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00:00 *Musique*
00:08 Ravie de vous retrouver, on est ensemble jusqu'à 9h30 comme chaque jour sur France Info Radio
00:13 et sur le canal 27 de la TNT, Renaud Delis est à mes côtés évidemment, tout comme Alix Bouillaguet, éditorialiste politique sur France Info Canal 27. Bonjour.
00:21 - Bonjour Marc. - Et bienvenue Alix, à vos côtés Ludovic Vigogne, journaliste à l'Opinion. Bonjour Ludovic.
00:26 - Bonjour Marc.
00:27 - Et auteur du livre "Emmanuel Macron, les 100 jours" aux éditions Bouquin, les 100 jours S.A.N.S.
00:33 Sur le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, vous nous en parlerez dans les minutes qui viennent, début de quinquennat mouvementé,
00:40 vous racontez dans quelles conditions Emmanuel Macron est arrivé à l'Elysée il y a tout juste un an, puisque c'est notre thème du jour.
00:46 Renaud Delis, une bougie à l'Elysée.
00:48 - Il y a tout juste un an, soit 365 jours en l'occurrence, Marc pour être précis.
00:52 - Effectivement, c'était il y a tout juste un an, Emmanuel Macron était réélu avec un peu plus de 58% des voix.
00:57 Deuxième mandat, une performance inédite. Pour la première fois, un président de la République était élu à deux reprises au suffrage universel
01:04 et sans être passé en quelque sorte par la case cohabitation. Un an après, le pays est en crise.
01:08 Emmanuel Macron bat des records d'impopularité, il ne peut plus se déplacer, lui comme ses ministres d'ailleurs, dans le pays,
01:14 sans être accompagné par un concert de casserole. Pourquoi une telle ambiance ?
01:17 Est-ce que l'exécutif peut encore justement circuler dans le pays et aller à la rencontre des Français ?
01:22 Voici ce qu'en disait il y a quelques minutes Clément Beaune, le ministre des Transports.
01:25 - Il ne faut pas rester enfermé, rester planqué, rester dans un cocon de bureau ministériel.
01:30 Il faut bien sûr aller au contact et on parle beaucoup des moments où c'est difficile, il y en a, objectivement.
01:36 - C'en est un aujourd'hui.
01:37 - Oui, des moments où je veux dire, des déplacements où parfois il y a eu des contestations.
01:40 Mais soyons clairs aussi, elles sont organisées quand on sait qu'il y a tel ou tel responsable politique
01:44 à plus forte raison de présenter la République. Il y a des manifestations qui s'organisent,
01:47 qui ne sont pas forcément des manifestations de milliers de gens,
01:50 qui sont quelques actions ciblées, organisées et visibles.
01:53 - Alors Emmanuel Macron qui annonce dans le journal le Parisien Aujourd'hui en France
01:57 qu'il entend se réinvestir davantage d'ailleurs sur la scène politique intérieure.
02:00 Est-ce que c'est encore possible dans un tel climat ? Est-ce qu'il peut en quelque sorte redresser la barre ?
02:04 Et pourquoi cette première année de quinquennat semble-t-elle assez ratée ?
02:09 - Ludovic Vigogne.
02:10 - Alors ça a été une année très âpre en effet pour Emmanuel Macron.
02:13 Après une campagne sans souffle, son début de mandat a été sans élan.
02:17 Il est complètement passé à côté et c'est ce que je raconte dans mon livre.
02:21 Et tout de suite après, il s'est engagé dans la réforme des retraites
02:24 qui ne pouvait qu'être quelque chose de très impopulaire
02:27 quand on voit le rejet des Français du report de l'âge de départ de 62 à 64 ans.
02:34 Et en plus, ça s'est accompagné de beaucoup de cafouillages, d'un sentiment de brutalité.
02:39 Et donc ça a été vraiment presque une année perdue pour Emmanuel Macron.
02:42 - Ce que vous racontez dans votre livre, Ludovic Vigogne, c'est qu'Emmanuel Macron arrive à l'Élysée
02:46 sans véritable projet, à part la réforme des retraites, sans équipe.
02:50 Il ne sait absolument pas qui il va nommer à Matignon.
02:53 Pendant un week-end, c'est Catherine Vautrin.
02:56 Vautrin, finalement, lundi matin, c'est Elisabeth Borne qui a l'air quasiment surprise d'être nommée là.
03:01 Comment expliquer ce que vous qualifiez de cafouillage ?
03:04 C'est-à-dire qu'il a eu pourtant un quinquennat entier pour se préparer au second.
03:09 - Oui, mais durant tout ce quinquennat, il a pensé à sa réélection.
03:11 Ça a été son obsession. En revanche, à ce qu'il ferait le jour d'après, il n'y a pas du tout réfléchi.
03:15 Il faut souvenir aussi que les dernières semaines de fin de son premier mandat
03:19 sont complètement occupées par la guerre en Ukraine.
03:22 Mais c'est vrai qu'il n'a pas du tout pensé à qui il allait nommer à Matignon,
03:26 à la composition de son gouvernement.
03:28 Et donc, il se retrouve au lendemain de sa réélection, une très belle réélection d'ailleurs,
03:32 Renaud Dely le rappelait, sans avoir absolument rien conçu, rien préparé.
03:36 Et en étant aussi un peu fatigué, parce qu'il a été pendant cinq ans en première ligne,
03:40 en n'étant pas forcément très passionné non plus par ce qu'il a à faire,
03:44 nommer un gouvernement, un Premier ministre, il l'a déjà fait, c'est pas ce qu'il préfère.
03:47 Et puis aussi en ayant un sentiment de trop grande confiance.
03:50 Les législatives qui vont suivre en juin, Emmanuel Macron, il est persuadé de les emporter.
03:54 Il est persuadé d'avoir une majorité. Les Français l'ont très bien réélu.
03:57 - Il n'entend pas les mises en garde de certains de ses proches.
03:59 - Il incite à s'engager davantage, qu'ils lui disent que c'est à lui que les Français ont envie de donner une majorité.
04:04 Lui, il pense que ça se fera automatiquement. Les Français lui ont très largement réélu.
04:09 Il pense qu'il y aura quelque chose d'automatique et qu'ils lui donneront, cette semaine plus tard, une très large majorité.
04:13 - Excès de confiance dans le début du quinquennat ?
04:15 - Excès de confiance, certes. Et je pense à un double malentendu.
04:19 Le premier malentendu, c'est l'élection présidentielle.
04:21 Emmanuel Macron, il est élu face à Marine Le Pen. Il pense que c'est un choix.
04:25 Or, c'est quand même un choix par défaut.
04:27 Deuxième malentendu, les législatives.
04:30 Il ne fait pas campagne, ou très peu, ou à la dernière minute.
04:34 Il n'expose pas vraiment son projet. Il ne donne pas vraiment de nouveaux souffles, de nouvelles impulsions.
04:38 Il y a une majorité relative.
04:40 Et lui, il ne change pas de gouvernance.
04:42 Il ne se dit pas, tiens, il faut peut-être être un peu plus transversal, peut-être travailler plus les courants, aller chercher plus les gens à droite à gauche.
04:51 Il garde finalement une gouvernance toujours très verticale, quasi solitaire, et même de plus en plus solitaire.
04:57 Parce qu'il voit de moins en moins de gens au fur et à mesure du quinquennat.
05:02 Et on a le sentiment, effectivement, très vite, dans cette première année du quinquennat, d'un président isolé.
05:09 Et le dernier point, ça se voit d'autant plus qu'Elisabeth Borne, elle n'a absolument pas joué le rôle de bouclier.
05:14 Pourquoi ? Parce qu'Elisabeth Borne, elle fait entendre, pendant notamment toute la réforme des retraites, une autre petite musique.
05:19 C'est-à-dire celle de quelqu'un de plus consensuel, quelqu'un qui est plus à l'écoute.
05:24 Et donc forcément, celui qui fait autoritaire, qui fait cadenasser à l'Elysée, c'est Emmanuel Macron.
05:32 Vous restez avec nous la suite des informés dans une minute.
05:34 Le temps du Fil info, il est 9h11.
05:36 Sophie Echêne.
05:37 Alors que des milliers de manifestants protestaient ce week-end contre un projet d'autoroute entre Toulouse et Castre,
05:43 ce matin sur France Info, le ministre des Transports, Clément Bonne, affirme que ce projet est spécifique.
05:48 Parce que plus avancé, il y a eu des règles et des procédures.
05:51 Et à chaque fois, la justice a confirmé ce projet, souligne Clément Bonne.
05:55 La France, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, tous ont commencé à évacuer leurs ressortissants du Soudan.
06:00 Où depuis plus d'une semaine maintenant, les combats font rage entre armées et paramilitaires.
06:05 L'armée de l'air française a évacué 388 personnes entre hier et ce matin, selon le Quai d'Orsay.
06:11 Les dépenses militaires des pays européens n'ont jamais été aussi élevées que depuis la fin de la guerre froide.
06:16 2200 milliards de dollars dans le monde l'année dernière.
06:19 C'est le PIB du Canada, une hausse record, amplifiée par l'invasion russe de l'Ukraine depuis l'année dernière.
06:25 Et puis on est toujours sans nouvelles du pêcheur disparu hier soir,
06:28 emporté par une vague au large de Quiberon, dans le Morbihan.
06:31 Les recherches ont été suspendues dans la soirée.
06:44 – Alex Bouilleguet nous disait il y a quelques instants
06:46 qu'Emmanuel Macron était isolé aujourd'hui politiquement.
06:48 Est-ce qu'il l'est plus, Renaud Delix et ses prédécesseurs qui ont été réélus à l'Élysée ?
06:53 – Ce qui est assez frappant effectivement, quand on jette le coup d'œil dans l'étroviseur,
06:57 c'est qu'on s'aperçoit que, évidemment, les situations ne sont pas exactement les mêmes,
07:01 les individus non plus, les périodes historiques non plus,
07:04 mais que chacun de ces trois prédécesseurs sous la Vème République qui a été réélu,
07:08 en quelque sorte a raté son second mandat.
07:11 Celui d'Emmanuel Macron n'est pas terminé, il lui reste quatre ans évidemment,
07:14 mais en tout cas, ça s'est mal passé.
07:16 Le général de Gaulle est réélu en 1965, derrière on a évidemment mai 68
07:20 et un mandat qui sera même écourté par la démission du général de Gaulle en 69.
07:24 François Mitterrand est réélu en 1988 et haut la main,
07:27 haut la main, au sortir d'une période de cohabitation,
07:29 mais on se souvient à l'époque d'un mot de Lionel Jospin d'ailleurs,
07:32 qui était premier secrétaire du PS, sortant d'ailleurs pour devenir ministre de l'Éducation,
07:36 il avait posé la question en pleine campagne, un second septennat, pourquoi faire ?
07:40 Ce qui avait d'ailleurs semé une certaine consternation,
07:43 enfin provoqué un certain émoi chez les socialistes.
07:45 Mais il posait la vraie question, c'est-à-dire que l'idée de se représenter
07:49 pour conserver le pouvoir, en quelque sorte pour durer,
07:52 ne suffit pas à faire un projet politique.
07:54 C'est aussi peu ou prou ce qui s'est produit avec Emmanuel Macron l'année dernière.
07:57 L'idée de se représenter pour conserver le pouvoir, pour durer
08:01 et pour faire barrage à l'extrême droite ne peut pas suffire à constituer un projet.
08:04 Et c'est aussi la difficulté à laquelle s'est heurté Jacques Chirac,
08:07 réélu dans les conditions qu'on connaît en 2002.
08:10 Et très rapidement, ce second mandat, il y avait eu aussi un très fort mouvement
08:14 d'ailleurs contre une réforme des retraites en 2003.
08:17 Puis ensuite, le référendum perdu de 2005
08:20 et deux dernières années de Jacques Chirac à l'Élysée,
08:22 qui avaient été extrêmement pénibles.
08:24 Il y a une forme de malédiction du second mandat, Ludovic Wigand ?
08:27 Oui, certains pensent ça.
08:28 Et c'est vrai qu'il y a souvent un sentiment d'inutilité à la fin qui se dégage.
08:32 Et c'est contre quoi Emmanuel Macron va s'employer à lutter.
08:35 On le voit bien là, il repart en campagne auprès des Français
08:38 avec un objectif de montrer qu'il peut apporter des solutions,
08:42 qu'il peut engager des chantiers concrets pour répondre aux problèmes des Français.
08:46 À cela, il se heurte, il a pour affronter cela un grand handicap,
08:50 c'est sa majorité relative.
08:52 Et c'est très difficile de faire avancer des projets,
08:55 c'est très difficile d'avoir des projets de loi qui aboutissent
08:58 tels qu'ils ont été présentés au Conseil des ministres.
09:00 Et c'est sûr que ça menace l'épaisseur de son bilan en 2027.
09:03 Alex Bouyagué ?
09:05 Oui, c'est sûr qu'on a un sentiment un petit peu étrange
09:07 dans cette première année d'anniversaire de réélection,
09:09 c'est qu'on a l'impression que son quinquennat commence en fait.
09:11 D'où l'expression "les 100 jours" qu'il a utilisée d'ailleurs.
09:14 Il y a une expression de début de quinquennat.
09:16 Voilà, de début d'état de grâce.
09:17 Et c'est vrai que cette impopularité, elle est massive,
09:20 mais elle n'est pas non plus inédite.
09:22 Jacques Chirac et François Mitterrand,
09:25 elle est inédite dans le sens où à un an de la réélection,
09:30 les autres, ceux qui ont été réélus pour un second mandat,
09:33 les autres étaient quand même plus haut.
09:35 Mais c'est vrai qu'on a connu des présidents très très impopulaires.
09:38 François Hollande qui était à 14% à un moment.
09:41 Il n'avait pas fait de deuxième mandat ?
09:44 Oui, il n'avait pas fait de deuxième mandat.
09:46 Et peut-être qu'on éprouve le début,
09:48 ou ce qui est aujourd'hui, une impopularité structurelle sur les présidents.
09:53 Et c'est vrai qu'on se dit, il reste 4 ans,
09:56 est-ce que ça va être un chemin de croix ou est-ce que ça peut être une renaissance ?
09:58 En tout cas, de mon point de vue,
10:00 il me semble qu'Emmanuel Macron a raison d'aller écouter la colère,
10:03 de s'écoletiner, de ne pas rester bunkérisé à l'Élysée.
10:05 Il y a une anecdote dans votre livre, Ludovic Wigogne,
10:08 on est quelques semaines seulement après l'arrivée,
10:10 ne me regardez pas comme ça quand je vous dis ça, c'est dans votre livre,
10:12 on est quelques semaines après l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée,
10:15 le chef de l'État est dans la tribune, en bas des Champs-Élysées,
10:19 il a assisté au défilé militaire,
10:22 et Pierre Moscovici, le président de la Cour des comptes, lui dit,
10:24 je ne sais plus s'il le tutoie ou s'il le vouvoie,
10:26 il y a un problème dans votre gouvernement que j'ai vu ce jour-là dans la tribune,
10:29 je ne connais personne.
10:31 Et Emmanuel Macron lui répond, c'est fait exprès.
10:33 C'est le lendemain du 14 juillet, effectivement,
10:35 ils ont un entretien et Moscovici lui fait cette remarque-là.
10:38 Pourquoi c'est fait exprès ?
10:40 Je pense que ça montre bien à quel point le système d'Emmanuel Macron
10:43 est complètement autocentré, centralisé autour de lui,
10:47 et qu'après tout, le titulaire du ministère des collectivités locales
10:52 ou du budget, ça a peu d'importance pour lui.
10:56 Ce qui compte c'est lui, c'est sa relation avec les Français,
10:59 évidemment le Premier ministre, mais là encore,
11:01 on a vu qu'il était capable de changer d'avis du jour au lendemain,
11:03 en choisissant au tout début de nommer une femme élu locale,
11:07 issue de la droite, Catherine Vautrin,
11:10 et finalement de choisir une femme issue de la gauche
11:13 et qui a la réputation d'être une techno.
11:15 Et vous racontez dans votre livre que c'était fait,
11:17 que Mme Vautrin est reçue à l'Élysée,
11:19 qu'elle rencontre Brigitte Macron,
11:22 qu'on en est même à discuter de la feuille de route,
11:24 de la fin de son mandat à Matignon, ça devait s'arrêter aux Jeux Olympiques.
11:27 Elle rentre chez elle, et quasiment d'un seul coup de fil,
11:30 elle apprend que finalement ce sera Elisabeth Macron.
11:32 Oui, pendant quatre jours, elle s'est préparée,
11:34 Emmanuel Macron lui a dit le jeudi que c'était son choix,
11:37 ils ont discuté ensemble de l'architecture du gouvernement,
11:39 de ce qu'ils allaient faire, de la manière dont ils allaient travailler.
11:42 Catherine Vautrin a vu Jean Castex pour commencer à préparer la passation des dossiers,
11:46 elle a choisi son directeur de cabinet,
11:48 et le lundi qui suit, Emmanuel Macron lui explique que ça ne passe pas,
11:52 qu'au sein de son entourage, il y a trop d'opposition à sa nomination,
11:56 et il va nommer Elisabeth Bande, sans l'avoir reçue pendant les trois semaines
11:59 qui ont suivi sa réélection, sans avoir discuté avec elle
12:02 de ce qu'ils allaient faire ensemble, ce qui est assez étonnant.
12:04 Renaud Delis.
12:05 D'un point de vue politique, ce qui est très intéressant,
12:06 c'est que l'impasse politique dans laquelle se retrouve aujourd'hui le chef de l'État,
12:08 c'est la même que celle dans laquelle il était au lendemain de sa réélection,
12:10 ou plutôt au lendemain législatif, il y a un an.
12:12 C'est effectivement l'absence de majorité, donc une majorité relative et très loin,
12:16 il manque une quarantaine de sièges pour atteindre la majorité absolue,
12:19 et le refus d'Emmanuel Macron d'entrer dans une logique qui eut été une logique politique
12:23 assez traditionnelle certes, mais assez classique,
12:25 c'est-à-dire d'essayer de passer un accord de gouvernement avec le parti
12:29 et le groupe susceptible justement de conforter cette majorité.
12:32 C'était qui ? C'était évidemment LR, les Républicains, c'était la droite,
12:35 c'est d'ailleurs ce que Nicolas Sarkozy plaidait, il plaidait dans ce sens-là.
12:39 Il ne l'a pas voulu, pour de multiples raisons, ni Emmanuel Macron,
12:42 ni la droite, il y a un an, en tout cas une bonne partie de la droite,
12:44 et aujourd'hui c'est exactement la même situation, parce qu'une majorité relative,
12:47 ce n'est pas la première fois, François Mitterrand aussi avait une majorité relative en 1988,
12:51 sauf qu'il manquait une quinzaine de sièges.
12:53 C'était, entre guillemets, beaucoup plus facile de gérer.
12:55 Là on le voit bien, depuis un an c'est extrêmement compliqué,
12:58 ça l'a été sur la réforme des retraites, et en même temps, depuis un an,
13:02 on a vu aussi, depuis le début de cette réélection,
13:04 que le fameux "en même temps" qui était supposé avoir gouverné en quelque sorte
13:08 les premiers mandats, s'est effrité au profit d'une inflexion de plus en plus à droite
13:13 de la pratique gouvernementale et du cours politique d'Emmanuel Macron.
13:17 Donc la logique serait qu'elle aboutisse, cette pratique, à la conclusion de cet accord,
13:22 et on voit bien qu'aujourd'hui encore, c'est impossible pour des tas de raisons,
13:26 et d'où l'impasse politique et les très faibles marges de manœuvre du chef de l'État.
13:29 – Il y a un texte notamment, pour lequel le gouvernement aura probablement besoin
13:33 des voix de la droite, c'est la loi sur l'immigration, on va en parler,
13:36 si vous voulez bien, dans une minute, Alex Bouillaguet de France Info,
13:39 Ludovic Wigand de l'Opinion, Renaud Dely.
13:41 Vous restez avec nous, le fil info 9h20, Sophie Echelle.
13:43 [Générique]
13:44 – Près de 2000 policiers et gendarmes, toujours mobilisés à Mayotte,
13:47 où l'opération "Wambushu" est imminente opération,
13:50 qui a pour but de déloger des migrants en situation irrégulière
13:53 des bidonvilles du petit archipel et de les expulser.
13:56 Le DAL, le droit au logement, dénonce une opération brutale et anti-pauvre.
14:00 Le sommet de la mer du Nord a hostant dans Belgique, aujourd'hui,
14:03 9 pays dont la France et l'Allemagne réunis pour donner une impulsion
14:07 au développement de l'éolien en mer, alors qu'une dizaine de parcs
14:10 sont en construction en ce moment en France, avec une mise en œuvre prévue d'ici 2030.
14:15 Un an pile après sa réélection, Emmanuel Macron s'exprime longuement
14:18 dans "Le Parisien aujourd'hui en France", le chef de l'État aurait dû plus se mouiller
14:22 pour défendre sa réforme des retraites, ce sont ses mots.
14:25 Et puis Alexis Michalik, en chef d'orchestre de la nuit des Molières,
14:28 ce soir 34e édition de la cérémonie qui met à l'honneur le théâtre français,
14:32 la CGT spectacle prévoit un comité d'accueil à la ministre de la Culture.
14:36 Et revoilà donc la loi immigration Renaud Delis.
14:50 Et oui parce qu'Emmanuel Macron a changé d'avis très clairement au moment du déclenchement
14:53 du 49.3 sur la réforme des retraites, l'exécutif s'était interrogé sur la loi immigration
14:58 qui était avancée par le gouvernement préalablement.
15:01 Emmanuel Macron lui-même le 22 mars avait indiqué qu'il penchait désormais
15:05 pour que ce texte soit découpé en texte plus court, en l'occurrence on parlait
15:09 de saucissonnage, saucissonner d'un côté le volet répressif et de l'autre côté
15:13 le volet qui vise à mieux intégrer les étrangers qui vivent dans notre pays.
15:17 Saucissonnage auquel s'est opposé Gérard Larcher notamment.
15:21 Résultat, Emmanuel Macron dit ce matin dans les colonnes du "Parisien aujourd'hui en France"
15:25 qu'il veut un seul texte, une loi efficace et juste.
15:28 Pourquoi ? Voici ce qu'en disait sur France Info vendredi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
15:33 La France a besoin de textes, un texte fort sur l'immigration parce que le ministre de l'Intérieur
15:38 n'a pas les moyens légaux d'appliquer ce que souhaitent les Français,
15:42 c'est-à-dire la fermeté envers les étrangers délinquants, plus fort sur l'intégration
15:46 pour que tous les étrangers puissent parler français sinon ils n'ont pas de papier
15:50 et par ailleurs puissent intégrer ceux qui sont sur notre sol mais qui n'ont pas eu de papier.
15:54 Moi je souhaite que ce texte soit présenté devant le Parlement.
15:57 Le plus rapidement possible.
15:59 Alors pourquoi un seul texte et peut-il y avoir une majorité au Parlement
16:03 qui soutienne le gouvernement ?
16:05 Alex Boyagué ?
16:06 Pourquoi un seul texte ? Parce que là aussi on retrouve les volte-faces
16:09 toujours d'Emmanuel Macron sur la réforme des retraites,
16:13 et à nouveau un changement de cap,
16:16 parce que pour pouvoir incarner quelque chose de beaucoup plus clair comme message.
16:22 Jusqu'à présent c'est vrai que sur cette réforme, l'immigration,
16:26 on a retrouvé et en même temps un volet inclusif qui parle plus à la gauche,
16:32 et un volet...
16:33 La régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension par exemple.
16:35 Exactement, et quelque chose de plus ferme qui plairait à la droite.
16:38 Or la droite elle a d'entrée de jeu dit "nous les titres de séjour pour les métiers en tension, on n'en veut pas".
16:44 Donc déjà c'était quand même assez mal parti pour trouver une majorité.
16:47 D'où au départ l'idée de découper.
16:50 Aujourd'hui, beaucoup d'ailleurs les ministres de droite qui ont poussé pour cette méthode
16:54 c'est de dire "on va prendre l'opinion à témoin,
16:58 être extrêmement clair sur le message qu'on veut envoyer,
17:02 cet texte de loi il doit être résumé en une phrase voire même en un mot".
17:05 Et il a donc été décidé que ce texte de loi, le mot qui l'incarnerait ce serait la fermeté.
17:10 Et avec cette lisibilité sur ce texte,
17:13 ils se disent "on va prendre à témoin les républicains,
17:16 on ne va pas les traiter particulièrement parce qu'on sait qu'ils sont ingérables
17:19 et qu'ils nous dupent quand même régulièrement,
17:22 on va aller au bout de leurs idées et à l'arrivée on soumettra au vote et on verra bien".
17:27 – Ludovic Wigoni.
17:28 – Alors là on est parti pour un feuilleton à l'issue vraiment imprévisible,
17:31 parce qu'effectivement aujourd'hui on ne voit pas bien quelle majorité il y a sur le papier
17:35 pour adopter cette loi immigration.
17:37 La semaine dernière, lundi dernier, quand Emmanuel Macron a fait une réunion
17:40 avec ses ministres à la veille de son allocution pour décider un peu ce qu'il allait dire,
17:46 il leur avait fixé comme objectif de lui proposer une semaine plus tard
17:50 une issue sur cette loi immigration, de lui expliquer, de lui montrer, démontrer
17:54 qu'il y aurait une voie de passage.
17:56 Visiblement il a estimé qu'il y en avait une, puisqu'aujourd'hui il l'annonce dans Le Parisien,
18:00 mais ce n'est pas du tout évident, il y a deux fronts effectivement,
18:03 il y a d'abord le front des républicains qui, dès le début, a décidé de ne pas faire de cadeau
18:08 sur ce texte-là, et c'est sûr qu'ils vont vouloir le texte le plus dur possible.
18:12 Le gouvernement Gérald Darmanin peut être tenté de leur donner satisfaction,
18:16 mais à l'arrivée, on l'a bien vu sur les retraites,
18:18 rien ne garantira qu'ils le voteront et permettront à ce texte de passer.
18:22 Et puis ensuite il y a un aspect majoritaire aussi,
18:24 parce que l'immigration depuis 2017, c'est le sujet qui enflamme la Macronie,
18:28 et ça n'a pas cessé avec la réélection.
18:30 - Parce que c'est là où les fissures...
18:32 - Exactement, où les ailes gauche, droite se sentent le plus.
18:35 Et donc si le texte est trop dur, si le texte est trop répressif,
18:39 il est possible qu'il y ait une partie de l'aile gauche de la majorité qui ne suive pas.
18:42 Et donc ça va être pour Gérald Darmanin notamment un sacré défi.
18:46 - Renaud Delis, dans cet entretien avec l'électeur du Parisien Aujourd'hui en France,
18:49 Emmanuel Macron ne cite pas le volet des papiers pour les sans-papiers
18:55 qui travaillent dans des métiers en tension.
18:57 Est-ce que ça peut être un oubli de la part du chef de l'État,
19:00 ou est-ce que ça veut dire que cette mesure pourrait être enlevée du projet de loi ?
19:04 - Est-ce que ce serait freudien en quelque sorte ?
19:06 Est-ce que ce serait un oubli qui relève d'un oubli intentionnel ?
19:10 Un oubli lourd de sens, c'est probable.
19:13 En tout cas, alors qu'il est, et on entendait le ministre des Transports Clément Bonny,
19:17 celui de l'aile gauche de la majorité il y a quelques minutes ici même,
19:21 alors qu'il est ce volet fait partie du projet de loi,
19:25 il semble difficile qu'il soit carrément supprimé.
19:29 Le fait que le projet de loi balance d'un côté, ça se verrait un peu trop si j'ose dire.
19:35 Ce qui est intéressant, c'est qu'en ce moment du côté de l'exécutif,
19:37 on multiplie les études, les estimations pour expliquer,
19:42 en particulier à droite, que ça ne concernerait que très peu de personnes.
19:44 La dernière estimation en date, c'est de l'ordre de 7000 étrangers en situation irrégulière
19:50 qui seraient régularisés grâce à ce titre de séjour pour métier dit en tension.
19:54 Et il y a un certain nombre de bornes, déjà, de limites qui ont été posées préalablement.
20:00 D'ailleurs, ce titre de séjour ne serait valable qu'un an,
20:03 la reconduction ne serait pas du tout automatique.
20:05 Si jamais le titulaire changeait de métier, justement, ça pourrait être remis en cause.
20:11 Donc, on voit bien que c'est clairement sur ce volet fermeté qu'évoquait Ludovic Guigogne
20:18 que penche ce texte.
20:19 C'est là que le gouvernement va chercher du renfort du côté de LR,
20:24 avec le risque de se mettre dans la main d'une droite
20:26 qui va être sûrement tentée de sur-enchérir,
20:28 par exemple sur le ME, la fameuse "l'aide médicale d'État".
20:31 On sait que ce sont des sujets, en plus de surcroît,
20:34 ce sont des sujets qui, à priori, j'allais dire, "plaisent" à Éric Ciotti,
20:37 le patron de LR, donc il peut aussi s'en donner à cœur joie
20:40 pour faire monter les enchères.
20:41 Dernier inconnu, évidemment, le 49.3.
20:43 On sait qu'Elisabeth Borne s'est lié les mains en disant
20:45 qu'elle ne l'utiliserait pas pour un autre texte qu'un texte budgétaire.
20:49 Ce n'est pas la position ni d'Emmanuel Macron, ni de Gérald Darmanin, par contre.
20:53 Donc faudrait-il éventuellement, d'ailleurs, changer de Premier ministre
20:56 pour faire passer ce texte ?
20:57 C'est une question qui peut se poser.
20:58 – Alex Bouillaguet, si vous êtes capable de conclure en 30 secondes,
21:00 je vous donne la parole, sinon non.
21:01 – Il a dit mieux que moi ce que je compte dire.
21:05 C'est-à-dire qu'effectivement, que l'Élysée en a été assez agacée
21:08 du fait qu'Elisabeth Borne ferme la porte à ce 49.3
21:12 parce que je pense qu'il l'aurait éventuellement utilisée.
21:15 Et non seulement l'Élysée, mais les ministres de droite,
21:18 Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, tous en coulisses,
21:21 disent que c'était un petit peu une bêtise.
21:23 – Merci à tous les trois, Alex Bouillaguet, France Info, Canal 27,
21:26 Renaud Delis, Ludovic Wigogne.
21:27 On vous lit dans l'Opinion en librairie également avec ce livre
21:31 "Les 100 jours", 100 S A N S, "Macron, les secrets d'un passage à vide"
21:35 aux éditions Bouquins. Les informés reviennent ce soir 20h
21:38 avec Jean-François Ackilly. D'ici là, très belle journée à tous.
21:41 [Musique]

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