises sur les profits
09:59 arrivent en général très tard.
10:05 Et effectivement, l'Etat a une contribution très forte de l'augmentation des marges des entreprises
10:10 à l'inflation en 2022 et la BCE en a parlé,
10:13 mais moi j'ai plutôt l'impression que c'est en train de se résorber.
10:17 En tout cas les informations microéconomiques qu'on a entreprise par entreprise
10:20 nous dirait que le pic des profits est probablement derrière nous. Premier point.
10:25 Deuxième point, moi je suis assez gêné par cette insistance sur cette question des marges
10:31 dans la rhétorique actuelle de la BCE.
10:33 Parce qu'honnêtement je ne vois pas l'intérêt pour la BCE de s'apesantir sur cette question-là.
10:38 Parce qu'au fond, que l'inflation soit tirée par les marges ou qu'elle soit tirée par les coûts salariaux,
10:44 à la fin des fins, la BCE n'a qu'un seul instrument, elle n'a qu'un seul canal d'action.
10:49 Le canal d'action c'est la réduction de la demande agrégée.
10:52 Donc pour qu'il y ait "marge excessive",
10:55 entre guillemets c'est toujours très compliqué de définir ce qu'est une marge excessive,
10:58 pour qu'il y ait des marges excessives, il faut qu'en fait, en face, il y ait une demande solvable.
11:03 Donc si l'inflation aujourd'hui est dominée par des comportements de marge adéquates,
11:08 la réponse normale de la BCE, ce sera ou ce serait de continuer à augmenter ses taux directeurs
11:14 pour faire atterrir la demande globale.
11:16 Et c'est la même chose côté salaire, si l'inflation est déterminée essentiellement par les coûts salariaux,
11:20 eh bien il revient à la BCE de faire pression sur la demande globale
11:24 pour que les créations d'emplois ralentissent et pour que les salaires ralentissent.
11:28 Donc j'ai du mal à comprendre en fait cette insistance sur ce thème,
11:33 et je trouve que c'est même potentiellement contre-productif.
11:36 Parce que si la BCE aujourd'hui pose un diagnostic en disant
11:41 "écoutez, pour l'instant l'inflation en ce moment c'est vraiment un phénomène de marge, c'est un phénomène de profit",
11:45 le message pour les salariés il est très simple,
11:48 si la BCE me dit que l'inflation est aujourd'hui déterminée par les profits,
11:52 eh bien il est à ce moment là normal que moi je demande un rattrapage,
11:55 et que je demande une accélération de mes salaires.
11:57 Et c'est ça qui peut provoquer une spirale prix-salaires.
12:00 Donc même stratégiquement, tactiquement, j'ai du mal à comprendre
12:04 l'insistance de la BCE sur cette question là.
12:07 - Et sur le plan macro-économique, Gilles, vous considérez effectivement
12:11 qu'avec le retour progressif de l'offre de travail, de production
12:17 et le jeu normal de la concurrence, ce sujet des marges est potentiellement derrière nous ?
12:23 - Oui, et c'est souvent le cas, les marges obéissent à des cycles,
12:28 et là on a peut-être un cycle qui est plus accentué que d'habitude,
12:32 mais deux choses l'une, soit les marges sont excessives parce qu'il y a des pratiques anticompétitives,
12:38 et à ce moment là elle revient aux autorités concurrentielles d'agir,
12:43 il y a eu une très bonne série de tweets de Benoît Cœuret,
12:47 qui est maintenant le patron de l'autorité de la concurrence en France,
12:51 qui dit "voilà, si nous nous rendons compte qu'il y a des activités anticoncurrentielles,
12:55 nous agirons, mais ça n'est pas du ressort de la Banque Centrale,
12:59 et c'est probablement davantage structurel que conjoncturel".
13:02 - On verra, on en parlera avec une vision microéconomique dans un instant,
13:06 intéressant de noter que dans un secteur où l'intensité concurrentielle est quand même historiquement élevée,
13:11 l'automobile par exemple, on voit tout de suite, à partir du moment où les chaînes de valeur se détendent,
13:15 on voit tout de suite le début d'une guerre des prix reprendre très vite le dessus.
13:20 - Gilles, question bonus autour du plafond de la dette américaine,
13:23 comme tous les deux ans, le drama se prépare d'une certaine manière,
13:28 est-ce que, sans aller jusqu'au scénario du défaut évidemment,
13:33 dont la probabilité n'est peut-être pas nulle, nous disent les instruments de marché,
13:37 mais quand même, quels peuvent être les impacts, sans aller dans ce scénario extrême,
13:41 quels peuvent être les impacts d'une crispation, ou de la crispation habituelle,
13:45 qui va avoir lieu sans doute au congrès américain sur cette question, dans le contexte actuel ?
13:52 - Je pense qu'il y a quand même un point à surveiller,
13:55 c'est quelles seront les concessions que Joe Biden et les démocrates devront probablement à un moment ou à un autre
14:02 amener pour obtenir une décision positive des républicains,
14:07 et si ces concessions se traduisent par un virage austéritaire un peu trop rapide de la politique budgétaire américaine,
14:15 là, ça peut avoir un impact sur le cycle économique dans la seconde moitié de 2023.
14:22 Moi je n'ai pas vraiment de doute sur le fait qu'à la fin des faits on trouve un deal,
14:27 la question pour moi c'est quel sera le prix à payer pour ce deal,
14:30 et quel peut être l'impact sur la conjoncture dans la seconde moitié de 2023,
14:33 pour moi c'est ça la vraie question.
14:35 - On a un plafond de la dette qui est peut-être plus proche de nous que ce qu'on imagine,
14:38 les banques américaines sont en train de recalculer un peu la situation avec des collectes de taxes
14:44 qui ont été plus faibles finalement visiblement,
14:46 et qui rapprochent peut-être un peu plus le plafond de la dette par rapport à ce qu'on pouvait envisager précédemment.
14:52 Merci beaucoup Gilles, Gilles Mouec, chef économiste du groupe AXA,
14:54 qui était avec nous en visioconférence dans cette demi-heure d'émission.
14:57 (Générique)
15:07 L'autre invité à mes côtés en plateau pour cette demi-heure d'émission, c'est Roland Calloyant,
15:11 responsable de la stratégie et de l'action européenne de Société Générale CIB.
15:14 Bonjour et bienvenue Roland.
15:15 - Bonjour Édouard.
15:16 - Avec la vision microéconomique effectivement, et la question des marges des entreprises,
15:21 on est au démarrage de la saison de publication des résultats du premier trimestre,
15:26 au-delà même de ce premier trimestre, quelle est un peu la vision, la perspective que vous avez
15:31 sur la dynamique de marge des entreprises, des sociétés européennes pour les prochains mois,
15:36 les prochains trimestres et pour cette année 2023 Roland ?
15:40 - Alors effectivement c'est très très tôt pour commenter les résultats,
15:43 parce que juste pour donner un ordre de grandeur, on n'a que 10% des sociétés européennes qui ont publié,
15:46 un petit peu plus que les Etats-Unis, on est à 20%, donc on peut commencer un petit peu à donner des conclusions.
15:53 Mais effectivement ce qui va être scruté durant cette saison de résultats, c'est le niveau de marge,
15:58 parce que les marges sont à des niveaux historiques, on a atteint des niveaux historiques l'année dernière.
16:02 On va se projeter sur l'année 2023 où les chaînes d'approvisionnement sont en train de se résorber,
16:09 les problématiques qu'on a pu voir sont en train de se résorber.
16:11 On a aussi parlé beaucoup d'augmentation de salaires, des négociations qui ont eu lieu en 2021,
16:17 surtout en 2022, donc on va voir un petit peu comment ça va se traduire au niveau des coûts pour les entreprises.
16:23 Et puis il y a la question aussi, ça joue aussi sur les marges, mais les matières premières,
16:27 et en particulier l'énergie, sont fortement baissées sur la période récente.
16:31 Donc tout ça évidemment va être très scruté par le marché.
16:34 On reste quand même sur des niveaux qui sont historiquement élevés,
16:38 et je pense qu'effectivement quand on regarde les indicateurs qu'on a,
16:41 les analystes, le consensus anticipe qu'on va avoir quand même une sorte de normalisation à venir.
16:48 Est-ce que ce sera une normalisation brutale ou relativement douce ?
16:52 Mais on ne va pas tenir ces niveaux de marge très très longtemps.
16:55 J'ai oublié aussi le coût de financement évidemment qui remonte,
16:58 et ça, ça peut avoir aussi un impact sur les résultats.
17:01 C'est relativement petit, mais ça peut avoir un impact.
17:03 Donc tout ça effectivement, ça va prendre en compte.
17:06 Et nous, on est plutôt sur un scénario où on va avoir une normalisation graduelle des niveaux de marge,
17:11 mais une top line, on va dire un chiffre d'affaires et des revenus qui vont être relativement bons.
17:17 C'est-à-dire que la logique de volume à un moment pourrait reprendre aussi,
17:20 peut-être un peu regagner, peut-être un peu en traction, en momentum d'une certaine manière, Roland ?
17:25 Alors ça a déjà été le cas avec les prix, on a discuté effectivement,
17:29 et c'est ce qui a aussi expliqué quelque part le gain de marge qu'on a eu.
17:34 Les anglo-saxons appellent ça la "gridflation".
17:37 Donc on augmente les prix de manière plus forte que ce qu'on a eu sur l'augmentation des coûts.
17:42 On est quand même dans une situation un petit peu particulière par rapport à l'historique,
17:50 c'est qu'aujourd'hui, on a une production qui reste en dessous de la demande,
17:54 donc une offre qui n'arrive pas à satisfaire la demande.
17:57 Exactement, et c'est vrai dans beaucoup de secteurs, l'automobile, on peut en parler, mais aussi...
18:01 Et dans les services ?
18:02 Dans les services, quand vous bookez un hôtel ou vous voulez booker un avion,
18:07 vous voyez très vite que c'est très vite complet et que les prix s'envolent beaucoup plus vite
18:11 et sont beaucoup plus élevés que ce que vous aviez l'habitude il y a 2-3 ans.
18:14 Et donc ça, on se rend compte effectivement que les entreprises ont du "pricing power" aujourd'hui,
18:19 parce qu'il y a une demande qui reste très vigoureuse,
18:22 et elles n'ont pas forcément encore réajusté l'offre,
18:27 et elles ont plutôt réajusté les prix, ce qui leur permet d'avoir un niveau de marge très important.
18:33 Qu'est-ce qui va faire la différence entre secteurs,
18:35 entre ceux qui vont être capables de préserver peut-être un certain niveau de marge,
18:40 et ceux dont on va s'apercevoir assez vite finalement que l'intensité concurrentielle est en ce qu'elle est,
18:47 les marges qu'on a pu avoir au titre des exercices précédents ne sont pas tenables dans le temps.
18:55 Qu'est-ce qui va faire la différence ?
18:57 Alors déjà, il faut avoir en tête que les entreprises qui ont du "pricing power"
19:01 et qui ont réussi à maintenir leur niveau de marge ont très bien fait boursièrement.
19:07 La plupart, je pense par exemple au luxe, mais pas que,
19:10 on parlait aussi de tout ce qui était services, hôtels, restaurants,
19:13 c'est plutôt des secteurs qui ont très bien fait depuis le début de l'année.
19:16 Après, la question pour certains secteurs, c'est vrai qu'on a tendance,
19:20 beaucoup d'analystes se focalisent, des investisseurs se focalisent sur la marge,
19:23 c'est est-ce qu'on peut perdre quelques points de marge et rattraper sur les volumes ?
19:27 Parce que ça, c'est un point très important qui peut évidemment aussi pousser les résultats
19:33 et à la fin, les bénéfices à la hausse.
19:36 L'exemple du secteur automobile, à ce titre, est toujours particulièrement intéressant.
19:40 On a plusieurs minutes pour évoquer ce secteur avec évidemment la dimension
19:45 et la nouvelle frontière qu'est le véhicule électrique.
19:48 L'automobile a connu une progression de ses marges comme jamais,
19:53 avec l'embouteillage des chaînes de production qui a permis de produire les véhicules
19:58 où les marges étaient les plus importantes.
20:01 Comment ce phénomène peut évoluer par tant de là ?
20:04 Et quand on voit effectivement le signal envoyé par un Tesla,
20:07 sur le marché américain bien sûr, mais pour l'ensemble du monde,
20:11 avec des stratégies prises déjà très agressives depuis quelques mois,
20:15 qu'est-ce que ça nous dit pour notre secteur auto, chez nous, en Europe,
20:19 dans l'univers des actions européennes ?
20:21 Sur Tesla, je ne sais pas si la nouvelle stratégie d'Elon Musk sera gagnante ou pas.
20:28 En revanche, Tesla, c'est depuis très longtemps un disrupteur.
20:34 Essayer effectivement de faire bouger les choses.
20:37 On a vu évidemment le secteur automobile européen être très fortement chahuté
20:42 par cette annonce de baisse des prix,
20:45 tout simplement parce que le marché n'aime pas quand on a une guerre des prix.
20:49 Regardez le secteur des télécoms sur les dernières décennies.
20:52 On a un autre exemple en tête, c'est tout ce qui est distribution agroalimentaire.
20:57 On a vu là aussi des guerres de prix, etc.
21:00 Ce n'est jamais effectivement très bon pour les marges,
21:03 et pour les entreprises, et pour leurs actions.
21:07 Donc, il faudra voir évidemment si cette stratégie Tesla sera gagnante,
21:11 car clairement, ça explique la réaction du marché sur le secteur européen.
21:16 Vous disiez effectivement qu'on a eu des entreprises qui ont favorisé
21:22 les modèles les plus rentables. C'est normal, après tout.
21:26 Hyper rationnel !
21:28 Vous avez peu de semi-conducteurs qui arrivent d'Asie.
21:31 Vous allez plutôt les mettre dans les voitures où vous allez avoir une marge plus élevée
21:34 et que vous allez vendre plus cher.
21:36 C'est ce qui s'est passé aujourd'hui.
21:38 C'est là où je reviens sur le luxe, ou sur les secteurs qui ont très bien fait.
21:43 L'automobile n'a pas suivi la performance boursière,
21:47 n'a pas suivi l'expansion des marges qu'on a eues.
21:50 L'expansion des marges est incroyable par rapport à l'historique,
21:53 et la performance qui d'habitude suit les marges n'a pas suivi ce mouvement.
21:59 Le marché a toujours douté de la soutenabilité de ces marges ?
22:03 Le marché se dit que c'est temporaire.
22:05 C'est déjà pour moi acté dans les prix.
22:08 Il suffit de regarder les valorisations.
22:10 On parle d'un secteur qui se traite 6 fois aujourd'hui en Europe.
22:13 Entre 6 et 7 fois.
22:15 C'est un des secteurs les moins chers et qui est complètement délaissé par le marché.
22:19 Il faut prendre en compte aussi qu'au bout d'un moment,
22:23 il y a les tendances, il y a les annonces,
22:25 mais il y a aussi les niveaux de valorisation.
22:27 Et ça c'est très important.
22:28 Il y a eu Tesla, et puis il y a eu Alest aussi.
22:30 Je pense que c'est quelque chose qui a beaucoup marqué les esprits au salon de Shanghai.
22:33 BYD, leader d'ailleurs je pense devant Tesla peut-être au niveau mondial
22:38 dans le véhicule électrique aujourd'hui, plus la batterie.
22:41 C'est le modèle BYD.
22:43 La Citadine à 10 000 euros.
22:45 C'est deux fois moins cher que la Citadine électrique,
22:48 la moins chère du marché français aujourd'hui.
22:50 Je ne sais pas quel commentaire ça appelle,
22:54 mais la guerre des prix va être des deux côtés et peut-être très violente.
22:59 Là aussi, ça rappelle un petit peu quand les entreprises japonaises,
23:04 il y a une trentaine d'années, venaient attaquer le marché européen ou américain
23:11 avec des prix qui étaient cassés.
23:14 Mais effectivement, il va falloir un petit peu…
23:17 Quelque part, on voit que la voiture électrique,
23:19 c'est une nouvelle offre qui est en train d'arriver.
23:22 On en parle beaucoup, mais finalement,
23:24 ça représente au niveau global 10% des ventes.
23:28 C'est un peu plus en Europe, c'est 25%.
23:30 Et en Chine, on parle de BYD, c'est 30% des ventes de nouvelles voitures.
23:34 Mais ça reste quand même un produit relativement nouveau.
23:38 Il y a une très forte croissance, etc.
23:40 Chaque marque va devoir trouver son positionnement.
23:42 Est-ce que je me mets sur du luxe ?
23:44 Est-ce que je me spécialise plutôt sur la logistique professionnelle ?
23:50 Donc chacun va réussir à trouver un petit peu son positionnement.
23:53 A priori, quand on arrive avec les prix annoncés par BYD,
23:57 on a plutôt envie d'aller sur l'entrée de gamme
24:00 et d'avoir des volumes très importants.
24:03 Nouvelle offre et nouvelle chaîne de valeur.
24:05 Sur le plan de l'investissement,
24:07 comment vous regardez le thème du véhicule électrique ?
24:11 Alors, effectivement, il y a les constructeurs,
24:13 mais il y a toute une chaîne de valeur qui est en train de se créer également
24:17 et qui est en train de monter en puissance derrière.
24:19 Et pour un investisseur, j'imagine que c'est intéressant
24:22 de regarder l'ensemble de la chaîne de valeur
24:25 et pas juste l'assembleur final
24:28 avec toutes les fragilités qu'on peut avoir
24:31 autour de ces constructeurs, de leur pricing power, etc.
24:35 Vous avez beaucoup travaillé dessus chez Société Générale CIB.
24:38 Qu'est-ce qui vous intéresse à ce stade dans cette chaîne de valeur du véhicule électrique ?
24:42 Alors, on a fait un panier qui est global.
24:46 On a aujourd'hui...
24:48 Et je pense que le chiffre qui est assez intéressant,
24:51 c'est qu'on a vraiment toute la chaîne de valeur.
24:53 Ce qui est intéressant, c'est qu'on a seulement un quart qui est constructeur automobile.
24:56 Un quart du panier. Donc 75% c'est autre chose.
24:58 Mais oui, c'est ça.
24:59 C'est autre chose parce que finalement, on s'est dit
25:02 "Est-ce que c'est BYD ? Est-ce que c'est Tesla ? Est-ce que c'est BMW qui va ressortir gagnant ?"
25:08 Nous, ce qui nous intéresse, c'est qu'on vende des voitures électriques.
25:10 Si c'est des voitures électriques, on pense vraiment,
25:12 et on est vraiment convaincu qu'on va avoir une forte croissance dans ces ventes-là.
25:16 Donc on a allé regarder qu'est-ce qu'on a besoin.
25:18 On a besoin de batterie, on en trouve beaucoup en Asie.
25:21 On a besoin d'avoir les matériaux qu'on met dans la batterie.
25:24 On a besoin de lithium, de cobalt, de nickel.
25:26 On va aussi regarder ceux qui fabriquent ces matériaux.
25:29 On va les mettre aussi dans le panier.
25:31 On va aussi regarder les valeurs qu'ils vont proposer des infrastructures.
25:35 Il faut bien recharger.
25:36 Les bornes de recharge.
25:37 Voilà, une économie qui va se mettre en place.
25:39 Les bornes de recharge.
25:40 Et enfin, les semi-conducteurs qui sont très importants.
25:43 Tous les power semi, etc.
25:45 On voit évidemment que tout un écosystème qui se met en place.
25:48 Évidemment, quand on pense voiture électrique, on pense Tesla, BYD.
25:52 Mais on a évidemment toute une chaîne de valeurs derrière.
25:56 Et c'est ce qu'on a vraiment envie d'avoir.
25:58 Une exposition très forte là-dessus.
26:00 Et finalement, quand on travaille comme ça, on s'aperçoit qu'en termes d'agrégés,
26:06 on se retrouve avec un panier qui a une prime, une légère prime par rapport au marché mondial.
26:13 Et donc, qui n'est pas du tout sur le niveau de valorisation qu'on peut voir sur les pure players aujourd'hui dans la voiture électrique.
26:21 C'est intéressant parce que vous le dites, c'est un panier forcément global.
26:24 C'est-à-dire qu'il n'y a pas assez d'acteurs en Europe pour en faire un panier européen.
26:27 Oui, oui.
26:29 Mais il y a aussi les minerais, les matériaux, les fabricants de batteries.
26:34 Ils sont aujourd'hui essentiellement en Asie.
26:36 La Chine, les valeurs chinoises, c'est 30% du panier.
26:40 Mais juste là aussi, pour vous donner un chiffre, comme on travaille au niveau global,
26:43 50% des ventes de voitures électriques, c'est en Chine.
26:45 Donc d'avoir 30% d'exposition chinoise, et à peu près un tiers encore pour le reste de l'Asie, ça fait du sens.
26:53 Une des grandes inconnues, ça va être quand même aussi le modèle, vous l'avez dit, des infrastructures, des bornes de recharge,
26:58 charges rapides, charges lentes, des infrastructures en milieu urbain, des infrastructures sur des grandes distances, etc.
27:06 De ce point de vue-là, est-ce qu'il y a des modèles déjà efficaces en termes de rentabilité qui sortent du lot,
27:14 ou est-ce que c'est encore une forme de découverte pour le marché ?
27:17 Alors, ce qu'il faut avoir en tête, c'est qu'on est sur...
27:22 Quand on regarde la technologie, on s'est posé la question aussi,
27:25 on est en train de voir sur les dernières années une accélération de l'efficience sur les recharges,
27:33 sur la durée de la batterie, d'utilisation de la batterie.
27:38 Juste pour vous donner un chiffre, aujourd'hui, on a un écart qui est en train de se resserrer,
27:41 ce n'était pas le cas il y a 4-5 ans.
27:43 Avec une voiture électrique, aujourd'hui, en moyenne, on peut rouler 350 km sans la recharger.
27:48 Une voiture à essence, encore une fois, je parle de moyenne, c'est 480.
27:51 Donc vous voyez, l'écart est en train de se resserrer.
27:53 Donc il y a évidemment des améliorations,
27:55 et les améliorations vont se faire au niveau des constructeurs, des infrastructures,
27:58 mais tout à l'heure, je mentionnais aussi, des fabricants de batteries et des semi-conducteurs.
28:02 Donc effectivement, c'est sur toute cette chaîne de valeur qu'on va pouvoir voir les effets bénéfiques.
28:09 Il n'y a pas que les constructeurs dans la chaîne de valeur électrique.
28:13 Nouveau thème, nouveau sujet évidemment pour les investisseurs et les consommateurs.
28:18 Nouvelle offre en construction autour du véhicule électrique.
28:20 Merci beaucoup Roland.
28:21 Roland Calloyan qui est à nos côtés en plateau pendant cette demi-heure d'émission,
28:24 responsable de la stratégie Action Européenne de Société Générale, CIP.
28:28 Voilà pour cette édition de la mi-journée.
28:30 On se retrouve tout à l'heure à 17h en direct sur Bismarck.
28:33 [Musique]

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