Les informés du matin du mercredi 4 octobre 2023

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00:00 Bienvenue dans Les Informés, votre émission de décryptage de l'actualité en direct jusqu'à 9h30 sur France Info avec Renaud Delis.
00:14 Bonjour Renaud. - Bonjour, salut.
00:16 Et ce matin, nous avons le plaisir d'accueillir sur le plateau des informés Valérie Hacot,
00:19 chef adjointe du service politique du Parisien Aujourd'hui en France et Adrien Beck,
00:23 chef adjoint du service politique de France Info.
00:26 Bienvenue à tous les deux. Renaud, on célèbre aujourd'hui le 65e anniversaire de la Ve République.
00:31 Eh oui, 65 ans. Et pour l'occasion, c'est donc Emmanuel Macron qui va aller souffler le gâteau
00:36 en prononçant un discours devant le Conseil constitutionnel.
00:41 Ces derniers mois, ces dernières années, même encore ces tout derniers jours,
00:45 le chef de l'État a évoqué plusieurs sujets qui pourraient nécessiter une réforme de la Constitution.
00:52 Par exemple, la semaine dernière, le tout dernier en date, l'inscription de la Corse dans la Constitution.
00:57 Voici ce qu'en disait Emmanuel Macron la semaine dernière à Ajaccio.
01:00 Pour ancrer pleinement la Corse dans la République et reconnaître la singularité,
01:07 son insularité méditerranéenne, nous devons avancer.
01:10 Je suis favorable à ce que les spécificités de la communauté insulaire corse
01:16 soient reconnues dans la Constitution au sein d'un article propre,
01:20 celle d'une communauté insulaire, historique, linguistique et culturelle.
01:26 Modifier le statut de la Corse, donc changer la Constitution pour le faire,
01:30 mais aussi d'ailleurs le statut de la Nouvelle-Calédonie
01:32 ou encore inscrire l'IVG dans la Constitution.
01:35 Et puis aussi d'ailleurs une autre hypothèse dans le parcours, les couloirs de l'exécutif,
01:40 celle de changer, de modifier, d'élargir le champ du référendum.
01:43 C'est un sujet qu'Emmanuel Macron avait abordé lors des rencontres de Saint-Denis,
01:47 lorsqu'il avait débattu pendant de longues heures avec les chefs de parti.
01:52 Et pourtant, depuis déjà le début de son premier quinquennat,
01:55 toutes les velléités de toucher à la Constitution avancée par Emmanuel Macron
02:00 finalement ont échoué.
02:01 Est-ce qu'aujourd'hui, il va donner le coup d'envoi d'une véritable réforme de la Constitution,
02:06 peut-être d'ailleurs touchant à l'extension, pardon,
02:10 l'élargissement du champ du référendum au sujet sociétaux ?
02:14 - Adrien Beck, qu'est-ce qu'il faut attendre du discours du président aujourd'hui ?
02:16 - Eh bien en tout cas, il faut attendre, peut-être qu'il éclaircisse ce qu'il compte faire,
02:22 parce que comme vient de l'évoquer Renaud, le programme est assez roboratif
02:27 entre la Nouvelle-Calédonie, la Corse, l'IVG,
02:30 peut-être de la décentralisation, peut-être l'élargissement.
02:32 - Ça part dans tous les sens.
02:34 - Je n'irai peut-être pas jusque là, mais en tout cas, ce qu'il faut quand même comprendre,
02:37 c'est qu'il y a un sujet qui est quasiment un passage obligé,
02:42 c'est la révision concernant la Nouvelle-Calédonie,
02:44 parce qu'on évoque non pas une, mais deux révisions constitutionnelles possibles.
02:49 Je ne sais pas si les deux auront lieu, mais en tout cas, les deux sont possibles.
02:52 Donc en tout cas, il doit essayer de clarifier cela,
02:54 essayer de clarifier sur quel chemin il veut avancer, vers quoi, avec qui,
02:58 parce que je rappelle les règles, c'est un vote conforme dans les deux assemblées,
03:03 puis ou vote au 3/5e du Parlement ou référendum.
03:07 Autant dire que le programme est chargé et que ce soit en 2017, puis 2018 et 2019,
03:13 Emmanuel Macron n'avait jamais réussi à trouver une majorité.
03:15 2019, la loi constitutionnelle n'avait même pas été présentée au Parlement.
03:20 - Valérie Acault, il doit bien choisir son sujet pour changer la constitution, Emmanuel Macron.
03:25 - Oui, il va falloir qu'il fasse un choix, clairement,
03:27 parce que vu la pléthore de sujets qu'il y a à l'heure actuelle,
03:29 surtout que l'objectif quand même de cette réforme constitutionnelle,
03:33 c'est de retisser un lien avec les Français,
03:35 que les Français soient plus en phase avec leurs institutions.
03:38 Alors, donc, il va falloir effectivement trouver le bon sujet, le bon véhicule.
03:43 Vous évoquiez effectivement la modification de l'article 11.
03:46 L'article 11, c'est ce qui définit le champ, exactement.
03:50 Et donc, pour l'instant, c'est quand même assez restreint.
03:53 C'est sur des questions économiques, sociales, de services publics.
03:58 Là, l'objectif, ce serait peut-être de l'élargir à des sujets sociétaux
04:02 et notamment avec une arrière-pensée politique, mais c'est peut-être piégeux.
04:05 L'arrière-pensée politique, c'est le texte sur l'immigration qui va arriver.
04:09 C'est une volonté de la droite et de l'extrême droite
04:10 d'avoir un référendum sur l'immigration.
04:12 Il a donné des signaux pour dire que ça pourrait arriver,
04:15 que ça pourrait être soumis à un référendum auprès des Français.
04:19 Mais c'est quand même un sujet très délicat
04:20 et c'est très dangereux sur le plan politique de se lancer là-dedans.
04:23 Réformer la constitution, oui, mais alors sur quoi en particulier ?
04:26 Renaud Delis, vous nous direz tout à l'heure ce que vous en pensez,
04:28 juste après le Fil info à 9h10 de Mathilde Romagnon.
04:33 Il y a une colère qui est énorme dans le pays
04:36 parce que le travail permet de moins en moins de vivre.
04:38 Déclaration ce matin de Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT,
04:42 a été l'invitée du 8.30 France Info à quelques jours de la conférence sociale,
04:46 une rencontre sur les salaires entre la Première ministre
04:49 et les organisations patronales et syndicales.
04:52 Des outils pour limiter les tensions sur les médicaments,
04:55 c'est le but du plan hivernal de la NSM.
04:58 L'Agence nationale du médicament veut éviter le manque d'amoxycyline
05:02 ou de paracétamol par exemple comme l'hiver dernier.
05:05 Désormais, la prescription antibiotique ne sera faite que quand c'est strictement nécessaire.
05:12 Les Français perdent un précieux compagnon,
05:14 réagit ce matin la ministre de la Culture, Rima Abdoulmalak,
05:18 après la mort de Jean-Pierre Elkabach,
05:20 la journaliste politique avec 86 ans et 60 ans de carrière derrière lui,
05:25 un monstre sacré du journalisme français, salue ce matin Emmanuel Macron.
05:30 Et puis l'exploit de Lens hier soir en Ligue des champions de football,
05:34 les 100 et or ont battu Arsenal 2 buts à 1.
05:36 Ce soir, le PSG affronte Newcastle à 21h pour son deuxième match en Coupe d'Europe.
05:42 De retour sur plateau désinformé avec Valérie Acau,
05:55 chef adjoint du service politique du Parisien aujourd'hui en France,
05:58 Adrien Beck, chef adjoint du service politique de France Info
06:01 et Renaud Delis, on le disait juste avant le Fil info,
06:04 Emmanuel Macron cherche un moyen de réformer la Constitution.
06:08 Il tient un discours cet après-midi.
06:10 Réformer la Constitution, oui, c'est ce que veut la droite et l'extrême droite,
06:13 notamment sur l'immigration.
06:14 Sur l'immigration, effectivement, c'est une demande de la droite et de l'extrême droite,
06:17 une demande d'ailleurs étrangement similaire des deux côtés.
06:20 On sait que sur ce sujet-là, la droite et l'extrême droite sont désormais sur la même ligne,
06:24 très clairement, sur cette demande d'étendre le champ du référendum.
06:28 Comme le disait Valérie Acau, il faut modifier l'article 11 qui porte effectivement
06:31 sur les sujets de l'organisation territoriale, les sujets économiques, sociaux,
06:35 environnementaux, mais aussi les traités internationaux.
06:37 D'ailleurs, en fait, quand on regarde cette demande-là,
06:40 cette hypothèse-là, elle est dans l'air du temps depuis près de 40 ans.
06:46 François Mitterrand en 1984, et oui, ça ne nous rajeunit pas, Adrien Beck,
06:49 je vois que vous vous souvenez quand même de François Mitterrand.
06:52 François Mitterrand en 1984, lorsqu'il était pris dans le mouvement
06:56 de les manifestations de l'école privée pour retirer à l'époque le projet de loi Savary,
07:01 la droite réclamait un référendum et François Mitterrand à l'époque
07:05 avait lancé une sorte de rideau de fumée en disant,
07:08 en évoquant l'hypothèse de faire un référendum sur le référendum,
07:10 c'est-à-dire un référendum pour modifier le champ d'application justement
07:13 et pouvoir consulter les Français sur des sujets sociétaux.
07:16 Ça avait été une façon pour lui de sortir de cette crise à l'époque.
07:19 Depuis, les présidents de la République successifs ont parfois évoqué cette hypothèse
07:25 de pouvoir consulter les Français davantage sur des sujets sociétaux.
07:29 Et on sait évidemment que cette hypothèse, cette demande,
07:32 elle a rejailli avec plus de force encore dans la foulée du mouvement des Gilets jaunes,
07:37 lesquels réclamaient eux un RIC, le référendum d'initiative citoyenne.
07:42 Le problème du référendum, c'est qu'il a été en quelque sorte flingué,
07:46 si j'ose dire, passez-moi l'expression, par Jacques Chirac en 2005.
07:48 C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de référendum organisé depuis l'échec du chef de l'État de l'époque,
07:55 Jacques Chirac, sur la Constitution européenne en 2005.
07:59 Et ça a été quand même une rude leçon.
08:01 Et les successeurs de Jacques Chirac mesurent le piège, toujours,
08:06 la difficulté de remporter un référendum,
08:08 de surcroît sur un sujet aussi explosif que celui de l'immigration.
08:11 Donc, je ne suis pas persuadé qu'Emmanuel Macron soit très pressé de faire passer cette réforme,
08:18 même s'il va probablement l'évoquer, évoquer peut-être une forme de souveraineté populaire à respecter davantage.
08:24 Ça, ça devrait être dans son discours d'aujourd'hui.
08:25 – Adrien Becq.
08:26 – Permettez-moi simplement d'avoir un petit bémol sur le référendum,
08:29 qui est effectivement peut-être parfois dévoyé,
08:34 mais peut quand même être un instrument qui peut être utile
08:37 et surtout qui est par ailleurs quand même assez demandé par les Français.
08:40 Qu'Emmanuel Macron a promis d'utiliser,
08:43 il l'a dit pas plus tard que cet été dans son interview au Point.
08:48 Ensuite, là vous avez tout à fait raison,
08:50 c'est que là il parle d'élargir le champ du référendum.
08:53 En 2019, post-Gilets jaunes, il parlait d'une facilitation du référendum d'initiative partagée.
08:58 Vous savez ce référendum où il faut des signataires citoyens et des parlementaires.
09:03 Ça n'est jamais venu non plus.
09:04 Donc, à un moment donné, il faut aussi faire très attention à ce que les promesses,
09:10 les volontés de révision constitutionnelle, de facilitation, de renouveau démocratique,
09:16 qui sont en permanence, j'allais dire, battus en brèche,
09:19 ne conduisent pas à l'effet inverse de ce que le chef de l'État voudrait,
09:24 c'est-à-dire tenter de revivifier la démocratie.
09:26 Ne pas parler en l'air, bien choisir le sujet de son référendum
09:31 et surtout écouter les Français à l'issue de ce résultat.
09:34 C'est la difficulté, Valérie Racot.
09:35 C'est la vraie difficulté.
09:36 D'ailleurs, à ce sujet, les macronistes ont eu aussi quelques pistes de réflexion.
09:41 C'est Olivier Véran, et notamment, et pas que lui,
09:44 qui suggérait à une période de faire des référendums à choix multiples.
09:47 Des préférendums.
09:48 Voilà, des préférendums.
09:49 C'est le truc qui vous évite effectivement la réponse oui/non et non,
09:52 voilà, gros désaveu, ce qui ne va pas très très bien.
09:55 Alors, j'ai l'impression que ce n'est plus exactement la solution qui tient la corde,
09:59 mais ils y pensaient honnêtement en se disant comme ça, ça met effectivement moins mal à l'aise.
10:04 Ensuite, est-ce que c'est vraiment la réponse à tout, le référendum,
10:07 pour sortir effectivement du malaise qu'il y a dans ce pays ?
10:09 Ce n'est pas forcément acquis,
10:11 ce n'est peut-être pas forcément ce que veulent vraiment les Français,
10:13 c'est difficile à évaluer.
10:14 Et comme vous le dites depuis tout à l'heure, il faut vraiment bien choisir son sujet.
10:17 On peut avoir un doute sur la participation des Français quand on organise un référendum ?
10:21 Ça dépend du moment, ça dépend du sujet,
10:23 puis ça dépend de la popularité du chef de l'État en place.
10:25 En règle générale, c'est vrai que le plus souvent,
10:27 les Français sauvent sur des référendums très techniques, très consensuels.
10:31 En 1988, il y en avait eu un sur la Nouvelle-Calédonie,
10:33 mais la participation était extrêmement faible.
10:35 Mais souvent, les Français qui se déplacent pour aller voter un référendum
10:38 ne le font pas forcément vraiment…
10:42 Ils répondent à la question, je ne veux pas sembler mépriser
10:46 l'intérêt des électeurs pour le sujet,
10:49 mais il n'empêche que le contexte politique, évidemment, pèse.
10:53 Et c'est d'abord l'impopularité de Jacques Chirac en 2005
10:56 qui avait largement plombé,
10:58 et puis les divisions, y compris dans son propre camp d'ailleurs,
11:00 qui avait largement plombé la Constitution européenne de 2005,
11:03 comme en 1992, le traité de Maastricht.
11:05 La ratification du traité de Maastricht n'avait été approuvée qu'à 51% des voix
11:09 parce qu'à l'époque, François Mitterrand, lui-même,
11:11 souffrait d'une impopularité qui avait nuit au référendum.
11:14 Donc on sait bien qu'il y a toujours un contexte qui pèse fortement,
11:19 et au-delà même du référendum et de la consultation systématique
11:22 qui n'est pas forcément, effectivement, la panacée.
11:24 Je crois que c'est au-delà de ça,
11:26 la légitimité de nos représentants, des corps intermédiaires,
11:31 donc tout ce qui participe de la démocratie parlementaire
11:33 qui est aujourd'hui abîmée pour des tas de raisons
11:35 et qui nécessiterait d'être restaurée, cette démocratie parlementaire.
11:39 Et on voit bien que toucher au champ du référendum
11:43 ne suffirait pas à rénover notre démocratie.
11:47 Et d'ailleurs, toutes les initiatives qui ont été prises ces dernières années,
11:50 qu'il s'agisse de la Convention citoyenne,
11:52 qu'il s'agisse du Grand Débat, etc.
11:55 ont parfois, alors qu'elles étaient censées relancer,
11:58 justement, permettre de consulter davantage les Français,
12:01 elles ont aussi parfois, par une forme d'effet pervers,
12:03 contribué à affaiblir un peu plus la démocratie parlementaire et ses représentants.
12:07 – Adrien Becq ?
12:08 – D'un mot pour être très prosaïque, je le disais en introduction,
12:11 il y a le sujet de l'adoption d'abord du projet référendaire,
12:15 du projet de révision constitutionnelle,
12:18 et ensuite de son adoption définitive, donc par les 3/5e.
12:23 Je rappelle quand même qu'Emmanuel Macron n'a pas de majorité absolue à l'Assemblée,
12:27 et là il ne faut pas la majorité, il faut encore plus que la majorité,
12:31 Sénat et Assemblée comprises.
12:33 Donc l'Élysée évacue le problème en disant de toute façon
12:35 il s'agit d'aller chercher dans tous les cas des voies au-delà des clivages habituels,
12:39 ce n'est pas si évident.
12:41 Rappelez-vous qu'en 2008, la réforme constitutionnelle de Nicolas Sarkozy
12:44 avait été votée à une voix près, une voix socialiste,
12:47 Renaud, je sais que vous savez…
12:48 – Jack Lang !
12:49 – Qui c'est ? Voilà, c'est Jack Lang.
12:51 – J'ai gagné un camembert, on verra après.
12:54 – Mais si je reviens sur la question du référendum sur l'immigration
12:57 qui est voulu par la droite et l'extrême droite,
12:59 il est obligé de s'y plier en fait le président de la République, Valérie Acau,
13:04 pour faire passer son texte, il faut qu'il donne des gages aussi
13:07 à la droite et à l'extrême droite.
13:09 – Il est obligé de leur donner des textes, mais pas forcément un référendum,
13:11 ça ce n'est pas obligatoire.
13:13 – Éric Ciotti, le patron des LR, il tient.
13:15 – Il y tient, mais ce qui n'empêche que ça ne va pas être forcément
13:18 le chemin qu'il va essayer de trouver.
13:20 Ils se sont quand même gardés sous la manche, un 49-3, ce gouvernement,
13:23 qui est toujours utilisable dans la session ordinaire de l'Assemblée nationale.
13:27 Donc on peut très très bien se passer d'un accord politique avec la droite
13:30 si on veut faire passer ce texte, le référendum n'est pas un passage obligé.
13:33 – On voit bien que vu le contexte politique que rappelait Adrien Mac,
13:36 il n'y a même pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale, le chef d'État,
13:39 donc a fortiori il y a des tas de sujets sur lesquels on ne voit pas
13:41 se dessiner une majorité des 3/5e au Parlement
13:44 qui permettrait donc de faire valider en tout cas une réforme constitutionnelle
13:47 qui serait remplacée par le référendum.
13:49 Ce problème-là, il risque de se poser bien avant d'ailleurs
13:52 l'éventuelle extension du champ référendaire sur la question de l'autonomie de la Corse.
13:57 Il n'est pas du tout certain, loin de là, qu'il y ait aujourd'hui
13:59 une majorité des 3/5e au Parlement pour inscrire dans un article spécifique
14:04 les spécificités culturelles, historiques, économiques, sociales de la Corse
14:08 comme l'a promis Emmanuel Macron la semaine dernière.
14:11 Donc il risque de se heurter déjà une ifcle là-dessus,
14:13 et c'est là qu'on voit qu'il y a aussi un jeu de dupe.
14:15 C'est-à-dire que d'un côté on a un chef de l'État qui annonce,
14:18 et c'est risqué politiquement parce que c'est aussi une façon quasiment
14:21 d'afficher son impuissance, mais qui annonce ou qui esquisse
14:25 des réformes constitutionnelles dont il sait qu'il ne pourra pas
14:27 les mener à bien faute de majorité, des 3/5e.
14:31 Et de l'autre côté on a une bonne partie de l'opposition
14:33 qui réclame des référendums par exemple sur l'immigration
14:36 en se doutant bien qu'il y a peu de chances que l'opposition les obtienne.
14:40 Très vite Adrien.
14:41 Un petit mot, c'est aussi d'ailleurs ce que redoutent les élus corse,
14:43 c'est-à-dire qu'Emmanuel Macron promet une révision constitutionnelle
14:45 tout en sachant qu'il ne pourra pas la faire.
14:47 Ah, bon ben on va voir ce qu'il va se passer.
14:49 Dans un instant on va parler des salaires à l'approche de la conférence sociale,
14:53 mais avant à 9h20, c'est le Fil info de Mathilde Romagnon.
14:56 Limiter les dérives sur Internet ou lutter contre le cyberharcèlement
15:01 et les arnaques, ce sont les nombreux objectifs du projet de loi
15:04 visant à sécuriser l'espace numérique.
15:06 Le texte est étudié à partir d'aujourd'hui par les députés à l'Assemblée nationale.
15:10 Au moins 21 personnes sont mortes hier dans un accident de bus
15:14 près de Venise en Italie.
15:16 Un bilan toujours provisoire, le bus est tombé d'un pont et a pris feu.
15:20 Une vingtaine de personnes ont également été blessées.
15:23 Nicolas Sarkozy à nouveau devant les juges.
15:26 L'ancien chef de l'Etat sera encore entendu aujourd'hui
15:29 dans l'enquête sur la rétractation de Ziad Takyeddin.
15:32 L'intermédiaire accusait l'ancien président de financement libyen
15:35 de sa campagne présidentielle de 2007.
15:38 À peine ouvert, déjà saturé, le site de réservation SNCF Connect
15:42 est encombré par un trop grand nombre de visiteurs
15:45 après l'ouverture ce matin des ventes de billets
15:48 pour les fêtes de fin d'année.
15:50 La SNCF évoque une affluence exceptionnelle
15:52 et assure que ses équipes sont mobilisées
15:55 pour rétablir dès que possible un service de qualité.
15:59 France Info
16:02 Les informés. Renaud Delis, Saliha Brakia.
16:07 Toujours avec Valérie Hacot, chef adjointe du service politique du Parisien
16:13 aujourd'hui en France. Adrien Beck, chef adjoint du service politique de France Info.
16:17 Et Renaud, on parle maintenant des salaires puisque ça va être le principal sujet
16:20 de la prochaine conférence sociale.
16:22 Conférence sociale qui est programmée le 16 octobre prochain au CESE,
16:25 au Conseil économique, social et environnemental à Paris.
16:29 Toute la journée, en l'occurrence,
16:32 Elisabeth Borne recevra l'ensemble des organisations syndicales et patronales.
16:36 Et d'ailleurs, elle va faire un premier tour de piste
16:38 en les rencontrant une par une à partir de la semaine prochaine.
16:42 Les salaires, vous le disiez, les carrières aussi au menu de cette conférence sociale
16:46 que finalement Emmanuel Macron s'est donc résolu
16:49 alors qu'il ne le souhaitait pas au départ à convoquer.
16:52 Est-ce que tous les syndicats iront à ce rendez-vous et pour faire quoi ?
16:56 Eh bien voici la réponse de Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT,
16:59 qui était votre invitée il y a quelques minutes.
17:01 Nous, on ira à cette conférence sociale pour parler de tous les salaires
17:05 parce qu'évidemment, il y a un problème de bas salaire,
17:07 mais il y a un problème de tassement général des salaires.
17:10 Et si on regarde cette année, les salaires en euros constants ont baissé
17:14 parce que les prix ont augmenté plus vite.
17:16 Et ils ont baissé encore plus vite pour les cadres que pour les ouvriers employés
17:20 parce que c'est tous les salaires qui se tassent en fait.
17:22 Et c'est ça le problème aujourd'hui, c'est que les qualifications ne sont plus reconnues.
17:26 Et voilà, le problème des bas salaires, mais pas seulement, celui des cadres aussi,
17:29 évoque la secrétaire générale de la CGT.
17:31 Bref, la question salariale évidemment au cœur de cette rencontre,
17:35 est-ce que le gouvernement a des outils pour répondre aux attentes des syndicats
17:39 et est-ce qu'il peut, en quelque sorte, tordre le bras d'ailleurs au patronat
17:43 pour que celui-ci accède à ses revendications ?
17:45 Adrien Bec ?
17:46 Il y a toujours une double crainte de la part du gouvernement.
17:49 La première, c'est la plus évidente, c'est que des hausses globales de salaires
17:53 continuent à alimenter l'inflation.
17:55 On peut certains économistes...
17:57 Ce qu'on appelle la spirale inflationniste.
17:58 Voilà, y compris d'ailleurs, certains disent que ce n'est pas forcément valable.
18:01 Ensuite, il y a une deuxième crainte qui est assez prosaïque et assez directe,
18:06 c'est aussi l'augmentation du coût du travail,
18:08 ce que le gouvernement s'est toujours refusé à faire.
18:10 Et donc entraînant, c'est ce que dit Bruno Le Maire en permanence,
18:13 entraînant moins d'embauches et aussi plus de suppressions de postes,
18:18 donc plus de chômage.
18:19 Donc c'est toujours cette équation très difficile à trouver.
18:21 Jusqu'ici, le gouvernement a toujours incité les entreprises qui le peuvent,
18:24 ce sont les mots que vous connaissez bien vous-même,
18:27 J'écoutais par cœur avec Bruno Le Maire.
18:29 du gouvernement pour inciter les entreprises à augmenter les salaires.
18:32 La réalité est que globalement, tout n'est pas global,
18:35 mais globalement, les salaires n'ont pas augmenté au niveau de l'inflation.
18:38 Donc, faire une conférence sociale sur les salaires va quand même forcément
18:42 conduire chacun à se dire "Et moi, mon salaire a-t-il augmenté ou pas ?"
18:46 Donc, il va falloir, ou en tout cas, le gouvernement prend le risque,
18:50 que ce sujet revienne encore plus sur le devant de la scène avec cette conférence sociale.
18:54 Valérie Riaco, est-ce que le gouvernement a les moyens de faire pression
18:57 sur le patronat pour gratter des augmentations salariales ?
19:00 Ils peuvent toujours, mais déjà, les relations avec le patronat ne sont plus au beau fixe.
19:04 On a vu notamment Patrick Martin, le nouveau patron du Medef,
19:08 qui a déclaré que la lune de miel avec le gouvernement s'était terminée,
19:12 parce qu'il y a quand même des petits sujets de tension,
19:15 notamment le plus récent avec l'Unedic, les ponctions dans les excédents de l'Unedic,
19:20 qui ne font vraiment pas plaisir au Medef.
19:22 La volonté du gouvernement de ponctionner l'Unedic pour pouvoir financer d'autres politiques.
19:25 Voilà, ce qu'ils font aussi avec Agir Carcos, qui n'est pas non plus du goût des partenaires sociaux.
19:29 Et les petites retraites.
19:30 Exactement, ça, ils n'aiment pas du tout.
19:31 Donc, il y a pas mal de sujets de crispation, notamment avec le Medef,
19:34 qui d'ailleurs a même dit à un moment, enfin, ils vont y aller,
19:37 mais qu'à laisser entendre, on n'est pas sûr de mettre les pieds à cette conférence sociale.
19:41 Alors ensuite, il y a des solutions qui sont proposées par la CFDT,
19:44 qui préconisent, parce que cette conférence sociale doit quand même porter plutôt sur les bas salaires,
19:48 plutôt en dessous du SMIC, parce que c'est un vrai problème.
19:50 Il y a 151 branches et 80 branches qui ont des salaires en dessous du SMIC, quand même, dans ce pays.
19:55 C'est quand même un vrai sujet.
19:57 Et donc, parmi les solutions qu'on a entendues, c'est notamment la solution de la CFDT,
20:00 qui serait de priver d'exonération fiscale, sociale, les entreprises,
20:05 qui continueraient à avoir des salaires en dessous du SMIC.
20:08 Donc, ça, c'est une des solutions, mais le gouvernement n'a pas dit qu'il irait sur ce terrain-là.
20:11 Il ne faut pas non plus envenimer trop la situation avec les entreprises et avec le MEDEF.
20:15 Renaud Delis ?
20:16 Là, c'est très clairement un valérien de la cohésion.
20:18 C'est vraiment une question de choix politique, de choix et de volonté politique.
20:21 Or, ce contexte, le contexte économique qu'on connaît aujourd'hui, c'est-à-dire d'un côté,
20:25 en France, une situation pas de plein emploi, mais en tout cas, une situation où le marché de l'emploi
20:29 se porte bien, en quelque sorte, puisqu'on a un peu plus de 7%, je crois, de taux de chômage de la population active,
20:35 une période de forte inflation.
20:37 C'est évidemment dans ce contexte-là que les revendications salariales se font entendre légitimement,
20:41 parce qu'effectivement, il y a une perte de pouvoir d'achat, et d'abord, pour les bas salaires,
20:44 a fortiori, ceux qui, effectivement, sont en dessous du SMIC.
20:48 Donc, dès lors qu'Emmanuel Macron a fini par se résoudre à convoquer cette conférence sociale,
20:52 il l'a annoncé lors des rencontres de Saint-Denis à la fin du mois d'août,
20:55 en dialoguant avec les chefs de parti, rappelant que c'était une demande...
20:57 D'ailleurs, il l'a annoncé sans forcément prévenir les partenaires sociaux.
21:01 Oui, c'est vrai.
21:02 C'est la particularité.
21:03 D'ailleurs, c'est vrai.
21:04 Je crois que la plupart d'entre eux y étaient favorables, parce que c'était quand même une demande de la CFDT de très longue date.
21:08 Laurent Berger l'a réclamée de très longue date, toujours en vain.
21:11 Maintenant, il l'a fait.
21:13 Ça ne peut pas être juste un pied-à-lait pour gagner du temps, justement.
21:16 Et c'est vrai que la CFDT, comme souvent, a appuyé là où ça fait mal,
21:20 c'est-à-dire que l'idée de conditionner, de remettre en cause certaines exonérations de cotisations
21:25 envers les chefs d'entreprise ou les branches qui ne joueraient pas le jeu,
21:30 enfin, les entreprises qui ne joueraient pas le jeu, justement,
21:32 c'est vrai que c'est un outil qui semble assez judicieux.
21:36 Et je pense que dès lors que l'exécutif s'est résolu à convoquer cette grande conférence sociale,
21:43 il ne peut pas rien en sortir.
21:45 Parce que là, cette initiative avait aussi vocation à apaiser un peu le climat social après la crise des retraites.
21:53 Si jamais, dans la deuxième quinzaine d'octobre, rien ne sort de ce rendez-vous,
21:58 je pense que les conséquences sociales et politiques pourraient être assez lourdes.
22:01 Merci beaucoup. Merci à tous les trois.
22:03 Adrien Bec, chef adjoint du service politique de France Info.
22:06 Valérie Hacot, chef adjointe du service politique du journal Le Parisien, aujourd'hui en France,
22:10 qui fait sa une aujourd'hui sur un grand journaliste, Jean-Pierre Elkabach,
22:15 qui est disparu hier soir, il avait 86 ans.
22:18 Donc c'est à lire ce matin un dossier sur Jean-Pierre Elkabach.
22:21 Merci beaucoup à vous, Renaud Delis.
22:23 Merci à vous, salut.
22:24 Les informés sont de retour ce soir à 20h avec Jean-François Aquilier et Bérangère Bonte.
22:28 [Musique]